Numéro 29

Page 1


2

n° 29 - juin 2021


n° 29 - juin 2021

3


MÉDITATION Laissez filer vos crayons au gré de vos pensées et oubliez toute durée. Laissez-vous emporter et méditez quelques battements de mines. Aucune porte n’est fermée, aucune ancre n’est jetée. Respirez.

4

n° 29 - juin 2021


n° 29 - juin 2021

5


Société

En avant vers le monde d’après Retournons un peu en arrière et observons ce qu’il s’est passé depuis un an. Essayons avec un peu de recul, d’analyser les mesures prises et leurs conséquences durant cette crise. Avançons vers le maintenant et posons-nous la question : « comment imaginer notre futur post-Covid ? ».

Le malheur des uns fait le bonheur des autres Alors que le monde est figé par un virus aux dimensions mondiales et que les plus fragiles essayent désespérément d’entrevoir un avenir, certains passent à l’offensive, profitant de cette diversion de taille pour agir. Du point de vue des grandes entreprises, c’est le moment idéal pour lancer enfin les « plans de refontes et de restructurations ». Car comment tenir face à la crise sans faire appel aux réformes sociales ? Les taux de bénéfices annuels de ne pourront être atteints et ce n’est pas les actionnaires qui en pâtiront mais bien les salariés. A la date du 28 février 2021, c’est près de 85 000 emplois dans 87 départements qui sont condamnés ou menacés (1). Pourtant dans le même temps, les actionnaires voient leurs dividendes augmenter en pleine crise du Covid. En France, elles connaissaient une hausse de 3,1% pour atteindre 51 milliards de dollars pendant le

deuxième trimestre de 2019 (2). Du côté de l’État, la guerre est lancée … contre un virus qui n’a pas le moindre plan de bataille. L’état d’urgence sanitaire est instauré. Il va falloir défendre la nation contre l’envahisseur, « quoi qu’il en coûte » proclama le président E. Macron. Des plans d’aide sont lancés, voilà la France sauvée par le chômage partiel. Pourtant, les inégalités persistent et le gouffre béant entre les pauvres et les riches continue de s’ouvrir.

Les victimes de la crise Les inégalités qui étaient déjà pré-

sentes sont amplifiées. Plusieurs facteurs en sont responsables. D’une part, le télétravail bien plus accessible chez les cadres que chez les ouvriers ou employés force une partie de la population au chômage. D’autre part, le patrimoine rapporte. Inégalement. « Le Conseil d’analyse économique a montré qu’il y a eu une augmentation d’épargne effectivement, mais sur les 20% les plus riches » (3). L’écart se

creuse. Les difficultés économiques des plus fragiles sont suivies par les nouvelles lois mises en place par le gouvernement Français. Novembre 2020, la loi sécurité globale provoque des remous. La liberté de la presse est attaquée et l’impunité des violences policières est critiquée par tout un pan de la population. Malgré de nombreuses manifestations, elle sera tout de même votée le 15 avril 2021 à l’assemblée nationale. Ce projet de loi sera suivi par celui de lutte contre le communautarisme, visant à la base à lutter contre le térorrisme, amenant au final la question du racisme systémique en France. La crise du Covid fut le terreau de mesures fortes poussées par une droite profitant de l’état de choc de ses citoyens. Dans son livre La Stratégie du choc, Naomi Klein décrit un processus selon lequel, un groupe politique se servirait des crises (terroristes, naturelles, économiques) afin de faire passer des mesures drastiques (loi, états d’urgence). Et ce faisant, met-

« Saurons-nous faire fi de nos différences avec les autres pour aller discuter avec nos voisins ? »

6

n° 29 - juin 2021


Société Pour aller plus loin : La Stratégie du choc: La Montée d’un capitalisme du désastre, Naomi Klein 2013 Approfondissant la réflexion entamée avec son best-seller No logo, Naomi Klein dénonce la tentative de prise de contrôle de la planète par un ultra-libéralisme mettant à contribution crises et désastres pour substituer la seule loi du marché aux valeurs politiques et culturelles des civilisations. Une histoire secrète du libre-échange remarquablement conduite et documentée.

tant en péril la démocratie. Avonsnous affaire à cette stratégie ? Nous sommes-nous éloignés de notre très chère démocratie ? Pourtant, la crise ne fut pas seulement destructrice, elle fut aussi quelque chose de créateur.

La crise comme créatrice Une

des autres facettes de cette crise fut de stopper tout le système mondialisé. En avril 2019 lors du premier confinement, le temps s’arrêta. Il en émergea alors des idées et des envies que nous n’avions pas auparavant, ou au moins des idées que nous n’avions pas intégré dans notre imaginaire. On pû pendant cette période se prêter à imaginer un monde d’après. Certains rêvèrent d’un monde décapitalisé, d’autres de justice sociale alors que d’autres souhaitèrent revoir le monde local, les circuits courts et des recycleries (ré)apparaîtrent. Pour tout le monde, ce fut une période de remise en question. De soi, des autres. Et au final – outre les conditions matérielles – ce fut le manque de relation social qui fut le plus dur. Le deuxième confinement

s’avéra plus compliqué, notamment pour les étudiants qui – comme les restaurateurs, les acteurs du spectacle vivant et bien d’autres – ne purent plus continuer à travailler. Et pourtant, le printemps venu, à l’ENSIM les campagnes BDE eurent lieu recréant en partie le lien qui nous unissait tous. Et devant toutes les initiatives émergentes dont ce journal en fait partie, il semblerait que la jeunesse que nous constituons n’ai pas encore perdu toute sa faculté à créer !

