LOUPE #17 - PHOTOGRAPHE:L'ART EST SUR IMAGE

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DÉcembre

2018

#17

FOCUS: CULTURE

GRAND ANGLE

THE DARKVAPOR

L’ART EST SUR IMAGE

MARKO 93 PHOTOGRAPHE

À LA LOUPE! SAMUEL GELAS jIu-jitsu brésilien ECOLOOK


RUTSHELLE GUILLAUME

WE ARE HAITIAN MUSIC CANAL 173

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DIRECTeUR DE PUBLICATION David Dancre david.dancre@loupe-magazine.fr ReDACTEUR EN CHEF David Dancre JOURNALISTES 3D-4.0, Mr. Chung, Ceebee SECRETAIRE DE ReDACTION Cécile Borghino cecile.borghino@loupe-magazine.fr PHOTOGRAPHIES Lunch atop a skyscraper, auteur inconnu MAQUETTISTES David Dancre, Charles Eloidin WEBMASTER Juba Lamari SITE INTERNET www.loupe-magazine.fr REGIE PUBLICITAIRE LOUPE REGIE 05.90.555.415 Magazine gratuit - Numéro #17 Décembre / Janvier / Février 2018 ©LOUPE est édité par David Dancre 97 118 Saint-François N° SIREN : 805 060 878 Toute reproduction, adaptation totale ou partielle est interdite.

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LES COMPTOIRS DE SAINT-FRANÇOIS En face de la gare maritime

97 118 SAINT-FRANçOIS


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SOMMAIRE

BRUITS DE COULOIR 09 Uchronie 10 Actualités

présente

LE CHEESY BACON servi avec frites maison ou salade crudités

EDITO 07 Retour vers le futur

Panoramique 12 Montréal focus 16 Culture: Marko 93 GRAND ANGLE 23 Photographe: L’art est sur image à la loupe! 62 Culture: Samuel Gelas 66 Ju-Jitsu Brésilien 70 Société: Ecolook Chroniques 72 Séries 74 Cinéma 76 Jeux Vidéos

JARRY: 05.90.25.07.53 POINTE-À-PITRE: 05.90.90.94.83 PETIT-BOURG: 05.90.25.00.70 PROCHAINEMENT À SAINT-FRANÇOIS 06.90.75.30.80 BYRON BURGER BAR JARRY BYRON BURGER BAR


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ÉDITO

RETOUR VERS LE FUTUR David Dancre

Après quatre années, seize numéros de découvertes et de rencontres dans la culture, le sport et les loisirs, qui sont de véritables forces sur notre territoire, LOUPE continue d’explorer l’ingéniosité et la créativité, ici ou ailleurs. Partager nos connaissances permet à tous les partis de s’enrichir, sans se déposséder de quoi que ce soit. C’est une alternative évidente à la course à la consommation dont le modèle quotidien nous montre les limites. “Le Monde de demain quoi qu’il advient nous appartient, la puissance est dans nos mains...” (Le monde de demain/NTM). Que chacun en repousse les frontières pour bâtir un destin plus désirable.

7


5 ANS À PARTIR DE

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BRUITS DE COULOIRS

UCHRONIE par Ceebee

Revisiter le passé en lui imaginant d’autres alternatives, c’est ce que proposent les uchronies, un genre dont les productions se multiplient au cinéma, dans la littérature ou les jeux vidéos. morales ou matérielles. L’uchronie est donc un genre éminemment politique. La sortie annoncée sur HBO de Confederate, par les créateurs de Game of Thrones, a d’ailleurs entraîné une vague d’hostilités, ces derniers ayant imaginé une fiction reposant sur la victoire des Sudistes durant la guerre de Sécession et le maintien de l’esclavage aux Etats-Unis à notre époque. Ce raisonnement contrefactuel permet ainsi de s’interroger sur les moments qui ont fait basculer le cours de l’histoire et de rappeler que rien n’est inéluctable dans le destin des Hommes.

Et si Christophe Colomb n’avait pas découvert l’Amérique? Si les nazis avaient remporté la guerre? Avec des si, on peut réécrire le passé et par conséquent notre présent. L’uchronie mêle l’histoire et la fiction en recherchant dans les événements les autres décisions, les autres suites qui auraient été possibles. Walter Rodney, l’un des premiers historiens à avoir adopté cette démarche, avait ainsi démontré que les traites négrières et la colonisation ont bouleversé le développement de l’Afrique, postulat sur lequel se fondent aujourd’hui les partisans de réparations

LES UCHRONIES Lire: Pour une histoire des possibles, Q. Deluermoz & P. Singaravelou, Seuil, 2016 Regarder: The Man In The High Castlle, 11/22/63, Confederate (en cours de réalisation) 9


BRUITS DE COULOIRS

LE GHETTO DANS LA PEAU ROMAN

Rachid Santaki a choisi de sortir son nouveau roman en version numérique. Il sera disponible gratuitement sur l’application Readiktion et mettra le lecteur à contribution grâce à un choix multiple à la fin de chaque chapitre. Le ghetto dans la peau raconte les péripéties de Bilal, un jeune du 93 qui tourne mal. Toujours avec l’ambition de donner l’envie de lire aux plus jeunes et de démocratiser l’écriture, Rachid Santaki organise en parallèle La Dictée Géante, dont la prochaine édition aura lieu le 6 avril 2019 au Stade de France.

RACHID SANTAKI @rachidsantaki

LOUPE & U.K.A. ART COLLECTOR Loupe et United Karibean Artists se sont associés pour un numéro spécial “Art Collector”. Conçu comme un recueil regroupant des lieux, des artistes et des oeuvres et pour mettre en lumière le formidable foisonnement artistique de notre archipel, ce magazine sera disponible à la vente à partir de décembre 2018. Vous y retrouverez une partie des interviews réalisées par LOUPE et UKA de plasticiens, graffeurs, peintres, photographes etc, ainsi qu’une rétrospective en images des événements marquant de l’année 2018 (expositions, installations, performances...)

LOUPE

UKA

www.loupe-magazine.fr

www.uka.fr 10


PLAYLIST #7

ÉCHOUÉ

XÄN a.k.a. NUXUNO Venu de Martinique pour La Route du Rhum et une performance aux côté de Steek, Xän a réalisé cette oeuvre sur une épave de bateau au Gosier. Le film de cet “hommage” aux navires échoués est disponible sur la chaine YouTube LOUPE TV.

XÄN @xanoy

ZOOS HUMAINS EXPOSITION

Il reste encore quelques semaines pour découvrir l’exposition Zoos humains- L’invention du sauvage et l’histoire de ces peuples d’Afrique, d’Amérique, d’Asie ou d’Océanie, exhibés entre 1810 et 1940 en Occident. A voir au MACTe avant le 31 décembre.

DJ Poska nous présente en direct de New York un mix de ses dernières séléctions et vous propose la “PLAYLIST LOUPE” en exclusivité.

PLAYLIST LOUPE #7 1 - I LOVE Joyner Lucas 2 - SICKO MODE Travis Scott Featuring Drake 3 - TALK TO ME Tory Lanez, Rich The Kid 4 - CHAMPION NAV featuring Travis Scott 5 - BAckIN IT UP Pardison Fontaine featuring Cardi B. 6 - LUCID DREAMS Juice WRLD 7 - SwizzMONTANA Swizz Beatz & French Montana 8 - Gone YG featuring 2ChainZ, Big Sean, Nicki Minaj 9 - Bassline Konshens 10 - GHETTO LA ANFLAMÉ Foxy Myller 11 - DON’T KNOW Kevin Gates

MEMORIAL ACTe

djposka

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LOUPE MAGAZINE


MONTRÉAL Cette ville du Québec est un véritable patchwork de couleurs, d’ethnies et de cultures, à gagner en quelques heures de vol depuis Pointe-à-Pitre.

CENTRE-ville Patrimoine, Shopping Note : •••••• C’est le quartier le plus américain de la ville avec cependant une architecture hérétoclite. Très animé durant la journée, il abrite de nombreuses boutiques, le Musée des BeauxArts ou encore le “McGill Ghetto”, le quartier étudiant avec des restaurants où se côtoient toutes les cuisines du monde.

FESTIVALS Culture Note : •••••• La vie à Montréal est rythmée par quantité d’événements culturels, des Francofolies à Pop Montréal en passant par le Festival de Jazz, Juste pour Rire ou encore le Festival Mural, qui invite des artistes visuels du monde entier à embellir les rues. 12


PANORAMIQUE

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FACEBOOK: CARIb HOLIDAYS

SAINTE-HÉLÈNE Ballades, Divertissements Note : •••••• Cette île qui se situe sur le Saint-Laurent est un lieu de promenade apprécié dès les beaux jours. On peut y visiter la Biosphère, un musée consacré à l’environnement ou profiter des attractions du parc de La Ronde qui accueille plus d’un million de visiteurs tous les ans.

BIODÔME Découvertes, Sciences Naturelles Note : •••••• Dans ce vaste site de 7000 m2 ont été reconstitués cinq écosystèmes d’Amérique: la forêt tropicale, la forêt laurentienne, le Saint-Laurent marin, l’Arctique et l’Antarctique. La plupart des animaux vivent en semi-liberté (230 espèces au total). 13


PANORAMIQUE

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THE DARK VAPOR

FOCUS

MARKO 93 par David Dancre Photo: David Dancre

Issu du vivier dyonisien, c’est avec son style inspiré des calligraphies arabes qu’il pose son empreinte dans le graffiti au début des années 1990. Son laboratoire de créativité lui a fait expérimenter le bodypainting comme le lightpainting sans jamais délaisser la peinture sa première passion. En permanente évolution dans la jungle urbaine, il nous livre le secret de son regard lumineux. qui a tout essayé, j’ai essayé de danser, de rapper, et j’ai accroché avec le tag car cette discipline est mystérieuse. Dans toutes ces disciplines, tu te mets en avant, mais c’est le résultat qui compte. J’ai d’abord été très inspiré par New York, je dessinais des Bboys… Puis dans les années 90, j’ai fait des paysages, des murs qui restaient dans les cités, et j’ai commencé à travailler la calligraphie abstraite, inspirée de la calligraphie arabe, qui me faisait penser à un style de tags très réputés en Europe du Nord dans les années 80, des tags penchés sur la gauche avec des vandaliseurs, des marqueurs très larges, avec des pleins et des déliés. Comment s’est faite ta rencontre avec la culture Hip Hop? Quand j’avais 11 ans, je regardais l’émission de Sidney, cela a duré quelques mois. Je me souviens avoir traversé un terrain vague entre deux cités, il y avait des dessins sur

Qu’est-ce qui a fait que tu t’es passionné pour cet art? Dans les années 88-89, je me suis intéressé au mouvement Hip Hop, avec la danse, le rap et le tag. Je fais partie de cette génération 17

CULTURE

Présentations. Moi c’est Marko, j’ajoute 93 à côté pour préciser l’endroit d’où je viens. Ici on est à Saint-Denis, c’est là où j’ai évolué. J’ai commencé à griffonner sur les murs en 1988, à cette époque les murs de SaintDenis étaient déjà saturés, les grands étaient passés par là: TWK, 93 MC, NTM … ainsi que des crews des villes alentours comme Epinay, Sarcelles, car Saint-Denis est un lieu stratégique, la “capitale des banlieues Nord”. J’ai commencé timidement, mais avec beaucoup d’exemples autour de moi, j’allais dans les terrains vagues et regardais les plus grands et j’ai découvert des fresques qui m’ont marqué à vie comme celles de Bando, Mode2…


FOCUS

Tu te sers également d’autres outils ou supports pour épanouir ton style (toiles, bodypainting, lights...) Les toiles, on en faisait déjà à la MJC pour les concerts. Ce n’est pas facile de passer du mur à la toile. Quelqu’un qui dessine beaucoup arrivera à s’adapter, mais pas quelqu’un qui fait du grand, qui peint “avec son corps”, qui

Tu es donc parti de lettres bien construites, avec une identité graphique marquée par la calligraphie arabe qui est devenue au fil du temps plus abstraite? Au début, je faisais mon lettrage en détournant des formes arabes et petit à petit je suis parti dans l’abstraction. J’ai injecté des formes d’écriture du monde entier selon mes voyages, des formes asiatiques, j’aime bien l’écriture mongole. J’ai également utilisé l’écriture cunéiforme, la première écriture au monde, qui se faisait sur de petites tablettes d’argile par poinçons. C’est passionnant car tu peux ressentir les influences, l’histoire de l’humanité à travers l’écriture.

