LOUPE#13 - Novembre / Décembre 2016

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NOV. 2016 #13

FOCUS SOCIÉTÉ: JULIETTE SMERALDA

SPORTS URBAINS LA RUE EST VERS L’OR VALENTIN DUBOIS - MAEVA LANIER PHILIPPE SCOFIELD - MATTHIAS DANDOIS JULIEN CUDOT - JD - Guillaume Legoff MAYOLÈ - CROSSFIT - DOTSOLEY




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DIRECTeUR DE PUBLICATION David Dancre david.dancre@loupe-magazine.fr ReDACTEUR EN CHEF David Dancre JOURNALISTES 3D-4.0, Mr. Chung, Ceebee SECRETAIRE DE ReDACTION Cécile Borghino cecile.borghino@loupe-magazine.fr PHOTOGRAPHES Baechli Doraine, Mickaël Dessales, Mélinda Bodor, Christian Retaggi (Maéva Lanier), Vivien Laveau (Guillaume Legoff) MAQUETTISTES David Dancre, Charles Eloidin WEBMASTER Juba Lamari SITE INTERNET www.loupe-magazine.fr impression Numérique REGIE PUBLICITAIRE LOUPE REGIE 05.90.555.415 Magazine gratuit - Numéro #13 Novembre - Décembre 2016 © LOUPE est édité par David Dancre 97 118 Saint-François N° SIREN : 805 060 878 Toute reproduction, adaptation totale ou partielle est interdite.

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OUVERT DU LUNDI AU SAMEDI DE 9H/12H30 - 15H/19H DIMANCHE 9H/12H

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EDITO 05 Flibustiers BRUITS DE COULOIR 13 Origines 14 Actualités Panoramique 12 Sainte-Lucie focus 18 Juliette Sméralda: Cheveux en bataille

GRAND ANGLE 29 Sports urbains: La rue est vers l’or à la loupe! 80 Culture: Mayolè 84 Loisirs: Crossfit 86 Société: Dotsoley Chroniques 90 Séries 92 Cinéma 94 Jeux Vidéos

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Edito par David Dancre

FLIBUSTIERS La véritable indépendance serait de n’avoir aucune attache afin de s’adonner à ses passions. De n’appartenir à nulle nation, de ne suivre aucun mouvement, de n’obéir à aucune règle, si ce n’est les siennes. Dans les représentations collectives, les pirates ne seraient que des brigands des mers à la poursuite de trésors, alors que beaucoup d’entre eux ont tenté de fonder une société plus égalitaire, une forme de démocratie qui leur correspondait davantage que la société aristocratique dans laquelle ils vivaient. C’est pourquoi chaque communauté doit se créer et se développer par elle-même, pour répondre au mieux aux besoins de ses membres. LOUPE jette l’encre pour mettre tous ces phalanstères en lumière. 11


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BRUITS DE COULOIRS

ORIGINES par Ceebee La génétique ne fournit aucun argument aux thèses racistes et révèle que nous faisons tous partie de la même espèce. Cette science en pleine expansion met à mal nombre de postulats hérités du XIXème siècle et sur lesquels trop de préjugés se sont construits. identification, d’autant qu’à chaque génération, le nombre d’ancêtres est multiplié au carré. Rien d’étonnant par conséquent que la famille d’Adolf Hitler porte des gènes caractéristiques des populations berbères ou juives. Ni que des personnes ayant participé à l’expérience proposée par le site de voyage Momondo (The DNA Journey) aient découvert qu’elles comptaient parmi leurs ancêtres des individus issus de groupes qu’elles détestaient. Si vouloir connaître ses origines est une démarche légitime, mieux vaut accepter notre unité car c’est ensemble qu’il faudra surmonter les défis de l’avenir.

Chacun des 7 milliards d’êtres humains vivant aujourd’hui sur Terre est issu de groupes d’Homo Sapiens sortis d’Afrique. Nous aurions en commun 99,9% de notre patrimoine génétique. Les “races” n’existent pas, et l’étude du génome humain a révélé que les différenciations s’observent au-delà des apparences (couleur de peau, chevelure...) et peuvent être bien plus importantes à l’intérieur d’un même groupe qu’entre des groupes supposés différents. Des entreprises proposent aujourd’hui des tests ADN pour déterminer ses origines géographiques. Mais l’important brassage qui a eu lieu durant des siècles rend difficile cette

LA GENETIQUE ET LA QUESTION DES RACES Bertrand Jordan: L’humanité au pluriel. La génétique et la question des races, Seuil, 2008 The DNA Journey: www.youtube.com/watch?v=GgK_DCbRxLM 13


BRUITS DE COULOIRS

HIP HOP

HISTOIRE Spécialiste du rap et des musiques afroaméricaines,Thomas Blondeau retrace l’histoire de la culture Hip Hop dans un très beau livre. De New York à Paris, à travers les artistes, rappeurs, danseurs ou graffeurs qui l’ont porté, ce mouvement est analysé avec ses codes esthétiques, politiques et sociaux. Une lecture qui offre également le plaisir en images avec des photographies qui laissent une large place à tous les styles et toutes les époques, de Dee Nasty à Orelsan ou PNL. Un livre dont la vocation n’est pas d’entretenir la nostalgie d’un prétendu âge d’or, mais plutôt de souligner l’évolution d’un courant qui reste porteur de sens et d’une grande liberté.

HIP HOP - UNE HISTOIRE FRANÇAISE Thomas Blondeau Tana Editions - 2016

SAGESSE

Idriss ABERKANE Découvert grâce aux réseaux sociaux, Idriss Aberkane, spécialiste en neurosciences, est l’auteur d’un traité de “neurosagesse” (Libérez votre cerveau!) dans lequel il explique comment les“génies” qui pensent plus vite, se concentrent plus longtemps ou bien développent une mémoire phénoménale utilisent différemment leur cerveau. A l’aide d’exemples très imagés et dans un souci de vulgarisation scientifique, il a rédigé cet ouvrage pour repenser le fonctionnement de notre société et de notre système éducatif. Dans une démarche délibérément humaniste, l’auteur nous alerte aussi sur les risques de laisser d’autres mieux connaître que nous notre cerveau.

LA NEUROSAGESSE Libérez votre cerveau! Idriss Aberkane, Robert Laffont www.youtube.com/watch?v=9UnxNLpNIG4 14


ActualitÉS

JEU CONCOURS et

CE QUE JEU VEUT

THÉÂTRE

Le nouveau spectacle mis en scène par Isabelle Kancel, Les chaussures de Madame Gilles, est une comédie autour de trois acteurs qui relèvent le défi d’expérimenter les mille et une manières de jouer une scène. Du 4 novembre au 3 décembre, la compagnie se produira sur plusieurs scènes.

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BRUITS DE COULOIRS

COLORS

FOXY MYLLER Originaire de Port Louis en Guadeloupe, MC Foxe rebaptisé Foxy Myller en hommage à son ami décédé en 2008, se définit comme un artiste urbano-caribéen, afin d’affirmer ses origines, ses influences et surtout sa personnalité. Après plusieurs clips et deux mixtapes intitulées ¾ jou Mixtape vol.1 et vol.2, Foxy Miller s’est fait remarquer avec le titre Inhaler, dont le clip réalisé par Lionel Allen (G-Islands Filmz) a connu un premier succès sur la toile. Désormais signé chez Chabine Prod (Kalash), il nous présente Colors, son premier album studio, disponible le 4 décembre en version numérique sur toutes les platerformes de musique en ligne et le lendemain en version physique. Pour le prochain single Séparasyon, extrait de l’album, une invitée surprise fera une apparition très remarquée dans le clip.

FOXY MYLLER

Facebook: Foxy Myller Officiel Instagram: fxmlr_official Twitter: FoxyMyller

COLORS Chabine Prod 16


LE GANG DES ANTILLAIS

BANDE ORIGINALE Pour accompagner la sortie de son film Le Gang Des Antillais, Jean-Claude Barny a réuni des artistes pour composer des titres originaux s’inspirant du film. Un exercice original, mais pas inédit, à l’instar de La Haine qui représente aujourd’hui un classique, tant sur le plan cinématographique que musical. L’invité “surprise” est Talib Kweli, référence du Rap outre-Atlantique, engagé et surtout lyriciste hors pair en featuring avec Ben L’Oncle Soul sur le titre Je dois partir. On retrouve également Lino en featuring avec Yseult sur Meilleur Homme et bien sûr des artistes caribéens comme Gato Da Bato, Keros-N, Saïk, Bridjathing et bien d’autres. Tous les titres sont produits par James BKS et seront disponibles à partir du 30 novembre 2016 dans les bacs et sur toutes les plateformes numériques. On souhaite le même accueil à cette bande-originale que pour le film.

LE GANG DES ANTILLAIS Bande Originale Facebook: Le Gang des Antillais

PLAYLIST#1.3

ActualitÉS

DJ Poska nous présente en direct de New York un mix de ses dernières séléctions et vous propose la “PLAYLIST LOUPE” en exclusivité. Retrouvez DJ Poska et DJ Akil tous les samedis sur Bushwick Radio App à 18h (00h en France)

DISPONIBLE SUR www.loupe-magazine.fr 1 - DKR Booba 2 - PUTAIN d’ÉPOQUE Dosseh featuring Nekfeu 3 - Ochan Kalash 4 - GARDEN Emeli Sandé featuring Jay Electronica & Äiné Zion 5 - Wait a minute Phresher PH featuring 50 Cent 6 - BAG FOR IT Tru Life featuring Rick Ross & Velous 7 - CAn’T let the summer pass Partynexdoor 8 - USED TO THIS Future featuring Drake 9 - IT IS WRITTEN Dave East 10 - Holy Key Dj Khaled feat. Kendrick Lamar, Big Sean & Betty Wright

DJ POSKA Facebook: DJ Poska Facebook: Live From La Grosse Pomme

LOUPE MAGAZINE


panoramique

SAINTE-LUCIE Sainte-Lucie est une île de caractère, encore sauvage et authentique. Ses atouts naturels et son esprit festif en font une destination de choix dans les Caraïbes.

SOUFRIÈRE Nature, Paysage Note : •••••• Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce secteur regorge de trésor naturels: les Pitons jumeaux, deux cônes volcaniques qui sortent de la mer, et dont le sommet offre une vue incomparable; des fonds marins d’une grande richesse; le cratère du volcan et les bains de Sulfur Springs, qui possèdent des vertus thérapeutiques.

RODNEY BAY Shopping, vie nocturne Note : •••••• Rodney Bay Village, avec ses commerces et sa marina est le site le plus touristique de l’île. Le village de Gros Islet a conservé son identité traditionnelle de village de pêcheurs, avec ses rangées de maisons en bois. Le vendredi soir, la station s’anime à l’occasion des “friday nigths”. 18


SAINTE-LUCIE

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CONSEILLÉ PAR:

FACEBOOK: CARIb HOLIDAYS

RESORTS Détente, divertissements Note : •••••• Pour les amateurs des formules “All inclusive”, Sainte-Lucie dispose de nombreux hébergements touristiques et de quelques hôtels de luxe uniques dans la Caraïbe. De nombreuses activités peuvent se pratiquer sur place: équitation, kitesurf, paddle, parc aquatique, spa, fitness etc.

PIGEON ISLAND Patrimoine, Culture Note : •••••• Autrefois terrain d’affrontement des Britanniques et des Français, le site de Pigeon Island abrite des vestiges historiques de cette période ainsi qu’un musée. C’est également le lieu des principaux spectacles du Festival de jazz de Sainte-Lucie qui se déroule chaque année au mois de mai. 19


FOCUS

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SOCIÉTÉ

Juliette smEralda CHEVEUX EN BATAILLE par CeeBee

Avec son ouvrage Peau noire, cheveu crépu, la sociologue est devenue l’un des fers de lance du mouvement “nappy” qui bouleverse les codes esthétiques hérités de l’esclavage, encore trop souvent véhiculés par les dominants. C’est en tant que sociologue que vous vous êtes intéressée aux populations aux cheveux crépus (Peau noire, cheveu crépu. L’histoire d’une aliénation, 2005). Comment arrive-t-on à saisir leur histoire ? J’ai travaillé sur une problématique qui concernait les populations caribéennes, car je trouvais qu’il y avait très peu de travaux sur elles, et surtout sur les thèmes qui touchent à leur quotidien, qui ne traitent pas principalement de l’esclavage en tant que système économique d’exploitation structuré par la plantation. Mon postulat de départ a été formulé sous la forme de la question suivante: pourquoi les Noires se défrisent-elles les cheveux? Après enquête, je découvrirai que les Maghrébines sont également de grandes adeptes de cette pratique (consacrée par l’existence de salons spécialisés dans le défrisage du cheveu de type méditerranéen), mais les produits utilisés ne sont pas aussi agressifs que ceux utilisés sur les cheveux crépus des Noires. Quand j’ai commencé mes recherches, qui n’étaient pas destinées à décrocher un titre universitaire, je n’étais animée que du désir de comprendre (au sens sociologique que donne Max Weber

de la “sociologie compréhensive”). Il s’agissait avant tout de m’expliquer ce phénomène essentiellement collectif, même si celles qui le pratiquent considèrent qu’elles posent un acte volontaire émanant d’un choix personnel. Nous croyons en effet être les seuls maîtres de nos actes, alors que ceux-ci sont le plus souvent induits par les contraintes sociales (ajustement aux codes dominants) qui les déterminent de manière souterraine, si bien que nos motivations sont souvent plus inconscientes que conscientes. Une manière d’exister dans les sociétés hiérarchisées consiste en effet à s’approprier les codes dominants, et à les pratiquer, tout en se persuadant que l’on en est les initiateurs. Dans les sociétés du Nouveau Monde, structurées essentiellement par le groupe des Européens positionnés en tant que groupe dominant et par les Africains, positionnés en tant que groupe dominé, les critères de l’esthétique corporelle et de la présentation de soi vont être drastiquement remaniés par les dominants qui disposent alors d’un droit de vie et de mort sur leurs esclavagés. Mon ouvrage Peau noire cheveu crépu traite amplement du mode de domination 21


FOCUS inédit qui prend naissance dans l’esclavage transatlantique (alimenté par une population considérée comme “racialement” absolument éloignée du Blanc), qui s’est institué en modèle disposant de la liberté totale d’imposer aux Noirs, en position de dominés, les canons de toute nature qui faisaient de lui la référence absolue en toute chose. Mon travail de recherche visait ainsi à dévoiler les soubassements historiques, idéologiques et culturels de ce phénomène collectif qu’est devenu le défrisage. Partout dans

Morrow: Cosmetology-The art and science of curly hair et 400 ans sans le peigne (400 Years Without a Comb), dans lequel étaient posées les problématiques de l’esthétique dénaturée en rapport avec l’esclavage transatlantique: le déni, le rejet de soi-même, les énormes tribulations endurées par les nouveaux libres à la sortie de l’esclavage; les barrières de toute nature qui freinaient leur intégration sociale et qui les a amenés à considérer très tôt que leur propre

“Dans toutes les régions du monde où Blancs et Noirs se sont trouvés en contact s’est structurée une représentation dépréciative du cheveu crépu.” le monde où il existe des populations porteuses de cheveux crépus, les termes utilisés pour les décrire sont tous stigmatiques: “pelo malo” dans les pays hispanophones; “mauvais cheveu” dans les pays francophones; “bad hair” dans les pays anglophones. Dans toutes les régions du monde où Blancs et Noirs se sont trouvés en contact s’est structurée une représentation générale dépréciative du cheveu crépu. J’ai eu énormément de difficultés à trouver des sources bibliographiques pour étudier le phénomène du défrisage. J’ai été aidée par deux sources que m’a révélé Mme Marie-Céline Jean-Baptiste Linard, présidente du syndicat des coiffeurs de la Martinique, qui revenait d’Atlanta, et en avait rapporté deux ouvrages de Willie L.