Saurons-nous (re)créer du lien social ? Alors voilà que l’été arrive. Le soleil

brille et les couvre-feux sont (loins) derrière. Les bars, les théâtres, les cinémas ont rouvert. Ces lieux de plaisirs, de partage et de rencontres nous sont à nouveau accessibles. Saurons-nous faire fi de nos différences avec les autres pour aller discuter avec nos voisins ? De nouvelles amitiés vont-elles émerger de ce bouillonnant environnement qu’est la vie reprenant du terrain ? C’est à vous d’aller en avant, vers le monde d’après ∴

Sources (1) : Crise sanitaire: la carte des plans sociaux, Mediapart (2) : Le montant des dividendes versés aux actionnaires atteint un record de 513,8 milliards de dollars, Le Figaro, AFP (3) : La crise sanitaire du Covid-19 profite-t-elle aux riches ? AnneLaure Delatte, France Culture

Texte : Tom de Pasquale

n° 29 - juin 2021

7


8

n° 29 - juin 2021


n° 29 - juin 2021

9


10

n° 29 - juin 2021


n° 29 - juin 2021

11


Culture

Les films qui crèvent l’écan : notre séléction en 7 films La date tant attendue est arrivée, nos cinémas sont libérés ! En effet, depuis le 19 mai, les cinémas ont pu réouvrir leurs portes dans toute la France métropolitaine. La question qui se pose désormais est la suivante : que voir ? Avec toute cette attente, ces délais, ces reports, une foultitude de films vont arriver en salle. En effet, 450 films sont actuellement prêts à sortir. Les cinémas prévoient ainsi de sortir au moins 25 films par semaine, submergeant ainsi nos cerveaux inaptes à faire des choix. L’ensimien vous a donc concocté une liste des films à voir pour la réouverture des cinémas. Petit rappel : ce classement est subjectif même s’il peut reposer sur certaines récompenses comme les oscars ou les césars.

Les évidents

1. Nomadland. Liberté, solidarité, précarité. Nomadland est un voyage puissant au coeur

de solitudes partagées. Fern, interprétée par la grandiose Frances McDormand, est une femme vagabonde, dé-routée par les épreuves de la vie mais profondément libre. La solitude apparaît plus alors comme un salut pour les personnages meurtris par le capitalisme mis en scène par la réalisatrice sino-américaine Chloé Zhao. La portée politique du film est moins grande que ce que l’on pourrait imaginer dans la mesure où les dégâts infligés par le modèle économique de nos sociétés sonnent comme une musique de fond, laissant pleine place aux paysages très touchants de vies oubliés, celles des laissés-pour-compte de la société.

2. Adieu les cons.

Adieu les cons est le dernier film d’Albert Dupontel, qui a notamment réalisé Au revoir là-haut en 2017. Acclamé par la critique, ce film a remporté 7 césars dont celui du meilleur film. Ce film emporte le spectateur dans un voyage émotionnel, du rire aux larmes. Impregné d’une grande folie et de beaucoup d’absurde, Adieu les cons reste très juste et touchant.

3. Drunk.

Drunk, sorti en salle avant le confinement a reçu un flow de récompenses impressionnant dont celui de l’oscar du meilleur film étranger. Réalisé par le danois Thomas Vinterberg, le film est euphorisant malgré la gravité du sujet qu’est l’alcolisme. La perfomance de Mads Mikkelsen est mémorable, l’acteur est complètement magnétique dans ce film jouissif.

4. The Father.

Film franco-britannique réalisé par Florian Zeller et sorti en 2020, The Father est l’adaptation de sa propre pièce de théâtre, Le Père. Anthony Hopkins est très juste dans ce rôle qu’il avoue être très proche de ses problématiques personnelles. Labyrinthe mental bouleversant, The Father est une expérience viscérale et proprement époustouflante de la déliquescence humaine. Et en bonus, la bande originale est signée par le fantastique Ludovico Einaudi.

12

n° 29 - juin 2021


Les moins évidents 1. L’Étreinte. L’Éteinte est un premier film, celui de Ludovic Bergery. Présenté en avant-première au festival du film francophone d’Angoulême 2020, il signe le retour d’Emmanuelle Béart dans le rôle d’une femme qui prend un nouveau départ. C’est l’histoire d’un cœur en hiver qui va se réchauffer. L’Étreinte est un film très délicat, déployant beaucoup de sensibilité, qui a su éviter les stéréotypes que son synopsis pouvait prévoir en étant très juste. 2. Calamity. Ce film d’animation française retrace l’enfance de la fameuse aventurière Calamity Jane. Il est un des rares films destiné aux enfants (mais pas seulement) au cinéma actuellement. La palette de couleur que le film propose est somptueuse et dépeint puissamment les paysages sauvages du Far West. 3. Promising Young woman. Oscar du meilleur scénario original, ce premier film de la réalisatrice Emrald Fennel est tout simplement jubilatoire. Fortement imprégné du mouvement #MeToo, ce thriller survolté échappe au manichéisme hommes-coupables / femmesvictimes pour offrir au spectateur un film révolté mais réfléchi ainsi que d’un grand esthétisme.

Le saviez-vous ? • •

C’est la première fois dans l’histoire du 7ème art que les cinémas ont fermé totalement en France. Ils sont restés ouverts pendant les deux guerres mondiales. L’Espagne est l’exception culturelle d’Europe car, pour des raisons budgétaires, les cinémas n’ont pas fermés durant les confinements et les Espagnols ont pu continuer de profiter des salles obscures.