“Dans mes personnages, il y a toujours la calligraphie qui est un maillage formant la chair et la peau... ”

CULTURE

les murs. Je me suis trouvé un nom et j’ai commencé à taguer. La musique a aussi été très importante, et c’est un peu comme une famille, j’ai rencontré des danseurs, des artistes. J’ai fait partie d’un crew, les BMC (Break Master Criminels), notre modèle c’était NTM. Tout allait ensemble, le Hip Hop et le graffiti.

est dans le geste, il lui faudra tout réapprendre pour peindre sur une toile, car en trois coups de bombe elle est remplie. J’ai essayé de peindre 18


EDITION NUMÉRIQUE

au pinceau, à l’éponge, la serpillère, même avec mes doigts en voyant un gars le faire à Tokyo! Il n’y a pas de limites? Non, tout support est bon et tout prétexte à voyager car j’aime beaucoup peindre ailleurs, c’est là que les connexions se font. Je peux passer d’une toile à un mur à Hollywood, un avion… Depuis deux ou trois ans, les animaux sont apparus dans ton univers. J’avais déjà peint des animaux sur des graffs dans les années 90, mais là c’est venu d’un délire avec la lumière. Je revenais de Mexico où j’avais visité la maison de Frida Kalho, la peintre et épouse de Diego Rivera, l’un des plus grands muralistes, qui peignait de grandes fresques parlant du peuple, de l’histoire… Dans cette maison, je suis tombé amoureux d’un bleu indigo, et en rentrant j’ai peint le portrait de Frida dans une rue à Paris. Je l’ai dessinée avec un perroquet, un singe araignée et un petit chat noir, car elle se représentait souvent avec des animaux dans ses autoportraits. Je suis tombé sur une photo banale où l’on voyait les yeux d’un chat briller avec le flash de l’appareil photo. J’ai passé des nuits à chercher comment je pouvais reproduire cette réflexion lumineuse, et j’ai trouvé le réflective tape, un scotch qui se colle par exemple sur les camions et qui réfléchit la lumière. J’ai acheté un rouleau et suis parti à Wynwood pour peindre un chat, et j’en ai collé des morceaux dans les yeux. Lorsque la nuit est venue, j’ai pris la peinture en photo et j’ai eu l’effet recherché. De retour à Paris, je devais peindre sur les vitres du ministère de la Culture, nous étions une vingtaine de graffeurs invités. Je devais faire de l’abstrait mais je voulais poursuivre mon travail et j’ai peint un jaguar, un sphinx et un guépard dans le même esprit. Je me suis mis à peindre beaucoup de jaguars, c’est un animal mystérieux, qui a du mal à se voir 19

Interviews complètes de MARKO 93 - TOM KAN Vivien lavau - Koria + BONUS: XAVIER DOLLIN

+24 Pages

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LOUPE LOUPE LOUPE MAGAZINE


dans la nature, même pour ceux qui l’étudient. Des légendes disent qu’à la nuit tombée, il se transforme et disparaît lorsque le jour se lève. Le jaguar est devenu une étoile qui s’allume et me porte. Ce qui me fascine chez les félins, c’est leur instinct de survie, même un petit chat peut être mystérieux. Un jour, une panthère noire s’est échappée d’un cirque à Saint-Denis, en 1953, ils l’ont retrouvée le lendemain dans la cave d’une école. Cette image du fauve en liberté dans la jungle urbaine me parle.

Mais dans mes personnages, il y a toujours la calligraphie qui est un maillage formant la chair et la peau, et si tu zoomes tu peux le voir.

“Lorsque tu peins un mur, les gens vont ensuite vivre avec... C’est cette connexion le plus important.”

les graffs en photo, mis à part les graffeurs euxmêmes et quelques passionnés comme Silvio Magaglio.

Tu as déjà réalisé des expositions? J’avais participé à une exposition collective mais ma première exposition solo, je l’ai faite au mois de juin à Paris, au bout de 29 ans. C’est encore d’autres codes, tu n’es pas en extérieur, c’est un autre public, un autre format. A l’époque où j’ai commencé, pratiquement personne ne prenait

Exposer, c’est pour toi une consécration? C’est plutôt un passage. J’ai 44 ans, je suis loin de tout cela. C’est juste sur mon parcours. Rien n’est acquis, cela donne un éclairage supplémentaire sur mon travail mais je vais toujours dans la même direction, sans négliger les murs. La consécration, ce sont les beaux projets artistiques que l’on te propose, les rencontres, c’est ce qui me fait vraiment avancer. Le travail en galerie est complémentaire, mais le plus jouissif, c’est quand tu peins sur un mur avec lequel les gens vont vivre ensuite. C’est cette connexion le plus important. Les habitants d’où tu peins viennent voir ce que tu fais, que ce soit à Saint-Denis ou dans une favelas à Rio, tu recherches un petit sourire, quelque chose qui brille dans l’œil… C’est comme un jour de fête.

Tu nous livres donc l’un de tes secrets… J’ai fait ce type de peintures entièrement à la bombe et j’en ai fait avec le scotch. J’ai été en Inde où j’ai trouvé de gros rouleaux, de grandes feuilles, et lorsque je suis parti il y a un an à Hong Kong, j’ai peint une tête de panthère sous une autoroute. Chaque œil faisait un bon mètre et au moindre petit coup de flash ils s’éclairent, c’est comme deux yeux qui te fixent dans le noir. C’est de la recherche en quelque sorte, j’ai toujours bidouillé, cela ne m’a jamais lâché. 20


FOCUS CULTURE

MARKO 93 Facebook : Marko 93 21


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GRAND ANGLE

PHOTOGRAPHE: L’ART EST SUR IMAGE par Ceebee ancrées dans les mémoires: Jesse Owens sur le podium des J.O. de Berlin, l’étudiant devant les chars lors du Printemps de Pékin, le portrait de Che Guevara… Mais l’avènement du numérique a ouvert toutes les possibilités; la photographie prolifère, notamment sur les réseaux sociaux, et l’ère du tout gratuit ou du tout partagé nuit aussi aux professionnels, qui peinent parfois à se faire payer et obtenir la reconnaissance qu’ils méritent pour leur travail. “Photographier c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur” disait Henri CartierBresson. Ce dossier met donc à l’honneur les créatifs qui maîtrisent cet art et leur manière de représenter la contemporanéité.

En 1839, l’invention de Joseph Nicéphore Niepce a ouvert la voie à une nouvelle activité professionnelle: la photographie. A l’époque où la société était traversée par de grandes mutations et se voulait plus rationnelle, la photographie faisait office de preuve, d’élément matériel pouvant attester de la réalité. Elle permettait aussi d’immortaliser des acteurs, des moments ou des lieux emblématiques. Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson, Helmut Newton, Annie Leibovitz, ces esthètes de la photographie ont marqué durablement le XX° siècle, saisissant à travers leur objectif des images qui constituent désormais des références artistiques. Certaines photographies sont 23


TOM KAN NOUVEL ORDRE par David Dancre Photos: Tom Kan

Précurseur et créateur de tendances, Tom Kan est un explorateur visuel guidé par une inspiration hybride, cultivée dans le Hip Hop et l’élite scolaire. Sa créativité en permanente évolution utilise tous les médias pour exprimer ses inspirations. Génie de l’image, son travail d’Assassin à Enter The Void en passant par Matrix transpire la perfection et la maitrise de son art.


GRAND ANGLE

PHOTOGRAPHE: L’ART EST SUR IMAGE

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Présentation. J’ai 45 ans, j’ai grandi à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) avec un petit background de banlieue et des ambitions qui n’étaient pas énormes au début, mais avec une grosse passion pour le graffiti – mi 1986, avec un grand frère qui allait voir les ‘Clash” en concert où Futura 2000 peignait derrière eux, les palissades du Louvre pendant la construction de la pyramide avec les graffitis de Bando (Altona). Mode 2 n’était pas encore à Paris et c’était

inscrire et de rester jusqu’au bout des 5 ans (chaque année des élèves sont éliminés) tu trouves un boulot en sortant et quelque soit ta culture ou ton background. Beaucoup de gens disent que c’est un moule formaté mais ce n’est pas vrai, tu peux adorer les Jordan et la culture Hip Hop et cartonner. C’est encore plus vrai aujourd’hui. Parfois je rendais des graffitis comme rendu qui faisaient plus de 4m de large, certains profs savaient apprécier, d’autres plus classiques non. À la fin de mes études j’ai eu la

“... cette culture graffiti que j’avais accumulée était un bon bagage et me permettait d’avoir un point de vue différent artistiquement.” chance de faire un stage chez Antoine Leroux (Autrement Le Design) qui faisait des pochettes de disques, dont les pochettes d’Assassin mais il avait plutôt une culture Rock/Reggae, il m’a donc proposé de faire les pochettes car c’était ma culture musicale. Et j’ai rencontré Squat comme ça, et au début le personnage est comme tu sais un petit peu dur, mais quand il a vu ce que je faisais en graffiti c’est ce qui a déclenché notre collaboration. J’ai donc fait toutes ses pochettes de l’Homicide volontaire jusqu’à Touche d’Espoir. Ensuite nos chemins se sont séparés car je suis parti sur d’autres aventures et lui était déjà dans ses allersretours au Brésil. Avec l’avènement de la musique électronique, j’ai commencé à aimer la House, je me retrouvais moins dans le Hip-Hop de cette période et la House Music de Chicago, de Détroit étaient aussi très “underground”.

bien avant le terrain vague de la Chapelle. Les seules bombes Krylon étaient au BHV. Grâce au graffiti je me suis décidé à faire des études de dessin. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui avaient épargné pour me payer ma première année à Penninghen (Ecole Supérieure d’Arts Graphiques). J’étais motivé, les résultats étaient bons. Cet établissement privé m’a donné un super coup de main en m’accordant une bourse pendant deux ans. Je leur ai d’ailleurs rendu la pareille il y a quelques années et je suis allé enseigner deux ans. Ce n’était pas pour le salaire mais parce que lorsqu’ils m’ont contacté, j’ai senti que c’était à mon tour d’enseigner, de partager mon expérience et de donner envie de bosser aux élèves. C’est une très bonne école et si tu as les moyens de t’y 26


J’ai fait de nombreuses pochettes de disque. Après Assassin et les pochettes pour des labels comme Pro-Zak Trax (French Touch), la D.A. (direction artistique, ndlr) de Virgin m’avait demandé de réfléchir sur le Best Of d’Etienne Daho, pour ses 20 ans de carrière; Il n’aimait aucune des propositions qui lui avaient été soumises par d’autres graphistes. J’ai proposé une pochette totalement décalée, inspirée de La mort aux trousses, on le voit courir avec un Boeing derrière lui. Je ne voulais pas que cela ressemble aux autres albums, et il a vraiment apprécié. Je me suis dit que cette culture graffiti que j’avais accumulée était un bon bagage et me permettait d’avoir un point de vue différent artistiquement.