corps était le principal obstacle à leur intégration sociale dans le monde des Blancs. La solution trouvée -qui a concerné les hommes noirs un certain temps - était d’en finir avec le cheveu crépu par un moyen radical: la crème défrisante, qui maintient le cheveu défrisé à vie, une pratique assortie de la contrainte d’un défrisage régulier des racines qui poussent inexorablement. Pendant l’esclavage déjà, les femmes n’avaient d’autre recours que se cacher les cheveux sous un chiffon, parce que le temps qu’il leur fallait pour entretenir leur hygiène capillaire leur était refusé. La 22


SOCIÉTÉ démarche de réappropriation de soi par des codes esthétiques issus de son intragroupe a fait l’objet d’un second ouvrage que j’ai intitulé Du cheveu défrisé au cheveu crépu (Publibook, 2012). Dans la perspective de rompre la chaine de transmission des souffrances causées par cette situation, depuis la mise en esclavage des Noirs, j’ai également écrit un ouvrage destiné aux adolescentes, La poupée d’Isis, dont l’objectif pédagogique est de leur révéler la beauté qu’elles incarnent et qui n’est pas celle des autres, afin qu’elles abandonnent la posture envieuse qu’adoptent tous ceux que l’on a persuadé qu’il leur manquait quelque chose pour être admis et respectés par la société. Cet ouvrage était pour moi la meilleure façon de dire aux petites filles que la première étape de leur éducation consiste à s’aimer et de se prendre en charge; d’apprendre à composer avec ce qu’elles ont et ce qu’elles sont. Les jeunes à qui s’adresse le livre l’apprécient beaucoup. Tel que le mouvement s’est structuré en France et dans les pays francophones –avec ses retombées modernes dans les pays anglosaxons– je puis affirmer sans forfaiture que mon ouvrage Peau noire cheveu crépu est à l’origine du mouvement “nappy”. J’y associe fortement Boucles d’Ebène (dont Aline Tacite, la directrice qui menait déjà à petite échelle, depuis un an ou deux, un travail de valorisation du cheveu crépu). C’est une personne dont on parle peu, mais qui reste pionnière dans son initiative d’organiser des salons autour de la “Beauté noire”. Je l’ai découverte par un hasard extraordinaire, lorsqu’elle a pris connaissance de mon ouvrage et qu’elle m’a fait part de son désir d’une collaboration, notamment sous la forme de conférences, dont l’objectif était de vulgariser les connaissances compilées dans mon ouvrage. Nous avons maintenu cette collaboration jusqu’à mon départ de France. Les salons drainaient des milliers de personnes, ce qui était absolument inédit dans le monde “afro “de France.

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FOCUS Lors de la rentrée des classes en Afrique du Sud, des jeunes filles d’un lycée de Pretoria ont dû manifester, car l’établissement ne voulait pas les accepter si leurs cheveux n’étaient pas lissés. Cette pression à laquelle sont encore soumis les cheveux frisés s’exerce-t-elle plus fortement sur les femmes? Il faut faire une différence entre le cheveu frisé et le cheveu crépu. Nos sociétés tolèrent un certain degré de frisure, c’est pour cela que le cheveu “métis” est recherché par nombre de femmes qui

Miss Ebène ou Amina, par exemple, affichent en couverture des femmes généralement très claires de peau, au point de faire douter de leurs origines

“Que l’on se souvienne du combat mené par le steward ivoirien de la société Air France qui a perdu son poste parce qu’il tenait à ses locks..” afro. Concernant les difficultés face auxquelles continuent à se trouver les “Afros” dans les sociétés où dominent les valeurs occidentales – et donc les canons de leur esthétique – des cas d’espèce se rencontrent tous les jours: dans les écoles, dans les administrations, dans l’espace public, où de fortes pressions (ouvertes ou sournoises) sont exercées sur les porteurs de cheveux crépus, là où s’imposent les canons occidentalisés, le milieu familial étant souvent le lieu où ces pressions s’initient le plus précocément. Les pressions de ce type s’exercent bien entendu plus fortement sur les femmes, qui sont davantage assujetties à des modèles de coiffure et à l’usage d’accessoires de coiffure (perruques, rallonges, rajouts…), destinés à les “aider” à s’appliquer le modèle occidental du cheveu lisse et long (phénomène dont la dimension économique est trop souvent évacuée des analyses qui en sont proposées). Cependant, les cas n’ont pas été rares de jeunes hommes qui se sont vus interdire l’accès de l’école ou de leur entreprise, parce qu’ils portaient des tresses. Que l’on se souvienne du combat mené par le steward ivoirien de la société Air France qui a perdu son poste parce qu’il tenait à ses locks.

ne sont pas nécessairement adeptes du lissage aplatissant, mais surtout parce que la publicité fait grand usage du modèle métis, les traits dits négroïdes et les cheveux crépus ayant beaucoup plus de mal à se frayer un chemin dans cet univers. Au point que de nos jours, c’est le “type mulâtre”qui médiatise la figure du Noir dans la plupart des médias. Les revues proposées aux femmes noires, 24


SOCIÉTÉ Les cosmétiques qui se veulent spécialisés dans le cheveu “afro” sont bien souvent commercialisés par de grandes firmes occidentales. Ces produits ne se distinguent pas forcément, quand on lit en détail leur composition, des autres produits capillaires. Comment déconstruire ce mythe? Depuis le 19ème siècle, c’est en Occident que se produisent la plupart des cosmétiques qui sont vendus aux Afros. Ce n’est pas par hasard si l’industrie de la cosmétologie demeure l’une des plus florissantes en Amérique et en Europe, du fait qu’elle passe à travers les mailles de toutes les grandes crises qui affectent durement les autres secteurs de l’économie capitaliste. Avec l’émergence de la mouvance qui valorise le cheveu crépu, des initiatives ont vu le jour, qui sont le

fait d’individus ou de petites entreprises spécialisées dans la production cosmétique. Ils ont mis au point des gammes de produits labellisés naturels ou bio, adaptés à la texture crépue, à son hydratation, pour parvenir à un coiffage sans douleur – l’une des justifications de la pratique du défrisage étant que le cheveu crépu est difficile à coiffer. Les grandes firmes qui avaient le monopole du marché très lucratif de la cosmétologie – et pour qui les consommateurs Afros étaient un marché captif - ont assisté à une chute notable de leur chiffre d’affaire, causée par l’émergence de ces produits concurrents, responsables de la réduction de leurs parts de marché. Depuis l’avènement du mouvement “nappy”, en effet, l’offre en produits cosmétiques destinés aux Afros s’est multipliée, et il existe aujourd’hui des lignes de cosmétiques qui ne sont pas

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FOCUS commercialisées par ces grandes firmes, et qui se maintiennent, malgré une “politique” commerciale de plus en plus agressive de ces grandes firmes. C’est le résultat d’une plus grande conscience des dégâts que cause chez les consommateurs l’usage régulier de produits excessivement dangereux par leur composition. Les structures qui se chargent d’alerter les femmes sur la dangerosité des cosmétiques chimiques, la diversification

capillaires adaptés à ce type de cheveux. Cette démarche commerciale agressive pénalise bien sûr les petites sociétés, qui ont du mal à soutenir le jeu de la concurrence

“Toutes les grandes marques de cosmétiques ont aujourd’hui leur gamme de produits “afro”, mais les composants n’ont pas changé.” dans de telles conditions. Toutes les grandes marques de cosmétiques ont aujourd’hui leur gamme de produits “afro”, mais les composants qui entrent dans leur fabrication n’ont pas changé. L’on continuera à vendre des produits alcalins aux publics à cheveux crépus tant que ces publics ne s’intéresseront pas à leur composition et qu’ils ne seront pas touchés par les problématiques écologiques qui alertent sur les méfaits de l’usage de cosmétiques industriels aux effets délétères pour l’organisme.

des sources d’information, la flambée des cancers, l’exposition de ces consommateurs à des pathologies qui résultent de l’usage des cosmétiques industriels, l’élévation du niveau des consciences, etc.. expliquent qu’à l’ère du “bio”, un segment de la population des consommateurs se détournent des cosmétiques industriels du marché commercialisés par les grandes firmes, qui vont jusqu’à prendre des prête-noms pour tromper le client et maintenir ainsi leur zone de profits, comme on l’observe dans de nombreux pays africains, où ces firmes proposent des cosmétiques à des prix défiant toute concurrence, profitant ainsi du plus faible pouvoir d’achat des publics convoités – en instrumentalisant dans cette entreprise d’ailleurs des “Afros”, présentés comme de grands connaisseurs du cheveu crépu, et qui seraient donc les mieux placés pour proposer les shampoings et autres produits

Avec aujourd’hui des programmes télévisés dont les afro-américains sont les vedettes, la construction des identités n’est-elle pas en bouleversement? Cette autre façon de prendre soin de son corps dont vous parlez ne signifie-t-elle pas que nous acceptons mieux nos différences? Lorsque le système donne le sentiment qu’il lâche du lest, c’est qu’il a compris que pour continuer à dominer il faut qu’il en lâche justement. Mais les standards restent 26


SOCIÉTÉ les mêmes: partout où la société se met en représentation, les codes n’ont pas changé. Seuls les points d’appuis ont été déplacés. Il y a bien quelques femmes qui peuvent porter des locks, mais celles-ci se sont “embourgeoisées”, domestiquées de sorte qu’elles soient acceptées dans des espaces où le cheveu crépu n’est pas forcément le bienvenu. Je ne sais pas si le fait de mettre deux ou trois métis de plus dans un film apporte quoi que ce soit à la représentation de la diversité humaine des sociétés modernes, qui plus est dans des rôles tellement manipulés qu’ils en apparaissent foncièrement inconsistants, frisant la caricature le plus souvent. On observe que tous les films qui mettent en scène des Noirs médiatisant leur propre vision du monde – parlant de soi et pour soi, en tant que

groupe humain spécifique, sont soumis à des contrôles drastiques en Occident, et finissent par être interdits de diffusion ou vus par un très petit segment des publics potentiels (voir le dernier procès gagné par Spike Lee, dont l’un des films avait été interdit par TF1). Rien dans les sociétés occidentales modernes ne permet aux Afros d’exister en tant que groupe autonome, qui médiatise par les siens sa propre vision du monde, prisonniers qu’ils sont des préjugés raciaux qui font d’eux un groupe sans culture, qui n’aurait pour destin que d’être la toile vierge sur laquelle l’Occident imprime sa vision dominante, déformante et réductrice. Toutes ces manipulations sont bien sûr d’actualité, parce que les populations concernées pâtissent d’un déficit énorme de connaissances anthropologiques et sociologiques sur elles-mêmes.

JULIETTE SMERALDA Contact: juliette.smeralda@orange.fr 27



GRAND ANGLE

SPORTS URBAINS LA RUE EST VERS L’OR par Ceebee & Mr. Chung

l’est devenu en 2008 lors des J.O. de Pékin. Les collectivités ayant saisi les enjeux sociaux, culturels et économiques des sports urbains leur ont dédié des équipements (skate-park, bikepark…) qui favorisent toutefois le phénomène “d’indoorization” et une certaine artificialisation du paysage. Nombre de pratiquants préfèrent laisser leur imagination s’exprimer librement sur le bitume et se considèrent comme des artistes de rue. Si les finalités de ces sports demeurent très proches, ce milieu est divisé ; “core” ou “normés“, les riders ne développent pas le même rapport à l’espace et n’appartiennent pas aux mêmes “tribus”. Une certitude, c’est que ces activités sont fortement attractives et lucratives pour les marques et les médias. La rue est vers l’or.

Jusqu’à une époque récente, le sport avait ses lieux d’expression bien localisés: les stades, les gymnases, les vélodromes et autres arènes où étaient organisées des rencontres sportives. Au cours des années 1970, la rue est devenue un terrain de jeu et le sport un spectacle urbain. Intimement liés à l’architecture des villes, le skateboard, le roller, le BMX, le Parkour ou encore le Workout ont donné naissance à une nouvelle urbanité. Longtemps et encore pour certains, ces sports ont été associés à la délinquance, au vandalisme, au mépris des règles -“Skateboarding is not a crime”, Les seigneurs de Dogtown, Yamakazi- mais sont en passe d’être reconnus: depuis le 3 août 2016, le skate est officiellement une discipline olympique, rejoignant le BMX qui 29


GRAND ANGLE


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR

PARKOUR VALENTIN DUBOIS

Vainqueur de Ninja Warrior cet été, Valentin Dubois est un disciple du parkour, cet entraînement que les Yamakasi ont popularisé, mais dont les origines sont plus lointaines. Altruisme et maîtrise de soi constituent les bases de sa philosophie.


GRAND ANGLE D’où vient le Parkour? Pour faire simple, le Parkour est un dérivé du parcours du combattant que l’armée utilise pour former ses soldats. C’est un parcours inspiré de la méthode d’entraînement naturelle de Georges Hebert, un officier de la Marine française très actif pendant la première guerre mondiale. A travers ses voyages il a pu rencontrer des populations locales capables, avec la seule gymnastique, d’exister dans la

qui a commencé à reproduire cela dans la rue avec ses amis, cela a donné naissance à ce que l’on connaît aujourd’hui: une forme dérivée du parcours du combattant mise au service de la ville et dans un cadre plutôt loisir, car il n’est en aucun cas question de sauver quelqu’un comme le faisaient les pompiers ou de fuir une situation dangereuse comme en temps de guerre. C’étaient juste des amis qui, dans la banlieue Sud de Paris, s’entraînaient et éprouvaient leur limite. Des défis du type: estce que tu peux soulever cette voiture? Combien de pompes est-ce que tu peux faire? Des tas de challenges différents… Et petit à petit,

“Il ne faut pas oublier Jackie Chan qui a été un vrai précurseur dans les années 80...” ils ont vraiment progressé et les médias ont commencé à en parler avec les Yamakasi. David Bel et les Yamakasi étaient tous des amis, mais se sont séparés par la suite. Le film est sorti en 2001 avec ces types de banlieue qui sautaient partout, qui grimpaient, il y a eu aussi Banlieue 13 où l’on voyait David Bel faire des courses poursuites de fou dans des immeubles, sauter d’un immeuble à un autre. Les gens ont tout de suite été attirés par la discipline et cela a explosé sur le net. Il ne faut pas oublier Jackie Chan qui a été un vrai précurseur dans les années 80, il faisait déjà du Parkour même si on appelait ça des cascades. J’ai passé beaucoup de temps à chercher et regarder des documentaires, pour essayer de comprendre la discipline. Certaines personnes parlent aussi de Freerun. Il faut essayer de trouver une vérité dans tout cela et au final, le Parkour, c’est juste bouger dans

nature. A partir de là, il a élaboré des méthodes en décortiquant tous les éléments principaux liés aux activités du corps humain en milieu naturel. Grimper, tirer, courir, sauter, nager, soulever, pousser etc… Progressivement, il a développé une vraie manière d’entraîner les gens: le “parcours du combattant”. Dans les années 90, Raymond Bel qui était enfant de troupe au Vietnam est venu vivre en France et s’entraînait à ce parcours. C’était un des entraînements très difficiles qu’il subissait au Vietnam, ce qui lui a permis d’intégrer les pompiers dans la Brigade de Paris. Et c’est son fils David Bel, qui voyait son père s’entraîner, 32


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR suis dit “ok, je m’entraîne à faire du Parkour”. Avec un pote qui s’appelait Philippe, on sautait partout sans vraiment savoir ce que l’on faisait, on avait vu des vidéos et on trouvait ça cool. J’ai ensuite rencontré trois types qui s’appelaient Axel, Kevin et Ousmane et qui étaient vraiment en avance sur le Parkour à La Réunion. On les a rencontrés à la plage de Boucan Canot, ils étaient très forts, physiquement affutés. Il s’est avéré qu’au moment de cette rencontre mon ami Philippe est parti en France et je me suis retrouvé avec eux. Ils m’ont pris sous leurs ailes, comme un élève, car ils étaient plus âgés que moi. C’était entre 2008 et 2009.

un environnement avec des obstacles. Pour moi c’est une méthode d’entraînement pour bouger ton corps avec des obstacles d’ordres architecturaux, ou bien naturels. C’est d’abord né pour des territoires en campagne et ensuite cela a été adapté à l’urbain. Evry et Lys sont les villes où le Parkour est né. C’étaient des villes nouvelles qui ont été construites en moins de 5 ans sur des champs de blé. Ils ont créé des complexes assez dingues, avec des rampes d’escalier, des plateformes, des petites barrières, tout avait vocation à être utilisé pour ça.

