LOUPE#15 - Juillet / Aout / Septembre 2017

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JUILLET 2017 #15

FOCUS MUSIQUE: OXMO PUCCINO

DJ: Dans le sillon dU SON

DJ FLY - DJ ANAÏS B DJ Poska -DJ DUKE - DJ BATTLE FOCUS: LA PLACE avec JEAN-MArc MOUGEOT METIS’GWA - KARAÏB RIDER’S PARK - SILVER TATTOO



DIRECTeUR DE PUBLICATION David Dancre david.dancre@loupe-magazine.fr ReDACTEUR EN CHEF David Dancre JOURNALISTES 3D-4.0, Mr. Chung, Ceebee SECRETAIRE DE ReDACTION Cécile Borghino cecile.borghino@loupe-magazine.fr PHOTOGRAPHIES MoMA (One-Way Ticket, Jacob Lawrence) / Xavier Dolin (DJ Anaïs B)

présente

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MAQUETTISTES David Dancre, Charles Eloidin WEBMASTER Juba Lamari SITE INTERNET www.loupe-magazine.fr REGIE PUBLICITAIRE LOUPE REGIE 05.90.555.415 Magazine gratuit - Numérik #15 Juillet / Aout / Septembre 2017 © LOUPE est édité par David Dancre 97 118 Saint-François N° SIREN : 805 060 878 Toute reproduction, adaptation totale ou partielle est interdite.

JARRY: 05.90.25.07.53 POINTE-À-PITRE: 05.90.90.94.83 PETIT-BOURG: 05.90.25.00.70 BYRON BURGER BAR JARRY BYRON BURGER BAR


EDITO 07 Faux-semblant

GRAND ANGLE 25 DJ: Dans le sillon du son

BRUITS DE COULOIR 09 Homo Migratus 10 Actualités

à la loupe! 62 Culture: Metis’Gwa 66 Loisirs: Karaïb Rider’s Park 68 Société: Silver Tatoo

Panoramique 12 République Dominicaine focus 14 La Place: Jean-Marc Mougeot 18 Oxmo Puccino: Arc-en-ciel musical

Chroniques 70 Séries 72 Cinéma 74 Jeux Vidéos

P.12

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venez découvrir les plaisirs de la chute libre au-dessus du lagon de SAINT-François

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Edito par David Dancre

FAUX-SEMBLANT “Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien” disait Edmund Burke, homme politique et philosophe irlandais. Mais dans ce cas, peut-on les considérer comme tels? Indifférence et hypocrisie sont comme les barreaux d’une prison qui nous maintiennent à l’intérieur d’un quotidien plus ou moins confortable. Le franc-parler, aussi douloureux puisse-t-il être, fait naître la confiance, et en premier lieu l’assurance en notre propre potentiel. Ce n’est pas à la communauté de décider de nos certitudes, mais bien à nous de les combiner dans la plus grande autonomie possible, au bénéfice de notre épanouissement. 7


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BRUITS DE COULOIRS

HOMO MIGRATUS par Ceebee C’est par ses migrations que l’humain a construit le monde que nous connaissons. Alors que le phénomène migratoire ne concerne aujourd’hui que 3% de la population mondiale, paradoxalement, il est perçu comme une menace dans beaucoup d’Etats. les sociétés de chasseurs-cueilleurs qu’elles rencontraient. Cette expansion néolithique a été suivie de beaucoup d’autres. Rien qu’en Occident, il y eut, au début de notre ère, la colonisation romaine, puis les “invasions” des peuples germaniques, d’Europe centrale... Jusqu’à la révolution industrielle et ses mouvements massifs de population. L’histoire humaine n’est qu’une longue série de migrations. Celles-ci sont un puissant levier de développement, favorisant la création, l’innovation, la mobilité sociale, des atouts non négligeables pour le futur.

L’Homme est le seul mammifère occupant la quasi-totalité de la Planète. Il a quitté son terroir d’origine (la savane africaine) et s’est adapté à des environnements étrangers, grâce à des évolutions technologiques, en particulier la maîtrise du feu pour vivre sous les hautes latitudes. Beaucoup plus tard, des communautés ont domestiqué des animaux et des plantes et se sont sédentarisées. Ce nouveau mode de vie entraîna alors un boom démographique, qui poussa les populations à s’étendre un peu plus dans l’espace, absorbant ou repoussant

L’HISTOIRE DES MIGRATIONS Planète Terre, Comprendre les mystères du peuplement avec la génétique des populations? (2016) Exceptional people- How Migration Shaped Our World and Will Define Our Futur (2012) 9


BRUITS DE COULOIRS

aveniR artisTIQUE

La Région Guadeloupe met en place un cycle d’orientation professionnelle dans les domaines de la musique, de la danse et du théâtre, en collaboration avec l’Artchipel. Musiciens et danseurs de niveau avancé seront sélectionnés pour participer à un stage de création artistique du samedi 28 octobre au vendredi 3 novembre 2017, à Basse-Terre. Cette première action vise à leur apporter une formation orientée sur le collectif et la transversalité, et permettra de mesurer leur motivation à travailler dans le spectacle vivant. L’inscription se fait en ligne jusqu’au 10 septembre.

SÉLECTION PROFESSIONNELLE EN MUSIQUE ET DANSE Site officiel: www.regionguadeloupe.fr Contact (Direction de la Culture et Formation Artistique): 0590 80 41 33

HIP HOP

L’ODYSSÉE

DE LA MIX-TAPE Le développement du Rap en France est intrinsèquement lié aux centaines et milliers de mix-tapes des DJs Clyde, Cut killer, Poska, Cutee B, James, Lbr, Kost, Siens, Selekta, Smoke et tous les autres. Bursty 2 Brazza a décidé de retracer cette odyssée sur 308 pages, dans un ouvrage tout en couleur et avec des interviews de DJs, de gérants de shops, de collectionneurs... Et surtout plus de 1500 cassettes répertoriées avec leur tracklist.

L’ODYSSÉE DE LA MIX-TAPE EN FRANCE Facebook: L’Odyssée De la Mixtape www.debrazzarecords.bugcartel.com 10


PLAYLIST#1.5

ActualitÉS

CYCLISME

TOUR DE GUADELOUPE

Le 29 Juillet, Weedlay Loubli défendra les couleurs de la Caraïbe et de la France (seul athlète français sélectionné) lors de la finale des Championnats du Monde de Street Workout à Moscou. Il aura face à lui 75 athlètes venant d’autant de pays.

DJ Poska nous présente en direct de New York un mix de ses dernières séléctions et vous propose la “PLAYLIST LOUPE” en exclusivité. Retrouvez DJ Poska et DJ Akil tous les samedis sur Bushwick Radio App à 18h (00h en France) 1 - THE STORY OF O.J. JayZ 2 - JUMP OUT THE WINDOW Big Sean 3 - FAKE LOVE (CDQ) Drake 4 - KLJ ZA 5 - T-SHIRT Migos 6 - HEART COLD Rich Homie Quan 7 - MASK OFF Future featuring Kendrick Lamar 8 - BRûLURE CICATRICES A2H 9 -THOT Uncle Murda featuring Young M.A. & Dios Moreno 10 - UNFORGETTABLE French Montana 11 - WILD THOUGHTS DJ Khaled featuring Rihanna & Bryson Tiller 12 - KILL’EM DJ Battle & Tenny featuring Mr. Vegas & Walshy Fire

WEEDLAY LOUBLI

DJ POSKA

Le Tour Cycliste International de la Guadeloupe vous donne rendez-vous du vendredi 28 juillet au dimanche 6 août. L’arrivée de cette course, qui s’inscrit dans l’America Tour, aura lieu comme chaque année à Pointe-à-Pitre.

TOUR CYCLISTE DE GUADELOUPE www.guadeloupecyclisme.com

STREET WORKOUT CHAMPIONNAT Du monde

Facebook: Weedlay Loubli Instagram: Weedlay Loubli

Facebook: DJ Poska Facebook: Live From La Grosse Pomme

LOUPE MAGAZINE


panoramique

RÉPUBLIQUE DOMINICAINE Ses plages de sable blanc et les rythmes de la Bachata en font un cocktail typiquement caribéen. Destination la République Dominicaine, une île riche de trésors naturels.

PUNTA CANA Détente, vie nocturne Note : •••••• C’est la principale station balnéaire de l’île, desservie par des vols directs en été. Profitez des eaux cristallines et passez la soirée dans l’un des établissements où la musique et la danse se prolongent toute la nuit. Partez en excursion vers l’île de Saona en catamaran ou dans la campagne dominicaine sur un buggy.

SANTO DOMINGO Patrimoine, culture Note : •••••• La capitale de la République Dominicaine est la plus ancienne du Nouveau Monde. Les rues historiques abritent de superbes demeures, des monastères et quantité d’églises. Dans la ville nouvelle, on trouve le quartier commerçant et de nombreux musées. 12


RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

www.caribholidays.fr

CONSEILLÉ PAR:

FACEBOOK: CARIb HOLIDAYS

Jarabacoa Paysages, sports d’altitude Note : •••••• Au cœur de la Cordillère centrale, cette cité est le paradis des sportifs: alpinisme, randonnées, rafting, VTT, parapente... Ses vallées luxuriantes et ses chutes vous séduiront, tandis que les plus aventureux partiront en excursion au Pico Duarte, le point culminant des Caraïbes (3090 m).

Los Haïtises Nature, Histoire Note : •••••• L’attraction principale de ce Parc National sont les grottes et les pétroglyphes que les Amérindiens ont laissé, avant que la colonisation ne les décime. Dans ce dédale végétal impressionnant, on peut observer des pélicans, des perroquets ou encore des boas. 13


FOCUS


CULTURE

LA PLACE JEAN-MARC MOUGEOT par David Dancre Photos: Florent Schmidt

C’est à Châtelet Les Halles, quartier au cœur de Paris qui a vu émerger le Hip Hop il y a plus de trente ans, que le Centre culturel La Place a ouvert ses portes en septembre 2016. Cet espace d’expression artistique est un lieu de rencontres et de découvertes, et surtout le premier centre culturel Hip Hop au monde. Jean-Marc Mougeot, 47ans, d’origine guadeloupéenne, créateur d’événements d’envergure tel que le Festival L’Original, a eu la lourde tâche de superviser le projet jusqu’à en devenir légitimement le Directeur. Quel a été ton parcours avant La Place? C’est un parcours très varié avec le Hip Hop comme dénominateur commun. J’ai commencé par la danse, et de fil en aiguille en poursuivant cette passion, je suis devenu professionnel et danseur chorégraphe. J’ai créé avec le B-Boyz breakers, ma compagnie de l’époque, trois spectacles. Ensuite, j’ai édité un magazine, Version 6.9, qui sortait comme un fanzine, en indépendant, afin de parler de ce qui se passait en Hip Hop dans la région Rhône-Alpes. L’idée était déjà de mettre en perspective le Hip Hop dans sa diversité, on interviewait des danseurs, des organisateurs de soirées, des rappeurs, des DJs. Le magazine m’a emmené à devenir animateur radio, et même producteur. Cela a duré trois ans, l’émission s’appelait Zik Direct. Pour faire la promotion du magazine, je faisais aussi des soirées à chaque sortie et nous avons commencé à organiser des concerts. C’est comme cela que je suis devenu gérant d’un club, Studio One. Je faisais venir des graffeurs, des DJs, des danseurs, des rappeurs pour des shows

case, de la scène locale à la scène internationale. Puis est né le Festival L’Original en 2004, en collaboration avec la Mairie de Lyon. J’ai travaillé avec Eric, le boss de Yuma prod pour la première et maintenant je suis seul aux manettes depuis 2005. Comment est né le projet La Place? Je suis arrivé sur le projet en octobre 2013, mais celui-ci était en gestation depuis de nombreuses années. Le Maire de l’époque a décidé, suite à une remise aux normes de sécurité, d’ajouter des équipements culturels pour construire un nouveau bâtiment qui s’appelle La Canopée. Au départ, ce n’était pas un objectif de la Ville de Paris de créer un centre Hip Hop, cela a découlé de rencontres, de hasards et de batailles, et c’est aussi ce qui m’a plu dans sa conception. Il y avait le conservatoire, une bibliothèque, une maison des pratiques artistiques amateurs, un kiosque jeune et un espace de 200 m2 pour le centre culturel. Le lien avec les danseurs de la place carrée a été fait et on a donc songé à les 15


FOCUS faire revenir dans ce nouveau lieu. Après les avoir rencontrés, la Mairie s’est rendue compte qu’il ne fallait pas seulement 200 m2 dédiés à la danse, mais un espace pour chaque discipline. Il y a eu une longue bataille de plusieurs années pour partir de 200 m2 et arriver à ce que nous avons aujourd’hui, 1400 m2.

culture qui imprègne de manière aussi forte, de la banlieue jusqu’à son cœur, notamment dans Les Halles. C’est donc en 2013, alors qu’ils cherchaient quelqu’un qui pourrait pousser la réflexion sur la partie artistique, le format administratif, économique, la création d’une l’équipe, le rythme d’activité… que j’ai assuré une mission de huit mois jusqu’à l’ouverture. Et j’ai vite compris que l’ouverture n’était qu’un début et qu’il faudrait au moins deux saisons pour définir ce qu’est un centre Hip Hop. Je suis maintenant Directeur Général et Artistique du Centre.