A l’école, tu faisais déjà du graffiti sur toile pour les galeries? Oui, mais à l’époque tu ne pouvais pas en vivre comme aujourd’hui, c’était très marginal. Il y avait Jon One et A-One à l’Hopital Ephémère, et une poignée de graffeurs issus du hip-hop. Le Street Art était balbutiant et clandestin. J’ai délaissé le graffiti pour le graphisme et la photo.

GRAND ANGLE

Quel était ton nom de graffeur ? C’est DECAY, je faisais parti des PCP. Pour la petite histoire, dans les années 90, j’ai peint à New York au Hall of Fame dans l’ East Harlem, là où il y avait des peintures de Jon One et de Vulcain publiés dans Spraycan Art de Henri Chalfant, le photographe du Graffiti Américain. Ma pièce la plus connue, c’est un gros PCP avec des têtes de mort style Giger (le designer de Alien) sur lequel les gens avaient bien hallucinés (Père Lachaise). J’ai fait très peu de graffitis mais le peu que j’ai fait a bien marqué les esprits.

Ta carrière est marquée par un vrai travail de précurseur. C’est une richesse dans mon travail, un point de vue totalement décalé mais avec un savoir faire acquis en terme de fabrication d’image.

PHOTOGRAPHE: L’ART EST SUR IMAGE

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Ta force est d’avoir les bonnes idées mais aussi de les réaliser. Thomas Edison disait: “1% d’inspiration, 99% de transpiration”! Oui, l’aspect fabrication est important pour un artiste. L’art n’est pas seulement conceptuel, c’est sur la réalisation concrète que l’on va juger ton travail. Si les idées restent dans un coin de ton cerveau et que tu n’as pas pu les accomplir elles ne sont pas tangibles et n’existent pas. Tes images ne rencontrent aucun public.

Ce côté performance que tu as dans le graffiti, la danse… je l’ai dans mon domaine. J’ai 25 ans de carrière derrière moi et le fait d’être multiculturel, forcément, m’a permis d’amener quelque chose de nouveau. J’ai obtenu différents prix et distinctions pour mes travaux en graphisme, en photo et mes films. En affichage pour des campagnes de publicité que j’ai réalisé pour Smirnoff ou Perrier. Il y a eu une exposition au Musée des Arts décoratifs sur la “French Touch”, mes films publicitaires ont aussi été récompensés.

La créativité naît aussi de la technique? C’est vrai que la technologie m’a beaucoup influencé. La technologie et la technique incitent à essayer de nouvelles choses. Aujourd’hui, elles permettent aux jeunes générations de s’exprimer de façon tout à fait différente, de communiquer plus facilement y compris visuellement avec du matériel devenu tout à fait abordable. On peut faire un bon film avec un téléphone portable! Dans les années 2000, Michel Gondry travaillait avec Buf Compagnie

“L’art n’est pas seulement conceptuel, c’est sur la réalisation concrète que l’on va juger ton travail.” 28


GRAND ANGLE

Matrix a été ta première expérience cinématographique? J’avais tourné plusieurs clips, Underground Connection pour Assassin, pour Passi, Akhenaton, Oxmo Puccino, Shurik’n etc., chez Ninety-Nine productions, la société de Seb Janiak. Pour Matrix 2 et 3, cela a été une nouvelle dimension. J’ai rendu une centaine de planches couleur. Les Américains ont tout gardé puis mélangé avec d’autres effets, je retrouve certains détails dans le film quand même. Les productions américaines appellent des créatifs du monde entier et leur demandent d‘amener une vision, d’imaginer à partir de plusieurs plans etc.… Pour le générique de Matrix 2, je suis parti de l’infiniment petit, c’est comme cela que le film commence même si pour des raisons de budget c’est moins long que ce que j’avais imaginé. Pour Cloud Atlas des frères Wachowski, j’ai fait des Concept Boards: ce

et ils fabriquaient des choses qui étaient révolutionnaires à l’époque, comme le clip des Rolling Stone qui était tout en “bullet time” et en morphing. J’avais un petit logiciel de morphing à la maison, j’ai pris des photos de ma fille et j’ai commencé à faire tous les morphing. Un jour, j’ai été appelé par Buf Compagnie qui m’a consulté pour une publicité. Ils avaient travaillé sur Batman, Matrix etc., et je leur ai montré les tests que j’avais réalisés. Pierre Buffin, le boss de BUF était étonné du petit film de morphing que j’avais réussi à faire par mes propres moyens. Quelques mois plus tard, Pierre m’a rappelé et demandé de travailler sur des concept-boards pour Matrix 2 et 3. Je suis parti pour huit mois de travail avec cette boîte. Finalement, les petits trucs que tu fais à la maison peuvent avoir une incidence, et aujourd’hui on le voit bien avec les jeunes sur Internet qui arrivent à faire parler d’eux comme les “YouTubers”.

PHOTOGRAPHE: L’ART EST SUR IMAGE

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Après Les Rivières Pourpres, tu as commencé à avoir des contrats dans la pub? C’est Seb Janiak qui m’a appelé. à l’époque, Il avait photographié les plus belles femmes du monde avec son style très visuel et venait de signer une campagne pour L’Oréal ; il m’a demandé de faire le film. J’ai fait beaucoup de publicités par la suite, j’apportais un autre regard. J’ai fait sans doute la première publicité pour un déodorant avec un Noir, pour Airness, avec un boxeur sur un ring. Aujourd’hui, je travaille surtout dans l’automobile, il faut concevoir un univers à partir d’une image en 3D du véhicule qui n’est pas encore fabriqué, il faut imaginer: l’usage, l’expérience, le voyage, le confort… Tout doit être créé et c’est ce qui prend le plus de temps. Ce n’est pas l’objet qu’on vend mais une vision de la marque et ses valeurs.

sont des planches d’illustrations, des visions de ce que tu imagines pour une ambiance, un décor ou des effets spéciaux. C’est génial, car à partir de ce que tu as imaginé les gens vont fabriquer et filmer les images par la suite. J’ai aussi travaillé sur le générique des Rivières Pourpres 2 d’Olivier Dahan et de Babylon AD de Matthieu Kassovitz. J’ai fait les génériques de Good Time (un film sorti l’an dernier et sélectionné au Festival de Cannes) et Enter The Void, de Gaspar Noé. Les images sont folles, au niveau cinématographique il y a des inventions incroyables dans ce film, les images

“La génération d’aujourd’hui a perdu en qualité, non pas en contenu mais en visionnage...” Tu travailles uniquement au numérique? Oui, j’ai commencé le numérique pendant une campagne photo avec Tony Parker aux EtatsUnis. Il fallait que je sois en très haute définition et que je puisse shooter en rafale tout en gardant la mise au point sur lui… C’était impossible en argentique. Depuis, j’utilise le numérique pour la photo et les films.

sont de toute beauté. Le générique a été un grand succès, il a été classé parmi les meilleurs génériques du cinéma par Quentin Tarentino. Je l’ai appris par un journaliste des Cahiers du Cinéma qui m’avait appelé pour me féliciter. David Fincher aussi parle de ce générique qu’il aurait aimé avoir pour Fight-Club. Ce générique a été copié par Hype Williams le réalisateur du clip de Kanye West pour son titre avec Rihanna “All of the lights”. Récemment, le titrage que j’ai dessiné pour le film Good Time des Frères Safdie vient d’être copié par Keith Urban (le mari de Nicole Kidman) pour sa tournée de concert. Les Américains sont sans scrupules…

Quelle est la place de la photographie aujourd’hui? Vidéo ou photo, cela reste de l’image. Ces deux supports font passer des émotions. La photo a cette puissance de figer un instant, 30


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trouver un labo qui développe tes clichés, qui possède ce savoir-faire. Polaroid faisait des pellicules très fragiles qui donnaient un rendu un peu abîmé, des photos avec beaucoup d’émotion. C’est dommage que cela ait disparu, c’est comme une part de patrimoine. Des passionnés travaillent pour remettre ces supports en vente (The Impossible Project).

il y a beaucoup de poésie mais aussi de tricherie. On le voit sur Instagram, une fille peut se faire passer pour belle, c’est un médium vraiment puissant. La génération d’aujourd’hui a perdu en qualité, non pas en contenu mais en visionnage ; regarder un film sur un ordinateur ou un téléphone portable, ce n’est pas la même chose que de le voir au cinéma. La qualité des images, les détails, elle se remarque quand tu regardes l’image en grande dimension. C’est comme si tu allais voir une statue de Michel-Ange dans un musée après l’avoir vue en photo ou aller dans un concert après avoir écouter un artiste avec un mauvais casque… les photographes qui font de beaux tirages sur papier sont devenus très rares. Les pellicules que j’utilisais n’existent plus, elles sont sorties du catalogue de Kodak car ils n’en vendent plus assez. C’est aujourd’hui un véritable luxe de

Et au niveau de la créativité, tu ressens cela aussi? Oui, il y a toujours un mouvement underground, mais la culture et l’art de vivre ne sont plus les mêmes. Dans la rue, tu le constates quand tu vois comment les jeunes sont habillés, même dans la culture Hip Hop. Les codes visuels ont changés, Le marketing s’est emparé de certaines images qui sont dénaturées, tout est mélangé. Il faut créer de nouveaux repères, s’adapter.

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Tu as des projets de long-métrage aujourd’hui? Ce sont des projets valorisants et vraiment épanouissants. Si je devais réaliser un long métrage, ce serait une adaptation, ou la mise en scène d’un film écrit par un scénariste. Je préfère avoir des idées de direction sur un scénario que je n’ai pas écris plutôt que de perdre du temps à essayer d’écrire! Je respecte le travail des scénaristes et des écrivains, chacun son métier. Je viens de travailler quatre mois sur un script, comme conseiller technique et artistique ; j’ai fait la préparation de la mise

de les déterrer avec des archéologues, et j’en ai fait des photos comme s’ils étaient des vestiges, avec la terre, la rouille, la réglette d’archéologue à côté… Je leur donne ensuite une nouvelle définition, comme si on redécouvrait ces objets plusieurs milliers d’années plus tard: par exemple les lunettes aviateur de Ray Ban, je les ai redéfinis “objet de protection oculaire et accessoire de séduction dans les continents du Nord durant les rites de séduction”. C’est une interprétation ironique, comme pour les smartphones et tablettes, “objet qui permet d’accéder à tout contenu numérique mais

“L’humanité semble perdue dans une course en avant, elle est entrée dans l’ère “anthropocène”...”

aussi de s’isoler de ses proches”. J’avais aussi enterré des ailes de voitures de sport, qui sont des “odes à la vitesse datant d’une époque où l’on utilisait l’énergie fossile” pour se déplacer. C’est mon point de vue que je porte dans cette redéfinition, qui soulève aussi les grandes questions comme la culture de l’apparat, la surconsommation, la durée de vie très courte de toute chose. L’humanité semble perdue dans une course en avant, elle est entrée dans l’ère “anthropocène”: une ère où tout se détruit et rien ne se régénère, tout ce que nous consommons, nous ne sommes plus capables de le remplacer, et c’est ainsi que nous nuisons à nous-mêmes.

en scène, les repérages, le découpage, les axes de caméra, la direction artistique sur le stylisme et les accessoires… C’était très intéressant. Il y a deux ou trois ans, j’ai enterré des objets iconiques du XX° siècle pour une performance artistique dans une fondation en Suisse. Je viens 32


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www.tomkandesign.com

TOM KAN

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VIVIEN CULTURE PUB par David Dancre Photos: Vivien Lavau

Ancien graphiste pour Ecko, créateur du magazine Surface, Vivien photographie les personnalités du sport, de l’audiovisuel ou du monde politique. Entre intimité et ostension, ses portraits sont l’aboutissement du rapport de confiance qu’il établit avec ses modèles.