Texte : Louise Goutagny

Et pour vous détendre, un petit coloriage :

n° 29 - juin 2021

13


Arts Graphiques

À la découverte l’artiste

de

Z d z i s ł a w Beksiński « Mes premiers pas dans les arts obscures de la littérature ont débuté avec 2 grands écrivains de l’horreur : H.P. Lovecraft et Stephen King. Lovecraft a posé les jalons d’un imaginaire horrifique et n’a jamais cessé d’inspirer les écrivains, les musiciens, les peintres, les cinéastes …

Ces artistes continuent encore à contribuer à ce mythe, même un siècle plus tard. Bien de nombreuses fois, j’ai imaginé les créatures pullulantes de Lovecraft, mais je n’ai jamais pu mettre une couleur assez sombre, une forme assez perturbante ou une image à ses visions horrifiques. Il m’aura fallu attendre 2 ans avant de découvrir l’artiste et le peintre qui m’a donné les mêmes frissons que Lovecraft. » il donnait une ambiance encore plus particulière à chacune de ses œuvres. L’auteur n’a pas eu besoin de mots ni de titre pour transcrire ses émotions, la toile parle d’ellemême. C’est alors un sentiment profond qui se développe en chacun de nous, plus l’introspection est longue, plus l’observation est minutieuse, cela vous prend aux tripes. Ces œuvres touchent personnellement et profondément.

Le peintre des cauchemars Zdzisław

Beksiński (1929-2005) était un maître artiste et peintre polonais travaillant dans les formes du surréalisme et du “dark art”. Il a fait ses études en architecture et c’est alors, après quelques années de chantier, qu’il pointa son intérêt pour le domaine de la photographie, de la sculpture et du dessin.

Dès

1964, il centra son activité artistique autour de la peinture. Et de 1970 à 1990, sa création aux dimensions mythiques fut visitée par ses rêves à de nombreuses reprises.

Il

créait dans ce qu’il appelait souvent un style «baroque» ou «gothique», bien que l’on puisse souvent y voir des traces d’un surréalisme sombre. Dans sa période la plus connue, Beksiński a créé des

2 14

images sombres d’un monde apocalyptique inquiétant.

post-

La toile parle d’ellemême Souvent,

les œuvres de Beksiński sont mal identifiées ou portent des titres fantaisistes. L’artiste refusait d’en donner pour ses dessins ou ses peintures car il voulait que le spectateur les voit sans connotation préexistante. Par ce simple détail,

n° 2021 n° 29 29- -juin juin 2021

Ce

sont aussi des peintures très détaillées remplies d’images sombres, de formes humaines, de créatures organiques et de structures squelettiques monstrueuses et imposantes. Sa palette chromatique restreinte, oppressante et étouffante, suscite la fascination du spectateur. C’est avec de nombreux thèmes sombres que Beksinski aborde dans ses toiles : l’horreur, le malheur, la douleur, le temps, la mort…


Une vision du monde et de l’Histoire Mais

Zdzislaw Beksinski ne se contente pas de peindre des scènes détachées de toute réalité. Il parle de notre monde et de son époque, de sa cruauté et des souffrances que l’homme engendre ou subit. Son œuvre n’a rien d’optimiste ou d’utopiste. Il dépeint la face sombre du monde dans son univers fantastique, chimérique et onirique. Les motifs et les sujets que choisit l’artiste sont souvent en lien avec l’Histoire. On peut facilement reconnaître le visage d’un soldat allemand, un char d’assaut, un symbole communiste ou bien un édifice religieux. La réalité se mêle alors au cauchemar, le rendant encore plus inquiétant. Finalement, ce qui semblait purement fictif devient étrangement familier.

«Je tiens à peindre comme si je photographiais mes rêves. »

L’être humain est au centre de ses œuvres Beksinski

a également eu une période fantastique où il semble refléter ses rêves, il reproduisait avec précision les textures minérales et végétales, mais aussi la peau, les veines et les tendons humains, tout en donnant à son travail une forme irréelle très personnelle.

Malgré l’univers sombre de Beksiński, il était néanmoins d’apparence joyeuse et connu pour son sens de l’humour. Cependant, c’est la tension existentielle qui domine sa peinture aux côtés de l’anxiété et de la peur. Beksiński a grandi dans un pays en guerre, ravagé et envahi lors de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir survécu à la guerre alors qu’il était jeune adolescent, certains critiques en déduisirent un traumatisme. En conséquence, les œuvres peintes par Zdzislaw Beksinski sont incroyablement expressives. La douleur de ses personnages même s’ils semblent morts, nous touche et on ressent leur solitude même en leur absence. L’être humain est au centre de ses œuvres. C’est un vaste cauchemar commun, universel, qu’il dépeint. Comme Lovecraft, il a marqué son époque, touché par les horreurs de son temps. Il a décrit le monde

brutal et hostile auquel il a été confronté toute sa vie. Il a inspiré et fait rêver de nombreuses personnes grâce à sa peinture spectaculaire et son monde horrifique, pour cela j’aimerais le citer encore une dernière fois…

«

C’est contraint et forcé que je confie ces quelques réflexions sur mon travail, car je doute de leur utilité comme je doute de l’utilité de tout ce que je fais. Je n’ai d’ailleurs jamais cru, et ne crois toujours en rien. Le seul bagage que je porte en moi, et que je pourrais transmettre aux autres, est fait de doutes, j’en suis rempli à ras-bord. J’aime à penser que l’art est une bouteille de vodka donnée à un condamné juste avant son exécution. Nous devons faire quelque chose. Nous ne pouvons rester assis à attendre le néant. » Beksinski.

