LOUPE#14 - Mars / Avril / Mai 2017

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AVRIL 2017 #14

FOCUS CULTURE: STEVE GADET

MÉDIAS: LEADERs D’OPINION? JUAN MASSENYA - YANNICK MILON

CHRISTIAN DZELLAT - Monsieur LE PROF RONALD CYRILLE - MODÉLISME - LES GAZELLES DES ÎLES


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impression PRINT MARKETING CARAÏBES REGIE PUBLICITAIRE LOUPE REGIE 05.90.555.415 Magazine gratuit - Numéro #14 Mars / Avril / Mai - 2017 © LOUPE est édité par David Dancre 97 118 Saint-François N° SIREN: 805 060 878 Toute reproduction, adaptation totale ou partielle est interdite.

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EDITO 07 Oppression

GRAND ANGLE 23 Médias: Leaders d’opinion?

BRUITS DE COULOIR 09 Obsolète 10 Actualités

à la loupe! 40 Culture: Ronald Cyrille 42 Loisirs: Modélisme 44 Société: Les gazelles des îles

Panoramique 12 Cuba 14 Gwada Pagaie focus 16 Steve Gadet: Hip Hop Kréyol

Chroniques 46 Séries 48 Cinéma 50 Jeux Vidéos

P.12

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Edito par David Dancre

OPPRESSION “Mais qui nous protège de vous?” demandait Hubert aux forces de police dans le film La Haine. C’est ce questionnement sur la légitimité et le monopole de la violence par l’Etat qui a conduit à inscrire la résistance à l’oppression parmi les droits naturels et imprescriptibles des Hommes. Les faits d’actualité nous poussent aujourd’hui à redéfinir les limites de l’acceptable. Malik Oussekine, Zyad et Bouna et maintenant Théo sont les victimes d’actes de sauvagerie, qui rappellent les heures les plus sombres de notre Histoire. Dans un pays où 9 milliardaires possèdent 90% des médias, nous ne pouvons compter que sur nos propres forces pour faire entendre la voix des opprimés. “Une loi ne pourra jamais obliger un homme à m’aimer mais il est important qu’elle lui interdise de me lyncher” (Martin Luther King, 1962). 7


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BRUITS DE COULOIRS

OBSOLÈTE par Ceebee

L’obsolescence programmée, cette stratégie visant à réduire la durée de vie d’un produit pour inciter à un nouvel achat, est aujourd’hui fortement remise en cause. Pour préserver les ressources et l’environnement, une nouvelle économie circulaire se met en place et redonne vie à nos déchets. gagner à diminuer leurs coûts de production, et Environ 155 000 tonnes de déchets, de nombreuses expériences ont vu le jour, pour principalement des écrans de télévision et des donner une seconde vie aux déchets, permettant moniteurs d’ordinateurs, sont exportés chaque par la même occasion de créer des emplois et année vers les pays du Sud. Ces équipements de relancer l’économie dans certaines régions. sont ensuite démontés, laissant s’échapper L’exemple le plus probant à l’échelle urbaine des substances très toxiques telles que le est celui de San Francisco, où depuis 2009, il plomb et le mercure, qui polluent de manière est obligatoire de recycler et de composter tous importante l’environnement. Produire des biens ses déchets. Ce système apporte également de et des services tout en limitant le gaspillage des l’argent à la ville, par la revente des matériaux matières premières appelle à la mise en place recyclés et du compost. Ainsi, “rien ne se perd, d’une nouvelle économie, circulaire et non plus linéaire. Les entreprises elles-même ont tout à rien ne se crée, tout se transforme”.

L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE Des déchets à la richesse: Les avantages de l’économie circulaire, Peter Lacy et Jakob Rutqvist, MA Editions Demain, le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent: www.demain-lefilm.com 9


BRUITS DE COULOIRS

SUKEBAN TURBO BD

Le scénariste Sylvain Runberg et le dessinateur Victor Santos nous proposent une plongée dans la jeunesse newyorkaise d’aujourd’hui, avec la première bande-dessinée estampillée Glénat Comics. Sukeban Turbo raconte les déboires d’une lycéenne de 17 ans, à la tête d’un gang de filles, dont la vie tourne autour du trafic de drogues et des soirées tendances. Métaphore sociale sur la rage adolescente, ce thriller nous entraîne dans les différentes cultures urbaines de New York, à travers ses hauts lieux d’expression, de Brooklyn à Williamsburg, la capitale des hipsters.

SUKEBAN TURBO - Tome 1 : Sisterhood Sylvain Runberg & Victor Santos Glénat Comics

STREET WORKOUT GUADELOUPE

Le Street Workout OpenBarZ édition Guadeloupe s’est déroulé le 17 décembre 2016 au Gosier, en présence de Philippe Scofield, membre du jury. Daryl Polor (Omegabar) est sorti vainqueur de l’épreuve Freestyle. À la deuxième et troisième place se sont classés Manuel Bardail (Omegabar) et Quentin Gavaix (Barons Family). Le même jour, Weedlay Loubil était parti représenter la France au championnat du monde en Chine et a fini dixhuitième. Un excellent résultat pour sa première participation et surtout une experience inoubliable.

STREET WORKOUT OPENBARZ Résumé disponible sur la chaine Youtube LOUPETV 10


OXMO PUCCINO

Le rappeur Oxmo Puccino sera pour la première fois en concert en Guadeloupe, au Palais des Sports du Gosier le 12 mai. Son nouvel opus, la Voix lactée, propose comme toujours des compositions pacifistes et engagées.

OXMO PUCCINO Billeterie: https://tickets.allmol.com/fr/ Facebook: Oxmo Puccino

naître autrement

La première maison de naissance a ouvert en Guadeloupe, dans la maternité des Eaux Claires. Elle fait partie d’une expérimentation nationale visant à offrir la possibilité d’accoucher naturellement, tout en bénéficiant de la sécurité médicale.

LE TEMPS DE NAÎTRE Site officiel: www.letempsdenaitre.fr Contact: 06.90.752.125

PLAYLIST#1.4

ActualitÉS

DJ Poska nous présente en direct de New York un mix de ses dernières séléctions et vous propose la “PLAYLIST LOUPE” en exclusivité. Retrouvez DJ Poska et DJ Akil tous les samedis sur Bushwick Radio App à 18h (00h en France)

DISPONIBLE SUR www.loupe-magazine.fr 1 - MIGOS Bad & Boujee Featuring Lil Uzi Vert 2 - Stutter Gucci Mane 3 - PICK UP THE PHONE Travis Scott featuring Young Thug et Quavo 4 - LIBRE Saïk 5 - FROZEN WATER Future Featuring TI, Travis Scott & Pusha T 6 - WAIT FOR YOU August Alsina Featuring Jeremih & Trey Songz 7 - SHINING DJ Khaled Featuring Beyonce & Jay Z 8 - NYC Driveby Dave East, Uncle Murda & Styles P 9 - HIGH FOR HOURS J.Cole 10 - KAARNAVAL 2K17 Kalash

DJ POSKA Facebook: DJ Poska Facebook: Live From La Grosse Pomme

LOUPE MAGAZINE


panoramique

CUBA La plus grande île des Antilles n’est pas que le pays du Che, des cigares et de la salsa. Cuba dispose d’un patrimoine et d’un potentiel touristique hors du commun.

LA HAVANE Arts, Culture Note : •••••• La capitale, cosmopolite et festive et son centreville sont incontournables. Fruits d’une politique culturelle active, le patrimoine et l’expression artistique ont été mis en valeur: musées, compagnies de danse et de théâtre, clubs de jazz, cabarets et night clubs pour danser la salsa, c’est ici que l’ambiance bat son plein.

SANTIAGO, TRINIDAD Patrimoine, Histoire Note : •••••• Berceau de la révolution cubaine, Santiago de Cuba s’enorgueillit de posséder le plus ancien musée de l’île, qui expose une collection archéologique et des peintures de grande valeur. Les traces de l’histoire coloniale les mieux conservées se situent à Trinidad, dont le patrimoine est classé à l’UNESCO. 12


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VARADERO Détente, Plaisance Note : •••••• La plage de Varadero, la plus célèbre du pays, s’étend sur 20 kilomètres. C’est évidemment la plus importante station balnéaire de Cuba, tournée vers les sports nautiques et le golf. Mais les eaux turquoises ne sont pas les seules attractions de la région, qui offre également la possibilité de randonner et de découvrir des sites rupestres.

PARCS ET RÉSERVES Nature, Excursions Note : •••••• On dénombre à Cuba plus de 300 zones protégées, dotées d’une diversité d’écosystèmes inégalée aux Caraïbes. Le parc naturel de la Sierra Maestra vous conduira à explorer les montagnes cubaines. La réserve de Guanahacabibes est l’un des plus beaux endroits pour plonger ou faire du snorkeling. 13


panoramique

GWADA PAGAIE Au coeur du parc National, Gwada Pagaie vous fait découvrir la réserve “Cousteau” en kayak. Une activité dédiée à l’écotourisme, dans un cadre naturel unique.

LES ÎLETS PIGEON A partir de 5 ans Note : •••••• A quinze minutes de la plage de Malendure, vous accosterez sur une zone naturelle classée Réserve de biosphère par l’UNESCO. Les fonds marins autour des îlets comprennent de nombreuses espèces de coraux, poissons tropicaux et tortues marines. Durant les mois de janvier et février, il est possible d’y entendre le chant de baleines à bosses.

LE CIRCUIT CÔTIER A partir de 5 ans Note : •••••• Un parcours de 2h00 au départ de la plage Caraïbes à Pointe Noire, le long de la côte sous le vent. Naviguez à votre rythme jusqu’a la plage de Malendure à Bouillante.Possibilité de s’initier au Paddle dans la baie aux tortues marines. Douche et planteurs au retour! 14


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FOCUS


STEVE GADET

CULTURE

HIP HOP KRÉYOL par Cee Bee

Enseignant-chercheur et activiste, MC depuis les années 90, Steve Gadet, plus connu sous le nom de Fola, est l’auteur de nombreux ouvrages sur les cultures urbaines. Ses travaux universitaires, comme ses créations musicales, constituent de véritables outils pour mettre en lumière les problèmes sociétaux et agir pour un mieux-vivre ensemble. Pourquoi avoir choisi la culture Hip Hop comme sujet de recherches? Au milieu des années 90, il y a eu un livre, Yo! Révolution Rap. Je suis parti deux fois à Atlanta, j’ai commencé à parler anglais couramment et par le biais de mes études, j’ai dû faire des travaux de recherches. C’est naturellement que le mouvement Hip Hop est devenu mon centre d’intérêt, pas seulement en tant que fan mais en tant que chercheur. J’ai voulu retracer les racines de ce mouvement, en réalisant beaucoup d’interview aux Etats-Unis, à Paris, en Jamaïque, à Trinidad, en Guadeloupe et en Martinique. Il n’y a pas grand monde dans le milieu universitaire français qui a travaillé sur cela et lui a donné du sens.

locale, parfois en faisant certaines scènes moimême, en tant que rappeur. En Martinique, je suis allé dans les radios, les soirées organisées, c’est comme cela que j’ai rencontré beaucoup d’activistes et d’artistes. Cet ouvrage révèle une véritable volonté de comprendre les modèles suivis par le jeune public? Il y a une vraie volonté de mettre en mots, pour tenter d’expliquer au grand public le reste de la société. Il voit les artistes, entend parfois parler des scandales, mais la dynamique, la créativité artistique de ces mouvements culturels restent inconnues. Pour mieux les appréhender et donner de la matière à ceux qui travaillent dans la politique de la ville, les travailleurs sociaux, les enseignants, qui perçoivent ces mouvements-là d’un mauvais œil. Il s’agissait d’enclencher un dialogue avec des personnes qui sont en dehors de la Caraïbe. C’était aussi pour avoir une idée de ce qui se faisait dans nos régions.

Le Hip Hop était-il déjà présent en Guadeloupe? Quand je l’ai découvert, je ne savais pas comment il était présent. Aux alentours des années 98-99, on me mit au courant de gros sons qui marchaient, et j’ai côtoyé la scène 17


FOCUS Ce mouvement transfrontalier, parti de la Jamaïque, s’est épanoui aux EtatsUnis mais reste marqué par des apports culturels très divers. C’est un atout pour mieux vivre ensemble et se comprendre? Je pense que oui, j’ai l’impression que c’est un mouvement d’hommes et de femmes qui a plusieurs têtes. Il est tellement ouvert aux gens qui viennent d’avenues différentes, qu’il est ouvert à plein de choses qui peuvent aussi nuire au vivre ensemble. Mais ces cultures forment un pont qui relie des gens qui vivent dans des pays différents, ont des religions différentes, qui sont d’âge différents. Ce qu’ils ont en commun, c’est bien ce mouvement. Il y a aussi des gens qui ont réussi à se rattacher à la vie et lui donner du sens grâce à ces mouvements, qui touchent aujourd’hui un salaire. L’autre côté de la pièce, ce sont des problèmes sociétaux que ce mouvement met en lumière et parfois glorifie… Il faut pouvoir parler de ces choseslà, parler sans condescendance, avec respect et clairvoyance.

cette dynamique, ses fondateurs ont plus de respect pour nous que pour ceux qui sont dans le mimétisme. La violence et les scandales occupent souvent le devant de la scène, notamment autour de la “Gangsta music”, beaucoup plus que les aspects pacifiques et unificateurs de ce mouvement, dont vous traitez dans votre ouvrage. Comment peut-on davantage valoriser ces aspects? Par les médias que nous avons, les thèmes qui sont abordés et les gens à qui l’on donne la parole. C’est un travail de déconstruction et de dialogue qu’il faut engager. Il existait auparavant des émissions télévisées, des émissions de radio qui ne traitaient pas des scandales.