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LAVAU


Quel parcours as-tu suivi avant de travailler comme photographe? Malgré un parcours scolaire excessivement mauvais, j’ai pu aller assez loin dans mes études! Mon penchant pour le dessin m’y a aidé, j’ai passé un Bac option Arts Plastiques et fait des études supérieures dans le graphisme. Comme j’ai toujours été attiré par la musique et le graphisme, en parallèle de

sans avoir de contrainte financière car j’avais déjà mon emploi chez Ecko pour me faire vivre. Cela a duré environ huit ans, jusqu’à ce que mon activité de graphiste devienne plus importante et que je monte ma propre société pour mener mes projets. J’ai alors suivi des cours de photographie pour parfaire ma formation. J’avais envie de sortir un peu

“Il faut véritablement se démarquer par sa personnalité et son regard.” du milieu musical pour aller dans le monde du sport, je connaissais Jérôme Alonzo, ancien gardien du PSG qui préparait sa fin de carrière. Nous avons collaboré pour la création d’un magazine de football, Surface. J’avais déjà mon réseau dans le graphisme, ce qui m’a permis d’enchaîner très vite. J’ai continué à travailler pour des artistes, en fonction des rencontres et de mes affinités. Aujourd’hui tu mènes encore ces deux activités? Oui, le magazine a pratiquement dix ans, et j’en ai monté un autre, multisports. Je voulais raconter d’autres histoires, m’intéresser à des personnes comme le cycliste Christopher Froome, le basketteur Kevin Durant que nous avons eu la chance de présenter. J’ai fait des photos de grands joueurs de football ou encore de François Hollande, et c’est sur cela que l’on juge aujourd’hui mon travail crédible; le fait d’avoir photographié des personnalités donne davantage d’exposition. Ce qui est important, c’est que la personne que tu photographies ait confiance en toi. Le temps d’échange et de réflexion est la base

l’école, j’ai monté un label dans le Rap, Phat Cratz . C’est ce qui m’a permis de rentrer dans le domaine artistique et de travailler avec des photographes et graphistes pour réaliser des pochettes d’album. J’ai ensuite travaillé pour la marque Ecko, au départ pour un stage dans le graphisme. Mon patron de l’époque voulait rajeunir son image avec l’univers Hip Hop. C’est comme cela que j’ai été embauché, je gérais à la fois la stratégie, l’image et le marketing. Mes choix étaient guidés par l’artistique et j’essayais de développer une image et un concept, calqué sur la stratégie américaine au départ. Je continuais en parallèle mon activité de graphiste, mais 36


Le numérique et les réseaux ont fait émerger de nouveaux talents, que penses-tu de ce phénomène? C’est bien que la technologie donne à tout le monde les moyens de devenir un peu bon. Si l’on veut devenir photographe, on peut le faire avec n’importe quoi, y compris un Smartphone. On le voit tous les jours avec les clichés qui circulent sur les réseaux. Ce que j’apprécie moins, c’est la valorisation du photographe à travers les “like”, il y a de très bons photographes qui n’ont finalement que très peu d’abonnés, mais c’est devenu un critère sur lequel on est jugé. Je trouve cela dommage que ce soient les personnes qui maîtrisent le mieux la communication, qui savent parfaitement utiliser les hashtags etc. qui soient mises en avant. Je déplore aussi l’uniformisation de la communication, d’une manière globalisée. Je viens d’une époque et d’une culture où il y avait des groupes bien

Avec quel matériel travailles-tu? Je travaille avec un Canon 5D classique, pour le magazine. J’ai aussi un Leika 27 plus technique pour mes photographies personnelles, pour prendre ma fille, les gens que j’aime etc. Peutêtre un jour aurais-je assez de matière pour les exposer.

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distincts, même si chacun respectait le travail de l’autre. Aujourd’hui, quand je regarde ce qui circule sur ces réseaux, je constate que les gens font presque tous la même chose.

de mon travail, pour que chacun soit satisfait du résultat.

Tu retouches tes clichés sur ordinateur? Oui, mais très peu. J’essaie de tout faire en lumière naturelle et de façon brute, mais c’est l’expérience qui me le permet, je ne passe plus des heures à retoucher. Qu’est-ce qu’une belle photographie selon toi? C’est d’abord l’émotion que tu fais passer. Comme dans la musique, je suis assez impulsif, je dois le ressentir.

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As-tu des photographies de référence? Non, je ne puise pas ma réflexion chez les autres, ma source d’inspiration c’est la peinture, le cinéma… Je pense qu’il faut véritablement se démarquer par sa personnalité et son regard.

l’équipe d’Italie championne du Monde en 2006, NDLR) qui a choisi ma photo et Vanity Fair l’a rachetée. Le magazine que j’ai créé m’a permis de rencontrer des personnalités dans le football, j’ai ainsi photographié toute l’équipe de France. C’est important pour les joueurs, qui le font vraiment par envie, qui me donnent un peu de leur temps et je les respecte énormément. Si je peux leur apporter quelque chose en terme d’image, je le fais volontiers. Parfois, cela crée aussi des amitiés.

Tu arriverais à vivre de ton métier sans les magazines? Aujourd’hui, c’est plus mon travail de photographe qui me fait vivre et me permet de faire les magazines, car on ne gagne plus beaucoup avec les ventes en kiosque.

“Ce qui m’importe, c’est passer le relais, c’est aussi ce que je fais avec le magazine.”

Tes projets? Je me nourris de projets, c’est ce qui me porte. Parfois je retravaillerai bien dans la musique, mais je ne sais pas si je suis encore adapté à cet univers et pourrai le comprendre. La vidéo m’intéresse mais je trouve cela trop long, Je suis ouvert aux collaborations avec des personnes avec lesquelles je pourrai partager mon art et mon savoir-faire, qui pourraient aussi me pousser. Ce qui m’importe, c’est passer le relais, c’est aussi ce que je fais avec le magazine.

Tu as fait une couverture pour Vanity Fair avec Pirlo, c’est une consécration pour un photographe? Je ne travaillais pas directement pour faire la couverture mais c’est Pirlo (joueur de 38


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VIVIEN LAVAU

www.vivienlavau.fr

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KORIA URBANISTE par David Dancre Photos: Koria

Depuis plus de dix ans, Koria développe une esthétique qui met en lumière la musique et exalte l’identité visuelle d’une génération d’artistes devenus les icônes de leur époque.


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D’où viens ton nom? A l’âge de 13-14 ans, j’ai commencé à graffer et je cherchais cinq lettres avec lesquelles je pouvais m’amuser, en terme de dessin. Ce sont ces lettres que j’ai choisies et mises en ordre pour former mon nom, KORIA.

Tu travailles encore avec l’argentique? Cela m’arrive de temps en temps, rarement pour des projets commerciaux mais pour des photos personnelles, oui. Le numérique permet de gagner du temps, de savoir tout de suite si les photographies sont bien cadrées, si elles conviennent au client… Par contre, les tirages, agrandissements ne seront jamais aussi propres qu’avec un boîtier argentique, mais cela est très onéreux.

“... en terme d’image les artistes se sont ouverts et les possibilités sont énormes.” Tu travailles avec quel type de matériel? Avec un réflex Canon 5DSR. En argentique, j’ai un Mamiya C330 et un Olympus OM10. Comme dans beaucoup de métiers, le numérique a permis l’accès au grand public de matériel de très bonne qualité et l’émergence de nouveaux talents (notamment via les réseaux sociaux). Qu’en penses-tu? Je trouve cela bien, mais c’est difficile d’avoir du recul vis-à-vis de ce phénomène. Il y a beaucoup de petits photographes très doués, mais qui vont faire surtout de la photo de presse, de l’évènementiel. Dans mon domaine, la photographie d’artistes ou d’albums, c’est plus rare. La nouvelle génération est très liée à l’instantané, à des photos de soirées, des petits portraits. Il n’y a pas grand chose de construit et d’organisé, ce qui est logique vu que ce n’est pas leur métier.

Tu aimais le dessin à l’origine? Oui, j’ai toujours dessiné et j’étais aussi très attiré par la publicité, j’avais des posters affichés dans ma chambre de publicités Nike ou Adidas… Ce lien avec l’image était très fort, c’est parti de là. J’ai d’ailleurs préparé un Bac option Arts Plastiques, puis j’ai suivi un cursus de graphiste au sein de l’ESAM Design à Paris. A cette époque, on travaillait surtout avec l’argentique, c’était les débuts du numérique et nous n’y touchions pas à l’école. Aujourd’hui, je me considère plus photographe que graphiste même si je continue à faire des logos, de la mise en page, de la retouche de photos… 42


Ce milieu urbain te satisfait-il? Il y a quelques années, je me suis posé de grandes questions sur le Rap, cette musique ne me parlait plus, je trouvais cela trop “bête et méchant”. Mais depuis deux ou trois ans, il y a un tel renouveau dans le Rap français, même en terme d’image les artistes se sont ouverts et les possibilités sont énormes. Ils me font confiance et sont à l’écoute de mes idées.

Comment es-tu entré dans cet univers? J’écoute du rap depuis que j’ai 12 ans. Durant mes études, j’écoutais tout ce qui sortait, et j’ai contacté des labels indépendants pour leur proposer mes services, réaliser des logos. Je me suis rapproché d’un label, MKM Prod (ils avaient travaillé sur une compilation, Explicit 18, avec Flynt). C’est comme cela que c’est devenu plus sérieux, en prenant des photographies sur des tournages de clips etc.

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Quel a été ton premier contrat comme photographe? C’était pour les Neg’Marrons (Les liens sacrés) ou El Matador, en 2007. C’est à cette période que j’ai commencé à toucher du doigt ce que je visais professionnellement.

Lorsque tu réalises une pochette d’album, pour Kalash ou SCH par exemple, tu réalises tout de A à Z? Oui, jusqu’à l’insertion du code barre du CD! Etre capable de tout gérer sur un projet, c’est essentiel, le client est rassuré et au niveau du budget, les coûts sont diminués. Cela permet aussi un gain de temps de ne s’adresser qu’à une seule personne, d’éviter les intermédiaires. Aujourd’hui, nous sommes très peu à faire tout cela et cela limite la concurrence.

As-tu envie de réaliser aussi des clips? J’en ai fait quelques-uns, le premier c’était à New York pour Soulkast. Mais je n’aimais pas

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avoir trop de monde autour de moi, j’aime mettre la main à la pâte et tout gérer. Le clip, c’est aussi beaucoup trop de temps pour des budgets dérisoires.

