"Je suis ici" - 2

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MONTAGE DES TEXTES Ils sont venus d’Afrique sub-saharienne, ils se sont réunis depuis septembre 2018 pour écrire des textes de fiction nourris de leur vie actuelle en France, ainsi que de faits passés. Ils se sont ensuite préparés à lire leurs textes face à un public, sur la scène. Denis Lachaud

Rossy : J’ai 5 ans, je vais à l’école. Mohamed : À 5 ans, je ne sais pas ce que je faisais. Rossy : J’ai 6 ans, j’apprends à faire du vélo Mohamed : À 6 ans, j’ai un ballon super Pelé. Rossy : J’ai 7 ans, je joue au foot avec mes amis. Mohamed : À 7 ans, je rentre à l’école. Franck : J’ai 7 ans, j’ai des problèmes avec ma sœur. Jocelyne : Tu vas faire la vaisselle avant de sortir jouer au foot. Franck : Non. Je ne veux pas. Jocelyne : Sinon je vais te fouetter. Franck : Si tu me touches, je vais le dire à la grand-mère ! Jocelyne : Oui pas de problème, tu pourras le dire, mais moi je t’aurai tapé. Franck : Je fais la vaisselle, finalement. Je veux jouer au ballon. Il faut à tout prix que je sorte. Rossy : J’ai 8 ans, je suis content de m’habiller tout seul, sans l’aide de quelqu’un. Mohamed : À 8 ans, j’aime me promener tout nu. Franck : J’ai 8 ans, je suis trop têtu. Rossy : J’ai 9 ans, je fais la connaissance d’un gros cochon dans le lac du jardin de ma grand-mère. Mohamed : À 9 ans, mon ami d’enfance, à chaque fois qu’on se bagarre, c’est lui qui me met par terre. Franck : J’ai 9 ans, mes amis se moquent de moi parce que je provoque trop de désordre. Rossy : J’ai 10 ans, je pars à l’école sans être accompagné. Mohamed : À 10 ans, je commence à faire des voitures avec des boîtes de Gloria et des fils de fer. Franck : J’ai 10 ans, je suis nul à l’école. Rossy : J’ai 11 ans, je peux aller à la foire avec mes parents. Mohamed : À 11 ans, je joue au football dans l’équipe de mon premier entraîneur, il s’appelle Alya. Franck : J’ai 11 ans, je rêve de devenir professeur d’anglais. Rossy : J’ai 12 ans, je fais mon premier gâteau Franck : J’ai 12 ans, j’aimerais voyager. Rossy : J’ai 13 ans, je fais la vaisselle tout seul. Mohamed : À 13 ans, j’ai mon premier vélo. Rossy : J’ai 14 ans, je fais la lessive à la main comme ma mère. Mohamed : À 14, avec mes amis, on se moque, des fois. Ça se transforme en engueulades. Après on fait la paix comme si rien ne s’était passé. Franck : J’ai 14 ans, je n’aime pas avoir d’amis.


Trop d’amis, toujours des problèmes. Rossy : J’ai 15 ans, je drague une copine de ma classe, étant donné que je flashe sur elle. Mohamed : À 15 ans, Je pars chercher des chiots. Il y en a trois. Deux meurent et une grandit bien jusqu’à l’âge d’un an, puis elle se fait renverser par une voiture et elle meurt. Franck : J’ai quinze ans, je veux avoir un bon niveau d’études. Rossy : J’ai 16 ans, j’ai une petite amie. Franck : J’ai seize ans, j’aime ma famille plus que tout. Mohamed : À 16 ans, je quitte mon pays pour aller en France. Rossy : J’ai 17 ans, je fais l’amour pour la première fois. Mohamed : À 17 ans, sur mon chemin, dans une direction que je n’ai jamais prise auparavant, je fais des découvertes merveilleuses, parfois dures, tristes et pénibles, avec de nouvelles amitiés qui ne durent pas trop. Franck : J’ai dix-sept ans, je veux être chauffeur routier parce que dans mon pays, j’avais un oncle qui était chauffeur routier. Le week-end, il passait me prendre à la maison pour que je l’accompagne. Il avait un camion à 10 roues avec une benne. Il transportait du sable, des graviers. A un moment, j’ai détesté ça. Il m’avait laissé dans le camion pour aller acheter de quoi manger. Le frein à main s’est desserré. Le camion a commencé à rouler. Il est allé heurter une maison. Ce jour-là j’ai dit je ne monte plus jamais dans ce camion. Lorsque mon oncle venait me chercher, je fuyais. Je me disais qu’il avait voulu me tuer. Ma grand-mère m’a expliqué que ce n’était pas de sa faute, que c’était un accident, que ça arrive. J’avais 11 ans. Quand je l’accompagnais, il me faisait travailler. Quand un pneu crevait, il me disait “Desserre la roue, là...“ Je n’y arrivais jamais. Après l’accident, je n’y suis jamais retourné. Mais une fois ici en France, je me suis dit pourquoi pas essayer d’être chauffeur routier ? .......... Aubry : Bonjour Rossy. Rossy : Bonjour professeur. Aubry : Ben dis donc, t’as l’air en forme ! Rossy : Oui, j’ai très bien dormi hier soir, j’étais couché à 19h et j’ai fermé les yeux à 20h30. Aubry. : Ben comme l’autre fois, t’as fini avec le schéma de la machine à vapeur, il te reste quand-même le dossier à remplir, les petites questions à finir et après, je te passerai le schéma du ventilateur. Rossy : Ok ça marche, monsieur, du coup, pour le dossier précédent,