“Ces mouvements ont capté l’imagination de la jeunesse antillaise...” Dans la Caraïbe, la créolité demeure-t-elle la source fondamentale de cette culture? Si l’on définit la créolité comme l’accueil de la diversité, comme une manière de voir le monde et de vivre, propre aux habitants de la Caraïbe, je pense que oui. C’est un mouvement qui a aussi tendance à écraser les cultures locales, mais ceux qui ont compris que ce mouvement est celui du “Reste toi-même”, qu’ils soient graffeurs, réalisateurs, rappeurs, artistes Dancehall… ont compris que l’on peut puiser dans son héritage culturel. Lorsqu’on est dans

Ces mouvements ont capturé l’imagination de la jeunesse antillaise, c’est pour cela que je propose aujourd’hui qu’ils puissent trouver leur place dans les salles de cours et les établissements scolaires. Il nous faut passer par eux pour comprendre ce qui se passe dans notre pays, c’est aussi un moyen pour éduquer, 18


CULTURE motiver, nourrir l’estime de soi. Les artistes de ces mouvements doivent prendre leur part, et pas seulement ceux qui font de la musique, on doit leur donner la parole et compter avec eux comme des forces incontournables dans l’épanouissement de nos gens. Quand vous intervenez dans les écoles, en quoi consiste votre mission ? Je vais dans les collèges et les lycées, également en prison dans les quartiers des mineurs, moins souvent dans les quartiers des adultes. Mon intervention dans les établissements scolaires est d’abord venue de moi, mais à force, cela a pris un autre tournant. Maintenant, le rectorat m’a invité pour former les assistantes sociales, afin qu’elles connaissent mieux les cultures urbaines. J’utilise les chansons et surtout les clips vidéos pour parler des thèmes importants avec ce public: les stéréotypes, l’hyper sexualisation des femmes, les substances, l’échec scolaire, la prévention de la délinquance… Je fais sortir ces thèmes en partant de ces cultures urbaines que les enfants connaissent très bien, parfois mieux que moi. En même temps, cela me permet de rester au contact de cette jeunesse en tant que chercheur, parent et citoyen. Je peux arriver à savoir ce qui se passe, quels comportements sont valorisés. En prison, je travaille plus sur l’écriture créative, le slam, le récit. C’est un moyen de donner la parole à des personnes qui ne vont pas forcément exprimer leur voix en politique? C’est une manière de prendre conscience que sa voix compte, et que personne n’a pas la même expérience. Si tu ne le dis pas, la richesse qui est au fond de toi, ce qui fait de toi un être unique, c’est tout un monde qui est fermé aux autres. C’est donc une manière de valoriser ceux qui estiment qu’ils n’ont pas de voix et une manière de leur faire prendre leur place dans une société.


FOCUS C’est un univers qui reste masculin, malgré l’émergence de quelques figures féminines, comment l’expliquez-vous? Cela peut s’expliquer par les contextes de création. Je me suis posée la même question à Trinidad, aux Etats-Unis, et me suis rendu compte que les contextes de création, les soirées ect… n’étaient pas toujours les plus simples pour des figures féminines. Mais les femmes sont là depuis le départ, les B. girls, les organisatrices, les publicistes, dans les labels, je pense bien sûr à Sylvia Robinson. Il est vrai qu’il y a un sexisme très présent. Les femmes n’ont pas besoin de nous pour

J’ai été frappée dans votre ouvrage par les propos de ce jeune fan de Booba, âgé de 17 ans, qui dénonce le fait que de très jeunes enfants écoutent et chantent les morceaux de ce rappeur, qui ne sont pas destinés à la base à un trop jeune public. Les parents sont-ils responsables en laissant entre les mains de leurs enfants des outils qu’ils ne maîtrisent pas euxmêmes (Internet, smartphones, réseaux sociaux…? Absolument. Dans cette lutte pour un mieux vivre ensemble, l’école, les parents, les associations, ont un rôle à jouer. Les parents n’imaginent pas que cela va aussi vite, laissent parfois faire pour avoir la paix. Je suis moimême parent et cela me rend très humble car je me rend compte du travail que représente l’éducation d’un enfant, c’est un job à plein temps. Il faut prendre le temps de parler, de sortir, de faire des choses. Les éducateurs demandent de plus en plus à travailler avec les parents, notamment en milieu scolaire, car si l’on travaille avec les élèves, qu’on les sensibilise mais qu’en rentrant chez eux, il y a une ambiance délétère, cela ne sert à rien.

“Le sexisme ambiant qu’il y a dans les musiques urbaines commence à faire beaucoup de dégâts.”

Il faut aussi prendre en compte le terrain socio-économique particulier sur lequel ces mouvements se développent: plus on a un contexte de crise, un grand nombre de jeunes sans activité, plus il y a de possibilités pour qu’ils aillent vers les mauvais repères. La culture Hip Hop, le Dancehall et la Trap Music ont pour terreau ce manque d’activité, des familles déstructurées, un contexte d’éducation mal adapté, des formations mal choisies… En Jamaïque ou à New York, c’était le même contexte dans les années 70 que dans les années 90 à Atlanta ou aujourd’hui dans nos territoires. Cela nécessite d’autres politiques gouvernementales, d’autres choux

être là mais pour être plus visibles. Il faut imaginer les cultures urbaines avec ces deux pôles, penser les choses en incluant l’apport, la vision et la présence féminines. C’est à nous hommes sensibles à cette question d’utiliser toutes les avenues disponibles pour que cette présence féminine soit plus remarquée. Le sexisme ambiant qu’il y a dans les musiques urbaines commence à faire beaucoup de dégâts. Chez les jeunes garçons, dans les collèges et les lycées, la manière dont ils parlent des femmes, dont ils les considèrent est affolante. Les garçons ont moins de tendresse, d’humanité et de respect pour les femmes. Il y a un vrai travail pour nous qui en sommes conscients. 20


CULTURE pour ne pas constamment transporter de l’eau dans des paniers percés. En prenant en compte ce contexte socio-économique, on peut mieux contrer ce qui donne naissance à ces comportements déviants.

manières de valoriser des comportements dans des publicités… ils doivent le faire savoir. Il y a déjà eu des cas d’entreprises qui ont changé leur politique commerciale. On peut vous faire intervenir par le biais de l’association, “Faire Une Différence”? Je suis en train de former une génération d’éducateurs, car lorsqu’une vision ne s’appuie que sur un seul Homme, elle ne va pas loin. A la Fac, l’un de mes cours s’intitule “Enseigner à partir des cultures urbaines”. J’ai des futurs enseignants, journalistes ou autres, qui découvrent autrement les cultures urbaines. En tant que MC, j’ai sorti deux mix-tapes, Respect et Freedom, toutes deux disponibles gratuitement sur le site www.hauteculture.com. Je continue par passion à faire de la musique, c’est aussi un outil pour moi, pour marquer l’imagination du jeune public. Je peux sortir mes livres, mon discours, mais je capte davantage l’attention des jeunes avec des textes de Rap ou de Trap.

Au delà des quartiers défavorisés, vous parlez de l’influence considérable du Hip Hop sur l’industrie vestimentaire, le langage, la sexualité… La forme prendelle le dessus sur le fond? Nous vivons dans un monde capitaliste, qui prend tout et n’importe quoi du moment qu’il y a du profit. Ces mouvements sont devenus un moyen de vendre des produits, les industries ont remarqué qu’il y avait des niches très larges de consommateurs. Les compagnies n’ont aucun état d’âme à faire taire leur conscience sociale, que ce soit Disney, BET, Viacom… pour faire du profit. Maintenant, la loi du porte-monnaie est encore là, et si des consommateurs sentent que certaines choses ne leur conviennent pas, des

Steve Gadet par Cédric Calvados Abymes / Guadeloupe - 2016

STEVE GADET Facebook: Steve Gadet 21


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MÉDIAS LEADERS D’OPINION? par Ceebee & Mr. Chung encore des référents pour les citoyens. D’autant que l’offre médiatique s’est considérablement segmentée et qu’aujourd’hui, rares sont les supports qui ne se referment pas sur une cible très concentrée. Ballottée entre surinformation, désinformation et fabrication du “buzz”, la société française reste attachée à la liberté d’expression et l’a manifesté avec le cri “Je suis Charlie”. Rester indépendant et intègre pour défendre le droit à information est une tâche complexe pour un média. Nous avons choisi d’interroger des acteurs qui, via la télévision, la radio, la presse ou l’Internet, manifestent cette impertinence qui donne du sens au monde qui nous entoure, et qui ont saisi qu’ils reflètent autant qu’ils forment les phénomènes de société.

Les médias, c’est-à-dire l’ensemble des moyens de diffusion de l’information, sont essentiels à la démocratie et jouent un grand rôle dans la formation de l’opinion publique. Le développement d’une presse de masse a accompagné l’avènement du suffrage universel au XIX° siècle, avant que la radio, la télévision et surtout l’explosion d’Internet ne viennent considérablement modifier la manière de s’informer. Dans notre société hyper connectée, les journalistes ne sont plus les seuls maîtres de l’information car la prise de parole citoyenne leur conteste désormais ce rôle. De nouveaux influenceurs issus des réseaux sociaux concurrencent les médias classiques, à tel point que l’on peut se demander si ces derniers sont 23


GRAND ANGLE

Avec Jacob Devasrieux au Mémorial Acte Pointe-À-Pitre / Guadeloupe - Octobre 2016


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION?

TÉLÉVISION JUAN MASSENYA par David Dancre

De Génération à Radio Nova en passant par France Culture et Canal+, Juan Massenya a été le représentant de cette culture urbaine qui a pénétré toutes les couches de notre société. Il propose aujourd’hui d’impulser un nouvel élan en valorisant la créativité des Outre-mer dans le paysage médiatique.


GRAND ANGLE Présentation? Juan Massenya, j’ai 48 ans, je suis né au fin fond de la Bretagne en 1968. Je suis arrivé en banlieue parisienne à Saint-Ouen l’Aumône, à la Cité du Parc. Ensuite, je suis allé à Chanteloup Les Vignes (où le film La Haine a été tourné) et à l’âge de 20 ans je suis monté sur la capitale. Je suis donc breton de naissance, de parents martiniquais, de Trinité.

rap militant après Public Enemy, j’avais 19 ans. J’ai rencontré Big Red, nous étions du même coin et lorsque nous nous sommes recroisés plus tard, il venait de monter Rapsonic, on s’est lié d’amitié. A la même époque je suis parti à un concert de Public Enemy à Londres avec le groupe, en bateau, je devais rester un weekend et suis resté un an. Quand je suis revenu j’étais blindé de disques et c’est la que je suis devenu rappeur, sans trop de conviction, je n’aurais jamais fait rappeur tout seul mais avec Big Red, Doc Phil, Cool MC, Crazy B, c’était plus

“...c’est devenu l’émission dans laquelle tout le monde passait” facile de se mettre sur le côté et chacun faisait son truc. Nous étions très politisés. Ils ont sorti Vas-y mets la dose (le maxi). Nous avons fait quelques concerts, mais chacun voulant voguer vers ses propres objectifs, je suis resté avec Big Red et nous avons monté le groupe qui est devenu par la suite Raggasonic. Puis j’ai quitté le navire, les choses étaient compliquées et il fallait que je gagne ma vie. J’étais très souvent à New York, on rapportait des disques et un jour on a rapporté des tee-shirts et monté une boite en 1993. Depuis les années 80, je traînais à Radio Nova et j’avais certaines velléités à avoir mon émission de radio, mais on me disait toujours que je n’étais pas journaliste, je n’étais que DJ et on ne donnait que très rarement des émissions de radio à des DJS, hormis Dee Nasty et quelques autres...Finalement, je suis devenu Disc Jockey et j’ai mis mes compétences et ma musique au service de comités d’entreprise, de mariages etc...Plus tard, Sylvain de Génération m’a proposé de

Quel a été ton parcours avant le journalisme? J’ai commencé, comme beaucoup de personnes de ma génération, par me faire intoxiquer par la culture américaine avec un skateboard, c’était en 1976. Ensuite il y a eu le walkman, la Funk à la fin des années 70 et au début des années 80. La musique a toujours été présente car mon père en écoutait beaucoup et en jouait également. Il m’achetait des disques, j’ai commencé à les amener dans des boums, que j’ai ensuite animées. En même temps, le smurf est arrivé, il y a eu l’émission HIP HOP où j’allais. J’étais danseur, de Funk au départ puis de Break. Je suis entré dans le 26


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION? se disaient que celui-ci ne connaît rien au Rap. Je me suis essayé avec quelques-uns, mais cela n’a pas été sans peine car je n’étais pas légitime, tout ce qu’ils voulaient c’était faire un freestyle et ils avaient rarement eu affaire à des journalistes qui leur pose des questions simples, à part des journalistes de presse écrite. J’ai appris grâce à eux dans la difficulté, parce qu’il fallait pour moi conquérir une forme de légitimité que je n’avais pas. C’était beaucoup plus facile pour moi d’avoir NTM ou IAM en interview, Timide et sans complexe, Dee Nasty, que d’avoir la nouvelle génération du rap français. Le rap français, je l’ai vraiment découvert au fur et à mesure des interviews. L’émission est devenue Génération All Star. Cela a duré quelques années et j’ai finalement été adoubé par le rap français. Je faisais un mélange entre la nouvelle et l’ancienne génération. On a ensuite introduit des acteurs de la société dans différents domaines, comme des politiques, traité de thèmes comme la prison, l’amour, l’entreprenariat, et au bout d’un moment, c’est devenu l’émission dans laquelle tout le monde passait: j’avais George Clinton avec LL Cool J

faire une émission et j’ai accepté car entre temps, j’avais aussi monté un label. On m’a demandé de faire des interviews d’artistes, mais cette génération là je ne la connaissais pas du tout, je n’avais aucune légitimité, le seul artiste de cette époque que j’avais entendu et qui m’avait marqué c’était 113. Je savais qu’il se passait un truc mais je me considérais beaucoup trop vieux pour être associé à ce qui se faisait. Je savais qu’il y avait un truc génial mais ne le comprenais pas très bien. Cela te semblait loin du rap militant dans lequel tu t’étais engagé? Un rap où les gens ne s’entretuait pas et ne voulaient pas tout brûler; je trouvais ça trop violent et trop sombre et pour moi, les mômes devenaient pareils. Quand je suis arrivé à la radio, c’était par le biais de la Funk, du Jazz. L’émission s’appelait Playtime et faisait écho à mon label. Lorsque l’on m’a proposé de faire des interviews de MC’s, j’avais 30 ans et l’impression d’être un vieux con. Les artistes de la nouvelle génération ne me connaissaient pas et quand ils rentraient dans mon studio, ils

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GRAND ANGLE en même temps dans studio, l’un chantait sur l’instru de l’autre… Jusqu’au jour où j’ai pensé que j’avais fait le tour et étais dans une sorte de routine. Nova m’a proposé de venir car une place se libérait, c’était en 2009. Finalement je suis revenu en tant que journaliste.

