Robert Milin – Le Jardin aux habitant·es

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Le partage de la signature

Gilles Clément

Sharing Authorship

En offrant aux habitants et habitantes une option de jardins à créer, l’artiste Robert Milin met en place une œuvre d’art sous le signe implicite du partage de la signature.

Dans son état naturel, hors commande artistique, le jardin est en soi le résultat d’un partage de la signature. Les auteurs officiels, paysagistes, architectes ou autres, conçoivent souvent des jardins sans prendre en compte cette équipe imprévue, qu’aucun d’eux n’a constituée et dont on peut faire une liste indicative. Les auteurs associés sont : – les plantes qui n’en font qu’à leur tête, – les oiseaux et le vent qui sèment les graines là où l’on ne s’y attend pas, les jardiniers qui entretiennent et inventent un dialogue imprévu avec les végétaux, – les techniciens de surface qui passent en soufflant, en aspirant, en taillant et s’en vont en courant vers d’autres chantiers…

La liste est certainement plus longue. En chaque lieu il faut l’ajuster aux circonstances. Dans le cas particulier du projet de Robert Milin on ne peut mettre de côté le rôle des habitantes et des habitants. C’est à eux que revient l’essentiel de la conception éphémère de chaque parcelle constituant le jardin, tous les ans renouvelée par le caprice des saisons. L’enjeu de la proposition de l’auteur de l’idée (Robert Milin) est lié à la situation géographique et politique de la réalisation concrète du projet. Peut-on envisager de faire réaliser des jardins par des amateurs, fussent-ils motivés, dans un quartier du Paris le plus chic qui soit – un bord de Seine dans le XVIe arrondissement – le long d’un musée où les travaux exposés se situent plus souvent à l’intérieur du bâti qu’à ses alentours ?

By giving inhabitants the possibility to create a garden, the artist Robert Milin has conceived an artwork that can implicitly be seen as an example of shared authorship.

A garden in its natural state, and regardless of any artistic commission, is intrinsically the result of the sharing of authorship. Its official makers—landscapers, architects or others—often design gardens without taking into account an unforeseen team, which they have not put together. But a tentative list of it might run as follows. The associate authors are: – plants with a will of their own, – birds and the wind which sow seeds in unexpected places, – gardeners who strike up and invent an unexpected dialogue with their plantations, – maintenance workers who go by while blowing and vacuuming, or else trimming, before running off to other places of work…

This list could certainly be longer. It should be adjusted according to each site and its circumstances. In the special case of Robert Milin’s project, the role of its inhabitants cannot be excluded. They are mainly responsible for the ephemeral conception of each of the plots that make up the garden, which are renewed each year, by the whims of the seasons. The challenge set in the proposition from the originator of this idea (Robert Milin) is linked to the geographic and political situation of the project’s actual realization. Who could imagine the presence of a garden made by amateurs, however motivated they might be, in the chicest possible neighbourhood of Paris—by the Seine, in the 16th arrondissement—beside a museum where the works on display are generally placed inside the building rather than around it?

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Robert Milin, Étude pour le Jardin aux habitant·es (2002)

du vivant. Ces mots de l’artiste allemand, dont la pensée a durablement marqué Robert Milin, résonnent aujourd’hui de manière singulière. S’il semble évident que s’intéresser au Jardin aux habitant·es implique aussi de penser le processus de l’œuvre par le prisme du végétal, il est à noter comment cette dernière est désormais associée à d’autres œuvres qui proposent de reconsidérer nos liens d’interdépendance avec nos environnements, tandis que les artistes portent aujourd’hui davantage les enjeux de la crise écologique à travers leur travail. Le contexte social, politique et environnemental de 2022 implique une société plus encline qu’en 2002 à considérer des projets associatifs comme ce jardin collectif précurseur. Les historien·nes de l’art, les critiques et les publics de lieux culturels sont réceptifs autrement à des initiatives à la croisée de différents domaines, incluant ceux de l’agriculture et du jardinage, dont la généalogie remonte aux années 1970 22. C’est du reste dans le cadre de la saison d’expositions « Réclamer la terre » que la célébration des 20 ans du jardin a lieu et que les œuvres de Robert Milin sont présentées aux côtés de projets d’artistes qui ont en partage de repenser nos rapports à l’aune des infinis exemples qu’offre le vivant et d’activer la transmission de savoirs sensibles. Il est à espérer que cette attention renouvelée aux liens unissant les humains et les environnements s’ancre dans le temps à une échelle globale, comme à celle des institutions culturelles. Pour l’heure, l’anniversaire du jardin prend la forme de ce livre, d’un banquet organisé par l’association et le centre d’art et de la remise en état de certains éléments du terrain. Au sein des espaces d’exposition, les portraits photographiques des jardinier·es et l’œuvre vidéo consacrée au jardin racontent,

