LOUPE#16 - Octobre / Novembre / Décembre 2017

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NOV. 2017 #16

FOCUS SOCIÉTÉ: PROJET 57

ENGAGEMENT:

AUX ACTES CITOYENS! KARUKERA - SHELLTONE WHALE PROJECT - PLI BEL LARI PANORAMIQUE: GUYANE MUSÉE DES BEAUX ARTS - TRAIL - OTENCIA


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DIRECTeUR DE PUBLICATION David Dancre david.dancre@loupe-magazine.fr ReDACTEUR EN CHEF David Dancre JOURNALISTES 3D-4.0, Mr. Chung, Ceebee SECRETAIRE DE ReDACTION Cécile Borghino cecile.borghino@loupe-magazine.fr PHOTOGRAPHIES Photo de couverture - Valérie Gueit

présente

LE CHEESY BACON servi avec frites maison ou salade crudités

MAQUETTISTES David Dancre, Charles Eloidin WEBMASTER Juba Lamari SITE INTERNET www.loupe-magazine.fr impression PRINT MARKETING CARAÏBES REGIE PUBLICITAIRE LOUPE REGIE 05.90.555.415 Magazine gratuit - Numéro #16 Novembre / Décembre 2017 © LOUPE est édité par David Dancre 97 118 Saint-François N° SIREN : 805 060 878 Toute reproduction, adaptation totale ou partielle est interdite.

JARRY: 05.90.25.07.53 POINTE-À-PITRE: 05.90.90.94.83 PETIT-BOURG: 05.90.25.00.70 BYRON BURGER BAR JARRY BYRON BURGER BAR


EDITO 09 L’Oeil Du Cyclone BRUITS DE COULOIR 11 String fillette 12 Actualités Panoramique 16 La Guyane focus 18 Projet 57

GRAND ANGLE 23 Engagement: aux Actes citoyens! à la loupe! 44 Culture: Musée des Beaux-Arts 46 Loisirs: Trail 50 Société: Otencia Chroniques 54 Séries 56 Cinéma 58 Jeux Vidéos

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L’OEIL DU CYCLONE par David Dancre

Nous nous sommes habitués à regarder la misère des autres au journal télévisé mais parfois, la réalité nous rattrappe. Nul n’est invulnérable et les riches d’aujourd’hui seront peut-être les nécessiteux de demain. La plus grande catastrophe à surmonter est sans doute le détachement dont nous sommes capables au quotidien, notre manque d’empathie pour ceux qui vivent près ou loin de nous, dans le dénuement le plus total. Cet aveuglement volontaire, conjugué aux préjugés les plus abjects, est la source de bien des maux. Comme l’écrivait Césaire, “Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte” (Discours sur le colonialisme, 1955). 9


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BRUITS DE COULOIRS

STRING FILLETTE par Ceebee Quatre ans: c’est l’âge à partir duquel une marque propose ses premiers soutiensgorge. Les petites filles sont les victimes d’un marketing genré qui les cantonne à un rôle de séduction, et dont les effets psychologiques commencent à se faire sentir. des objets disponibles et exploitables. Une tendance que l’usage des réseaux sociaux, sans contrôle parental, met en exergue. Il y a quelques années, on s’alarmait de l’anorexie qui commençait vers 15 ans, mais il n’est pas rare que des filles de 6 ans en présentent les symptômes aujourd’hui. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes est un objectif que tous les Etats ont approuvé (Objectifs du Millénaire pour le Développement, ONU) mais les pratiques socio-culturelles, visiblement, s’en éloignent encore.

Toutes les femmes sont soumises, de façon plus ou moins consciente, aux injonctions des magazines et de la publicité. Ce phénomène n’épargne pas les jeunes filles: la vente de strings a représenté à elle seule 156 millions de dollars pour les 13-17 ans l’an dernier. Les grandes surfaces proposent presque toutes des soutiens-gorges ampliformes ou rembourrés à partir de 8 ans (taille 65 A), pour donner l’illusion d’avoir des seins. Ces fillettes qui se construisent à partir d’images sexistes et stéréotypées adoptent, sans le savoir, l’idée qu’elles sont

L’HYPERSEXUALISATION Chair et âme- L’hypersexualisation des jeunes filles, Blanche Martire Sexy inc. Nos enfants sous influence, Sophie Bissonnette (You Tube) 11


BRUITS DE COULOIRS

JEU

L’ANTI-MONOPOLY Inventé il y a 100 ans par Elisabeth Magie, le Monopoly est le jeu de plateau le plus vendu au monde. A l’origine, sa créatrice voulait défendre le droit égal de tous les Hommes à la propriété et pour promouvoir cette pensée, elle déposa le brevet du “Landlord’s game” (le jeu du propriétaire). Les joueurs pouvaient choisir entre deux règles: une version coopérative dans laquelle tout le monde sortait vainqueur, ou une version qui permettait de se rendre compte des conséquences néfastes du monopole. L’Anti-Monopoly est une mise à jour du jeu initial, au lieu d’acheter des rues pour y investir dans l’immobilier, vous pouvez dénoncer des monopoles et améliorer la société.

L’ANTI-MONOPOLY A partir de 8 ans www.espritjeu.com

ROMAN

PULITZER Dans cette oeuvre couronnée par le prix Pulitzer, Colson Whitehead matérialise le célèbre réseau clandestin d’aide aux esclaves en fuite et explore, avec une originalité et une maîtrise époustouflantes, les fondements du racisme. Le roman suit Cora, une jeune esclave de seize ans, dans la Géorgie d’avant la guerre de Sécession. Abandonnée par sa mère, elle survit tant bien que mal à la violence de sa condition. Lorsque Caesar, un esclave récemment arrivé de Virginie, lui propose de s’enfuir, elle accepte et tente, au péril de sa vie, de gagner avec lui les États libres du Nord.

COLSON WHITEHEAD- UNDERGROUND RAILROAD 416 pages Éditions Albin Michel, Août 2017 12


ActualitÉS

STREET WORKOUT

FINALE DU CHAMPIONNAT DU MONDE

En moins de trois ans, la Fédération Caribéenne de Street Workout & Calisthénics a connu une ascension fulgurante. Après avoir organisé une étape du Championnat du Monde l’année dernière, elle organisera cette fois-ci, le 2 décembre prochain, la finale des Championnats du Monde de Street Workout. Le Kenguru Pro Street Workout World Cup 2017 se déroulera à l’Hôtel Langley Resort Fort Royal à Deshaies et regroupera 36 athlètes (dont 3 Caribéens), issus de nombreux pays (France, Réunion, Afrique du Sud, Taiwan, Hong Kong, Mexique, Lituanie, Pologne, Suisse, Brésil, Chine, Argentine, Chili, Slovaquie, Espagne, Danemark, Suède, Russie). C’est l’événement sportif de cette fin d’année et une bonne raison pour aller supporter nos champions.

FCSWC Facebook: Fédération Caribéenne de Street Workout & Calisthénics


BRUITS DE COULOIRS

MAKARAÏBES MAKALI DOUGLAS Percussionniste depuis l’âge de 7 ans, après avoir découvert le Ka auprès de son père, c’est sur le premier album de Tonton David, Le Blues des Racailles, avec les deux titres “lIs ont appelé la police pour moi” et “Les jeunes filles vont nous tuer”, que Makali a fait sa première apparition discographique, en tant que compositeur. En 2012, il sort un premier maxi autour de cinq titres, Makaraïbes. Il y pose les bases de son concept musical: les percussions (Ka, cha-cha, ti-bwa ) mélées à des influences issues de la Caraïbe. Welcome to Makaraïbes, son premier album sorti depuis aout 2017, en co-production chez Henri Debs & fils, est composé de 15 titres et disponible sur toutes les plates-formes de téléchargement, ainsi que chez les disquaires. Un show case pour le lancement de l’album aura lieu le 17 novembre 2017 à 20H, à l’Instant Discothèque (Les Abymes).

MAKALI DOUGLAS

Facebook: Makali Douglas Instagram: makali_douglas

Welcome To Makaraïbes Henri Debs et Fils 14


KAMO LARI FESTIVAL

PLAYLIST#1.6

ActualitÉS

DJ Poska nous présente en direct de New York un mix de ses dernières séléctions et vous propose la “PLAYLIST LOUPE” en exclusivité. Retrouvez DJ Poska et DJ Akil tous les samedis sur Bushwick Radio App à 18h (00h en France)

DISPONIBLE SUR www.loupe-magazine.fr

Tout au long de l’année, l’association GWA LABEL met en place des temps forts afin de mettre en lumière la culture urbaine créole. En 2017, une fête de la musique urbaine mémorable regroupant plus de 1500 personnes a été organisée dans un haut lieu de culture, le MACte. Du 11 au 25 Novembre aura lieu la troisième édition du festival de culture urbaine kréyol KAMO LARI. Cette manifestation se déroulera dans plusieurs espaces: le Mémorial Acte, le centre culturel Sonis et le Pavillon de la Ville de Pointeà-Pitre. Expositions, vitrines d’artistes, conférences, ateliers et salons, cette édition devrait faire date notamment avec l’exposition WU LAB qui a connu un succès retentissant à Paris, et sera présentée en exclusivité caribéenne, en y faisant participer des artistes locaux. Le but premier restant de faire renaitre les bases d’une culture qui a trop longtemps été décriée.

1 - FOCUS Di-Meh 2 - TOAST Kwoat 3 - STATE OF MIND Cool 4 - A.NWAAR IS THE NEW BLACK Damso 5 - DON’T RUN Casanova Feat. Young M.A., Fabolous, Dave East 6 - SO EXCITED Fat Joe Feat. Dre 7 - GIRLFRIEND Busta Ryhmes Feat. Wybz Kartel & Tory Lanez 8 - N.O.R.E. DUno Mas Feat. Pharrell Williams 9 - NO FEAR DeJ Loaf 10 - TOUS DEAD Busta Flex, Zoxea, Rocca

KAMO LARI

DJ POSKA

Facebook: GWA LABEL

Facebook: DJ Poska Facebook: Live From La Grosse Pomme

LOUPE MAGAZINE


panoramique

LA GUYANE La Guyane française est presque entièrement recouverte par la forêt équatoriale. Une terre de nature et d’aventures, à seulement trois heures de vol de Pointe-à-Pitre.

CARNAVAL Culture, Festivités Note : •••••• Le Carnaval fait partie intégrante de la culture guyannaise. Il se déroule entre l’Épiphanie et le Mercredi des Cendres. Chaque samedi soir, les clubs sont envahis par les mystérieux touloulous, ces cavalières entièrement déguisées qui mènent le bal jusqu’à l’aube. Les groupes carnavalesques défilent tous les dimanche dans les villes.