Tu as passé toute ta jeunesse à la Réunion? Non. Jusqu’à l’âge de 7 ans, j’étais en banlieue parisienne dans le 77 et ensuite ma mère qui était CPE a été mutée dans un lycée professionnel à la Réunion en 2000. C’était vraiment idéal car nous étions en logement de fonction et je pouvais m’entraîner dans le lycée qui était un grand terrain de jeu, juste pour moi. J’ai quitté la Réunion après le lycée en 2009.

Depuis quand pratiques-tu? Est-ce que tu pratiquais un sport avant? C’est un peu difficile à dire car tous les enfants aiment escalader, grimper et ayant grandi à la Réunion, j’ai toujours grimpé et escaladé partout. Je faisais du skateboard, je grimpais pour chercher des spots donc le Parkour était déjà là. Mais c’est entre 2007 et 2008 que je me

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GRAND ANGLE Pourquoi être retourné dans l’hexagone? Je venais de passer mon baccalauréat et j’avais un peu le sentiment d’être étouffé, c’est une île, tu vois tout le temps les mêmes personnes. J’en avais assez du lycée et des jeux de popularité. J’ai eu de la chance car j’ai un oncle qui était prof dans une école aux Etats-Unis a pu me trouver une famille d’accueil, ce qui m’a permis de passer un an là-bas après mon bac pour apprendre l’anglais. C’était à Washington

créer une pratique. Certains ne faisaient que de la peinture et d’autres tout, au sein de la même classe. C’est un lieu un peu fou… Est-ce que tu t’imagines toujours en mode “Parkour” lorsque tu es dans une ville (ou ailleurs)? Au début oui. J’étais un peu fou. C’était un nouveau monde. C’est très lié à la matrice du film Matrix. Quand Néo commence à comprendre qu’il est dans un système fermé, mais qu’il y a d’autres portes. Maintenant, je ne m’en rends plus compte, c’est toujours là mais c’est devenu instinctif.

“Comme il vient de l’armée, le Parkour est chargé d’un passé martial lié au service de l’autre” Quel type de terrain ou d’obstacles recherches-tu? Je n’ai pas vraiment de terrain prédéfinis. J’évolue vraiment au fil du temps. Cela est comparable à une relation amoureuse, au début c’est la passion, mais au fil du temps c’est plus une discipline dans laquelle tu t’engages, avec des projets. Dans le Parkour maintenant, c’est beaucoup plus dirigé vers des objectifs précis. Tu cherches tes failles, là où tu veux progresser. Moi, j’évolue plus dans les environnements urbains, des villes nouvelles, des blocs de béton avec des barrières. Beaucoup aiment être dans la nature, aller à Fontainebleau. Je n’ai jamais été trop porté vers le milieu naturel. Parmi les villes, j’aime beaucoup Evry où j’ai eu la chance de devenir proche des élèves des Yamakasi, je passe beaucoup de temps avec eux. Ils ont une approche très philosophique de leur pratique.

DC. J’ai donc pu voir comment le Parkour se passait là-bas. Ensuite, je suis allé aux BeauxArts, parce que je faisais aussi du graff, de la vidéo avec le Parkour. Il y avait tout un aspect de création qui était lié à ce que je faisais. J’ai donc passé un peu de temps à Paris puis à Lyon où j’ai passé mon Diplôme National d’Arts Plastiques équivalent à la Licence à l’école des Beaux-Arts de Lyon. Les Beaux-Arts sont aussi une école de la vie, en tant qu’artiste tu es une sorte de réceptacle à l’univers, tu étudies autant la science que la philosophie, tu choisis ce qui t’intéresse et par rapport à ton histoire, tu vas te 34


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR Quelle en est la philosophie? Comme il vient de l’armée, le Parkour est chargé d’un passé martial lié au service de l’autre. Quand tu es soldat, tu te bats pour quelque chose, quand tu es pompier tu sauves des vies. Il y a donc toute une dimension de respect, du respect de l’environnement, faire attention aux passants, rester courtois, de respect à l’égard de son corps. Georges Hebert disait : “Être et durer”. Être fou, sauter, courir, être à 100% mais aussi durer pour comprendre que nous avons des limites. Les Yamakasi mettent beaucoup l’accent sur l’altruisme et sur le fait de faire les choses ensemble. Ils ne vont pas

forcément chercher à être les plus forts mais plutôt à amener les autres pour être aussi fort qu’eux. Chacun a son style. Ce que je te raconte c’est ma vision du Parkour, mais pour pas mal de jeunes qui arrivent aujourd’hui, ce n’est pas le même esprit, ils veulent juste faire des sauts énormes, et s’ils se blessent ils arrêteront. Existe-t-il des compétitions? Une fédération? Des records? Le Parkour est extrêmement difficile à cadrer. Il n’y a pas de figure tutélaire, ça n’appartient à personne. Personne n’est d’accord sur sa définition. Il y a autant de manières de pratiquer

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GRAND ANGLE que de pratiquants, c’est donc très difficile de mettre tout cela sous une bannière. En France, il y a une Fédération de Parkour dans laquelle les gens impliqués font un super travail, ils sont vraiment passionnés. Ils travaillent beaucoup pour que la pratique s’institutionnalise sans qu’elle perde son essence. Et c’est très difficile. Je fais partie de la Fédération, et la raison qui me motive c’est que si tu veux vivre du Parkour, il faut l’institutionnaliser. Définir les techniques

moyen d’avoir une vraie opinion dessus est d’en faire l’expérience. J’ai commencé par des compétitions de gymnastique et j’ai découvert une autre manière de travailler et d’atteindre des objectifs. Toute mon énergie était dirigée dans une seule direction et j’ai adoré ça. J’ai ensuite essayé une compétition de Parkour aux Etats-Unis, il y avait des mecs très forts et cela m’a permis de repousser mes limites encore une fois. Tout cela se déroulant dans une bonne ambiance, très saine, avec du respect.

“Mes limites sont celles de la raison...” Quelles sont les limites que tu te fixes? Ça va dépendre aussi de comment je me sens dans l’instant. Mes limites sont celles de la raison, si je ne me sens pas capable sur un obstacle, je vais retourner au travail pour y arriver. Dans les figures freestyle, je ne suis pas très fort donc je m’entraîne dur pour devenir meilleur. J’ai remarqué qu’il y avait deux types de personnes pour le salto, ceux qui comprennent tout de suite l’acrobatie, comment orienter leur corps dans l’espace, et d’autres comme moi qui n’ont pas de talent. J’ai donc dû travailler pour comprendre et ensuite exécuter les figues, cela m’a pris un peu plus de temps, mais maintenant je suis bien avec moi-même.

de bases etc… Il faut savoir qu’il y a un gros mouvement en France contre la compétition, du coup c’est Redbull qui a repris le business Parkour sans se soucier de la philosophie ou de la pédagogie. Bien entendu, ils ont trouvé des candidats qui sont de supers athlètes. Ils ont fait des compétitions de freestyle, c’était un peu de la gymnastique dans un espace urbain, au cours desquelles on va juger si untel a bien atterri ou un autre a bien exécuté son salto, ainsi que leur style. Il y a donc un système de notations qui se met en place. Au départ, j’étais contre ces compétitions, mais comme pour tout le meilleur

Comment t’entraines-tu? Depuis que j’ai arrêté les Beaux-Arts il y a deux ans, mon entraînement est devenu beaucoup plus dur et précis. Je m’entraîne 3 à 4 fois par semaine en gymnastique en session de 2 à 3 heures. J’ai un coach, je fais les arçons, j’en fais ma base de mouvements pour travailler mes écarts, mes sauts, mes saltos, ma force. J’ai une deuxième base qui est l’haltérophilie, que j’ai également commencé il y a deux ans au rythme de deux sessions par semaine, afin 36


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR Considères-tu pratiquer un sport extrême? Oui et non. Je ne connais pas la définition exacte d’un spot extrême. Je pense que le Parkour est extrême, puisqu’il m’arrive de faire des gros sauts d’immeubles et que cela peut être dangereux. On est d’autant plus attentif, peureux, à faire attention à tout, on ne se dit pas qu’on verra bien ce qui se passe. Dans ma pratique c’est beaucoup d’analyse, de recul et donc de maîtrise. C’est un peu pareil que ceux qui font des sauts avec leur moto au- dessus des voitures, ils ont répété des centaines de fois, ou les

de construire des jambes solides, pour bien absorber les impacts, pouvoir exploser quand j’ai envie de sauter. Je m’adapte aussi, pour Ninja Warrior, j’ai fait beaucoup d’escalade car je savais que celui qui avait gagné venait de l’escalade. Il y a un autre challenge qui arrive en novembre, Ultimate beastmaster, qui se déroulera à Los Angeles et j’attends encore des réponses mais je sais qu’il va y avoir beaucoup d’escalade. Une sorte de Spartan Race pour laquelle il faudra aussi que je travaille mon endurance. Mon entraînement se modifie selon mes objectifs.

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GRAND ANGLE artistes du Cirque du Soleil qui font le même show chaque jour. Mais il y a aussi le côté extrême, il y a deux jours j’ai grimpé sur un immeuble par l’échafaudage de construction, évidement sans baudrier, si quelque chose est mal fixé je peux tomber. Malgré tout, cela me met dans un état de transe. La concentration nécessaire, les sensations sur le métal, les chaussures qui glissent… Il y a quelque chose qui te replonge dans une condition très primitive.

entrainement il faut y aller! Ils courent, sautent grimpent, font des saltos… C’est un sport encore jeune et l’on ne peut pas vraiment donner de limite. Vis-tu de ton sport ? Oui, je vis de mon sport. J’ai un grand maitre, une grande inspiration qui s’appelle Mich Todorovic qui disait “Je ne vis pas du Parkour, je survis du Parkour”. C’est un peu ça. Je gagne de l’argent mais vraiment pas beaucoup parce que le sport n’est pas très développé et que je ne suis pas le meilleur. Et même les meilleurs ne sont pas millionnaires. Certains ont gagné le gros lot en étant cascadeurs dans des films par exemple.

“...je suis à 100% guerrier à me fixer des buts, et me donner à fond pour les atteindre.” C’est une vraie alternative, le cinéma? C’est ce qu’ont fait les Yamakasis. David Bel est aujourd’hui coordinateur de cascades, participes à des projets pour des jeux vidéo. Moi-même j’ai des amis qui ont été cascadeurs sur X-Men. Moi, je ne gagne pas grand-chose, le seul argent que je gagne c’est sur l’enseignement. C’est une quête, j’ai la sensation qu’il faut que je passe par là. J’ai NU3 (qui fait des produits naturels bio) comme sponsor et une marque de vêtements qui s’appelle Être Fort qui me sponsorise en partie.

Un âge limite pour la pratique? Chacun doit trouver sa propre définition du Parkour, mais il est évident que pour faire des saltos et des sauts dans tous les sens, il y a une limite. Le plus vieux performer qui était au Redbull Art of Motion cette année était Yoann Zephyr Leroux qui a une trentaine d’années maintenant et il ne s’est pas très bien classé alors qu’auparavant il finissait premier. Cela m’arrive de m’entraîner avec Yann Hnautra (fondateur Yamakasi) ou Chau Belle et je peux te dire qu’ils ont la pêche, pour les suivre en

Tu as participé à Ninja Warrior, quelles en sont les retombées? Bien entendu, il y a des gens dans la rue qui me reconnaissent, mais il faut savoir que 38


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR l’émission a fait un gros flop. Ils l’ont diffusé pendant les vacances d’été, ensuite il y a eu les attentats à Nice. Mais il faut reconnaître que les émissions étaient assez mauvaises, mises à part la demi-finale et la finale. Ceux qui m’ont vu me prennent un peu plus au sérieux car j’ai fini premier, mais rien n’a changé pour moi. Il y a les Anges de la Téléréalité qui m’ont contacté,

je ne veux pas participer à l’émission mais je suis allé voir par curiosité. Mon but, une fois que j’aurais acquis assez d’expérience, est de monter une entreprise, de véhiculer des valeurs, d’enseigner à plein temps après avoir exploré tout ce monde de la performance. Mais pour l’instant je suis à 100% guerrier à me fixer des buts, et me donner à fond pour les atteindre.

VALENTIN DUBOIS Facebook: Valentin Dubois 39


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SKATE MAÉVA LANIER

Rompue à la pratique urbaine, Maéva Lanier, ancienne Championne de France, fait partie de cette génération qui a grandi dans les skate-parks et offre aujourd’hui de véritables shows, séduisant un public de plus en plus ouvert.


GRAND ANGLE Présentations? Je m’appelle Maëva Lanier, j’ai 21 ans. J’habite à Cannes et ma mère est Guadeloupéenne. Je fais du skate depuis 6 ans, principalement du street, mais je me débrouille en rampe et en bowl. J’ai commencé au skate Park en bas de chez moi avec mon petit frère, on s’amusait à s’imiter grossièrement, faire des figures pour rigoler et du skate assis. Au final, j’ai progressé et c’est devenu ma passion.

Est-ce que tu pratiquais un sport auparavant? J’étais en école de jeune sapeur pompier entre 14 et 16 ans, j’ai pu y faire énormément de sport, de la natation, de l’athlétisme… Tu suis également une formation d’infirmière et tu es pompier volontaire: ta personnalité se définit-elle par le goût pour action? Le skate me permet de me vider l’esprit tout en restant dynamique, cela me permet de penser à autre chose tout en pratiquant le sport que j’aime.

“Dans la rue, on apprend à s’adapter à toutes les contraintes.” Quels étaient tes objectifs quand tu t’es lancée dans la compétition ? Juste rencontrer d’autres filles qui skatent pour pouvoir me motiver. Tu pratiques depuis quelques années seulement et en très peu de temps, tu as atteint le meilleur niveau national (Championne de France en 2013 et 2ème au FISE de Montpellier en 2015 et 2016). Le skate est un sport dans lequel on progresse rapidement ou c’est plutôt ton profil qui l’a permis? C’est très compliqué de progresser en skate, il m’a fallu un an ou deux avant d’exécuter des figures intéressantes. Mais en France, il y a très peu de filles qui skatent, comparé aux Etats-Unis; on se retrouvait donc à 6 ou 7 en compétition. A partir du moment où l’on arrivait à se démarquer des autres, on arrivait sur le podium.

Ton frère faisait du BMX, tu te sens proche des autres sports urbains? Quand on va au FISE, on se réunit entre rideurs, que ce soit en BMX en skate en roller, on est dans le même esprit et on arrive à se comprendre. La musique nous réunit, les soirées, on a les mêmes délires et on pratique les mêmes figures, cela nous permet de comprendre ce que font les autres, et aussi de se soutenir. Comment se passe la cohabitation avec les autres usagers des skate-parks? Tout dépend des lieux. Moi, je reste beaucoup avec des personnes qui font du BMX, du 42


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR urbain aussi. Mais cela apporte une facilité, dès qu’on arrive à skater dans la rue, au skate-park cela semble facile. Dans la rue, on apprend à s’adapter à toutes les contraintes.

Wake (à côté de chez moi il y a un spot de Wake et une rampe de skate, on pratique les deux). Quel type de terrains ou d’obstacles recherches-tu? J’aime surtout les figures techniques. Je commence à me mettre aux curbs, c’est un style de banc sur lequel on fait des figures, le but est de grinder ou de slider dessus.