“Dans une ville comme Paris, ce n’est pas anormal qu’il y ait un lieu dédié à une culture qui imprègne de manière aussi forte...” Comment es-tu arrivé au poste de directeur? Cela découle évidemment de ce que j’avais fait auparavant, et sur les conseils d’artistes comme Ékoué et Hamé de La Rumeur, qui ont été consultés par la Ville de Paris et qui ont suggéré d’aller voir ce qu’il se passait ailleurs, en l’occurrence mon festival qui est considéré comme l’un des plus importants. On m’a donc appelé au départ pour donner mon avis, qui n’était pas à l’époque vraiment tranché. Quelqu’un qui vient proposer un projet comme cela, c’est assez difficile à croire d’emblée. Ils m’ont recontacté pour me présenter des plans concrets alors que je voyais les travaux en cours. Deux salles de concert, huit studios, un bar, un espace entrepreneurial qui était au premier étage en face de la bibliothèque, ce qui exprimait une réelle considération culturelle du Hip Hop. Cela m’a beaucoup plus convaincu car cela permettait au Hip Hop d’avoir une vitrine comme le Jazz peut en avoir, ou comme l’art contemporain à Beaubourg, et dans une ville comme Paris, ce n’est pas anormal qu’il y ait un lieu dédié à une

Huit mois après l’ouverture, quels retours as-tu des réfractaires au projet? Dès le début, nous avons donné des signaux clairs de ce que pouvait être ce lieu. Lors de l’inauguration, nous avons veillé à ce que chaque discipline soit représentée, chaque génération, dans ses dimensions locale, nationale et même internationale. Pour le Rap, nous avions Raekwon, Kery James. Kery a balancé Musique Nègre devant des politiques et des médias et nous n’avons pas été censurés. Certains craignaient que nous n’ayons pas la liberté artistique, nous leur avons démontré dès le départ qu’ils avaient tort. Nous avons également montré que ce lieu alliait les concerts, la danse, le graffiti, les retours ont été très positifs. Comment sont organisés les 1400 m2? Nous avons une salle de concert de 450 places, une salle de 150 places assises dans laquelle nous pouvons accueillir des conférences, des spectacles de danse, des masterclass et des 16


CULTURE battles. Il y a un bloc de huit studios : un studio d’artiste, deux de répétition musique et danse, un studio d’enregistrement musique et quatre petits studios dédiés à l’image qui est incontournable aujourd’hui, un home studio et deux autres plus polyvalents qui sont destinés aux DJs ou aux Beat boxers. On a un espace entreprenariat pour le développement de start-up sur tous les secteurs du business Hip Hop. Et le Bar qui est ouvert entre 13h et 20h et plus tard les soirs de concerts ou d’autres événements, aux cotés duquel on trouve les 300m2 où quotidiennement les danseurs viennent s’entrainer librement.

Ouvert

7/7

JOURS

La médiathèque ne fait pas partie du site mais bénéficie tout de même d’une section Hip Hop? C’était l’un des arguments qui m’a aussi intéressé dans ce projet, que tous les autres équipements culturels aient une accroche autour du Hip Hop. Le conservatoire devait trouver une idée, de même que La Maison des Pratiques Artistiques Amateurs (M.P.A.A.) et la Bibliothèque où a été créé un poste de responsable du “corner” Hip Hop, avec plus de 3000 documents, livres, disques, vidéos… Vous proposez des thématiques avec une ouverture sur le monde comme Paris/New York. Une telle démarche plus permanente avec la Caraïbe est-elle envisageable? Evidemment je suis guadeloupéen, alors les Antilles, ce qui s’y passe, ce vivier d’artistes qui font du Hip Hop, du Dancehall, qui sont dans cette énergie-là et pas que musicale m’intéressent. Qu’il puisse y avoir des ponts pour mieux connaître et reconnaître toute cette activité. Mais il faut du temps et nous avons la chance d’en avoir car nous ne sommes pas soumis à un rapport économique. Ce sont donc des choses qui sont dans ma tête, en gestation et qui vont arriver.

LA PLACE Facebook : LA PLACE, Centre Culturel Hip Hop

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FOCUS


MUSIQUE

OXMO PUCCINO ARC-EN-CIEL MUSICAL par David Dancre Photos: Vincent Dessaily

Talent intemporel, toujours précurseur, Oxmo compose depuis les années 1990 des morceaux qui font sens. Il s’attache aujourd’hui à construire l’avenir de la chanson française, en l’appuyant sur des fondations solides et durables. Le 28 Avril cela faisait 19 ans que Opéra Puccino était sorti, quels souvenirs as-tu gardé de cet album, de cette époque? Mes plus grands souvenirs. A l’époque où je faisais l’album, j’avais une idée de ce qui se passait. La manière dont s’est fait l’album, je savais que c’était unique. C’était la première fois, déjà. Ensuite, l’histoire du disque était particulière. Cette saveur-là a beaucoup de tendresse. Prince Charles Alexander qui l’a mixé l’a fait remasterisé deux fois, car il n’était pas satisfait. L’équipe du Label avait une vision claire de l’ensemble aussi.

Mais c’est cela un précurseur, c’est quelqu’un qui veut aller au bout de son idée parce qu’il le ressent, même s’il se trompe. Cela se remarque avec le temps mais sur le moment, tu passes pour un fou. Tu t’es toujours distingué par ta plume mais depuis 2006 et ton album Lipopette Bar qui marque une “transition”, tu as élargi ton univers musical. Était-ce une nécessité pour garder la dimension cinématographique qui marque également ton identité? Aussi parce que j’ai toujours composé et passé des heures à chercher des boucles sur des kilos de vinyles, à analyser les instruments, à lire les crédits pour savoir quel musicien avait composé cette partie… Au final, on rêve d’avoir une musique pour soi. Lipopette Bar a été l’occasion d’avoir des musiques qui ont été composées à ma taille, ces musiques qui n’existaient pas sont nées en même temps que les lyrics, ce qui fait que personne ne peut s’en réclamer l’auteur

Opéra Puccino est un vrai classique du Rap et même du Hip Hop français, mais on constate que le succès de tes albums se fait dans le temps. Te considères-tu comme un précurseur? Oui, dans le sens où j’ai pris des risques avant les autres, j’ai suivi mes idées. Cela coûte cher aussi de “précurser”, tu prends le risque de ne pas être compris et de passer aux oubliettes. 19


FOCUS juste parce qu’on a utilisé un bout de lui. C’était exactement ce que je voulais à ce moment-là.

chose qui va donner la clé pour comprendre la situation d’aujourd’hui avec des références qu’on croit disparues. Je m’amuse de cela. Il y a beaucoup de réponses dans le passé, dans l’histoire. Il suffit de se pencher et de parler avec des gens bien renseignés, pour se rendre compte que l’évidence est devant nous, mais que pour la voir, il faut des connaissances.

Quelles sont tes influences? Peinture, musique, cinéma, littérature? Musicalement, je prends mais autre chose que de l’inspiration. Je me nourris autrement avec la musique. Ce qui me nourrit, ce sont des romans, des essais, des tableaux, des peintres, la nature, des jardins, des aquariums… Je suis vraiment inspiré par tout ce qui vibre fort, et pas forcément musicalement.

“J’ai toujours chanté une vision de la vie en adéquation avec mon expérience et mon âge.” As-tu des œuvres, des artistes de référence? Picasso, le plus moderne, comme Caravage à une autre époque, dans le même esprit. Les artistes qui ont fait date sont ceux qui ont dit “merde” au monde entier et ce sont arrangés pour rester à la lumière. Ils ont trouvé un arrangement entre la manière dont ils voyaient le monde et la manière dont ils s’en moquaient.

Tu as toujours été considéré comme un lyriciste – à juste titre – ce qui t’a permis d’écrire pour d’autres artistes, tel que Florent Pagny (Vivons la Paix sur l’album Abracadabra, sorti en 2006). Écris-tu toujours pour les autres? J’ai recommencé intensément cette année. J’ai eu ce besoin de réécrire car je voulais participer à cette nouvelle vague d’artistes qui m’a bouleversé. Je suis plus près pour l’instant de jeunes artistes inconnus qui ont un talent particulier. Aujourd’hui, on est souvent dans des artistes établis dont on voudrait se rapprocher pour être dans un certain confort, une sécurité artistique, ou dans la tendance. Mais il y a ceux avec lesquels tu as des affinités, et qui voient à long terme. Aujourd’hui, on fait des “shoots” de morceaux

Qu’est-ce qui est vraiment déclencheur de ton inspiration? Ce qui va être déclencheur, c’est le décalage entre la façon dont on vit et la perception qu’on en a. Par exemple, on va avoir un point de vue sur la relation amoureuse aujourd’hui, mais si on se renseigne sur les relations amoureuses aux XVII° ou au XIX° siècle, on aura les clés pour comprendre les relations amoureuses actuelles. Mon inspiration se trouve entre les deux, je vais traduire quelque 20


MUSIQUE qu’on écoute durant 6 mois. Je ne vois pas les choses comme cela et beaucoup de jeunes aussi. Nous sommes en train de travailler en sous-sol pour créer des choses qui auront une certaine portée, de belles choses. Et cela dans tous les courants musicaux? Pas du tout, je veux me concentrer sur la chanson française, la variété. C’est un genre qui est plus vieux que le Rap français et la manière de travailler est différente. La collaboration est naturelle. C’est dans la simplicité et la tranquillité que la collaboration se fait. Depuis le début de ta carrière tu as collaboré avec beaucoup d’artistes, de Booba à Bernard Lavilliers en passant par Gorillaz ou Eric Truffaz… Quels sont les artistes avec lesquels tu apprécierais de travailler? Cette jeune scène que tu évoquais? Cette jeune scène m’intéresse, oui. Les jeunes, dont beaucoup de filles. J’apprécie des artistes comme Navii, j’aime bien Feu Chatterton. Dans le Rap, des artistes un peu fous comme VALD, je trouve qu’il a une personnalité qui dépasse le Rap, des artistes un peu alternatifs. Des artistes internationaux comme Metronomy, je suis fou de trucs comme ça... Aujourd’hui ton public est beaucoup plus large que celui du Hip Hop, sans pour autant perdre ta crédibilité artistique. Comment l’expliques-tu? Le public du Hip Hop est extrêmement large aujourd’hui. J‘ai toujours chanté une vision de la vie en adéquation avec mon expérience et mon âge. Si je suis encore dans le Rap à 50 ans, je raconterai des choses que l’on vit à 50 ans avec une vision de ce qui s’est passé 10, 20 ou 30 ans auparavant. Une partie de mon public m’a suivi et a transmis son amour aux plus jeunes. C’est une chance.

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FOCUS Dans un spot Nike de 2011, tu récitais un texte de Cyrano de Bergerac. Te verrais-tu au théâtre? Bien sûr. Déjà, je voudrais remercier Mr Roland Auzet, un auteur compositeur chorégraphe qui m’a fait jouer il y a trois ans dans un opéra moderne. C’étaient les derniers instants de la vie de Steve Jobs, avec une vision de la réussite, de la société moderne…

qui s’appelle Ay! Mourir Pour Toi. C’était sur un album de reprises d’Aznavour. Il faut oser, et j’en suis très fier. J’ai pris du plaisir à le faire et à l’écouter encore. Quel regard portes-tu sur la scène Rap actuelle? J’en suis assez satisfait malgré tout ce que l’on peut en dire. Longtemps, on a dénigré ce qui nous arrivait de bien, on s’est concentré sur ce qui nous manquait. Et lorsqu’on l’a eu, on a

“Aujourd’hui, il y a des rappeurs de tout bord, pour tout le monde... ” pris des mauvaises directions. Aujourd’hui, il y a des rappeurs de tout bord pour tout le monde et cela, je ne peux pas m’en plaindre. Il y a du Rap pour ta fille, tes parents, tes oncles… Vous ne pouvez pas trouver de Rap qui ne vous plaise pas, c’est impossible de ne pas y trouver son compte. Forcément, puisque tout a un recto et un verso, cela donne une profusion d’artistes et des difficultés pour trouver le sien. Donc l’expérience t’a plu? C’est un peu ce que je fais sur scène, il faut interpréter et vivre les morceaux. J’écris mes morceaux avec émotion et les jouer c’est la moindre des choses. Sur scène, je passe presque autant de temps à chanter qu’à parler avec le public, cela demande une certaine mise en scène. Je suis en ce moment sur un projet secret, une pièce de théâtre que l’on a écrit pour moi. Je pense que le théâtre manque vraiment dans notre culture.

Te considères-tu comme un artiste engagé? Mon engagement est dans la vie, il est contre l’auditeur qui se trompe, contre des convictions qui nous confrontent, nous mènent dans la tristesse. Je ne suis pas pour un succès dont tout le monde rêverait, je suis juste dans la vie. La plupart des gens qui défendent une cause le font pour des raisons personnelles et qui les dépassent. Ils mélangent un problème profond qu’il faut résoudre à un sujet qui concerne tout le monde dans la globalité. C’est extrêmement dur à

As-tu déjà fait une reprise? Oui, j’ai repris un morceau de Charles Aznavour 22


MUSIQUE comprendre cette atmosphère bouleversante silencieuse. Il y a quelque chose à capter mais c’est difficile à traduire, il y a beaucoup de silence, les gens ne parlent pas. Il y a une manière de regarder l’étranger, c’est fascinant. Il faut passer du temps avec les gens pour les comprendre.

porter. Certaines causes peuvent être dangereuses quand tu les embrasses, l’histoire l’a prouvé. Pourtant depuis 2012 tu es ambassadeur pour l’UNICEF, en quoi cela consiste-t-il? Cela consiste à parler la parole de l’UNICEF aux personnes qui pourraient être concernées par la souffrance des enfants. J’en suis heureux car j’ai travaillé avec des gens très sympathiques, qui étaient impliqués dans la cause des enfants. Il s’avère que ce sont des gens de l’UNICEF. On a travaillé ensemble sur de petites opérations, sur des concerts et des tournées, que l’on a réitérées. De fil en aiguille, cela a duré et on m’a demandé si je voulais officialiser cette mission. Si l’on était venu me voir tout de suite pour me le demander, cela n’aurait peut-être pas marché. Je dois avec ma “notoriété” porter cette parole aujourd’hui, et me rends compte qu’aider, c’est très compliqué.

C’est la première fois que tu viens en Guadeloupe? Connais-tu la scène locale? Je viens assez régulièrement pour des vacances. C’est la première fois pour un concert. Non, je ne la connais pas à part Kalash que j’ai découvert l’été dernier. Il était tellement dans les voitures, à la télévision, que je pensais qu’il était guadeloupéen! Tes projets? L’écriture et la littérature. Un peu de guitare et de piano. L’objectif, c’est de continuer d’apprendre, d’écrire, de lire et de composer. Et de créer les opportunités de faire des concerts et de rencontrer des gens.

