Le CENTQUATRE à 10 ans - Télérama

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lE centquatre a 10 ans


le CentQuatre-Paris a 10 ans

Une décennie de magie

Dix ans que le Centquatre-Paris nous étonne, nous touche, nous agace, nous enchante, nous fait découvrir des univers poétiques comme d’innovantes entreprises, aimer de jeunes artistes inconnus comme partager avec sensibilité idées et audaces iconoclastes. Il se passe toujours quelque chose dans cette arche culturelle où José-Manuel Gonçalvès et ses collaborateurs cherchent à nous faire vivre autrement l’art, à réinventer pour nous l’espace public et la ville. A les désacraliser aussi, pour nous les rendre intimes et familiers, accessibles. Tout est à hauteur d’homme (et de femme !) dans ce cabinet de curiosités taille XXL où l’on réapprend sans cesse à s’émerveiller, à sentir et à se questionner. Il fallait célébrer l’anniversaire de ce lieu devenu unique. Et magique. Télérama est joyeux de s’y associer : on a tant découvert d’art et d’artistes, d’humanité aussi, au Centquatre-Paris, depuis dix années… Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de Télérama

L’espace des utopies ordinaires José-Manuel Gonçalvès a fait du Centquatre-Paris un espace où l’art réinvente la ville, et la vie.

José-Manuel Gonçalvès.

Couverture

Arche de la halle Aubervilliers. Photo, Martin Argyroglo. 2

Il a révolutionné le lieu, lui a donné une âme et un corps. Une énergie aussi. Et une sacrée générosité. Depuis qu’il a été nommé à la tête du Centquatre, en 2010, José-Manuel Gonçalvès, 56 ans, a transformé l’ancien site des pompes funèbres municipales en espace de tous les possibles artistiques et de nouvelles joies d’habiter la ville. De l’ex-royaume de la mort, il a fait — avec ses formidables équipes — un endroit de vie, ouvert, accessible à tous. Et où tous peuvent exercer leur liberté d’être et de créer. Depuis son passage à l’Afaa (aujourd’hui Institut français), où il travailla au rayonnement de la culture française à l’étranger, depuis sa direction de l’inventive Ferme du Buisson (1998-2010), il sait en effet que parier sur l’art aide à défier notre imaginaire et nous fait grandir, souvent, en humanité… Qu’est-ce que le Centquatre-Paris ? Un lieu que je voudrais « infini » en matière d’art et de culture… Pour moi, le Centquatre-Paris ne doit pas se définir par un statut, mais par le mouve-


ment artistique qu’il génère. M’importe la qualité des formes qui s’y créent, et de les articuler à la vie. Car j’ai une folle ambition : que ce lieu aide à changer la vie du public. Et la ville. Les artistes ne nous permettent-ils pas de voir l’existence différemment et de nous métamorphoser de manière intime et subtile ? C’est aussi mon parcours… En quoi ? Je viens d’un milieu modeste et immigré. Mon père était réfugié politique, il avait fui le Portugal de Salazar, et mon grand-père maternel, l’Espagne de Franco. J’ai grandi en banlieue. Ma famille voulait absolument qu’on s’intègre : pas question de parler portugais à la maison… J’ai découvert l’art à 14 ans, en allant voir Lorenzaccio, de Musset, au Théâtre Mogador. J’ai été ébloui. Et c’est par le théâtre que j’ai découvert la littérature, moi qui étais plutôt destiné à la compétition sportive et n’ai fait que tardivement des études en sciences sociales et management culturel. Après Lorenzaccio, j’ai lu tout Shakespeare, puis tout Zweig…

Manuel Braun | Ed Alcock/M.Y.O.P. 2016

Quelle est la vocation du Centquatre ? Fabriquer des relations différentes dans un espace public, une autre manière d’être ensemble avec d’autres. Fabriquer de la ville, en somme. Le Centquatre est en effet une sorte de mini-ville créative qui aspire la ville… et devrait l’inspirer. Parce que les gens qui y viennent et s’y arrêtent, s’y autorisent beaucoup de choses à force d’observer simplement, gratuitement, des artistes travailler devant eux. Ici on regarde où on veut. Offrir ainsi de l’espace public ouvert et libre est déjà pour nous une sorte d’engagement. Au Centquatre, chacun a sa place. Si les artistes professionnels y proposent leurs créations, ça n’empêche pas les amateurs de s’exercer dans la grande halle. Leurs travaux ne sont pas égaux artistiquement mais tous sont acceptés ici… Le Centquatre est lieu de vie. Sans contraintes de temps ni d’espace. La seule limite est de ne pas empiéter sur la liberté de l’autre. De quoi développer un rapport enfin décomplexé aux lieux d’art. Et de permettre à l’art de réinventer la ville. Pourquoi vient-on au Centquatre ? Pas uniquement pour un événement. Dès qu’on y entre, on est cueilli par toutes sortes de choses, dont des œuvres d’art qui ne s’affichent pas forcément comme telles, histoire de ne pas créer de rapports intimidants. J’aimerais que les gens traversent le Centquatre comme une grande rue créative ; et que s’y épousent simplement les désirs de fiction de la population et ceux des artistes. Côté politique, le manque d’imagination pèse aujourd’hui. Alors ☞ 3