Jonathan Mannion, un américain qui a beaucoup travaillé pour des magazines. Il a shooté tout le Rap américain ces quinze dernières années et a travaillé très longtemps à l’argentique. Dimitri Simon (R.I.P.), un photographe-graphiste français qui a réalisé beaucoup de pochettes d’album. Tous Des K, un collectif de Marseillais qui a travaillé sur IAM.

Qu’est-ce qu’une belle photo pour toi? C’est très personnel comme jugement. Moi, je regarde en premier lieu la lumière, cela donne une dimension déjà à la photographie.

Les artistes pour lesquels tu as travaillé? Cette année, j’ai fait Niska, Hooss, Sopiko, PLK, SCH, Hayce Lemsi, Deen Durbigo. J’ai fait toutes les pochettes de Jul mise à part la dernière; Alonzo, Panama Bende, Seth Gueko et Kery James pour un magazine.

“Je mise sur la nouvelle génération qui arrive.”

As-tu des photographes de référence? Oui, ceux qui m’ont influencé à mes débuts. Armen (voir LOUPE#12 - Version numérique) a été une grande source de motivation, je passais des heures à regarder ses photos.

Tes projets ? Je mise sur la nouvelle génération qui arrive. J’essaie aussi de me rapprocher de la publicité, notamment des marques de sport. 44


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www.koria.fr

KORIA

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NICOLAS NABAJOTH PATRIMOINE par David Dancre Photos: D.R.

Photographe “du pays”, Nicolas Nabajoth exerce sa mission au sein du service du patrimoine culturel de la ville des Abymes. Une fonction qui lui permet de participer à la fabrique d’une banque d’images d’un territoire resté trop longtemps dans l’ombre. 46


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Tu occupes le poste de chef du service patrimoine culturel de la ville des Abymes, quand et comment cela s’est fait? Depuis 2005 je travaille pour la Mairie des Abymes. Je suis rentré en Guadeloupe après mes études, j‘avais une formation en gestion et comptabilité, mais rapidement ce secteur ne m’a pas convenu et je me suis orienté vers le secteur de l’art et de la culture qui m’intéressait davantage. Je m’occupais donc d’artistes, de groupes, dans le théâtre, la musique, la

également de couvrir les transformations liées à la rénovation urbaine. La ville des Abymes était en pleine métamorphose et il était important de concevoir un projet sur le long terme. C’est ce projet photo qui m’a sans doute conduit au service du patrimoine culturel. Nous avons présenté en 2015 à l’aéroport Guadeloupe– Pôle Caraïbe la troisième édition de l’exposition Les quartiers se racontent… et nous sommes passé d’une présentation de proximité dans les quartiers à une présentation grand public

“Nous avons du mal à nous faire respecter dans ce métier... la plupart des gens pensent que la photographie c’est juste un clic...”

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danse… Cependant, j’ai toujours été attiré par la photographie, je suis alors parti me former deux ans à Montréal, au Collège Marsan, puis à l’UQAM, où j’ai obtenu un certificat en animation culturelle. Mes activités associatives dans le secteur de la culture aux Abymes m’ont amené progressivement à intégrer la municipalité. Au sein de la Direction de la Culture, nous avons proposé de questionner la ville, quartiers après quartiers, à travers la photographie. J’ai ainsi eu l’occasion de piloter une première édition de l’exposition Les quartiers se racontent… présentée en itinérance dans les quartiers photographiés. L’idée était d’avoir des images documentaires «du pays», à l’instar de l’approche d’un Raymond Depardon ou d’un Walker Evans. Notre objectif était d’ obtenir des photographies d’habitants, de travailleurs, mais aussi de paysages, d’architecture, des images insolites de notre quotidie, afin de constituer un fond photographique de la ville. Il s’agissait

à la porte de l’île. Le service patrimoine culturel, c’est aussi la conduite d’études de faisabilité de projets de réhabilitation. C’est le cas par exemple d’une ancienne gare d’intérêt historique, d’un bâtiment remarquable, œuvre de l’architecte Ali Tur, etc. Enfin, le patrimoine c’est aussi ce que nous vivons aujourd’hui et qui sera le patrimoine de nos enfants dans vingt ans. Qu’est-ce qui t’a attiré dans la photographie? Le fait d’avoir quitté l’île en classe de troisième, pour poursuivre mes études en métropole, m’a permis de développer une curiosité de la vie pour oublier les instants de solitude et rompre avec la nostalgie du pays. Ce qui m’a beaucoup aidé à ce moment-là, c’était de focaliser mon attention sur les expériences que je vivais et les belles choses que je voyais. Je n’avais pas encore d’appareil photo, mais je faisais beaucoup d’images mentales. Quelques 48


années plus tard, enfin équipé d’un réflex, j’ai commencé à pratiquer en autodidacte. Cependant, le moment décisif s’est opéré alors que j’effectuais des photographies de plateau sur un tournage. Ou plutôt lorsque j’ai apporté mes films à développer au labo, ils étaient tous vierges, il n’y avait aucune image! Cette expérience frustrante m’a vraiment déterminé à suivre un cours de photographie. Je voulais avoir des résultats, but que je suis parvenu à atteindre entre 2001 et 2004, lors de mon séjour à Montréal. Tu as appris la photographie avec le numérique? J’ai été principalement formé à l’argentique, au moment où le numérique faisait son entrée sur le marché. Je propose d’y revenir d’ailleurs avec le projet Camero, que j’ai présenté au Mémorial ACTe jusqu’à début juin. C’est une installation qui proposait au public d’entrer à l’intérieur d’un appareil photo géant, pour découvrir le mécanisme de la formation de l’image. À l’heure où tout le monde prend des photos, cela me paraissait important de revenir sur ce procédé de fabrication d’image. On a oublié que l’appareil photo c’est une boîte, que l’on a besoin de rien d’autre qu’une chambre noire et d’un trou pour capturer une image. Lorsque j’interviens en milieu scolaire, j’apprends aux enfants à réaliser des photographies avec une simple boîte de conserve et du papier photo. Aujourd’hui, j’explore de nouvelles pistes de création en argentique, à partir de procédés simples, alternatifs et peu couteux; la photographie au sténopé (appareil photographique qui se présente sous la forme d’une boîte dont l’une des faces est percée d’un trou minuscule qui laisse entrer la lumière, NDLR) ou par exemple l’utilisation de chimie alternative pour le traitement en labo, ainsi qu’avec mon fidèle Nikon en numérique.

NICOLAS NABAJOTH Facebook : Nicolas Nabajoth

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LOUPE

LOUPE


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Aujourd’hui, il y a quantité de photographes mais beaucoup ont du mal à en vivre, à faire accepter que leur travail n’est pas gratuit et que tout ne se partage pas. Tu le ressens toi aussi ? Tout à fait. En 2005, nous avions réuni tous les photographes actifs du pays, Daniel Goudrouffe, Jean-François Manicom, Christian Geber, Charles Chulem Rousseau, Denis Guyenon, Alain Lacki, Marc Chamaillard, Robert Charlotte,

manière générale; une tendance qui se confirme au niveau des expos photos. De plus, en ce moment la photographie a le vent en poupe, “tout le monde est photographe”. Equipé d’appareils numériques ou de téléphones portables qui offrent une qualité d’image pouvant rivaliser avec les résultats d’un professionnel, l’utilisateur de tous les jours est de plus en plus décomplexé dans sa pratique, ce qui modifie considérablement les repères en matières de qualité photo.

“L’image est un formidable support pour la reconquête de l’estime de soi et un véritable outil à mettre au service du patrimoine.”

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La transmission occupe une part importante dans ton travail. En effet, je suis issu d’une famille très impliquée dans la vie culturelle et sociale de la Guadeloupe. Mon père était enseignant et a consacré sa vie à la politique et ma mère est encore très engagée dans la vie associative et culturelle aux Abymes. Tous deux ont toujours eu conscience de l’importance de mettre en avant les richesses de notre île. Cependant, nous avons pris l’habitude d’accepter le fait d’être dévalorisé par rapport à ce que nous sommes et à l’endroit où nous vivons. Selon moi l’image, au-delà de la photographie, est un formidable support pour la reconquête de l’estime de soi, et c’est aussi un véritable outil à mettre au service du patrimoine. La Guadeloupe souffre encore d’un vrai déficit d’images. En produisant plus d’images telles que nous souhaitons être représentés ou montrés, nous contribuerons davantage à inverser la tendance des effets indésirables

Fred Mogin, Thierry Petit Lebrun, etc… Nous étions près d’une vingtaine autour de la table et l’objectif en premier lieu était d’apprendre à se connaître, de savoir ce que chacun faisait et comment il s’en sortait. Mais surtout tenter d’appréhender les divers statuts qui encadrent nos pratiques photographiques. Pour ma part, j’ai un double statut de fonctionnaire/ photographe-auteur, donc je ne partage pas les mêmes réalités que mes confrères. Cependant, les artistes en Guadeloupe ont souvent un double emploi, car nous avons encore du mal à nous faire respecter dans nos métiers. La plupart des gens pensent que la photographie c’est juste un clic, que cela ne représente pas la somme d’argent réclamée. En revanche, les utilisateurs d’images ne se préoccupent guère de la notion de droit d’utilisation des images, encore moins du point de vue du photographe. Heureusement, nous remarquons une hausse dans la fréquentation des expositions de 50


utilisées comme socle de développement d’une identité commune. Pour ma part, c’est le cas de la pensée archipélique défendue par Édouard Glissant. D’après l’auteur, l’identité moderne est une “identité-rhizome” fondée sur la pluralité et la “relation”. Il précise qu’il s’agit “d’une rencontre d’éléments culturels venus d’horizons absolument divers et qui réellement se créolisent, qui réellement s’imbriquent et se confondent l’un dans l’autre pour donner quelque chose d’absolument imprévisible, d’absolument nouveau». Un nouveau style de civilisation au carrefour des civilisations occidentales et africaines , « un troisième style». La série présentée regroupe sept photographies qui proposent une exploration de l’intérieur des terres. Terres de la fusion des cultures d’un tout-monde. Elle privilégie les sujets de vie intérieure, les scènes caractérisées par une ambiance intime. On pénètre à l’intérieur du pays, à la rencontre d’un créole « négligé », qui a besoin de se déployer. Ce travail contribue à éduquer tant nos regards que notre façon de nous percevoir. Puisse-t-il être un élément déclencheur d’une introspection collective, nous aidant à affiner notre connaissance de nous-même. Notre façon de naître à nouveau, ensemble.

produits par des photographies clichés (type collection Exbrayat) dans l’inconscient collectif. De plus, cette démarche va concourir à modifier l’idée que chacun d’entre nous se fait de son identité personnelle, et par la même occasion encourager la construction d’une identité sociale commune. L’image de soi, quand elle est en lien avec l’identité physique, est assimilée à l’image que nous renvoie notre corps, et à l’interprétation que l’on en fait. Sur le plan psychologique, l’estime de soi est un concept qui renvoie au jugement global positif ou négatif qu’une personne a d’elle-même. L’estime que l’on va avoir de soi dépendra de beaucoup de paramètres. L’environnent, l’éducation, la personnalité, les capacités physiques et intellectuelles etc. sont autant de variables qui vont influencer le jugement que nous portons sur nous-même. L’estime de soi se construit durant l’enfance et évoluera au cours de la vie avec les expériences de réussite et d’échec. L’idée d’apprendre à une personne quelque chose que l’on sait déjà et qu’elle ignore, de faire passer une qualité, un caractère ou encore des traditions, c’est aussi faire prendre conscience de l’importance de la succession. Enfin en matière de transmission, certaines pensées méritent d’être fortement partagées,

NICOLAS NABAJOTH Facebook : Nicolas Nabajoth 51


XAVIER DOLLIN IDENTITAIRE par David Dancre Photos: Xavier Dollin

Attaché à la photographie depuis son enfance, Xavier Dollin crée des images où la technique et le ludique fusionnent. Une démarche qui combine identité culturelle et contestation.

