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Portrait d’un safari-photo en Argentine

Par Sarah Staples

Le célèbre photographe Ossian Lindholm, considéré comme un pionnier des safaris-photos, accompagne des voyageurs dans la Quebrada de las Conchas depuis plus de 20 ans.

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Comme deux serpents avançant à l’unisson, la route 68 et le Río de las Conchas sillonnent un désert montagneux à la lisière des Andes appelé Quebrada de las Conchas. Il fait partie d’un ensemble de vallées et de montagnes au paysage bien distinct qui s’étendent à travers le nord-ouest argentin.

Le lit de la rivière est flanqué de parois escarpées révélant des strates de grès rouge, bleu et vert façonné par l’érosion. Une large bande dorée, la ligne de Yacoraite, marque la période d’extinction des dinosaures. Voilà pourquoi les géologues adorent la région; les photographes aussi. C’est un véritable bonheur pour les yeux : sauvage, coloré et quasi désert, à l’exception de notre petit autobus.

« Ah, quelle belle composition, regardez! Vous voyez? Les couleurs sont de toute beauté », s’exclame Ossian Lindholm, l’un des photographes de paysages et de faune les plus respectés en Amérique latine, tout enexaminant les réglages de ma Fuji X-T2.

En ajustant un peu la vitesse d’obturation et la bague de diaphragme,il donne au grès un aspect multicolore et au ciel blanchi une teinteparfaitement bleutée. « Faites l’ajustement en fonction du point leplus lumineux dans le ciel, poursuit-il, et souvenez-vous de ne jamaisphotographier à une vitesse inférieure à votre focale. »

Lindholm, qui a 5 livres, 14 calendriers et une émission de télévisionhebdomadaire à son actif, accompagne des voyageurs dans la Quebradade las Conchas depuis les débuts de sa carrière. Ses safaris s’adressent aux photographes de tout niveau – débutants,amateurs, professionnels – et souvent à leurs conjoints qui nes’y connaissent pas en photo. « Nous assistons à l’essor de la photo etdu tourisme photo », affirme l’Argentin, qui mène chaque année pasmoins de huit expéditions dans des endroits comme le Machu Picchuau Pérou, les marais aux nombreux jaguars du Pantanal brésilien, laPatagonie au Chili, les îles Galápagos, le pays de l’ours en Alaska et leSerengeti en Tanzanie.

Il a raison; le dernier sondage sur les tendances voyages de l’Adventure Travel Trade Association révèle que la demande pour les voyages à thématique photo est en hausse. Ils permettent aux voyageurs de découvrir de nouveaux paysages de façon immersive, tout en en apprenant sur la culture et l’histoire.

De plus, le développement du tourisme photo contribue à décourager les pratiques locales nuisibles, comme le braconnage, la surpêche ou l’aménagement inadéquat des terres. Ainsi, selon Lindholm, les safarisphotos ont un rôle à jouer dans la préservation des paysages, de la flore et de la faune.

À l’aube, nous quittons la Plaza 9 de Julio, la grande place de Salta, en regardant l’architecture coloniale du 16 e siècle bien conservée de la ville se fondre dans l’immensité de la province de Salta. La région possède une variété d’écosystèmes (des déserts de haute altitude aux jungles humides) et de réserves naturelles. Plus loin, nous nous arrêtons pour photographier une ouverture dans le grès que les habitants ont surnommé « Amphithéâtre »; c’est l’une des nombreuses formations rocheuses originales qui attirent les touristes ici.

La région viticole la plus élevée au monde, qui atteint jusqu’à 2 000 m d’altitude, se situe dans le sud de la province de Salta. Après avoir dîné dans l’un des 35 vignobles du secteur, Lindholm nous emmène au centre-ville de Cafayate, une ville typique de la route des vins rappelant un peu Sonoma, pour pratiquer la photo de rue dans la chaleur du début d’après-midi. Nous parvenons à une autre place publique verdoyante, où citadins et touristes se détendent et boivent de l’espresso et du maté (un thé énergétique) sur des patios ombragés. Autour de l’église baroque peinte aux couleurs vives, des magasins vendent un peu de tout : ponchos, laine de lama, coings, patates douces…

L’autobus atteint une aire de randonnée appelée La Yesera alors que l’ombre de l’après-midi accentue les couleurs des canyons roussis s’étendant à l’horizon. Capter l’éclairage idéal est la quête ultime du photographe, et Lindholm a planifié la journée pour nous amener ici au bon moment. Reflex en main, il a déjà repéré les meilleures prises de vues. C’est une routine bien établie, qui donne pourtant chaque fois un résultat différent, comme par magie. « De tous les paysages que j’ai pu admirer de par le monde, explique-t-il, celui-ci est mon préféré ».