LE MARONI Patrimoine, Nature Note : •••••• Frontière entre la Guyane française et le Surinam, ce fleuve long de 520 km est la voie royale pour un périple touristique en Amazonie. Il permet de faire connaissance avec les populations de l’intérieur de la Guyane: les Businengés et les Amérindiens. 16


LA GUYANE

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KOUROU Sciences, Découvertes Note : •••••• La Guyane fut choisie dans les années 1960 pour les activités spatiales, du fait de sa position géographique exceptionnellement favorable. Ces activités sont à découvrir au Musée de l’Espace ou depuis l’un des sites d’observation de Kourou pour vivre l’expérience d’un lancement de fusée.

LES ÎLES DU SALUT Nature, Histoire Note : •••••• Autrefois connues pour le bagne, les Iles du Salut sont désormais un haut lieu touristique en Guyane. Elles sont accessibles par des navettes quotidiennes depuis Kourou et se composent de trois îlots: l’Ile Royale, l’Ile Saint-Joseph et la petite île du Diable qui ne se visite pas. 17


FOCUS


SOCIÉTÉ

PROJET 57 CHARLES-HENRI COPPET par Cee Bee Photos: D.R.

57 personnes sont mortes en 2016 sur les routes de Guadeloupe. C’est pour que ce chiffre reste gravé dans notre mémoire et résonne comme une alarme que Le Projet 57 a vu le jour. Son concepteur Charles-Henri Coppet et l’association Waren Errin, du nom du jeune cycliste au nombre des victimes, ont voulu porter ce message en l’associant à des oeuvres d’art et des témoignages, dans lesquels douleur et douceur se croisent. Pourquoi ne pas avoir fait le choix d’exposer ces œuvres sur la route, par exemple à la place des panneaux publicitaires, pour sensibiliser un public plus large? Un lieu d’exposition est un lieu où l’on s’arrête, on ne peut pas s’arrêter sur la route; d’autant que les panneaux publicitaires sont encore une occasion de nous distraire au volant… Il fallait s’arrêter pour réfléchir, discuter et divaguer. C’est important de prendre le temps pour que cela ait du sens, que ce soit pour une œuvre ou une idée.

Le Projet 57 est né du constat terrible que les routes de Guadeloupe sont très meurtrières (57 personnes tuées l’an dernier). Qui a choisi la forme d’un ouvrage pour recueillir des œuvres et des témoignages sur cette question? Je suis le concepteur à l’origine de l’idée que ce chiffre soit comme un “Stop”. J’ai voulu un ouvrage qui regroupe des témoignages et des

“57 morts sur nos routes, c’est inadmissible.”

Comment ont été choisis les artistes et acteurs de la société civile qui ont participé à ce recueil ? On a retenu ceux qui nous semblaient correspondre à l’état de la société guadeloupéenne, qui avaient un message à délivrer. Ce sont des gens qui étaient motivés pour produire et faire changer les choses.

œuvres, pour y mettre des mots et des images. J’ai réuni un collectif, des personnes avec des compétences différentes, dans le but de faire une exposition, pour qu’il y ait un moment de vie et de partage, et donner un souffle au livre qui était l’objectif final. L’exposition était le moyen de l’animer. 19


FOCUS L’exposition qui a eu lieu au Pavillon de la Ville à Pointe-à-Pitre est terminée, mais le livre va être disponible à la vente en librairie. Il est déjà en vente en librairie et l’exposition sera reproduite sur des lieux itinérants.

encore le cas, plus les pouvoirs publics seront amenés à réagir. L’ouvrage appelle aussi à changer nos comportements sur la route? Pas tant que cela. L’ouvrage dit surtout qu’en 2016, le chiffre de 57 morts sur les routes est anormal, en regard de la situation dans le monde ou en métropole. Il faut déjà avoir conscience que nous sommes en situation d’hyper dangerosité sur la route. C’est l’acceptation de cette information qui prime: 57 morts sur nos routes, c’est inadmissible.

Les bénéfices de la vente du livre seront utilisés à des actions de sensibilisation: lesquelles? Il s’agira principalement de militer pour l’augmentation des pistes cyclables.

“Les routes sont un élément d’humanisation mais nous donnent aujourd’hui l’idée que nous sommes des animaux. ” Dans un département où le “tout voiture” prédomine, n’est-ce pas ce mode de circulation très individualiste qui nous amène à ce terrible constat? On a décidé de prendre les problèmes les uns après les autres. Le premier problème, c’est qu’il n’ y a aucune conscientisation de la difficulté et de l’horreur de la situation. Personne n’en parle, on fait comme si cela était normal mais cela ne l’est pas. Avant même de donner des conseils de sécurité, de mener des campagnes pour que l’on se protège avec un casque etc, ce qui fonctionne rarement, il faut prendre le temps de penser à l’autre et à soi-même. Les routes sont un élément d’humanisation mais nous donnent

C’est la mort du jeune cycliste Waren Errin qui a donné naissance à l’association qui porte son nom, elle même porteuse du Projet 57. Les collectivités ont-elles entendu ce message, pris des décisions importantes pour améliorer la sécurité des usagers? Pour l’instant, non. Cette question doit être d’abord saisie par le public car il faut déjà se rendre compte que la situation est anormale. Plus on sera nombreux à en parler, à s’étonner de la situation, ce qui n’est pas 20


SPORT aujourd’hui l’idée que nous sommes des animaux. Quels retours avez-vous du public qui a découvert l’exposition? Les retours sont très positifs. Nous avons accueilli beaucoup de visiteurs, des écoles, des familles, il y a eu beaucoup de gravité. Il y a eu un véritable intérêt car c’est une problématique qui touche. On n’en parle pas forcément car il n’existe pas d’espace de parole, mais la mortalité et le risque de blessure sur les routes est un sujet qui touche tout le monde. Malgré le fait que beaucoup de violence et de malheurs soient à l’origine de ce livre, Projet 57 est aussi un bel ouvrage, avec des œuvres sur lesquelles on pourra revenir même en dehors du contexte de création. Oui, c’est une façon d’amener par des choses douces des choses difficiles, par une voie de création vivante. C’est une façon de dire aux gens de venir réfléchir et s’interroger avec nous.

PROJET 57 Facebook : Leprojet57



GRAND ANGLE

ENGAGEMENT: AUX ACTES CITOYENS! par Ceebee & Mr. Chung ou son discours, de façon individuelle ou collective, pour transformer le quotidien, que ce soit notre espace ou nos conditions de vie, nos relations sociales et humaines, ou plus globalement notre façon de gérer le monde. Cette volonté n’est pas seulement le fait de quelques militants ou idéalistes, mais bien le souhait d’une majorité de citoyens, à en croire leurs propos. L’Histoire regorge d’exemples d’hommes et de femmes qui ont bousculé les codes et les lois; elle nous permet de nous projeter dans un futur moins fataliste, car rien n’est écrit par avance. C’est par nos actes citoyens, quels que soient l’échelle et le domaine d’action, que nous construirons le monde de demain.

Il y a quelques mois, les élections occupaient le devant de la scène médiatique nationale et régionale, mais l’abstention a encore battu des records et pourrait passer pour le vainqueur. Les citoyens ne font plus totalement confiance aux élus, qui par la force des choses ne sont plus représentatifs de la société qu’ils entendent gouverner. La démocratie représentative ne convainc plus, mais d’autres formes de participation citoyenne se développent et témoignent, à travers des positionnements sur les grands débats contemporains, de l’engagement politique: qualité de l’environnement, lutte contre les inégalités sociales et les discriminations... S’engager, c’est prendre parti par ses actions 23


GRAND ANGLE


ENGAGEMENT: AUX ACTES CITOYENS!

MARK-ALEXANDRE

MONTOUT KARUKERA par Cee Bee Photos: D.R.

Comme beaucoup de jeunes de son époque, Mark-Alexandre a quitté la Guadeloupe, pour suivre des études dans l’audiovisuel. Il y est revenu pour le tournage de son film, Karukéra, un documentaire saisissant sur les problèmes de société qui ternissent trop souvent l’image de notre île en faisant la Une des actualités. A travers cette oeuvre, il questionne un passé qui nous concerne tous pour mieux comprendre qui nous sommes et aller de l’avant.


GRAND ANGLE Ton enfance et ton parcours? J’ai grandi en Guadeloupe entre BasseTerre et Pointe-À-Pitre. Comme beaucoup de Guadeloupéens, j’ai dû partir pour mes études en “métropole” comme on disait à l’époque. Je me suis intéressé à l’industrie du cinéma et j’ai travaillé sur plusieurs projets au sein d’agences comme monteur sur Paris dans un premier temps. J’étais encore jeune et j’ai été tenté par les Etats-Unis. J’ai ensuite effectué un stage dans le cadre du festival du FEMI, c’était alors Firmine Richard la marraine et Melvin Van Peebles le Président. J’ai eu la chance de me rapprocher de ce dernier, nous partagions notre passion pour la musique et cela a été le point d’entrée, car je voulais travailler dans le cinéma et il m’a encouragé. J’ai débarqué à New York pour trouver un stage. Pour un jeune BasseTerrien, c’était énorme de se retrouver dans cet environnement et cette énergie. Ce stage m’a confirmé dans mes ambitions. Mais le cinéma français ne m’intéressait pas du tout, je n’y trouvais pas ma place et j’ai préféré me tourner vers ceux qui me ressemble, ma communauté, en gardant mon ouverture sur le monde. En 2004, J’ai monté un premier label qui s’appelait RedLightFilms, nous étions une petite équipe et aidions les jeunes artistes indépendants à réaliser des clips vidéos, pour les aider à démarcher les majors. Par la suite, j’ai créé le programme Mark-A dans le but d’aider les jeunes qui n’avaient pas encore tissé leur réseau dans le secteur de l’audiovisuel. À partir du moment où le projet était viable, je les aidais à trouver du matériel, revoir leur scénario, et supervisais les tournages pour le bon déroulement. C’était un moyen pour moi de valoriser et d’encourager la jeunesse à travers l’éducation à l’image, j’ai principalement travaillé avec les jeunes du 93, notamment la Ville d’Aulnay-sous-bois.