A l’origine c’était un sport jugé plutôt marginal et associé à la délinquance, le regard du public a-t-il changé aujourd’hui? Cela commence à évoluer, il y a de plus en plus de personnes qui ouvrent leur esprit même si parfois, certains nous regardent un peu de travers si on skate devant chez eux…

Quels sont tes spots préférés? J’aime beaucoup le skate-park de Draguignan, sinon Grenoble et Avignon où je vais retrouver des copines.

Quelle est pour toi la philosophie ou l’esprit du skate? L’entraide, l’amusement, le partage.

Le skate est né dans la rue, mais aujourd’hui il y a beaucoup d’espaces aménagés dans les villes en France, est-ce que cela modifie les pratiques? C’est assez différent, dans la rue il y a beaucoup de contraintes, on fait du bruit et on gêne souvent, on peut abîmer le mobilier

Combien de temps mets-tu généralement pour maîtriser un nouveau trick? Un bon moment (rires)! Parfois il me faut quelques mois pour réussir une figure.

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GRAND ANGLE Est-ce comme savoir faire du vélo, une fois qu’on a rentré une figure on ne l’oublie plus? Parfois, mais il faut vraiment bien maîtriser la figure, car si l’on reste un long moment sans pratiquer, cela s’oublie un peu. On garde quand même les bases.

Considères-tu pratiquer un sport extrême? Oui, à tout moment on peut se faire mal et on a de bonnes sensations. Il suffit qu’on descende une grande rampe, qu’on fasse une grosse figure ou que l’on descende des marches, c’est extrême.

Comment entretiens-tu cela? Tu prends le temps de skater tous les jours? Non, c’est impossible. Une à deux fois toutes les deux semaines, cela dépend. Il faut refaire la même chose, à des endroits différents, et cela revient.

“...quand ils voient que j’arrive à rentrer les mêmes figures qu’eux, ils sont un peu choqués...” Pourquoi si peu de skateurs utilisent-ils des protections? C’est gênant, et cela ne va pas trop avec le style. Les ¾ du temps on ne tombe pas car on arrive à se connaître. As-tu des sponsors? J’ai principalement un shop à Cannes, Papatoro, qui me soutient énormément. Ils me payent mes déplacements, me conseillent dans mes projets. Il y avait aussi une marque de boisson énergisante et de vêtements, mais je fais moins de compétitions en ce moment, alors c’est un peu en stand-by, mais je garde de bonnes relations avec eux. C’est motivant pour lorsque je reviendrai sur le circuit.

As-tu des modèles de rideurs ou rideuses qui t’inspirent pour de nouvelles figures ou un style? Une fille qui me motive principalement, c’est Eliana Sosco, une Brésilienne. Elle se différencie avec un style vraiment à elle, elle ne cherche pas à faire comme les autres et développe ses propres figures.

C’est un sport qui n’est pas très médiatisé, est-ce que être une femme est une difficulté supplémentaire? Pas du tout. On met un peu plus en avant les filles comme on a pu le voir avec des affiches de mode qui présentaient des filles habillées

Quelles sont les limites que tu te fixes? J’essaie de ne pas me faire mal car sinon je ne peux plus être pompier… Je ne prends pas trop de risques et quand je ne le sens pas, je ne fais pas la figure. 44


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR L’usage de la vidéo est très développé dans le skate, qu’est-ce que cela t’apporte? Déjà de la satisfaction, cela permet de garder un souvenir, de me revoir quand j’étais plus jeune. J’en publie régulièrement sur Instagram. On est fier de montrer nos réussites à nos amis.

assez “classe” avec des skateboards. Cela a augmenté les ventes des longboards et de cruisers auprès des filles. Les filles sont très recherchées pour les séances photos. Pourrait-on imaginer des compétitions mixtes? J’ai déjà participé à des compétitions avec des garçons, mais parce que nous n’étions pas assez de filles. Les différences sont notables à un haut niveau, je ne pense pas qu’on pourrait concourir dans la même catégorie.

Une musique que tu écoutes quand tu skates? J’aime bien écouter du rock, mais cela devient rare que je skate avec de la musique. J’aime bien rigoler et dialoguer avec des amis plutôt que de m’enfermer dans ma bulle avec mes écouteurs.

Tu as acquis une certaine notoriété, on a pu te voir dans l’émission Riding Zone… Lorsque tu arrives dans un skate park où l’on ne te connaît pas, les gens sont-ils surpris? Au début oui, quand ils voient que j’arrive à rentrer les mêmes figures qu’eux ils sont un peu choqués, cela les interpelle.

Et pour une vidéo, tu choisirais laquelle? C’est la chose la plus difficile! Je fais la vidéo en premier et je me fais conseiller par mes amis. Des trucs un peu girly, posés, mon style de skate est assez tranquille.

MAÉVA LANIER Facebook: Maeva Lanier 45


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WORKOUT PHILIPPE SCOFIELD

Originaire de Charleroi, cet ancien éducateur de rue a permis au Workout d’émerger en Belgique et a parcouru le monde pour relever des défis sportifs. Un personnage charismatique qui a décidé de s’installer en Guadeloupe pour poursuivre ses projets.


GRAND ANGLE Philippe Scofield, c’est ton vrai nom? Mes amis m’ont appelé comme cela à cause de mes tatouages, c’est en référence à la série Prison Break. Lorsque je suis devenu athlète, j’ai gardé ce nom.

figuration, des publicités… J’ai fait une série de 8 épisodes, The Missing (avec Tchéky Karyo et Said Taghmaoui). On me voit aussi dans une publicité pour laquelle on m’a maquillé et caché tous mes tatouages pendant 6 heures, puis au fur et à mesure ils étaient révélés. Tout cela s’est enchaîné en très peu de temps.

Ta passion pour le street Workout est arrivée en même temps que tes tatouages? Oui, il y en a beaucoup que j’ai dessiné moimême. Je viens de commencer le crâne, mais c’est horrible. La douleur est inimaginable, c’est une torture. C’est le pire endroit du corps pour se faire tatouer! J’ai aussi fait tatouer mes

Tu fais très attention à ton image? Il y a 8 mois, j’ai été finaliste de Man Univers et j’étais le seul candidat aussi tatoué. Je me demandais ce que je faisais parmi tous ces gars bodybuildés! Mais j’ai quand même été en finale. J’aime avoir ma personnalité, je n’ai pas envie de ressembler à un autre.

“...Tout le monde peut se lancer dans cette discipline.” Tu exerces aussi le métier de coach sportif? Je suis éducateur de rue et animateur sportif, je m’occupe des jeunes, je les oriente vers un sport pour éviter qu’ils traînent. Il y a très peu de personnes dans ce domaine, je trouve vraiment cela dommage car quand une personne “tourne mal”, c’est qu’elle a un problème et qu’il faut s’en occuper. paupières, on peut y lire Game Over. En Belgique aucun tatoueur ne ferait ça sur les paupières, j’ai dû le faire chez un ami à Paris. J’étais très réservé lorsque j’étais jeune, je n’avais pas une très bonne hygiène de vie, c’est le sport qui m’a aidé à m’affirmer et changer du jour au lendemain. Je me suis découvert comme une autre personne. J’ai pris la décision d’arrêter mon travail et de me mettre complètement dans le sport. J’ai commencé à faire des vidéos, je me suis fait un nom. J’ai été mannequin photo, on m’a beaucoup appelé pour de la

C’est ton propre parcours qui t’a amené à ce constat? Oui, j’ai eu une jeunesse très difficile, j’ai quitté le domicile familial à l’âge de 15 ans et me suis retrouvé à la rue. Je n’avais personne pour m’aider et aurait aimé avoir quelqu’un qui puisse me parler et m’épauler. Il y a 4 ans, j’ai découvert le street workout à New York, je voyais des gars faire des tractions, cela m’a intrigué. En faisant des recherches, j’ai découvert Hannibal For King (jeune afro-américain new-yorkais qui 48


EDITION NUMÉRIQUE a mis en ligne les premières vidéos de Street Workout sur Youtube, NDLR). Mais personne ne connaissait cela en Belgique, il n’y avait aucune infrastructure. J’ai commencé à m’entraîner sur des cages de foot et j’ai démarché toutes les mairies pour qu’elles construisent des parcs. La mairie de Trazegnies a accepté, ils m’ont fourni le matériel et j’ai tout construit moi-même. A partir de là j’ai proposé des cours gratuits pour tous les jeunes 3 fois par semaine, les gens me croyaient fou de travailler sans être payé! Un jour, la mairie m’a contacté pour me faire signer un contrat d’éducateur de rue. Tu pratiquais déjà un sport auparavant? Non, je ne faisais aucun sport. Je travaillais auparavant dans le bâtiment comme chef d’équipe et je bossais 7 jours sur 7. Cela m’a aidé pour construire le parc.

LES Interviews INTÉGRALES de

VALENTIN DUBOIS Maéva LANIER - PHILIPPE SCOFIELD MATTHIAS DANDOIS - JULIEN CUDOT

JEAN-Yves RANDRIAMBELSON

GUILLAUME LE GOFF

+ 44 Pages

Ton parcours révèle qu’il n’y a pas de profil type pour pratiquer le Workout? Oui, tout le monde peut se lancer dans cette discipline. Le Workout fait partie de ces sports urbains qui n’attirent pas forcément le respect et encore moins la reconnaissance du public. En Belgique, il a été difficile de le développer, c’est pour cela que j’ai créé des événements européens. Le premier a réuni une cinquantaine de personnes. Comme il n’y avait pas non plus de compétitions, j’en ai organisé une aussi. Il y a eu 200 participants, professionnels ou amateurs, qui sont venus d’un peu de partout. J’ai organisé un événement, le Défi des gladiateurs, avec plusieurs exercices de force et du freestyle. Cela a permis de donner le goût au sport, même pour ceux qui ne le pratiquaient pas depuis longtemps. Les jeunes pourraient penser que ce serait long d’atteindre un bon niveau, mais j’ai voulu leur donner cette chance, leur montrer que c’était accessible et le moyen d’avoir cette reconnaissance.

www.loupe-magazine.fr

LOUPE

LOUPE

LOUPE MAGAZINE


GRAND ANGLE Cette notoriété t’a permis de participer à Ninja Warrior? Je me suis inscrit et j’ai passé le casting. 15 jours avant l’émission, ils m’ont appelé pour me prévenir que j’étais sélectionné, donc je n’étais pas préparé. J’étais vraiment fatigué, je me demande comment je tenais encore debout. Je revenais du FIBO en Allemagne (Salon international du fitness, du bien-être et de la santé, NDLR) pour une compétition entre les dix meilleurs athlètes. J’ai conduit pendant 13 heures pour me rendre à Cannes et participer à l’émission Ninja Warrior. Sur 5000 candidats, j’ai fini dans le top 5.

Quel est ton palmarès? En trois ans, j’ai parcouru 15 pays pour le street workout. Je viens de participer aux Championnats du monde à Moscou, j’ai terminé 32ème. Je suis le compétiteur le plus vieux, le plus grand et le plus lourd, alors je suis content de ce résultat. J’ai eu par le passé des problèmes de santé et j’ai failli mourir… J’ai reçu deux coups de couteaux dans le ventre et j’ai perdu un rein, suite à une agression, il y a 7 ans. Pour moi, c’est une revanche sur la vie, je me donne à fond dans tout ce que je fais.

“C’est une discipline complète, physique et naturelle” Tu as fait partie du jury lors de l’étape du Championnat du monde qui s’est déroulé à Deshaies en août. Quelle est ton approche des notations, c’est encore très subjectif, non? Oui, il y a des personnes qui jugent mais qui ne pratiquent même pas! Il faut vraiment connaître la discipline pour pouvoir la juger. Un 360 sur la barre peut émerveiller une personne qui ne pratique pas, alors qu’une full planche au sol va être moins bien jugée, mais demande en réalité énormément de travail. Qu’est-ce que ce passage à la télé t’a apporté? J’ai eu beaucoup de bons retours, encore aujourd’hui les gens viennent me voir pour me féliciter. Mais je reste le même, une personne simple et très abordable. Les gens sont toujours un peu étonnés quand ils me rencontrent, ils me disent que je fais un peu peur quand on me voit en photo ! Mais dans la vie réelle, ils me disent que je suis vraiment quelqu’un de bien. On juge parfois trop vite sur une image.

Quelles sont tes autres passions? Le cinéma, les voyages, rester seul dans mon monde. Ma femme et ma fille également. Tu viens prochainement t’installer en Guadeloupe. Quels sont tes projets sur l’île? Toujours développer le Street Workout. Beaucoup de jeunes me suivaient depuis la Guadeloupe. Lors de mon voyage comme jury en Guadeloupe, je me suis baladé sur 50


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR la plage et j’ai rencontré un couple qui avait installé une structure gonflable, ils m’ont demandé de la tester. Nous allons donc proposer un parcours Ninja Warrior, pour que les gens puissent s’entraîner. C’est une discipline complète, physique et naturelle. Je voudrai aussi donner un plus bel avenir à ma fille, en Belgique, c’est gris, il fait souvent mauvais. J’ai également un projet

musical autour de la vie de Philippe Scofield qui verra le jour le 8 janvier 2017. Le maxi deux titres sera intitulé Dans la Peau De Philippe Scofield, produit en collaboration avec L’Hexaler (artiste de la scène Hip Hop belge), Mani Deïz et Nizi. Avec l’apparition de plusieurs plumes du Hip Hop francophone. La sortie est prévue en version physique et sur toutes les plateformes digitales.

PHILIPPE SCOFIELD Facebook: Philippe Scofield 51


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BMX

MATTHIAS DANDOIS Quintuple Champion du monde en BMX Freestyle, Matthias Dandois se considère d’abord comme le membre d’une culture à part entière, dont les bases sont la créativité et la liberté de mouvement.


GRAND ANGLE Comment es-tu venu au BMX? Je l’ai découvert à la télévision, dans l’émission C’est mon choix, un professionnel faisait une démonstration. J’avais 12 ans. Cela fait 15 ans que je fais du BMX.

Est-ce que tu pratiquais déjà un sport avant? J’ai toujours fait beaucoup de sport, du football au début, puis de l’athlétisme, du Breakdance. Quel type de terrain ou d’obstacle recherches-tu ? Un sol plat et pas glissant pour le flat, et pour le Street j’aime bien les manual pad.

En connais-tu les origines? Le BMX est né aux Etats Unis, en Californie au début des années 70. C’était des kids qui n’avaient pas assez d’argent pour s’acheter une moto cross et se servaient de vélos “stingray” pour faire tout comme. D’ou le nom BMX (Bicycle Moto Cross).

Quels sont tes spots préférés? Le ministère des Finances à Paris! Le BMX est né en ville, peut-il se pratiquer dans d’autres conditions? Bien sur! Le dirt par exemple se pratique sur des bosses en terre dans la forêt. J’adore emmener le BMX là où il n’est pas censé être. Sur la vidéo Red Bull 4 saisons, je fais du BMX sur la montagne, dans la foret, dans le désert…

“Cela ne peut être que positif d’avoir du BMX aux Jeux Olympiques...” Quels sont les figures imposées en compétition? Il n’y a aucun critère pour le Freestyle, chacun fait ce qu’il veut et c’est ça, la beauté du sport. En compétition, on est noté sur la difficulté, l’originalité, la variété, la consistance et le style. Il existe plusieurs compétitions de BMX, lesquelles? Il existe 5 disciplines différentes qui sont le Street, le Flat, le Park, le Dirt et la Race.

Quelles sont les limites que tu te fixes? Il n’y a pas vraiment de limites et il reste encore énormément de figures à inventer. Existe-t-il une culture du BMX? Le BMX est avant tout une culture plus qu’un sport. Chacun à sa propre philosophie, moi je veux faire avancer mon sport en inventant mes propres figures.