le CentQuatre-Paris a 10 ans

Quel est votre rapport aux artistes ? Ils sont notre colonne vertébrale. Et un de nos enjeux essentiels est de permettre à de jeunes équipes, toutes disciplines confondues, de trouver un espace de travail et de visibilité. Bien les choisir représente 50 % de notre travail. Pour moi, une programmation réussie est celle qui révèle de nouveaux talents au milieu d’artistes de référence. Et chaque année émergent toujours ici, auprès du public, deux ou trois jeunes équipes. Quelles sont les grandes étapes de votre direction ? Quand j’ai été nommé, en 2010, ce dont je rêvais, je me souviens de deux heures de grande solitude dans la nef vide, si intimidante. Mes deux seules heures de doute… J’ai aussitôt replongé dans le projet, toujours chez moi en forme de parcours. On entre par où, au Centquatre ? Qu’est-ce qu’on y donne à voir de plus que des spectacles ? Dès juin 2010, j’ai ainsi créé un festival, d’octobre à janvier, une sorte de précipité de ce que nous voulions faire de ce lieu. Je me rappelle avoir organisé une avant-première pour la population tout autour, après nombre de réunions avec des associations de quartier. Personne au début… Tout le monde après le travail, vers 19h30. C’était gagné. Et ça nous a appris à tenir compte de la vie des gens… En 2012, nous avons pris le tournant de l’innovation, en créant et expérimentant des projets numériques qui associaient artistes, chercheurs et commerciaux, en aidant à développer des brevets. Le Centquatre est vite devenu le troisième incubateur de start-up de la Ville de Paris, une sorte de laboratoire dans le champ de la création artistique. Autre étape : en 2013, l’exposition du plasticien américain Keith Haring, en partenariat avec le musée d’Art moderne de Paris. Enorme fréquentation. Le Centquatre devient un lieu qui compte en matière d’art contemporain… Comment expliquez-vous votre succès ? C’est vrai que les délégations étrangères se succèdent ici pour observer et demander notre expertise en matière de lieux artistiques comme de transformation urbaine. Nous avons même eu la visite de deux maires de New York. Tous sont étonnés par la liberté du Centquatre ; par l’exigence 4

Le centquatreparis en chiffres

39 000 m² 4 000 m² de plateaux de fabrication et de production 70 espaces : 18 ateliers, 17 autres lieux et salles de spectacle, le Cinq, la Maison des petits, les commerces… 80 emplois permanents 1 700 résidences d’artistes depuis l’ouverture 3 310 016 visiteurs de 2009 à 2017 603 662 spectateurs payants ou gratuits en 2017 327 événements en 2016 14,065 millions d’euros de budget en 2016 8,35 millions d’euros de subvention de fonctionnement en 2016 Sources : Centquatre, rapports d’activité, Cour des Comptes.

artistique et le mélange des populations, des générations qui s’y jouent ; par le développement de l’ingénierie culturelle et de l’innovation qui s’y pratiquent désormais tous azimuts. Le Centquatre vend maintenant son savoir-faire partout dans le monde… Côté population environnante, nous avons eu à cœur de libérer des espaces pour les réunions d’associations de quartier ; nous faisons beaucoup de médiation culturelle ; nous offrons aux habitants des contenus artistiques certes, mais aussi des endroits où célébrer les anniversaires, où danser… Pas de contrôle à l’entrée, l’accès est libre jusqu’à 20 heures, et le camion à pizzas installé là remporte un vif succès ! Le Centquatre donne à voir la ville sous son aspect le plus joyeux, généreux, il est conçu pour que tout le monde y ait sa place. C’est la possibilité d’une île… A la manière de Marivaux ou de Houellebecq. Un lieu d’utopie ? Qui donne en tout cas l’espoir que des utopies peuvent être réalisées. Pas forcément des utopies spectaculaires ! Juste de belles expériences à découvrir. Car une de nos forces est de rester curieux. Sur ce qui se pratique dans l’art, dans la société et chez ceux qui pensent notre société. D’accepter de continuer à apprendre ce qu’on ne sait pas, et de ne jamais le négliger. Nos ambitions ne sont pas sociales, mais sociétales : au Centquatre on ne répare pas, on cherche à comprendre ce qui nous est essentiel. Grâce à l’art. Qui nous ouvre des mondes via notre sensibilité. Propos recueillis par Fabienne Pascaud