Tu reviens tout juste d’Haïti. Quelles sont tes impressions? Je n’ai pas passé assez de temps pour

OXMO PUCCINO Facebook: Oxmo Puccino 23



GRAND ANGLE

DJ Dans le sillon dU SON par Ceebee entière, les têtes d’affiches de festivals d’envergure et non de simples animateurs. En une ou deux décennies, de véritables phénomènes ont émergé, séduisant aussi bien le grand public (David Guetta) que la scène alternative (Skrillex). Porté plusieurs fois à l’écran ces dernières années (Berlin Calling, We Are Your Friends, Kvadrat), le visage du DJ est le plus souvent assimilé au monde de la nuit et des paradis artificiels. La rédaction de LOUPE s’est penchée sur cet univers qui est avant tout celui des rassemblements festifs, et qui traduit la globalisation de la culture. De Paris à New York en passant par la Caraïbe, le son n’a pas de frontières et joue un rôle fédérateur.

Le DJ (ou Disc Jockey) est celui qui “chevauche le rythme”. Apparu en Jamaïque dans les années 1950 puis transposé à New York dans les années 1970, le DJing consistait d’abord à diffuser un son ininterrompu et fluide, en faisant s’enchaîner des morceaux dans les soirées ou à la radio. Les techniques du mixage et du scratch, souvent associées aux précurseurs du Hip Hop (Grandmaster Flash, Kool Herc...) ont finalement pénétré tous les courants musicaux. Mais c’est la musique électronique et la naissance des rave parties qui ont consacré les DJs, leur assurant une reconnaissance internationale. Ils sont aujourd’hui des artistes à part 25


GRAND ANGLE


DJ: DANS LE SILLON DU SON

DJ FLY WEST INDEEZ par David Dancre Photos: D.R.

Ce jeune martiniquais s’est attaché à la musique et y a consacré ses forces pour devenir un DJ de renom. En association avec des artistes caribéens ou aux commandes de son émisssion sur Trace, il vise avant tout à rester novateur.


GRAND ANGLE Présentation Je m’appelle Frédéric. Je viens de Martinique, j’ai 35 ans.

Comment as-tu choisi ton nom? Après mon Bac, ma mère m’a donné un an, comme une année sabbatique, pour trouver des études dans la musique, sinon je devais faire ce qu’elle voulait. J’ai trouvé une école de musique en France, mais on me demandait un stage dans le domaine de l’audiovisuel ou de la radio. Et comme j’étais un “fan” de Sun FM, je les ai contacté au culot. Il y avait un animateur qui s’appelait BIG G, un américain, je lui ai expliqué pour mon stage et il accepté. Alors qu’il ne prenait pas de stagiaire il m’a carrément proposé d’intégrer l’émission du vendredi soir, la Friday Night, pendant un mois. DJ Jeff m’a proposé dix minutes dans l’émission de la semaine suivante. C’était une vraie chance qu’il me donnait mais je n’avais encore aucun nom de DJ. À cette époque, il y avait une émission qui s’appelait le Bigdil sur TF1 avec Vincent Lagaff, c’était un DJ qui animait un jeu dans lequel il fallait reconnaître les sons, et en arrivant sur scène il a dit : “est-ce que vous êtes Flyos”? Cela m’a interpellé et ce n’est que le lendemain, avant que l’on annonce mon mix lors de l’émission que j’ai lancé comme nom DJ Fly et depuis ce jour, c’est resté.

Avec Kalash - 2017

Ta rencontre avec le DJing? Cela a commencé vers 1997, j’aimais toucher à la musique. Un de mes amis avait une platine dont il ne servait pas, moi j’avais des radiocassettes. J’enregistrais des sons et des mix à la radio, car il n’y avait pas Internet comme maintenant, et j’habitais au François, c’était la galère. Je faisais donc mes mix sur des cassettes, pour moi les platines, c’était vraiment un luxe. À cette époque, j’écoutais

“Je suis parti en France acquérir un diplôme de Technicien Producteur de musique...”

beaucoup Sun FM, les mix du vendredi soir avec DJ Jeff qui a été vraiment important pour moi. Ensuite, j’ai eu l’occasion de faire quelques anniversaires et ça passait bien alors je me suis encore plus investi, jusqu’à créer un projet final pour mon Bac (j’étais en section Littéraire) autour de la musique. C’était à l’époque de Titanic et j’avais remixé la bandeson, ce qui m’a valu un 18 au Bac. J’ai eu envie de me lancer même si mes parents n’étaient pas trop favorables.

Tu as donc commencé avec des K7, quand as-tu acquis tes propres platines? Et bien au final, mon mois de stage s’est transformé en six mois, je prenais totalement mon pied. L’ingénieur du son sur Sun FM qui était Directeur de Maxxi FM m’a proposé d’intégrer son équipe, ce que j’ai fait pendant quatre ans en tant que technicien du son et DJ. 28


DJ: DANS LE SILLON DU SON Tu es arrivé sur la fin du vinyle en tant que DJ et cela devait être compliqué d’en trouver. J’allais souvent en France dans les magasins à Châtelet comme Urban Music, mais les vinyles, c’était vraiment encombrant. Je préférais acheter les CD et toutes les dernières compilations. Et pour le transport, c’est incomparable.

C’est là-bas que j’ai fait ma première émission de mix. J’avais une émission de Hip Hop RN’B d’une heure qui s’appelait Groove Mix. Et ce n’est qu’après ces quatre années que je suis parti en France acquérir un diplôme de Technicien Producteur de musique afin d’être vraiment qualifié. J’ai donc obtenu ce diplôme international et j’ai investi dans du matériel, une première platine pour vinyles que j’ai achetée à un DJ puis une platine Numark CD avec un plateau Vinyle. Après, je me suis lancé sur le gros matériel pour entrer dans la cour des grands.

Avec le CD, il n’y a pas les a capella ou les versions instrumentales… C’est clair, mais un des mes amis avait toujours les dernières sorties en vinyle et j’en récupérais beaucoup chez lui pour travailler. Et comme tout le monde, quand Internet est arrivé, nous avons de nouveau eu accès à toutes ces versions en numérique.

Quand tu parles de gros matériel, c’était aussi pour commencer la production? Non. J’étais encore un débutant, la production est venu bien après vers 2007-2008, lorsque j’ai produit mon premier album West Indeez Coast en tant que compositeur, sur lequel j’avais de gros artistes tels que Tok, Chico, Yeahman C, Goldee, Stone J, E.sy kennenga, Papa Tank… Et après celui-là, chaque année, j’ai enchainé les albums.

Avec Internet qui permet aux artistes de diffuser directement la musique à leur public, le rôle du DJ a-t-il changé? Oui, totalement. Avant les gens découvraient les sons en radio, en soirées, le rôle du DJ était d’être un précurseur.

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GRAND ANGLE Quelles sont tes influences musicales? J’ai grandi avec du reggae, du zouk mais comme j’ai beaucoup voyagé avec mes parents qui sont des globe-trotters, cela m’a permis de rapporter des sons de partout. J’écoutais vraiment de tout. Mes parents avaient aussi des gîtes touristiques, j’étais en contact avec des gens d’ailleurs et je me suis fait beaucoup d’amis. Je passais pour un dinosaure quand les gens écoutaient ce que j’avais dans mon walkman! J’ai toujours été ouvert sur le monde, aimé découvrir ce qui se passe ailleurs. Je n’ai pas vraiment de style prédéfini, je fonctionne plus par période, parfois de l’électro, parfois de la musique latine, une autre période où ça va être reggae dancehall… Je n’ai aucune limitation musicale, je me balade au gré de mes inspirations. C’est comme cela que je prends aussi des idées pour composer, que je découvre des artistes.

on sort un son, pour que les DJs l’apprécient et le diffusent jusqu’aux oreilles du public. Tu collabores avec des artistes sur tes compositions, mais as-tu déjà collaboré avec des artistes pour la scène? Lors d’une tournée par exemple? Non, je n’en ai jamais eu l’opportunité, même si j’ai collaboré par exemple avec Pompis (Rude Boy) ou Xman (Bécane sans frein), c’est eux qui sont mis en avant. Même si c’est moi qui ai produit, bien souvent je ne suis même pas booké avec l’artiste pour une scène. C’est un travail un peu ingrat parfois, il y a ceux qui chantent et ceux qui produisent. Par contre, être DJ sur des scènes peut déboucher sur de futures collaborations, comme par exemple avec CeCile la Jamaïcaine. C’est lors d’un show sur lequel on m’avait réservé en tant que DJ pour elle que le projet est né, et nous avons enregistré le hit Set it. D’autres sont en préparation.

Avec CeCile - 2016

“ A la radio j’ai carte blanche, je joue ce que je veux, c’est mon émission...” Tu as commencé à la radio, et après tout ce parcours, tu es désormais sur Trace. Pourquoi ce choix? Il ne faut pas oublier que dans la musique, il y a deux publics. Celui qui va en soirée, qui correspond en Martinique à 1 ou 2% de la population et celui qui écoute la radio. Quand je suis sur Trace, je touche des millions de personnes, un public vraiment large. Même quand il y a une période “morte”, au carême par exemple, grâce à la radio il y a toujours une présence. C’est comme un chanteur, s’il ne sort pas des morceaux régulièrement, il passe vite aux oubliettes car il y en a d’autres derrière prêts à prendre le moindre petit espace, c’est là le challenge. Si un bon DJ martiniquais part en

Tu vas en Jamaïque régulièrement? Oui, j’y étais encore cette année. Trinidad aussi mais moins souvent. Le statut des DJs là-bas est-il différent de chez nous? Le DJ là-bas est payé pour passer du son. Je sais que tous les sons que j’ai déjà sorti avec des Jamaïcains, comme CeCile, Richie Loop etc ne passent pas en Jamaïque. Ils passent en Angleterre, au Japon, en Chine, aux Pays-Bas… Tout simplement parce que je n’ai pas payé pour qu’ils le jouent. Donc il faut croiser les doigts quand 30


DJ: DANS LE SILLON DU SON France pendant un an pour faire une tournée ou autre, lorsqu’il revient, les boîtes sont déjà passées à autre chose, et le public aussi. Dans la musique, les gens sont infidèles car rien n’est défini par un artiste directement. C’est pour cela que je suis obligé de garder une vitrine pour toucher le maximum de personnes et grâce à cela, j’ai eu des contrats en Guadeloupe, en Guyane, car forcément en retour les gens m’invitent. Alors qu’en soirée, je peux être limité dans ma sélection au profit de l’ambiance, à la radio j’ai carte blanche, je joue ce que je veux, c’est mon émission, mon univers. Trace laisse l’antenne à DJ Fly, et c’est du DJ Fly qu’ils veulent.

de faire un métier que j’aime, ce qui n’est pas donné à tout le monde. J’ai la chance de me lever dans la musique et me coucher dans la musique. La musique, c’est ma vie. Il y a des moments où ça marche, d’autres non, mais ce ne sont que des expériences qui rendent plus fort, qui permettent de se remettre en question aussi. Que ce soit pour la musique ou autre chose, c’est ainsi que je fonctionne. Je suis toujours positif, à fond dans ce que je fais, je suis un optimiste. Quels sont les derniers projets sur lesquels tu as travaillé? Forcément le morceau que j’ai fait avec CeCile qui est devenu un véritable “tube”, il a été diffusé dans toute l’Europe. Mon premier titre c’était avec Tok et V-ro, ensuite il y a eu des hits avec X Man, Pompis , Nicky B… Je travaille actuellement sur un One Riddim avec des artistes locaux et des Jamaïcains. Je viens de sortir un single avec une artiste inconnue, Shanel Hill, on a tourné le clip à New York.

Ce qui pourrait être une routine n’en est finalement pas une… Non en effet, c’est un plaisir permanent. Et la recherche de nouveaux morceaux est un perpétuel challenge pour toujours garder la primeur et me démarquer des autres. Les autres DJs sont mes collègues, mais nous sommes en compétition permanente, pour faire le buzz, avoir le mix ou la production du moment. Avant, notre rôle était de diffuser de la musique, maintenant c’est devenu un métier presque de commercial. Tu vends des soirées, des mixs, tu vends tout, c’est une entreprise.

Tu produis aussi des artistes? Oui en effet, je l’ai prise sous mon aile et c’est ce que je vais faire à l’avenir, faire découvrir de nouveaux artistes. Parce que travailler avec des artistes connus c’est bien, mais il faut donner leur chance aux autres, comme certains ont pu me la donner.

Cela te convient-il? Oui bien sûr. Ça fait maintenant 17 ans que je vis de ça et j’en suis vraiment fier. J’ai la chance

DJ FLY

Facebook: DJ FLY Instagram: DJ Fly

www.djflyfr 31


GRAND ANGLE

DJ ANAÏS B COSMOPOLITE par David Dancre Photos: D.R.

C’est à New York qu’Anaïs B s’est imprégnée de l’énergie humaine et musicale pour se former aux techniques du DJing. Elle évolue aujourd’hui entre clubs, festivals et concerts, apportant une touche d’originalité dans ce milieu majoritairement masculin.


DJ: DANS LE SILLON DU SON


GRAND ANGLE Présentation? Mon père est Guadeloupéen, ma mère d’origine sénégalaise et allemande. Je suis née et j’ai grandi à Paris. J’ai vécu quatre ans à New York.

campagnes de communication comme pour Guerlain ou le Coq sportif; j’ai aussi mixé dans une boutique sur les Champs Elysées pour la sortie d’une ligne de cosmétiques signée Rihanna. J’ai travaillé sur des spectacles, par exemple pour la tournée de Fary, sur des concerts avec JoeyStarr et Nathy pour Caribbean Dandee…

D’où vient ton nom d’artiste? Anaïs est mon prénom. B est une référence à une déesse égyptienne, Bastet, qui a les traits d’un chat.

“C’est un avantage d’être une femme dans un milieu d’hommes” Tout à l’heure tu parlais de l’approche féminine qui te paraît différente, comment la définis-tu? On a une sensibilité différente au niveau de la musique. On sait par exemple dans un club que si les femmes dansent, les hommes vont aussi danser et tout le monde va s’amuser. Qui mieux qu’une femme DJ peut savoir ce qui va faire faire danser une femme? (rires) C‘est un avantage. Cela reste quelque chose de rare même si on en voit de plus en plus.

Ta rencontre avec le DJing? J’ai d’abord été bookeuse pour des artistes américains, des chanteurs, rappeurs et DJs. C’est dans ce cadre que j’ai rencontré DJ Rachida, qui est la DJ de Kelis et Prince. Cela m’a interpellé de voir une DJ femme dans un univers qui est très masculin, et de découvrir sa manière d’aborder le travail. Je l’ai rencontrée par la suite, et ayant toujours aimé la musique, je me suis rendu auprès d’amis DJs aux EtatsUnis qui m’ont tout appris.

