Écho des Caps n° 1313

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Saint-Pierre et l’Île-aux-Marins - Par tous les temps !

Entretien avec l’auteur

À l’occasion de la sortie de son livre de photographies d’art, notre collègue JeanChristophe a accepté de répondre à quelques questions. Écho : Comment ta passion pour la photo est-elle née ? Jean-Christophe L’Espagnol : J’ai effleuré la photographie quand j’avais une douzaine d’années lors d’une longue hospitalisation à l’hôpital Isaac Walton Killam à Halifax au Canada. J’avais mis dans mes bagages un petit appareil photographique argentique qui venait d’une mallette d’agent secret appartenant à mon frère. Rien de sophistiqué, un simple cube avec seulement un déclencheur. Et, durant plusieurs semaines, j’ai photographié le personnel hospitalier et les enfants dans leur quotidien. C’était en quelque sorte mon premier reportage. La photographie s’est réellement imposée durant les années lycée pendant lesquelles j’avais constamment sur moi un petit Kodak et, en 1983, elle est devenue en plus de ma passion, mon travail au Centre Culturel et Sportif en tant qu’animateur au journal de l’association. Je pense que l’art visuel reste une affaire de famille puisque mon père était peintre amateur et mon frère avait trempé également dans la photographie dès l’âge de 16 ans. Écho : Quels sont tes sujets de prédilection et en fonction de quels critères les choisis-tu ? J.C.L’E : Longtemps attiré par le portrait, je me suis tourné vers le paysage et un peu vers les scènes de vie. Lorsque l’on jette un œil sur mon travail photographique, on peut remarquer que la tendance va vers des paysages assez tourmentés, des ciels souvent chargés… Peut-être reflète-t-il mon état d’esprit, ma personnalité ? Il y a très peu de place accordée au soleil ! Seul un psy pourrait peut-être l’expliquer !

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[ envie de lire ]

Écho : Ce livre magnifique est-il le fruit de longues heures passées à l’affût… du moment propice ?

la photographie n’est pas réussie ? C’est une question souvent posée et pour laquelle il m’est difficile de répondre.

J.C.L’E : De nombreux clichés ont été réalisés après plusieurs repérages sur les lieux en fonction des saisons, chacune d’elles offrant des lumières différentes. D’autres ont été le fruit du « au bon endroit au bon moment ». Il m’arrive souvent de créer une mise en scène dans ma tête et de chercher l’endroit, le moment, la lumière et la météorologie qui vont restituer ce que j’ai imaginé. Ensuite, il suffit d’avoir beaucoup de patience.

Écho : Qu’est-ce qui différencie le photo journaliste du photographe d’art ?

Écho : Plus généralement, qu’est-ce qui te plaît dans la photographie ? J.C.L’E : Ce sont des moments de plénitude, de tranquillité, de réflexion et de bien-être. Que ce soit en bord de mer ou au sein d’une foule, derrière mon appareil photographique, j’arrive à m’isoler et à ressentir ces moments. Écho : Photographe argentique ou photographe numérique ? Les différences sont-elles notoires ? J.C.L’E : Le numérique a supprimé la magie de l’argentique. Aujourd’hui, en un seul clic, le tirage d’une photographie visualisée au préalable sur un écran d’ordinateur se fait sur une imprimante alors qu’auparavant il fallait partir d’un négatif, fixé sur un agrandisseur, pour obtenir le résultat final sur papier. L’image apparaissait petit à petit dans la cuvette de développement. Écho : Quelle est ta définition d’une photographie réussie ? J.C.L’E : Une photographie peut-être réussie à vos yeux et ne rien signifier au public. Je ne sais pas si nous pouvons parler de photographie réussie en fait. Une photographie peut vous transmettre une certaine émotion, laquelle émotion ne sera peut-être pas ressentie par une autre personne. Mais, si l’autre personne ne ressent rien à travers ce que vous montrez, vous allez me dire que

écho des caps n° 1313 • vendredi 14 décembre 2012

J.C.L’E : Le photojournalisme, c’est avant tout de l’évènementiel. Vous devez raconter et résumer en un seul cliché l’histoire qui se déroule. Si vous pouvez y instiller une petite dose artistique, c’est tant mieux, mais en général, il est très difficile de concilier les deux. En photographie d’art, nous pouvons prendre plus de temps pour composer, chose impossible logiquement en photojournalisme. Écho : Quels sont tes maîtres ? J.C.L’E : J’ai été fasciné en 2011 par l’exposition « La France de Raymond Depardon » à la Bibliothèque Nationale de France. Je connaissais de nom ce photographe mais assez peu son travail. J’aimerais un jour m’en inspirer, en évitant toutefois de faire du « copier/coller ». Mais le chemin est encore loin pour y arriver… Écho : Bruno Barbey, un photographe français qui a le Maroc pour sujet de prédilection a dit : « La photographie est le seul langage qui peut être compris dans le monde entier ». Partages-tu cette analyse ? J.C.L’E : On dit aussi un dessin vaut mille mots… Mais ce dessin peut-il être compris par tout le monde ? Il suffit de se référer, par exemple, aux caricatures de Mahomet pour en douter ! Je pense que l’image peut être interprétée de manière différente selon la ou les situations dans lesquelles on se trouve. La citation de Martine Franck « Une photographie, c’est un fragment de temps qui ne reviendra pas… » me convient mieux comme définition. Au moins tout le monde est d’accord avec cela ! •J.-l.Mahé


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