Qu’est-ce qui a déclenché l’idée de réaliser ce documentaire? Après plusieurs courts-métrages, l’envie de passer au long m’est venue naturellement.Je me suis demandé s’il n’était pas possible de travailler sur des problématiques propres à la Guadeloupe. Monteur, cadreur, réalisateur, je pouvais contrôler toutes les étapes de la fabrication d’un film, du tournage à la production, et proposer un premier long métrage comme Karukéra. C’est un questionnement qui m’y a amené, je vivais entre Paris, Montréal et Londres, mais les origines te rattrappent et avec tout ce qui se passait en Guadeloupe dans la période 2013-2014 (années où le département était considéré comme le plus meurtier, NDLR), je me rendais compte qu’il y avait des problèmes chez moi, et qu’il fallait faire

“Il faut réaffirmer nos modèles, ce qui nous manque aujourd’hui dans notre société. ” quelque chose. À l’époque, je n’avais pas de fonds mais des choses à dire, un message à passer. Aujourd’hui la communauté s’exprime et met en exergue les problématiques dans lesquelles, elle se trouve, comme l’a fait dernièrement Alain Etoundi, “Biff”, sur le manque de visibilité de notre communauté dans les médias et le cinéma. Luc Saint-Eloy l’avait déjà fait dans les années 2000, mais près de vingt ans après, cela n’aura rien changé et cela n’est pas de son fait, si ce n’est que cela lui a fermé des portes. C’est là que j’ai réalisé qu’on ne viendrait jamais nous chercher. L’argent que j’ai investi pour ce film, j’aurais pu le mettre dans une maison mais je l’ai investi sur moi-même et j’exhorte tout le monde à le faire. Au lieu de mettre cet argent dans une 26


ENGAGEMENT: AUX ACTES CITOYENS! voiture, dans des fringues, il vaut mieux investir sur soi-même (je ne donne aucune leçon). En me donnant les moyens, je voulais un documentaire pédagogique, interactif et artistique, que l’on ne sente pas forcément la position du réalisateur. Karukera, c’est une encyclopédie dans laquelle on retrouve beaucoup de références de nos oeuvres faites par nos réalisateurs, nos artistes, nos intellectuels comme par exemple Neg’Maron

avec justesse. Karukéra aurait pu se tourner à New York ou encore en Haiti, simplement pour montrer que les problématiques sont les mêmes partout. Diffusé en Afrique, à Toronto, Montréal, Londres, Paris etc, c’est un film qui intéresse bon nombre de personnes. Karukera n’est pas un documentaire produit uniquement pour le Guadeloupéeen, mais aussi pour les autres, désireux de mieux comprendre et de découvrir notre île sous un autre angle. Ce tournage a-t-il changé ta propre vision, fait découvrir des choses que tu ne connaissais pas toi-même? Totalement. Je vivais comme un expatrié, sans savoir ce qui se passait au “pays”. Tu as des nouvelles par ton cercle d’amis ou par la famille, mais en Guadeloupe il y a des milliers de cercles: des rockers, des rappeurs, des Bretons, des zoukeurs, des poètes, des fanatiques de Reggae/ Dancehall, des amoureux de la nature… C’est un melting-pot et l’on ne connaît souvent qu’un pan de ce qui se passe réellement en tant qu’expatrié. Karukéra, c’est pratiquement toutes les couches de la société guadeloupéenne touchées en 60 minutes, qui explique les problèmes que nous rencontrons à travers diverses thématiques traitées. D’où provient la violence? De l’histoire, de l’évolution de notre modèle familial, de l’identité, de la jeunesse? En 2013-2014, la Guadeloupe comptabilisait 46 meurtres en un an, mais quels sont ces meurtres? Quelles étaient les vies de ces personnes ? Est-ce que c’est parce que tu vis dans un mauvais quartier que tu es amené à faire ces actes ? Est-ce notre mode de vie, notre cellule familiale qui a évolué vers la monoparentalité, est-ce qu’un jeune dévie parce qu’il n’a pas de père? Qu’est-ce que le mouvement social de 2009 a impacté? Que peut-on faire pour un jeune qui sort d’une peine de prison longue? Karukéra est donc un miroir de la société qui tente de répondre à ces questionnements.

de Jean Claude Barny, Euzhan Palcy qui a adapté au cinéma l’oeuvre de Joseph Zobel La rue case nègre. Il faut réaffirmer nos modèles, ce qui nous manque de façon cruciale aujourd’hui dans notre société. Euzhan Palcy a changé ma vie avec La Rue case nègre en 1984. Ce film qui parle de nous, de nos parents, du mode vie des “bitasyon” à dépassé les frontières, obtenu nombre de prix, ce qui à ouvert les portes à Euzhan qui a pu tourner à Hollywood avec de grands acteurs comme Marlon Brando, en adaptant Une saison blanche et sèche en 1989. Aujourd’hui, la société des médias et du cinéma dans laquelle nous évoluons ne montre pas toujours notre communauté dans ses bonnes actions, ce qui pousse à finir par croire que nous sommes ainsi. Il est important de nous montrer autrement et 27


GRAND ANGLE Les médias locaux et nationaux se nourrissent beaucoup des faits divers (morts violentes, braquages…), tu estimes qu’ils ne creusent pas suffisamment à la source de ces phénomènes? Nous avons les médias qui nous ressemblent. Il y a des médias intéressants comme partout ailleurs en Guadeloupe. Mais nous-mêmes nous véhiculons ces idées. Les médias savent ce qui attire le public. Quand on regarde ce qui est partagé sur les réseaux sociaux, dès le matin on se réveille avec des informations abominables que les gens ont partagées. Cela conditionne déjà notre journée.

la prendre! On pense que notre environnement local n’est pas riche, alors que le monde entier envie nos ressources naturelles, notre biodiversité qui est l’une des premières au monde, notre écosystème sous-marin et j’en passe… Avons-nous le sentiment d’être plus heureux ailleurs? Partout où je vais, je stimule les retours. Ces expatriés qui ont vu tellement de choses positives dans ce film me remercient d’être venus jusqu’à eux. Je m’exprime sur une évolution de 40 ans. On peut voir par exemple dans Karukéra un extrait d’un reportage tourné par France 2, diffusé à l’époque au JT de Patrick Poivre d’Arvor, sur la vie en Guadeloupe. Mme Honorine, entourée par toute sa famille, explique qu’il faut quitter la Guadeloupe parce qu’il n’y a rien à faire. 40 ans après, il y a encore des gens qui tiennent ce discours, alors que bon nombre de solutions se trouvent ici. Je me rends dans les écoles et constate que les jeunes ne connaissent pas leur histoire, pour eux nous sommes sortis directement de l’esclavage. Ils ne connaissent pas les luttes, les combats menés qui ont rythmés la construction et l’évolution de la Guadeloupe, Mai 67 entre autres. À mon sens, nous ne sommes pas dans une éducation authentique. Toutefois, il y a des efforts faits de la part des citoyens à travers les associations qui font aujourd’hui le job dans ce sens.

“Je ne savais pas que des familles allaient chercher des seaux d’eau à un kilomètre de chez elles...” Tu parlais tout à l’heure des “expatriés”, des Guadeloupéens qui comme toi sont partis par nécessité pour les études, le travail… Ce ne serait pas un peu comme “une fuite des cerveaux”, une perte pour la société guadeloupéenne? Il y a un organisme qui envoie des jeunes dans l’hexagone, selon moi c’est un nouveau BUMIDOM. C’est à dire qu’il pousse le Guadeloupéen à quitter son Île pour une meilleure vie. On apprend la bio-diversité hors de la Guadeloupe, c’est un comble! Cette fuite est tout de même intéressante à analyser. Effectivement, nous avons une fuite de cerveaux, de jeunes Guadeloupéeens qui quittent le territoire, mais intéressons-nous à ceux qui viennent et qui réussissent en Guadeloupe. On dit que la nature à horreur du vide! Si tu laisses ta place, d’autres viendront

Tu as donné à ton documentaire le titre Karukéra, un nom qui évoque une certaine douceur de vivre et fait référence au passé de notre territoire, pourquoi? Effectivement j’ai mis l’accent avec ce titre sur les origines. On entend souvent dire que la Guadeloupe, c’était mieux avant, qu’il n’y avait pas de violence. Mais à quel moment étaitce mieux? Il y a toujours eu de la violence. A la base, ce n’était pas la Guadeloupe mais Calou-kaera (la terre aux eaux claires). À la génèse, nous ne venons pas de là, et quand 28


ENGAGEMENT: AUX ACTES CITOYENS! événements récents le prouvent: on va aider les autres îles mais seulement après une catastrophe naturelle. En Guadeloupe, plus de 100 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, il faut le savoir. Je ne savais pas que des familles allaient chercher des seaux d’eau à un kilomètre de chez elles, que des personnes vivaient sans électricité, dans des conditions lamentables. Il faut en être conscient.

nous sommes venus, nous y étions contraints. Je n’ai aucun problème avec mon histoire mais il va falloir l’accepter à un moment pour avancer. En Amérindien, Taïnos signifie paix, c’est de cette façon qu’un Amérindien tainos se présentait à un étranger. Ce n’était donc pas un peuple hostile et pourtant, ils ont été décimés. Nous sommes venus avec la violence, ce n’est pas nouveau, mais nous l’avons intégrée dans notre inconscient, dans la manière avec laquelle nous nous regardons. Dans les années 1980, à l’époque de Patrick Thimalon (un grand bandit qui était défendu par l’illustre Maître Rhodes, et qui était considéré comme l’ennemi public numéro un, le roi de l’évasion), le département était terrorisé par cet homme. C’était un peu comme qui dirait notre Al Capone, notre Tony Montana, notre Robin des Bois puisqu’il avait quand-même la particularité de distribuer le butin volé aux pauvres! Aujourd’hui, d’une façon générale, nous employons la solidarité sélective, nous nous aidons seulement dans la misère, et les

As-tu rencontré des difficultés pour filmer dans certains lieux, pour faire parler les gens? Cela a été très compliqué. Mettre une caméra face à une personne en Guadeloupe, on sait très bien que cela va prendre du temps. On aimerait tourner vite pour éviter de perdre de l’argent, mais c’est impossible. Katia Jangal, qui venait de perdre de son fils de 19 ans, je voulais l’interviewer mais elle n’a pas tout de suite donné son accord. Il a fallu prendre le temps, discuter, expliquer et après cela, elle a accepté, car elle a compris la démarche

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GRAND ANGLE N’a-t-on pas des préjugés sur la jeunesse actuelle, une tendance à porter un jugement négatif sur ceux qui se construisent avec des codes différents? En moins de 40 ans, nous sommes passés de l’encre de chine à l’Internet, de la charette à boeufs à la Porsche Cayenne turbo S! Le clivage s’est installé, cela a été trop rapide. Je constate que les adultes parlent au nom d’une jeunesse qu’il ne connaissent pas. C’est à la jeunesse de répondre, de s’exprimer sur ses problématiques. Il est important de faire

et a voulu faire passer son message. Il a fallu m’introduire dans des milieux que je ne côtoyais pas. Prendre le temps d’écouter, de connaître les gens qui très souvent ont été floués par le passé avec ces reportages où ils ont vu leur image et leurs propos détournés. On qualifie parfois Karukera de film violent, mais il n’y a aucune violence, ce n’est pas un film d’action mais un film sociétal. Aujourd’hui, pour rentrer chez des gens en Guadeloupe, cela demande un vrai travail d’approche et une sincérité.