Voir Ophélie Naessens, « Petite traversée des pratiques

au jardin », p. 168-189 de cet ouvrage.

context of 2022 implies a society that is now more inclined than in 2002 to take an interest in associative projects such as this trailblazing community garden. Art historians, critics and the publics of cultural sites are also far more receptive to initiatives at the crossroads of different fields, including agriculture and gardening, with a genealogy going back to the 1970s.22 Thus, it is in the framework of the season of exhibitions entitled “Reclaim the Earth” at the Palais de Tokyo that the celebration of the twenty years of the garden is taking place and that Robert Milin’s works are being presented alongside projects by artists who share this rethinking of our relationships on the basis of the infinite examples provided by the living world, while activating the transmission of sympathetic skills. It can be hoped that this renewed attention to the connections that unite humans and environments is set at a generalised timescale, with the same applying to cultural institutions. For now, the garden’s anniversary is taking the form of this publication, a banquet organised by the association and the art centre, and a renovation of certain elements in the garden. In the exhibition spaces, photographic portraits of the gardeners and the video work devoted to the garden narrate the evolution of the site and of its inhabitants, through the eyes of Robert Milin.

It would be vain to attempt to seize the invisible relationships and the everyday actions that constitute the living matter of the Jardin aux habitant·es conceived “to be lived from within.”23 The artist displays in part these “immaterial new commons”24 in two new works, whose ambition is not to retrace twenty years of activity and of relationships, but which recount, by touches, a few shared moments in the garden. A visit to some plots or a stroll along Rue de la Manutention provides

See Ophélie Naessens, “A Stroll Through Community Gardening Practices,” p. 168-189 of

Zhong Mengual, L’art en commun

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collaboratives
22
this publication. 23 Estelle
, op cit., 32. 24 Ibid., 11.
Vues du / Views of Jardin aux habitant·es, 2016

On est, entre jardiniers, une petite république de 17 citoyens.

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11 10

2001 2002

14.04.2001 07.09.2001
07.04.2002
08.04.2002
21.08.2002

2005 2006

10.05.2005
11.09.2010
12.09.2010
25.06.2019
30.03.2020
18.09.2021
23.11.2021
18.04.2022
19.04.2022

Entretien avec Robert

Guy

Interview with Robert Milin

Entretien avec

Robert Milin

Tortosa

Robert Milin, J’étais jeune, j’avais 14 ans, j’étais berger (2018) Robert Milin, O meu jardim (1996)

est une des plus élevées d’Europe. C’est une ville où rien ne semble pouvoir affecter la prospérité et l’ordre public. Les travailleurs immigrés venus du Portugal et de l’île de Madère sont nombreux. Certains se sont débrouillés pour créer des jardins légumiers dissimulés dans des terrains au statut incertain aux alentours de la ville. C’est là que j’ai rencontré João à qui j’ai proposé de recréer un jardin tel qu’il l’aurait fait si une autre parcelle lui avait été attribuée là, au centre-ville, dans un espace prestigieux. Je lui ai proposé une sorte de jeu : nous construirions ensemble dans l’espace public et sous sa direction technique un lieu non soumis aux codes sociaux habituels, avec une cabane, un jardin avec clôture, des plantations moins décoratives qu’alimentaires, un petit élevage de poules et de lapins… Ce jardin artificiel a été monté en trois jours et deux nuits. Nous avions tout préparé pendant les trois mois précédents dans son « vrai jardin » de Beggen : matériels, semis, plantations en pots. Les matériaux utilisés étaient tous des éléments de récupération trouvés sur des chantiers, à la décharge publique ou donnés par des gens. Cette sculpturejardin a duré trois mois. Nous avons eu un tel souci des détails que tout semblait avoir été là depuis toujours. Bien des habitants du quartier ont cru avoir la berlue en découvrant la chose…