Sources Alt 236 - STENDHAL SYNDROME #10, Youtube Studinano - Peindre le monde es cauchemars, Studinano The Cursed Paintings of Zdzisław Beksiński, Culture.pl Les rêves nais.com

de

Beksinski,

art-polo-

Texte : Aksel Vaillant

n°n°2929 - juin 2021 - juin 2021

3 15


Interview

Rencontre impromptue Etienne Gaviot Quel a été votre parcours ?

J’ai commencé mon parcours dans

la banlieue parisienne à Melun dans un lycée où, malgré une qualité d’enseignement pas extraordinaire, il y avait quand même quelques passionnés et c’est comme ça que m’est venu le goût de la physique. Seulement la physique et la chimie. Le reste ne m’intéressait pas. Cela posait évidemment des problèmes sur les bulletins de notes, très inégaux.

Je suis un pur produit de l’université.

C’était à Orléans. Les gens y étaient très froids, très bourgeois. J’ai eu du mal à m’adapter à la vie là-bas. Et comme je suis autiste de base, je restais enfermé dans ma chambre universitaire – ce qui était très pratique pour étudier la physique – et j’aillais uniquement aux cours qui me plaisaient. Ça a failli mal tourner avec des 19 en physique et des 4 en maths.

En 1974 on m’a dit de faire le concours

des IPES. C’était un concours au milieu des instances universitaires où les étudiants admis au concours – s’ils le réussissait - étaient financés pendant leurs études à condition de faire un service d’au moins 10 ans dans l’éducation nationale. Et j’ai eu du bol, j’ai fini premier. J’étais content parce que ça me permettait de payer mes études car sinon, mes parents avaient beaucoup de mal à avancer l’argent. En 1978, j’ai pris une année sabbatique pendant ma maîtrise où je me suis enfermé chez moi

16

avec mes bouquins de physique. J’ai refait toutes mes études. Je n’avais pas de cotisation, pas de boulot, rien du tout. L’année suivante commençait à devenir un peu compliquée, alors on a migré avec ma copine dans la région nord à Drocourt à environ 40 km de Lille. On était en face des mines, ça fumait de partout, c’était assez surréaliste.

n° 29 - juin 2021

Les années 95 m’ont amenées le vol

de la propriété intellectuelle. J’avais monté une lampe tempête qui permettait d’alimenter une radio. Ils ont oublié de mettre mon nom lorsqu’ils ont déposé le brevet. Quand je me suis rendu compte que des anciens encadrants venaient fouiller dans les machines des étudiants thésards c’était trop. Je me suis formé au droit de la propriété intellectuelle. Il a eu pas mal de vols qui m’ont poussé à


Interview

enseigner la propriété intellectuelle ici à l’ENSIM. Ça part de là aussi pour l’éthique avec tout ce que je voyais dans le monde académique. Les jeunes se retrouvaient sans leur nom au moment où ils déposaient le brevet. Ils n’avaient plus rien.

Comment êtes-vous arrivé au Mans ?

En

1998, j’étais énormément au labo, je regrette de ne pas avoir pu passer plus de temps avec ma fille. C’est cette année qu’on m’a détecté une leucémie en me disant qu’il me restait 5 semaines à vivre. C’était à la fin de mes études de droit. J’ai pris tous mes résultats scientifiques et j’ai enlevé tous les noms des “vieux” qui s’incrustaient toujours dans les articles pour mettre ceux de tous les jeunes du labo. Et j’ai envoyé tout ça. Il s’est avéré que la leucémie est partie comme elle était venue. Mais les publications étaient déjà parties et le mal était fait. Je suis parti et j’ai forcé pour un poste de professeur à Lille. La logique aurait voulu que je reprenne l’IEMN [Institut d’Electronique, de Microélectronique et de Nanotechnologie, NDLR] mais j’avais pas les épaules assez solides. Je me suis dis que je ne pouvais pas rester là et en plus, ma fille avait des problèmes de santé dû à l’air pollué de là-bas.

En 1999, j’ai reçu une lettre de l’éta-

blissement du Mans qui recherchait un professeur pour prendre la direction de l’ENSIM et éventuellement monter un centre de microélectronique. On m’a fait beaucoup de promesses, pas toutes tenues. J’avais apprécié qu’il y ait un jeune qui avait envie de faire des micro technos – Stéphane Durand – puisqu’il avait commencé à faire une salle grise.

J’ai trouvé l’amphithéâtre superbe. J’ai toujours apprécié cet amphi, j’ai plaisir à faire cours là-dedans. À côté de ça, c’est une véritable douleur de faire des cours à distance. J’étais censé prendre la succession du directeur de l’ENSIM mais j’ai fait comprendre que ça ne m’intéressait pas. Et puis faire du labo c’était plus intéressant, on joue ici.

Auriez-vous quelques projets dont vous pourriez nous parler ?