Laquelle pratiques-tu? Je fais du Flat et du Street, ce sont les deux disciplines qui requièrent le plus de créativité et c’est ce qui me plait. 54


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Quelles sont les compétitions de références? Existe-t-il une fédération? Le FISE est aujourd’hui la compétition de référence, avec 5 dates dans le monde entier. Il n’y a pas de fédérations dans le Freestyle, juste dans la race qui est affilié à la FFC et était donc représentée aux J.O. de Rio.

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Un âge limite pour la pratique? La pratique n’est pas encore assez vieille pour qu’on le sache. Il y a des riders de 50 ans avec un super niveau! Ton palmarès? J’ai gagné 5 fois le titre de Champion du Monde.

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Les projets? M’amuser sur mon vélo et voyager dans le monde entier!

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Un film de référence? La vidéo Baco 10, à l’époque, c’était l’une des premières vraies vidéos de BMX que j’ai vu.

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Quel l’impact les JO peuvent-ils avoir sur le sport? Cela ne peut qu’être positif d’avoir du BMX aux J.O., plus de pratiquants, plus de sponsors, plus de compétitions.

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ROLLER JULIEN CUDOT

Amateur de rampes, affichant un palmarès impressionnant en roller acrobatique freestyle, Julien Cudot participe également au développement de nouveau matériel pour la communauté de la glisse urbaine.


GRAND ANGLE Comment es-tu venu au roller? Je me suis rendu compte que tous les gens autour de moi, tous mes amis qui font du roller avaient déjà quelqu’un de proche qui en faisait. Mais moi non, j‘ai essayé tous les sports, le foot, le judo, le basket… Mais à chaque fois que ma mère m’inscrivait à une activité, j’étais vite lassé. Du jour au lendemain j’ai voulu commencé le roller en skate-park et ma mère a trouvé à Vitry le Roller Park Avenue qui était

fait des tours avec des anciens comme Toto Ghali, Dallas Carlin etc… qui eux font encore aujourd’hui principalement du quad. Je me suis rendu compte que ce n’était pas aussi facile que je pensais et plus difficile en fait qu’avec les rollers en ligne. C’est plus lourd, les roues sont plus grosses, cela semble moins naturel et cela change tout. Ma première paire de roller était déjà “agressive”, avec de petites roues, c’est idéal pour slider.

“Il faut une bonne condition physique pour enchaîner des saltos, des transferts, des rotations. ” Quels sont les spots où tu pratiques? Je suis surtout à l’étranger ces temps-ci, quand je suis à Paris, j’essaie de me reposer. Mais auparavant, j’allais beaucoup à Bercy et dans les alentours. Il y avait aussi de bons spots de street près du palais de Tokyo et à Javel. Il y a beaucoup de spots en banlieue, il faut juste la motivation pour les chercher.

à l’époque le plus grand skate-park d’Europe. Nous y sommes allés en famille, j’ai passé une “sale” journée, je suis tombé tellement de fois que je n’ai plus voulu y retourner pendant un an. Puis, j’ai voulu réessayer et mon père m’y a ramené, et je n’ai jamais arrêté depuis ce jourlà, j’ai vraiment accroché.

Le Trocadéro a été un haut lieu du roller, qu’en est-il aujourd’hui? Je n’ai pas trop connu le Trocadéro car j’allais plutôt en skate-park, quand j’allais faire du street c’était au palais de Tokyo et la dernière fois c’était il y a 10 ans. Bien sûr, il y avait des tas de gens qui descendaient les escaliers devant les touristes. Je ne sais pas trop ce qui se passe là-bas aujourd’hui.

Tu fais partie d’une génération qui n’a connu que le roller en ligne. Oui, c’est vrai que je n’ai pas connu les quads (quatre roues, NDLR), par la suite j’ai

Combien de temps consacres-tu à ton entrainement? Je ne suis pas vraiment d’entraînement, je vais surtout “rider”. Au minimum trois ou 58


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR Quelles sont les figures que tu aimes réaliser? Le “back Flip”, j’en ai fait partout alors que cela ne se faisait pas trop en roller, cela n’était pas très bien vu mais j’y ai mis mon style, ma signature. J’aime beaucoup en slide le “true soul”, le “true maki’o”. Il faut le voir réaliser sur des marches ou dans le vide.

quatre sessions par semaine. Depuis un an et demi, j’ai eu beaucoup de blessures et je dois me reposer entre chaque compétition. D’une manière générale, c’est la motivation, l’humeur et l’état de santé qui déterminent le rythme. Tu peux rouler tous les jours parce que tu en as envie. Tu suis également une préparation physique? J’essaie d’aller courir, cela aide pour les runs, pour enchaîner les tricks. Il faut une bonne condition physique pour pouvoir faire pendant deux minutes des saltos, des transferts, des rotations.

Est-ce que tu t’investis aussi pour transmettre ta passion? Il y a beaucoup d’associations qui encadrent les petits et les amènent sur les compétitions. Il y a une grande proximité avec les riders pro, on roule ensemble, on discute, on s’envoie

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GRAND ANGLE Et avec les autres usagers dans la rue? C’est un autre problème, c’est parfois très frustrant lorsque tu avais prévu d’aller filmer et que tu dois déjà combattre contre toi-même pour réussir mais au final, cela ne dépend plus de toi mais des passants et des gens de l’immeuble qui te disent que tu n’as pas le droit de faire ça ici. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’avec toutes les tensions dans le monde, de plus en plus de gens s’y intéressent et comprennent qu’on s’amuse et qu’on ne fait rien de méchant.

des photos et des vidéos. Récemment quand j’ai gagné le FISE à Montpellier, j’ai jeté mon casque dans la foule et quelques semaines après, un jeune est venu me parler sur Messenger, il avait récupéré mon casque et s’était filmé en train de faire un double back Flip avec! Je l’ai de suite partagé, c’est une communauté de proximité.

“Les gens qui ont marqué le Roller ne sont connus que par ce milieu...” Il y a eu une réelle période d’engouement pour le roller, en France avec des personnalités marquantes comme Thaï Chris, c’est un modèle pour toi ou ceux de ta génération? C’est une figure emblématique mais cela fait bien longtemps qu’il ne l’est plus. Les gens qui ont marqué le Roller ne sont connus que par ce milieu, comme Jérémy Jimenez, Nicolas Bellini, Néou Men pour le roller street français… et pour le skate-park donc ce qui me concernait plus directement a cette époque, Stephane Alfano,Romain Godenaire, Anthony Avella, Steven Aleil. Cela reste un petit milieu malgré le boom qu’il y a pu avoir à une époque. Mes influences lorsque j’étais jeune étaient plus des Stéphane Alfano qui est d’ailleurs un de mes meilleurs amis aujourd’hui, Romain Godenaire aussi, qui était déjà à un hait niveau quand j’ai commencé. Ce sont ces personnes qui m’ont influencé sans m’en rendre compte, m’ont fait évoluer et fait repousser mes limites parce que je les voyais et que je savais que c’était possible. J’étais très fier de pouvoir reproduire leurs figures.

Comment se passe la cohabitation avec les autres pratiquants des sports urbains? Honnêtement, je n’ai jamais ressenti de tensions ni vu trop de problèmes. Quand il y a des skateurs er des rollers sur le même spot, on essaie de trouver un terrain d’entente. Par exemple la wax gêne les skateurs mais cela nous gêne qu’il n’y en ait pas, alors on en met d’un côté seulement. 60


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR Existe-t-il une fédération? Il y a une fédération mais très peu de compétitions, il y a quelques coupes de France mais cela se passe plus à l’interne. Les pratiquants du roller ne se retrouvent pas forcément dans ce que la Fédération propose. Ils n’ont sûrement pas le même point de vue que les riders sur le freestyle, du coup on a du mal à y adhérer. Parfois, certaines compétitions sont fédérales mais si tu n’as pas de licence tu ne seras pas dans le classement. C’est tout de même sympa pour les petits car il y a beaucoup d’associations en France, les enfants peuvent bénéficier de voyages à la fin de l’année selon leurs points… C’est bien pour les jeunes qui ne commencent pas tous seuls mais dont les parents préfèrent les inscrire dans un club avec une licence. Mais très peu de pro sont là-dedans.

Thaï Chris a tout de même été un soutien médiatique important en portant ce sport auprès du grand public. Cela a porté ses fruits sur ta génération, non? Les gens pensent à Thaï Chris lorsqu’on leur parle de roller, mais je ne sais pas si quand on leur dit Thaï Chris ils pensent forcément au roller. Je l’ai côtoyé quand j’étais petit, j’ai fait des démos avec lui et je commençais à monter à la même hauteur et faire les mêmes rotations que lui, le public a commencé à faire autant de bruit pour moi que pour le Champion du monde en titre. Du jour au lendemain, je n’ai plus été contacté pour les démos de “big” qui se déroulaient très bien à tous les niveaux...Pour moi, il a surtout voulu se mettre en avant plus que le roller, même s’il mérite sa notoriété. Je crois qu’il est le seul à avoir fait Pékin Express et Ko-Lanta !

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GRAND ANGLE Quels titres détiens-tu? Cette année j’ai gagné pour la première fois le FISE World de Montpellier et le NL Contest à Strasbourg qui est un grand rendez-vous international. J’ai gagné l’Xtreme Barcelona une grosse compétition, j’avais fait deuxième il y a deux ans. Aujourd’hui, les plus grosses compétitions dans les sports extrêmes sont les FISE avec plusieurs étapes. J’ai gagné une

Tu arrives à en vivre aujourd’hui ? En ce moment ça va, j’ai eu un nouveau sponsor cette année une marque d’enceintes, Hercule, qui me soutient bien. Il faut faire des compétitions et finir dans le Top 3 ou 5 à chaque fois pour en vivre. Les démos aident à avoir une certaine constance et de l’argent qui rentre régulièrement. J’ai toujours réussi à avoir des voyages payés, je voyage tout le temps et n’ai pas de loyer à payer.

“J’ai eu l’occasion de créer mon modèle de roller...” Suis-tu des études par ailleurs? J’ai tout lâché en Terminale, l’année du Bac. Cela faisait un an et demi que je n’étais plus très sérieux et manquait beaucoup de cours. J’ai un petit diplôme pour donner des cours de roller. Je ne me projette pas beaucoup même si j’ai des idées, pour l’instant je voyage et me concentre sur ce que je fais. J’ai eu l’occasion de créer mon modèle de roller avec un collègue parisien qui a monté sa marque, Trigger Skate, je participe aussi à son développement. Nous travaillons actuellement sur des roues qui vont porter mon nom, des tee-shirts… Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de marques qui sont sur le street et on essaie d’en vivre par la même occasion.

grosse compétition en Chine il y a quelques semaines et la deuxième et dernière étape FISE World en Chine aussi. Le classement général se fait en fonction des résultats lors de ces compétitions qui pourraient correspondre à des Championnats du monde, et qui rallient l‘élite de chaque continent. Du coup, j’ai aussi gagné le classement général des FISE WORLD Series de cette année et là, je pars pour Los Angeles demain matin.

Après le BMX et le skate, le roller pourrait-il devenir un sport olympique ? Pour le BMX, ce sont des courses et non pas en skate-park, mais cela va arriver avec le skate. Dans le roller, certains n’y croient pas trop mais je fais partie de ceux qui y croient. 62


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR Des films ou documentaires sur le roller parmi tes références ? Taxi 3 dans lequel tous mes amis ont tourné comme cascadeurs: Stéphane Alfano, Aktarus (Patrick Stutnen), Anthony Avella… Il y a eu plus de films sur le Skate que sur le Roller.

Avec Internet, tout est reconnaissable car les gens ont accès à tout. Si l’on continue à repousser les limites de notre sport, à se diriger comme le BMX dans la performance d’athlète, je pense que les gens sont prêts pour l’apprécier.

JULIEN CUDOT Facebook: Julien Cudot 63


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SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR

TROTTINETTE JEAN-YVES RANDRIAMBELSON Trottirider depuis 16 ans, Jean-Yves Randriambelson, alias JD, a adopté ce style de vie qui ne lui impose aucune règle, excepté repousser ses limites.


GRAND ANGLE D’où vient la trottinette? La trottinette en soi existe depuis assez longtemps. C’est assez difficile à dater mais cela remonte aux années 1950. Souvenez-vous du film Retour vers le futur, la scène coursepoursuite où Marti McFly prend la trottinette d’un enfant et retire ce qui sert de guidon pour en faire un skateboard. C’est seulement près d’un demisiècle plus tard qu’elle a été remise au goût du jour avec la marque Micro et ses modèles MS 130B, que les premiers trottiriders ont utilisé pour faire le genre de figures que l’on voit aujourd’hui.

Quelles sont les différentes pratiques sportives de la trottinette? Laquelle pratiques-tu? On retrouve les mêmes pratiques que l’on connaît déjà dans les autres sports extrêmes comme le skateboard, le roller ou le BMX, à savoir le skate-park (courbes, bowls) et le street (curbs, plan incliné, handrail, gap). Une nouvelle pratique est en train de voir le jour, notamment grâce à Jon Reyes, qui est un pionnier de la scène new-yorkaise, il s’agit du flat. J’ai une préférence pour le street car c’est là que j’arrive à repousser mes limites, surtout lorsqu’on essaye de filmer pour faire une vidéo qui marquera les esprits. Ceci dit, j’ai grandi dans mon skate-park local avec des courbes sans lesquelles je n’aurais jamais pu atteindre le niveau que j’ai maintenant.

“Les voitures sont toujours un problème où que l’on aille...” Quel type de terrain ou d’obstacles recherches-tu? A une époque, j’étais connu parmi ceux qui envoyaient les figures les plus impressionnantes en curb. Aujourd’hui, j’avoue avoir toujours un faible pour les bons curbs en marbre qui grincent lorsqu’on “grinde“ dessus. Surtout lorsqu’il y en a plusieurs qui s’enchaînent.

Depuis quand pratiques-tu? Pratiquais-tu un autre sport auparavant? Cela va bientôt faire 16 ans que je pratique. Je faisais du skateboard avant ça, ce qui a développé en moi une vision de rider qui ne m’a jamais quitté. Et c’est d’ailleurs avec cette même vision que des gars comme moi, à l’époque, ont commencé à faire des figures en trottinette. Ces années de pratique ont donné naissance à la trottinette freestyle telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Comment t’entraînes-tu? Je ne m’entraîne pas (rires)! Seulement lors de sessions qui se passent dans les skateparks de ma région. Toujours entre potes, sans forcément m’acharner sur une figure particulière. Car après toutes ces années, je 66


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR Comment se passe la cohabitation avec les autres usagers de la voirie? Cela dépend vraiment des jours, de la chance qu’on a sur le moment, ou même du lieu sur lequel on filme. Les voitures sont toujours un problème où que l’on aille, mais il y a des pays, des endroits où les gens approuvent totalement ce qu’on fait, d’autres où les gens s’en fichent complètement et bien entendu d’autres endroits où il faut faire face à des gens qui ne trouvent rien d’autre à faire que de te pourrir ta session. Ces gens-là, ceux qui

me connais assez pour savoir ce dont je suis capable. Et c’est seulement lorsque je filme sérieusement que j’exploite mon potentiel au maximum. Quels sont tes spots préférés? ‘’Southbank’’ à Londres et la ‘’Stalingrad Plaza’’ à Prague. Deux spots européens qui sont pour moi symboliques de ces villes. J’ai hâte de pouvoir rouler le Brooklyn Bank un jour dans ma vie, car j’ai cette image lorsque je pense à la ville de New-York.