GT — Ce projet me fait penser à certaines œuvres du Belge Guillaume Bijl qui, en 1994, crée un faux terrain de fouille archéologique dans le parc de Middelheim à Anvers. Mais chez toi, il n’est pas vraiment question de faire du faux. C’est même l’inverse. Tu remets la vie à sa juste place : il y a l’humain, les poules, les légumes et puis le travail et les savoir-faire qui sont aussi des savoir-être qu’on relègue à la périphérie. Tu remets tout ça au centre de ce village qui est devenu une ville prétendant avoir réussi parce qu’elle est désormais dédiée à la finance, la chose la plus inutile du monde !

construct together, under his technical direction, a place that was not submitted to the usual social codes, but with a shed, a fenced-off garden, with plants that were not so much decorative as for eating, a small stock of hens and rabbits… This artificial garden was set up in three days and two nights. We’d prepared everything during the previous three months in his “real garden” in Beggen: the materials, seedbeds and pot plants. The material we used all came from recycled elements found on building sites, garbage dumps or else it was donated by people. This garden-sculpture lasted for three months. We paid so much attention to the details that it looked like it had always been there. Many of the neighbourhood’s inhabitants thought they were seeing things when they discovered it…

GT — This project makes me think of some of the works by the Belgian artist Guillaume Bijl who, in 1994, created a false archaeological dig in the Middelheimpark in Antwerp. But, with you, there is no question of making anything fake. On the contrary. You put life back in the right place: with humanity, hens, vegetables and then the work and knowhow which are also soft skills which have been left on the margins. You put all this back in the centre of a village which has become a city and which claims to be a success because it is now devoted to finance, the least useful thing in the world!

RM — With hindsight, I have realised that my projects often give back some room to attitudes, or ways of life, which have been made invisible or placed outside of time… Back when I created a garden in the company of João Bento, and then the Jardin aux habitant·es, in one of Paris’s most upmarket neighbourhoods, I came in for a lot of mockery, less from the neighbourhood’s inhabitants than from art critics: “What rubbish, now we have an allotment in the middle

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Pour Leslie Labowitz, le développement d’un travail à long terme sur la culture des graines germées a accompagné un cheminement personnel thérapeutique, notamment en lien avec son expérience d’enfant de survivante de l’Holocauste, ainsi qu’avec ses interrogations relatives aux violences à l’égard des femmes. L’artiste explique à ce propos « comment la croissance des germes était devenue non seulement [son] art, une déclaration sociale et un moyen de gagner de l’argent, mais aussi une métaphore de [sa] propre croissance 26 ». Dans la série Sproutime (1980-1981), l’artiste explore sa relation à l’Holocauste, à sa mère, à la survie planétaire et à la création intriquée avec la vie végétale. L’une des performances associait une installation composée d’étagères de graines en germination et la lecture au jardin par l’artiste d’un extrait du Jardin secret (1911), livre pour enfants de Frances Hodgson Burnett. Lors d’un second temps participatif, les visiteur·euses étaient invité·es à composer une salade à partir de germes fraîchement cultivés et récoltés, puis à déjeuner en conversant sur leurs bienfaits en termes de santé physique et mentale. L’œuvre de Leslie Labowitz associe réciproquement le soin des plantes à un processus d’autoprotection, conjuguant le commun et le personnel, le social et l’individuel, et se rapproche ainsi de l’idée du jardin thérapeutique au double sens du terme « soin » : prendre soin et soigner.