Il y a un truc qui ne se fera pas : c’est

un micro-oscillateur qui joue sur un état indéterministe et déterministe en jouant sur de la rupture de surfu-

moire a été la victime. Ça a été une très grande leçon d’humilité. Quand on a oublié pleins de choses, on doit tout redécouvrir. Heureusement ça n’a pas affecté toute la partie scientifique. Je continue encore un petit peu à jouer mais c’est du bricolage. J’avais vraiment l’intention de passer ma vie à finir au piano. Si j’avais travaillé la science autant que la musique j’aurais peut-être eu un prix Nobel. Des fois j’étais 7h ou 8h par jour au piano. Je me levais à 5h et je faisais mes cours après. Maintenant je peux entamer un morceau et d’un seul coup je ne sais plus du tout qui joue, si c’est moi ou si c’est quelqu’un d’autre. Et ça s’arrête là, je

Ma devise : « “Oculatus Agis” clairvoyant tu ira » sion. Donc une espèce d’horloge qui n’a aucune raison d’avoir une fréquence régulière mais qui en a une quand même. C’est un joli paradoxe.

J’ai eu ma période d’alchimie (fusion

entre l’aspect physique et l’esprit) qui fait partie intégrante de ma façon de voir les choses. Il n’y a pas de mot pour l’exprimer. Ça a toujours été – et ça reste – une constante chez moi. C’est mon grand projet – très anachronique – de vouloir essayer de défendre un humanisme. C’est une raison de vivre et il y a du boulot.

J’ai aussi fait beaucoup de musique,

j’ai commencé le piano à 47 ans. J’ai été très très vite pour démarrer avec un très bon répertoire dans le classique : Chopin, Rachmaninov, etc. Et puis j’ai eu un AVC dont ma mé-

n’ai plus l’oreille absolue, même pas l’oreille relative. Je fais beaucoup de méditation, ça fait partie des grandes expériences. Plus on a de boulot, plus on est stressé et plus il est intéressant de se dire : « je n’ai plus de temps donc je prend le temps ». Je ne fais rien. Un rien qui n’est pas rien. J’aimerais pouvoir l’enseigner. C’est très important de lire entre les lignes, inter legere, l’intelligence. Pour décoder les gens qui racontent des bêtises – et c’est tellement fréquent dans les grands blabla – et prendre du recul. C’est hyper important de détecter ça. J’aimerais bien réussir à le faire passer. Avec l’éthique et l’épistémologie des sciences, c’est un très bon moyen d’envoyer le message. Il n’est pas reçu immédiatement mais c’est dans les 20 ans que ça pousse, c’est n° 29 - juin 2021

17


Interview comme les graines. En distanciel je ne peux pas faire ça. Je ne sais pas ce que les gens en retiennent – où en retiendront – mais c’est plus intéressant que les sciences dures. Il n’y a pas de sciences qui ne soit pas humaine. Une sciences pas humaine n’a pas de raison d’exister : c’est inhumain.

Je

regrette de voir ça disparaître dans les carrières académiques et toutes les volonté de s’élever. C’est la mise en compétition avec cette soi-disante admiration de l’excellence. C’est du management et il y a beaucoup de gens qui rentrent dans le métier et qui ne devraient surtout pas enseigner. C’est terrible de brider des jeunes gens dans leur créativité. C’est dommage parce qu’à votre âge rien n’est impossible.

Je regrette aussi terriblement d’avoir

fait des recherches superficielles, ce n’est pas ça qui donne à manger au monde ou qui soigne les gens malades. J’ai l’impression d’avoir servi les riches.

Où vous voyez-vous dans 5 ans ?

À Venise. Je m’y sens vraiment très

bien. Je ne sais pas encore ce que je ferai, pas la musique parce que je ne peux plus. Peut-être du bénévolat, j’aime beaucoup Amnesty International parce que c’est la liberté. Il y a des choses à faire à son échelle. On peut amener son petit grain de sable sur la pierre et la pierre à l’édifice. Le tout c’est de ne pas faire partie des gens qui enlèvent la pierre ou qui font péter l’édifice.

Mon métier n’est vraiment pas dé-

sagréable. L’enseignement supérieur reste un milieu privilégié. J’ai toujours fait ce que je voulais toute ma vie. A Lille, le matin, j’arrivais après 10h. Les gens se disaient : « il bosse pas, il est toujours au café ». Par contre, le soir je finissais à 23h et ça personne ne le voyait. C’est au café qu’on échange avec les autres et qu’on remet en question des théories sur ce qu’on est en train de faire. Travailler de manière différente ça m’a souvent porté préjudice. Heureusement j’ai toujours su répondre aux questions qu’on trouvait impossible, c’est ça qui m’a sauvé.

Voici quelque livres et auteurs conseillés par E. Gaviot Tao Te king de Lao-Tseu : « livre de la voie et de la vertu » Le Livre de la Voie et de la Vertu est attribué à Lao Tseu (Ve-IVe siècle av. J.-C.). C’est comme une superbe prose classique. Elle jaillit comme le souffle de l’univers entre le Ciel et Terre. Le Taoïsme sécrète l’optimisme, désarme l’agressivité, élude les difficultés, avec la grâce du naturel propre à l’esprit chinois.

18

n° 29 - juin 2021

Pensez-vous aujourd’hui que les professeur.e.s puissent enseigner de la manière qu’ils veulent ?