je n’ai pas reçu mes notes. Aubry : Non, c’est à la fin du trimestre que je vous remets toutes les notes du premier trimestre. Tu peux commencer à travailler parce que les minutes passent, là. Rossy : Oui monsieur, je m’y mets tout de suite. Aubry : Entre temps, je vais faire l’appel. Apparemment tout le monde est là, sauf Eric. Rossy : J’ai fini le dossier. Pourriez-vous me donner le dossier suivant ? Aubry : Oui attends, on va dans mon bureau, je vais tirer une copie. Aubry : Tiens, le voilà. Rossy : Merci monsieur, je commence le câblage sans plus tarder. Aubry : Tu en es où ? Rossy : Je viens juste de finir la partie puissance, et maintenant j’entame la partie commande Aubry : Ouh là, t’es rapide aujourd’hui, t’as la pêche, c’est bien, continue comme ça. Rossy : Monsieur, me voilà presque à la fin du câblage. Aubry : Ça marche, on va faire les tests, trouve le voltmètre pour faire les mesures. Rossy : Le voilà. Aubry : Ton schéma a été bien fait, bravo, à mardi prochain. Rossy : Merci monsieur. Rossy .......... Dans le village de Maférinya situé à 100 km de la capitale, Conakry, il y a Samba et Jean-Paul qui sont des voisins et des bons amis depuis tout petit. Arrivé à l’âge de 15 ans, Jean-Paul déménage avec sa famille dans la ville, pour des raisons de travail. Samba et Jean-Paul ne se voient pas pendant un bon moment. Un jour, Samba part en ville pour acheter des outils de travail pour son champ. À la gare, son regard tombe sur une tête à distance qui lui est familière. Il s’approche du dos tourné de son ami et il lui dit : SAMBA : Bonjour ! Dès que Jean-Paul se retourne, ils se reconnaissent. Et Samba dit à Jean-Paul : SAMBA : Comme ça fait longtemps mon ami ! Jean-Paul dit : JEAN-PAUL : Oui mon frère, tu ne peux pas deviner


combien de fois tu m’as manqué. SAMBA : À moi aussi, mais j’ai toujours gardé l’espoir qu’un jour nous nous retrouverions. JEAN-PAUL : Je suis super heureux. Dis-moi, ami, ce que tu es devenu. SAMBA : Tu sais au village, il n’y a pas d’école, je suis devenu cultivateur, marié et père de trois enfants. Et toi Jean-Paul ? JEAN-PAUL : Moi j’ai eu à faire une formation et à présent je suis commerçant et toujours célibataire. SAMBA : Tu ne changeras jamais. Mohamed .......... M. Farid – Voici le plan d’un grand garde-corps que tu dois effectuer pour un particulier. Il le veut au millimètre près, donc tu as intérêt à suivre les cotes. Tu prends du tube de 40x40x2. Abdel – Une question monsieur. Sur le plan, il est marqué 30x30x2. M. Farid – Oui oui, on n’a pas de tube de 30x30x2 et j’ai déjà demandé au particulier, il est d’accord pour le tube de 40x40x2. Abdel – D’accord monsieur, merci. M. Farid – De rien, tu es attentif, j’ai fait exprès de mettre 30x30x2 sur le plan et tu as bien suivi. Vas-y. Si tu as un doute, passe me voir à mon bureau. (À 17h50) Abdel – Monsieur, vous pouvez venir vérifier les cotes, car j’ai fini de tout débiter et souder. M. Farid – T’es sûr ? Revérifie encore tout, après je viens voir. (À 18h) Abdel – C’est fait monsieur. M. Farid – Ok c’est pas mal. Tu as suivi mes conseils, tu es attentif, sérieux. C’est bien, mais juste, tes soudures ne sont pas trop régulières, la prochaine fois, essaie d’être régulier. Vas-y. Bon boulot. Abdel – Merci monsieur. Ibrahim ..........

LA SOUFFRANCE DES JEUNES LORS DE LEUR STAGE MOMO: Je suis accepté par un patron d’entreprise, une personne généreuse, gentille, sociable et très aimable, du prénom d’Olivier, qui va me confier à ses personnels pour qu’ils puissent m’aider à ajouter des connaissances à tout ce que j’ai appris au lycée. Le premier jour au chantier, les gars m’accueillent super bien. Cette équipe compte quatre jeunes et deux personnes qui ont un âge plus avancé. Je suis très heureux. Avec l’amour que j’ai pour ma formation, je ne peux pas savoir que ça va être un enfer pour moi. Le vieux papy m’appelle. Il est surnommé Goulou-Goulou parce qu’il emploie toujours cette expression... PAPY : Goulou-goulou. MOMO : Je m’approche et il me demande plein de trucs sur moi, mon parcours, mes conditions de vie en général. Moi, je lui dis tout. Voilà. PAPY : Ça va Momo ? MOMO : Bien et toi ? PAPY : Oui ça va. Dis-moi, t’habites où sinon ? MOMO : J’habite à Abbeville, je dors à l’internat et je rentre chez moi les week-ends. PAPY : Tu dors chez qui quand tu es à Abbeville ? Et comment tu fais pour te nourrir ? MOMO : Je vis au foyer et des fois je vais au Secours Catholique ou aux Restaus du cœur. PAPY : T’es en France depuis combien de temps ? MOMO : Depuis deux ans. PAPY : Comment tu fais pour payer tes billets de train ? MOMO : C’est mes éducatrices, ou des fois c’est moi-même si j’ai de l’argent sur moi. PAPY : Donc toi, c’est Macron qui paye tout pour toi en fait. MOMO : Peut-être oui. PAPY : Et dis-moi Chocolat noir, t’as de la famille en France ? MOMO : Personne. Je suis tout seul. PAPY : Et tes parents, t’as des nouvelles d’eux parfois ? MOMO : Oui, de ma mère et de ma sœur. PAPY : Ta sœur elle a quel âge ? Elle est pas mariée ? MOMO : Il me demande si je peux l’aider à se mettre avec ma sœur. Il a 54 ans. Il me demande de quel pays je viens, comment je suis venu... Au fur et à mesure que les jours passent, il me met la pression. Vu que j’ai des problèmes de papiers, il est persuadé d’avoir trouvé un