Myriam Tirler

☞ les citoyens ont besoin d’aller le chercher du côté des créateurs. Tous les citoyens. Une des vertus du Centquatre est qu’il gomme les différences sociales. On y vient aussi parce qu’on sait qu’il y a des artistes qui répètent, des corps en mouvement, des sons. Pas des discours. Je fais partie de ceux qui pensent que faire, déjà, c’est réfléchir. Après on conceptualise…


Fous de danse / Le Musée de la danse - Boris Charmatz, dans le cadre du Festival d'Automne 2017 -CENTQUATRE-PARIS © Martin Argyroglo

Le Centquatre-Paris : un village dans la ville Dans ce lieu à la singulière vitalité se croisent artistes professionnels et amateurs, start-up et public en quête d’hospitalité, le maître-mot des lieux. Fabrice Melquiot, auteur, metteur en scène. « Quand je viens, je m’assieds dans un coin et regarde les gamins du quartier danser ou paresser, je flâne à la librairie, visite une expo… la variété des corps participe à la grâce de l’endroit, bordélique et organisé à la fois. »

On y entre par la rue Curial, on en sort par celle d’Aubervilliers. Ou l’inverse. Entre les deux, il y a de quoi faire : lire, danser, pique-niquer, observer la foule qui va et vient d’un bord à l’autre du vaste paquebot. Le Centquatre-Paris est un territoire en mouvement qui se parcourt en flânant. Il s’apprécie dans la durée et révèle ses secrets au fil des heures passées à l’arpenter. Des étages aux soussols, des bureaux aux salles de spectacle, des cafés aux commerces, une vie pulse en continu, visible et invisible, qui brasse dans un même flux artistes, chercheurs, touristes, mamans avec poussettes, théâtreux déclamant des vers, danseurs aux casquettes vissées à l’envers. Une faune hétéroclite qui cohabite paisiblement sous la discrète surveillance de quelques agents d’accueil. La bienveillance est un credo que Jean Bourbon, directeur des publics, traduit par le beau mot d’hospitalité. « On ne dit pas aux gens ce qu’ils doivent faire mais on les incite à

s’emparer des outils que nous mettons à leur disposition » confie ce fidèle compagnon de José-Manuel Gonçalvès, directeur de l’établissement, dont le projet est de faire du Centquatre « non un lieu de plus dans une ville qui n’en manque pas mais un lieu qui soit autrement. » Dans cet « autrement » s’enchevêtrent beaucoup de réalités : pratiques d’amateurs, start-up innovantes, spectacles jouant le soir ou Maison des petits. 9 heures du matin. Les équipes de nettoyage, à l’œuvre depuis 6 heures, croisent les troupes administratives qui investissent les bureaux. Dans sa loge rue Curial, Lydia contrôle les identités. Plus tard, elle basculera, dit-elle, « côté Auber ». Comme ses collègues, elle franchira les 250 mètres qui relient les deux rues. Mieux vaut être chaussé de baskets que de talons aiguilles, 39 000 mètres carrés (l’équivalent du Centre Pompidou), ça galbe les mollets. La maison s’éveille doucement. Près de la loge ☞ 5


☞ de Lydia, on installe les tables du Grand Central, immense café restaurant dont le pendant, le Café Caché, se trouve à l’extrême opposé. Il faut attendre midi (heure d’ouverture au public du mardi au vendredi, le week-end démarrant à 11 heures) pour voir pénétrer les premiers arrivants. Ils entrent, par couples, par groupes ou en solo. Ils cherchent l’emplacement idéal, celui dont ils ne décolleront plus. C’est à 15 heures que le pic de fréquentation est atteint. Dans un coin de la nef, Jérémy et Ysenah amorcent un pas de danse : « Nous répétons pour les championnats de France de Bachata. » Le Bachata ? Une danse latine collée-serrée. Pourquoi avoir traversé tout Paris, et même une partie de la France (Ysenah arrive de Limoges) ? « L’espace est convivial, répondent-ils, et ça nous évite de louer une salle. » Ils 6