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Présentation. Je suis né à Pointe-à-Pitre et j’ai 42 ans.

As-tu toujours travaillé au numérique? J’ai commencé en 2004, le numérique était déjà présent et il me fallait aller vite. Le choix s’est donc fait naturellement avec mon époque, même si l’argentique reste le plus qualitatif en terme de résultat.

Quel a été ton parcours pour devenir photographe? En 1995, j’ai quitté la Guadeloupe avec le Bac en poche, en direction de Paris. Durant cinq ans, je me suis formé à la rude école de Penninghen puis de l’ESAT en Arts graphiques. J’ai alors affiné mon style, parfait ma culture visuelle et me suis passionné pour les nouvelles tendances et technologies. En 2000, le marché du travail m’a offert une première chance, j’ai débuté en tant que graphiste puis directeur artistique dans une agence de communication. Pendant quatre ans, j’ai appris les fondements et la rigueur du métier. En 2004, je me suis lancé en tant que graphiste freelance et continue encore aujourd’hui d’évoluer de cette manière.

La différence aujourd’hui existe-t-elle vraiment? Plus trop, il faut être un expert du pixel pour voir la différence. De plus, l’impression numérique s’est aussi adaptée aux différents supports. Avec quel type de matériel travailles-tu? Sur mes projets, je travaille avec un reflex Nikon. Mais personnellement, j’aime photographier avec un iPhone. L’ère du numérique, comme dans beaucoup de métiers, a permis au grand public d’accéder à du matériel de très bonne qualité avec une utilisation beaucoup plus simple et donc une affluence de nouveaux talents, via notamment les réseaux sociaux. Qu‘en penses-tu? On pense souvent que c’est l’appareil qui fait tout, ce qui est une erreur. L’appareil est juste un outil et il faut savoir s’en servir. La différence du photographe se fera dans le regard et la sensibilité qu’il porte à ses sujets, peu importe le type d’appareil qu’il utilise.

“Aujourd’hui, la photographie justifie notre existence et dans cette société, nous devenons tous voyeurs...” D’où te vient ta passion pour la photographie? Elle me vient de mon père qui était lui même un passionné de photo. L’appareil photo était présent lors de toutes les événements familiaux. J’ai développé et commencé la photographie dès lors que j’ai commencé mon activité de graphiste freelance. L’image étant ma matière première pour mes créations, c’était une suite logique pour moi d’élargir mes prestations et de proposer les images adaptées aux projets des clients.

Retouches-tu tes photos sur ordinateur? Mes créations numériques et photos sont retouchées, il m’arrive aussi d’en utiliser sans retouches pour garder le coté brut du sujet. Qu’est ce qui pour toi symbolise une belle photo? La photo parfaite n’existe pas. C’est surtout une histoire de culture et de sensibilité face à l’image. Ne pas aimer une photographie ne signifie pas qu’elle n’est pas réussie, c’est juste qu’elle ne provoque aucune émotion au moment où on la regarde. 54


Dans quelle catégorie évolues-tu ? Dans aucune précisément, mais toutes! (rires) Je distingue mes commandes de mon travail personnel. J’aime l’image au sens large et ne veux pas me mettre de limite. D’ou mes multiples comptes instagram pour m’exprimer.

Quelle est la place de la photo dans le monde d’aujourd’hui? J’aurais tendance à dire catastrophique! On ne vit que par ça. On s’approprie l’image de l’autre et l’exclusivité n’existe plus. Avant, nous avions nos albums photos que l’on partageait en privé avec nos familles et amis. Aujourd’hui, la photographie justifie notre existence et dans cette société nous devenons tous voyeurs: snap, stories, live vidéo… Cela sert à nous “vendre” et nous faire exister comme des produits. On est oublié dès lors que l’on y est pas ou plus. Confucius disait: “Une image vaut mille mots”. J’aurais tendance à dire aujourd’hui qu‘une image sans commentaires se prive d’être appréciée.

Comment définis-tu ton travail? Il m’est toujours difficile de l’expliquer. Mon travail est la fusion de tout ce qui m’inspire dans le moment.

GRAND ANGLE

Quelles sont tes références? Mes mentors sont Jean-Paul Goude, David Lachapelle, Erwin Olaf, Helmut Newton, Patrick Demarchelier.

Est-ce que tu vis de ton métier? J’en vis depuis 2004 à plein temps même si aujourd’hui c’est un peu plus difficile. Tes projets? J’en parle rarement, mais j’espère que beaucoup sont encore à venir. J’ai un concept d’exposition commencé depuis 2013 et que j’aimerai bien concrétiser.

PHOTOGRAPHE: L’ART EST SUR IMAGE

XAVIER DOLLIN www.Xavibes.com 55


GRAND ANGLE PHOTOGRAPHE: L’ART EST SUR IMAGE

HUMANISME CÉdrick-Isham Je suis avant tout issu de l’école du rap et fortement influencé par l’âge d’or du rap français et de ses textes engagés. Aujourd’hui, certains me décrivent comme un portraitiste, mais je me vois avant tout comme un témoin engagé et participant de mon temps. Je m’intéresse à des sujets touchant à la nature humaine, je cherche à mettre en avant la dignité des Hommes quelque soit leur condition. Persuadé que mon appareil est un prolongement de ma personnalité, c’est en observateur attentif que je pose mon regard mêlant poésie, douceur et réalisme sur les âmes ainsi que les identités qui m’environnent. Actuellement, je travaille avec deux boîtiers numériques: le 5D Mark III et le Sony Alpha 7S.

CEDRICK-ISHAM www.cedrickisham.com 56


GRAND ANGLE J’ai 30 ans, je suis originaire des Abymes et je vis actuellement à Saint-François. Ma passion pour la photographie vient essentiellement de mon père et dès l’instant où j’ai eu mon premier appareil. J’ai commencé en tant qu’autodidacte mais par la suite j’ai suivi une formation à distance afin de perfectionner mes connaissances. Une belle photo à mes yeux est symbolisée par l’émotion qu’elle fait ressentir, au niveau de la créativité, de son contenu, de son sujet et du message qui peut être passé. On a souvent tendance à oublier le côté artistique mais également historique. La photographie est un domaine sous-estimé et qui pourtant fait partie de l’Histoire de notre civilisation. J’aimerais pouvoir apporter ma pierre à l’édifice de la photographie en Guadeloupe.

CHRISTIAN LAFONT Instagram: christy_photografix_971 57

PHOTOGRAPHE: L’ART EST SUR IMAGE

MISE EN SCENE CHRISTIAN LAFONT


GRAND ANGLE PHOTOGRAPHE: L’ART EST SUR IMAGE

CARAÏBE STAN LEVI J’ai 37 ans et j’habite Fort-de-France, j’exerce comme photographe free-lance. Je suis aussi administrateur d’IG Martinique. Avec les smartphones et les appareils numériques, la photographie est devenue plus accessible aux amateurs; c’est ainsi que je suis tombé dans l’engrenage. Pour moi, une belle photo, c’est une image qui inspire. La règle des tiers, la composition, la lumière et la profondeur de champ doivent être prises en compte. J’aime beaucoup le travail des photographes de National Geographic et de Paul Nicklen en particulier. J’aime photographier la nature et la mode. Je travaille avec des reflex de la gamme Nikon. J’utilise Photoshop ou Lightroom si cela est necessaire pour les retouches.

STAN LEVI Site officiel: stanlevi.wixsite.com/stanpics 58


GRAND ANGLE Je suis née en France, mais j’ai grandi en Nouvelle Calédonie. Suite au plan social du laboratoire pharmaceutique pour lequel je travaillais, j’ai suivi une formation dans la photographie. Je travaille exclusivement avec le numérique. Pour moi, une belle photographie, c’est une image la moins retouchée possible, celle pour laquelle on a su attendre le temps nécessaire pour savoir capturer toute la magie cachée du réel, l’inattendu, le moment du hasard maîtrisé, qui permet de découvrir par accident des choses intéressantes que l’on ne cherchait pas. J’évolue dans la photographie animalière, surtout des cétacés, je réalise aussi des portraits. Je suis une passionnée qui peut rester assise durant des heures dans des positions inconfortables face à un pélican pour le photographier!

VALÉRIE GUEIT Instagram: Vali_971 59

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NATURE VALÉRIE GUEIT


GRAND ANGLE PHOTOGRAPHE: L’ART EST SUR IMAGE

MÉMOIRE ARTHUR DELLOYE Je viens de Paris, 10ème arrondissement. Après mon bac, j’ai rapidement fait des études de cinéma puis j’ai assisté des photographes de mode et de déco. J’ai débuté le métier de photographe en faisant des portraits d’artistes pour Track List et The Source. J’ai ensuite collaboré avec des magazines féminins et de mode (Glamour, Grazia, GQ, Elle). J’ai commencé par l’argentique et aujourd’hui j’utilise les deux, le numérique pour les travaux de commande et l’argentique pour mes propres travaux. J’évolue dans le portrait et la mode, en studio ou en extérieur. Mais je photographie aussi mon quotidien en argentique uniquement, comme un carnet de souvenirs, c’est au final tout ce qui restera, je matérialise la mémoire. Et un jour peut-être j’éditerai un livre.

ARTHUR DELLOYE www.arthurdelloye.com 60


GRAND ANGLE J’ai 29 ans et je vis Edinburgh en Ecosse. J’ai pris la décision d’être photographe freelance à temps plein il y a deux ans et j’apprécie la liberté que cela apporte, même si la sécurité d’un emploi fixe me manque parfois. Je me suis exclusivement formé sur YouTube. J’ai deux boitiers Canon, un 6D et un 80D pour la vidéo. J’aime pouvoir raconter une histoire avec une image et faire passer des émotions. Pour moi, une belle photo, c’est une belle lumière, une force et une harmonie générale. J’essaye de ne pas regarder le travail d’autres photographes, je m’inspire plus du cinéma; j’ai récemment été marqué par la série allemande Dark. Je me considère comme un photographe de mode et portraitiste en extérieur. Je n’aime pas le studio, je trouve cela très froid.

JULIEN BORGHINO Instagram: Truthpictures 61

PHOTOGRAPHE: L’ART EST SUR IMAGE

PORTRAIT JULIEN BORGHINO


SAMUEL GELAS propos recueillis par Ceebee

Samuel Gelas expose une certaine idée de la négritude et engage sa réflexion sur les combats qu’il reste à mener, au sein d’un monde qui n’a pas complètement aboli l’esclavage ni les discriminations. Tu dessines depuis ton plus jeune âge, à quel moment as-tu envisagé une professionnalisation dans l’art? Ton entourage avait-il conscience de ton potentiel? Enfant, je répondais à mes enseignants que je voulais être dessinateur quand ils me demandaient ce que je voulais faire plus tard, j’avais des aptitudes en la matière et j’aimais ça. C’est après mon Bac en 2004

que j’ai envisagé une professionnalisation dans l’art. J’ai débuté mon apprentissage au Centre des Métiers d’Arts de Bergevin en Guadeloupe puis aux Ateliers Beaux-Arts de Paris 13ème, avant de rentrer à l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Paris-Cergy en 2007 et obtenir mon Diplôme National des Arts Plastiques (DNAP) en 2010. Oui, mon entourage avait conscience de mon potentiel et m’a encouragé dans cette voie. 62


Tu réalises certaines peintures à la pierre noire, un outil qui était très utilisé par les peintres de la Renaissance, et pourtant ton travail est le plus souvent associé au Pop Art ou à la figuration narrative. Y a-t-il une volonté de syncrétisme dans ta démarche? Il y a en effet une forme de syncrétisme dans mon travail mais ce n’est pas spécialement une volonté de ma part. Mon travail se nourrit et s’inspire de divers mouvements de peintures, de rencontres et de découvertes que j’ai faites durant mon parcours artistique. J’ai également expérimenté beaucoup de techniques et de médiums en peinture afin de trouver et d’avoir mon propre style. C’est à travers tous ces mélanges qu’il y a une forme de syncrétisme dans ma démarche.