Quelles sont tes influences musicales? J’aime tout ce qui est Hip Hop, Grime, la Future Bass, je m’inspire pas mal du label Soulection. Egalement l’Afrohouse, Erykah Badu, Lauren Hill, Missy Elliot. J’écoute aussi ce qui est actuel.

Il y a différents styles de DJs, soirées, animation, concert, technique, comment te définis-tu? Je suis un peu tout cela, j’ai eu de la chance de travailler dans des clubs mais aussi pour la mode qui est un milieu dont je me rapproche beaucoup en ce moment. Je travaille sur des

Quels styles joues-tu en général? Tout dépend de l’endroit où je mixe, si c’est un concert, dans un club… Selon l’endroit où tu mixes, tu ne peux pas faire la même chose. En général c’est plutôt Hip Hop, mais je peux aussi jouer dans des clubs électro, il faut s’adapter à la clientèle. 34


DJ: DANS LE SILLON DU SON De nombreux DJs sont des femmes, mais même dans ce milieu artistique, comme dans les autres, on constate encore des inégalités. Quelle est ton expérience personnelle? Je ne suis pas dans la compétition ni avec Les hommes ni avec les femmes. Je trouve que c’est un avantage d’être une femme dans un milieu d’hommes, tu apportes quelques chose en plus, c’est original. Je le vis bien en général car je décide que rien ne peut me décourager ou m’affaiblir, au contraire. Quand je sens un malaise, ce qui reste rare, je ne le prends pas personnellement. C’est quand même un milieu de la nuit, je savais à quoi m’attendre en y arrivant.

Que t’ont apporté les années passées à New York? Est-ce-ce un passage “obligé” pour un DJ? C’est un passage obligé dans la vie tout court! C’est une ville si cosmopolite, avec tant d’énergie, les gens sont enthousiastes et expressifs, te remerciant à la fin de la soirée. L’ambiance montre très vite, il n’y a pas d’appréhension à être le premier sur la piste à danser. Le rôle des DJs à muté avec le temps et du Disc Jockey qui faisait découvrir des nouveautés on est passé aux DJs d’aujourd’hui qui suivent souvent la playlist “généraliste”. Qu’en penses-tu? Je suis ouverte pour faire découvrir la musique, mais il y a un équilibre à trouver entre satisfaire le client, le patron et rester soi-même. Ce que ne savent pas les gens en soirée, c’est qu’un DJ va mixer d’une manière car il y a derrière une volonté du “boss” d’attirer un certain public. La part de créativité du DJ comme pour tout artiste doit rester importante. J’ai la chance qu’on me réserve pour la musique que je joue.

Des événements prévus prochainement? A la rentrée, je ferai plusieurs soirées. Cet été, je serai au Congo, à New York, à Bucarest, au Festival AFROPUNK, au Quai 54, au Bénin, à Saint-Barthélémy. Et la Caraïbe? J’ai des projets en cours mais je ne peux pas en parler.

DJ ANAÏS B Facebook : DJ ANAÏS B

Contact: anaisb.management@gmail.com 35


GRAND ANGLE


DJ: DANS LE SILLON DU SON

DJ POSKA BLOCKBANGERZ par David Dancre Photos: D.R.

Pionnier du Hip Hop français, Poska en a posé les fondations avec des mix-tapes devenues cultes comme What’s The Flavor. Installé à New York d’où il anime une émission de radio, il est aussi au générique du film One Buck, continue à animer des soirées et travaille sur une nouvelle compilation.


GRAND ANGLE Présentation J’ai 43 ans et j’ai grandi à Noisy-le-Grand. Je suis Dj actif depuis 1991 et franco-malgache de surcroît!

C’est dans le tag que tu as trouvé ton nom… Oui. Je taguais, j’ai pris plusieurs noms avant de choisir celui-là. Mais à cette époque, les marqueurs n’étaient pas encore connus et le jour ou j’ai décidé de sortir mon premier projet en tant que DJ, j’ai changé le C de Posca en K et ça claque! Il y avait beaucoup de gens qui me demandaient d’ou venait ce nom, beaucoup m’ont dit des pays de l’Est d’ailleurs. Cela m’a démarqué de tous ceux qui prenaient des noms américains.

Comment s’est faite ta rencontre avec le DJing? Elle s’est faite par mon frère qui avait des platines, j’essayais de mixer des disques dans sa chambre. Il avait deux platines différentes: l’une était réglable avec un pitch, c’était une grosse Akaï avec un plateau très lourd, il était impossible de scratcher avec ça; l’autre n’avait pas de pitch, c’était une

“On m’a connu par les soirées, mais ce sont les mix-tapes qui ont fait le plus de bruit.” Et c’est après 25 ans de carrière que tu es enfin en contact avec la marque Posca? Oui. J’ai eu cette occasion par le biais de Nino de Itboyz, par rapport à BMO (tagger managé par Nino), pour qui j’ai réalisé la bande-son d’une vidéo. Mais je n’ai pas réellement encore travaillé avec Posca. Il y a plein d’idées, mais il faut que ce soit pertinent et non pas juste pour coller nos noms.

Fisher. Le type de platine qu’il y avait au dessus des chaines Hi-fi. Et une table de mixage Phonia. À l’époque, il n’y avait que des curseurs et pas encore de crossfader. J’ai appris à mixer là-dessus et j’ai squatté son matos jusqu’au jour où il me l’a donné. Stéphane Larance m’avait fait écouter, sur une cassette audio, le championnat du monde 88 DMC de Cash Money. Cela a été la révélation, l’apprentissage du scratch etc.… Entre temps, j’ai découvert Dee Nasty, ensuite le Rap français mais surtout le Tag. Et après, la culture Hip Hop dont j’ai pratiqué à peu près tous les éléments sauf le Rap.

Il y a différents styles de DJs, soirées, animation, concert, technique, comment te définis-tu? J’ai tout testé, mais en gros dans le Hip Hop il y a les DJs de soirées et les DJs technique. J’ai commencé à faire quelques soirées, mais très vite, j’ai eu cette envie de participer à un concours DMC. Je l’ai fait avec DOZ, cela m’a révélé tout le côté show, c’est une représentation que tu dois faire pour te présenter devant un jury. Alors qu’une soirée, c’est plus une question de feeling 38


DJ: DANS LE SILLON DU SON Il y a un aussi un côté plus spontané en soirée. Qui est très important. Tu fonctionnes par rapport au public. Si le public n’est pas “chaud”, ça ne va pas forcément te porter et c’est à toi de les porter à ce moment-là. Il faut toujours être dans une bonne “vibe”.

et de mise en condition des gens, pour les faire entrer dans ton délire. Le côté technique ne m’a pas trop parlé, je l’ai fait une fois et j’en suis vite sorti. J’ai préféré le côté musical, la production et les soirées. Je me considère comme un DJ Hip Hop de soirée. Il y a aussi l’animation, tu as fait des émissions de radio, des concerts pour accompagner des rappeurs. Tout se rejoint, le côté technique dans lequel je ne me suis pas retrouvé dans les championnats, je l’ai trouvé sur scène avec les rappeurs. Je pouvais ainsi changer les instrumentaux à tel ou tel moment, en adéquation avec le show du MC. On m’a connu par les soirées, mais ce sont les mix-tapes qui ont fait le plus de bruit. Le côté technique, je ne l’ai jamais perdu, j’ai toujours placé quelques scratchs dans des compilations ou mix-tapes. Mais c’est bien aussi quand les gens viennent te voir en live et qu’ils découvrent ce que tu as de plus, et que tu ne donnes pas tout dans tes compilations ou tes mix-tapes.

Comment t’es venue l’idée des mix-tapes? Quand je mixais dans ma chambre, je faisais tout le temps des cassettes. Je m’enregistrais parce que c’était comme un entraînement, et que je pouvais écouter mes sons où je voulais avec mon walkman. Il y avait tout le temps des amis de mon frère qui passaient à la maison et qui me demandaient des cassettes, car après les vélos, mobylettes, scooters, l’époque des voitures arrivait avec les postes à cassettes. Il y avait toujours mes cassettes dans leur voiture. Quand j’ai rencontré Franck et Serge avec qui nous avons fait Funky Maestro, je mixais déjà dans ma chambre, j’étais très actif. Ils rappaient et nous nous sommes associés. Avec Jacky Brown, Lord Issa & Dj Phaxx - Couvre Feu / 2017

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GRAND ANGLE Progressivement, nous avons acheté du matériel et Franck travaillait chez LTD (disquaire à Châtelet, NDLR), c’est à ce moment qu’il y a eu un engouement pour les mix-tapes avec DJ Clyde, Cut Killer, Cutee B… De mon côté, je commençais à travailler et ma copine attendait un enfant. Je faisais mes mix avec un petit quatre pistes et ma première mix-tape est née comme cela. Franck et Serge m’ont dit qu’il fallait la sortir. Et en même temps, nous avons sorti notre premier cinq titres avec K-reen. C’était Underground Mix avec à coté la cassette Lyrr-X. Il se trouve qu’entre temps, j’ai travaillé dans une usine de duplication de cassettes. Et

Avec Lord Issa

Cut, Clyde, tout le monde est venu nous voir. Du coup, j’ai proposé à mon ami de fabriquer celles des autres DJs et cela a fonctionné ainsi durant des années. A cette époque, la distribution était importante, et les magasins se disaient “Si on a cette mix-tape là, on aura du passage”, donc nous ne la déposions pas partout, environ dans un magasin par grande ville pour étendre petit à petit notre réseau. C’est Franck encore une fois qui a beaucoup travaillé la promotion. A nous trois, nous avons abattu beaucoup de travail entre les soirées, les mix-tapes, tout se passait bien et nous avons eu cette proposition de signer chez Universal en 1997, juste après la mix-tape Time Bomb. Les mix-tapes nous ont permis d’acheter du matériel, d’avoir une belle exposition comme à Génération 88.2 où j’étais tous les soirs pendant deux ans, en 1998 et 1999. Tout s’est enchaîné.

“Être DJ et juste passer du son, n’importe qui peut le faire aujourd’hui” Le rôle de DJ à muté avec le temps et de Disc Jockey qui faisait découvrir des nouveautés on est passé aux DJs d’aujourd’hui qui suivent souvent la playlist “généraliste”. Qu’en penses-tu? C’est une perte de contrôle mais en même temps, cela a toujours été ouvert à tous, à la différence qu’auparavant cela coûtait très cher et de ce fait, ce n’était pas accessible à tout le monde. C’est d’ailleurs pour cela qu’à l’âge de 16 ans, j’ai arrêté l’école…C’est quand j’ai vraiment commencé à travailler que j’ai pu m’acheter mes disques, ma première platine. Aujourd’hui avec un ordinateur, tu peux enchaîner des morceaux mais devant un public

alors qu’on copiait nos cassettes comme tout le monde, avec les postes double cassettes, pour les distribuer aux amis et à la famille, tandis que Franck réalisait des pochettes en buvard, la personne qui m’employait a découvert mon travail et m’a proposé de les fabriquer directement dans l’usine. Cela représentait un vrai changement dans la qualité et nous avons décidé d’introduire du Rap français, des freestyles, avec la mix-tape What’s The Flavor#20. C’était la première avec une jaquette en couleur et enveloppée dans du cellophane. Un vrai produit fini! Quand on est arrivé dans les magasins pour les distribuer, ils ont noté le changement de qualité. Même les DJs comme 40


DJ: DANS LE SILLON DU SON Quelles sont tes influences musicales? La Black Music principalement, mais la bonne musique en général. Il peut m’arriver d’écouter un morceau de classique, de Bach ou Mozart car ça aère aussi les oreilles, mais je suis très Funk, Soul, Reggae, Dancehall, Blues, Jazz, Hip Hop et RNB évidemment. Du fait d’être compositeur, j’écoute de tout, même de la variété française. Parfois, j’aimerais bien reprendre de la variété, ce qui nous stoppe souvent ce sont les autorisations mais il y a une vraie source dans la variété française. Les morceaux de Véronique Sansom ont des samples de dingue… Charles Aznavour a déjà été samplé par les Américains, ou même Demis Roussos, même si cela paraît totalement improbable (rires)! J’ai fait une série de mix qui s’appelle Knowledge, que j’ai sorti il y a trois ans et qui est disponible sur les réseaux sociaux. C’est une série de neuf mix d’une heure et ce sont en gros toutes mes influences. Il n’y a pas de mix de Jazz, ni de Dancehall mais il y a du Rap français, de la Funk, du Hip Hop New Jack R&B, du Reggae, du Slow Jam et un mix de Soul.

ce ne sera pas pareil. C’est un bien pour nous et pour les marques, car il y a eu une explosion autour du DJing qui est toujours active. Après, c’est aux professionnels de faire la différence, mais sinon c’est comme pour le Hip Hop, le but est d’avoir de plus en plus d’adhérents et de gens qui apprécient ce que l’on fait, et si l’on y contribue c’est parfait. C’est aussi à nous de nous mettre dans le bain de cette nouvelle technologie, de prendre nos marques, mais comme je le disais c’est aux professionnels de bien faire la différence entre quelqu’un qui va passer du son et quelqu’un qui va être là pour faire bouger des foules ou amener des gens dans un lieu. Les outils ont changé mais c’est toujours le même combat pour savoir se démarquer. Je dirais davantage qu’avant, il faut être capable d’apporter quelque chose en plus. Etre DJ et juste passer du son, n’importe qui peut le faire aujourd’hui… Même avec son téléphone.

Avec Sully Sefil

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GRAND ANGLE Quels sont les artistes avec lesquels tu as collaboré pour leur tournée? Pit Baccardi, Oxmo Puccino, Noyau Dur, Busta Flex, et pas mal de groupes indépendants que j’avais signé sur mes labels comme Smoker ou John Gali.

des Numark à des Technics (platines, ndlr). C’est une continuité mais c’est également complémentaire. Je suis DJ, compositeur, mais aussi ingénieur du son. Je fais de l’editing, je contrôle Protools (programme d’enregistrement professionnel, ndlr), je peux faire une séance d’enregistrement. Je peux tout gérer dans un studio de A à Z, mais je suis plus un créatif, j’aime me retrouver avec un artiste dans une pièce à écouter du son, qu’il commence à gratter sa feuille ou trouver des mélodies, que l’on avance sur un thème. Et quand tu sais tout faire tu n’as pas besoin d’expliquer, c’est beaucoup plus rapide lorsqu’on connaît chaque stade de construction.