“La violence est polymorphe...” Un an s’est écoulé depuis la mort du jeune Yohann, tué devant son lycée à coups de couteau. Il y a eu beaucoup d’actions organisées suite à cette tragédie, en reste-t-il quelque chose aujourd’hui? J’étais en Guadeloupe quand cela s’est passé. Le DMJ (Dispositif Média Jeune) initié par Nicolas Joachin Eugène, s’est organisé avec le collectif jeune du quartier LCC (Lacroix city). Un collectif qui s’est créé à cause de ce malheureux évènement. Ils ont décidé de sensibiliser la population en diffusant Karukera lors d’une soirée d’hommage quelques temps après cet homicide. Ce que je tire de cela, un an après, c’est que ce collectif de jeunes est toujours actif dans son quartier des Abymes. Ils sont déterminés à revaloriser l’image de leur quartier en y impliquant d’autres jeunes, par le biais d’actions éducatives et sportives. C’est à ce moment que certaines cellules se sont rendues compte que Karukera était un outil pédagogique, qu’il amène à débattre, à réfléchir sur notre condition et notre devenir.

des marches quand le malheur touche l’un de nos jeunes. La violence a évolué mais les slogans sont les mêmes, les actions menées sont très souvent les mêmes et cela depuis près de 40 ans. Il faut trouver d’autre biais pour sensibiliser la jeunesse et organiser des évènements concrets, pour les rassembler et les laisser discuter entre eux. Le 2 30


ENGAGEMENT: AUX ACTES CITOYENS! octobre dernier, c’était la Journée Internationale de la non-violence, et rien n’a été organisé dans le sens de sensibiliser, et pourtant nous vivons dans l’un des départements les plus meurtriers de France mais aucune action n’a été menée lors de cette journée symbolique. Quel signal souhaite-t-on envoyer? Je me questionne. Tu parles d’éducation et d’actions envers les jeunes, mais la violence est aussi présente chez les moins jeunes, au sein des familles par exemple. Le phénomène est-il appréhendé plus globalement ? Aujourd’hui, nous sommes dans le cadre des Assises de la famille, et la famille cela englobe tout le monde. Les institutions jouent le jeu, et il faut que la population se prenne aussi en charge et se remette en question. Les mères se sont toujours déplacées lors des réunions et aujourd’hui, évolution intéressante, les pères commencent aussi à prendre leur rôle à cœur. Les mamies sont plus jeunes, elles ont 50 ans et ne peuvent plus transmettre la même éducation qu’auparavant. La violence est polymorphe, elle se transforme et peut prendre d’autres visages. D’autres sujets que tu aimerais traiter? Actuellement je développe un projet qui s’appelle Taïnos. Là où Karukera fera référence à la Terre, Tainos traite du peuple. Il s’agit du même processus pour comprendre et se questionner: continuons-nous dans la même direction ou sommes-nous prêts à nous remettre en cause? J’aime beaucoup utiliser l’adage de Kennedy “Ne te demande ce que l’Amérique peut faire pour toi, demande-toi ce que tu peux faire pour l’Amérique”. Moi, je retire l’Amérique et je le remplace par la Guadeloupe. On critique l’Etat français, mais c’est à nous d’avancer, c’est à nous de faire. Selon moi, c’est une idée qui doit émerger.

KARUKÉRA Facebook: Karukera

EDITION NUMÉRIQUE AVEC LES Interviews complètes de

MARK-ALEXANDRE MONTOUT PIERRE LAVAGNE DE CASTELLAN

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GRAND ANGLE

PIERRE LAVAGNE DE CASTELLAN

SHELLTONE WHALE PROJECT par Cee Bee Photos: Valérie Gueit

Les baleines ont peuplé les océans il y a des millions d’années, bien avant l’apparition des humains sur Terre. Pierre Lavagne de Castellan, bio-acousticien marin, a étudié ces cétacés et leur chant et s’attache aujourd’hui à recréer le lien que nous avons perdu aux Antilles avec cette espèce. Il nous explique le grand intérêt que nous avons à rétablir cet échange, et pourquoi cet animal est l’avenir de l’Homme.


ENGAGEMENT: AUX ACTES CITOYENS!


GRAND ANGLE Vous avez mis au point un instrument qui reproduit le chant des baleines et permet de communiquer avec elles, quand avezvous commencé à les étudier? Cela remonte à 1981, il y a 36 ans quand je suis parti à Maui, à Hawaï. J’étudiais la biologie marine à l’époque et me suis rendu compte que les baleines chantaient. J’en avais déjà entendu parler mais n’avais jamais eu la chance d’aller à l’eau avec des baleines à bosse. Ce sont des amis surfeurs qui m’ont amené une journée en mer et fait découvrir cela. Je me suis renseigné par la suite pour pouvoir étudier leur chant. C’est en Californie que je suis parti étudier l’acoustique.

est très long, pour arriver à émettre des sons qui soient justes et qui vont agir sur leur environnement, c’est au minimum 50 ans. On sait qu’une baleine vit bien au-delà d’une centaine d’années, 150 ans voire plus, leur longévité est surprenante. Les jeunes ne chantent pas, l’apprentissage se fait dans des chorales spécialisées dans chaque discipline, suivant les capacités des uns et des autres: le chant à visée thérapeutique, pour “l’agriculture” ou pour purifier l’environnement. Les mâles forment des écoles et les baleines sont très souvent en répétition, un peu comme un groupe de musique. Comment a-t-on découvert les différentes fonctions de leur chant? C’est par l’éthologie, l’étude du comportement animal. Cela a été découvert il y a très longtemps par des personnes qui côtoient les baleines à bosse de manière régulière, notamment en jouant de la musique avec elles car cela permet d’entrer dans leur cercle et d’avoir des interactions avec elles. On peut ainsi être témoin de leur intimité. Pour l’aspect médicinal, il suffit de les voir en train d’agir pour comprendre qu’elles sont en train de soigner un individu. Elles forment un cercle de 10, 20 ou 30 baleines autour d’un individu, avec leur rostre (museau) tourné vers le centre et chantent pendant des heures en direction de cet animal. Par déduction, on devine qu’elles sont en train d’agir sur lui. Les analyses sont ensuite faites en laboratoire, à l’Université de Sandford, c’est notamment le travail de mon amie Jody Lynn Cole. C’est la même chose pour “l’agriculture”, quand on voit les grands mâles dans les eaux chaudes en période de naissances, on voit qu’ils chantent en direction de phytoplancton, donc du plancton végétal, à valeur protidique très faible, alors qu’ils se nourrissent en eaux froides en été de protéines animales qu’ils vont trouver dans

“ La technologie nous permettra peutêtre de nettoyer une piscine, un cours d’eau... grâce aux vibrations émises par les baleines.” Le chant des baleines accompagne différents moments de leur vie sociale, est-ce qu’elles chantent parfois seules ou seulement au sein d’un groupe? Elles peuvent chanter individuellement. Elles chantent aussi en chorale, il y a un véritable apprentissage du chant comme dans des “écoles”. Ce sont les mâles qui chantent, ils sont équipés d’un système interne comme une grosse caisse de résonnance, avec un tuyau qui serait comme un didgeridoo et deux cartilages à l’intérieur qui font vibrer cette caisse. Ils ne chantent pas en émettant de l’air mais cela résonne à l’intérieur de leur corps, c’est ce son que l’on entend. L’apprentissage 34


ENGAGEMENT: AUX ACTES CITOYENS! le krill, les micro crevettes ou le hareng. Les baleines ont donc une carence de protéines en eaux chaudes, et même si elles ont absorbé énormément de protéines en été qu’elles ont stockées dans leur graisse, une fois les bébés nés, la graisse fond progressivement pour allaiter leur baleineaux. Les mâles vont alors “booster” les protéines du phytoplancton, en agissant avec le chant sur les acides aminés qui composent les protéines (une protéine= 100 acides aminés minimum). C’est la vibration du son qui permet de changer les alignements des chaines d’acides aminés, pour créer de nouvelles protéines. Je suis un “cueuilleur” de son, je transmets les sons que j’ai récupéré en étant avec elles à des laboratoires, notamment celui de Génodique à Paris. On s’intéresse en effet à ces chants qui améliorent l’agriculture. On en est déjà dans l’application réelle en France, sur des salades, du vignoble, par exemple pour assurer une meilleure teneur en sucre au raisin. Avec des hauts parleurs installés dans des champs, on obtient le même résultat qu’avec le soleil pour faire la photosynthèse. A Hawaï, il y a trente

ans, 80% de la nourriture provenait des EtatsUnis. Aujourd’hui, tout est bio et l’on a plus le droit d’importer des pesticides ou engrais chimiques, tout est produit dans l’archipel. Pour la Guadeloupe, ce serait vraiment utile pour développer l’agriculture locale, dans le respect de l’environnement. Le chant des baleines a aussi une fonction purificatrice, comment cela se produit? Quand les baleines arrivent du Canada, d’Islande ou de Norvège dans les eaux caribéennes, les femelles sont pleines et vont avoir leur bébé. Les grands mâles vont se placer dans des “vortex” de naissance, des endroits où il n’ y a pas de courant, et ils vont chanter pour purifier l’eau au niveau bactériologique mais aussi spirituellement. C’est là que vont naître les bébés. A l’Université de Princeton, ils ont fabriqué une espèce de gros billard avec des capteurs de vibrations qui nettoie une goutte d’eau. Un jour, la technologie nous permettra peut-être de nettoyer une piscine, un cours d’eau, un lac ou un port… grâce aux vibrations émises par les baleines.

LE SHELLTONE


GRAND ANGLE On retrouve des chants de baleines chez des chamanes, pourrait-on penser qu’ils ont aussi une fonction spirituelle? Le chamanisme, propre aux peuples premiers, est empreint des échanges très anciens entre les humains et les baleines. Ces échanges se sont faits au niveau du son et de la musique: les baleines ont fait profiter à ces peuples de leur expérience, leurs techniques de soin par le chant, ce que l’on appelle les chants chamaniques, ce sont des chants pour soigner. Les humains, eux, ont des talents mélodiques que les baleines n’ont pas forcément au départ. Ils échangent avec les baleines en leur donnant des mélodies.