Celui qui veut, il peut. Celui qui ne

sait pas va choisir des carcans que d’autres ont choisi pour lui. Pour les meilleurs, la porte est toujours ouverte. La personne qui le fait avec plaisir – même si c’est désordonné – le fait bien. C’est plus compliqué qu’avant mais les professeur.e.s sont toujours libres. Du moment qu’ils ne racontent pas des choses fausses. Aujourd’hui, tout doit être remplaçable. On enlève quelqu’un, il doit pouvoir être remplacé tout de suite, comme dans l’industrie. Alors que normalement, quand quelqu’un part pour une raison ou une autre, c’est quelqu’un d’autre qui arrive. La matière sera différemment présentée. Et ça on ne l’accepte plus. C’est un système scolaire qui est très mal en point vis-à-vis de la qualité. Il y a de moins en moins d’heures de cours pour le même programme. En électronique pour les 4A, je suis passé de 11h de CM et 11h de TD à 7h de chaque. Évidemment, j’ai réduit le programme. Et c’est comme ça partout : au motif qu’il faut mutualiser les enseignements – où vous êtes de plus en plus nombreux – certains cours sont supprimés. C’est une faute.

Qu’est-ce que vous pensez de l’Open Source ?

C’est la chose la plus géniale qu’on

ait inventée. Par contre, c’est quelque chose qui ne sera appliqué que sur les inventions logicielles. Il n’y a pas de concurrent ni de reconnaissance au niveau de la propriété industrielle. Un titre où l’on diffuse l’information à tout le monde librement ça n’existe pas. Pour moi, c’est un rêve qui renverse le modèle capitaliste de la pro-


Interview

Erich Fromm est

un sociologue et psychanalyste américain d’origine allemand. Il fait partie du cercle de la Société psychanalytique de Vienne créée par Sigmund Freud. Il est inséparable de l’école psychodynamique américaine. Il est le chef de file de l’école culturaliste à Chicago. Il fait partie du mouvement de la psychanalyse pragmatique et utilitariste utilisant l’empathie, plutôt opposé à l’intellectualisme européen.

priété. Même si accepter de diffuser ce qui pourrait rapporter de l’argent c’est compliqué pour quelqu’un élevé dans ce modèle, le déclic de GAFAM pour l’Open Source est une réussite, il n’y a pas de raison pour que ça ne marche pas autre part.

Pensez-vous qu’un système similaire à l’Open Source puisse être mis en place dans la recherche ?

Il

faudrait. C’est très difficile parce que c’est un monde encore très différent. C’est le grand dilemme dans les laboratoires. Faut-il publier ou breveter ? C’est tellement plus facile de publier alors qu’engager une procédure de dépôt de brevet au sein d’une université c’est un chemin de croix. Le problème c’est que pour que l’employeur gagne de l’argent – l’université – en théorie c’est simple, dans la réalité c’est une catastrophe.

Quelle serait votre vision utopique du monde académique ?

C’est une vision où les gens seraient justes. Qu’on reconnaisse qui fait

Carl Gustav Jung est un

médecin psychiatre suisse. Fondateur de la psychologie analytique et penseur influent, il est l’auteur de nombreux ouvrages. Son œuvre est liée aux débuts de la psychanalyse de Sigmund Freud, dont il a été l’un des premiers disciples et dont il se sépare par la suite en raison de divergences théoriques et personnelles. Il développe en parallèle la théorie des archétypes et la théorie de la synchronicité.

quoi, et chacun selon son mérite. Peut-être moins exigeant aussi. C’est compliqué de faire à la fois une bonne recherche et un bon enseignement. On a des périodes où on sera très attentif au niveau des recherches et d’autres au niveau des cours quitte à laisser tomber un peu la recherche. Il n’y a pas d’idéal. Il faudrait peut-être réduire un peu la part de l’enseignement mais pas trop car cela serait peut-être encore plus négligé.

Quel conseil donneriez-vous à votre vous du passé ?

Apprend à fermer ta gueule … pour

ne l’ouvrir que lorsque tu es en sécurité. Il ne faut se préoccuper que de ce qui est dans notre champ d’action. Cela ne sert à rien de culpabiliser quand on ne peut rien faire. C’est par une lucidité qu’on peut se rendre compte de quand on a la capacité d’agir. Quand on est jeune on prend des risques. C’est finalement peutêtre pas un bon conseil à écouter, peut-être que j’ai bien fait d’ouvrir ma gueule. Quand on est jeune on a plus de pureté. Avec l’âge on peut

virer au cynisme. On se dit : « à qui va profiter ce crime là ». Et on sait.

Auriez-vous un conseil pour les étudiants ?

Vivre

libre avec la liberté de faire éclater leur créativité, de ne pas hésiter à s’exprimer. Il faut faire attention, on peut tout dire mais pas à n’importe qui. Vivre entretient la créativité. L’humain à des réserves incroyables. La pire des choses, c’est de mourir intellectuellement à 30 ans. Quand bien même il faudrait se cacher pour créer, il faut le faire : coucher sur le papier, jouer avec un instrument... C’est comme ça qu’on est naturel et qu’on vit bien avec les autres. C’est très important de maintenir le contact, de sortir, de parler avec des gens de tous les âges. En tant qu’ancien autiste, je connais le prix de l’isolement. J’ai très longtemps été capable de rester 15 jours enfermé chez moi à lire des livres.

La créativité il faut la rendre conta-

gieuse, l’enthousiasme aussi. Si on arrive à faire ça c’est génial. Il faut savoir utiliser l’instant présent, la pleine conscience. Vous apprécierez tout, le moindre repas partagé avec quelqu’un. Vous allez goûter pleinement le plaisir. C’est lié au contact, tout devient contagieux. Vous n’avez même plus besoin de parler. L’humain est incroyable. Il est affligeant dans les pires atrocités mais il est capable de faire les mêmes choses à l’opposé. Il ne faut pas oublier que ça existe et il faut le maintenir.