“...on m’a présenté au responsable de Bushwrick radio et il m’a proposé un show sur leur antenne.”

Tu es également beatmaker, c’était une suite logique? Oui, mais l’inverse aussi peut être vrai, le deejing peut être la continuité du beatmaking. Ce sont deux processus totalement différents, la mise en condition pour animer une soirée n’est pas du tout la même que celle pour faire un son. Pour une soirée, il faut être dans l’effervescence alors que pour produire un son, tu peux t’imprégner de n’importe quel sentiment: la joie, un décès, une anecdote, une couleur…

En soirée tu as également été accompagné par différents artistes? Je l’ai fait une fois officiellement avec Jacky pour ambiancer une soirée, sinon c’était parce qu’on se retrouvait au même endroit et au même moment. Au début, je ne le faisais pas mais c’est aussi ce qui m’a démarqué des autres qui parlaient au micro. Je ne suis pas du genre à parler, c’est la musique avant tout. Mais à un moment donné China Moses, avec laquelle je m’entendais très bien, avait un peu de temps libre et je lui ai proposé de m’accompagner. Alors que tout le monde avait un gars avec lui, moi, j’avais une femme. Cela a fait du bruit et du coup, beaucoup de DJs l’ont appelé pour leurs soirées. C’était la bonne fusion du moment.

On dit une suite logique car le DJ prend ou boucle sur sa boite à rythme et l’améliore par des scratchs etc. Ce que l’on utilise dans le Hip Hop, les sonorités de la MPC ou la SP12, ce sont des boîtes à rythme. Apres, les machines diffèrent selon les artistes, comme un DJ qui préfère 42


DJ: DANS LE SILLON DU SON Pourquoi t’être installé à New York? Cela n’a rien à voir avec la musique. C’était ma femme qui était motivée pour venir ici, et après mon accident, j’ai eu un gros temps de réflexion, et quitte à reprendre et refaire des choses autant partir à New York et tester ce qui y était possible. À Paris et même en France, j’avais un peu fait le tour et cela ça m’a fait du bien de me renouveler. Le premier jour de l’an que j’ai passé là-bas, on m’a amené au Novotel de Time Square, et de là j’ai commencé à mixer dans des événements avec des artistes indépendants de New York. J’ai rencontré Nino de Hitboys et j’ai décidé de faire un EP avec eux l’année dernière, Blockbangerz. Je suis venu en France avec des artistes américains pour faire un Show au festival Hip Hop Sessions à Nantes et de la promo dans les radios; tout s’est enchainé depuis que je suis là-bas. Volontairement, je n’ai pas voulu tout exposer, je voulais d’abord faire des choses et je savais que ça allait émerger. Il fallait que je trouve aussi mon rythme.

Tu as maintenant une émission de radio à New York. J’ai recherché ce que je voulais faire exactement, il y a eu une bonne période de réflexion et en arrivant à NY, on m’a présenté au responsable de Bushwrick radio et dans la même journée, il m’a rappelé et proposé un show sur leur antenne. Je n’ai pas réfléchi longtemps et j’ai demandé à DJ Akil de m’accompagner, on fait l’émission ensemble. Il va y avoir du changement, il est probable que nous passions sur un autre site avec un peu plus de couverture et de promo incessamment sous peu. Tu es également au générique de One Buck, le film de Fabien Dufils. Comment en es-tu arrivé-là? C’est l’une des particularités de New York. En France, on aime bien mettre des étiquettes et te laisser dans ta case. En France, je suis DJ, on ne va jamais m’appeler pour une musique de pub ou autre. À New York, j’ai pu m’ouvrir

Avec Tragedy Khadafi, Tony Coca & Dj Akil - New York / 2017

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GRAND ANGLE à pas mal de choses. J’y ai fait du placement de productions avec la France et c’est là que j’ai rencontré Fabien, en lui amenant des artistes pour des clips via un ami commun. On a fait des clips ensemble, ça a bien collé, jusqu’au moment où il a reçu une proposition d’investissement sur son film et m’a proposé le rôle de 1er assistant. Ce n’était pas rien, je n’ai pas hésité mais il fallait que je sois capable de tenir le poste. Je suis intervenu autant dans la production qu’en tant qu’assistant réalisateur. C’est son premier film, et c’est le film d’un ami

pas en avant car c’est son projet. Parfois, il y a des artistes qui se sont mis à mon service pour faire des projets et bien là c’était mon rôle pour Fabien. Tu te lances dans la réalisation? J’ai toujours aimé l’image, la photo, la lumière, mais je fais déjà pas mal de choses, je ne veux pas rajouter cela en plus. Je voudrai faire des courts-métrages plus tard, encore faudrait-il avoir du temps… Je pense en avoir les capacités, mais je veux me concentrer essentiellement sur ce que je sais faire.

Avec Franck Knight

“Si je ne devais passer que des morceaux que les gens veulent entendre, ce serait pénible. ” Tes futurs projets? Il y a un morceau qui doit sortir sous peu avec Frank Knight et nous préparons un album qui devrait sortir à la rentrée. On travaille à deux sur la réalisation, il a beaucoup appelé les artistes pour les featuring mais j’ai toujours mon mot à dire. Il est carré, facile à vivre et surtout talentueux. Sur scène, c’est terrible. Nous avons un bon échange. Aujourd’hui, nous en sommes à 27 morceaux donc il va falloir que l’on tranche dedans pour l’album et l’on sortira sûrement une mix-tape en plus. Il y a aussi une compilation française sur laquelle je suis en train de travailler, un nouveau What’s The Flavor. J’ai déjà commencé quelques enregistrements. Il y aura des anciens et d’autres de la nouvelle vague.

plus qu’un travail, j’étais vraiment au service de ses idées. Mon but était qu’il ait ses images en fin de journée. Et nous avons réussi, nous avons fait un beau film en sept semaines, cinq semaines de tournage plus deux semaines de préparation et bien entendu plus d’un an de travail d’écriture etc… Ce genre de chose n’est possible qu’à New York, à Paris c’est vraiment différent. Le film connaît actuellement un vrai succès. Nous n’avions aucune prétention, on a fait vraiment un film avec les messages qu’il voulait faire passer. Aujourd’hui, tous les prix qu’il remporte, c’est une fierté. Je ne me mets 44


DJ: DANS LE SILLON DU SON Tu vas aussi participer à la soirée Night & Day au Trabendo qui représente un peu l’âge d’or du Rap français. L’âge d’or du Rap français indépendant!!! C’est Voodoo de Section Fu qui m’a contacté et j’ai accepté car cela me correspond. Il aimerait que j’introduise chaque groupe avant son entrée sur scène, il y a beaucoup de travail et j’ai envie de faire quelque chose de bien. Il y aura la Scred Connexion, Section Fu, Octobre Rouge, Triptik, Daddy Lord C, Rocca, TSN… DJ Djel m’a également contacté pour faire l’after de Don Choa.

Quel regard portes-tu sur la Caraïbe? La Guadeloupe, les Antilles, j’y suis venu une fois il y a très longtemps avec Pit Baccardi, Oxmo Puccino, Stomy Bugsy pour faire un concert. Depuis, je n’ai pas eu l’occasion d’y revenir et le but est de se rapprocher un peu plus des artistes de la scène locale. Le fait que tu m’aies proposé d’avoir une Playlist sur Loupe, c’est aussi un moyen de toucher toujours plus de monde. Et bien entendu, vu que tu me donnes carte blanche, ce qui est primordial pour moi, c’est toujours un plaisir. Si je ne devais passer que des morceaux que les gens veulent entendre, ce serait pénible. Pour moi les Antilles, c’est à faire, et c’est parfait maintenant en étant à New York avec les lignes directes. Loupe est un magazine qui parle de culture et de l’urbain, cela me correspond parfaitement.

Tu fais donc des allers-retours entre Paris et New York régulièrement. Je ne suis pas parti à New York pour zapper la France.

Avec Marie de Skyrock, DJ Akil et Cut Killer - Paris / 2017

DJ POSKA Facebook: DJ Poska

Instagram: DJ Poska 45


GRAND ANGLE

DJ DUKE L’AFFRANCHI par David Dancre Photos: D.R.

Duke fait partie de la première génération de DJs qui a participé à l’émergence du Hip Hop français. Avec le groupe Assassin depuis 1998, il cultive un esprit d’indépendance et propose sur son label Street Trash le fruit de ses collaborations.


DJ: DANS LE SILLON DU SON


GRAND ANGLE Comment s’est faite ta rencontre avec le DJing? Mon oncle était DJ, plutôt funk et disco. Il mixait déjà dans des boîtes de nuit et avait plein de disques à la maison, j’ai été donc très tôt en contact avec le vinyle et j’ai commencé à mixer. Quelques années plus tard, j’ai assisté à un show-case de Dee Nasty et Lionel D. C’était la première fois que je voyais un DJ scratcher devant moi, et Dee Nasty maîtrisait assez pour m’en mettre plein la vue, j’ai eu envie de faire de même. Moi, ce qui m’ennuyait, c’étaient les morceaux qui tournaient longtemps, je

pas les morceaux rentrer. Clyde réglait les aigus et les basses dans son casque pour avoir pratiquement le même son d’un disque à l’autre! C’est une école qui m’a influencé. J’ai été DJ pour des groupes et lorsque tu te mets au service d’un groupe, le scratch devient finalement peu important. Même en soirée, cela devient vite pénible. C’était difficile à l’époque d’être un précurseur dans ce milieu, ne serait-ce qu’au niveau du matériel? A l’époque, j’étais déjà très connecté avec les acteurs du Hip Hop hexagonal, on m’envoyait des K7, des démos de partout… Le matériel n’a jamais été un frein à notre école.

“Tous mes projets, je les envisage comme une oeuvre, de la cover au morceau en passant par le clip.” Tu habites toujours à Lyon après tous ces voyages, une ville comme New York ou Paris ne t’ont jamais attiré? J’ai habité pas mal de villes du monde, de Montreal à NY, de Paris à Lyon en passant par Genève, Bruxelles, ou encore Rio de Janeiro, mais j’aime pouvoir rentrer chez moi et me déconnecter pour avancer sur mes projets. Lyon est la ville parfaite pour cela, à deux heures des plus grandes villes françaises, c’est central en somme.

voulais que cela aille vite, mettre des parties du morceau et zapper sur un autre, le scratch et le passe-passe m’ont permis d’affiner cette technique, le cut simple. Je me suis procuré les vidéos du DMC 88, où j’ai vu Cash Money en action et j’ai compris le fossé qu’il y avait entre la France et les Etats-Unis. Cela a été mes deux premiers contacts avec le DJing, Dee Nasty et Cash Money. Jusque-là, je scratchais avec le bouton de volume! J’ai gagné de l’argent pour acheter ma première platine. On m’a ensuite rapporté une table de mixage de New York à 500 francs, j’avais 17 ans. Il y a des métronomes comme Clyde ou Crazy B, tu ne sens même

Quelles sont tes influences musicales? Tout ce qui est bon, cela peut paraitre simpliste comme réponse, mais c’est vrai. 48


DJ: DANS LE SILLON DU SON Il y a différents styles de DJs, soirées, animation, concert, technique, comment te définis-tu? C’est variable selon l’endroit où je suis et ce que l’on attend de moi. Je fais toujours ce qu’il faut pour répondre aux attentes du public sans être un jukebox à la demande, ce qui me gonfle foncièrement.

disques et en soirée, les gens voulaient écouter ta sélection. Avec Internet, tu as accès à tout et de bonne qualité et même si je ne m’en sers pas toujours, j’ai choisi de m’adapter à ce nouveau monde pour rester en place. Je peux faire des édits à l’avance, c’est une nouvelle façon de préparer les soirées, c’est ce qui va mettre le rythme. Je ne me sers pas de Serato comme d’une boîte à rythme mais pour surprendre les gens avec des morceaux qu’ils connaissent mais dont je propose de nouvelles versions. J’ai toujours aimé faire mes propres versions en ayant les disques en double. Parfois, j’écoute un morceau, les couplets me plaisent mais pas le refrain. Ce logiciel permet par exemple de changer le refrain ou la fin, c’est vivant.

Quand tu découvres un morceau, tu imagines tout de suite un mix? Cela dépend. Il y a eu deux manières de sélectionner et de mixer, avant et après Serato (logiciel de mixage pour DJ, NDLR). Avant, je voulais juste mixer les morceaux que j’aimais, puisque je n’achetais que ce qui me plaisais, commercial ou non, ce qui ne plaisait pas toujours. J’ai du trouver un équilibre entre les “bangers” et les morceaux que je faisais découvrir. Tout le monde n’avait pas accès aux

C’est pour cela que tu es aussi beatmaker? Jusqu’en 1992-1993, les sons étaient très compliqués, Public Enemy, NWA, c’était très

Avec Ririman et Rockin’Squat - Paris / 2017

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GRAND ANGLE “noisy” avec beaucoup de boucles différentes et tu sentais que le son avait été fait par un vrai musicien, il y avait au bas mot 23 pistes sur ce genre de tracks. Ce n‘était pas très accessible mais j’ai commencé à mettre en boucle des morceaux que j’accélérais, je rejouais un beat avec une vielle boîte à rythme etc. Et c’est à force d’écouter des disques que j‘ai eu envie de faire des morceaux et de travailler avec des Américains, car le Rap français, très “hardcore” à cette époque, est devenu piano/violons après 1995, et j’ai toujours aimé la réactivité des MC’s américains.