Ce chant différent chez les baleines de chaque région est-il également propre à une même famille? Oui. Une séquence de son est extrêmement très difficile à transmettre parce qu’il n’ y a pas de mélodie. Les baleines vont s’appuyer sur des mélodies humaines pour l’apprendre. Des écoles de jeunes mâles apprennent ce chant, pendant près de 50 ans. Un de mes amis qui est un chamane Navarro, et dont la famille se transmet les chants chamaniques depuis des générations, m’a expliqué que c’était la même chose chez son peuple. On apprend ces chants depuis le plus jeune âge, car pour qu’ils soient efficaces il faut au moins 50 ans.

“Partout dans le monde, les baleines ont des chants qui ressemblent à ceux des peuples des régions qu’elles fréquentent.”

Vous êtes l’un des auteurs de l’ouvrage L’animal est-il l’avenir de l’Homme? paru chez Larousse, mais les baleines sont aussi à nos origines car nous sommes sortis de l’eau… Avons-nous non seulement un patrimoine mais aussi une culture en commun? Parmi les auteurs de ce livre, il y a Pascal Picq qui est paléoanthropologue, Maître de Conférence au Collège de France, et qui justement travaille depuis longtemps sur les peuples premiers. Il a notamment été le conseiller de Jacques Chirac pour le musée du Quai Branly. La culture humaine et la culture animale sont indissociables, depuis des milliers d’années il y a un lien entre les baleines et les peuples qui vivent au bord de la mer.

C’est pour cela que partout dans le monde, les baleines ont des chants qui ressemblent à ceux des peuples des régions qu’elles fréquentent. Dans le Sud-Ouest de l’Australie, cela ressemble à des chants aborigènes, partout il y a toujours un lien avec la musique folklorique des peuples premiers. Les baleines sont capables de faire voyager les sons sur des milliers de kilomètres, on sait qu’il y a eu des échanges par exemple avec les peuples tibétains! C’est comme une sorte de transmission de pensée, il y a donc clairement une dimension spirituelle. Quand elles chantent, elles sont à moitié conscientes, elles méditent aussi pour récupérer de l’énergie, une phase différente du sommeil car elles ont alors les yeux ouverts, mais pas pour dormir.

Vous affirmez que le génocide des peuples amérindiens a été vécu comme un traumatisme par les baleines qui les fréquentaient, comment êtes-vous arrivé à cette idée? Tout simplement par le travail de terrain. J’ai créé un instrument qui permet de jouer de la musique avec les baleines, c’est 36


ENGAGEMENT: AUX ACTES CITOYENS! baleines étaient parfois considérées comme des divinités, d’autres fois comme des membres de la famille… Mais on a détruit leur famille, instauré une civilisation basée sur l’esclavage et la violence, et le contact n’a plus été possible. Je suis ici pour récréer ce lien qui s’est perdu. C’est extrêmement long et difficile. Cette année est la première où j’ai eu des contacts avec des grands mâles avec lesquels j’avais chanté l’année dernière. Je peux maintenant aller à l’essentiel de mes recherches, non seulement pour moi mais pour les Guadeloupéens et les gens qui peuplent l’arc antillais. J’ai commencé à m’associer avec l’école de musique de Petit-Bourg (qui au passage connaît actuellement des difficultés car elle n’a plus de contrats aidés ni de subventions, NDLR). L’idée est de créer une classe d’une vingtaine d’élève et de leur faire jouer de la musique pour les baleines. Chacun prend son instrument et compose une mélodie pour la proposer aux baleines. L’objectif est de pouvoir louer un catamaran et de les amener aux environs de mars ou avril en mer,

l’aboutissement de trois ans de travaux en collaboration avec l’Université de Sandford et le laboratoire de recherches acoustiques de Nantes. Cela me permet d’être à leur contact et d’être comme inclus dans leur famille. J’ai été un peu partout dans le monde où vivent des baleines à bosse, et je suis venu en Guadeloupe il y a cinq ans. Partout dans le monde où il y a des peuples qui vivent à leurs côtés, j’ai joué de la musique avec elles, elles sont venues vers moi. Des groupes d’Hawaïens partent par exemple en pirogue avec leurs enfants en tenue de cérémonie, pour aller jouer de la musique, c’est un lien qui a perduré. Mais dans l’arc antillais, non, elles partent et le contact est extrêmement difficile. C’est ce qui m’a conduit à venir ici, j’ai tout de suite compris pourquoi. Elles ont vécu pendant 4500 ans avec un peuple largement pacifique, on retrouve d’ailleurs des peintures rupestres où l’on distingue clairement des baleines à bosse et des instruments de musique, à Saint-Domingue par exemple. Ils étaient ensemble, de différentes façons, les

Léa Lavagne De Castellan en compagnie d’une famille de 7 Cachalots - Photo: Valérie Gueit 37


GRAND ANGLE d’installer un haut-parleur et un hydrophone, pour recevoir le retour de ce que les baleines chanteront sous l’eau. Ce ne doit pas rester une expérience unique mais devenir une activité régulière et pérenne, comme le foot ou le judo le mercredi après-midi ou la ballade en famille du dimanche.

dans un endroit, et c’est elles qui viennent ou pas. Il y a aussi des fréquences, quand on descend dans l’infra basses, il faut vraiment faire attention au volume émis. Rien à voir avec les activités de l’armée ou de l’industrie pétrolière, qui utilise des bombes soniques pour chercher du pétrole, c’est extrêmement violent pour les baleines. Il y aussi la pollution acoustique due aux échanges maritimes, sur les routes de migrations elle traversent les routes de passage des cargos et sont obligées de chanter beaucoup plus fort.

“Pour les jeunes d’ici, il y a une réelle richesse à trouver dans le milieu marin...” Les baleines sont-elles menacées dans les eaux antillaises, par exemple par la pêche encore pratiquée par les Japonais, et qui pourraient être intéressés par cette ressource? Il n’y a pas de chasse à la baleine ici, et les Japonais qui consomment la baleine ont un stock suffisant en Antarctique. Leur consommation se réduit, les jeunes ne mangent pas de viande de baleine. Il n’y a plus aucune espèce de cétacées menacée dans le monde, on a sanctuarisé les 9/10° de la planète pour les protéger. Il n’y a que des chasses “anecdotiques” et culturelles, comme aux îles Féroé ou en Antarctique. Cela peut paraître intolérable pour les gens qui aiment ces animaux, mais les baleines ne sont pas en danger. Depuis les années 70, il y a eu de grands moratoires car l’espèce s’effondrait, et cela eu un impact.

C’est une expérience unique dans le monde? Oui, cela ne pourrait se passer ailleurs qu’ici car le lien a été perdu. Cela ne risquerait pas d’avoir des conséquences imprévues pour l’espèce? Jouer de la musique avec elles demande à respecter des protocoles. Le son doit être mesuré, on sait qu’elles chantent à 150 décibels, mais un humain ne dépasse pas les 30 ou 40 décibels sous l’eau. Une baleine se déplace à 25 nœuds, en une minute elle fait 500 mètres. On ne pourchasse pas une baleine quand on joue de la musique; on arrive 38


ENGAGEMENT: AUX ACTES CITOYENS! C’est depuis Deshaies que vous organisez des expéditions en mer pour découvrir les cétacés. Sur quelle période peut-on les observer? Tout au long de l’année, nous rencontrons, au large de Deshaies, des cétacés “résidents”, des cachalots (qui sont des baleines à dent), des dauphins et des globicéphales, entre autres, car il y a plus de 20 espèces de mammifères marins qui vivent dans le sanctuaire Agoa où nous travaillons. Les baleines à bosse, dont nous étudions les chants, sont parmi nous de fin janvier à mi-mai. On part pour une demi-journée, on respecte une distance et une vitesse d’approche. Il y a aussi un temps maximal d’observation, pas plus d’une demi-heure par animal.

Quels sont les débouchés professionnels pour les étudiants antillais? Il y a des perspectives en biologie marine, on s’intéresse de plus en plus à la mer et aux cétacés. J’ai pour but de créer un lieu pour mener des recherches scientifiques, pour recevoir des étudiants mais aussi pour développer le Whale Watching, car en Guadeloupe il n’y a que cinq opérateurs à le pratiquer. C’est bien, mais le potentiel touristique de ce territoire gigantesque n’est pas exploité. Il y a le potentiel économique, dans un cadre bien réglementé bien sûr, mais aussi la possibilité pour de jeunes guadeloupéens d’apprendre un beau métier. Cela doit être leur travail d’amener les touristes en mer pour observer les baleines, un peu comme les guides de montagne en Savoie. Une petite entreprise de Whale Watching, c’est un poste de capitaine, un naturaliste, une secrétaire dans le bureau sur la plage… Pour les jeunes d’ici, il y a une réelle richesse à trouver dans le milieu marin, on peut apprendre ce métier sur le terrain sans avoir un niveau d’études phénoménal.

Vous formez aussi des stagiaires, dans quel domaine d’études? Nous avons reçu l’hiver dernier une stagiaire de l’Université de Fouillole en biologie marine. Elle est restée trois semaines avec nous et a obtenu 16/20 à son rapport de stage sur le chant des baleines.

SHELLTONE WHALE PROJECT Site Internet: www.shelltonewhaleproject.org 39


GRAND ANGLE


ENGAGEMENT: AUX ACTES CITOYENS!

ATELIER

ODYSSÉE PLI BEL LARI par Cee Bee Photos: D.R.

Initiée en 2014, Pli Bel Lari est une opération de revalorisation du centre ancien de Pointe-à-Pitre. Les bénévoles de l’association Atelier Odyssée, présidée par Sylvie Adélaïde, embellissent les rues, créent des jardins collectifs et des installations artistiques qui réimpulsent la vie sociale et culturelle, mais surtout transforment l’image de ce quartier.


GRAND ANGLE Qui sont les membres de votre association? A quelle fréquence vous réunissez-vous? Les membres de notre association, pour certains, résident à Pointe-à-Pitre, d’autres viennent de tous les coins de la Guadeloupe. Ils sont tous animés par l’amour de cette ville pleine de potentiel et l’envie de participer à un changement positif. Les bénévoles font le ciment de l’opération Pli Bel Lari. Nous nous réunissons un dimanche sur deux pour la mise en œuvre de nos actions.