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GRAND ANGLE Existe-t-il une communauté d’intérêts partagés entre les pratiquants de la trottinette, de roller, BMX et les skateurs? La logique voudrait qu’on s’entende bien tous, étant donné qu’on partage à 99% les mêmes besoins en tant que riders. Ce que je vois maintenant, c’est qu’il y a de plus en plus de compétitions avec ces sports mélangés, ce qui fait qu’on finit par revoir les mêmes têtes et qu’au bout d’un moment on est amenés à échanger. Je sais que la marque Allis Possible a pour but de rassembler ces sports étant donné qu’on partage cette même passion. Le FISE, NL Contest et Xtreme Barcelona sont des événements qui ont ce même projet.

sont dans la “vraie vie”, ne comprennent pas notre style de vie et c’est assez difficile d’avoir une conversation avec eux. Et la cohabitation avec les pratiquants des autres sports urbains? C’est vraiment aléatoire... On a de bonnes comme de mauvaises surprises. Plus bonnes que mauvaises pour dire la vérité, mais on tombe malheureusement trop souvent sur

“ Il ne s’agit pas d’un sport avec des règles imposées qui nous limitent...” Existe-t-il une fédération? Des records? Il s’agit d’un sport dit freestyle, et comme son nom l’indique, on est libre. Il ne s’agit pas d’un sport avec des règles imposées qui nous limitent dans ce qu’on fait, étant donné que ce que nous cherchons à faire est d’évidemment repousser nos limites. Il existe bien sûr des compétitions et des records non officiels qui ont une valeur symbolique au sein de notre communauté et non dans le Guiness book. Quels sont les critères de jugement? Comme je le dis plus haut, c’est un sport freestyle dont les règles ne seront jamais imposées ou écrites et c’est justement la subjectivité du regard de chacun d’entre nous qui fait sa beauté et sa diversité.

les vieux riders du dimanche qui ne servent à rien à part rager, sans faire de distinction entre un rider passionné qui connait les codes et un gosse qui se comporte mal sur une trottinette, qui au passage nous ennuie bien nous aussi. 68


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR Quelles sont les limites que tu te fixes? Si je me suis jamais posé la question avant aujourd’hui, c’est que je dois très certainement ne pas en avoir!

cela demande beaucoup d’investissement et d’implication personnelle, en plus de tous les sacrifices qui vont avec. Un âge limite pour la pratique? C’est marrant, cette question revient souvent dans le sport ou le rap. Je dirai simplement que Tony Hawk à 48 ans vient de sortir une vidéo de dingue, et que Kool Shen à 50 ans vient de sortir son dernier album.

Considères-tu pratiquer un sport extrême? L’état de mes os et ligaments ont la réponse à cette question… As-tu des sponsors? Oui j’en ai plusieurs, et je leur fais un gros “big up” au passage (Ethic dtc, UrbanArtt, Dissidence, Allis Possible, O’Supply, Hella Grip).

Quels sont tes projets? Réaliser plus de vidéos, voyager, visiter le plus de pays pour filmer et pouvoir le partager. Poursuivre ce lifestyle qui m’habite depuis mes 8 ans.

Arrives-tu à vivre de ton sport? Je commence à en vivre aujourd’hui, mais

JD Facebook: JD Rand 69


GRAND ANGLE


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR

MEDIA GUILLAUME LEGOFF Skateur et passionné par la culture urbaine, Guillaume Legoff a combiné les deux pendant dix ans au sein du magazine Clark. Son idée de réunir les communautés à travers le cinéma, lors du Paris Surf & Skateboard Film Festival, a connu un franc succès.

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GRAND ANGLE Présentations? J’ai 40 ans, je suis né à Cholet dans le Maineet-Loire en Vendée. Il se trouve que Cholet, qui est avant tout connue pour son club de basketball qui évolue en Nationale A, a été une des premières villes avec une grande rampe de skateboard en France, au Platoon skate-park à Ribou, un parc de loisirs en bordure du centre-

pleins de styles via les cassettes vidéo VHS qui venaient directement des Etats-Unis,grâce aux “grands frères” du skatepark. De tout ça est né en moi une grande passion pour le Hip Hop dans les années 90, et en arrivant à Rennes où je poursuivais mes études, j’ai monté une association avec des potes.

“...il y avait une dream team du skate...” Dans toute cette diversité, qu’est qui t’a fait trancher vers le Hip Hop? Alors je vais te faire une confession: j’étais à fond dans le Hip Hop, mais aussi toujours dans le Métal, le bon Métal (selon moi), pas Iron Maiden ou AC/DC. On appelait ça du Skatecore à l’époque, avec des groupes comme Suicidal Tendencies ou Bad Brains qui étaient des groupes assez influencés par le Hip Hop. Au début des années 90, on a baigné dans une espèce de trip musical très varié mais c’est aussi le moment où le Rap a connu pour moi son âge d’or avec tous ses à cotés, le graffiti, la danse etc. Au final, on se retrouvait parfois sur les spots de skate avec des gars qui faisaient du Break, du graffiti ou qui rappaient. A Rennes qui est une ville étudiante, c’était très Hip Hop. Il y avait les Transmusicales mais nous faisions partie des gens un peu “anti establishment”. Ce n’est pas que nous n’aimions pas les Transmusicales, mais nous étions en marge avec notre association Présence Urbaine. Entre 92 et 99, chez moi à Cholet, nous avons organisé un événement tous les mois de mai bien connu en France, “L’Authentic Skate Week-end” sur le skate-park. Après une première étape dans les années 80 pendant laquelle nos ainés avaient construit eux-mêmes la grande rampe, nous étions allés chercher des financements “le

ville. C’est donc très vite qu’elle est devenue un lieu incontournable pour le skate qui démarrait à l’époque. Moi je pratiquais d’autres sports, mais très vite j’ai été intrigué par ces mecs que je voyais rider juste à côté de chez moi. Et je m’y suis mis en 1989. Comme beaucoup de personnes de ma génération, le skate a été une vraie porte ouverte. Ça m’a fait découvrir l’art, la photo, la vidéo, la culture, différents styles de musiques comme le Hip Hop car les skateurs de l’époque écoutaient beaucoup de musique “Black” avec du Rap, de la Funk, du Reggae etc…C’était un milieu déjà très métissé avec des gens issus de tous les horizons. Il y avait aussi le courant Métal, Garage, Punk, Rock, Wew Wave… Donc j’ai très vite écouté 72


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR me retrouvais assez bien. Je venais donc de temps en temps sur Paris pour rencontrer des labels, des artistes, des acteurs du mouvement Hip Hop, graffiti et skate. Quand j’ai fini mes études, j’ai été embauché par le magazine Tricks pour vendre de la pub et pour écrire. Avec le rédacteur en chef et l’équipe qui était très réduite (nous étions 4), nous avons lancés Clark magazine 2 ans plus tard (en 2001). A Rennes, je faisais déjà un fanzine un peu connu dans l’underground à l’époque qui s’appelait Matsa, dans lequel je mettais déjà un peu de skate.

couteau entre les dents” et avions construit un très beau park en bois avec une aire de street, la rampe et une mini rampe. Nous y avons accueilli la crème du skate français et international. A l’image de la “Dream Team” en Basket avec Michael Jordan, Magic Johnson, il y avait également une “Dream Team “du skate, qui s’appelait la Team DC SHOES issue de la marque de chaussures de skate alors au sommet. Des gâchettes de l’underground, des tueurs (Mike Carrol, Rick Howard, Josh Kalis, Rob Dyrdek…) Il y a eu comme dans le rap un âge d’or dans le skateboard avec l’explosion du street. Il y avait des vidéos démentes qui tournaient, dans les magazines c’était la folie, et forcément tout cela s’est croisé pour moi. J’ai eu la chance de commencer à côtoyer des gens, d’écrire pour des magazines vendus en kiosques qui étaient basés à Paris dont l’un des premiers magazine de skate qui s’appelait Tricks dans lequel je m’occupais des pages musique et graffiti. C’était un magazine qui avait déjà un coté street culture dans lequel je

Clark, une aventure qui dura 10 ans? Dans le magazine de skate, on avait des pages musique, mais nous avions des pages Hip Hop et des pages Rock, Funk, Techno, etc. Nous avions des bureaux, des ordinateurs, on a contacté la MLP (Distributeur presse Messageries Lyonnaises de Presse, ndlr) pour leur présenter notre projet de faire un nouveau magazine street culture. On a rien inventé, ça venait de magazines aux Etats-Unis, comme

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GRAND ANGLE Mass Appeal ou The Fader. Au début des années 2000, il y a eu une montée de la street culture, même si nous n’aimions pas trop le terme de culture urbaine, nous étions street culture et “lifestyle”, notre style de vie en tant que skateurs. La culture acquise dans le skate, tant par les visuels de planches, de tee-shirts, les vidéos, les photos, c’est un univers hyper riche en terme de créativité, et tout ça combiné à notre passion pour les musiques dites black ou blanches qu’au final nous mixions en permanence. On s’est dit qu’on allait créer

des termes avec lesquels on nous définissait à l’époque, bien qu’ils ne nous rendent pas plus riches à la fin de la journée. On retournait dans notre bureau, au travail tout simplement, même si nous avions cette image cool. C’était aussi une vitrine pour le magazine ces soirées au Rex. Exactement. En 2005 je me suis retrouvé tout seul et on a arrêté le magazine de skate, vu que c’était la même équipe qui faisait les deux magazines. Je me suis retrouvé à faire Rédacteur en Chef, commercial et organisateur de soirée. J’ai donc pris des gens avec moi de bonne volonté, nous sommes passés en bimestriel et c’est là que nous avons mis en couverture des artistes issus de la street culture, graffeurs, graphistes, designers, etc. Mais toujours en gardant un esprit skate et ouvert d’esprit dans le magazine.

“...pour moi, l’indépendance n’est pas un vain mot.” Quand cette aventure s’est-elle terminée? Je suis parti en septembre 2010 et malheureusement, ceux qui l’ont dirigé après l’ont planté deux ans plus tard. un magazine qui n’existait pas en France. On a commencé avec un trimestriel et à partir de 2003/2004, ce qui était streetwear est devenu un peu plus “mainstream”, de plus j’organisais les soirées Clark U.S.R. au Rex Club, qui étaient à la base une fête pour que l’on se retrouve nous, nos potes et ceux qui voulaient bien venir. C’était la seule soirée ou à 2h du matin tu pouvais aussi bien écouter du Wu Tang, Nas, Modd Deep, les Beastie Boys, ou un morceau de Drumn’Bass ou de Techno. J’ai toujours récusé le terme d’être branché mais c’étaient

Vous aviez déjà survécu à une grosse crise de la presse avec la démocratisation d’Internet en 2006/2007… Oui, mais quand je suis parti le magazine était au sommet. C’était un magazine qui faisait de l’argent. Il vendait en kiosque en moyenne 12000 sur un tirage de 20 000 exemplaires, et sur certains numéros nous faisions entre 60 et 80 000 euros de chiffre d’affaires en publicité. Le problème, c’est que tout le monde pensait que c’était mon magazine, mais j’avais un éditeur 74


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR le copinage qui fonctionne. Nous on avait un pied dedans et un pied en dehors parce que pour moi l’indépendance n’est pas un vain mot. Je ne voulais pas être assimilé à telle ou telle marque ou tel ou tel “crew”. J’étais moi-même, j’étais Clark, j’avançais. Quand j’ai claqué la porte, c’était aussi pour reprendre une forme de liberté car quand tu as passé 10 ans à faire des bouclages, à faire des soirées et à représenter un magazine, tu en as besoin.

derrière qui n’était pas un type de l’édition, mais quelqu’un du commerce, de la glisse avec qui je me battais pour avoir des parts du magazine jusqu’à ce que je craque en 2010. Tout le monde savait que Clark c’était toi! C’était ma vie, mon bureau, ma deuxième maison. J’avais 30 ans, et grâce aux soirées, aux expos, aux concerts, sans chercher je rencontrais des gens délirants, j’avais plein d’amis, de copines, je me marrais, je voyageais. C’était la bonne époque, j’avais également la chance d’être invité par Nike à New York ou Los Angeles, par Adidas à droite ou à gauche. Je suis allé à Moscou deux fois, au Brésil, etc. Nous avons eu la chance d’être dans cette période durant laquelle les marques lâchaient encore du budget.

Tu as pu capitaliser sur tes acquis pour redémarrer? Oui et non. A part un appel entrant d’une personne de Nokia, un gars cool avec qui au début du Baron je passais des soirées. Il était RP à cette époque, et quand il est devenu responsable marketing chez Nokia France, il m’a fait bosser sur un beau projet “brand content” (Lumia Pureviews) pendant deux ans. J’ai aussi été appelé par la ville de Marseille et le Cabaret Aléatoire à la Friche Belle de Mai pour bosser un an sur un gros événement art, street culture & skate (This is not Music / la Dernière

C’était aussi le résultat d’un travail de fond que tu faisais depuis des années… Ça s’est fait petit à petit. Surtout en France, un pays ultra conservateur, et encore plus dans nos milieux dans lesquels c’est beaucoup le réseau,

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GRAND ANGLE Vague) pour Marseille-Provence Capitale Européenne de la Culture en 2013. Sinon, ça n’a pas trop sonné à côté ahah… C’est comme ça, il vaut mieux ne rien attendre. faut bosser, toujours et encore. Tout ce que j’ai fait je suis allé le chercher. Quand j’ai quitté Clark tout le monde me disait: “on ne s’en fait pas pour toi, ça va bien se passer», moi de l’autre coté je suis réceptif mais honnêtement on n’est pas en Angleterre ou aux Etats-Unis. Nous sommes quand même dans des domaines où il ne faut pas se regarder le nombril. Je n’attendais rien

dans le Sud-Ouest notamment Nike, qui a investi pendant un moment le surf, le skate et le snowboard. Ils continuent toujours dans le skate. J’ai bossé avec pleins de gens passionnants de ce milieu indépendant ou pas. Le skate fait partie de ma vie presque depuis toujours et je suis loin d’être le seul. Il y a aujourd’hui des skateurs, notamment aux States, qui ont aujourd’hui 50 ou 60 ans, que j’avais en poster dans ma chambre et qui continuent de “déchirer”. Donc j’ai continué à travailler dans l’art, la culture, mais toujours dans le skate. Ma vie, c’est de côtoyer pleins de gens différents du moment qu’il y a une forme

“...le surf et le skate sont arrivés à un vrai niveau de production cinématographique”. de créativité ou de travail dans ce domaine-là. Aujourd’hui, le surf et le skateboard sont arrivés à un vrai niveau de production cinématographique. Non pas des vidéos techniques mais des œuvres, des documentaires, des courts et même des longs-métrages qui s’inspirent du surf et du skate pour raconter de belles histoires. Avec des personnes que j’ai rencontré, on a voulu réunir les communautés surf et skate à travers le cinéma, il y avait un événement un peu comme ça au Brésil, en Angleterre, en Allemagne, aux Etats-Unis mais pas en France. Je n’ai pas besoin de rappeler la fin d’année 2015 qui a été douloureuse pour tout le monde, moi j’habitais dans le 11ème tout ce que l’on faisait a été assez touché par ça (l’attentat au Bataclan, NDLR). C’est en janvier 2016 que nous avons vraiment commencé à travailler dessus et voir différentes structures de cinéma pour finaliser avec MK2 qui est la plus belle marque avec laquelle travailler sur ce projet. L’événement s’est déroulé du 22 au 25 septembre derniers.

de personne, je ne viens pas d’une famille très riche et il a fallu que je me débrouille. C’est sûr que quand je suis parti de Clark, avec du recul je peux dire que ça a un peu été la traversée du désert. Mais on s’en relève et on repart. Tu as co-organisé la première édition du “Paris Surf & Skateboard film festival”. Comment t’est venue l’idée? Je n’ai jamais arrêté de faire du skate, du snowboard et je me suis mis au surf il y a dix ans. Il se trouve que j’ai travaillé avec des marques 76