Tu as toujours ton label Street Trash? J’ai monté mon premier label en 1996, 3ème sous-sol production car j’avais un studio basé en sous-sol a cette epoque. C’était plus une marque de fabrique à poser sur les K7 mais cela a permis de donner naissance à quelques projets, dont mes mix-tapes, qui ont pu sortir dans de bonnes conditions. En 2003, j’ai sorti le premier projet de Profecy, Le cri des briques, et c’est là que j’ai réfléchi à un vrai Label. On était fan des films d’horreur de série B des années 80, c’était l’une de nos références. Street Trash, c’est le nom qui est resté et le label existe depuis 14 ans.

jeune prometteur de Brooklyn… J’ai encore beaucoup de choses qui vont arriver sur le vinyle. J’imagine toujours la personne qui va arriver sur le son mais parfois, ce n’est pas possible d’avoir tout le monde. Ce sont les occasions qui font les projets, la collaboration devient évidence à force de discuter. Je veux de vrais morceaux et non un featuring que tu payes alors qu’il n’y a aucun feeling… J’ai eu un temps un projet d’album, mais je préfère sortir mes morceaux sur des formats EP et maxis. Tous mes projets, je les envisage

“Totalement indépendant, je ne cherche même pas à ce que mes disques soient dans les bacs.” comme une œuvre, de la cover jusqu’au morceau en passant par le clip. Quand j’ai fait le morceau avec Conway, je l’écoutais depuis deux ans et je savais déjà qui je voulais pour réaliser la pochette, le tatoueur Gumo qui m’a fait une pochette complètement folle ou Pro sur la pochette de mon projet avec Keith Murray, American Werewolf. Tu es le DJ d’Assassin depuis 17 ans… 19 ans. On a commencé a bosser ensemble quand Pyroman a fait sa tournée radio en 1998. Vous venez de faire la tournée L’âge d’or du Rap français, n’était-ce pas un peu tomber dans la nostalgie? La grande différence était déjà dans la composition du plateau. Tout le monde y avait pensé mais personne ne l’avait fait. C’était

Sur ce label tu as collaboré avec de nombreux artistes, peux-tu en dresser une liste rapide? The Alchemist, Conway The Machine, Reks, Guilty Simpson, MED, HDBeendope un 50


DJ: DANS LE SILLON DU SON Tu réalises aussi des clips? Oui, le premier je l’ai fait pour Profecy en 2006, La vie en Dozes. J’ai sorti 12 ou 13 clips dont certains pour Squat (leader du groupe Assassin, NDLR), filmés et montés par mes soins. J’ai fait aussi quelques documentaires et des reportages pour le Planeta Ginga, un festival que l’on développe au Brésil avec Squat et Freddy Vitorino. Je fais beaucoup de mes propres visuels. Totalement indépendant, je ne cherche même pas à ce que mes disques soient dans les bacs. Si tu veux mes disques tu les trouves sur mon site. Quand Back Seat avec Conway est sorti, j’ai eu 300 commandes d’un coup, j’ai fait moi-même les paquets !!! Je fais tout, tout seul, et ma boutique en ligne cartonne. J’ai pris la décision depuis 2015 de me passer des distributeurs conventionnels, les sites internet qui te prennent la moitié de ton argent par exemple, sans même daigner mettre ton produit en avant. A l’ère d’Internet, rien n’est impossible, le monde est à portée de main.

une opportunité que nous ne pouvions refuser, qu’Assassin joue devant 14 000 spectateurs. C’est une tournée de qualité avec des personnes comme Rocca, X-Men, 2 balles… C’est une musique qui a 30 ans et beaucoup de personnes n’avaient jamais eu l’occasion de nous voir jouer, ce n’est pas forcément le public d’Assassin. La tournée va durer jusqu’à novembre, il y a de la demande et tous les groupes donnent le meilleur d’eux-mêmes. On a fait le casting et sans se retrouver en position de tête d’affiche, on n’était pas un vieux groupe qui ne tournait plus depuis 20 ans, on a toujours fait des concerts. N’as-tu jamais eu envie de faire de la radio? J’aurais aimé, si les portes ne s’étaient pas refermées au nez au profit de gens “mieux placés”, pas forcement plus talentueux, mais connectés, si tu vois ce que je veux dire.

DJ DUKE Facebook: DJ Duke

Site officiel: djdukeassassin.bandcamp.com 51


GRAND ANGLE


DJ: DANS LE SILLON DU SON

DJ BATTLE PROACTIF par David Dancre Photos: D.R.

C’est à Orléans qu’il a fait son apprentissage du DJing, en écoutant le Cut Killer Show puis en participant à des concours de scratch. Après des études supérieures de commerce, il a travaillé pour le magazine The Source et pour La Fouine, avant de composer ses propres morceaux. Ses derniers singles sont le reflet de l’univers musical dans lequel il évolue, à mi-chemin entre le Hip Hop et le Dancehall.


GRAND ANGLE Présentation. J’ai 32 ans, je suis né et j’ai grandi à Orléans. Je faisais beaucoup de glisse, du roller. C’est à 13 ans que j’ai décidé de devenir DJ, mais je n’avais pas d’argent pour acheter des platines. J’ai fait des petits boulots, j’ai tondu des pelouses, aidé des voisins... A 15 ans, le frère d’un ami a acheté le premier graveur

les nouveautés, c’était cette émission. Mon père était informaticien, j’ai toujours été très attiré par la technique. La musique et la technique m’ont dirigé vers le DJing, beaucoup de mes amis se sont dirigés vers le Rap. J’ai commencé directement à composer, j’avais récupéré un vieil ordinateur de la société de mon père et avec un “pauvre” logiciel, je composais avant d’avoir mes propres platines.

“Je suis l’un des rares DJs en France à n’avoir pris aucun virage...” Un univers musical dans lequel tu te sens plus à l’aise? Cela reste le Rap, je suis l’un des rares DJs en France à n’avoir pris aucun virage, ni électro quand David Guetta est arrivé avec Sexy Beach, ni Zumba ou “camping”… Je suis très urbain au sens large, Dancehall, Afromusic, j’ai besoin qu’il y ait des paroles et un sens, des “punchlines”. Tout ce qui est impersonnel, je ne suis pas dedans.

1X, à l’époque où les ordinateurs n’en étaient pas encore équipés. C’est comme cela que j’ai gravé des logiciels et des CDs, en copiant ceux que je prenais à la médiathèque. Je les revendais, je gagnais 500 francs par semaine, une somme énorme quand tu as 15 ans! A mes 16 ans, j’ai dépensé tout l’argent que j’avais gagné en achetant des platines.

Tu as fait des soirées, des concerts avec des artistes, mais tu ne t’es jamais penché vraiment sur la technique ? Cela me plaisait énormément quand j’ai eu mes platines, entre 16 et 19 ans, mais je n’étais pas très bon et à Orléans, il y avait déjà DJ Need qui était champion du monde. A le regarder, je voyais ma médiocrité! Je me suis plus amusé à faire de la musique et faire danser les gens. Le scratch, c’est un peu enfermant, ghettoïsant. Même si j’ai gagné quelques “battles” quand DJ Need n’était pas là, ou DJ Moon, mon voisin qui avait fini 4ème ou 5ème aux Championnats

Comment t’es venue cette envie du DJing? Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai été marqué par La Haine et Le Cut Killer show. Je faisais du basket en sélection nationale et le samedi, on se hâtait de prendre notre douche après le match pour ne pas rater le Cut Killer Show à 22 heures. A Orléans, il n’y avait pas grand chose au niveau du son, à part les mixtapes de DJs locaux. Le seul moyen d’écouter 54


DJ: DANS LE SILLON DU SON son émission s’appelait Beat Sessions, une sorte de Cut Killer show local. Il a apprécié ce que je faisais et m’a fait venir dans son émission où j’ai rencontré le groupe Baraka et leur Dj Kill. Celui-ci avait créé un site, www. hiphopgame.com, le plus gros site de Hip Hop au monde à l’époque, un genre de Booska-p mondial. Eminem ou 50 Cent avaient déclaré suivre l’actualité sur ce site… C’est ce gars qui avait une dizaine d’années de plus que moi qui avait créé ce site que toutes les stars du Rap connaissaient. Je l’ai accompagné à New York, pour faire un documentaire sur le Hip Hop, de ceux qui rappent dans la rue jusqu’à Jay Z. Grâce à DJ Kill qui faisait hiphopgame.com, on avait tous les contacts avec les artistes pour les interviewer. Le documentaire est sorti en DVD chez Sony et est passé sur Canal+ juste après la diffusion de 8 Miles (Biopic sur Eminem, NDLR). C’est à ce moment-là que je t’ai rencontré et que je suis monté sur Paris, quand tu m’as proposé d’intégrer la rédaction de Track List, je suis parti pour un essai toute une journée

de France; les gars étaient plus forts! Je me rapproche beaucoup de ce côté divertissement des DJs américains, ce n’est pas grave de ne pas être au summum de la technique tant qu’on met les bons sons au bon moment, et que l’on interagit avec le public. Pourquoi avoir choisi ce nom? Je l’ai choisi à 13 ans, cela convenait à mon caractère car j’étais très déterminé. C’est un nom qui me semblait bien convenir au scratch, avec le B de Battle qui sonnait bien. Peu de temps après tu es parti à New York? A 16 ans je me suis retrouvé DJ, enfermé dans ma chambre après le lycée chaque soir, je faisais le minimum pour ne pas redoubler et perdre du temps à l’école. Un an plus tard, on m’a laissé mixer devant mon premier public pour la fête de la musique, et j’ai été remarqué par DJ Nemo (Aurélien Chapuis) qui travaille aujourd’hui pour l’Abcdr du Son. A l’époque, il était animateur pour Radio Campus Orléans,

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GRAND ANGLE avec Ludacris. Ensuite, pour The Source, tu m’as proposé les traductions au départ et quand vous avez mis le CD Sampler, j’ai fait les mix-tapes. Nous avions à l’époque toutes les exclusivités US. J’étais encore en école de commerce à Orléans, je prenais le bus pour venir dans les bureaux à Paris. Tout le monde connaissait mon nom mais personne ne me voyait, ils imaginaient DJ Battle noir et américain, au lieu d’un jeune blanc français. Nous avons organisé une soirée pour The

que j’ai commencé à tourner en province, en juin 2006 on m’a booké pour la fête de fin d’année de Sup de Co de la Rochelle, le même soir que la Fouine. Mais après son show, il est resté m’écouter et a demandé mon numéro. Notre collaboration a duré neuf ans.

“Mon père partait souvent au travail avec les cellules des platines pour être sûr que je travaille les cours!” Et aujourd’hui tu t’es spécialisé dans le beatmaking. Avant que DJ Khaled ne soit renommé, je hostais déjà dans les clips et je faisais des remix avec des rappeurs. Cela a marqué, j’ai été le seul à crier sur des morceaux comme le fait maintenant DJ Khaled. Tout le monde m’appelait, pour des mix-tapes ou des soirées. Au micro, j’étais très fort, j’étais l’un des seuls à le maîtriser et à ne pas être en panique que ce soit devant 500 ou 5000 personnes! Je suis revenu aux Etats-Unis après neuf ans d’interruption, en 2014. J’ai récupéré une résidence au VIP Room, au Griffin à New York. Je me suis rendu compte que j’avais besoin de singles, un peu comme David Guetta mais dans l’urbain. J’ai trouvé ma couleur et sorti mon premier titre avec Lexy Panterra, Twerk Lesson, en juin 2016. Je voulais faire une vidéo “propre” malgré le titre du morceau, j’ai vu celle de Major Lazer où Lexy Panterra danse et lui ai proposé de chanter. C’est une fille qui est très fitness, pas une stripteaseuse. Le deuxième morceau est sorti il y a quelques mois, Downtown. Le challenge était qu’elle ne twerke pas de tout le clip! J’en ai fait une partenaire, nous avons

Source dans un club de St Germain-des-Prés, c’est au cours de cette soirée que j’ai mixé, à 4 heures du matin. C’est l’assistante d’Eric Lelièvre, le directeur marketing de Polydor qui m’a repéré, et m’a proposé de participer à un battle de crews. Je devais être avec DJ Kill mais il a décommandé et je me suis retrouvé seul aux platines. J’ai gagné 3/0 contre les plus gros DJs parisiens. C’est comme cela que je me suis retrouvé dans les plus grosses soirées hip hop parisiennes, tous les dimanche au Duplex en 2005. C’est après cela que tu as commencé à collaborer avec des artistes? C’est grâce aux mix-tapes que je faisais pour The Source, j’en réalisais environ 25 par an, je prenais tout le marché! C’est comme cela 56


DJ: DANS LE SILLON DU SON Tu as un album en préparation? C’est l’objectif final, mais lorsque j’en serai là, les singles seront déjà vieux. Je me donne huit singles pour être reconnu à l’international, j’en ai déjà fait trois et deux autres sont en préparation avec des Américains et seront finis durant l’été. C’est aussi une façon de représenter la France, il ne faut pas nous sous-estimer.

fait la promotion ensemble, trois tournées, en Europe, au Maghreb… J’ai préféré cela plutôt que payer 50.000 euros à un artiste comme Young Thug pour rapper son couplet vite fait, et qui n’aurait même pas partagé le son sur les réseaux sociaux. J’ai préféré mettre l’argent dans le clip. Tu as sorti il y a peu un nouveau morceau? C’est mon 3ème single avec Tenny et Mr. Vegas. J’ai repris pour le refrain un riddim classique ragga des années 90, qui avait été popularisé par Mr. Vegas. Je l’ai contacté pour retravailler le son, il m’a envoyé les voix en 24 heures seulement! Walshy Fire, l’un des DJs de Major Lazer est un ami, et comme je faisais quelque chose qui sonnait un peu caribéen, nous avons finalisé ensemble et nous apparaissons tous les quatre dans le clip qui a été tourné en Martinique et à Miami. Nous avons dû annuler la Guyane à cause des événements liés au conflit social, et j’avais envie de montrer un quotidien différent, la mangrove, les bidonvilles de Fort-de-France, les crews de bikers… Les Américains n’avaient pas cette vision de la France, ils avaient plutôt l’habitude des clips de zouk en mode paysage de carte postale… Cela les a surpris.

Quel regard tes parents portent-ils sur ce que tu fais aujourd’hui? A la base, ils pensaient que cette passion me passerait très vite. C’est lorsque j’ai économisé pour acheter mes platines qu’ils ont réalisé que j’étais sérieux. Mon père partait souvent au travail avec les cellules des platines pour être sûr que je travaille les cours! Finalement, ils se sont rendus compte que mon entourage de rappeurs n’était pas composé de mauvaises personnes, ils m’ont fait confiance et j’ai continué les études jusqu’à 21 ans pour leur prouver que j’étais capable de devenir mon propre patron. J’avais réussi le concours de Sup de Co à Paris mais j’ai choisi de ne pas poursuivre. Ils sont très fiers aujourd’hui, j’ai pu subvenir à mes besoins et ils voient que je suis heureux. Ils sont très concernés et suivent mon actualité.