esclave à qui il peut faire faire tout ce qu’il veut. Je ramasse les ordures, je balaye, je porte tout ce qui est lourd, je déplace les paquets d’ardoise et jamais je ne fais ce que je suis sensé faire, ce qui correspond à ma formation. Je n’apprends rien. Un matin à 8h, avant la reprise du travail, il vient me trouver aux toilettes. Il frappe à la porte. Je lui dis que c’est occupé. PAPY : Sors de là, dépêche-toi ! MOMO : Il a l’air très pressé. Je me dis qu’il a une urgence. Vu que c’est une personne âgée, je me dépêche de sortir, je n’ai pas même fini. Plus tard, il m’appelle d’une voix agressive. PAPY : Goulou-Goulou, viens me voir. MOMO : Je pense que c’est pour le travail. Ses collègues demandent ce qui se passe, il dit que j’ai mis de la merde partout. Il me demande de nettoyer la cuvette des toilettes avec les mains. Je lui répond que jamais je ne ferai ça, on se dispute, je lui dis que je ne suis pas son esclave. Je comprends alors pourquoi il m’appelle Chocolat noir. Au début je rigolais. Après ce jour, j’ai peur quand je viens travailler. Tous les matins il regarde mes vêtements, mon téléphone. Quand il me demande où je les ai eus, je dis que j’ai tout volé. Je ne dis plus rien de moi. Mohamed .......... Pourquoi ma vie est si compliquée ? Pourquoi je ne vis pas une vie de star, pourquoi ? Qu’est-ce que je fous dans cette vie de merde ? Si je continue, quel sera mon avenir et celui de mes enfants ? Ou encore, dois-je continuer de me battre pour avoir une vie meilleure en France ? Si je veux réaliser mes projets, il va falloir d’abord que j’obtienne des diplômes dans mes études. Pour cela, il faut garder la tête haute et ne jamais baisser les bras, continuer à bosser dur pour changer ma vie. D’autres personnes ont connu pire que moi, elles ont bossé, elles s’en sont sorti.

Je dois en faire autant, ma vie ne doit pas s’arrêter là. Je mène une vie dans ce lycée et dans cet internat qui doit vraiment changer, sinon personne ne le fera à ma place. La meilleure manière d’embrasser la vie, c’est d’être fort. Mahama .......... Kevin – Dis-moi, t’es en retard aujourd’hui mon gars. Le patron est déjà là. Je sais pas s’il s’est aperçu que tu es arrivé en retard. Laurent – Oui je sais, mais c’est lui qui m’a envoyé prendre des mesures chez lui. Kevin – Ok, bien alors. Tu sais, la tuyauterie sur laquelle on a bossé, les gars sont allés la monter mais il manque 5 millimètres. Laurent – Comment ça, c’est Sébastien qui avait pris les mesures, nous on a travaillé en fonction des mesures qu’il nous a données. Kevin – Ok, pas de souci, on dira ça au patron. Tu es encore là lundi prochain ? Laurent – Non, c’est ma dernière semaine de stage avec vous ici. Kevin – Alors, tu as aimé travailler dans cette entreprise ? Laurent – Oui vraiment, j’ai appris des choses extraordinaires, des choses que je ne pourrais jamais voir à l’école. Et vous, les 15 salariés d’ici, y compris le grand patron, vous êtes sympas et j’ai vraiment aimé travailler avec vous. Kevin - Bah oui, nous aussi car tu es bien gentil, tu respectes tout ici et tu es toujours à l’heure, j’espère que tu reviendras pour un autre stage ? Laurent – Bah j’en sais rien, mais peut-être au mois de janvier. Kevin – Oui, on sera ravis de re-bosser avec toi. Vraiment. Laurent – Merci, moi aussi. Au revoir... brahim .......... Ami : Ça fait longtemps, ça fait un bail, tu es parti en quelle année, ça fait combien de temps que tu es en Europe ? Franck : Ça fait 2 ans que j’ai quitté le Cameroun et ça fait 6 mois que je suis en France. Ami : Comment tu vis, ici en France ? Franck : j’ai 17 ans, je vis dans une famille d’accueil à Paris. Je suis une formation en plomberie. Et toi, qu’est-ce que tu deviens ici ? Ami : Je suis pris en charge par l’état français.