Des repas en commun : partage de nourriture et de paroles

Dans tous les jardins, artistiques ou familiaux, le début de l’été marque la transformation des parcelles en lieux de convivialité. Entre ami·es, en famille, avec les voisin·es, les colocataires de potager, on cueille, on lave, on cuisine,

conjugating the shared and the personal, the social and the individual, thus approaching the idea of a therapeutic garden in the two senses of the term “care”: taking care and caring.

Communal meals: sharing food and words

In all gardens, be they artistic or familial, the beginning of summer marks the transformation of plots of land into places of conviviality. With friends, the family, among neighbours or the co-tenants of the vegetable garden, people pick, wash, cook, and then join together in the garden to share the harvest. Le Jardin aux habitant·es is no exception to this implicit rule, since parties celebrating the changes of season, epiphany cakes, boule competitions and other more utilitarian assemblies27 are all opportunities to meet up and keep alive the bonds that have been tied between the gardeners. It is thus not by chance that the celebration of the 20th anniversary of the Jardin aux habitant·es by the Palais de Tokyo will conclude with a banquet. Since the 1960s, artists have appropriated social forms and activities that usually punctuate human life, so as to bring art as close as possible to everyday life, or to be engaged in the social field. Among these social rituals, many artists have chosen to reinvest the communal meal, par excellence a form of sharing both food and ideas. For, a meal is a space-time favourable to encounters and discussions, a shared practice whose codes we all understand. Most often, the participants exchange there freely and directly, without any hierarchy or the distance that is generally established in most artistic get-togethers. From the earliest occurrences of participatory works,28 meals have seemed to be an inexhaustible source of forms and sites resonating

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27 As after the renovation of the sheds in early May 2022, which led to a shared meal on the site. 26 Suzanne Lacy, Mapping the Terrain: New Genre Public Art (Bay Press, Seattle, 1995), p. 253.
Leslie Labowitz, SPROUTIME-A Business For Sale (1981) Leslie Labowitz, SPROUTIME-A Demonstraktion (1981) Leslie Labowitz, SPROUTIME-Mary, Mary Quite Contrary (1980)

Robert Milin est artiste. Il réalise des vidéos, des photographies et des créations radiophoniques qui naissent d’un long temps d’observations, de déambulations et de rencontres fortuites. L’artiste propose à des volontaires ou à des complices d’opérer par petits déplacements là où les interactions sociales ont lieu, et là où elles pourraient émerger à nouveau. Informées par l’ordinaire, par les pratiques dites amateurs et par les bricolages de tout un chacun, ses œuvres se construisent et s’épanouissent dans les espaces communs du quotidien. La participation d’individus ou de groupes, avec lesquels l’artiste établit un mode de fonctionnement, se traduit aussi par des installations dans l’espace public. Son travail est notamment présenté dans les villages de Saint-Carré en Bretagne (Saint-Carré, 1991) et de Mauterndorf en Autriche (Orstbebilderung, 1995) et dans le quartier des États-Unis à Lyon (Mon prénom signifie septembre, 2009). Parmi ses expositions personnelles récentes : Les 20 ans du Jardin aux habitant·es, par Robert Milin (Palais de Tokyo, Paris, 2022), Il y avait un gardien dans l’immeuble, on l’appelait Panda (Galerie Fernand Léger, Ivry-sur-Seine, 2019). Robert Milin s’est engagé depuis quelques années dans des commandes d’œuvres sonores pour France Culture et a réalisé dans ce cadre Parler aux bêtes (2013), Djafer (2018) et Un portail à Laveissière (2021).

Adélaïde Blanc est coordinatrice de la direction artistique et commissaire d’exposition au Palais de Tokyo. Elle a été commissaire de l’exposition Les 20 ans du Jardin aux habitant·es, par Robert Milin.

Éric Chauvier est anthropologue, professeur à l’École nationale d’architecture de Versailles et chercheur au LéaV (Versailles). Ses recherches concernent la condition urbaine et plus spécifiquement les mondes périurbains, les anciens territoires ruraux et les petites villes oubliées. Il est l’auteur de plusieurs livres dont Anthropologie de l’ordinaire (2011), Les Mots sans les choses (2014), La Petite Ville (2017) et Plexiglas mon amour (2021).