Avec Gucci Man - Paris / 2017

DJ BATTLE Facebook: DJ Battle

Instagram: DJ Battle 57


GRAND ANGLE

DJ RELATIF YANN LA DAME NOIR

L’inclination pour la fête a conduit Yann à devenir DJ et organiser ses propres soirées, dans un lieu dédié à la musique qu’il aime jouer. Il prolonge ce plaisir sur le label La dame Noir, vitrine musicale du club ouvert à Marseille en 2009.


DJ: DANS LE SILLON DU SON


GRAND ANGLE Présentation J’ai grandi entre Marseille et l’Isle-sur-la Sorgue, donc entre une grande ville et une toute petite où acheter des disques était de l’ordre du parcours du combattant. Je suis ensuite arrivé à Aix-en-provence en 1993 où j’ai rencontré une bande d’énervés qui écoutait la même musique que moi et avec qui nous passions nos soirées à boire en premier lieu et ensuite chercher des fêtes dans les appartements aixois. Très peu de blessés à l’arrivée parce que nous avons eu beaucoup de chance. C’est au même moment que les Spiral Tribe se sont installés à Aix et où nous avons découvert les Raves, la Techno et surtout une nouvelle forme de soirées.

La dame Noir dancing est un lieu où un DJ peut se lancer? Ou bien un lieu où l’on fait jouer des DJs déjà “en place”? C’est un lieu à la fois “easy” mais exigeant. Cela serait compliqué de programmer quelqu’un sans expérience, le dancefloor est parfois cruel… Un univers musical dans lequel tu te sens plus à l’aise? Depuis le début de La dame Noir en 2009, on s’est pris les pieds et les oreilles dans ce qu’on pourrait appeler un courant du disco assez lent, parfois sombre mais en même temps lunaire et envoutant...

“Tu ne joues pas la même chose sur un roof top à 20h et dans un club à 4h...”

D’ou vient ton nom de DJ? Parce que je buvais beaucoup d’Absolut ou parce qu‘étant un éternel angoissé, j’aimais bien la citation “Tout est relatif, voilà la seule chose absolue” d’Auguste Comte. Comment s’est faite ta rencontre avec le DJing? Avant d’apprendre à mixer, je faisais déjà sélecta avec mes colocataires dans des soirées “BIOMIX” qu’on organisait, où nous passions du Hip Hop, du Rock Hardcore, de la Pop avant de terminer avec de la Techno. J’ai ensuite acheté des platines vinyles et des disques pour apprendre à mixer en 1995.

Quand tu découvres un morceau, tu imagines tout de suite un mix? Tout dépend tu type de track. Maintenant, certains sont vraiment fait pour être mixés et/ou juste écoutés. Mais ceux qui sont produits pour être joués par des DJs, que nous recevons ou allons chercher, j’arrive souvent à les imaginer en situation. Parfois c’est un échec total, parfois je vois juste. Le rôle de DJ à muté avec le temps et de Disc Jockey qui faisait découvrir des nouveautés on est passé aux DJs d’aujourd’hui qui suivent souvent la playlist “généraliste”. Qu’en penses-tu? Il y a 20 ans, il n’y avait que quatre sortes de DJs: ceux qui passaient du Rock (dans le sens large du terme), ceux qui jouaient du Rap, les Disc jockeys résidants de nos chères “boites de nuit” et les premiers DJs House/Techno. Maintenant, il y a toute sortes de pratiques (comme dans le sexe!), aussi nombreuses que les situations le permettent.

Tu as ouvert il y a quelques années ton club à Marseille. C’était pour pallier à un manque dans le paysage local? Nous avons juste ouvert La dame Noir dancing parce que nous voulions avoir notre propre club et notre propre programmation. Pas du tout dans l’idée de “sauver Marseille” ou de faire ce que personne n’avait fait. Il y a toujours eu des gens pour se bouger et inventer, on ne prétendait pas donner de leçon ou être les premier à faire quoi que ce soit. 60


DJ: DANS LE SILLON DU SON As-tu déjà participé à un festival en tant que DJ? Considères-tu cela comme une sorte de “consécration” de jouer devant autant de monde? Depuis dix ans nous jouons dans beaucoup de festivals et c’est vraiment un chance. Nous avons joué devant d’énormes dancefloors parfois, mais la plupart du temps à taille humaine. Dans un festival, nous ne sommes pas les têtes d’affiche, donc le mot consécration n’est pas de mise.

Le DJ de salon pour ses potes, le bloggeur qui prend ses références sur d’autres blogs en faisant croire que c’est lui qui les a découverts, les nouveaux DJs “only vinyle” mais qui ont acheté des platines il y a trois mois et qui ne savent pas mixer, les DJs aux playlists prémâchées… Tu as créé un label, La dame Noir Records: quel est le public visé? On a crée un label, Phred Noir et moi-même sous l’impulsion d’un ami. Le public visé, c’était d’abord nous! C’est-à-dire se faire plaisir, produire des artistes et des tracks qui nous plaisent. Nous avions déjà le bar La dame Noir et le club, on s’est dit qu’un label était aussi une façon intelligente de promouvoir notre enseigne. Nous n’avons jamais pensé que le label serait une véritable “économie” .

Tu aimes aussi écrire, est-ce l’univers dans lequel tu travailles qui t’inspire? Oui, j’aime bien écrire des nouvelles en pêchant dans les situations délirantes et les personnages que j’ai rencontré depuis 20 ans. Je note toutes sortes de phrases entendues ou de situations vécues, donc l‘idée pour l’instant est de publier ces nouvelles dans la page «“Ca va mal se finir” que j’ai créée sur Facebook. Mais avec un ancien colocataire qui est devenu un grand scénariste de BD, Sylvain Runberg, nous avons quelques projets communs…

Tu organises des soirées sur des sites moins ordinaires (un bateau, des toits…) Les lieux déterminent-ils aussi la musique que tu vas jouer? Complètement. Tu ne joues pas la même chose sur un roof top à 20h et dans un club à 4 heures du matin. En fait, c’est assez naturel.

DJ RELATIF YANN Facebook: La Dame Noir

Soundcloud: soundcloud.com/la-dame-noir 61


A la loupe!

METIS’GWA propos recueillis par Ceebee

Cette association a été créée en 2007 avec pour ambition de faire se rencontrer des cultures et des publics très diversifiés. En Outre-mer et au-delà, créations artistiques et ateliers pédagogiques délivrent un message d’harmonie entre individus et sociétés. Dans votre dernier spectacle, Antipodes, vous mêlez danse et arts du cirque ainsi que plusieurs cultures au sein d’un même projet. C’est le fondement même de votre association qui s’appelle Metis’gwa. Quelles ont été les difficultés pour lui donner jour? De par son nom, Antipodes démontre la complexité du projet: faire se rencontrer plusieurs pratiques artistiques n’est pas chose aisée puisque chaque discipline doit, à la

fois, trouver sa place et évoluer avec d’autres dans un espace d’expression commun. Il en est de même pour les artistes interprètes de cette pièce qui se greffent au fil du projet car de par son concept, il s’agit d’abord d’une rencontre humaine, un temps collectif où la différence culturelle s’apprivoise. C’est par la découverte et la compréhension, que naît l’harmonie dans ce mélange des cultures. Le projet artistique de Métis’gwa vise à innover en promouvant le dialogue entre les danses 62


CULTURE (hip-hop, contemporaines et traditionnelles), fortement présentes sur nos territoires avec d’autres pratiques artistiques plus éloignées tels que les arts du cirque. Un cirque qui croise danses, rythmes, tradition, cultures et écritures d’aujourd’hui. Pour la réalisation de ce projet novateur, Métis’Gwa s’est allié au Plus Petit Cirque du Monde (Bagneux), reconnu pour son organisation atypique dans le paysage culturel français. La plus grande difficulté a été de concevoir un projet “hors normes”, qui séduise un public peu ou pas familier, et en même temps, d’insuffler une dynamique de création de qualité avec un équilibre entre les pratiques et le lien tradition/modernité. Le projet Antipodes évolue depuis près de cinq ans grâce à la performance et à l’esprit d’échange d’artistes, de metteurs en scène et de chorégraphes professionnels qui doivent s’adapter aux espaces et publics divers.

En proposant un spectacle d’une grande exigence artistique associé à des thématiques citoyennes, l’association souhaite contribuer à l’élaboration de rapports nouveaux entre la création artistique et la société. Les publics rencontrés jusqu’à présent sont sensibles à cette nouvelle forme artistique et ses messages; leur témoignage à l’issue du spectacle est toujours aussi empreint d’émotion et de vertige: enfants, parents, seniors... artistes ou non, tous repartent avec une nouvelle étincelle dans les yeux ou dans le coeur.

“Antipodes est surtout un message de la diversité possible dans la relation humaine...”

Votre mission comporte également un volet pédagogique, en proposant des ateliers auprès des scolaires, des personnes âgées… ce qui demande des compétences autres qu’artistiques. Comment apprend-on à approcher un public si divers? Métis’Gwa approche aussi la culture par la transmission auprès d’un large public: scolaire, en situation d’handicap, en zone prioritaire, en milieu carcéral ou âgé... Les ateliers artistiques sont menés par des intervenants formés aux méthodes pédagogiques empruntées au cirque social. Ces formations leur sont proposées par l’association et ses partenaires, sur le territoire ou en Europe. Il s’agit de s’approprier de véritable outils d’enseignement qui permettent d’approcher, de sensibiliser et de faire évoluer un public qui doit prendre ou reprendre conscience de ses capacités physiques et

Le public réagit aux prouesses techniques, mais derrière les performances, il y a aussi un message. Comment définiriezvous celui que vous véhiculez à travers ce spectacle? Antipodes est surtout un message, celui de la prise de conscience de soi et des autres, de la diversité possible dans la relation humaine et de l’espoir du “vivre ensemble” avec la reconnaissance de son identité et de sa culture. C’est aussi une volonté de favoriser les rencontres entre artistes et citoyens, d’inventer des espaces scéniques et éphémères. 63


A la loupe! comportementales. Le cirque social est une approche d’intervention sociale novatrice née dans les années 80 et qui utilise le cirque comme un outil d’inclusion. Métis’gwa est membre du réseau international CARAVAN qui regroupe 22 écoles et organisations de cirque et de jeunesse, venant d’Europe, du MoyenOrient, d’Asie et d’Amérique. Son objectif est de promouvoir les pratiques de cirque dans l’éducation des jeunes dans le monde entier et de favoriser leur développement, par des actions concrètes telles que les échanges de jeunes et la formation des formateurs.

la notoriété que cela procure sont autant d’arguments qui amènent l’artiste à aller vers les espaces culturels professionnels. Mais pour le public, franchir l’entrée de ces “sanctuaires” que sont pour certains les scènes nationales, les théâtres, les musées, n’est pas aisé pour tout le monde. Même la gratuité n’y suffit pas toujours. Métis’Gwa se veut acteur de la transformation sociale de son territoire, utilisant le cirque comme un moyen pour créer du lien social. Ses projets artistiques visent à expérimenter et tester de nouvelles formes d’écriture et de nouveaux rapports avec le public. Métis’Gwa va multiplier sa participation dans des séminaires, colloques etc, réalisés au sein de son réseau international ou à l’extérieur afin de réfléchir sur ces questions d’interaction avec son territoire et de s’enrichir des expériences et réflexions menées.

“Metis’Gwa se veut acteur de la transformation de son territoire, utilisant le cirque comme un moyen pour créer du lien social.”

Y a-t-il des rencontres qui vous ont laissé un souvenir particulier, ou qui vous ont conforté dans l’idée que vos actions sont “d’utilité publique”? La rencontre entre nos artistes danse et cirque et Bachar Mar-Khalifé, chanteur multi-instrumentiste franco-libanais. Une rencontre inédite. Imaginez un pianiste dans un chapiteau de 28 mètres de haut, au centre d’une piste de 13 mètres de diamètre, jouant une mélodie aux notes limpides et parfois aux cordes grattées ou tapées, accompagné par la mouvance de nos artistes d’Antipodes: danse et cirque, un final où tous évoluent avec des pas de Gwo Ka et en toile de fond un trampoliniste dansant dans les airs et marchant sur un mur à la verticale!!! Une salle débordante, un standing ovation et des rappels à répétition... Ce fut magique, envoutant et une rencontre culturelle avec en point d’orgue la connaissance et la reconnaissance de nos îles.

Métis’Gwa échange sur ces méthodes pédagogiques et les intègrent dans ses propres pratiques artistiques. Aujourd’hui, son équipe est constituée de six intervenants en danses contemporaine, traditionnelle, urbaine et en pratiques acrobatiques. Votre association a donc une vocation populaire, et alors que l’art et la danse viennent souvent de la rue, ils sont souvent jugés trop élitistes. Comment expliquez-vous ce paradoxe? La volonté de créer des oeuvres culturelles de qualité, la nécessité pour l’artiste de vivre de son métier, le besoin de se produire sur des espaces scéniques professionnels, 64


SOCIÉTÉ Quels seront les prochains événements où vous serez présents? Fin 2017, la compagnie, se prépare pour la Guyane, une diffusion d’Antipodes, Passeport Caraïbe Amazonie, pièce pour dix interprètes, suivie d’une tournée de forme plus légère dans les petites Antilles en Mars 2018. Il y aura la Jamaïque pour un temps de rencontre avec les équipes d’Edna Manley College. A la Réunion, un danseur Guadeloupéen participera à l’évènement Circonvergence, rencontre des arts du cirque et du mouvement acrobatique qui se déroule au Séchoir, scène conventionnée. En parallèle de la création artistique, Métis’gwa considérant les ateliers pédagogiques comme vecteur de médiation sociale, saisit l’occasion d’événements populaires et ainsi l’opportunité de faire connaître concrètement ses actions de proximité: un groupe de vingt jeunes issus

de zones prioritaires présentera un premier rendu de leur travail, au terme de quelques mois d’atelier Hip Hop animé par l’un de nos intervenants danseur et chorégraphe. Il est important de souligner que ces ateliers ont pu être mis en place grâce au partenariat du SEPSI de Baie-Mahault, du relais territorial de Carénage des Abymes et du Collège Front de Mer à Pointe à Pitre. De nouveaux défis que vous souhaiteriez relever? Aujourd’hui, il s’agit de s’appuyer sur un partenariat avec des structures professionnelles, pour monter des actions à l’échelle de la Caraïbe et l’Amazonie via un programme Interreg. Et localement, développer un projet de territoire, inspiré du volet création internationale, pour y mener un travail de laboratoire quotidien.