Je suis étudiant moi aussi. Franck : Qu’est-ce que tu fais comme formation ? Ami : Comptabilité. Je veux être comptable. Franck : Et tu vis où ? Ami : Je vis à Lille, je suis venu juste pour prendre des photos de la tour Eiffel, après je retourne à Lille. Franck : Comme ça fait longtemps qu’on a été séparés, est-ce qu’on peut prendre une photo ensemble comme souvenir ? Et échanger nos numéros de téléphone ? Ami : Avec paisir. Je te donne mon Facebook, mon numéro, on reste en contact, on peut s’écrire quand on veut, ça me fait bien plaisir de te revoir. Franck : Ça te dérange pas si je t’invite un week-end ? Est-ce que c’est possible que tu viennes ? Ami : Sans problème. Tu m’avises avant, j’aurai le temps de demander à ma famille d’accueil. S’ils acceptent, je peux venir. Franck : Passe une bonne journée, amuse-toi bien, on s’appelle. Ami : Merci beaucoup. Toi aussi. Je t’écris ce soir. Franck .......... Rossy : J’ai 18 ans, j’ai mon bac. Franck : J’ai 18 ans, ma sœur est souffrante. Mohamed : À 18 ans, je suis en France, perdu, sans aucun repère dans les gares, à gratter ma tête. Où vais-je ? Je monte ou je descends. Un jour, très fatigué, je m’endors dans un train et brusquement, je me réveille à la gare de Beauvais. Rossy : J’ai 19 ans, je vais à l’université. Franck : J’ai 19 ans, j’aimerais avoir un bon emploi. Mohamed : À 19 ans, j’appelle le 115 pour m’héberger et je rentre au lycée avec l’aide du proviseur. Rossy : J’ai 20 ans, c’est ma première soirée estudiantine, je vois plein de meufs. Mohamed : À 20 ans, je suis envoyé à Abbeville. Franck : J’ai 21 ans, je rêve d’aller dans mon pays pour aider les gens. Rossy : J’ai 21 ans, je suis en colocation avec deux de mes amis. Mohamed : À 21 ans, je veux passer le bac pro en maçonnerie ou en plomberie, sinon avoir un patron qui peut me prendre en apprentissage. Franck : J’ai 22 ans, je rêve que ma grand-mère vienne en Europe. Rossy : J’ai 22 ans, j’ai mon propre appartement.

Mohamed : À 22 ans, je veux commencer à bien me construire, avoir un travail, un appartement, être responsable et contribuer au pays. Rossy : J’ai 23 ans, je finis ma licence dans deux semaines. Mohamed : À 23 ans, j’achète une voiture. Mattéo : Allô ? Mohamed : Oui... Mattéo : C’est qui s’il vous plaît ? Moi : C’est Mohamed Camara. Mattéo : Que puis-je faire pour vous ? Moi : En fait j’ai eu votre numéro de téléphone sur Facebook, et je vous appelle pour la voiture Clio que vous voulez vendre 700 euros, je voudrais bien en savoir un peu plus sur la voiture. Mattéo : D’accord. C’est une voiture en parfait état, je viens de faire sa révision, elle est comme neuve. Moi : Ah bon. Et son compteur de kilométrage ? Mattéo : 100.000 kilomètres. Moi : Ouh là, ça fait combien d’années que vous l’avez ? Mattéo : 5 ans que je l’ai. Moi : Est-ce qu’une négociation est possible ? Mattéo : Toi tu peux mettre combien pour cette voiture ? Moi : J’ai que 300 euros. Mattéo : C’est trop bas, désolé Monsieur. Moi : Non t’inquiète pas, c’est pas grave, c’est moi qui suis désolé pour t’avoir pris un peu de ton temps. Mattéo : D’accord, merci, je te souhaite bon courage et bonne continuation. Moi : À toi aussi, au revoir. Rossy : J’ai 24 ans, je pense faire mon master en informatique. Franck : J’ai 25 ans, je veux me marier. Rossy : J’ai 25 ans, je dois absolument me marier et avoir des enfants. .......................... Ça sonne, ça sonne, j’ai du mal à me lever, il est 6 heures... Comme il fait noir ! T’as comme l’impression qu’il est 3 heures du matin, c’est étonnant. Je commence à 8 heures, je peux me rendormir...


Sauf que si je dors à nouveau, je passerai l’heure à laquelle je dois bosser... Non c’est mort. Je reste un peu sur mon lit, histoire de penser à quoi je vais me heurter aujourd’hui. Je vais commencer par la poste, déposer mon courrier, et après, passer à la banque pour régler un petit problème concernant mon compte. Ensuite j’irai au travail, mais je n’ai pas envie d’y aller parce que je n’apprécie pas leur façon d’être entre collègues, ils te saluent et après ils te calculent plus jusqu’à la fin, ils te disent un au revoir et c’est tout. Franchement, dans mon ancienne boîte, j’avais toujours envie d’aller travailler, car il y avait une très bonne ambiance. Et alors, que faire pour changer tout ça ? Rien. En plus, même si j’ai le courage de faire quelque chose, ça va aboutir à rien, comme si cette façon de se comporter entre eux était ancrée dans leur cerveau. Je n’ai pas le choix, je vais faire avec, tout en gardant le sourire. Ainsi va la vie. Allez debout, je prépare mon petit-déjeuner et ensuite, direction la douche. Rossy .......... Demain, Samba, doit faire un voyage pour aller dans la capitale avec une bonne somme, pour acheter des matériaux de travail. Toute la nuit il réfléchit. Comment va se passer son voyage. Et une fois en ville...

Il ne connaît pas très bien la ville. Il se pose trop de questions dans sa tête. ll y répond lui-même. SAMBA - Eh, je suis trop stressé pour être au milieu d’une foule mélangée de tous les genres de personnes. En plus, il y a trop de banditisme. Là je dois cacher mon argent dans un lieu sûr ou personne ne pourra le trouver. À l’adresse où je vais, je ne connais pas. J’ai trop peur de me perdre. Mais bon, qui demande ne va jamais se perdre, je prie que Dieu me protège des gens mal intentionnés, sinon cette année va être très dure pour moi et ma famille. Si je pouvais tomber sur une connaissance qui me guiderait et serait avec moi... Ça me ferait du bien. Mohamed .......... Ouf, c’est fatigant... Oh quelle journée, la dame à la poste a été super gentille avec moi, d’habitude je fais 45 minutes de queue pour être reçu par l’un des agents, là je n’ai attendu que 15 minutes. Par contre il y avait un bouchon quand j’ai pris l’autoroute, j’ai quand-même fini par m’en sortir et je suis passé à la banque, le problème a été résolu, c’est bien, mais en arrivant à l’entreprise dans laquelle je bosse, le patron m’a cassé les pieds. Déjà pour être arrivé en retard (alors que ce n’était pas de ma faute) et pour les commandes non faites. J’ai eu beau lui expliquer pourquoi ça traîne, il n’a pas voulu m’entendre. Pour lui, je n’ai pas bien fait mon boulot. Il se prend pour qui ? Trump ou quoi ? Avec mes quinze ans d’expérience dans ce métier, je finirai par me barrer, si ça continue comme ça. J’en ai marre, franchement. Bon, c’est passé, j’ai gravement envie de manger, je prépare un petit repas vite fait et après,