Propos recueilli par Maïwenn Le Cacheux et Tom de Pasquale

n° 29 - juin 2021

19


1, 2, 3 Endors-toi

Un Savoir Utile...

Magie, psychologie ou moyen indéfectible de contrôler les autres ? Souvent soumise à de nombreux préjugés, l’hypnose n’est pourtant pas si mystérieuse. Et elle a beaucoup à nous apprendre.

D’ailleurs, beaucoup d’entre-nous ont déjà été dans des états hypnotiques sans même s’en rendre compte. Être dans la lune, se perdre dans une rêverie, visualiser mentalement une situation que quelqu’un nous décrit. Tous ces états sont d’ores-et-déjà des manifestations de l’hypnose.

L’hypnose, c’est quoi ? Loin d’être magique, l’hypnose relève en fait tout sim-

plement d’un état de conscience modifié, comme lors de la méditation par exemple.

L’hypnose

exacerbe l’activité du cerveau « inconscient », de cette manière, elle aide à parvenir à la fine zone qui se trouve entre l’état de conscience et l’état d’inconscience. Ainsi dans cet état de semi-conscience, il devient même possible de bénéficier d’interventions chirurgicales (en cas de contre-indication aux produits anesthésiques par exemple).

On

peut découper l’hypnose en 3 grandes catégories : l’hypnose spectacle, la plus connue, l’hypnose thérapeutique, pouvant aider à mieux dormir, à gérer une phobie ou à arrêter de fumer, et l’autohypnose.

Idées reçues On peut vous faire faire ce que l’on veut sous hypnose

Même sous un état hypnotique, une par-

tie du cerveau reste pleinement consciente. Ainsi on ne fera jamais dans un état hypnotique quelque chose que l’on n’aurait pas fait en temps normal. Alors pas de risque de se déshabiller dans une pièce pleine de monde sous hypnose même si on vous le demande ! (Sauf si vous le faites habituellement bien sûr…)

On ne garde aucun souvenir d’une séance d’hypnose

Comme

sous hypnose on est en état de semiconscience, on pourra avoir quelques souvenirs un peu flous, comme lorsqu’on se réveille d’un rêve très prenant par exemple. Mais en aucun cas le moment passé sous hypnose ne sera complètement oublié.

20

n° 29 - juin 2021

On peut rester bloqué en état d’hypnose

Absolument pas, même si une autre personne nous a mis (avec consentement of course) en état d’hypnose, on peut tout à fait en sortir soi-même. Quoi qu’il arrive, on reste maitre de nous, de nos pensées.

Bénéfices de l’hypnose Mieux se connaitre

L’hypnose

et plus précisément l’autohypnose peut permettre de se recentrer. De se concentrer sur ses sensations, ses émotions et de cette manière se reconnecter à soi-même.

Avoir un meilleur sommeil

C’est une nouvelle fois l’autohyp-

nose qui peut être d’une grande aide pour celle.eux qui ont du mal à trouver le sommeil. Il est possible de créer des schémas neuronaux visant à favoriser l’endormissement. On apprend en quelque sorte à son cerveau à suivre une certaine routine qui mène à l’état de sommeil tout en associant le fait d’aller se coucher, le fait de chercher le sommeil avec des émotions et des sensations positives plutôt que négatives.

Soigner une addiction

L’hypnose va permettre de modifier l’état neurophysio-

logique et ainsi de faire des liens entre le conscient et l’inconscient du cerveau pour déceler les potentielles sources de l’addiction par exemple. Il est aussi possible à ce moment de contact avec l’inconscient de lui suggérer une certaine conduite. Par exemple il est possible de suggérer à l’inconscient que fasse à une situation stressante, il sera plus utile d’aller faire un tour que d’allumer une cigarette.


Bousculer son imagination

Travailler l’hypnose revient à se plonger dans son imaginaire, à créer des scénarios, des endroits etc. Ainsi cela créée un cercle vertueux qui permet de cultiver son imagination. Pour travailler son imagination, il est aussi possible de faire des micro-siestes grâce à l’autohypnose et de cette manière d’atteindre plus facilement le point de sommeil paradoxale qui est propice au développement de la créativité.

Le plaisir

L’hypnose peut aussi trouver un intérêt au niveau intime. En état d’hypnose, il est possible d’augmenter le plaisir

et la sensibilité de telles ou telles zones du corps. Il y a cet effet bulle qui permet de se couper du monde extérieur et de certaines angoisses pour mieux profiter du moment présent. Ainsi quand on maitrise l’hypnose, il est possible d’avoir des orgasmes sans se toucher physiquement parlant. (ce qui se rapproche des concepts de sexualité tantrique, de slow sexe ou encore de méditation orgasmique.) Enfin, l’hypnose n’est pas réservée qu’à quelques privilégiés, elle est accessible à tout le monde. Se demander si l’on peut entrer en état hypnose, c’est finalement presque comme se demander si l’on sait respirer.

... et Des Savoirs Inutiles

Tous les premiers samedi du mois de mai, c’est la journée internationale du jardinage nu (« World Naked Gardening Day »).

Un agriculteur, propriétaire de terres qui bordent la France, a récemment déplacé la vieille borne en pierre qui marque l’emplacement précis de la frontière, repoussant les limites du pays établies en 1820.

Il y a une pénurie de nains de jardin au RoyaumeUni après les confinements successifs.

Le code du générique de Matrix est fait de morceaux de recettes de sushis en japonais traduite en binaire.