Kaiïa Shopping. J’ai rencontré Karl Zéro avant qu’il ne se fasse virer de Canal. C’étaient mes vrais débuts à la télé. Je produisais avec Alexandre Jordanof pour Le Vrai Journal des capsules, des pastiches divers et variés, et mon nom à commencé à circuler dans le milieu de la télé. C’est grâce à cela que l’on est venu me chercher pour me proposer un casting, ils recherchaient un journaliste qui connaît le terrain, qui ait de la légitimité pour aller dans les quartiers, c’était moi qu’ils voulaient. Et c’est devenu Teum Teum (2 saisons). Les

“...nous n’avons pas un droit mais un devoir d’ingérence.” producteurs m’ont fait confiance, moi je n’avais aucune ambition à la télé, ça m’a complètement rattrapé. Après j’ai fait des émissions de société comme Les Uns, Les Autres qui marchait très bien, avec de grandes questions transversales: comment on se nourrit, comment on se rencontre, comment on s’aime, comment on vieillit, comment on désobéit en France. Des émissions musicales comme C’Est Quoi Ta Zik. Par la suite, j’ai fait En Quête d’Aventure. Je partais aux 4 coins du monde en quête de la dernière famille de samouraïs au Japon, des chatouilleuses à Mayotte. Tous les mois, je partais dans un pays différent. Je faisais mon métier d’animateur, de journaliste. Journaliste à la télé et à la radio c’est très différent. Cadrer la lumière, la photo, mèner l’interview, filmer. Lorsque Bruno Laforestrie a quitté Génération et est devenu le patron du Mouv, il m’a demandé de venir le rejoindre. Pendant un an et demi, j’avais une émission, Radio Vinyle, avant que n’existe Radio Vinyle TV, qui continue d’ailleurs. Et maintenant, avec Un Jour En Outre Mer dans laquelle je mets en lumière différents territoires

Qu’y avait-il de nouveau sur Nova? J’ai fait la même sur Nova et après Nova, il y a des gens de France Culture qui m’ont proposé de bosser avec eux, mais je n’étais pas du tout à ma place, j’étais dans un pur rôle de composition, on aurait cru voir un lapin avec une cravate! Il m’a semblé que l’on m’avait fait venir juste pour pouvoir dire “on a des gens de la culture urbaine”. A ce moment là, la diversité, c’était le grand truc. J’étais comme gavé et j’ai donc arrêté de faire de la radio, je faisais déjà beaucoup de télé. Comment s’est faite la transition? Je crois que c’est un auditeur qui m’a appelé et m’a proposé de présenter une émission de télévision. J’avais déjà produit un programme avec Alexandre Jordanof, Kaïra Sat, avec le 28


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION? intéressant le fait que le journaliste Hip Hop ou urbain aille ailleurs, la question que je me pose est de savoir si il va changer cet ailleurs ou si cet ailleurs va le changer. De toutes les façons il y a toujours une influence mais il faut que cela reste proportionné. C’est un système de vases communicants. C’est ça l’enjeu. Ce n’est pas d’essayer de se convaincre entre nous et de se dire que nous sommes un monde, alors qu’à coté de nous, il y a un autre monde. Nous sommes effectivement un monde, un univers avec un esthétisme, une façon de voir et de penser le monde. Maintenant, comment peuton faire pour développer cette façon de voir et de faire? La meilleure des façons, c’est une forme d’ingérence, nous n’avons pas un droit mais un devoir d’ingérence. Ce que l’on aime, nos codes, notre façon de faire, doit absolument impacter toutes les sphères de la société parce qu’en fait, ce que l’on propose, c’est l’équation qui permet, alors que beaucoup de gens ne s’en rendent pas compte, le vrai vivre ensemble. Nous l’avons depuis le départ, et ce vivre ensemble repose sur des bases très simples

et départements d’outre-mer. Cela fait donc neuf ans que j’apprends mon métier pour pouvoir un jour prétendre produire. Les anciens de la presse Hip Hop aussi bien écrite que radio ont aujourd’hui évolué vers des médias plus grand public. Quel regard portes-tu sur cette évolution? Le Hip Hop est l’art d’associer des éléments qui dans l’inconscient collectif ne sont pas associables. Le Hip Hop, c’est la traduction très urbaine et très contemporaine du mot métissage. Mettre une paire de lunettes de ski et un survêtement Kappa pour tourner sur le dos, vu de l’exterieur, ça n’a pas de sens. La sagesse te permet d’approfondir ta pensée, ta réflexion, et donc d’affiner ton propos. La culture Hip Hop ce n’est pas être contre, c’est être en contradiction, s’autoriser cette contradiction à tous les niveaux, c’est aller là ou on ne veut pas que l’on aille, dire ce que nous ne sommes pas supposés dire, penser ce que nous ne sommes pas supposés penser. S’autoriser à ne pas être toujours dans les clous. Je trouve

Avec Oxmo Puccino pour Radio Vinyle - Paris - Novembre 2015 29


GRAND ANGLE c’est l’acceptation de l’autre quel qu’il soit. La culture Hip Hop n’a de sens que si elle permet à l’autre de faire parti du Nous avec toutes ces différences. Le Nous ce n’est pas l’assimilation, le Nous c’est tu es Blanc, Noir, Juif, musulman, chrétien, petit gros, tu as un bonnet de ski, un pantalon de chantier, tu mets trois montres à ton poignet et bien nous, nos codes t’autorisent à être ce que tu veux être et tu es le bienvenu. C’est ça la culture Hip Hop pour moi, ce n’est pas un jogging ou une musique, c’est une forme de tolérance au-delà de ce qu’autorise

Akhenaton quand il dit “ça vient de la rue”. A un moment donné, on a défini des critères, on a “réesthétisé” ce pays et sa culture. Ce n’est pas un hasard si il y a la peinture de Jon One à l’Assemblée Nationale. Des hommes politiques de la nouvelle génération ont grandi en écoutant Génération All Star. L’autrefois, j’ai vu des mecs de la B.A.C. s’arrêter, baisser leur vitre et dire “Putain, Juan, 88.2 Génération”. Les keufs !!! Etre Hip Hop c’est ça, ce n’est pas l’apparence mais la démarche. Nous avons permis par nos actions et chacun à son petit niveau, de faire basculer la culture française que j’ai connu, de Pompidou, de Giscard et du début de Mitterrand, vers ce qu’elle est aujourd’hui. Je suis sûr que si je parle avec Macron, il va avoir des références qui lui ont été transmises par nous. Sans le savoir, on a apporté les prémisses, on avait pris les devant sur ce que l’on appelle aujourd’hui la mixité, le vivre ensemble, la diversité. Ce sont des manières très polies de dire que c’est Hip Hop.

“Ce qui m’intéresse ce n’est pas la tendance...” C’est avec la conscience de cet impact que tu choisis tes sujets, en amenant ta manière de travailler? La seule règle que je m’impose et qui m’a toujours nourri, qui m’intéresse, ce n’est pas ce que l’on a dit mais ce que l’on ne dit pas, ce n’est pas ce que je vois mais ce que je ne vois pas. C’est ma seule règle. Ce qui m’a toujours intéressé, c’est d’aller où l’on ne peut pas aller, je n’avance que par challenge. Je ne sais pas faire de sport, je ne sais faire que de la compétition. Si il n’y a pas un match ou un combat derrière, je ne vois pas l’intérêt de m’entraîner. C’est de cette manière que je

la société. Le mec en costard, qui travaille à la Bourse et qui en sort pour nous rejoindre à un concert, qui me dit j’ai loupé Method Man et Redman, va forcément influencer sa sphère professionnelle et le contact qu’il a avec les autres. C’est une espèce de colonisation des esprits, des mentalités et des démarches artistiques quelles qu’elles soient qui s’effectue en France depuis 30 ans. Quand tu regardes un spot publicitaire pour vendre une voiture, la façon dont s’habillent les instituteurs de mes enfants, cela vient de nous. C’est ce que dis 30


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION? Ce sont les critères qui pour toi font qu’une information est plus pertinente qu’une autre? Il y a deux démarches, l’une active et l’autre passive. Le passif veut faire croire qu’il est acteur alors qu’il attend que cela vienne à lui, alors que l’actif va chercher l’information: il va chercher la musique, les disques, pendant que le passif allume la fréquence. Pour l’information, c’est la même chose : il y a celui qui va aller sur le terrain avec ses antennes toujours en garde et qui cherche l’innovation, et celui qui va aller sur Internet chercher l’information et en faire un truc hyper esthétisé, à qui l’on va attribuer tous les lauriers. Je préfère donc les actifs que les passifs. Quand j’ai vu Flashdance, La Main Jaune ou qu’il fallait faire du roller au Trocadéro, on n’aurait jamais misé un copeck dessus et aujourd’hui, ce sont des cultures dominantes. Il faut toujours que j’aille chercher le truc que l’on me dit de ne pas aller chercher. Ma démarche reste la même.

procède dans le journalisme, ce qui m’intéresse ce n’est pas la tendance, faire des sujets comme ci ou comme ça… Parce qu’à un moment, je vais être réduit à ce qu’il y a pour moi de plus préjudiciable dans le journalisme. Je n’aime pas la tendance. La tendance pour moi, c’est comme une pierre tombale gravée avant ta mort. Donc j’essaie autant que faire se peut d’éviter d’être tendance. C’est très dur, c’est une lutte du quotidien. Tu combats la paresse quand tu ne veux pas être tendance. Je déteste la paresse culturelle et intellectuelle. Je préfère un mec qui parle d’un truc qui ne m’intéresse pas mais au moins qui sort du commun plutôt qu’un mec qui va me sortir un truc tendance même s’il le fait mieux que tout le monde. L’esthétisme m’importe peu, le critère premier, c’est l’originalité, les phénomènes émergents. Si c’est maladroit, il y aura toujours des gens pour esthétiser. J’apporte plus d’attention à celui qui cuisine qu’à celui qui m’amène l’assiette.

Avec Pascal Légitimus pour Teum Teum - Novembre 2015 31


GRAND ANGLE Tu travailles sur une chaine publique, cela te permet–il de rester aussi intègre? Aujourd’hui les chaines publiques ont beaucoup plus tendances à être engagées (social, culture, etc…) alors qu’auparavant c’était l’inverse. Que penses-tu de ce revirement? Absolument, quand je vois le travail que peut faire une chaine comme Arte, être toujours à l’avant garde, avec des émissions comme Tracks. Le rôle du service public de mettre en lumière l’esthétisme de demain. C’est l’argent

façon de regarder est le fruit d’un entraînement, tu travailles ton œil, ton oreille. Comme Michel Honfray: Il te prend un thème et le développe jusqu’à sa vulgarisation, de façon à ce que la Grèce antique parle à n’importe quel pilier de comptoir. Aujourd’hui, nous sommes des piliers de comptoir sauf que l’on pratique de l’art, du violoncelle, de la grande musique, de la culture savante, et c’est à nous de la rendre disponible et intelligible pour tous, sans perdre son sens. C’est le risque de la culture Hip Hop, d’avoir la forme mais plus le fond. A un moment j’ai vu

“C’est le moment de remettre sur un pied d’égalité toute cette jeunesse qui produit à outrance dans les Outre-mer.” des mecs breaker sans musique, ca n’a pas de sens, c’est de la gym, pas de la danse! Parlons de ce que l’on aime, des gens de qualité. Mais avec la culture du “buzz”, notre culture a sombré dans l’inverse. Il fallait parler de ce que l’on n’aimait pas. Faire parler de nous dans une forme négative. Et l’on s’est fait doubler par l’industrie qui a très bien compris que ce qui faisait couler de l’encre, ce qui défrayait la chronique, était beaucoup plus mercantile. Nous n’avons pas eu la main sur notre culture jusqu’à ce que nous nous soyons professionnalisés et aujourd’hui, rares sont ceux qui osent marcher sur nos plates bandes. Rares sont les directeurs artistique, producteurs de télé ou autre directeur des programmes qui va nous donner des leçons. Je pense que nous avons gagné le respect des autres et ce dans l’adversité la plus totale. On a un don de polyvalence rare. Petit à

des contribuables. Cet argent doit être au service non pas de l’audimat mais de ce qui à un moment peut se revendiquer de la culture ou de l’identité française. Le service public audiovisuel doit être une représentation de ce que sont les Français, à la radio comme à la télé. J’ai été élevé dans un service public qui laissait la place au sens. Et la culture Hip Hop c’est du sens et c’est une science. Je n’ai pas fait d’études de journalisme, la curiosité suffit. La même curiosité que j’ai mise pour l’achat de mes disques, je mets cette acuité au service de l’humain. Car c’est l’humain qui fait la culture, l’histoire de l’humanité. Et si l’on s’autorise un juste regard, le bon d’angle, le petit pas de coté, les choses deviennent intéressantes. Et ta 32


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION? Tes projets pour 2017? C‘est le moment de remettre sur un pied d’égalité toute cette jeunesse qui produit à outrance dans les Outre-Mer. Car il y a un coté très condescendant dans la culture française. Il y a la façon dont on se regarde et la façon dont on regarde les autres. On se met au centre des débats, mais d’autres font aussi bien, voir mieux qu’en métropole. Ils sont parfois plus innovants, plus audacieux, plus téméraires, plus originaux, dans leur approche culturelle et dans leur démarche artistique et je trouve très dommageable que toutes ces forces vives ne soient pas visibles. La culture d’Outremer nous impose à sortir de notre zone de confort, à nous poser les bonnes questions, non seulement sur ce que nous faisons, mais sur ce que nous sommes. Les ultramarins sont dans le courant alternatif par essence, et il faut les mettre en avant parce que chacun a sa propre histoire à raconter.

petit, nous sommes sortis de cette relation paternaliste. On connaît les autres, mais les autres ne nous connaissent pas. C’est pour cela qu’aujourd’hui, être journaliste Hip Hop ne se résume pas seulement à la personne que je vais interviewer mais comment je vais l’interviewer. Etre Hip Hop, ce n’est plus avoir des vêtements de telle marque mais un comportement, une attitude. Le Hip Hop ne se limite plus au cliché du “Wesh” ou du “Yo” mais à travers le regard que nous allons porter sur le sujet. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir croiser des décideurs, des gens qui avancent, qui ont pignon sur rue et qui ont du poids dans les décisions aussi bien politiques que médiatiques. Je me rend compte que je n’ai plus besoin d’arriver avec ma banderole “culture urbaine old school Hip Hop”. Par contre, les propos, la mécanique intellectuelle qui est la notre, c’est ce qui fait la différence.