je prends une douche. Pour cette soi-disant belle journée, je n’en parle plus. Rossy .......... A : A est en promenade dans une forêt pour photographier les grands arbres, les animaux et les petites rivières qui coulent sous les arbres. Soudainement, il entend le bruit d’une machine tronçonneuse, très curieux il s’approche pour savoir qui coupe les arbres. C’est B, il lui dit :“bonjour B“ et il lui répond : B : comment ça va A? A : Bien et toi ? B : Moi aussi. A : Mais pourquoi tu coupes les arbres ? B : C’est pour faire du charbon de bois. A : Ah bon ! Est-ce que tu sais que couper des arbres n’est pas bon ? B : Non je savais pas. A : Je t’explique : les arbres sont très importants et jouent un rôle essentiel pour la vie des êtres humains. B : Je m’en fous je vais les couper puis les vendre pour pouvoir nourrir ma famille. A : J’ai pas dit le contraire, tout simplement je voudrais que tu me comprennes, au moins que tu écoutes ce que j’ai à te dire. B : Alors vas-y je t’écoute. A : C’est grâce aux arbres qu’il pleut et si nous continuons à les abattre, finalement il y aura des conséquences très graves. Comme par exemple la sécheresse. B : D’accord j’ai compris, à partir d’aujourd’hui j’arrête totalement de couper les arbres. A : Merci B pour ta bonne compréhension. B : De rien et à toi aussi A Mohamed ............. A : Bonjour, à chaque fois on se salue mais on ne se connaît pas du tout, en gros je voulais dire qu’on se connaît de vue mais pas de nom. R : Moi c’est monsieur X et vous ? A : Moi c’est Patrick, qu’est-ce que tu fais comme travail ?

R : Je suis jardinier, mon travail c’est de m’occuper régulièrement du gazon, de planter d’autres espaces de fleurs et surtout de les arroser et les entretenir chaque jour, histoire d’embellir la parcelle. A : Tu as toujours le sourire, à chaque fois que je te croise. R : Vous avez raison, ça m’aide à surmonter certains problèmes. A : Comme quoi ? R : Je veux vous dire la vérité, ça fait 6 ans que je suis en France sans papiers, j’ai été arrêté deux fois, incarcéré, j’ai même risqué d’être expulsé de la France. A : C’est à dire que tu travailles au noir chez mon ami. R : Oui monsieur. A : C’est risqué de faire ça. R : Oui mais je le fais pour m’en sortir, j’ai une famille en Afrique qui compte sur moi. A : Tu es de quelle origine ? R : Congolaise, de Kinshasa. A : Tu as un document qui prouve que tu es congolais ? R : Oui monsieur, mais je ne l’ai pas sur moi. A : Pas de souci, demain tu me l’apportes, je vais voir ce que je peux faire pour tes problèmes de régularisation. Passe une bonne journée. R : Merci, vous aussi. Rossy .......... Mme LAURENT: Comment se sont passées les vacances ? IMRI : Bien. Et toi ça s’est passé comment tes vacances ? Tes frères et sœurs vont bien ? ML : Oui, bien. Pourquoi tu construis ce mur ? IMRI : Je fais une séparation parce que je veux exploiter cet endroit. ML : Quel genre d’exploitation ? IMRI : Je veux faire mon bureau ici. ML : Super. IMRI : Et toi, qu’est-ce que tu cuisines pour nous ? ML : Un rôti. J’espère que vous aller aimer. IMRI : On espère bien. Franck ..........................


Un samedi, deux amis décident de se retrouver pour faire la fête. C’est Karamba et Yagouba, mais Yagouba habite à quelques 55 km environ. Ce jour-ci, Karamba fait toutes les dépenses, il cuisine le plat préféré de son meilleur ami et il reste à attendre l’arrivée de son pote. À l’heure du rendez-vous, l’orage fait surface, une forte tempête, et la pluie commence à tomber. Karamba appelle Yagouba. KARAMBA : Allô Yagouba. YAGOUBA : Oui allô Karamba. KARAMBA : Viens ! YAGOUBA : Non. KARAMBA : Pourquoi ? Yagouba : Il pleut, en plus je ne suis pas véhiculé et avec le vent et le froid, donc j’ai peur de sortir. KARAMBA : Non tu peux pas me faire ça, prends le bus. Arrivé chez moi, tu vas changer tes vêtements. YAGOUBA : Non man, ressors ta tête au dehors, tu vas voir qu’il pleut très fort et que le vent fait remuer les arbres qui sont au bord des routes. KARAMBA : Toi tu es comme ça depuis notre enfance, à chaque fois qu’on organise une chose, tu trouves toujours un argument pour ne pas venir. YAGOUBA : Désolé, reportons à un autre jour. Karamba, énervé, raccroche au nez de son ami Yagouba. Mohamed .......... A : Salut Bely. B : Salut Bruce. A : Comment tu te retrouves dehors à cette heure ? B : C’est compliqué, je viens de loin, en fait j’ai eu un tas de travail qui m’a amené à finir tard, et en arrivant devant la grille, je me rends compte que j’ai oublié la clef de la fameuse grille, je suis perdu, mon frère. A : Mais non, ne dis pas ça, on va trouver une solution. B : Bah ben laquelle ? A : À ton avis ! B Quoi à ton avis ? A : Heu, essaie de réfléchir un peu, car la solution est devant toi. B : Ah bon ! A : Oui, tu peux escalader ce mur, pour y entrer.