Gilles Clément est jardinier, paysagiste, botaniste, entomologiste, biologiste et écrivain. Il est professeur émérite à l’École nationale supérieure de paysage (Versailles) et a été titulaire de la chaire de Création artistique au Collège de France (Paris, 2011-2012). Il a conçu de nombreux jardins publics comme le parc André-Citroën et le jardin du Quai Branly (Paris), les jardins du Roi (Blois), et le parc Henri-Matisse (Lille).

Ophélie Naessens est maîtresse de conférences en arts plastiques à l’université de Lorraine. Ses recherches portent sur le dialogical art, sur les pratiques artistiques participatives, ainsi que sur le renouvellement collaboratif des formes d’art engagé. Elle est l’autrice de Portraits parlants dans l’art vidéo. La parole vivante dans les pratiques artistiques des années 1970 à nos jours (2021).

Guy Tortosa est critique d’art et inspecteur de la création artistique au ministère de la Culture. Spécialiste « art et environnement », il a été directeur du Frac des Pays de la Loire, conseiller pour les arts plastiques Poitou-Charentes et directeur du Centre international d’art et du paysage de Vassivière en Limousin. Il a récemment contribué à l’ouvrage collectif Thierry Fontaine (2021).

Biographies

Robert Milin is an artist. His videos, photographs and radio pieces derive from long periods of observation, strolling and chance encounters. Milin invites volunteers or accomplices to effect small shifts there where social interactions occur, and where they might re-emerge. His works, informed by the ordinary, by so-called amateur practices and by everyman’s and everywoman’s DIY, are constructed and flourish in routine, common spaces. The participation of individuals or of groups, with whom the artist establishes a modus operandi, can be seen in installations in public places. His work has in particular been presented in the villages of Saint-Carré in Brittany (Saint-Carré, 1991) and of Mauterndorf in Austria (Orstbebilderung, 1995), as well as in the États-Unis neighbourhood in Lyon (Mon prénom signifie septembre, 2009). Among his recent solo exhibitions: Les 20 ans du Jardin aux habitant·es, par Robert Milin (Palais de Tokyo, Paris, 2022), Il y avait un gardien dans l’immeuble, on l’appelait Panda (Galerie Fernand Léger, Ivry-surSeine, 2019). For several years, Robert Milin has responded to sound commissions from France Culture which have led to Parler aux bêtes (2013), Djafer (2018) and Un portail à Laveissière (2021).

Adélaïde Blanc is a curator and Artistic Department Coordinator at the Palais de Tokyo. She was the curator of Les 20 ans du Jardin aux habitant·es, par Robert Milin.

Éric Chauvier is an anthropologist, professor at the École nationale d’architecture in Versailles and a researcher at LéaV (Versailles). His research focuses on the urban condition and more exactly peri-urban worlds, former rural territories and small, forgotten towns. He has published several books, including Anthropologie de l’ordinaire (2011), Les Mots sans les choses (2014), La Petite Ville (2017) and Plexiglas mon amour (2021).

Gilles Clément is a gardener, landscaper, botanist, entomologist, biologist and writer. He is an emeritus professor at the École nationale supérieure du paysage in Versailles (ENP) and was granted a chair for Artistic Creation at the Collège de France (Paris, 2011-2012). He has designed numerous public parks, such as Parc André-Citroën and the gardens of the Musée du quai Branly (Paris), Les Jardins du Roi (Blois) and Parc Henri-Matisse (Lille).

Ophélie Naessens is a lecturer in visual art at the Université de Lorraine. Her research focuses on dialogical art, participatory artistic practices, as well as the collaborative renewal of forms of socially engaged art practices. She has published Portraits parlants dans l’art vidéo. La parole vivante dans les pratiques artistiques des années 1970 à nos jours (2021).

Guy Tortosa is an art critic and artistic creation inspector for the Ministry of Culture. As a specialist in “art and the environment,” he has been the director of the Frac of Les Pays de la Loire, a visual arts advisor for Poitou-Charentes and the director of the Centre international d’art et du paysage de Vassivière in the Limousin. He has recently contributed to the collective publication Thierry Fontaine (2021).

Biographies
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