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR Des films comme Point Break, ou Lords of Dogtown sont dans cet esprit? Avec ces films, on est dans Hollywood, dans une narration qui est basée sur le surf, certes, parce que c’est en Californie, mais c’est le génie de ce film. À une échelle moindre, Lords Of Dogtown qui était d’abord un documentaire sur l’histoire du skateboard à Venice Beach, a ensuite été traité en fiction par une légende du skate, également grand réalisateur de films et de documentaires Stacy Peralta. C’était pareil pour Point Break, ils ont eu des consultants en surf, il se trouve que Keanu Reeves et Patrick Swayze étaient “les beaux gosses” de l’époque et ont fait que le film a cartonné…

comme ici à savoir si c’est cool ou pas, c’est juste normal. Il y a eu des “blockbusters” avec du surf et du skate, dont évidemment le fameux skate volant dans Retour vers le futur 2 ou même dans Police Academy 4. Mais depuis 5 ou 6 ans, avec la nouvelle génération de réalisateurs qui nous propose des documentaires, des films de courts-métrages en 35mm ou en numérique, ces films méritent d’être vus dans des salles de cinéma. Nous avons également diffusé des petits films d’auteurs, des courts-métrages de surf et de skate avec en soirée des DJ sets, des concerts et des expos de photographies tous les soirs à partir de 18h à minuit au MK2 Bibliothèque. Le skate et le surf vont être aux prochaines olympiades en 2020, c’est une grosse révolution. Il y en a qui aiment et d’autres non, c’est comme ça, le skate est devenu le 5ème sport national aux Etats-Unis en terme de pratiquants et de “business”. Ce qui n’est pas rien. Le surf est devenu planétaire, ultra branché. Il y en a dans les pubs Chanel

C’était aussi déjà plus imprégné dans la culture américaine? C’est comme le Hip Hop, pour eux c’est organique, ils vivent avec. En Californie ou à New-York, ça surfe ça skate, ça fait partie du “lifestyle”. Ils ne se posent pas des questions

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GRAND ANGLE ou Dior, dans les magazines féminins… C’est pareil pour le skate. Ce qui est très intéressant dans ces sports, c’est que le coté “mainstream” se développe, ce qui est normal comme tout mouvement, mais tout ce qui est “core”, “underground” se développe aussi. C’est un peu comme le Hip Hop, certains vont dire que c’est devenu de la merde, mais non ce n’est pas vrai. Le surf est apparu à Hawaï et a très vite été pratiqué en Californie. Il faut voir Endless Summer, le premier film de surf, qui raconte le tour du monde de deux surfeurs californiens et qui a eu un énorme impact mondial.

surf. Il y a des skateurs qui ne veulent rien avoir à voir avec le surf. Quand j’avais 20 ans, il était hors de question de m’assimiler à un surfeur, j’étais anti-surf. Pour moi c’était des blonds qui faisaient des signes “Yeah” alors que nous étions à fond dans la culture street, le graffiti, les raves-parties, tout ça c’était hardcore. Et cela reste d’actualité dans les deux disciplines. Il y avait également un jury, dans quel but? Nous avons de la chance d’avoir un bon réseau et de connaître des gens un peu partout qui sont des références et qui ont accepté d’être dans notre jury. Par exemple Thibaut de Longeville (voir LOUPE#9, NDLR), il faisait du surf et du

“L’événement a été un vrai succès.” skate quand il était ado, venant du Sénégal. Il a écrit dans le premier magazine de skate qui s’appellait Noway. Il s’est toujours reconnu dans la street culture et en terme d’image, c’est un expert. Nous avons eu aussi Fred Mortagne qui est LE film maker réalisateur français (il est Lyonnais), une référence internationale, surtout aux Etats-Unis avec les plus gros skateurs. Et tous les autres invités étaient également des références que ce soit en surf ou en skate, ils ont tout de suite accepté de venir. Il y a eu un vrai engouement autour du projet.

Quand le cinéma devient un outil pédagogique… C’est pareil dans les clips, ce sont des outils de transmission. Je me souviens que quand j’avais 15 ans, les vidéos de skate, les magazines, c’était le Graal. Le surf est le skate ont une histoire commune mais des destins séparés. Très vite, vu que c’est californien, le skate apparaît dans le sillon du surf mais prend son destin personnel en main. Il s’est développé dans les villes, mais pas que, et s’est séparé du

Quelle est la suite pour toi? Déjà l’évènement a été un vrai succès. En termes d’entrée dans les salles, les films proposés ont fonctionné, les soirées étaient “blindées”. Nous sommes contents, mais c’était la première édition alors nous manquions un peu de moyens. Heureusement, nous avons eu beaucoup de publications dans les médias avec Télérama, TF1, plus la presse spécialisée. 78


SPORTS URBAINS: LA RUE EST VERS L’OR Nous préparons donc la deuxième édition sur le même format au même endroit qui aura lieu en septembre 2017. À coté, j’ai une agence de communication depuis 2016, on fait du print, du digital, de la production de contenu, d’événements, de campagnes, de conseils en marketing. Je travaille avec différents types de personnes et clients à différents postes. Là, je suis sur le lancement d’un magazine (Bitchslap) basé à Copenhague, qui est dans l’esprit de ce que je faisais avec Clark à l’époque. Je continue d’écrire pour pas mal de magazines à droite et à gauche, je suis consultant et une de mes activités principales est de m’occuper d’un des

plus gros skateshop streetwear online européen pour la France qui s’appelle Skatedeluxe. C’est un gros site fait en Allemagne depuis 6 ans, sur lequel on peut trouver des planches de skate mais aussi des baskets, du Carhartt, du Dickies. Je m’occupe du site, du développement marketing et tout ce qui est business pour la France. Tu vis de ta passion… Je me bats tous le jours. Si je baisse la garde c’est mort mais j’ai la chance de pouvoir travailler dans mes passions, d’être libre. Il n’y a pas d’équivalent. “Independance is a must”.

GUILLAUME LE GOFF

Instagram: @guillaumelegoff

Site officiel: guillaumelegoff.com 79


A la loupe!

LE MAYOLÉ propos recueillis par Ceebee

Olivier Malo prépare sa thèse de Doctorat sur les “arts de combat noirs”. Ses recherches soulignent les liens et les interactions entre ces luttes et témoignent de la résistance culturelle et philanthropique à l’esclavage. Tes travaux portent sur les “arts de combat noirs”, quelle direction ont pris tes recherches? Il s’agit d’une analyse historique et comparative des luttes traditionnelles originaires de la Guadeloupe (mayolè, bénadin), de la Martinique (danmyé), du Brésil (capoeira) de la Caraïbe (maní, kalinda etc.) et de l’Océan Indien (diamanga, moringue). Les arts de combat noirs sont issus d’Afrique,

ont existé durant la colonisation et l’esclavage. Le terme “noir” renvoie historiquement à la désignation par les Européens à partir de ce critère des techniques de combat pratiquées par les Noirs réduits en esclavage aux Amériques. Ce renvoie au caractère “noir” de ces activités était une façon de les déprécier au même titre que les pratiquants considérés comme des êtres violents sans humanité. Dans notre acception contemporaine, 80


CULTURE “noir”, renvoie à l’existence d’une culture originaire d’Afrique, qui fut à la fois préservée durant plusieurs siècles dans certains de ses aspects mais aussi transformée. Par exemple la capoeira, de matrice africaine, fut influencée par des luttes d’origine asiatique (jiu-jitsu et karaté) et européenne (boxe anglaise et lutte romaine) au XIXe et au XXe siècles. C’est donc l’histoire des arts martiaux qui se lit à travers ces pratiques.

très difficile à approcher. Mais le fait d’avoir une analyse comparative permet de combler le manque de sources et de faire une synthèse générale. Aujourd’hui, on considère ces espaces comme cloisonnés, alors que dès l’époque amérindienne, la Caraïbe ne formait qu’un seul et même espace. Il n’y avait pas réellement de frontières comme aujourd’hui. Au Brésil, il y a des échanges depuis le XIX° siècle avec des pratiquants de luttes d’autres régions du monde. Ces terres colonisées étaient des espaces de mouvement, elles n’étaient pas hermétiques.

“... la Caraïbe ne formait qu’un seul et même espace.” Ton intérêt s’est porté sur ce sujet puisque toi-même tu pratiquais un art de combat? Oui, je pratique les arts martiaux depuis vingt ans. J’étais professeur de Viet vo dao, un art martial d’origine vietnamienne. J’ai ensuite découvert la capoeira dont je suis également professeur, et dès le début comme pratiquant je me suis questionné sur ses origines. J’ai dans un premier temps questionné les maîtres de la capoeira autour de moi. En plus de leur grande expertise technique et pédagogique, ils avaient quelques pistes de réponses à apporter. Cependant eux-mêmes, sur certains points précis, n’étant pas historiens, de leurs propres aveux, étaient dans l’incapacité d’éclairer tous les points relatifs à l’histoire. C’est l’une des raisons pour laquelle j’ai entrepris de mener des études historiques.

Qu’est-ce qui motivaient ces pratiquants à lutter ainsi? C’était une forme de résistance à l’esclavage. Non pas une résistance physique, un art de guerre comme on l’entend parfois encore aujourd’hui (au Brésil depuis 30 ans les historiens ont montré l’inanité de cette vision des choses). C’était une résistance culturelle mais plus encore une résistance qualifiable de philanthropique, basée sur le respect de leur qualité d’êtres humains. Il y avait deux fonctions principales, d’abord les duels judiciaires. Il s’agissait de rendre justice entre deux esclaves qui avaient un différent. C’était inhérent à la communauté d’esclaves et il n’y avait aucun lien avec les maîtres. D’ailleurs, la plus ancienne source qui date du XVII° siècle et qui prépare la rédaction du Code Noir parle bien de “combats de défi” entre esclaves dans des lieux écartés. La deuxième fonction est celle du divertissement, dans le cadre de fêtes

Quels types de sources utilises-tu? Au Brésil, j’ai travaillé à Rio de Janeiro sur les archives de la Bibliothèque Nationale et du Centre National du Folklore, en particulier les sources de presse qui sont très peu étudiées, contrairement aux sources de police et de justice. Cela permet de repenser l’histoire en particulier la première moitié du XXe siècle. Aux Antilles, les sources sont d’origine coloniale (chroniqueurs, décrets, lois, gravures, lithographies etc..). La tradition orale est 81


A la loupe! Le mayolè associe le chant, la danse et la musique, est-il aussi porteur d’une philosophie ou d’un esprit particulier? A l’origine la musique n’était pas toujours présente. Elle l’était lors des fêtes, des mariages, des cérémonies religieuses durant lesquels les combats s’entremêlaient à la danse, à la musique et aux chants. Là encore, le degré d’engagement physique diminuait et l’on assistait plus à une démonstration de son adresse que de sa force. Le combat au bâton déjà au XVIIIe siècle (et sans doute avant) n’était pas une rixe mais un art à part entière. Le bois était choisi en fonction de sa dureté, il était “monté” avec de la poudre de pierres calcaires insérée à l’intérieur. Ainsi, les lutteurs en possession d’un bâton “monté” se sentaient protégés. Il y avait un rituel d’avant combat au cours duquel les lutteurs touchaient la terre avec la main, la portaient à la bouche, se frappaient la poitrine et regardaient le ciel. Il y avait une réelle dimension sacrée, religieuse. Ces luttes avaient une symbolique riche et variée, et nécessitaient la maîtrise d’un savoir-faire transmis de génération en génération.

populaires, associé à la danse, à la musique et au chant. Ce sont des arts qui permettent de faire la paix et non la guerre, avec des armes non létales. Quand les esclaves voulaient réellement se défendre, ils prenaient des couteaux, des fusils, et attaquaient en nombre, ils étaient rodés aux stratégies guerrières et n’allaient pas prendre un bâton ou se battre à mains nues dans un combat singulier. Les chroniqueurs qui relatent ces luttes

“Il y avait une réelle dimension sacrée, religieuse.” les ont jugées comme violentes et barbares, car c’est ainsi qu’étaient jugés les Noirs. Mais quand on extrait ce regard péjoratif, on se rend compte qu’il n’y avait pas de blessures et qu’à la même époque, dans les colonies et en Europe, les châtiments corporels qui étaient réservés aux prisonniers étaient davantage violents: fouet, amputations, brûlures… L’intérêt de ces luttes, c’est qu’elles montrent au contraire la capacité de ces esclaves d’avoir fait preuve d’actes civilisés en réglant leurs conflits dans la paix à partir de principes égalitaires et de se divertir, au final de renouer avec leur humanité. Voilà pourquoi je parle de résistance philanthropique.

Existe-t-il des événements qui réunissent les différents arts de combat? Force est de constater que c’est en Martinique que les événements autour des arts de combat noirs sont les plus développés. L’association AM4 réalise depuis plus de 30 ans un travail de préservation et de développement du danmyé sur l’ensemble de l’île. Elle organise également des rencontres avec des maîtres de capoeira, de mayolè ou de luttes africaines. Chaque année, lors du Samedi Gloria, l’AM4 convie des spécialistes d’autres luttes comme le moringue réunionnais ou la lutte chinoise. C’est à la fois une démarche de valorisation de la culture antillaise et d’ouverture sur le monde. La dynamique lors de ces événements est très positive. En Guadeloupe, quelques manifestations existent également, principalement cette fois-ci autour du mayolè et du bénadin (lutte à mains

Ces arts de combat se sont-ils maintenus dans certaines régions d’Afrique? Effectivement ils existent, mais ces disciplines ont évolué comme en Angola (le engolo, le khandeka..) Le mayolè du terme mayombé viendrait de la région du Congo et serait à l’origine un moyen de célébrer les morts et leur passage dans l’au-delà, le mot mayombé signifiant dieu ; dans la Caraïbe, il y a cette dimension sacrée, une forme de survivance qui est restée mais à laquelle s’est greffée une dimension judiciaire et de divertissement. 82


CULTURE

visibilité en Guadeloupe et à l’extérieur. Le bènaden se pratique encore dans la région de Sainte-Anne lors de certaines veillés, Zangalo est sans doute le plus habile de l’île dans cet art de combat. Aujourd’hui, une nouvelle génération développe à son tour ces arts de combat noirs. Pour ce faire, elle s’appuie sur le savoir des anciens et propose aussi d’adapter les contenus d’enseignement pour les rendre accessibles au plus grand nombre, petits et grands. A ce titre, nous pouvons souligner le travail pédagogique et de formation très intéressant initié par Mike Bureau depuis quelques années. Les arts de combats noirs ont une spécificité historique, sociale et technique qu’il est indispensable de préserver et de développer tout comme son universalité qui permet de comprendre qu’au-delà des différences, il y a une même humanité.

nues guadeloupéenne). Elles sont organisées par les associations culturelles ou les mairies. Elles permettent de faire connaître ses arts ancestraux malheureusement inconnus du plus grand nombre. Quels sont les clubs qui perpétuent cette tradition? En Martinique, l’association AM4 structure et développe notamment le danmyé sur l’ensemble de l’île. En Guadeloupe, Les majors de l’Association des Mayoleurs du Moule, à Portland, sont les gardiens de la tradition. On doit leur rendre hommage car c’est grâce à eux que la tradition du mayolè s’est transmise et se perpétue encore aujourd’hui. Parmi les dirigeants de l’association, Jimmy Beaupin, Davillé Dantes ou Pascal Pierrefitte ont permis au mayolè d’avoir une

OLIVIER MALO

06.90.72.90.92

Contact: oliviermaloguadeloupe@gmail.com 83


A la loupe!