Les grenouilles femelles peuvent couper le son des mâles qui ne les intéressent pas. Le mot verbiage signifie : abondance de paroles qui ne disent presque rien, qui contiennent peu de sens.

En Belgique, un magasin où tout s’achète avec un simple merci a ouvert le mois dernier.

Entre 851 et 933, le mont st michel était breton

Texte : Juliette Le Meudec

n° 29 - juin 2021

21


CUISINE

La Cuisine de l’ENSIM Salut à toi jeune ensimien.ne cuisinier.e en herbe !

C’est la fin du mois, les bourses ne sont pas encore ar-

rivées, t’es à 8,73€ sur ton compte alors que t’as même pas encore payé ton loyer et ta mère vient manger chez toi ce soir ? Te laisse pas abattre et cuisine-lui un bon plat concocté avec amour ! Aujourd’hui, on te propose un repas très bon, équilibré, rapide, pas cher, et que tu peux même adapter au cas où tu ne mangerais pas de viande ! Ne t’inquiète pas, je ne t’ai pas oublié.e petit.e végé !

siner des pâtes au thon gourmandes suivies pour le dessert d’une délicieuse mousse au citron aux saveurs fruitées pour une petite touche de fraîcheur à l’arrivée de l’été ! Je te vois saliver d’avance derrière ton journal, ne me mens pas !

Alors prépare-toi à te régaler car pour cette première recette du jour, on va mélanger la culture italienne avec des saveurs de la mer puisque nous allons cui-

Les pâtes au thon (Facile / 15 min)

Ingrédients : (Pour 2 personnes)

– 200g de pâtes – 140g de thon au naturel – 70g de concentré de tomates – 50g de crème fraîche – Sel – Poivre – Fromage râpé (ton préféré) – Origan Préparation : 1ère étape : Fais cuire tes pâtes. Pas trop longtemps non plus, il te les faut juste Al Dente.

2e étape : Pendant que tes pâtes finissent de cuire,mets la crème et le concentré de tomate dans une deuxième casserole et commence à les mélanger à feu doux.

3e étape : Égoutte tes pâtes et remets les à cuire dans la sauce 1 à 2 minutes avant de couper le feu. Pense à bien mélanger, il faut que tes pâtes soient bien enrobées.

4e

étape : Rajoute le thon égoutté et émietté à ta recette et mélange bien pour répartir les morceaux. Ajoute ensuite origan, sel et poivre à ta convenance.

5e étape : Dispose tout ça dans ta plus belle assiette et ajoute ton fromage râpé pour plus de gourmandise. (Pour ce qui est de la présentation, on fait confiance à ton âme d’artiste, mais le « chef » te recommande d’y mettre de la verdure comme du basilic par exemple pour le rappel à l’Italie et le joli contraste)

6e étape : Déguste ton super plat et passe à la plonge ! Ta vaisselle ne va (malheureusement) pas se laver toute seule.

Maintenant que tu t’es délecté de ce merveilleux plat, il est temps de passer au dessert, plus léger mais tout aussi exquis. Pense à prendre un peu d’avance car il lui faudra un peu plus de temps pour être à la hauteur de tes papilles...

22

n° 29 - juin 2021


La mousse au citron (Facile / 1h15)

Ingrédients : (Pour 2 personnes) – 1 citron bien mûr – 80g de sucre – 3 œufs – une pincée de sel

Préparation : 1ère étape : Casse les œufs en séparant les blancs des jaunes, mets les jaunes dans une casserole avec le sucre et fouette jusqu’à ce que le mélange blanchisse.

2e étape : Zeste et presse le citron. Ajoute le jus dans la casserole, mélange et fais chauffer à feu très doux.

3e étape : Il est temps de montrer ce que t’as dans les bras, puisque tu vas battre les blancs d’œufs en neige très ferme, avec une pincée de sel pour te facilivter un peu la tâche.

4e étape : Incorpore délicatement tes blancs à la pré-

paration au citron. Fais ça progressivement pour ne pas les casser. (Sinon tu auras le droit de recommencer l’étape précédente, et crois moi, tes bras ne le veulent franchement pas)

5e étape : Répartis ta mousse dans des verres ou des

ramequins. (Encore une fois on te fait confiance pour la présentation mais le chef te conseille de les agrémenter de grands zestes d’agrumes, que tu peux même faire confire si tu as le temps et le courage en les mettant à très petit feu dans une casserole avec environ 15g de sucre et un peu de jus pendant 30 minutes)

6e étape : Mets tes mousses au réfrigérateur au moins 1h avant de servir.

7e étape : Il est temps de déguster tes créations car

pendant que ta mousse était au réfrigérateur, tu as bien évidemment fait ta vaisselle, et ce n’est donc plus un problème.

Les conseils végé/végan pour ces recettes Pour le plat :

ne pas hésiter à remplacer le thon par du thon de pois chiches et utiliser de la crème végétale, la recette reste la même et est tout aussi bonne.

Pour le dessert : Tu peux utiliser du tofu soyeux (100g) pour remplacer les blancs d’œufs. Il te faudra alors ajouter un peu d’agar-agar et environ 25g de miel pour remplacer le jaune d’œuf. Réduis aussi la quantité de sucre à environ une cuillère à café, le miel étant déjà très sucré. Enfin, il faudra la laisser patienter une à deux heures de plus au réfrigérateur.

Et surtout Bon Appétit ! n° 29 - juin 2021

23



Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.