Avec Jamel Debouzze pour Teum Teum - Paris - Novembre 2015

JUAN MASSENYA Facebook: Juan Massenya 33


GRAND ANGLE

Camden / États-Uniis - Mai 2016


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION?

TÉLÉVISION HUGO VAN OFFEL par David Dancre

Grand reporter aujourd’hui rédacteur en chef de l’agence Alta Press, Hugo Van Offel a produit de nombreux reportages pour la télévision. Sa curiosité des sujets complexes l’a conduit à travers le monde pour un vrai travail d’investigation, sur des terrains souvent périlleux.


GRAND ANGLE Ta formation pour devenir journaliste? J’ai fait une fac d’Histoire à la Sorbonne et une école de journalisme mais j’ai tout appris sur le terrain.

premiers chocs avec l’Afrique, des émotions intenses. A l’époque, je payais parfois mes billets d’avion tout seul, juste pour couvrir un sujet qui m’intéressait et je me débrouillais pour le vendre ensuite. Ça marchait plutôt pas mal! Puis un jour, un ami avec qui je m’entrainais à la boxe m’a parlé de Victor Robert (aujourd’hui présentateur du Grand Journal sur Canal+). Il venait de lancer l’émission L’Effet Papillon sur Canal+ avec l’agence de presse CAPA. Nous nous sommes rencontrés et on s’est tout de suite bien entendu, c’est lui qui m’a donné ma chance, c’était en avril 2007. Je suis rentré

Avec Feurat Alani - Bagdad / Irak - Mai 2008

Comment es-tu venu à t’intéresser au journalisme? Depuis tout jeune, j’ai su que c’est ce que je voulais faire, ça m’a pris un peu de temps et de détours avant d’arriver à faire du journalisme comme je le voulais mais j’y suis arrivé et j’en suis très fier.

“...j’ai fait des reportages sur les gangs au Salvador, aux Etats-Unis, au Brésil mais aussi en Angleterre ou en Afrique du Sud.” comme reporter à l’agence CAPA et j’y suis resté presque sept ans. C’était génial, tous les journalistes de l’émission sont des gens qui sont mes amis aujourd’hui, pour certains très proches. J’ai fait plus de 70 reportages pour l’émission (Irak, Gaza, Salvador, Brésil, RDC, Pakistan etc), puis des documentaires plus longs, notamment sur les gangs du Salvador en Amérique centrale. (Qui a tué Christian Poveda?, 52mn, réalisé avec Fréderic Faux, diffusé dans Spécial Investigation, en 2012).

Ton parcours de journaliste? De presse écrite à TV, tu n’as jamais fait de radio? Comment es-tu arrivée sur Canal+? J’ai commencé à être pigiste dans la presse culturelle, d’abord dans l’art (Art Actuel) et puis dans la musique grâce à la rencontre avec toi, j’ai d’abord participé au magazine Track List puis au magazine The Source en français, comme rédacteur en chef adjoint. C’était une superbe aventure, toute une époque, les conférences de rédaction étaient très animées et très enfumées…Puis je suis parti faire du grand reportage à l’étranger, comme freelance pour différents magazines, essentiellement en Afrique (Sénégal, Ouganda, Rwanda, Mauritanie, Somalie, RDC). Cela a été mes

Des reportages dans des endroits qui peuvent être dangereux. C’est aussi une facette du métier qui te plait? Disons que les histoires qui m’intéressent sont souvent liées à des thématiques compliquées 36


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION? d’accès. Je suis par exemple très intéressé par tout ce qui touche à la culture des gangs dans le monde, j’ai fait des reportages sur les gangs au Salvador, aux Etats-Unis, au Brésil mais aussi en Angleterre ou en Afrique du Sud. Je trouve que les gangs disent toujours quelque chose de la société dans laquelle ils évoluent. En Afrique du Sud, certains gangs de Cape Town sont issus de l’Apartheid, en Angleterre ce sont des familles qui portent le blason du gang comme un héritage, et au Salvador ils sont le fruit d’une guerre civile qui a fait près de 80.000 morts. Où travailles-tu aujourd’hui? Aujourd’hui je vis à Madrid, j’y ai déménagé pour des raisons familiales et aussi parce que je voulais un peu plus de soleil…Je suis depuis septembre rédacteur en chef à l’agence Alta

Press, une agence basée ici mais qui travaille pour les chaînes de télé française. Je m’occupe de la partie magazine, c’est à dire les formats longs, pas les news. Je continue aussi à réaliser quelques sujets de temps en temps. Quelles sont les émissions produites? Nous travaillons avec toutes les chaînes de télé. Nous avons par exemple réalisé un long reportage de 60 mn pour TF1 Reportages sur Camden. C’est une ville en face de Philadelphie aux Etats-Unis, un endroit incroyable. D’un côté des familles de dealers qui vendent crack, héroïne, cocaïne au pas de leur porte, de l’autre une police du futur “à l’américaine”, au milieu des civils et des caméras partout dans la ville… On a aussi produit pour CANAL+ un beau reportage au Mexique sur les curés assassinés par les narcos.

Dans une prison de San Salvador, avec des membres du gang Mara Salvatrucha - Novembre 2015


GRAND ANGLE Comment fonctionnez vous sur la sélections des sujets? Comment s’organise la rédaction? Nous recevons des propositions de sujets ou nous les trouvons nous même, puis soit nous les réalisons, soit nous engageons un réalisateur pour le tourner. Classique.

Quelles sont les contraintes liés à la liberté d’expression? Je ne fais plus d’enquêtes car les émissions d’investigation sont très rares aujourd’hui en télé, donc nous n’avons pas de problème de censure.

Dans la jungle au Laos. - Avril 2015

Comment définis-tu le travail d’un journaliste? Il faut s’intéresser aux autres, être rapide et concis, et surtout aimer ce métier. Je suis très déprimé par les gens qui font ce métier sans y mettre un peu d’âme.

“Un reportage du service public peut faire tomber un ministre ou faire trembler un puissant industriel...” De plus en plus de chaines diffusent de l’info en continu, quelque soit le contenu (sport, actualités, musique) Ne perd-on pas en qualité dans cette quantité? On perd évidemment en qualité avec les chaînes d’info quand elles cèdent au diktat de “l’info à tout prix”, mais en même temps elles sont aussi très utiles quand on passe par des événements traumatiques comme le 13 novembre 2015, ce soir-là grâce aux journalistes et aux analystes; je me suis senti moins seul devant ce drame.

D’ou viennent les informations? Essentiellement de la presse écrite, mais aussi de nos propres contacts dans le monde qui nous font remonter des informations et nous proposent des histoires. Quels sont les critères qui rendent une information pertinente? De par son “buzz” potentiel? Non, on ne fonctionne pas trop au buzz, j’ai l’impression que c’est un terme plus réservé aux vidéos sur le net. En revanche, certains critères sont importants selon les émissions. Certains programmes de masse demandent des sujets “concernant” pour leur public, d’autres plus confidentiels demandent au contraire des histoires qu’on ne voit pas ailleurs.

Récemment, Denzel Washington dénonçait le fait que le premier à révéler une information devenait malheureusement vérité. Alors que c’est très rarement le cas de nos jours. Estce ton opinion? Qu’en est-il du journalisme d’investigation et des sujets de “fond “? En France, même si le paysage des émissions d’investigation a pas mal changé ces deux 38


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION? dernières années, nous ne pouvons pas nous plaindre. Un reportage du service public peut faire tomber un ministre ou trembler un puissant industriel, les exemples sont nombreux, un site internet comme Médiapart peut révéler un scandale qui va devenir une affaire d’état. En Espagne, où je vis, l’impunité des politiques par exemple est totale, et les reportages d’investigation rarissimes. Il n’y a donc pas de contre-pouvoir comme il y a en France.

de répondre. Comme partout, il n’y a pas de blanc ou de noir, mais des nuances de gris, 50 environ… Travailler pour une chaine publique ou privée, cela fait-il encore une différence? Aucune différence. Les médias sont-ils des leaders d’opinion ou des dealers d’opinions? Aucun des deux, médias = médias.

Quelle est la limite entre l’information et la vie privée? Il faut toujours garder l’œil ouvert et se poser les bonnes questions: si je filme l’intimité de cette personne, tout le tragique de son histoire, est ce que cela va servir à quelque chose? Est ce que cela peut sensibiliser sur son cas ? Où est ce que c’est juste une image forte destinée à me mettre en valeur comme “auteur” du reportage? Ce sont des grandes questions, auxquelles il est difficile

Quels sont tes objectifs pour 2017? Je suis dans une année de transition : après plus de 10 ans passés à voyager en permanence, je suis depuis quelques mois derrière un bureau à chercher des sujets, puis à devoir les vendre. C’est un défi intéressant…A titre personnel, mon objectif pour 2017 c’est de perdre quelques kilos car malheureusement je ne vieillis pas comme Iggy Pop mais plutôt façon Elton John...

San Salvador, avec des membres du gang Mara Salvatrucha - Novembre 2015

HUGO VAN OFFEL Facebook: Hugo Van Offel 39


GRAND ANGLE


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION?

RADIO YANNICK MILON par David Dancre

Animateur et responsable de la promotion de Trace dans la Caraïbe, Yannick Milon participe à l’émergence des tendances et des phénomènes musicaux. Une mission qui demande beaucoup de dynamisme, d’ouverture et de sagacité.


GRAND ANGLE Ton parcours avant Trace? J’avais une petite amie dont la mère faisait de la radio (il y a toujours une fille dans l’histoire!) qui trouvait que j’avais une voix et une très bonne élocution pour en faire mon métier. A l’époque, je m’amusais à faire de fausses bandes annonces avec des imitations des grosses voix standardisées de l’époque et des bruitages. Après mon année de Terminale au lycée, j’ai eu plusieurs contacts déterminants avec des

l’équivalent de Nostalgie aujourd’hui, pas très tropical, très international. J’y ai passé un an et demi avant d’être sollicité par NRJ Antilles, suite à l’envoi de ma maquette. C’est au total sept ans que j’ai passé à NRJ, entre plusieurs émissions spécialisées Dancehall ou Hip Hop le week-end, la quotidienne du 16-19h et enfin la libre antenne. J’ai démarré à la Télé dans com@laradio sur la chaîne ATV pendant la même période.

Avec Kalash - Martinique - Novembre 2016

“Ca va vite... avec la révolution digitale, c’est encore un plus grand défi.” Tu es un autodidacte? Carrément! Je n’ai aucun diplôme hormis le BAC, j’ai eu une scolarité correcte, j’ai tout appris sur le tas sauf quelques formations que j’ai suivi (journalisme, management, montage audio et video). Comment es-tu arrivé chez Trace? Ce sont eux qui m’ont démarché en la personne de Djo (Joël Mirande-Ney- voir LOUPE#5), avec qui je travaillais sur NRJ précédemment. Il m’a proposé de le rejoindre, ce que j’ai trouvé très intéressant car à la différence de NRJ, qui était déjà bien établie et plafonnait, chez Trace, il y avait encore beaucoup de choses à faire avec une vraie dimension, trois départements et surtout la télévision qui comptait beaucoup dans mon choix. Je suis arrivé à la coordination d’antenne et comme animateur de la libre antenne Génération 97. C ‘était il y a sept ans...

médias pour choisir ma future carrière. L’un deux était en tant que “porte parole étudiant de la grève des lycéens”, ce qui me positionnait de facto comme celui qui répondait aux questions des journalistes et intervenait en public. Le BAC en poche, je n’étais toujours pas très sûr de ce que je voulais vraiment faire alors en attendant, je jobais pendant les grandes vacances en aidant mon père à la vente dans sa boutique d’informatique. Le destin m’a envoyé un ultime signe car pour la publicité de la boutique étaient programmées des interventions radio en direct sur ICS, et mon père m’a proposé de les faire. Le résultat a été plus que positif puisque je me suis fait “convoquer” par la radio qui m’a trouvé du potentiel. C’était une radio dans un format plutôt adulte dans laquelle j’ai été formé également au journalisme. C’était un peu

Et aujourd’hui? Je suis responsable de la promo de Trace Caribbean. Cela consiste à associer la marque et les différents supports (les différentes 42


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION? chaines TV et radio du groupe entier) avec des évènements et actions dans tous les pays de la zone caribéenne, Je suis l’ambassadeur de la marque en quelque sorte. Une partie de mon travail aujourd’hui se fait davantage sur le terrain, c’est de l’ordre du relationnel, même si mon premier métier reste l’animation. Pourquoi être basé en Martinique et pas en Guadeloupe ou en Guyane? Parce que c’est l’historique de création des Trace, d’abord en Martinique, puis en Guadeloupe et en Guyane. Etant au départ sous l’égide de France Antilles, il y avait un studio dans chacun des départements. Mais depuis trois ans,Trace International a racheté ses radios pour récupérer son droit, son nom et surtout pour développer d’autres antennes comme la Côte-d’Ivoire, la Réunion, qui émettent déjà et bientôt Haïti. Cela semblait logique pour un échantillonnage d’un million de personnes sur la zone d’avoir un seul siège social.

EDITION NUMÉRIQUE Interviews complètes de

JUAN MASSENYA YANNICK MILON STEVE GADET + BONUS HUGO VAN OFFEL

+24 Pages

Comment sélectionnez-vous les sujets? Concrètement, dans la prise de décision et les choix, l’ADN de Trace est quand même assez simple. Trace s’adresse à un public qui a entre 15 et 35 ans, avec un cœur de cible 15/25, et a pour mission d’être le relais de la musicalité en adéquation avec cette cible. Les tendances urbaines et tropicales sont notre offre. On s’organise en comité pour déterminer les titres, les clips, les sujets, les programmes et les reportages qui nous ressemblent. Avec pour cible les 15/25 ans, vous êtes évolution permanente avec votre public? Oui c’est ça. C’est une cible en perpétuel mouvement. Ça va vite, c’est branché et avec la révolution digitale, c’est encore un plus grand défi.