CULTURE

“Mes peintures questionnent le lien étroit qu’il y a entre l’Homme et l’animal... à travers ses diverses formes d’animosité et d’animalité.”

À LA LOUPE!

Tu es parti finir tes études d’art en région parisienne, cet “exil” a-t-il été un déclencheur dans ton travail? Oui, partir en France a été très bénéfique pour moi et ma création. C’est d’abord aux Ateliers Beaux-Arts de Paris 13ème que se sont opérés de nombreux déclics. Travailler en atelier avec d’autres artistes, être confronté à d’autres cultures, rencontrer et exposer avec des artistes passionnés, approfondir ma connaissance de l’art et découvrir des musées tels que le Louvre et le Centre GeorgesPompidou, entre autres, m’ont littéralement ouvert l’esprit. Cela m’a permis de reconsidérer ma pratique et ma vision de l’art.

On t’a comparé à Jean de La Fontaine pour ta façon d’aborder la condition humaine à travers son animalité, tu peins souvent des êtres mi-hommes mi bêtes. Pourtant, l’animal est rarement aussi violent envers les siens que ne l’est l’Homme... Oui en effet. Dans mon travail les figures animales sont des métaphores qui donnent du sens à mon propos. Je les utilise souvent au service d’une narration de faits réels et d’actualité. Je m’inspire des créatures anthropomorphes des fables de La Fontaine et des contes créoles, des figures hybrides des mythologies et du cinéma Hollywoodien. Mais également des termes et expressions

A seulement 30 ans tu as déjà un parcours remarquable, qui révèle une grande maturité. Est-ce l’art qui t’a fait “grandir” si vite? Oui, l’art a joué un rôle important dans mon évolution. C’est à travers l’art que j’ai observé et analysé le monde dans lequel nous évoluons. Le fait d’avoir côtoyé d’autres artistes et des gens du milieu, rencontré un public divers, des personnes avec qui j’ai eu des échanges très intéressants et instructifs m’ont sans aucun doute fait “grandir”. De plus, créer m’a permis de surmonter de nombreuses épreuves et des caps dans ma vie. 63


Comme d’autres artistes guadeloupéens, tu t’es engagé sur la problématique de l’esclavage et des réparations de ce crime contre l’Humanité. Cet engagement est-il seulement artistique, ou le prolonges-tu par d’autres activités? La peinture est un puissant moyen d’expression à travers lequel je peux interpeler, instruire, dénoncer, prendre position et questionner le monde. C’est de cette façon que j’apporte ma pierre à l’édifice et que je suis engagé sur les problématiques et questions liées à l’esclavage. Cependant je n’hésiterai pas à le prolonger d’une autre façon si nécessaire.

“Les questions autour de l’esclavage et notamment du racisme envers les Noirs sont d’actualité.” courantes, notamment de certains artistes chanteurs, gangs et jeunes “du ghetto”. Mes peintures questionnent le lien étroit qu’il y a entre l’homme et l’animal, la nature humaine à travers ses diverses formes d’animalité, d’animosité mais également d’inhumanité notamment à travers ma série d’œuvres Négricide.

De quelles lectures ou autres sources t’es-tu inspiré pour Négricide? J’ai lu la Férocité blanche de Rosa Amélia Plumelle-Uribe, avocate et essayiste colombienne (La férocité blanche est le titre d’une de mes toiles phares de la série 64


d’Afrique, les bavures policières aux EtatsUnis envers les Noirs américains qui sont souvent abattus ou au travers de campagnes publicitaires racistes… La traite négrière à encore un écho fort aujourd’hui. C’est entre autres pour ces raisons à mon sens que les artistes produisent plus sur des sujets et questions liés à la traite négrière que sur le génocide amérindien. Tu viens de partir pour une résidence d’un an à Paris. Peux tu nous en dire plus sur cette année à venir et tes projets? Depuis le 3 octobre 2018, j’ai intégré la Cité Internationale des Arts de Paris. Cette résidence est l’occasion pour moi d’entreprendre un travail neuf autour de l’enfance, à travers le jeu, l’amusement, l’espièglerie, dans un environnement mêlant le réel à l’imaginaire, telle une récréation qui questionne les souvenirs d’enfance, mais aussi le monde des adultes. J’ai également des expositions prévues en galerie sur lesquelles je communiquerai le moment venu.

SAMUEL GELAS Mail: gelas.samuel@gmail.com 65

CULTURE

Il y a en revanche très peu de productions artistiques sur le génocide amérindien, un événement pourtant central dans l’histoire de la colonisation et de l’esclavage. Penses-tu que ce “désintérêt” ait pour cause le peu de descendants encore vivants? Je ne pense pas que le manque de productions artistiques sur le génocide amérindien soit forcément lié au peu de descendant vivants ici. Les artistes préfèrent revisiter la traite négrière et autres sujet liés à cette dernière à cause des relations protéiformes que cette tragédie continue d’entretenir avec notre modernité. Les questions autour de l’esclavage et notamment du racisme envers les Noirs sont d’actualité. On le voit à travers l’esclavage en Libye et dans d’autres régions

À LA LOUPE!

Négricide). J’ai regardé Amistad de Steven Spielberg;Twelve Years a Slave de Steve McQueen;The Book of Negroes, mini-série canadienne réalisée par Clement Virgo et Django Unchained de Quentin Tarantino.


JIU-JITSU BRÉSILIEN propos recueillis par Mr. Chung

Disciple d’un art martial en expansion grâce à la popularité grandissante du M.M.A., Charles Bucher s’est installé à Jarry afin de pouvoir transmettre sa passion avec son école, ZR Team Guadeloupe. Qu’est-ce qui t’a amené à t’installer en Guadeloupe? Je suis en Guadeloupe depuis octobre 2015, mais je suis originaire des Antilles (Guadeloupe et Martinique), j’ai donc de la famille ici même si je suis né en banlieue parisienne. J’avais projet de faire quelque chose ailleurs et comme nul n’est prophète en son pays, je suis venue ici. A la base pour d’autres projets, mais vu qu’il manquait des infrastructures et

Depuis combien de temps pratiques-tu le Jiu-Jitsu Brésilien? Depuis un peu plus de douze ans. J’ai appris à Nice à Gracie Barra, qui depuis est devenu ZR Team Nice. C’est une grosse affiliation internationale avec plus de 400 écoles. Gracie, c’est le nom de la famille qui a développé et popularisé le Jiu-Jitsu brésilien. Les pionniers de la discipline même si il y a également d’autres académies qui le développe parallèlement. 66


les animaux pour être à l’aise sur le tatami, et surtout avec son corps. Le groupe d’après, qui commence à pratiquer, débute à partir de 5 ans. Il faut avoir une échelle de progression technique, ne jamais les exposer à des prises qui soient trop traumatiques, on ne parlera pas de soumission à 5 ans. Il s’agit surtout d’apprendre à placer son corps.

En quoi consiste le Jiu-Jitsu? J’ai l’habitude de vulgariser en disant que c’est un peu le cousin du judo. Comme au judo, la tenue est un kimono, on part debout et le but est d’amener l’adversaire au sol, de le contrôler

LOISIRS

“L’essentiel de la discipline se déroule au sol afin de pouvoir véritablement soumettre l’adversaire.”

À LA LOUPE!

que j’avais moi-même besoin de m’entrainer, et bien le projet s’est transformé en création d’un club. On est ouvert depuis décembre 2016 et nous avons actuellement une cinquantaine d’adhérents.

afin d’avoir une position forte qui permette après de passer une prise de soumission et de le forcer à abandonner le combat. Le Judo a une dimension “combat au sol” qui s’appelle le Ne Waza mais comme ce n’est pas trop dans leur culture de s’y attarder, ils n’ont que quelques secondes pour travailler et on les relève tout de suite. Alors que pour nous, l’essentiel de la discipline se déroule au sol afin de pouvoir véritablement soumettre l’adversaire.

C’est surtout le combat au sol qui sort du standard habituel et qui impressionne le plus en général. Effectivement. Il y a un petit problème de soit disant dignité dans le combat au sol. Mais il faut savoir que quelqu’un au sol au Jiu-Jitsu, avec un bagage technique, ne se met pas en position défavorable. On peut être offensif, même très offensif en étant en dessous.

Le Jiu-Jistu Brésilien véhicule également les valeurs propre aux arts martiaux: respect, confiance, maitrise de soi… Est-il accessible aux plus jeunes? Tout comme le Judo. Ici j’ai un cours “baby Jiu-Jitsu” qui commence à 3 ans et demi, bien entendu il n’y a aucun combat. On travaille la posture, du travail de déplacement en copiant

On parle de Jiu-Jitsu brésilien car il existe également un Jiu-Jitsu traditionnel. C’est le grand-père du Judo et du Jiu-Jitsu Brésilien. Il regroupe donc les deux disciplines, plus des projections, des contrôles au sol, des clés et des coups. Le Jiu-Jitsu Brésilien est né avec Mitsuyo Maéda, un pratiquant de 67


Il y a peu d’infrastructure ici donc pas de compétition? C’est vrai que c’est un peu le désert, nous sommes le seul club officiel CFJJB sur le territoire. Il y a une logique pour les coupes de zone dans la Confédération qui permettrait de participer aux Championnats de France, mais nous ne sommes pas assez nombreux aujourd’hui pour pouvoir y prétendre. On y travaille pour que cela change… Mais pour nous exprimer nous avons les compétitions de Ne Waza, la plateforme commune que nous partageons avec le Judo et William Seel, qui est un grand acteur du Judo ici, a la volonté de développer un championnat dans lequel nous pourrions aussi combattre avec eux.

Jiu-Jitsu qui faisait une tournée mondiale pour démontrer l’efficacité de son sport et au Brésil, pour remercier une personne qui a facilité son intégration sur place, il a décidé d’initier ses fils au Jiu-Jitsu traditionnel. Helio Gracié, l’un des fils qui était assez faible de constitution, et qui n’avait pas le droit de s’entrainer avec les autres a finalement adapté le sport à sa propre constitution et sa force physique. Il a donc axé la discipline sur des points de faiblesse que nous avons tous, quels que soient notre poids ou notre taille, tels que les articulations, les points de levier. C’est en fait conçu pour que des personnes de faible constitution puissent répondre physiquement à des personnes plus fortes ou plus lourdes.

La ligue de Judo est importante ici. D’une part, et ils ont aussi pris conscience que le sol était important depuis les derniers J.O., les judokas français y ont eu beaucoup de déconvenues. C’est une bonne chose, en France métropolitaine, le circuit de Ne Waza est déjà bien développé. Ce qui permet aux jiu-jitsuka et judoka de se rencontrer presque tous les weekends.