B : T’es malade ou quoi, regarde la hauteur du mur, je peux me casser la gueule. A : Bely, arrêtez d’être pessimiste. B : Je ne le suis pas, mais tu n’as pas vu la hauteur du mur ? A : Il est 00h30, tu aimerais vraiment passer la nuit à la belle étoile ? Bely secoue la tête pour dire non. A : Et pourtant tu peux tourner ton cerveau, je sais pas, creuse une idée dans ta tête pour entrer chez toi. B : Il me faut un escabeau, ou une échelle mais où le trouver, c’est vraiment un souci présentement mon gars. A : Ton voisin travaille dans le bâtiment, il a une entreprise qui rénove les vieilles maisons, tu peux solliciter son aide vu qu’il ne dort pas encore, regarde la lumière dans son salon, il y a même l’ombre des gens à l’intérieur. B : Bonne idée, je n’y ai même pas pensé, t’es un génie Bruce, ahahah A : Ahahah... B : Ben écoutez, j’y vais tout de suite. A : D’accord ! B : (toc toc) C : bonsoir Bely, quel bon vent vous amène chez moi ? B : Bonsoir, je serai bref, en effet j’ai oublié la clef de ma grille au bureau et j’aimerais escalader le mur de la maison, peux-tu me prêter un long escabeau ou une longue échelle pour entrer chez moi ? C : OK pas de problème. B : Merci. A : Voilà, Bely a fini par entrer chez lui avec l’aide de Bernard, évidemment tout finit très bien. Rossy ................... Rossy : J’ai 26 ans, j’ai un beau petit garçon adorable. Franck : J’ai 29 ans, je rêve d’avoir une belle maison. Rossy : J’ai 29 ans, j’aime ce travail, il y a une bonne harmonie et une bonne cohésion entre salariés et employeurs. Rossy : J’ai 30 ans, je fais mon premier voyage avec ma femme et mon fils en Afrique, au pays de nos aïeux. Je vais voir mes racines. Rossy : J’ai 31 ans, il nous faut un deuxième enfant,


notre fils a besoin d’un frère ou d’une sœur. Franck : J’ai 32 ans, ma femme me menace tout le temps. Rossy : J’ai 35 ans, enfin la voilà, elle est arrivée dans le monde des vivants. C’était ma prière d’avoir une fille. Je te donne ton nom, un nom que j’ai prononcé toute ma vie avant que tu sois née, mon ange. Ton nom c’est Price, c’est à dire Prix en français. Franck : J’ai 36 ans, ma femme m’impose des sorties. Sortir s’amuser, c’est pas mon truc. Elle me crie dessus. Rossy : J’ai 36 ans, il nous faudra une voiture familiale vu que notre foyer s’est agrandi. .......... JEAN : Ça fait trois ans que je n’ai pas pris la route de la passerelle, bah, ça tombe bien, comme je ne suis pas loin de là, je vais emprunter un raccourci,histoire de passer aussi devant l’ancienne école de ma fille. Du coup, voilà la maison de protection des sans-abris, disons une oasis pour SDF. Qui est-ce que j’aperçois de loin sur le banc qu’on avait surnommé « Ne réfléchis pas et assieds-toi, repose-toi » ? Mais c’est Philippe ! Je m’approche. Salut Philippe ! PHILIPPE : Salut Jean. JEAN : Mais qu’est-ce qui t’amène sur Amiens mon ami ? Ça fait une paye... PHILIPPE : J’ai un rendez-vous à la Mairie, pour changer d’adresse. JEAN : Tu te souviens des moments qu’on a passés sur ce banc ? PHILIPPE : Laisse tomber mon ami, c’était dur... JEAN : Ah ouais, un jour, à six heures du mat’, l’alarme incendie a commencé à sonner, je me lève,j’ouvre la porte de ma chambre, je vois plein de fumée dans le couloir, je tarde à sortir, du coup la fumée entre dans ma chambre, je tombe dans les pommes, d’un coup je me retrouve sur ce banc entouré de pompiers, en plus c’était pendant l’hiver,

Ah oui la vie d’une personne peut basculer en une fraction de seconde. Dieu merci, je suis vivant. Bon ben je te laisse,à plus et à bientôt. Rossy .......... Journaliste : Bonjour, je suis très content de vous recevoir sur mon plateau, étant donné que j’ai entendu parler de votre livre, il fait couler beaucoup d’encre en ce moment, particulièrement le nom de l’auteur. Voici ma première question. Pourquoi avez-vous choisi de nommer l’auteur avec un nom anonyme ? X : Merci pour la question, en fait, j’ai juste voulu laisser un mystère sur le nom de l’auteur, pour que le lecteur se pose des questions. Journaliste : Vous préfériez que l’auteur soit anonyme ? X : Oui, évidemment, ce côté mystérieux donne aux lecteur envie d’acheter le livre et ensuite, de découvrir le récit. Journaliste Avez-vous écrit un récit ou un roman ? X : C’est un roman sous forme de récit. Journaliste D’accord. Parlez-nous de votre roman. X : C’est un homme issu d’une famille riche, ses amis tout autour sont aussi de familles bourgeoises, ils ont presque tout, comme dans toute famille riche, un grande maison, presque un château, de beaux carrosses, ils s’habillent avec des marques de luxe comme Chanel, Louis Vuitton, Yves Saint-Laurent etc. Soudain, quelque chose de mauvais se passe dans sa vie qui chamboule tout : c’est la mort de ses parents. À partir de ce jour-là, tout change dans son quotidien. Ses proches l’aident de temps en temps, jusqu’à ce qu’il en ait marre et se décide de prendre son courage à deux mains et sorte de son pays pour aller loin et se construire un avenir meilleur. Il traverse plusieurs pays, il rencontre plusieurs obstacles et entraves, mais il sait les surmonter. Il finit par rejoindre l’Europe, précisément la France. En arrivant, il se heurte à plusieurs problèmes, surtout la régularisation de sa situation administrative.. Il fait une demande d’asile qui ne marche pas, il fait un recours qui ne marche pas non plus, mais il ne lâche rien jusqu’à ce qu’il obtienne ses papiers. Journaliste : Dites-nous, avez-vous écrit ce roman en vous inspirant de la vie d’une personne que vous connaissez très bien ? X : Oui, c’est une personne que je connais, il est vivant, l’homme en question.