METIS’GWA

Facebook: METIS’GWA

Site Officiel: metisgwa.com 65


A la loupe!

KARAÏB RIDER’S PARK propos recueillis par Mr. Chung

Dans le lagon de Sainte-Anne, depuis maintenant un an s’est posée une structure gonflable immanquable. Isabelle et Pierre, anciens restaurateurs, sont les créateurs de ce “Sport Parc” et nous le présentent. Comment est née votre activité? Isabelle: Au départ, nous voulions acheter un restaurant en bord de mer mais en voyant le manque d’activité, nous avons trouvé dommage qu’une aussi belle île n’ait pas d’activité tout public, à un prix raisonnable, de manière à toucher toutes les classes sociales, pour un moment ludique et sportif.

Pierre: J’aime bien le Flyboard, et en recherchant des activités nautiques ou aquatiques nouvelles sur Internet, je suis tombé sur cette activité. On s’est tout de suite dit qu’il fallait faire ça. C’est accessible à tous? Isabelle: Ce n’est pas une aire de jeu, même si ça y ressemble, c’est un parcours sportif conçu 66


LOISIRS initialement pour des adultes qu’on a rendu ludique. C’est pour cette raison qu’il y a toujours un accès “restreint” pour les enfants, seulement à partir de 7 ans et s’il ils savent nager pour y aller seuls. Avec un adulte qui accompagne, c’est dès 6 ans et 1,10 mètre minimum. Parce que c’est vraiment physique, quand on a fait un tour complet, on a fait travailler absolument tous les muscles du corps. Pierre: Nous avons des petits jets skis électriques qui vont à 3 km par heure pour les enfants qui n’ont pas l’âge pour rentrer dans la structure, à partir de 3 ans.

enfants sont scolarisés à Sainte-Anne, c’est une commune de cœur. Pierre: Le lagon est l’endroit idéal pour le montage. Ce parcours peut-il aboutir sur des compétitions? Isabelle: C’est ce que nous avons prévu de faire cet été. Nous allons participer aux journées NRJPlage., le 30 Juillet et le 20 Aout 2017. Il y aura une compétition et toute une organisation NRJ autour. Pierre: On développe aussi le coté sportif et ludique avec les nocturnes à partir du 1er juillet, les vendredi et samedi soirs de 19H30 à 21H30. Ces soirées seront exclusivement réservées aux adultes, même si l’on redevient vite des enfants lorsque l’on entre dedans!

La structure existait déjà ou vous l’avez faite fabriquer pour vous? Pierre: C’est un produit allemand à la base, et nous avons créé le Sport Parc. Nous pouvons alterner tous les modules, en faire une arène sportive, une ligne droite, ou la rendre accessible à tous. Isabelle: Le plus important pour nous demeure la sécurité, donc nous l’avons aussi agencée en fonction de cela, car beaucoup de parents mentent sur l’âge de leurs enfants et ne se rendent pas compte qu’ils pourraient les mettre en danger. L’entrée est placée face à nous, ce qui nous permet d’être plus rigoureux sur les règles de sécurité. Pierre: Ce n’est évidemment pas une catastrophe si l’enfant ne sait pas nager, mais on demandera dans ce cas à un adulte de l’accompagner en plus du gilet de sauvetage obligatoire pour tout le monde. Il y a toujours deux maîtres nageurs au minimum sur le parcours. L’avantage de ces structures, c’est que les gens s’entraident beaucoup, il y a énormément de solidarité. Nous le savions, mais à ce point c’est un réel plaisir de le constater. Les gens se rapprochent et finissent par communiquer.

Êtes-vous ouverts toute l’année? Isabelle: De décembre à août et du mardi au dimanche pendant la période scolaire et tous les jours pendant les vacances et les jours fériés. En semaine nous fermons à 17h et le week-end à 18h. Vous travaillez également avec les écoles? Les Mairies, les écoles, les associations, les comités d’entreprise... Nous proposons alors des prix préférentiels. Les gens viennent de toute la Guadeloupe. Mais la base nautique de Sainte-Anne reçoit déjà une grande partie des écoles de l’île. Nous avons ouvert en juin 2016, il y a donc un an, et le bouche à oreille fait son chemin.

Pourquoi avoir choisi Sainte-Anne? Isabelle: Nous sommes saintannais. Nos

KARAÏB RIDER’S PARK Site: www.karaibriderspak.fr

Facebook: Karaîb Rider’s Park 67


A la loupe!

SYLVER TATTOO propos recueillis par Ceebee

Forte de 25 ans de pratique, Sylvie Lozzo s’est installée depuis peu sur la Marina de Saint-François où elle propose tatouages et piercings à un public de plus en plus hétérogène. Tu es la plus ancienne tatoueuse de Guadeloupe, depuis quand exerces-tu cette activité? Depuis 1992. Avant, je tatouais les copains, il y a toujours des “cobayes” que l’on tatoue gratuitement. Pendant trois années, je me suis fait la main, comme pour n’importe quel CAP ou BEP, il faut bien trois ans pour se former. Notamment pour apprendre à tatouer les peaux foncées, car personne ne pouvait me

renseigner. J’avais un ami de Côte-d’Ivoire, Honoré, qui a subi les sous-couches de blanc pour faire des dauphins bleus clairs, c’était horrible! Le tatouage était encore marginal à l’époque, comment ta profession a-t-elle évolué? Déjà, il n’y avait pas de revues de tatouage, pas d’Internet, l’information avait du mal 68


SOCIÉTÉ à circuler. On n’avait pas d’idée de ce que faisaient les autres, si ce n’est en allant dans les conventions. A l’époque, on ne tatouait qu’avec une ou trois aiguilles, c’était le balbutiement des peignes dont on se sert pour faire les ombrages. J’avais ma cocotteminute, qu’on avait aménagée pour stériliser le matériel, avant que le four “Poupinel” existe. Nous avons aussi été les premiers à utiliser des gants.

bon, je ne vais pas lui proposer quelque chose qui n’a rien à voir avec elle. On est deux à faire le tatouage. Lorsque quelqu’un ne sait pas ce qu’il veut vraiment, je vais lui dire ce qui est en vogue, et chercher ce qu’il n’aime pas. Après, il fait une recherche personnelle et c’est comme cela que le projet se peaufine.

“ Certains tatouages sont beaux sur le papier, mais il faut que cela convienne à l’anatomie.” Quelles sont tes spécialités? Je maîtrise bien les couleurs. Les microtatouages, tout ce qui se fait aux doigts, aux mains… Je fais en plus le maquillage permanent et le tatouage réparateur. Je travaille avec deux chirurgiens esthétiques et je couvre les cicatrices, ou je crée une auréole mammaire après un cancer du sein. Par la force des choses, je me suis aussi spécialisée dans les recouvrements, car les autres tatoueurs ne savent pas toujours comment s’y prendre. J’aime aussi jouer avec les formes du corps, par exemple quand je fais un tribal, je veux que le tatouage embellisse le corps. Certains tatouages sont très beaux sur le papier, mais il faut que cela convienne à l’anatomie.

Des goûts plus prononcés ici pour certains motifs? Pour les touristes, ce sont les hibiscus, les fleurs tropicales, les oiseaux, beaucoup de cartes de la Guadeloupe et tout ce qui est en rapport, la canne à sucre, les tambours, les fruits, des sabres… Ici, il y a aussi beaucoup de motifs religieux que ce soit hindous ou catholiques. Les femmes antillaises sont très tatouées, elles n’hésitent pas à faire de grosses pièces, leur corps leur appartient. Cela commence à venir aussi chez les métropolitaines. Les jeunes hommes font beaucoup de lettrages ou de dessins à caractère “latino”, comme en Californie du Sud. Une échelle de prix pour un tatouage? Cela commence à 60 euros. Il faut compter entre 60 à 100 euros pour un petit tatouage. Pour une pièce moyenne et assez bien visible, c’est aux alentours de 200 euros.

Les conseils que tu donnes à tes clients? J’essaie toujours de comprendre ce que la personne veut et pourquoi elle veut cela. Même si le choix ne me paraît pas toujours

SYLVER TATTOO Facebook: Sylver Tattoo

Contact: 0590 850 237 69


SÉRIES

THE HANDMAID’S TALE Créé par: Bruce Miller (2017) Avec: O. T. Fagbenle, Joseph Fiennes, Max Minghella Genre: Drame, Science fiction

Dans une société au très faible taux de natalité, une dictature s’installe. Au sein de la nouvelle organisation sociale, les femmes ont perdu toute liberté, au nom de la survie de l’espèce humaine. Parmi elles, les Servantes sont assignées à la reproduction et envoyées auprès de couples proches du pouvoir, pour leur permettre d’avoir un enfant. Une fiction qui dépeint un avenir très sombre de la condition humaine. Note: ••••••

INSECURE- SAISON II Créé par: Larry Wilmore, Issa Rae (2016) Avec: Issa Rae, Jay Ellis, Natasha Rothwell, Amanda Seales Genre: Comédie

Issa Rae est à la fois la créatrice et l’héroïne de cette série diffusée sur HBO. Elle incarne une trentenaire à la vie ordinaire, cherchant l’amour et voulant s’épanouir professionnellement. Loin des stéréotypes souvent véhiculés à l’écran sur les femmes afroaméricaines, Issa est un personnage authentique. A travers son quotidien, la série aborde des sujets plus sensibles comme l’homophobie, l’infidélité, et bien sûr les relations amoureuses de notre époque. Note: •••••• 70


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TWIN PEAKS- SAISON III Créé par: David Lynch, Mark Frost (1990) Avec: Kyle MacLachlan, Naomi Watts, Tom Sizemore Genre: Fantastique, Policier

David Lynch propose une suite à cette série culte dans laquelle on retrouvera les principaux acteurs des deux premières saisons mais aussi un nouveau casting. L’agent Dale Cooper reste le héros sibyllin autour duquel est bâtie l’intrigue. Le réalisateur nous entraîne une fois de plus dans son univers onirique et parfois dérangeant. Une série pour les fans et spectateurs avertis. Note: ••••••

The Defenders Créé par: Douglas Petrie, Marco Ramirez (2017) Avec: Charlie Cox, Krysten Ritter, Mike Colter Genre: Fantastique, Action

Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage et Iron Fist s’allient et forment une équipe de choc contre le crime à New York.The Defenders ravira le public des héros Marvel, tous découverts dans leur série respective. A noter la présence de Sigourney Weaver qui interprétera l’un des dangereux adversaires des superhéros. Huit épisodes à suivre sur Netflix à partir du mois d’août. Note: ••••••

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CINÉMA

La Planète des Singes: Suprématie Réalisateur: Matt Reeves Avec: Andy Serkis, Woody Harrelson, Judy Greer Genre: Science fiction, Action, Aventure Date de sortie: 2 août 2017

Dans ce troisième volet de la saga (née sous la plume de l’écrivain français Pierre Boulle en 1963), les singes et les humains se livrent à une guerre sans merci, à l’issue de laquelle une seule des deux espèces survivra et dominera la planète. On y retrouve César, le singe qui a développé une intelligence accrue et a dirigé la révolte dans La Planète des singes:Les Origines (2011) et La Planète des singes: L’Affrontement (2014). Note:••••••

LA TOUR SOMBRE Réalisateur:Nikolaj Arcel Avec: Idris Elba, Matthew McConaughey, Tom Taylor Genre: Fantastique, Western, Science fiction Date de sortie: 16 août 2017

Roland, dernier pistolero d’une contrée imaginaire dont l’aspect rappelle l’Ouest américain, part à la recherche de la Tour Sombre, sorte de pilier qu’il espère capable de sauver son monde qui se meurt. Adaptation de la saga romanesque de Stephen King, dont le tournage a été plusieurs fois repoussé depuis 2010, le film mêle les univers modernes et fantastiques à celui du Far West et promet de nous étonner. Note : •••••• 72


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NOS PATRIOTES Réalisateur: Gabriel Le Bomin Avec: Marc Zinga, Louane Emera, Alexandra Lamy Genre: Historique Date de sortie: 14 juin 2017

Après la défaite française de l’été 1940, Addi Ba, un jeune tirailleur sénégalais s’évade et se cache dans les Vosges. Repéré par ceux qui cherchent à agir contre l’occupant et qui ne se nomment pas encore “résistants”, il participe à la fondation du premier maquis de la région. Note : ••••••

OVERDRIVE Réalisateur: Antonio Negret Avec: Scott Eastwood, Freddie Thorp, Ana de Armas Genre: Action, Thriller Date de sortie: 16 août 2017

Les frères Andrew et Garrett Foster ont pour spécialité de voler les voitures les plus chères au monde. A Marseille, ils parviennent à dérober une sublime BUGATTI 1937, joyau de l’exceptionnelle collection de Jacomo Morier, parrain de la Mafia locale. Note: ••••••

VALÉRIAN ET LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES / LA VIE DE CHÂTEAU

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Jeux vidéo

TEKKEN 7 Editeur: Bandai Namco Catégorie: Combat Date de sortie: 02 Juin 2017

CONSEILLÉ PAR:

Deux combattants s’affrontent dans un environnement 3D destructible (limité à certains murs et sols). Comme dans chaque Tekken, ce septième épisode compte de nouveaux personnages ainsi que d’anciens issus des précédents jeux. Il propose plusieurs nouveaux coups spéciaux et sera enrichi prochainement par des packs (costumes, personnages supplémentaires...) Disponible sur PC, PS4, XONE. Note: ••••••

MINECRAFT: STORY MODE Editeur: Telltale Games Catégorie: Aventure Date de sortie: 21 juillet 2017

Le joueur incarne un groupe composé de Jesse (le personnage principal), d’une guerrière (Petra), d’une ingénieur (Olivia), d’un roublard (Axel), d’un architecte (Lukas) et d’un cochon (Reuben, l’animal de compagnie) qui doit relever un nouveau défi à chaque épisode (8 au total). Disponible sur toutes les plateformes. Note: ••••••

FARPOINT / GET EVEN / DIRT 4 / VALKYRIA 74


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