CROSSFIT propos recueillis par Ceebee

Cette nouvelle méthode d’entraînement a conquis un public très hétérogène. Armel et Sandra, créateurs du CroosFit Cact à Saint-François nous expliquent les principes de ce sport et les raisons de son succès. Le CrossFit est une activité qui date des années 1970, mais cela fait peu de temps que le grand public l’a découvert. Il y a eu un réel engouement pour ce sport, comment l’expliquez-vous? C’est une méthode d’entraînement qui existait déjà dans l’armée et chez les footballeurs américains aux Etats-Unis. Greg Glassman, son créateur, a su s’associer

avec Reebok et ainsi apporter la puissance marketing de la firme. D’autre part, on s’est rendu compte que cette méthode était efficace et pouvait apporter de la force, de la vitesse, de l’agilité et surtout améliorer la santé. On arrive à obtenir des résultats rapidement chez “monsieur tout le monde”. Le gros avantage est que c’est adaptable à tous. 84


LOISIRS L’entraînement se fait-il en groupe? Oui, en groupe tout en étant individuel. Chacun y va en fonction de son niveau et de ses capacités physiques, mais tout le monde travaille en même temps. Par exemple, s’il faut faire des pompes pendant une minute, certains vont en faire 10, d’autres 100, mais tout le monde aura fourni son maximum et sera fatigué. C’est ce qui permet de recentrer son effort en fonction de ses envies

mollet ne doit pas soigner seulement le membre douloureux, tout est lié, il vaut mieux réparer le tout que de manière isolée.

“il fallait se recentrer sur les mouvements fonctionnels...”

Vu de l’extérieur, l’entraînement paraît assez martial, y a-t-il aussi un côté ludique? Il n’y a que 10 % des gens qui sont là pour la compétition. Les autres, c’est pour récupérer la forme, la mobilité, cela reste un sport loisir. Sans activités ludiques, cela deviendrait rapidement barbant. Il y a donc une forme de jeu dans les exercices. Le but, c’est que la personne reste le plus longtemps au lieu de s’y mettre à fond pendant deux semaines puis de ne plus rien faire. L’avantage au CrossFit, c’est qu’on propose un entraînement différent tous les jours. Il n y a pas de routine. Il y a évidemment un effet de mode mais la grosse différence est qu’il y a une réelle efficacité santé qui fera durer je pense la méthode. Même sur le plan psychologique, le fait de se rendre compte qu’on est capable de trouver de l’énergie, de la force, ce petit “boost” dont on a aussi besoin dans le quotidien, on peut le trouver au CrossFit.

Ce sont des mouvements classiques de musculation? C’est parti du principe qu’il fallait se recentrer sur les mouvements fonctionnels, ceux que l’on utilise dans la vie de tous les jours, comme s’assoir, se relever, déplacer des choses en hauteur, marcher, courir, sauter… des choses que l’être humain fait depuis la nuit des temps! On va faire des squattes, soulever des choses du sol, se hisser, faire des tractions… Ce sont des mouvements relativement simples mais qui utilisent toute la chaîne musculaire. Nous travaillons très peu en isolation contrairement à la musculation où l’on va essayer d’avoir de gros bras et travailler seulement les biceps, ici on va privilégier le développement de toute la chaîne musculaire: biceps/triceps ou quadri/ ischio-fessiers. Cela évite d’avoir des déséquilibres musculaires.

Vous avez organisé une compétition dernièrement pour réunir les clubs? Nous avons organisé une compétition en couple avec tous les clubs de Guadeloupe pour les “team séries” de CrossFit. On a pris un réel plaisir à se rencontrer et le mouvement est en marche. Nous avons ici des compétiteurs qui pourront prétendre l’année prochaine à de très belles places au niveau mondial.

Le programme est basé sur trois axes: l’haltérophilie, la gymnastique et le fitness. Exactement. Ces trois axes à travers différents exercices permettent de renforcer toute la “machine”. Quelqu’un qui a mal au dos ou au

CROSSFIT CACT Facebook: Crossfit Cact 85


A la loupe!

DOT SOLEY propos recueillis par Ceebee

Créée en 2011, Dot Soley est engagée dans de nombreux projets pour maintenir une agriculture locale saine, de proximité, respectueuse de l’Homme et de l’environnement en Guadeloupe. Quel est le fonctionnement d’une AMAP? AMAP signifie Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne. C’est une entente entre agriculteurs et consommateurs, appelés aussi “consommacteurs”,un système d’autogestion, de confiance et de transparence. Les consommateurs évaluent

leurs besoins et les agriculteurs y répondent, en étant payés d’avance pour pallier aux difficultés qu’ils pourraient rencontrer, aux aléas climatiques… Le consommateur sait ce qu’il va manger, il peut venir voir à n’importe quel moment de la production et même apporter son aide (les opérations “koudmen”), poser des questions lors de 86


SOCIÉTÉ la distribution des paniers qui a lieu tous les lundis de 18h à 20 h, à La Jaille à la Martingale qui nous prête le lieu. Il s’agit aussi de soutenir le collectif de “paysans sans terres”, car beaucoup n’y ont pas accès bien qu’il existe une quantité de friches en Guadeloupe. Une étude de la DAFF (Direction de L’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) a révélé que 9000 hectares de terres agricoles inexploitées, en friche, appartenant au Département ou à des particuliers n’étaient pas disponibles, ni à la vente ni à la location. Alors que l’on importe une grande partie de notre alimentation (80 %) et qu’il est actuellement très difficile de s’installer pour un jeune agriculteur. Récemment a été signée en Préfecture une charte partenariale visant à la mise en œuvre de la valorisation des terres agricoles disponibles. On avance?

financièrement et l’entreprise Pommez, pour l’achat de matériel, la construction d’un carbet commun où nous allons entreposer les banques de graines, ranger les outils… Les gens viennent à n’importe quel moment et tous les mercredis il y a un atelier animé par l’agriculteur. Par exemple aujourd’hui, on apprend à réaliser son composteur. C’est

“ Ce que nous mangeons est vraiment pauvre au regard de ce que nous savons faire.”

un moyen de communiquer, d’échanger nos idées dans la convivialité. Certains ont beaucoup de connaissances et peuvent les transmettre. Les conseils et recettes sont partagés sur notre site Internet, de même que toute la documentation que nous trouvons intéressante. Nous animons aussi des ciné-débats une fois par mois sur des thèmes autour de l’agriculture ou qui y sont liés.

Vous êtes aussi à l’initiative des jardins partagés, quel en est le principe? Nos deux agriculteurs, Fabrice Eutrope Sylvère (entreprise Jardiklin) aux Abymes et Didier Boimoreau (Pitaya) à Petit Bourg, mettent à disposition une terre saine et cultivable pour nos adhérents. C’est une approche de l’autonomie alimentaire par un regroupement d’habitants d’un même territoire. Ce sont des familles qui n’ont pas de terrain ou qui ne veulent pas le faire seules. En groupe, on peut s’entraider, c’est plus motivant. C’est le PRALIM (Plan Regional pour l’Alimentation) qui nous aide

L’AMAP répond à des problématiques qui se posent partout, que ce soit en termes d’emploi, d’alimentation, d’économie… Au niveau local, ce que nous mangeons est vraiment pauvre au regard de ce que nous savons faire. Certaines productions tombent dans l’oubli. Nous travaillons avec les enfants et nous rendons compte qu’ils ne savent pas mettre un nom sur des légumes que leurs grands-parents cultivent pourtant dans leur jardin créole. La patate douce, la malanga, le corossol, le manioc, même la christophine! 87


Il y a eu une forme de dénigrement du métier d’agriculteur, puisque ce sont souvent les enfants en échec scolaire qu’on envoie dans ce type de filières. Pendant longtemps oui, alors qu’au contraire il y a beaucoup de techniques, de connaissances à maîtriser dans ce secteur. Il faut bien connaître la nature, et nous espérons transmettre cela à travers nos jardins pédagogiques. Nous avons déjà des retours de la part d’élèves qui souhaiteraient travailler dans l’environnement, l’agriculture, des filières qui au départ semblaient éloignées de leur univers. Ce sont des enfants qui ont juste besoin qu’on leur présente l’activité. Faire de l’agriculture saine ou biologique plutôt que de la monoculture génère trois fois plus d’emplois, cela demande beaucoup de travail.

Tout comme les plantes médicinales que les anciens savent bien utiliser. C’est pour cela que nous intervenons dans les écoles. Nous venons aménager le sol et donner des cours pour connaître les cycles de culture, savoir comment nourrir la terre, mettre un système d’arrosage qui soit économique en eau, apprendre à récupérer les graines, à réaliser un composteur…

“Faire de l’agriculture saine ou biologique génère trois fois plus d’emplois.”

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Comment faîtes-vous connaître ces projets pédagogiques auprès des écoles? Ce projet-là a vu le jour parce que le PRALIM, le Plan Régional pour l’Alimentation qui dépend de la DAFF, avait lancé un appel pour l’éducation à l’alimentation et la lutte contre le gaspillage alimentaire. Ils ont financé le projet et nous permettent de nous rendre auprès des écoles. Les équipes pédagogiques sont toujours très intéressées, car nous leur apportons le financement, les connaissances, des animateurs nature, des agriculteurs compétents. L’animateur nature intervient sur environ 20 séances, une fois toutes les deux semaines. Sur notre site Internet, les enfants ont fait un blog qui permet de suivre

le projet. Nous ne pouvons malheureusement pas intervenir dans beaucoup d’écoles. Cette année, nous intervenons au collège Rémy Nainsouta de Saint-Claude dans la section SEGPA, les élèves cuisinent avec leurs productions, par exemple avec les plantes aromatiques, ainsi qu’à l’école maternelle Montessori de Gosier. L’année prochaine, nous projetons d’intervenir sur une école à Petit-Bourg et deux au Lamentin. Le but est aussi d’éduquer au goût, avec la participation d’une nutritionniste. Souvent, les enfants répugnent un peu à manger des légumes, leur apprendre à les cuisiner change aussi ce rapport. Ils découvrent que c’est à leur portée. C’est aussi un plaisir sensoriel et celui de faire les choses par soi-même.

DOT SOLEY

Contact: 06 90 65 97 85

Site officiel: www.dotsoley.asso.gp 89


SÉRIES

WESTWORLD Créé par: Jonathan Nolan, Lisa Joy (2016) Avec: Anthony Hopkins, Evan Rachel Wood, Ed Harris Genre: Western, Science fiction

Adaptation du film Mondwest écrit et réalisé par Michael Crichton (Jurassic Park), la série se déroule dans un parc d’attractions peuplé d’androïdes, permettant aux visiteurs de se plonger dans l’univers de l’Ouest américain. Un jour, les robots commencent à se poser des questions sur l’humanité et se rebellent contre leur créateur. Parmi ses atouts, Westworld offre très beau casting et des effets spéciaux à couper le souffle. Note: ••••••

BLACK MIRROR- SAISON III Créé par: Charlie Brooker (2016) Avec: Gugu Mbatha-Raw, Bryce Dallas Howard, Jerome Flynn Genre: Science fiction, Thriller

Black Mirror revient avec une saison 3 exceptionnelle de 6 épisodes. Cette série britannique interroge, sous un angle noir et souvent satirique, les conséquences que pourraient avoir les nouvelles technologies, et comment ces dernières influent sur la nature humaine de ses utilisateurs. A l’image deTwilight Zone, chaque épisode constitue une histoire à part entière dont les héros demeurent les seuls maîtres de leur destin. Note: •••••• 90


www.loupe-magazine.fr

CHANNEL ZERO: CANDLE COVE Créé par: Nick Antosca (2016) Avec: Amy Forsyth, Paul Schneider, Fiona Shaw Genre: Epouvante, Horreur

Candle Cove est une légende urbaine née sur Internet. Elle raconte comment une émission pour enfants du même nom a diffusé, dans les années 1970 aux États-Unis, des épisodes pour le moins terrifiants. Cette histoire a inspiré la série. Son héros est convaincu que ce programme a joué un rôle dans les événements cauchemardesques et mortels de son enfance. Note: ••••••

THE YOUNG POPE Créé par: Paolo Sorrentino (2016) Avec: Jude Law, Diane Keaton, Cécile de France Genre: Drame, Historique

Lenny Belardo, alias Pie XIII, est le premier pape américain de l’histoire. Jeune et charmant, son élection pourrait sembler être un coup médiatique. Mais les apparences sont parfois trompeuses et ce personnage va s’avérer être le plus mystérieux et contradictoire des dirigeants de l’Eglise catholique Note: ••••••

THE MAN IN THE HIGH CASTLE-SAISON II / INCORPORATED

BUNGALOWS LOCATION DE SURF COURS DE SURF

RÉSÉRVATIONS: 06.90.76.23.73 www.allamandasurfcamp.com

ALLAMANDA SURF Route de Saint-François 971 60 LE MOULE


Cinema

SNOWDEN Réalisateur: Oliver Stone Avec: Joseph Gordon-Levitt, Shailene Woodley, Zachary Quinto, Nicolas Cage Genre: Thriller, Biopic Date de sortie: 1er novembre 2016

Le jeune Edward Snowden semble réaliser son rêve quand il rejoint les équipes de la CIA puis de la NSA. Il découvre alors au cœur des Services de Renseignements américains l’ampleur insoupçonnée de la cyber-surveillance. Violant la Constitution, soutenue par de grandes entreprises, la NSA collecte des montagnes de données et piste toutes les formes de télécommunications à un niveau planétaire. Snowden décide de rassembler des preuves et de tout divulguer. Note : ••••••

TOUR DE FRANCE Réalisateur: Rachid Djaïdani Avec: Gérard Depardieu, Sadek, Louise Grinberg Genre:Comédie dramatique Date de sortie: 16 novembre 2016

Far’Hook est un jeune rappeur de 20 ans. A cause d’un règlement de compte, il est obligé de quitter Paris pour quelques temps. Son producteur lui propose alors de prendre sa place et d’accompagner son père Serge faire le tour des ports de France sur les traces du peintre Joseph Vernet. Malgré le choc des générations et des cultures, une amitié improbable va se nouer entre le rappeur et ce maçon du Nord de la France. Note : •••••• 92


www.loupe-magazine.fr

COLLATERAL BEAUTY Réalisateur: David Frankel Avec: Will Smith, Kate Winslet, Keira Knightley Genre:Comédie dramatique Date de sortie: 21 décembre 2016 li

Suite à une terrible tragédie, un publicitaire new-yorkais à la réussite exemplaire sombre dans la dépression. Ses collègues échafaudent alors un stratagème radical pour l’obliger à affronter sa souffrance de manière inattendue. Note : ••••••

ROGUE ONE: A STAR WARS STORY Réalisateur:Gareth Edwards Avec: Felicity Jones, Riz Ahmed, Ben Mendelsohn Genre: Aventure, Fantastique Date de sortie:14 décembre 2016

Un an après la sortie de Star Wars: Le Réveil de la Force, les studios Disney proposent de se replonger dans l’univers de George Lucas. Situé entre les épisodes III et IV de la saga, ce spin-off raconte comment un commando rebelle se lance dans une mission pour voler les plans de l’Etoile Noire. Note : ••••••

LES ANIMAUX FANTASTIQUES / ANTHROPOID / INFERNO

pokemon lune et soleil SUR 3DS

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DISPONIBLE le 23 Novembre 2016

JAPAN GAMES ZAC DE JABRUN

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Jeux vidéos

WATCH DOGS 2 Editeur: Ubisoft Catégorie: Action / Infiltration / Aventure Date de sortie: 15 Novembre 2016

CONSEILLÉ PAR:

Watch Dogs 2 est un jeu d’aventure en monde ouvert, qui fait suite aux événements du premier épisode. Ce nouvel opus nous entraîne au cœur de la ville de San Francisco, dans la peau d’un jeune hacker surdoué, Marcus Holloway, accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Dans sa quête de vérité, Marcus pourra hacker les infrastructures de la ville ainsi que les personnes qui sont connectées au réseau. Note : ••••••

STEEP Editeur: Ubisoft Catégorie: Sport Date de sortie: 2 décembre 2016

Jeu de sport extrême, Steep nous embarque en pleine montagne pour pratiquer le ski, le snowboard, le parapente et même le wingsuit. Le joueur pourra se déplacer où il le souhaite sur une chaîne de montagnes et enchaîner les courses contre d’autres dingues de la poudreuse. Note: ••••••

CALL OF DUTY: INFINITE WARFARE / BELOW 94


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