“C’est un sport cérébral souvent comparé au jeu d’échecs.” Et tu es ceinture noire? Oui, depuis février 2016. Je l’ai obtenue par Christiano Rodrigues qui est le maitre de ZR Team Nice, qui est lui-même ceinture noire sous Zé Radiola fondateur de la ZR Team.

Et dans la pratique loisirs, quels sont les intérêts de ce sport? Compte tenu de l’effort fourni, à tirer, pousser l’adversaire debout et au sol, il développe beaucoup la musculature et la condition physique en général. La souplesse aussi. C’est un sport très cérébral, souvent comparé au jeu d’échecs. À partir du moment où l’on a un petit bagage d’outils, on est a même de voir ou veut nous emmener l’adversaire et à nous se répondre et ainsi de suite. Il faut régulièrement penser à deux ou trois coups en avance et c’est cette course qui s’instaure entre les deux combattants. Et sur le plan mental? La confiance en soi! Avec ses techniques, nous pouvons presque être tous sur un pied d’égalité, mais on ne fait pas de miracle, il faut pratiquer! 68


À LA LOUPE! LOISIRS

ZR TEAM Site officiel: www.zrteamguadeloupe.com 69


ECOLOOK propos recueillis par Ceebee

Cette boutique solidaire s’est installée aux Abymes et propose des vêtements à partir d’un euro. Une manière d’encourager et de développer une économie de partage. Qu’est-ce qu’une boutique solidaire? Une boutique solidaire, c’est le même concept qu’une friperie. C’est une enseigne qui vend à bas prix des vêtements ayant déjà servi. Sur le modèle des “charity shop” anglo-saxons, les boutiques solidaires Ecolook proposent à la vente des articles d’occasion mêlés à des articles neufs donnés par la population et les commerçants. Ce projet se décline en trois grands axes : la mode éthique, le développement durable et l’économie sociale et solidaire. L’économie

sociale et solidaire est très importante pour nous car c’est une économie de partage dans laquelle les employés et les employeurs s’unissent pour un but commun. L’idée est que le profit soit réintégré pour porter ensemble le projet et la cause commune. Comment vous est venue l’idée de créer cette association? Je suis communicante et j’ai également suivi une formation en gestion des entreprises. J’ai 70


Ils citent souvent celles de Paris, New York ou d’Allemagne. Ceux-là font un acte militant en venant acheter leurs vêtements à Ecolook. Nous avons d’autres clients qui ne peuvent pas se permettre d’acheter des vêtements neufs et onéreux et qui peuvent se vêtir à partir de 1€. Nous proposons même des robes de mariées!

À LA LOUPE!

toujours voulu allier la communication à la gestion ainsi qu’au monde associatif afin de monter mon propre projet. J’ai eu l’idée de créer ce concept de boutiques solidaires il y a un peu moins de 10 ans. J’ai peaufiné ce projet dans l’ombre pendant toutes ces années. Il y a très peu de structures qui recyclent les textiles usagés en Guadeloupe, nous sommes en quelque sorte des pionniers.

“ L’idée est de changer les comportements des Guadeloupéens face au tri et à l’achat de vêtements.”

Comment avez-vous organisé l’espace? Nous avons pris soin d’organiser la boutique de façon à ce que les clients s’y retrouvent facilement et y passent le plus de temps possible. Cela permet de créer du lien social. C’est un véritable espace d’échanges et de discussions, notamment sur l’écologie. Avez-vous prévu de diversifier votre activité? En plus des vêtements, du linge de maison et des chaussures, nous proposons des accessoires comme des ceintures, des foulards ou encore des chapeaux. Nous avons également mis en place des bibliothèques solidaires et des espaces de vente de matériel de puériculture.

Qui sont les clients et clientes de la boutique? Les boutiques s’adressent à une clientèle variée. Des personnes actives, qui aiment chiner et dénicher des trésors et des articles vintage. Certains sont habitués aux friperies.

ECOLOOK Facebook: Ecolook 71

SOCIÉTÉ

Quels types de linge récupérez-vous? Faut-il les apporter à la boutique? Nous récupérons des vêtements hommes, femmes et enfants. Nous traitons également le linge de maison draps, taies d’oreiller, rideaux, nappes… Nous acceptons aussi les chaussures.

Son implantation en plein cœur de la zone commerciale de Jarry, vitrine de la consommation en Guadeloupe, c’était pour vous un moyen de promouvoir une autre mentalité ? Afin de se forger une réputation solide et de démocratiser la friperie solidaire, les boutiques reprennent les codes du neuf en les appliquant à la seconde main. L’idée est de changer les comportements des Guadeloupéens face au tri des textiles usagés et à l’achat de vêtements deuxième main. La boutique de Jarry était un véritable coup de projecteur sur notre activité. Elle a déménagé à Morne Vergain, aux Abymes, afin de se rapprocher de ses clients les plus fidèles.


CHRONIQUES SÉRIES

MAYANS MC Créé par: Elgin James, Kurt Sutter (2018) Avec: JD Pardo, Sarah Bolger, Danny Pino Genre: Drame, Thriller

Ce spin-off de la série Sons of Anarchy a pour héros Ezekiel Reyes, un jeune bandit tout juste sorti de prison. A sa libération, il intègre le Mayans Motorcycle Club, un groupe de bikers aux activités mafieuses. En réalité, il a été libéré pour aider la police à démanteler les cartels qui font vivre aux habitants de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique une violence entretenue par les trafics de drogue, mais aussi d’humains. Tout se complique lorsque EZ retrouve son ancienne fiancée, désormais mariée à un trafiquant. Note: ••••••

LE BUREAU DES LÉGENDES - IV Créé par: Eric Rochant (2015) Avec: Mathieu Kassovitz, Sara Giraudeau, Florence Loiret Caille, Jonathan Zaccaï Genre: Drame, Thriller

Le Bureau des légendes est un département de la DGSE qui a pour mission de former et d’envoyer des espions à l’étranger pour recueillir des renseignements. Ses agents opèrent “sous légende”, une identité fabriquée de toute pièce qui leur permet d’infiltrer les régions ou postes hautement stratégiques. Cette saison permet de retrouver Malotru (Mathieu Kassovitz), un ancien agent traqué pour trahison. Guerres, terrorisme et espionnage informatique constituent la toile de fond de cette saga. Note: •••••• 72


THE FIRST Dans un futur proche, la première mission humaine sur Mars est sur le point d’aboutir. Tous les regards sont tournés vers cette expédition qui laisse espérer une possible colonisation interplanétaire. Les astronautes et leurs familles doivent assumer ce pari fou et dangereux, qui peut basculer au drame à tout moment. Note: ••••••

SHARP OBJECTS

CHRONIQUES SÉRIES

Créé par: Beau Willimon (2018) Avec: Sean Penn, Natascha McElhone, Hannah Ware, James Ransone Genre: Drame, Science Fiction

Créé par: Marti Noxon (2018) Avec: Amy Adams, Patricia Clarkson, Chris Messina, Eliza Scanlen Genre: Drame, Thriller

Camille Preaker, reporter, a vécu des évènements traumatiques dans son enfance. Elle retourne à Wind Gap, la ville où elle a grandi, pour écrire un article et enquêter sur le meurtre de deux jeunes adolescentes. Mais rapidement, son passé refait surface et la replonge dans une maladie dont on commence à comprendre l’origine. Note: ••••••

DOGS OF BERLIN / THE PASSAGE / TRUE DETECTIVE - SAISON III

TATTOO PIERCING ORIGINALITÉ - QUALITÉ - HYGiÈNE

Cat’S EYEs RDI DU MA au Samedi

10-18H

SECTION GALBAS 971 80 SAINTE-ANNE TEL: 05.90.836.224

CAT’S EYES TATTOO-PIERCING GUADELOUPE


CHRONIQUES FILMS

GLASS Réalisateur: M. Night Shyamalan Avec: James McAvoy, Bruce Willis, Samuel L. Jackson Genre: Thriller / Fantastique Date de sortie: 16 janvier 2019

Dans ce troisième volet de la trilogie inaugurée par Incassable, David Dunn, “l’homme incassable”, poursuit sa traque de La Bête, Kevin Crumb, capable d’endosser 23 personnalités différentes. De son côté, le mystérieux homme souffrant du syndrome des os de verre, Elijah Price (Samuel L. Jackson) suscite à nouveau l’intérêt des forces de l’ordre en affirmant détenir des informations capitales sur les deux hommes. Note: ••••••

THE GREEN BOOK Réalisateur: Peter Farrelly Avec: Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini Genre: Drame / Biopic Date de sortie: 23 janvier 2019

Un videur italo-américain est engagé pour conduire et protéger un pianiste de renommée mondiale lors d’une tournée de concerts. De Manhattan jusqu’au Sud profond, les voyageurs s’appuient sur le Green Book, ce guide destiné aux Afro-Américains publié entre 1936 et 1966 dans le contexte de la ségrégation, pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur. C’est en étant confrontés au pire de l’âme humaine que les deux hommes vont découvrir leur humanité commune. Note: •••••• 74


UNDERCOVER- UNE HISTOIRE VRAIE

À Détroit, dans les années 80, l’histoire vraie de Rick Jr., un adolescent qui fut informateur pour le compte du FBI, avant de devenir lui-même trafiquant de drogue. Abandonné par ceux qui l’avaient utilisé, il fut condamné à finir ses jours en prison. Note: ••••••

CREED II Réalisateur: Steven Caple Jr. Avec: Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Dolph Lundgren Genre: Drame / Action Date de sortie: 9 janvier 2019

La suite des aventures d’Adonis Creed, nouveau champion du monde des poids mi-lourds, sous la tutelle de Rocky Balboa. Il doit cette fois-ci affronter Viktor Drago, le fils d’Ivan, la “machine de guerre” russe qui tua son père Apollo Creed d’un uppercut. Note: ••••••

AQUAMAN / BORDER / LA MULE / SORRY TO BOTHER YOU

CHRONIQUES FILMS

Réalisateur: Yann Demange Avec: Matthew McConaughey, Richie Merritt, Bel Powley Genre: Drame/ Policier Date de sortie: 2 janvier 2019


CHRONIQUES JEUX VIDÉOS

RED DEAD REDEMPTIOn 2 Editeur: Rockstar Games Catégorie: Action / Aventure Date de sortie: Disponible

CONSEILLÉ PAR:

Ce jeu nommé dans huit catégories aux Games Award (récompenses annuelles des meilleurs jeux) mêle action et aventure dans un décor inspiré du Far West. Il se joue en solo à monde ouvert, type GTA. Attaque de trains, chasse aux truands et duels à travers des espaces sauvages vous feront revivre les grandes légendes du Western, avec des références à Lucky Luke et bien d’autres héros. Disponible sur ONE et PS4. Note: ••••••

SUPER SMASH BROS- ULTImATE Editeur: Nintendo Catégorie: Combat Date de sortie: 7 décembre 2018

Nouvelle déclinaison de la série de jeu de combat, Super Smash Bros-Ultimate réunit quasiment tout l’univers Nintendo (Super Mario, Pokemon, Street Fighter...) Les personnages qui possèdent une grande panoplie d’attaques et de coups spéciaux s’affrontent dans des arènes. Peut se jouer en mode classique ou en tournoi, exclusivement sur Switch.Note: ••••••

JUST CAUSE 4 / STEEP : ANNÉES 90 / ASSASSIN’S CREED ODYSSEY 76


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