YANNICK MILON Facebook: Yannick Milon

SUR www.loupe-magazine.fr

LOUPE

LOUPE

LOUPE MAGAZINE


GRAND ANGLE D’ou viennent les informations que vous transmettez? Il y a des outils professionnels qui nous communiquent les sorties de singles, ce genre de choses, mais rien ne remplace les rencontres avec des producteurs, artistes et influenceurs à notre échelle locale. Ensuite, il y a forcément aussi des épiphénomènes auquel nous sommes étrangers qui nous remontent et qu’on choisit de suivre ou non selon leur pertinence. On est dans un monde où la capacité à être visible, le buzz, est un argument déterminant pour mettre en avant un talent. La qualité, la musicalité ou encore l’efficacité comptent tout autant.

Trace propose une chaîne Sports et Stars beaucoup plus “people” qu’avant. Pourquoi ce choix? Cette dernière devait se distinguer de toutes les chaînes dédiées aux retransmissions sportives et compétitions déjà très nombreuses. C’est donc logiquement que l’editorial s’est positionné sur un segment plus personnel et plus intime de ces personnalités sportives pour être original. D’autant plus que beaucoup sont originaires de chez nous, ce qui permet une plus grande accessibilité. Mieux se connaître c’est forcément plus de confidences.

Avec Tina Ly - Guadeloupe - Février 2016

“...on s’implique aussi dans le développement social de nos territoires” Vous êtes partenaires de plusieurs événements, comment vous positionnezvous? Il y a le premier palier, les concerts avec les artistes qui sont dans le squelette de notre programmation d’événements. Nous avons aussi tendance à nous associer à des événements qui sont de plus en plus caribéens. Par exemple, la KaribZik qui se déroule sur un bateau de croisière, en visitant sept îles de la Caraïbe autour d’un festival musical et des artistes qui parlent à notre public; la Mercury qui a lieu à Sainte-Lucie. Nous avons non seulement des évènements locaux dans les espaces où Trace est déjà implantée, mais aussi cette transversalité qui fait que Saint-Martin, la Dominique, sont aussi des territoires dans lesquels ont peut accepter des associations, car nos chaînes y sont également diffusées. Le salon des lycéens ou encore les Nuits de l’orientation sont aussi des

Quels sont les critères qui rendent une information pertinente? Un potentiel d’exposition, tu présumes forcément, mais il y a aussi l’exposition déjà existante dans la force d’un produit à s’auto suffire dans un premier temps pour attirer l’attention. Notre ADN musical est simple et clair, c’est “black urban & tropical”, du Reggaeton en passant par le Zouk, la Soca, le Dancehall ou le Rap. 44


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION? Cette année, Trace a encensé Kalash, puis l’a boycotté pour Taken, alors que deux mois plus tard la radio se vantait d’avoir été la première à diffuser ce titre. C’est très incohérent, non ? Qui prend ces décisions? A ma connaissance il n’y a jamais eu de boycott de Kalash sur Trace. Il y a en revanche la marque aux Caraibes qui l’appuie plus fortement. Il souhaiterait plus d’exposition dans l’hexagone probablement, ce qui est légitime, mais il est aussi beaucoup diffusé sur certains de nos supports en Afrique. On ne peut donc pas parler de boycott. En revanche, si tu parles de la censure des “explicits lyrics” du clip Taken, elle tombe sous le coup de la législation. Il y a des choses qui ne choquent pas ou plus autant qu’avant mais d’autres qui choquent et qui font l’objet d’un signalement au CSA, qui nous sont remontées, et c’est à ce moment-là que nous le prenons en considération. Nous, à l’origine, cela ne

événements auxquels nous sommes associés. Nous travaillons avec l’Université du Québec par exemple pour augmenter leur visibilité lorsqu’ils viennent en recrutement chez nous. Ce n’est pas parce que nous sommes un média jeune que nous sommes forcément décérébrés, on s’implique aussi dans le développement social de nos territoires, voilà pourquoi existe aussi Trace Fondation. Il y a de moins en moins de DJ à la radio? Non, au contraire je trouve qu’il y en a de plus en plus ou alors autant, sauf qu’auparavant ils étaient cantonnés au samedi, au week-end ou à des créneaux dit laboratoires. Aujourd’hui, un DJ, pour peu qu’il soit très exposé, peut se retrouver à animer des cases en “prime time”, ce qui est le cas chez nous avec Dj Fly, D.Dream, Maza, T-Jo Sound.

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GRAND ANGLE nous avait pas choqué car c’était cohérent avec le “story telling” du titre. La censure du titre fait sans doute suite à une plainte. Les décisions sont prises conjointement entre la Caraïbe et Clichy pour ce qui est de Trace Urban DOM. Raisins Clairs - Guadeloupe - Aout 2016

maîtrisent cette communication sur les réseaux sociaux et il y a une autre réalité. Il y a les artistes internationaux et nationaux qui gèrent leur plan de communication et il y a ceux de proximité car nous sommes sur des îles où le réseau est très rapide et permet de glaner des informations inédites, pour une biographie par exemple.

“...de moins en moins de médias prennent de risques car il y a des recettes qui fonctionnent.” Tu considères que les médias sont plutôt des leaders d’opinion ou des “dealers” d’opinions? Cela dépend. Ils sont leaders d’opinion sur 60% de leur programme, et les 40% restant sont juste du relais, forcément un peu lié au fait de suivre les modes, tout en ayant sa propre éthique évidemment. Une éthique généralement plutôt respectable. Sinon, en terme de playlist, je peux dire que de moins en moins de médias prennent de risques car il y a des recettes qui fonctionnent. Par contre, il y a toujours une part dédiée au fait d’essayer de nouveaux phénomènes que les médias ne doivent pas perdre en tant que prescripteurs. Aujourd’hui, les revenus des artistes sur le web sont encore très anecdotiques et ne remplacent pas les très remunératrices diffusions des radio et TV traditionnelles…D’où l’aspect très attractif encore de ces médias, malgré l’explosion du digital.

Quelle est la limite entre l’information et la vie privée? A partir du moment où les artistes publient leurs activités sur les réseaux sociaux, ce n’est plus privé. Aujourd’hui, nous n’avons plus vraiment besoin de “voler” de l’information, parce que les artistes partagent et s’exposent, ce qui fait que tout finit par se savoir. Le mode de communication de l’individu a tellement changé que même pour l’artiste, il n’y a plus vraiment de vie privée. Il y a ceux qui maitrisent très bien ce phénomène et ceux qui malheureusement le maîtrisent un peu moins bien. Nous n’avons jamais eu de plaintes directes ou indirectes aux propos et informations que l’on ait révélés au sujet de quelqu’un. On a quand même une haute opinion du “off”. Lorsque tu discutes avec quelqu’un et que la personne te dit “c’est du off”, tu fais en sorte que ça le reste. Ce qui est assez drôle, c’est quand on te demande de la discrétion et que l’information fuite derrière– il y a aussi un jeu là-dessous. Peu nombreux sont ceux qui

En 2017, vous misez sur qui par exemple? Nous sommes en train de nous renforcer, en nous installant un peu partout. Il y a Trace FM Côte-d’Ivoire qui a maintenant un an et d’autres projets dans des 46


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION? pays africains. De ce consortium qui est la même grande famille Trace, nous confrontons beaucoup nos points de vue par rapport aux phénomènes. Nous ne serions pas surpris à ce que Kalash perce encore plus en Afrique. Inversement, ce serait très probable pour certaines musicalités venant d’Afrique dans la veine afrobeat. C’est aussi dans notre intérêt de ramifier nos échanges culturels avec les endroits où l’on se trouve, de manière à apporter un nouveau souffle, de nouvelles choses. Une vision forgée de notre expérience qui donnerait une offre originale et donc unique.

à tort le visage de filles en dénonçant leurs actes. Nous avons commenté sa page car c’était la seule façon pour que l’administrateur nous réponde… Et des filles qui étaient affichées sur cette page nous ont contacté, nous avons eu des témoignages, à la suite desquels la Brigade de Délinquance Juvénile a récupéré des enregistrements car des noms avaient été cités. C’est un cas qui a été utile car la page a été fermée à la suite de l’émission. Avez-vous un décalage qui vous permet de gérer en cas de dérapage? Non, c’est du vrai direct.

Avec l’émission en libre antenne, as-tu déjà eu des problèmes avec le CSA? Il y a deux ou trois fois où ils ont demandé des enregistrements, mais le CSA fonctionne en terme de plainte, donc seulement si quelqu’un se plaint. Il y a eu une cas en 2015, un cas très particulier d’une femme qui avait accusé son professeur de l’avoir violentée. Cette information a pris vraiment de l’ampleur, le prof nous a contacté, il y a eu des récupérations d’enregistrement... Mais l’histoire la plus forte, c’était au sujet d’une page Facebook, “les puteries de Gwada”, qui mettait en avant des jeunes filles nues. Cela nous est arrivé en live et le buzz est devenu énorme. Le type qui avait créé la page diffusait

Quels sont les objectifs pour 2017? Créer du “business développement”, faire connaître la marque Trace dans la Caraïbe en différents lieux, lors de festivals dans un premier temps. Voir et étudier ceux qui pourraient s’implanter dans localement, trouver un biais pour que les programmes soient de plus en plus diffusés afin qu’il y ait un échange croisé entre la musique afro-caribénne francophone et afro-caribenne anglophone, voir hispanophone. En dehors de Trace, je reste ouvert aux propositions TV ou web qui pourraient se présenter. J’adorerais devenir une doublure vocale d’acteur étranger au cinéma.

YANNICK MILON

TRACE

Facebook: Yannick Milon

Facebook: TRACE 47


GRAND ANGLE


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION?

PRESSE CHRISTIAN DZELLAT par David Dancre

Chef du file du mouvement Noir et Fier et co-fondateur du magazine Negus, Christian Dzellat promeut une nouvelle manière d’écrire l’histoire et l’actualité de la diaspora africaine. Une tâche qu’il éclaire sans tabou, au bénéfice de notre connaissance de l’Humanité.


GRAND ANGLE Présentation? J’ai 35 ans, je suis originaire du Congo Brazzaville, je suis né et j’ai grandi en France. J’étais à la Fac quand j’ai lancé le tee-shirt Noir&Fier. C’est par le tee-shirt que je me suis lancé dans le militantisme et le panafricanisme.

le Rap, les rappeurs se sont reconnus dans la démarche, et la culture noire en est la base. Nous voulions véhiculer un message fort. Le magazine est diffusé via un support papier? NOFI est un web media. Deux ans plus tard, après ma rencontre avec Jonathan Zadi, qui avait déjà lancé son magazine, All Eyes On Me, on a sorti le magazine Négus. Dans les kiosques, on ne trouvait pas grand-chose sur l’actualité africaine à part Amina et Miss Ebène, mais c’est de la presse féminine assez légère. Il n’y avait quasiment pas de magazines d’information sérieux. Après, chacun apporte sa pierre à l’édifice. On essaye de combler un manque et de faire changer les choses. Le premier numéro est sorti en juin, c’est un bimestriel. On travaille en ce moment sur le troisième numéro.

“...nous voulons parler noir et non pas parler qu’aux Noirs.”

Qu’est ce que NOFI? Quand et pourquoi l’avoir créé? J’ai lancé la marque de t-shirts Noir&Fier, ce qui a ensuite abouti à la création d’un collectif du même nom. Suite au succès dans la rue, on a créé une page Facebook et vu l’engouement, on a créé un média, NOFI, qui a pour vocation de promouvoir l’excellence noire. Ce support est un média qui nous ressemble. Il y a beaucoup de médias sur Internet mais qui parlent d’une réalité dans laquelle on ne se retrouve pas vraiment. Sur le réseau, on essaye de parler de toutes nos problématiques, que ce soit la mort de Mickaël Jackson, l’élection de Barack Obama ou les drames du Kivu… Nous avons donc recruté des journalistes pour contrôler l’information, celle qui n’est pas traitée. Au Kivu, il y a des millions de morts mais on n’en parle pas. Quand on parle du Noir, c’est toujours d’une manière extrêmement péjorative, c’est encore un terme tabou. C’est pour cela qu’on a créé Noir&Fier. Le vecteur le plus facile a été

Quelles sont les différences avec Negus? Pourquoi deux supports différents? Ce sont des supports proches mais avec un ton différent, Negus est plus insolent. On voulait l’appeler Niggaz, car Tupac a tatoué sur sa poitrine “50 niggaz”, il dit que 50 “négros” suffisent pour faire changer les choses. Après, on a réfléchi et on n’avait pas envie de devoir se justifier à chaque fois. Negus, c’est le nom des anciens rois africains. Il y a une vraie connotation panafricaine dans ce nom. NOFI, c’est plus “Main Stream” tout en étant engagé. Comment se porte la presse papier? C’est très difficile. L’habitude d’aller en kiosque n’est pas toujours installée. 50


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION? Pour le premier numéro de Négus, comment s’est fait le choix de la couverture? De manière très spontanée. Nous voulions quelque chose d’impactant et sommes tombés sur ces clichés d’un photographe (Miloud Kerzazi) avec lequel Jonathan a l’habitude de collaborer. On a trouvé que c’était saisissant et on est donc parti là-dessus, ça nous parlait à tous les deux. Pour tout dire, on a choisi les photos avant le titre de la Une.

qui le fait, cela pose problème et on parle de communautarisme. On a quelque chose en commun, il est là le communautarisme.