Vous avez réussi à mobiliser des partenaires qui vous fournissent du matériel, comment les avez-vous convaincus? J’avoue que les débuts de Pli Bel Lari ont été assez incroyables, nous avons rapidement trouvé un peintre professionnel qui nous a appris bénévolement les rudiments de la peinture en bâtiment et avec le projet sous le bras nous avons frappé aux portes des entreprises susceptibles de nous aider. Les sociétés SIAPOC pour la peinture et GEDIMAT pour le matériel nous ont tout de suite suivi et accordé leur confiance. Rien de mieux pour booster une équipe déjà très motivée.

“C’est surtout une façon de revaloriser les habitants du quartier mais aussi son histoire...” Quelles actions ont déjà été menées? Les actions depuis 2014 sont nombreuses. Nous attaquons actuellement notre quatrième saison. Le projet Pli Bel Lari se décline en 3 volets: l’embellissement des rues avec la mise en couleur des façades; depuis 2014, une quarantaine de maison a pu bénéficier de notre intervention. Il y a également la création de fresques, de trompes l’œil et des réalisations d’œuvres de Street Art par des artistes de plus en plus nombreux à venir porter leur pierre à l’édifice. L’occupation des espaces délaissés avec l’installation d’œuvres d’artistes et les jardins collectifs dont un déjà réalisé et deux en cours de création. L’animation avec des projections cinématographiques publiques, des happening artistiques, des conférences, du théâtre, des expositions et le Chanté Nwel de fin d’année.

Le projet de revalorisation du centre ancien de PAP par des habitants est-il né d’un sentiment de délaissement par les collectivités locales? Il est certain que le démarrage de Pli Bel Lari a été motivé par un besoin de réagir à une situation qui ne nous convenait pas. Qu’il s’agisse du cadre de vie ou de l’ambiance générale très tendue du quartier. Les sentiments de malaise et d’insécurité y étaient très prégnants et ne convenaient pas aux personnes qui ont notamment connu dans le passé, un Pointe-àPitre accueillant et convivial. Nous ne pouvions plus rester sans rien faire face à une situation qui nous semblait insupportable. 42


ENGAGEMENT: AUX ACTES CITOYENS! Avez-vous besoin d’autorisations avant d’aménager un espace? Oui, nous sollicitons les propriétaires afin d’avoir leur autorisation pour intervenir, mais souvent, c’est eux qui nous contactent notamment pour la rénovation des façades. Quand nous ne trouvons pas le propriétaire nous minimisons nos interventions, mais nous essayons au moins de rendre les lieux plus propres.

derniers temps, nous avons régulièrement la visite d’artistes et de créateurs qui viennent tourner leur clip ou faire des shootings.

Embellir la ville et surtout les quartiers dits sensibles, est-ce aussi une façon de revaloriser la population résidente et de l’amener vers plus d’autonomie? Tout à fait, c’est même surtout une façon de revaloriser les habitants du quartier mais aussi son histoire et les personnages (artistes, musiciens, écrivains et autres) qui y ont vécu. Pli Bel Lari a permis non seulement aux maisons de s’ouvrir sur l’extérieur mais aussi de recréer un lien humain qui s’était étiolé au fil du temps. Ainsi, l’esprit de bon voisinage a repris le dessus et ce quartier est aujourd’hui un lieu où le vivre ensemble s’est imposé comme une évidence. Concernant l’autonomie, si l’on parle de se prendre en main en tant que citoyen, on est bien dans ce schéma.

Quelle est votre conception de la vie urbaine et de l’urbanisme? Avez-vous des “modèles” qui vous serviraient de fil directeur ? Pli Bel Lari est une opération qui s’inscrit totalement dans une approche participative de la construction de notre cité. L’urbanisme participatif ou collaboratif a déjà fait ses preuves dans d’autres villes comme Lisbonne ou Barcelone. Je pense que le développement du territoire doit s’appuyer sur des personnes ressources qui ont la connaissance du terrain, l’expérience et le savoir-faire. La stimulation urbaine doit remplacer la rénovation urbaine. L’humain doit être remis au centre de la réflexion.

Vos actions ont-elles suscité des initiatives dans les quartiers où vous intervenez? Changé des habitudes, des comportements? Lorsque nous peignons une maison, trois ou quatre propriétaires des alentours décident de rénover également leur bâtiment. Donc l’effet domino est indéniable et nous avons plaisir à le constater. D’autre part, le comportement des usagers a également évolué. On note plus de respect dans les rapports entre personnes mais surtout l’image du quartier a changé. Le quartier devient peu à peu ‘’branché’’ et ces

Que manque-t-il d’essentiel au centreville de PAP pour rayonner davantage et ne plus être perçu comme un ghetto? Ce qui manque à Pointe-à-Pitre c’est un projet ambitieux partagé, capable de fédérer toutes les énergies et potentiels de cette belle ville.

PLI BEL LA RI

ATELIER ODYSSÉE

Facebook: PLI BEL LARI

Mail: atelier.odyssee97@gmail.com 43


A la loupe!

MUSÉE DES BEAUX ARTS propos recueillis par Ceebee

Jérôme et Catherine Filleau ont créé ce musée sur la Marina de St François, à deux pas de la Galerie d’art qu’ils tiennent depuis dix ans. Un espace pour découvrir le patrimoine artistique du XVI° siècle à nos jours. Vous avez ouvert il y a quelques mois ce musée des Beaux-Arts, que peut-on y voir? Nous avons voulu faire quelque chose qui n’existait pas en Guadeloupe, c’est-à-dire un endroit où l’on peut voir de la peinture, un endroit

pédagogique. L’exposition commence avec une dizaine de tableaux des XVI°, XVII° et XVIII° siècles qui permettent de découvrir les principaux mouvements de la peinture sur ces siècles passés: la Renaissance, le Baroque etc. 44


CULTURE Ce sont des œuvres qui n’avaient jamais été exposées? Ce sont des tableaux qui proviennent essentiellement de ma collection personnelle. A partir du moment où j’ai décidé de faire le musée, il y a maintenant cinq ans, j’ai acheté des œuvres qui me permettaient justement d’illustrer cette histoire. Il y a également des estampes japonaises, des œuvres du XXème siècle qui illustrent l’impressionnisme, le futurisme, la peinture haïtienne…Et des artistes contemporains comme Stan, Piaf, Jean-Marc Hunt, François Piquet, Michel Rovelas… qui nous prêtent une œuvre pour un an.

sur le terrain, ils ne peignaient pas en extérieur. La peinture dite “sur le motif” est apparue au milieu du XIX° siècle avec l’invention des tubes de peinture. Rappelons que, jusqu‘au XVIII° siècle, le peintre était un artisan qui peignait sur commande, pour un bourgeois, un noble ou l’Eglise qui était l’un des principaux commanditaires.

“C’est un peu comme un musée de province...”

On suit donc un parcours chronologique dans le musée? Effectivement, après les œuvres des XVI°, XVII° et XVIII° siècles, on arrive à Guillaume Lethière et ses nombreux élèves parmi lesquels les Guadeloupéens Jean-Baptiste Gibert et Jérôme Lordon. On trouve également une dizaine d’œuvres d’Evremond de Bérard, un autre peintre guadeloupéen actif au milieu du XIX° siècle. C’était un peintre voyageur, un “reporter”, car à l’époque on ne savait pas encore imprimer les photographies, et il a sillonné la planète et rapporté des gravures, des illustrations qui étaient incorporées dans des revues destinées au grand public.

C’est un musée d’Histoire des Arts, et pas seulement de la peinture guadeloupéenne? C’est un peu comme un musée de province, comme cela s’est fait à partir du XIX° siècle, dans la plupart des villes de France. On a alors créé de tels lieux pour que la population, les enfants en particulier, puissent découvrir de la peinture de toute époque. Il est certain que nous privilégions les artistes de Guadeloupe, mais aux XVI° et XVII° siècles, il n’y en avait pas. Le premier à être célèbre et né en Guadeloupe en 1760 est Guillaume Lethière dont nous avons acquis une œuvre majeure il y a huit ans: le portrait de Lady Hamilton.

C’est donc un pari que d’attirer le public qui fréquente la Marina pour se divertir dans un musée pour se cultiver… Oui, c’est justement pour que le public découvre la peinture et des peintres nés en Guadeloupe. Pour les élèves et la population locale, il me semble important de pouvoir y accéder.

Il y a également des artistes qui ont peint en Guadeloupe lors de leurs voyages? Effectivement, mais seulement à partir du XIX° siècle, au moment où l’on commence à sortir des ateliers. Même si les artistes faisaient des croquis

MUSÉE DES BEAUX ARTS

Facebook: Musée Des Beaux-Arts De St-François

Contact: 05 90 28 43 18 45


A la loupe!

TRAIL propos recueillis par Ceebee

Le Comité Trail Guadeloupe, présidé par Frédéric Neulet, oeuvre au développement de cette activité tout en veillant à la sécurité des coureurs, pour leur assurer un plaisir des plus intenses. Vous présidez le Comité Trail de Guadeloupe, quelles sont ses missions? Le comité a pour mission la promotion et le développement du trail en Guadeloupe. Nous nous réunissons tous les deux mois pour faire un bilan de chaque trail et un point sur les suivants. Une charte de l’organisateur

a été mise en place pour tenter d’arriver à une uniformité dans l’organisation (qualité du balisage, des parcours, des points de ravitaillement, sécurité…) Chaque organisateur reste maître de son organisation et nous avons plus un rôle de conseils, d’expertise. 46


LOISIRS Le trail est avant tout un sport de nature, pratiqué dans un environnement sauvage (littoral, forêt, montagne), le plaisir est-il la motivation première? Même si la course occulte parfois la contemplation, les traileurs sont très sensibles à l’environnement et à la découverte de nouveaux coins que les passionnés que sont les organisateurs se font un plaisir de partager. Souvent issus d’horizons sportifs différents (marcheurs, grimpeurs, canyoneurs…), les traileurs ont presque tous en commun l’amour de la nature. Aujourd’hui on pratique le trail, demain ce sera peut-être l’escalade ou le kite surf. Le trail est un moyen mais le support demeure la nature. Quant au plaisir, tout est relatif et tout dépend de son niveau d’entrainement. On en bave parfois, pour ne pas dire souvent,

ce dilemme entre effort et plaisir est encore plus intense. On atteint ses limites, on les dépasse parfois, on passe par des moments de détresse physique et mentale extrêmes et pourtant à l’arrivée, on se retrouve dans un état unique, un mélange de pleurs et de joie

où l’on mesure enfin toute l’énergie qu’il a fallu déployer, tous les sacrifices qu’il a fallu faire à l’entrainement. C’est un moment de partage unique avec d’inconnus compagnons d’infortune, avec des bénévoles qui d’un simple sourire sont capables de nous faire poursuivre le voyage alors que le physique n’y est plus depuis longtemps.