Journaliste Pourriez-vous nous donner son nom ? X : Non, je ne peux pas, nous avons convenu que je garde secret son vrai nom. Journaliste C’est un roman comique ? Tragique ? Il y a de la fiction ? X : Vous trouverez un peu de phrases comiques, mélancoliques, et il y a de la fiction. Journaliste Quelle est la partie du roman qui vous a le plus marqué ? X : La partie du roman qui m’a le plus marqué, c’est quand il obtient ses papiers après avoir été incarcéré pour être extradé dans son pays d’origine. Le juge, en examinant son dossier, décide de le relâcher. Du coup, il est embauché par quelqu’un comme jardinier, c’est un travail au black. Un jour, un homme qui est un ami de son patron, lui demande pourquoi il sourit à tout moment. Il lui répond : c’est un remède pour me déstresser. Patrick : Mais tu as l’air triste, intérieurement. X : Oui, j’ai des soucis dans ma vie. Homme : C’est quoi comme soucis ? X : Il relate son histoire au gars, le type lui demande quels documents il a avec lui, il dit au monsieur qu’il lui ramène ses documents le lendemain et 2 semaines plus tard, on l’appelle à la préfecture pour aller récupérer ses papiers. Journaliste Merci d’avoir accepté notre invitation. X : C’est avec plaisir monsieur, merci à vous aussi. Rossy .......... Rossy : J’ai 39 ans, il faut qu’on arrête de louer, c’est le moment de devenir propriétaires d’un appart. Franck : J’ai 40 ans, je compte divorcer. Rossy : J’ai 40 ans, j’ai pris un crédit à la banque, bientôt plus de location de maison, vive la nouvelle vie. Franck : J’ai 41 ans, je ne peux pas divorcer parce que je regarde l’avenir de mes enfants. Rossy : J’ai 41 ans, euh, ben voilà, me préparer à rembourser un crédit et après, préparer ma retraite. Franck J’ai 42 ans, si je l’ai supportée de 25 à 41 ans, je peux la supporter jusqu’à la fin de mes jours.

Rossy : J’ai 42 ans, ma nouvelle entreprise me plaît mais la cohésion entre collègues me manque, j’en trouve pas dans cette boîte, ici c’est chacun pour soi. Rossy : J’ai 43 ans, ma femme aimerait arrêter de travailler pour s’occuper des enfants, sauf que ça sera très difficile de joindre les deux bouts du mois. Franck : J’ai 45 ans, ma femme me menace de me foutre à la porte. J’ai 46 ans, j’ai pris ma décision pour le divorce. Je vais divorcer. J’ai 50 ans, je suis libre maintenant. Je peux me remarier. Mohamed : J’ai 62 ans, les travaux de maçonnerie, à mon âge, ça commence à être dur. Vivement la retraite. .......... B : Comment vas-tu ? A : Bien et toi ? B : Oui ça va très bien mon ami, vraiment ça date, ça fait combien de temps que nous ne nous sommes pas vus ? A : Oui vraiment longtemps, j’ai pensé à toi tout au long de ma vie. Â Je n’avais pas de nouvelles et je ne savais même pas comment faire pour te retrouver, mon ami de longue date. B : Oui, j’aimerais que tu me dises où tu étais passé... A : Bon j’ai effectué un long voyage au Sénégal pour le boulot, j’ai essayé de changer un peu de pays, de culture. B : Ah bon ? Comment c’était là-bas ? A : Très bien. J’ai rencontré des personnes gentilles, accueillantes et très sympas. La culture de là-bas est différente de la nôtre, et la cuisine, j’ai mangé du tchep sénégalais et du bon jus de bissap, j’ai visité la ville de Dakar avec quelques musées. Là-bas c’était vraiment agréable. Eh mais dis-moi, où étais-tu passé mon ami ? B : Moi ? A : Oui bien sûr, toi. B : C’est un peu long à expliquer mais si tu as le temps, on peut en parler. A : Oui j’ai toute la journée libre, je t’écoute mon ami. B : J’ai été dans un pays très loin de l’Afrique qu’on appelle la France,