NEGUS#1 - Juillet 2016

D’ou viennent vos informations? Tout d’abord, merci à Mark Zuckerberg pour avoir créé Facebook (rires), être connectés cela permet de s’apporter des choses. Le Net, c’est une mine d’informations pour faire connaître son histoire et sa culture, et il y a des gens qui ont une soif d’apprendre, c’est extrêmement facile. Pour les sujets pointus, nous nous adressons à des spécialistes, nous n’allons pas parler de sujets que nous ne maîtrisons pas. Vos supports font également une place à l’art ou la culture? Nous laissons une place lorsque nous estimons que cela fait sens d’en parler. Je pense que la culture et l’art sont relativement accessibles mais nécessitent une analyse différente. Tout le monde n’y a pas accès et c’est ce que nous essayons de faire. Nous privilégions les sujets sociétaux, mais l’art et la culture ont toute leur place. D’ailleurs, dans le numéro 1 de Négus, on parle beaucoup d’art: un article sur le cinéma noir français, une chronique sur le film La Vie est Belle avec Papa Wemba… Tant que c’est pertinent et légitime cela nous intéresse.

N’y a-t-il pas un risque de tourner toujours autour des mêmes sujets, tels que l’héritage colonial, les multinationales etc, alors que le projet de départ était justement de donner d’autres informations? Nous donnons la parole aux personnes que nous interviewons et chacun est libre de s’exprimer. Booba par exemple était carrément dans une autre thématique, il n’a pas parlé de colonisation, mais de choses qui avaient leur importance. Donc non, nous ne tournerons jamais en rond parce que ce sont des questions profondes, des sujets sur lesquels il y a tellement de choses à dire, dures comme légères. Si un jour cela devait arriver nous arrêterions.

Tous les sujets peuvent être traités, du moment qu’ils sont représentés par des Noirs? Oui, clairement. Aujourd’hui, ce qui nous voulons, c’est parler noir et non pas parler qu”aux Noirs…Mais quand c’est un Noir

Quels sont les critères qui rendent une information pertinente dans votre rédaction? Déjà les sources. Nous prenons le temps de réfléchir, nous ne sommes pas pressés, nous avons 51


GRAND ANGLE des siècles à rattraper et toute une vie ne suffira pas. A l’époque de Malcolm X, la moitié de ses partisans d’aujourd’hui ne l’auraient pas soutenu… Lorsqu’il a commenté la mort de Kennedy, même les Noirs n’étaient pas d’accord avec lui tellement son avis était “hardcore”. Les vérités d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier. Aujourd’hui, il y a très peu de personnes qui peuvent parler en mal de Martin Luther King ou de Malcolm X.

Peter Tosh, Tupac, sommes-nous seulement à la hauteur de porter leurs tee-shirts?

NEGUS#2 - Octobre 2016

Quelles sont les difficultés auxquelles vous devez faire face? Des annonceurs frileux? On a nos petits annonceurs, mais peu importe. Je ne veux pas de pub de Bolloré sur mon site ou mon magazine, cela n’aurait aucune cohérence avec le fait de dénoncer ce qu’il fait en Afrique. Nous sommes indépendants, nous n’appartenons pas à de grands groupes comme Le Figaro ou Le Monde, nous appartenons à la communauté.

“... nous connaissons très peu notre histoire.” Quelle est la limite entre le droit à l’information et le respect de la vie privée? On ne parle pas de vie privée, jamais. On veut parler d’autres choses, savoir que Kanye West est avec Kim Kardashian, cela ne nous intéresse pas. Mettez-vous des limites à votre liberté d’expression? Non, j’estime que ce dont on parle ne nous place pas dans une posture de débat. Il y a des gens qui meurent et l’on cherche à comprendre pourquoi, quelles solutions on peut apporter. Quand on dit “Silence, on tue les Noirs” (tribune du deuxième numéro de Negus, NDLR), c’est une réalité. C’est ce qui se passe en Algérie actuellement, c’est chaud. On ne se sent pas bridés par une quelconque limite à la liberté d’expression, nous n’avons pas à l’être. On est assis confortablement derrière nos PC, mais il y a tellement de gens qui se sont sacrifiés pour nous en prenant de vraies positions, Thomas Sankara, Patrice Lumumba,

Les médias sont pour toi plutôt des leaders d’opinions, ou des dealers d’opinions? Ce sont plutôt des dealers. Ils ont les informations, mais n’en parlent pas. Ils parlent de Daesh et de la Syrie, mais pas du Congo ou du Kivu, du cobalt qui est récolté là-bas et qui déstabilise toute une région, pourquoi? Il a fallu que Sarkozy perde les primaires pour qu’on révèle la vérité sur sa rencontre avec Poutine… Pourquoi est-ce que cela sort si tardivement? L’application Nofipédia sera bientôt disponible. Peux-tu nous la présenter? C’est prévu pour le mois de mars. Cela va être 52


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION? une application très simple qui permettra d’en apprendre un peu plus sur notre Histoire car malheureusement, je pense qu’il y a une certaine carence chez les gens de la diaspora dont je fais partie, nous connaissons très peu notre histoire. Je parle de l’histoire africaine, l’histoire noire, c’est une histoire très riche et qui nous permettrait d’avoir une meilleure compréhension du monde. Cela n’est pas réservé aux Noirs. Pour moi l’Histoire, c’est l’histoire de l’humanité, donc à partir de là, tout le monde doit se sentir concerné. Je suis passionné d’Histoire, tout m’intéresse, l’histoire de France, l’histoire des empereurs en Chine… J’aimerais pouvoir donner l’accès à d’autres histoires qui peuvent nous concerner plus directement aujourd’hui. C’est cette compréhension du monde qui est importante.

des professeurs, des scientifiques. Il n’y aura pas de place pour l’à peu près. En même temps, si les gens veulent nous soumettre des choses, ces informations là seront minutieusement et scrupuleusement vérifiées avant d’être diffusées. Nofipédia est conçue sur un modèle vraiment différent de Wikipédia. Les gens pourront y apprendre, bien sûr ce sera aussi à eux d’approfondir, mais il y aura toujours des pistes. Nous ferons également découvrir les arts et à terme, sur la Version 2, on pourra apprendre des langues, le créole, le swahili, le lingala. Cela va devenir une plateforme à part entière des connaissances. Nofipédia sera vraiment une porte ouvrant vers le savoir.

Cela rappelle un peu Wikipédia, comment vérifierez-vous la véracité des informations mises en ligne? C’est très simple, Nofipédia ne sera faite que par des professionnels, des historiens,

Quels sont les objectifs pour 2017? Pouvoir gagner une année supplémentaire. Consolider, développer mais comme toujours c’est ensemble que les choses se construiront.

NOFI

Facebook: Nofi

Site Internet: www.nofi.fr 53


GRAND ANGLE

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MÉDIAS: MÉDIAS: LEADERS LEADERS D’OPINIONS D’OPINION?

INTERNET MONSIEUR LE PROF par CeeBee

Sous ce pseudonyme se dissimule celui qui s’est fait connaître en partageant le meilleur comme le pire de sa vie d’enseignant sur les réseaux sociaux. Un personnage original dont la démarche n’a pas d’autres objectifs que de teinter d’humour le quotidien.


GRAND ANGLE A quand remontent vos premières publications sur Internet? Quelles ont été vos motivations premières, était-ce simplement pour partager des tranches de vie? Avant même d’être “Monsieur Le Prof”, j’aimais bien raconter les coulisses de ce que je vivais avec un blog dans lequel je racontais ma vie de prépateux en 2006, puis ma vie de pion en 2010. Une fois devenu prof en 2011, j’ai logiquement raconté ce quotidien là! Au début j’étais sur Twitter pour demander des conseils à des collègues, mais très vite, je me suis mis à raconter de petites anecdotes.

l’assumer face à mes élèves ou ma direction. Si je pense que ça ne passerait pas, je ne le publie pas, et c’est très rare. Le but n’est pas d’être méchant, mais bien de faire rire. C’est ce tremplin qui a permis la publication d’un ouvrage, Monsieur le Prof, chez Flammarion. Comment est né ce projet? Plusieurs maisons d’édition m’ont contacté fin 2015, pour me proposer de faire quelque chose à partir de mon “personnage”. Je les ai toutes rencontrées, et j’ai eu un bon feeling avec l’éditeur de Flammarion, on était vraiment sur la même longueur d’onde et sa vision du projet me plaisait, donc je me suis tourné vers eux et ne le regrette pas. Je ne voulais pas juste faire un recueil de “perles d’élèves” comme on peut en voir par dizaines, je voulais quelque chose de vraiment visuel, qui apporte quelque chose de nouveau.

“La différence entre moi et les journalistes, c’est que moi, je suis prof. Donc ce dont je parle, je le vis au quotidien.” Comment expliquez-vous le succès de votre page auprès des internautes (plus de 195.000 abonnés sur Facebook, des milliers de commentaires en réponse à certains posts)? J’imagine qu’ils aiment bien revivre leurs années collège/lycée avec un autre regard. On a tous de grands souvenirs de ces années là, et moi, je leur offre la vision vue depuis l’estrade du prof, avec un côté parfois trash, parfois absurde. Je pense que n’importe qui peut se reconnaître dans une scène de classe que je raconte. Cette “notoriété” a-t-elle un impact sur votre façon de communiquer, avec plus ou moins de limites? Non, j’ai très vite été prudent avec ce que je publiais. A chaque fois que je poste quelque chose, je me demande si je serai capable de 56


MÉDIAS: LEADERS D’OPINION? Vous traitez avec humour et sarcasme votre quotidien d’enseignant, avec dérision mais aussi parfois de vrais débats de fond sur les pratiques pédagogiques, l’accompagnement des élèves, les apprentissages… Pensezvous décrire plus fidèlement ce métier que ne le feraient des journalistes? La différence entre moi et les journalistes, c’est que moi, je suis prof. Donc ce dont je parle, je le vis au quotidien. Evidemment, je l’enrobe d’une bonne dose d’humour et d’autodérision, mais tout part toujours d’histoire que je vis réellement en classe. Alors oui, d’une certaine manière, ce que je raconte peut en dire beaucoup sur la réalité du métier.

Vous avez choisi de garder l’anonymat en portant un masque sur tous vos clichés et lors des interviews que vous donnez. Ce masque, c’est pour vous sentir plus libre de vous exprimer? Je porte ce masque pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le besoin de dissocier le vrai prof, la vraie personne, du personnage. Je raconte des histoires et on peut donc avoir une certaine idée de ce que je suis, mais “en vrai”, je suis bien différent, et je n’ai pas envie qu’on puisse confondre les deux. Le masque sert donc à prendre de la distance. Et puis je me méfie de la starification également. Ma page prend de plus en plus d’ampleur, la barre des 200.000 abonnés est bientôt franchie, c’est un nombre assez impressionnant, assez effrayant. Je remarque que de plus en plus de gens me connaissent ou ont entendu parler de moi, sauf que moi, j’aime bien ma petite tranquillité, je n’ai pas vraiment envie qu’on me reconnaisse dans la vie ou autre. Et puis je suis moche aussi.

Pensez-vous avoir une influence grâce au Net, sur les élèves ou leurs parents? Pour avoir une influence, encore faudraitil que je donne mon avis ou que je donne des directives! Ce n’est pas vraiment mon intention, je me contente de faire des blagues, et c’est déjà pas mal. Quel est votre regard sur les médias? Je suis très critique avec eux, j’essaie de croiser les sources, de ne pas trop m’emporter en voyant un gros titre. Je sais bien que désormais, beaucoup de médias vivent du “clic” et aguichent comme ils peuvent, au détriment d’un contenu fouillé. C’est vraiment dommage.

Vos projets sur le Web? Développer d’autres passions? L’année prochaine, je compte relancer mon Blog BD Partenaires Particulières, qui est le projet sur lequel je préfère travailler, et dans lequel je m’épanouis le plus. J’ai également des projets d’écriture assez variés en tête, mais pour l’instant, ce ne sont que des bourgeons d’idées, il va me falloir encore quelques mois et du temps libre pour pouvoir m’y mettre sérieusement. Parce que de temps en temps, je bosse, et vu que c’est ma première année au lycée, je passe énormément de temps à préparer mes cours. D’ailleurs, figurez-vous que c’est ce que je vais faire de ce pas...

Arrive-t-il que vos publications soient récupérées ou utilisées dans un sens que vous n’auriez pas voulu? Il ne me semble pas que ce soit arrivé. Mes publications sont suffisamment décalées pour que personne ne s’en servent pour faire passer ses idées, et c’est tant mieux!

MONSIEUR LE PROF Facebook: Monsieur Le Prof 57


A la loupe!

RONALD CYRILLE propos recueillis par Ceebee

Lauréat du prix Start en 2012, Ronald Cyrille a enrichi le patrimoine culturel local avec des oeuvres engagées et symboliques. Une dynamique qu’il entretient aussi bien dans la rue qu’en atelier. C’est au Campus Caribéen des Arts de la Martinique que tu as obtenu ton Master II en 2012. Comment y es-tu rentré, avec quels objectifs? Qu’est-ce qui a motivé ce choix pour une école d’Art aux Antilles plutôt qu’ailleurs? Tout simplement en réussissant le concours d’entrée. Mon premier objectif fut d’aller au bout de trois années d’études pour obtenir un DNAP

(Diplôme National d’Arts Plastiques), et après l’avoir obtenu avec les félicitations du jury, j’étais (presque) obligé de poursuivre deux ans de plus pour le DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Art Plastique au grade master). Objectif qui fut également atteint avec une mention. Le choix d’une école dans la Caraïbe plutôt qu’ailleurs fut stratégique sur le plan économique. Deuxième d’une famille monoparentale de neuf enfants, il 58


CULTURE Lorsque tu as collaboré à l’exposition GRENN SÈL à l’atelier galerie Nankin (2014), tu as réalisé une toile sur les événements de mai 67, La Liberté tuant le peuple, qui a intégré la collection publique du Fond d’art Contemporain de Guadeloupe. N’est-ce pas paradoxal que cette œuvre si contestataire du pouvoir rejoigne un fond public?

était plus facile sur le plan financier de faire des études aux Antilles plutôt qu’outre-Atlantique, plus facile également de rentrer au “pays natal” en période de vacances. On retrouve dans ton univers un bestiaire composé de créatures fantastiques et terrifiantes. Le langage symbolique que Jérôme Bosch utilisait pour dénoncer le vice et la malfaisance humaine te parle-t-il? En effet, nous avons certainement des préoccupations communes. Le langage symbolique que j’utilise sert souvent à dénoncer ou mettre en lumière les travers de notre société. Il me permet de parler de ce qui “nous mine et de ce qui nous anime”. Ainsi, comme on pourrait trouver des animaux humanisés dans les fables de La Fontaine ou encore dans les histoires de nos régions tels que les contes, il s’agit bien souvent de métaphore plastique. Un de mes personnages pendant de nombreuses années fut “un chien bicéphale”.