“On passe par des moments de détresse physique et mentale extrêmes et pourtant à l’arrivée, on se retrouve dans un état unique...”

Quelles sont les courses qui se déroulent dans l’archipel guadeloupéen? Pour chaque trail du challenge, deux courses de format différent sont organisées: un petit parcours (8 à 15 km et 100 à 600 mètres de dénivelé) et un grand parcours (15 à 31 km pour 200 à 1500 mètres de dénivelé. Au niveau fédéral, les distances officielles sont supérieures mais ne correspondent pas en termes de durée à la particularité de notre terrain de pratique (racines, boue, très fortes pentes…) A ceci, il faut ajouter les courses plus longues comme le Volcano Trail (65 kms et 3500m D+) et ce qu’on appelle des ultras comme la Transkarukera et les T.N.B.T (Traces Nord Basse-Terre, NDLR) qui avoisinent les 150 km et 10000 m D+. Plus une course à étapes sur environ une semaine que constitue le Gwadarun.

mais une des spécificités des sports de plein air demeure dans la satisfaction qu’on a à l’avoir fait. Pendant c’est plus ou moins dur mais au final, la satisfaction d’avoir terminé l’emporte et l’arrivée demeure un moment toujours très convivial. Les premiers sont souvent encore là à l’arrivée du dernier et les organisateurs font un véritable effort pour encore améliorer ce moment. Sur les ultras, 47


A la loupe! d’un point de secours mais c’est difficilement réalisable pour les trails longs. Organiser un trail demande donc en amont la validation d’un dossier (demande d’autorisation au Parc, à l’ONF, aux privés, éventuellement au Préfet si cela passe par une portion de route) et le jour J nécessite beaucoup de monde pour assurer les points de ravitaillement et de contrôles. Depuis l’an dernier, un effort particulier a été fait sur le contrôle du matériel de sécurité obligatoire (réserve d’eau, couverture de survie, sifflet, téléphone portable). Les gens doivent comprendre que ce matériel peut un jour leur sauver la vie mais qu’effectivement, ils le porteront heureusement pour rien la plupart du temps. Les accidents sont rares (quelques entorses mais finalement assez peu quand on voit la difficulté technique du terrain), mais on a malheureusement eu à déplorer la mort d’un coureur en course suite à un coup de chaud. La chaleur et l’humidité ambiante sont deux grandes particularités du trail en Guadeloupe qu’il ne faut pas négliger et surtout lors de la reprise qui doit être progressive lors d’un retour de métropole (pas loin de trois semaines avant une adaptation durable à l’effort). La dernière donnée dont il faut tenir compte est la montée en crue des rivières éventuellement traversées, qu’il faudra prévoir par un équipement préalable avec des cordes et si nécessaire, un parcours de secours ou tout simplement l’annulation par très fortes pluies.

“Le trail prône l’entraide, c’est même une obligation de prêter assistance à un coureur en difficulté.” Il n’y a pas d’autre prix que des récompenses symboliques lors d’un trail, pourquoi? C’est encore l’une des particularités du trail, rien à gagner sinon une récompense honorifique, un tee-shirt, une médaille… et le plaisir d’être finisher. Le trail prône l’entraide, c’est même une obligation de prêter assistance à un coureur en difficulté. A l’arrivée, les coureurs finissent main dans la main même parfois pour une place sur le podium sachant qu’ils ne seront pourtant pas classés ex-aequo. En serait-il de même si il y avait des lots importants ou des primes de courses comme sur les nombreuses courses sur route? Il faut rester vigilant. Quelles sont les contraintes que l’activité impose? Les contraintes inhérentes à la pratique du trail sont nombreuses et il faut y rajouter celles liées aux traces de Guadeloupe. D’un point de vue général, la fédération nous impose des contraintes en terme d’âge (18 ans, alors que de nombreux mineurs manifestent l’envie de participer). Certaines associations organisent donc des trails “ti moun” mais sans classement ni temps à l’arrivée. Il faut aussi prévoir les secours à l’arrivée ou sur le parcours. Logiquement, un coureur devrait être à moins de 30 minutes

Dissocie-t-on les résultats des hommes et des femmes lors d’un trail? Oui, on a cependant des femmes qui sont aujourd’hui capables de terminer dans les dix premiers et plus les distances augmentent, moins les qualités de force sont prépondérantes et plus elles performent. On devrait assister rapidement à des podiums 48


LOISIRS féminins sur certains ultras où les qualités d’endurance et de mental des femmes seront déterminantes.

parcelle et que j’y ai tant de souvenirs; le tour de la Grande Casse, mon premier ultra dans la Vanoise m’a comblé. La Transmartinique demeure époustouflante, le Tchimbé de même. Le grand raid de la Réunion occupe une part importante de chacune de mes nuits mais les trois courses locales (Volcano– Transkarukera et Traces Nord Basse Terre qu’il faudra que je termine un jour) auxquelles j’ai participé m’ont enchanté et me transportent encore. Outre la difficulté et la beauté du terrain, ces trois courses sont le fruit, le bébé de quelques passionnés du trail qui se battent pour que la course ait lieu, pour obtenir les autorisations de pénétrer en cœur de Parc, pour nous faire découvrir leur petit coin de paradis. C’est toujours un plaisir d’en être quand le corps le veut bien.

Existe-t-il une section handisport dans le trail? Pas de section handisport, mais par contre on a quelques rares coureurs handicapés qui nous font l’honneur d’être là. Le trail est un sport qui amène aussi à voyager, quels sont les sites qui vous ont laissé les plus beaux souvenirs? Pas facile. Je pourrais parler longuement des calanques de Marseille, mon pays d’adoption. Mais il y a tellement de lieux uniques que ce serait compliqué: l’UTMB (Ultra Trail du MontBlanc) sur Chamonix, car j’en connais chaque

COMITÉ TRAIL GUADELOUPE Facebook: Comite TRAIL Guadeloupe 49


A la loupe!

OTENCIA propos recueillis par Ceebee

Julie Sinitambirivoutin et Sébastien Nilor sont les fondateurs d’Otencia, une société basée au Canada qui conçoit des produits capillaires dédiés aux cheveux afro et métissés. Ces deux jeunes entrepreneurs nous font part de leur expérience. Cela fait un an depuis la création de votre société que vous vendez vos produits en ligne, pourquoi avoir choisi cette forme de vente plutôt qu’une distribution en magasin? A notre lancement, nous avons choisi la vente en ligne car c’est une façon relativement économique de vendre un produit, tout en ciblant

un large public. En travaillant avec des partenaires clés tel que Amazon et Relay shop USA pour la distribution, nous sommes capables de toucher des clients partout dans le monde. Toutefois, du fait que nous soyons originaires des Antilles, il était important pour nous que nos produits puissent être facilement accessibles à notre clientèle dans 50


SOCIÉTÉ Sur le site Internet d’Otencia on trouve trois gammes (pour cheveux afro et bouclés, les locks et les extensions). Ces produits s’adressent donc en priorité aux cheveux afro ou métissés, en quoi diffèrent-ils des autres dans leur composition? La fibre capillaire se compose de deux éléments majeurs: le cortex au milieu qui confère à la fibre la plupart de ses propriétés physiques et mécaniques (solidité, résistance, élasticité), et

ces régions. C’est pour cette raison que nous avons également voulu développer la distribution de nos produits dans le réseau des pharmacies en Guadeloupe, Martinique et Guyane. Vous pourrez trouver toutes les adresses des points de vente sur notre site internet www.curlsvitamins.com Nos produits sont aussi disponibles dans les salons Inhairitance à Montréal, à la boutique le Curlshop à Paris et nous avons récemment commencé à travailler avec le salon O’Natty à Paris spécialisé dans le soin des locks.

“ En matière de recherche sur les cheveux afro et métissés, il reste encore beaucoup à découvrir.” Pourquoi une nouvelle marque de produits capillaires sur un marché déjà très concurrentiel? Ce que l’on observe, malgré la multitude de produits qui se retrouvent sur le marché, c’est que beaucoup de personnes ont encore du mal à aimer leur cheveux, à savoir de quoi ils ont besoin pour être en bonne santé, et à trouver les bons produits pour les coiffer au quotidien. Il y a donc un vrai besoin à combler. Les habitudes capillaires ont énormément évolué ces dix dernières années, de même que les exigences des consommateurs visà-vis de la composition des produits. L’industrie cosmétique s’ajuste au fur et mesure à ces nouveaux facteurs, mais en matière de recherche sur les cheveux afro et métissés, il reste encore beaucoup à découvrir. Et c’est justement cette expertise que nous développons pour offrir à nos clients des produits innovants qui répondent à leur besoins spécifiques et qui leur permettent d’atteindre le Bonheur Capillaire.

la couche externe de cuticules qui protège le cortex et son intégrité. Dans le cas des cheveux afro et métissés, plusieurs facteurs naturels dus notamment à la forme du cheveux, diminuent la protection conférée par cette couche de cuticules. C’est pour cette raison que ce type de cheveux peut être facilement fragilisé, et qu’il nécessite une attention particulière en matière de soin. Curls Vitamins est une gamme destinée aux soins des cheveux bouclés, frisés et crépus. Les produits sont enrichis d’un complexe unique de Vitamines que nous avons développé et qui constitue un véritable concentré pour booster la santé des cheveux. Ce complexe est associé aux vertues nourrissantes et protectrices des huiles d’Avocat, Jojoba, Moringa, Olive et Ricin, et du pouvoir super hydratant de l’Aloe Vera. Vitalocs est une gamme destinée au locks à base d’huile de chanvre et de coco. L’Huile de chanvre, extrêmement riche en oméga-3 et 6, permet de rétablir la barrière de protection naturelle du cuir 51


A la loupe!

mettre l’accent. Les produits et accessoires capillaires que nous développons sont des outils qui servent à atteindre cet état. Ce que nous voulons offrir à nos clients, c’est une expérience capillaire agréable qui leur permettent de se sentir bien dans leur peau et d’augmenter leur estime d’eux même. Nous avons créé l’association “Le Bonheur Capillaire” qui a pour mission d’encourager la pratique des soins capillaires chez les jeunes enfants, adolescents et adultes, dans le cadre de la valorisation de l’estime de soi. L’association débutera ses activités dans les prochains mois aux Antilles à travers des actions de sensibilisation, d’information et de formation sur le soin des cheveux naturels.