remettent la musique. Un peu plus tard, ils mangeront italien au camion à pizza. Tout près d’eux, un autre tempo se fait entendre. Moins flamenco et plus américain. Les rappeurs Jordy, Martin et Nelly ont posé leur enceinte sur le sol. Depuis six mois, une fois par semaine, ils perfectionnent leur chorégraphie : « On vient ici pour s’évader ! » Nombreux sont ceux qui, comme eux, ont adopté le Centquatre pour pouvoir s’entraîner. Danseurs, étudiants en théâtre, circassiens qui se reposent dans les transats avant de se remettre en action, l’œil rivé aux immenses miroirs montés sur roulette dans lesquels ils vérifient leurs mouvements. Savent-ils, ces amateurs passionnés, qu’audessus de leurs têtes, dans l’incubateur de start-up qu’héberge ce centre d’art parisien pluridiscipli-

Ed Alcock/M.Y.O.P. 2016

Amala Dianor, danseur, chorégraphe. « Après Châtelet-lesHalles et La Défense, le Centquatre est le nouveau lieu où les danseurs de hip-hop s’entraînent avec enthousiasme. Il a étendu la discipline en la confrontant à d’autres artistes, provoqué un métissage artistique et culturel inédit. » Bonaventure Gacon, circassien. « L’exigence de travail est telle qu’elle oblige chaque artiste à respecter celui qui s’entraîne à côté. Au Centquatre, toutes les disciplines se côtoient dans un mouvement libre et naturel. » Prune Nourry, plasticienne. « Dans ce lieu atypique, ouvert à toute créativité, l’ambiance est professionnelle autant que familiale. Chaque artiste y travaille sans peur du jugement. »


le CentQuatre-Paris a 10 ans Emily Loizeau, chanteuse, compositrice. « Être artiste-associé ici, c’est disposer d'un studio d’écriture, d’ateliers, de temps, d’éventuelles représentations. Nous décidons mutuellement, et dans la confiance, de continuer à faire des choses ensemble. Les temps étant difficiles pour les artistes, ce genre de refuge est fondamental. » Mathieu Pernot, photographe. « Je pensais que le Centquatre risquait d’être une forme d’enclave chic dans un contexte urbain difficile. L’expérience a prouvé le contraire et la nécessité de son existence. »

naire, des équipes rivalisent de génie pour inventer le futur ? Julien, doctorant en philosophie et en éthique appliquée à la robotique, conçoit des robots sociaux qui interagissent avec les humains. Ses voisins de palier, membres de la start-up Aurasens, ont créé un fauteuil qui vibre au son de partitions cosmiques. Une volée d’escalier et quelques portes plus loin, Géraldine, fondatrice de Sonic Solveig, corrige les bugs d’une application musicale interactive dédiée à la jeunesse. Le virtuel, le numérique, la réalité augmentée sont chez eux. « Nous créons une communauté avec les scientifiques » affirme Marialya Bestougeff, directrice de l’Innovation. 16 heures : à côté du commerce tenu par Emmaüs, une aventure immersive sur fond de réalité augmentée promet de fortes sensations lors d’un jeu qui dure, selon l’ingéniosité des participants, de vingt à quarante minutes. Une fois sorti de la boîte noire, on file vers la Maison des petits. Inspirée des Maisons Françoise-Dolto, elle accueille gratuitement les parents qui y trouvent écoute et conseils de psy. Les enfants visitent l’expo « Fragments urbains ». « Que voyez-vous ? » interroge l’accompagnatrice. « Des tours, des Lego, une ville » répondent les gamins. Une ville dans la ville, c’est aussi ce qu’évoque le Centquatre. Un « village » nuancent les collaborateurs de José-Manuel Gonçalvès qui tous soulignent la « réversibilité » d’un lieu où rien (espaces, pratiques, résidents) ne se fige ni ne se fixe. A commencer par la présence plus ou moins

LE CentQuatre-Paris en dates

Janvier 1998 : fermeture de l’entreprise générale des pompes funèbres. Elle est inscrite aux Monuments historiques. Emerge l’idée d’en faire un lieu de création. Décembre 2004 : la Mairie de Paris lance un appel à projet, remporté par le tandem Robert Cantarella-Frédéric Fisbach. 2005 : l’atelier Novembre démarre les travaux. 11 octobre 2008 : inauguration du Centquatre, établissement public de coopération culturelle (EPCC). 22 novembre 2008 : ouverture du Cinq, espace dédié aux pratiques artistiques amateurs et destiné aux habitants et associations voisins. 7 000 usagers en 2009, 18 100 en 2016. Mai 2009 : premier « Bal pop’ ». Il sera mensuel. Ouverture de la Maison des petits, lieu d’accueil et d’éveil artistique pour les 0 à 5 ans. Juin 2010 : José-Manuel Gonçalvès, 48 ans, nommé directeur.