un pays qui parle la même langue que nous, le pays qui nous a colonisés. A : Ah bon ? Je suis ravi que tu m’expliques comment tu as fait pour y aller. B : Bon, j’ai un peu traversé tous les pays d’Afrique de l’ouest, je suis passé par un pays d’Europe pour obtenir la France. A : Mon Dieu tu me fais peur, toi. Vas-y j’écoute. B : Des choses, des difficultés, des choses qui resteront à jamais gravées en moi, mais je ne vais pas tout te raconter, la traversée n’a pas été facile mon frère. A : Ok je vois. B : On va se parler une autre fois mon ami, car j’ai une occupation. Merci ! A : Ok merci. Ibrahim ............... Bon, Après 45 ans de boulot, me voici maintenant à la retraite, avec plusieurs années de difficultés passées. Je suis enfin rentré dans mon pays. Je vais ranger la maison, ainsi j’aurai de quoi m’occuper pendant cette journée en Afrique. Si j’étais en France, je serais allé marcher, prendre l’air, j’aurais passé la journée à la bibliothèque à lire un peu un roman sur l’histoire de l’Europe. Bon, vu que je suis en Afrique, je vais m’adapter au mode de vie, manger, suivre la télé et à 13H30, aller à la mosquée, écouter le prêche de l’imam de la grande mosquée. J’essaie de me rappeler les moments passés dans mon enfance. Ibrahim .................................. Mohamed : À 70 ans, je suis papy de 4 petits-enfants. Rossy : J’ai 71 ans, mes deux enfants ont, à leur tour, d’adorables filles et garçons. Mohamed : À 71 ans, je vais habiter dans une campagne au bord de la mer, pour que je puisse passer beaucoup de temps à pêcher. Rossy : J’ai 72 ans, dans la vie, j’ai du vécu, je suis passé par plein de chemins, aujourd’hui je suis comme une bibliothèque vivante.

Mohamed : À 72 ans, je joue à la pétanque. Rossy : J’ai 73 ans, j’ai écrit mon premier livre. Mohamed : À 73 ans, je vais porter des lunettes.Franck : J’ai 73 ans, j’appelle tous les pauvres de mon village pour venir chercher des dons chez moi. Mohamed : À 74 ans, je suis trop sage et je voyage souvent pour des visites touristiques avec ma femme. Rossy : J’ai 75 ans, je retourne en Afrique pour voir la famille, j’y passe 6 mois avec femme, histoire qu’elle expérimente la question de l’Afrique noire. Mohamed : À 75, j’écoute la radio, je regarde la télé, je lis les journaux. Rossy : J’ai 76 ans, c’est le moment de faire le tour du monde. J’ai 77 ans, nous voilà en Asie, je visite l’Inde, précisément Agra, là où se trouve le célèbre monument, le Taj-Mahal. Je vais voir la Chine, le Japon, la Thaïlande, etc... J’ai 78 ans, direction le Moyen-Orient, on va visiter plein de choses et découvrir la culture des Arabes. J’ai 79 ans, on fait l’Europe de l’Est et d’autres pays de l’Union Européenne. Avec ma femme toujours. Franck : J’ai 79 ans, je me rends dans les hôpitaux pour aider ceux qui ont des difficultés pour payer les frais. Rossy : J’ai 80 ans, me voilà à la fin de mon voyage en Europe. Particulièrement en France. Je rentre définitivement en Afrique pour qu’un jour, je sois enterré à côté de mes ancêtres. Franck : J’ai 85 ans, je ne sais pas combien de temps il me reste sur cette terre, je rêve d’aider beaucoup de gens avant de partir. Mohamed : J’ai 88 ans, je suis déjà âgé, j’aimerais partager mon héritage. Rossy : J’ai 94 ans, j’appelle mes enfants. Franck : J’ai 95 ans, je me retrouve à l’hôpital.

Mohamed : J’ai 96 ans, je dis au revoir à mes enfants.


Je suis ici Travail en cours du collectif La Forge et des lycéens exilés Depuis plusieurs mois des élèves du Lycée professionnel de l’Acheuléen travaillent avec des membres du collectif. Avec des appareil jetables, ils prennent des photos de là où ils sont, et parlent ensemble de leurs images : J’y suis. Ils écrivent des textes qu’ils lisent sur scène : Regards croisés. Avec des barres de fer, les apprentis en métallurgie forment des silhouettes en mouvement, qui sont agencées en Buisson humain. L’ensemble de ces premiers travaux est présenté à Amiens, le 30 avril 2019 à la Maison du Théâtre. J’y suis, du 24 avril au 19 mai à la Maison de la culture. Regards croisés, à Arras, le 1er mai au Salon du Livre. , La démarche évolue et sera montrée dans d’autres lieux, en d’autres occasions, avec d’autres partenaires comme le Centre FLE de l’UPJV... Les partenaires du Lycée : Kanté, Bamory, Jeffery, Mathéo, Clément, Boubarar, Lucas, Oriakhil, Hamidou, Mohamed, Boukahary, Yacou, Ibrahim, Franck, Lamine, Rossy, Roberto, Mahama, Kniaz, Quentin, Mathéo, Clément, Diallo-Mamadou, Souleyman, Hayatullah, Djakaridja, Yeo, Maxime, Bangaly, Guentin, Jordan, Camerone…

La Forge (www.laforge.org) : collectif d’artistes et de scientifiques uni.e.s pour produire des regards partagés, croisés, pour tenter de faire entendre ceux qui sont tus. Leurs créations sont issues de ce qui advient après un temps long d’échanges répétés, de rencontres imprévues. Depuis 2010, le collectif a commencé à explorer la notion d’» habiter » : habiter un bord de fleuve, la Somme, Nous sommes ici*, un bord de ville, Amiens-Nord, Hors la République ?*, et un bord de monde, là-bas, avec des réfugiés palestiniens en Palestine, et maintenant ici, avec des jeunes exilés, isolés, étrangers, à Amiens. * Éditions Dumerchez

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Nous Travaillons Ensemble.2019

Avec les professeur.e.s d’arts appliqués, Sabine Zazzali, et de métallerie, Moussa Chergaoui et les membres du collectif : Mickael Troivaux, photographe, et Sophie Douchain, auteure, (atelier photos) ; Denis Lachaud, écrivain, metteur en scène, comédien, (atelier écriture-lecture) ; Marie Claude Quignon, plasticienne, Alex Jordan, graphiste, photographe (atelier métallerie).


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