chevelu afin de maintenir l’hydratation, et soulage les cuir chevelus sensibles et irrités. L’Huile de Coco permet quant à elle de renforcer la fibre capillaire en profondeur dès la racine des locks. Lorsque l’on crée des produits cosmétiques, le choix et la qualité des ingrédients sont des critères importants, mais c’est surtout l’alliance de ces ingrédients pour créer la formule, ce qu’on appelle le design cosmétique chez Otencia, qui fait la différence dans l’efficacité et le succès d’un produit par rapport à un autre. Pour présenter les objectifs de votre société, vous parlez de “bonheur capillaire”, en lien avec l’épanouissement personnel et l’estime de soi. C’est une philosophie de vie tirée de votre expérience personnelle? C’est une philosophie qui est née de l’observation de l’impact que nos cheveux peuvent avoir non seulement sur notre vie personnelle, mais aussi celles des membres de nos familles, nos amis, et également celle de nos clients. Les cheveux ne laissent personne indifférent. Le Bonheur Capillaire apporte cette notion psychologique qui est liée aux cheveux et sur lequel nous voulons

Vous citez également dans cette présentation Henri Ford et c’est au Canada que vous êtes basés. Peut-on dire que vous êtes de jeunes entrepreneurs conquis par le rêve américain? Que trouvez vous làbas qui n’existe pas ou pas suffisamment dans les territoires français? C’est surtout inspirant de savoir que les choses sont possibles si l’on s’en donne les moyens. Même si c’est une vérité qui est applicable 52


SOCIÉTÉ Quels sont les conseils que vous donneriez à des jeunes intéressés par l’entreprenariat? Il y a tellement de choses à dire. Ne pas se laisser décourager ni par la bureaucratie des démarches, ni par le manque de connaissance ou de moyens financiers. Aujourd’hui plus que

partout, il est vrai qu’en Amérique du Nord, c’est présent dans la culture. Nous sommes avant tout des entrepreneurs séduits par une opportunité d’affaires et l’ambition de créer quelque chose de plus grand que nous. Quand nous nous sommes lancés, nous n’avons pas réfléchi à savoir si c’était mieux de le faire au Canada plutôt qu’aux Antilles. L’idée de création d’entreprise est née au Canada où nous étions installés, donc c’est là que nous avons débuté notre aventure entrepreneuriale.

“L’ouverture d’esprit se gagne à travers les voyages.” Vous êtes tous les deux ultramarins, de Guadeloupe et de Martinique, avez-vous suivi vos études supérieures dans l’un de ces territoires? Sébastien: J’ai fait quelques mois sur le campus Antilles-Guyane de Martinique en Sciences Economiques juste après mon bac avant d’avoir été accepté à l’université au Canada. Julie: J’ai effectué l’intégralité de mes études supérieures en France métropolitaine, puis je suis partie au Canada pour y travailler.

jamais, grâce aux nouvelles technologies, tout est possible pour qui veut entreprendre! Toutes les formations sont là, à disposition, et souvent gratuites. En quelques clics, on peut avoir accès à des tonnes d’informations sur n’importe quel sujet sur lequel on souhaiterait se spécialiser. Il faut en profiter, on peut commencer avec très peu et se débrouiller petit à petit pour grandir. Ne pas avoir peur de voir grand mais de commencer petit. C’est en travaillant sur le projet, mais surtout en agissant que la vision de l’entreprise se précise. Ne pas avoir peur de s’associer ou de demander de l’aide. A nous deux, on forme déjà une équipe très complémentaire, mais en plus, nous avons également un troisième associé et une miniéquipe qui nous aide à gérer depuis nos débuts. Il faut mettre de côté la mentalité qui consiste à essayer de tout faire seul et apprendre à créer des partenariats gagnant-gagnant pour avancer. Et enfin, voyager dès que cela est possible, même si c’est dans les îles voisines. L’ouverture d’esprit se gagne à travers les voyages.

Dans les années à venir, quels sont les marchés sur lesquels vous souhaiteriez vous installer? Dans un premier temps nous aimerions continuer à développer les marchés sur lesquels nous sommes déjà, Canada, France et États-Unis. Nous planifions l’année prochaine de développer le marché de la Réunion parce que nous recevons beaucoup de demandes, et le marché africain d’ici 2019-2020.

OTENCIA Facebook: Otencia 53


SÉRIES

STRANGER THINGS - SAISON II Créé par: Matt Duffer, Ross Duffer (2016) Avec: Winona Ryder, David Harbour, Finn Wolfhard Genre: Fantastique, Thriller

Les enfants de Stranger Things font leur grand retour sur Netflix pour une saison 2 qui s’annonce encore plus sombre. Le Demogorgon et autres forces démoniaques vont terrifier la petite ville de Hawkins, dans l’Indiana, où d’étranges phénomènes surnaturels se sont produits dans la première saison. Tous les épisodes sont disponibles en streaming pour les abonnés à la plateforme. Note: ••••••

BLACK LIGHTNING Créé par: Greg Berlanti, Mara Brock Akil, Salim Akil (2017) Avec: Cress Williams, Nafessa Williams, China Anne McClain Genre:Fantastique, Action

Jefferson Pierce, un super-héros qui a raccroché son costume depuis plusieurs années, se voit dans l’obligation de réendosser son identité secrète lorsque sa fille se retrouve en danger. Il redevient Black Lightning, un méta-humain qui contrôle les champs électromagnétiques. Aux commandes de cette super-série adaptée de comics, on retrouve Greg Berlanti, le créateur d’Arrow, Flash et Supergirl. Note: •••••• 54


www.loupe-magazine.fr

SHE’S GOTTA HAVE IT Créé par: Spike Lee (2016) Avec: DeWanda Wise, Cleo Anthony, Lyriq Bent Genre: Comédie

Adaptation du premier long métrage de Spike Lee (Nola Darling n’en fait qu’à sa tête) sorti en 1986, la série reste centrée sur le personnage de Nola, une jeune femme d’une vingtaine d’années qui passe son temps à Brooklyn entre ses amis, son travail et ses trois amants. Amenée à faire un choix, la jeune femme les réunit le temps d’un dîner avec sa voisine homosexuelle. Note: ••••••

The MAYOR Créé par: Jeremy Bronson (2017) Avec: Brandon Micheal Hall, Bernard David Jones, Lea Michele Genre: Comédie

Jeune rappeur, Courtney Rose passe ses journées enfermé chez lui, à composer de la musique. Fatigué d’attendre qu’une opportunité se présente à lui, il se présente aux élections municipales de sa ville afin de promouvoir sa carrière musicale. Mais contre toute attente, il est élu! Courtney va devoir surmonter son orgueil démesuré pour assumer ses nouvelles fonctions. Note: ••••••

HOW TO GET AWAY WITH MURDER- SAISON IV / ABSENTIA

HAMBURGERS - LANGOUSTES Brochettes de poissons / LAMBIS / OUassous

ANSE TARARE

ROUTE DE LA POINTE DES CHATEAUX 971 18 Saint-FRANÇois

L’ARC ANTILLAIS


CINÉMA

L’OEIL DU CYCLONE Réalisateur: Sékou Traoré Avec: Maïmouna N’Diaye, Fargass Assandé, Abidine Dioari Genre: Drame Date de sortie: 22 novembre 2017

Dans un pays d’Afrique en proie à la guerre civile, un chef rebelle attend son procès voulu par le pouvoir central. Son avocate (l’actrice et réalisatrice sénégalaise et guinéenne Maïmouna N’Diaye) tente de le tirer de son mutisme pour lui épargner la peine capitale que les autorités et l’opinion lui promettent. Ce rebelle sans nom est-il le produit de ce système militaro-criminel? Une centaine de minutes nerveuses pour un film couronné de 30 prix internationaux. Note:••••••

LE MUSÉE DES MERVEILLES Réalisateur:Todd Haynes Avec:Oakes Fegley, Millicent Simmonds, Julianne Moore Genre: Fantastique Date de sortie:15 novembre 2017

Ben et Rose vivent à des époques différentes et souhaitent secrètement que leur vie soit différente; Ben rêve du père qu’il n’a jamais connu, tandis que Rose, isolée par sa surdité, se passionne pour la carrière d’une mystérieuse actrice. Lorsque Ben découvre dans les affaires de sa mère l’indice qui pourrait le conduire à son père et que Rose apprend que son idole sera bientôt sur scène, les deux enfants se lancent dans une quête à la symétrie fascinante qui va les conduire jusqu’à New York. Note : •••••• 56


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JIGSAW Réalisateur: Gabriel Le Bomin Avec: Michael Spierig, Peter Spierig Genre: Epouvante-horreur Date de sortie: 1er novembre 2017

Huitième opus de la saga, cette suite qui sort pour Halloween nous replonge dans l’univers de Saw et l’esprit retors du JigSaw. Alors que John Kramer est mort depuis longtemps, de nouveaux décès étranges et atroces surviennent: s’agit-il d’un copycat ou a-t-il survécu? Note: ••••••

LA MONTAGNE ENTRE NOUS Réalisateur: Hany Abu-Assad Avec: Idris Elba, Kate Winslet, Dermot Mulroney Genre: Drame, Romance Date de sortie: 8 novembre 2017

Livrés à eux-mêmes après le crash de leur avion en pleine montagne, deux étrangers doivent compter l’un sur l’autre pour faire face aux conditions extrêmes. Ils tentent leur chance à travers des centaines de kilomètres de nature hostile. Note: ••••••

DÉTROIT / THE FOREIGNER / JUSTICE LEAGUE / LA LUNE DE JUPITER

BUNGALOWS LOCATION DE SURF COURS DE SURF

RÉSÉRVATIONS: 06.90.76.23.73 www.allamandasurfcamp.com

ALLAMANDA SURF Route de Saint-François 971 60 LE MOULE


Jeux vidéo

call of duty: WWII Editeur: Activision Catégorie: Action Date de sortie: 3 Novembre 2017

CONSEILLÉ PAR:

Pour cet opus 2017, les développeurs ont décidé d’opérer un retour aux sources de la saga, en traitant la période historique de la seconde guerre mondiale. Le synopsis découvert sur Internet promet une campagne commençant lors du débarquement de Normandie, puis à travers l’Europe. Un jeu réaliste et conçu pour les plus de 18 ans, sur PC, PS4, et XBOX One. Note: ••••••

FIFA 18 Editeur: EA Games Catégorie: Sport Date de sortie: Disponible

Dans cette nouvelle version, le mode aventure a été retravaillé en profondeur, tout en faisant suite à celui du jeu précédent. Le championnat chinois fera également son apparition pour la première fois, sans oublier les traditionnelles améliorations apportées aux graphismes et au gameplay. Disponible sur PC, PS4 et Xbox One. Note: ••••••

SUPER MARIO ODYSSEY / WOLFENSTEIN II / PES 18 58


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