“J’étais cet artiste, reporter, enquêteur, à la recherche des fragments de cette histoire...”

Cette expo avec Joel Nankin et Anais Verspan fut une belle aventure. C’était une invitation de Joel lors de l’inauguration de son Atelier Galerie à parler à travers la peinture de ces pans d’histoire souvent oubliés et très peu documentés. J’ai moi même beaucoup appris de mes recherches et témoignages divers recueillis sur les évènements de l’époque. J’étais cet artiste, reporteur, enquêteur, à la recherche de fragments de cette histoire qui allait me fournir les éléments et pistes nécessaires, que l’imagination se chargerait par la suite de mettre en image dans l’espace de la toile. Il est vrai que cela pourrait sembler paradoxal,

Tu dis jouer avec les mots quand tu peins… Si tu devais associer tes toiles à un auteur, qui serait-il ? Je suis un vrai mélomane, et je m’intéresse énormément à la poésie urbaine avec des auteurs comme Kery James, Médine, Yousoupha… Si je devais associer mes toiles à un auteur, je choisirais Tupac.

RONALD CYRILLE Facebook: B.Bird Art 59


A la loupe!

mais je ne me suis pas posé la question de la sorte. Pour moi, c’est un honneur de faire partie de cette collection qui rassemble des artistes du Pays mais aussi d’autres comme Bruce Clarke, avec lequel j’avais pu faire un “workshop” lors de mes années lycée. Cette œuvre me semble correspondre d’avantage à une collection publique comme le Fonds d’art contemporain plutôt que d’être chez un collectionneur privé.

risque de me faire arrêter par les autorités? Qu’est ce que j’avais à y gagner, sachant que je n’allais en aucun cas être rémunéré alors qu’il me fallait investir en matériel? Ce sont souvent des moments de rencontres et de partage avec un public qui ne se déplace pas forcément pour aller voir des expos, mais qui est loin d’être indifférent. Pour moi, ce sont de vraies performances, je me dépasse en peignant bien souvent plusieurs dizaines de mètres carrés dans l’urgence et l’adrénaline. Ce sont des moments d’improvisations et de spontanéité.

Tu as aussi réalisé des fresques murales. Le Street art influence-t-il ton travail en général? Qu’apprécies-tu lorsque tu te livres à ce type de performance? Oui, le Street art a été très formateur. Aborder l’art de la rue ne fut pas une mince affaire car l’intention soulevait de nombreuses questions: que faire? Comment le faire? Où le faire? Devrais-je rester anonyme ou pas? Comment me démarquer en mettant en avant ma singularité? Comment interpeller? Comment m’approprier les codes du Street art? Comment les détourner pour les mettre au service de ma création? Devrais-je prendre le

Il y a beaucoup de polémiques autour du Street art car s’il est né dans la rue, c’est dans l’illégalité et il peut être encore condamné par la justice, alors qu’il est entré en galerie, est encensé par la critique depuis quelques années. L’artiste graffeur américain JonOne a d’ailleurs revisité la Liberté guidant le peuple pour l’Assemblée nationale. Quel regard portes-tu sur cette évolution? Je me suis moi même fait arrêter quelques fois dans le passé. Avec le temps, mes pièces ont acquis une 60


CULTURE certaine popularité qui m’ont permis d’agir plus librement, mais toujours dans le respect de la propriété d’autrui. Je ne vois pas la démocratisation du Street art comme étant une mauvaise chose. Beaucoup de puristes craignent qu’il ne perde son côté contestataire et politiquement incorrect pour intégrer les galeries et les maisons, mais il en est rien. Je trouve tout à fait justifié que les artistes du Street art puisse vivre de leurs art et ainsi intégrer de grandes collections. Il est fort intéressant de constater que JonOne qui est un artiste issu de la culture urbaine, n’hésite pas à aborder et revisiter avec audace une œuvre emblématique de l’histoire de l’art. De ce fait, il rend plus accessible l’œuvre originelle. La liberté guidant le peuple de Delacroix est l’un des tableaux qui parle de résistance, de lutte contre toutes les tyrannies. Cette œuvre symbolise assez bien les luttes pour faire valoir les symboles de notre démocratie. D’ailleurs, mon tableau La liberté tuant le peuple est inspiré du tableau de Delacroix.

pour commencer: parking de la Marina du Gosier, rue du cimetière et dans le Bourg des Abymes, à Saint-Félix. Mes œuvres sont aussi visibles dans l’atelier en prenant directement contact avec moi. Au Fond d’Art Contemporain de la Guadeloupe et l’atelier 89 à Aruba, pour ceux qui ont envie de voyager. Au Centre Rémy-Nainsouta, où j’exposerai au mois de mars. D’une manière générale, sur mon Facebook et sur le Web.

“Il nous faut des salles destinées à recevoir des oeuvres d’art.”

Ne manque-t-il pas une salle d’exposition permanente pour tous ces artistes guadeloupéens que les collectivités soutiennent, sans pourtant leur donner la place qu’ils méritent? Il est clair que oui: c’est un cruel manque en Guadeloupe. Il nous faut des salles destinées à recevoir des œuvres d’art. Des espaces et lieux qui mettent en valeur le travail des artistes avec une bonne scénographie, un bon éclairage, une bonne communication et assurant une certaine mise en réseau et promotion avec “le monde”. Nous devrions pouvoir donner à voir des évènements de qualité documentés (catalogue bilingue etc), nous permettant de communiquer avec la Caraïbe et audelà. Cela permettrait de favoriser les rencontres, de pouvoir inviter des peintres extérieurs. Je dirais que ça me semble un besoin vital afin de remédier au monopole qu’ont certains artistes, qui s’autoexposent toute l’année.

Je propose ainsi une interprétation singulière de cette œuvre raisonnant intimement avec les évènements de Mai 67 ou encore la frustration de la population lors du soulèvement en masse de 2009. Si les faits ne sont pas identiques il s’agit néanmoins de lutte civique et de soulèvement de populations opprimées. Ce tableau se veut être une critique sur l’empoisonnement des Guadeloupéens par le sol et les aliments. Où le public peut-il voir tes œuvres? Certaines de mes œuvres sont visibles dans la rue

RONALD CYRILLE Facebook: B.Bird Art 61


A la loupe!

MODÉLISME propos recueillis par 3D - 4.0

Ces engins miniatures sont devenus la passion de Guy Vivies, fondateur de GSFWI Modélisme, qui développe aujourd’hui ce loisir en Guadeloupe pour permettre son accès au plus grand nombre. Comment as-tu découvert le modélisme? J’ai découvert le modélisme à La Grande Récré, il y a sept ans. C’était avec un ami, nous avons voulu délirer en achetant une voiture radio commandée, mais c’était trop lent car c’était un jouet. J’ai donc commandé un article de modélisme sur Internet, et c’est vraiment là que la passion est née. Au bout de quelques commandes, je me suis rendu compte que le coût de revient était intéressant,

et me suis demandé pourquoi les distributeurs ici faisaient autant de marge. Je me suis lancé le défi de proposer le modélisme à prix métropole. Qu’est ce qui est considéré comme modélisme? Moi je fais du modélisme RC, c’est à dire radiocommandé. Le modélisme est un produit qui est réaliste, qui est surtout évolutif et réparable. 62


LOISIRS Quels sont les différents types d’appareil disponibles? Il y a tout ce qui est naval (bateaux, sous marins, planches à voile), tout ce qui est roulant (voiture, monster trucks, roller, buggy, truggy, camions, engins, motos, quads…) En fait, tout ce qui existe en échelle 1/1 existe en modélisme.

Donc le modélisme avec moteur thermique est d’une autre époque? Cela disparaît de plus en plus, bien que ce soit resté la technologie la plus performante pendant longtemps, le thermique a été détrône. Mais ca reste une technologie qui continue d’évoluer, aujourd’hui nous sommes sur des moteurs thermiques Injection. Avant, pour avoir un moteur qui fonctionnait au sans plomb il fallait avoir les 1/5ème (les moteurs de débroussailleuses). Aujourd’hui, on peut en trouver en 1/8ème qui fonctionnent à injection et au sans plomb. Ce qui donne aujourd’hui une performance avec 1 ou 2 kg de couple supplémentaire et quand même une pointe de 20km/h supérieure à ce qui se fait habituellement… Mais rien ne détrône le moteur Brushless à mon sens.

“...aujourd’hui c’est le modélisme qui impulse les nouvelles échelles 1/1 ” Même les fusées? Oui, mêmes les fusées. Tout a été représenté et on peut d’ailleurs remarquer qu’aujourd’hui, c’est le modélisme qui impulse les nouvelles échelles 1/1, l’exemple le plus populaire étant le drone qui transporte maintenant des personnes. C’est exactement la même technologie et les mêmes batteries que l’on retrouve dans l’échelle 1/1. La technologie du modélisme équipe beaucoup de choses, les perceuses de nouvelles génération sans charbon ce n’est rien d’autre qu’un moteur Brushless, les réfrigérateurs silencieux, c’est un moteur Brushless, etc...

Pour revenir sur le “drone”, cela a donc commencé par le modélisme parce que à grande échelle un drone c’est tout autre chose… Le vrai nom est Quadcoptère.

Qu’est ce qu’un moteur Brushless ou sans balais? C’est un moteur qui n’a pas de charbon. Il comporte les mêmes comporte les mêmes éléments qu’un moteur à courant continu, excepté le collecteur, le rotor est composé d’un ou plusieurs aimants permanents, et le stator de plusieurs bobinages. Il n’y a pratiquement plus d’usure (principal défaut des moteurs à charbon), hyper silencieux, beaucoup plus coupleux, jusqu’à 45%. Pour qu’un moteur Brushless ait un vrai rendement, il lui faut des batteries Lithium Polymère (LiPo), avec la bonne décharge.

Sa démocratisation fait l’objet de règlementation très stricte sur la vie privée – il n’existait pas de législation pour les hélicoptères par exemple? Cela n’existait pas du tout. C’est comme tout, dès qu’il commence à y avoir un excès on crée un loi pour gérer le truc. Pour les drones, c’est parti tellement vite et c’est devenu du grand n’importe quoi. Ils ont dû créer une législation qui a très vite sévit. Avant, nous avions une hauteur de vol autorisée de 150 mètres pour le loisir et jusqu’à 63


A la loupe!

Vous organisez également des compétitions? Nous avons créé une discipline qui existe aux Etats Unis et en Guadeloupe, c’est la Drag RC. C’est le même principe qu’aux Etats Unis mais au lieu de le faire sur 25 mètres, nous le faisons sur 100 mètres. Nous avons des véhicules qui vont au-delà de 200km/h en 3 ou 4 secondes. Ce sont dés véhicules qui sont modifiés et préparés sur place. Mais il existe tellement de discipline dans le modélisme, toutes plus folles les unes que les autres, il y a le Full Pull, c’est entre deux monsters trucks sur la base du bras de fer, il y a des compétions de Jump (celui saute le plus haut).

1km pour les professionnels. Nous sommes passés à 40/50 mètres avec de vraies sanctions en cas de non respect. Cette législation est disponible en Préfecture ou sur Internet. La démocratisation a fait qu’il y a eu plusieurs types de drones qui sont arrivés, le quadcoptère, c’était juste 4 hélices qui volaient tout simplement. Aujourd’hui, nous pouvons parler de vrais drones, l’appareil est capable de suivre un plan de vol avec une autonomie énorme, de 30 minutes à 1heure, il est autonome. De là est né le drone de loisirs, le drone de prises de vue, et celui de courses. Et c’est ce dernier qui est devenu une activité sportive. Il y a des professionnels du pilotage, c’est ce que nous appelons le FPV Racer. C’est de la course en immersion faite par des drones qui dure 2/ 3minutes à une vitesse allant de 70 à 90 km/h. C’est très court, mais en immersion totale on a l’impression que cela dure beaucoup plus longtemps.

C’est à l’échelle 1/8ème? On a commencé sur l’échelle 1/10ème mais c’est trop petit, donc la Drag se fait surtout sur des véhicules entre 1/8ème et 1/5ème. Et ce sont ces derniers qui en général bénéficient de moteurs de 10 chevaux voir plus. Il y a une programmation, une cartographie de fonctionnement, tout est travaillé, pneumatiques, amortissements, châssis. Tout est modifié sur place mais tout n’est pas fabriqué ici pour une raison de cout.

C’est Star Wars! Cela va très vite! Là-dessus, nous avons beaucoup de machines qui naissent pour cette discipline. Une salle devrait ouvrir au Lamentin en partenariat avec nous. Dans tous les autres pays, ça cartonne. Avec les lunettes, les résolutions, des machines de plus en plus robustes et démontables. C’est rapide, il y a donc énormément de crash et il faut des machines qui se réparent à la seconde.

Existe-t-il un profil type de pratiquant? Ca n’existe plus. Avant notre venue, il fallait être “embourgeoisé”, ou économiser pendant 64


LOISIRS Les constructeurs automobiles fabriquentils également des modèles? Non, mais par contre elles donnent leur accord pour reproduire les carrosseries. Comme pour les camions etc… Les moteurs, ce sont des moteurs types et nous avons des pionniers dans la fabrication.

longtemps parce que les prix démarraient à 400 ou 600 euros, alors qu’aujourd’hui à partir de 29 euros on peut s’offrir quelque chose. Y a t-il beaucoup de femmes? Très peu de femmes s’intéressent au modélisme. Chez nous, ça reste quand même garçons, les voitures, c’est dans nos mœurs, très peu de femmes osent venir découvrir. Alors qu’il n’y a pas de raison. Dans le monde il y a des championnes de modélisme. Ici ça se compte encore sur une main.

“Le modélisme est un produit évolutif et réparable.”

Quelles sont les sensations que procure le modélisme? Pour moi ce sont les mêmes sensations que si l’on s’occupait d’une vraie voiture, en miniature. On y fait attention, on la bichonne et on en est fier quand elle gagne une course. Quand on pilote une voiture de Drag par exemple, c’est exactement pareil que si nous étions à l’intérieur, c’est juste que nous ne recevons par les jets directement. C’est le même stress. Aujourd’hui nous avons de plus en plus de caméras embarquées dans les véhicules et prochainement, les courses se feront avec des lunettes immersives pour procurer encore plus de sensations de vitesse.