longue sur place des artistes associés qui s’installent gracieusement dans la vingtaine d’ateliers bordant l’allée centrale. Ateliers qui sont également loués aux compagnies indépendantes en quête de salles de répétition. 17 heures : d’un long couloir baigné de lumière rose s’échappe un bruit de basse continu. Sourd aux coups frappés à sa porte, Erwan Ha Kyoon Larcher, artiste résident, tarde à ouvrir. Depuis deux ans, il a trouvé son port d’attache. L’atelier qu’il occupe est immense. Il y est seul et peut pousser le volume à fond pour préparer sa création, prévue en janvier 2019. Les résidences d’artistes sont une spécialité de la maison qui produit et diffuse des spectacles. Recrutés sur dossier, les aspirants trouvent une logistique, un regard, des aides matérielles. Et, le cas échéant, la possibilité de présenter en public le fruit de leur travail. L’énergie du bâtiment doit à leur présence sa singulière vitalité. Ici se forment des réseaux et des bandes. On se croise aux cafés. On discute, on se coopte. 19 heures : comme chaque soir, le lieu ferme ses portes au public. C’est le moment où démarrent les afters. Au Café Caché, on installe le buffet pour une soirée privée. La commercialisation des espaces est un atout du bâtiment. Ce soir, il y aura aussi un spectacle de théâtre. Il se terminera tard, aux alentours de 23 heures. La nef sera plongée dans le noir et il faudra sortir par la rue d’Aubervilliers. La nuit sera tombée sur le Centquatre, le silence règnera. Pas pour longtemps. — Joëlle Gayot

22 mai-10 juin 2012 : première édition du Forum des dynamiques culturelles du territoire, pour renforcer l’accès de tous à la culture dans le Nord-Est parisien. Septembre 2012 : lancement du programme innovation « 104factory », avec incubateur d’entreprises, laboratoire de recherche dans le champ de la création artistique et fablab. 17 avril-13 août 2013 : l’exposition consacrée à l’artiste américain Keith Haring, en partenariat avec le musée d’Art moderne de Paris, attire 74 389 personnes. 7 au 14 décembre 2014 : violente polémique autour de l’expo-performance du Sud-Africain Brett Bailey, « Exhibit B ». Saison 2016 : création du statut d’artiste associé international, qui assure au moins une production à des artistes étrangers. Juin 2018 : José-Manuel Gonçalvès est reconduit à la direction du Centquatre-Paris.

Jacques Gamblin, acteur, auteur, metteur en scène. « Il y a toujours à voir ici : le brassage des populations, le fourmillement d’activités, à toute heure et dans chaque recoin. C’est une île qui nous protège du monde extérieur. »

textes à retrouver sur télérama.fr

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lieu infini d’art de culture et d’innovation direction José-Manuel Gonçalvès

2018 2019 au CENT UATRE PARIS la saison des 10 ans 01 53 35 50 00 www.104.fr

artistes : Christiane Jatahy, Anne Teresa De Keersmaeker, Zsuzsanna, Raphaël Dallaporta, Mathieu Pernot, Marie Vialle, Jean-François Spricigo, Bruno Beltrão, Walid Raad, Le Grand Cerf Bleu, Cirque Trottola, Winston McAnuff et Fixi, Lia Rodrigues, Yoann Bourgeois, Collectif OS’O, Sébastien Barrier, Erwan Ha Kyoon Larcher, BAUM & invités, Mélissa Von Vépy, Clara Le Picard, Benoît Bradel, Rosemary, Standley et Dom La Nena, Johann Le Guillerm, Pablo Valbuena, Christine Angot et Célie Pauthe, Chloé Dabert,

Tsirihaka Harrivel et Vimala Pons, Martin Zimmermann, Anne Paceo, Albin de la Simone et Valérie Mréjen, Elise Chatauret, Jacques Gamblin, Kaori Ito et Miraï Moriyama, Alessandro Sciarroni, Olivier Dubois, Thibaud Le Maguer, Théo Mercier et Steven Michel, Christian et François Ben Aïm, Emilio Calcagno, Mathieu DesseigneRavel, Alban Richard, le GdRA, Josef Nadj, Marco Da Silva Ferreira, Angelin Preljocaj, collectif les bâtards dorés, Chloé, Arthur H, BERLIN, Rokia Traoré, Fabrice Melquiot et Camille&Manolo, Dimitri de Perrot.


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