Pour les prix, tu disais que ça commençait à 29 euros. Quels sont les plafonds? Cela va jusque 10.000 euros et plus. On peut prendre le cas de la montgolfière, c’est au minimum 6.000 euros. C’est de la miniaturisation mais avec de vrais brûleurs, un vrai ballon de 6 mètres (qui est la taille minimum), tout y est. Le modélisme est un produit évolutif et réparable, j’ai des produits qui ont sept ans et qui fonctionnent très bien, alors qu’un jouet à une durée de vie qui dépasse rarement six mois, même si l’on en fait bon usage.

C’est aussi la possibilité d’avoir un véhicule qui serait en général inaccessible à 95% des gens. Oui. Il y a beaucoup d’amis qui faisaient beaucoup de vitesse sur la route et qui maintenant se lâchent totalement sur le modélisme à donner plus de performance. Cela peut même servir pour la prévention, il y a un centre de formation pour les mécaniciens en pneumatique équipé avec nos véhicules, pour voir tous les réglages.

GS FWI MODÉLISME Facebook: GS FWI Modélisme 65


A la loupe!

LES GAZELLES DES ÎLES propos recueillis par 3D-4.O

Fany Lumière et Ambre Pitaud-Boulate ont participé pour la deuxième fois à un rallye exclusivement féminin, à travers le désert marocain. Nous les avons rencontrées juste avant leur départ pour cette compétition. Comment vous est venue l’idée de participer à cet événement? Ambre: C’est Fany qui a eu envie de faire le Rallye.

Fany: Je trouvais l’idée intéressante, cela permettait de sortir un peu de la Guadeloupe et l’expérience d’une telle aventure bien entendu est enrichissante. 66


SOCIÉTÉ Quelles sont les compétences requises pour participer au rallye? Vous n’aviez pas de formation de pilote? Ambre: Pas du tout. On a fait un stage de pilotage qui est obligatoire pour la compétition ainsi qu’un stage de navigation car c’est un rally à l’ancienne, à la boussole, sans GPS. J’ai donc appris la navigation avec Luc Coquelin, Fany a également pris quelques cours. Dès le stage de pilotage, nous nous sommes répartis les rôles, elle pilote et moi je suis à la navigation. Même si nous avons une volonté de pouvoir échanger les rôles dans le cas où ce serait nécessaire. Nous sommes allées au Maroc faire une partie du circuit auquel nous avons été ensuite confrontées.

Ambre: Elle s’est retrouvée sans gazelle pour faire le rallye et m’a proposé de la rejoindre. Je l’ai suivie tout de suite car je trouvais l’idée super. C’était un peu sur un coup de tête, mais je ne regrette rien. Vous avez donc trouvé tous les sponsors nécessaires pour financer votre participation? Fany: Nous n’avons eu aucune difficulté l’année dernière à trouver des partenaires, tout était du pain béni… Sauf la voiture qui a eu quelques soucis mécaniques. Ambre: C’est une expérience qui nous a permis de rencontrer des gens intéressants, de découvrir le circuit, le fonctionnement du rallye.

“ C’est un rallye à l’ancienne, à la boussole, sans GPS.” C’est une compétition tout de même. Ambre: C’est une compétition, mais nous n’étions pas trop dedans, très rapidement on a cassé le véhicule, nous nous sommes mises en retrait ou plutôt la voiture nous y a un peu forcées… Nous avons eu de la chance car l’organisation a bien vu et compris que ce n’était pas de notre faute. Mais lors du prologue nous étions arrivées 3èmes sur la totalité des véhicules (environ 120). Fany: Il n’y a pas que les 4x4, il y a aussi les quad, les motos, les buggys, les Crossovers et les camions. Tout est mélangé, mais le classement se fait par catégorie. Et ce ne sont que des femmes qui participent.

Vous êtes allées voir un marin pour préparer un rallye! Ambre: La navigation dans le désert, c’est comme en pleine mer. On a les mêmes repères que les marins. Naviguer dans le brouillard, c’est comme rouler dans une tempête de sable. La plupart des filles qui ont gagné le rallye sont des navigatrices, ce qui est un atout majeur dans ce genre de compétitions. Donc oui, nous avons choisi Luc Coquelin pour être conseillées afin d’être plus performantes. 67


A la loupe!

Vous repartez au mois de mars pour une deuxième participation, avec un peu plus d’ambition? Fany: oui, nous n’avons pas le choix, nous avons Guadeloupe 1ère qui part avec nous, il va donc falloir être “au top”. Ambre: Il est vrai qu’on l’envisage différemment. Il faut surtout essayer de ne pas avoir de casse comme on l’a eu. Pour ma part, j’y vais avec beaucoup moins d’appréhension, moins de stress, moins de pression. Est-ce un bien ou pas, l’avenir nous le dira. On a déjà des repères, on sait comment se passe les bivouacs, on connaît l’organisation… Fany: Nous ne sommes plus dans la première aventure, nous savons maintenant que nous sommes capables de faire quelque chose. Plus sereines, nous pouvons nous concentrer sur l’essentiel et d’aborder le statut de compétitrices avec confiance.

Ambre: On y va donc pour se “tanker” dans le sable, manger de la boue, pousser le véhicule! On dit que le rallye des gazelles c’est dépasser ses limites… Moi je n’ai pas l’impression que l’an dernier nous ayons dépassé nos limites physiques, mais davantage nos limites psychologiques. Fany: Moi, j’ai dépassé toutes mes limites dans le désert. Vous reprenez le même véhicule? Fany: On fait confiance à la même personne qui nous loue le véhicule, et cette année nous aurons d’ailleurs une voiture neuve. Ambre: Donc si il y a des soucis, ce sera de notre responsabilité. Quels sont les équipements à avoir en plus du véhicule? Fany: Des pelles, des roues, des crics, des 68


SOCIÉTÉ par l’organisation. Nous sommes les seules participantes de la Caraïbe. C’est important pour nous de représenter la Guadeloupe dans de bonnes conditions. Nous avons envie de montrer que les femmes guadeloupéennes sont des “femmes debout”, elles peuvent être chefs d’entreprise ect... Il faut avoir l’ouverture d’esprit d’aller découvrir ce qui se passe ailleurs et surtout se donner les moyens d’y aller.

cordages, et puis tout notre équipement: la boite à pharmacie, nos sacs, nos duvets, nos tentes, notre nourriture, des pacs d’eau, car si on ne peut pas rentrer le soir, il faut pouvoir être autonome.

“Nous sommes les seules participantes de la Caraïbe.”

Vous étiez-vous déjà imaginé participer à ce type d’événement? Fany: Toujours! Je suis issue d’un milieu sportif depuis très jeune et c’est peut être ça qui m’a guidé jusque ici. Pour les gens qui me connaissent, il n’y a rien d’étonnant. Ambre: Depuis toute jeune, je voulais faire le Paris-Dakar, à l’époque de Thierry Sabine, Daniel Balavoine, les tous premiers rallyes. Dans le Rallye des Gazelles, il y a une part d’humanitaire, quand nous courons l’organisation s’occupe des gens qui n’ont pas se soins médicaux. Ce rallye est une belle aventure humaine et l’opportunité de promouvoir la Guadeloupe autrement.

Quel est le budget pour participer? Fany: Il faut compter 70.000 euros. Les frais d’inscription l’année dernière se montaient à 18.000 euros, et vu que nous avons remporté le prix de la plus belle voiture – elle était “habillée” de madras -, l’inscription nous a été offerte cette année. Nous avons déjà du matériel ce qui divise le coût presque de moitié. Le plus cher, c’est de venir de Guadeloupe jusqu’à Nice, ensuite toutes les participantes sont prises en charge

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SÉRIES

TABOO Créé par: Steven Knight (2016) Avec: Tom Hardy, Leo Bill, Oona Chaplin Genre: Drame, Thriller

James Keziah Delaney revient d’Afrique à la mort de son père. Une légende noire s’est construite autour de ce personnage énigmatique, dont l’héritage est convoité par la puissante Compagnie des Indes britanniques. Il décide de lancer sa propre affaire de négoce et se retrouve en délicate posture entre deux nations en guerre, la Grande-Bretagne et les États-Unis. Une série produite par Ridley Scott (Alien, Blade Runner) et Tom Hardy qui tient le rôle principal. Note: ••••••

AMERICAN GODS Créé par: Bryan Fuller, Michael Green (2017) Avec: Ricky Whittle, Ian McShane, Pablo Schreiber Genre: Drame, Fantastique

A sa sortie de prison, Ombre rencontre un mystérieux voyageur qui l’embauche comme garde du corps et l’entraîne dans un long périple à travers les Etats-Unis. L’homme se révèle être le dieu Odin, en plein combat contre les divinités modernes: Internet, les voitures, la télévision... Une histoire grinçante adaptée du roman de Neil Gaiman, qui dénonce le consumérisme américain, à découvrir le 30 avril prochain. Note: •••••• 70


www.loupe-magazine.fr

MARVEL’s iron fist Créé par: Scott Buck (2017) Avec: Finn Jones, Carrie-Anne Moss, Jessica Henwick Genre: Fantastique, Action

Le jeune Danny Rand (Finn Jones, Game of Thrones) est porté disparu à la suite d’un accident d’avion alors qu’il survolait l’Himalaya. Recueilli par un maître en arts martiaux, il acquiert à force d’entraînement un pouvoir dévastateur, le “poing d’acier”. Lorsqu’il revient à New York quinze ans plus tard, il est bien déterminé à récupérer la compagnie de ses regrettés parents. Note: ••••••

THE BREAKS Créé par: Seith Mann (2017) Avec: Marcus Callender, De’Adre Aziza, Gloria Reuben Genre: Drame, Musical

Directement inspirée du livre The Big Payback du journaliste Dan Charnas, la série a pour toile de fond le Hip Hop dans les années 1990. Elle est produite par Seith Mann (The Wire, The Walking Dead, Homeland) et se focalise sur trois amis, Nikki, Barry et DeeVee, qui tentent par tous les moyens de percer dans l’industrie musicale. Note: ••••••

EMERALD CITY / UNDERGROUND-SAISON II/ LEGION / WHEN WE RISE

HAMBURGERS - LANGOUSTES Brochettes de poissons / LAMBIS / OUassous

ANSE TARARE

ROUTE DE LA POINTE DES CHATEAUX 971 18 Saint-FRANÇois

L’ARC ANTILLAIS


Cinema

FENCES Réalisateur: Denzel Washington Avec: Denzel Washington, Viola Davis, Brandon Jyrome Jones Genre: Drame Date de sortie: 22 février 2017

Dans les années 1950 à Pittsburgh, Troy Maxon, ancien joueur de baseball, est devenu éboueur. Il vit avec son épouse Rose, son fils Cory et son jeune frère Gabriel, un vétéran devenu handicapé suite à une blessure à la tête. Adapté d’une pièce d’August Wilson (récompensée du Prix Pullitzer en 1987), Fences raconte le combat d’un père Afro-américain pour élever sa famille dans l’Amérique des années 50. Note : ••••••

I Am Not Your Negro Réalisateur: Raoul Peck Avec: JoeyStarr, Samuel L. Jackson Genre: Documentaire Date de sortie:10 mai 2017

À travers les propos et les écrits de l’écrivain noir américain James Baldwin, Raoul Peck propose un film qui revisite les luttes sociales et politiques des Afro-Américains au cours de ces dernières décennies et dénonce “la fabrication du nègre” par l’industrie du cinéma hollywoodien. Un travail remarquable auquel le réalisateur a consacré plus de dix ans et pour lequel il a été nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur documentaire. Note : •••••• 72


www.loupe-magazine.fr

ALIEN: covenant Réalisateur: Ridley Scott Avec: Katherine Waterston, Michael Fassebender, Danny McBride Genre: Science-fiction, action Date de sortie: 10 mai 2017

Le Covenant et son équipage sont envoyés sur une planète lointaine, censée être inexplorée. A leur arrivée, ils découvrent l’androïde David, unique survivant de l’expédition du Prometheus qui a tourné au cauchemard dix ans plus tôt. Note : ••••••

A United Kingdom Réalisateur: Amma Asante Avec: David Oyelowo, Rosamund Pike, Tom Felton Genre: Biopic, Drame Date de sortie: 29 mars 2017

En 1947, Seretse Khama, jeune Roi du Botswana et Ruth Williams, une londonienne de 24 ans, tombent amoureux l’un de l’autre. Leur famille et les lois s’opposent à leur union. Mais Seretse et Ruth vont défier les ditkats de l’apartheid. Note: ••••••

SILENCE/ MOONLIGHT /T2 TRAiNSPOTTING /LiFE- ORIGINE INCONNUE

BUNGALOWS LOCATION DE SURF COURS DE SURF

RÉSÉRVATIONS: 06.90.76.23.73 www.allamandasurfcamp.com

ALLAMANDA SURF Route de Saint-François 971 60 LE MOULE


Jeux vidéos

HORIZON ZERO DAWN Editeur: Sony Catégorie: Action/ RPG Date de sortie: 1er mars 2017

CONSEILLÉ PAR:

Dans un monde où les humains ne sont plus l’espèce dominante mais sont devenus la proie de colossales créatures mécaniques, vous incarnez Aloy, une chasseuse qui lutte pour la survie de sa tribu. Savant mélange de monde ouvert parsemé de phases d’action et de jeu de rôle, Horizon Zero Dawn s’annonce comme un jeu de grande qualité, tant par son ambiance que par son graphisme. En exclusivité sur PS4. Note: ••••••

FOR HONOR Editeur: Ubisoft Catégorie: Action / Stratégie Date de sortie: Disponible

For Honor vous fait participer à un conflit opposant chevaliers, vikings et samouraïs. Chaque faction possède ses propres particularités. Mêlant rapidité, stratégie et coopération, les combats se déroulent dans un univers médiéval: glaives, boucliers, lances, catapultes, attaques de châteaux, raids sur les côtes... Disponible sur PS4, Xbox One et PC. Note: ••••••

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