SESAM - n°3 - Avril 1948

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·DEUXIEME ANNEE

• · N° 3 REveE TRIMESTRIELLE

AVRIL 1848

DE LA SOCIETE

- d'Etudes Historiques et

Géographiqu�s

d'ATHIS ·MONS -

Er DE LA

.. PLAINE �e LONG�OYAU RESEAU MEDIATHEQUE

BIBLIOTHEQUE ATHIS-MONS

(91)

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SOMMAIRE: BRUNEL : La s tntiolll alternante de Petit-Mons. - H. LEMOINE : s eaux de Rungis. - M. LEROY : Le Maréch ai de Vaux. - L. UNEL :' L� gare éphémère de Viry-Châtillon. - R. SOlON : Le ori de .Juvisy. - L. BRUNEI, : Les chasses royales et seigneu­ les et letS paysans d ans le sud de Paris (suite et fin). - Les armoiries d'Athis-Mons.

PRn�

DU NUMÉRO: 40 francs.

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ALi


LA SOCIÉTÉ EST PLACÉE SOUS LE HAUT P.4TRONAGE DE M. A.CHOLLEY Doyen de la Faculté des Lettres de Pw'is Directeul' de l'Institut de Géographie

PRÉSIDENT D'HONNEUR: M. H. LEMOINE, ArchiviSte en chef du département, Vic e - P r é ­ sident de la Commiss i on des Antiquités' et des Arts de Seine'-et-Oise.

, BUREAU DE LA SOCIÉTÉ POUR 19'48 : Président.' 1\1. M. LEROY, Di re cteur honorai re d'école, 25, A�e­ nue Voltaire, à Athi s-Mons (S.-et-O.). Vice-Président.' M. l ' A bbé F. LAURENT, 'Curé œAthis-Mons. Secrétaire Géncl'al M on s .

." M.

L. BR UNEL, 9, rue des Gra v iH iers , Athis­

Secrétaire· Adjoint : Mlle D. LAY GUE, Insti tutrice, du Platea u , à Juvisy-sur-Orge (S.-et-O.).

lÔ, Ayenue

Trésorier: M. A. ARBILLOT, 39, Grande-Rue, à Athis-Mons. Trésorier Adjoint: Mme D. AUGIER, 15, Rue Monttessuy, à Juvisy. Archivist e.' M. R. SIMON , 13, Ru� de la Cour-qe-France, à Athis' . Mons. Administratellrs .' MUles BEL L ÀMY, LAYGUE et YVON, 'Ml\t AR­ BILL OT, BRUNEL, D U BLAR ON , LAMARQUE, LAURENT, 'LEROY, PANDRAUD, SIMON et VIGNARD.

DÉLÉGUÉS COMMUNAUX: .//lvisy .' M. L. LAMARQUE, D i re ct eu r de l'école Jean-Jaurès, 26, Avenue Frédéric-Merlet. Morangis.' M. J. JACQUART, 7, Ri,le F,e-rdinand-DuvaJ, à Par i s

(.je).

Villenellve-Ie-Roi : M. P. CSERY, Commis princi pal à la Mairie, 13, Rue du Maréchal-Foch. Wissous: Milo L.' BONZON, Institutrict;, Ecole de filles. Vignellx

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M.' HURTAUT, Instituteur" Ecole Pa ste ur .

II sera procédé ultérieurement à la désignation des autrc1s délégués pou L' ,shacune des communes comprise dans '/' cham d'acti 11 . SOcl,e, te .


Deuxième Année.

lJirecteur

N° 3 .'

Lou is

BRUNEL.

Avril 1948

LA STATION ALTERNANTE DE PETIT-MONS ou,

LES ORIGINES DE LA GARE D'ATHIS-MONS

( 1" avril 1 841 ) Dans l'"atmosphère toute baignée de s o l e H des p rem iers beaux jours du p rint e mp s 1839, le calme de l a Plaine Basse d ' A th is ­ Mons, où le léger b ruissement d e s sau l es se mêlait au doux murmure des eaux de l ' O rge , était bru s que m e nt écrasé par le tintamarre de s chantiers d u Ch em in de fer de Paris à Corbeil. . Quelques mois a up a rav an t , le 17 mars 1839, le Maire, M. B a u­ dry, avait convoqué le Cons e i l M unici p a l dans le b u t de lui prése n t e r les six pièces d é pos ées à la Mairie pour l 'exécution de la l igne ; el la rumeur, circulant de m aison en maison, ava i t ra p idem e nt sorti d e leur tor p eur l es vill a g es jumeaux, assoupis de p uis des siècles au m i l ieu des massifs de verdure et des vignobles. Quelle alla it être l'attitude des édiles de l'ép oqu e en face de ce nouveau mode de l ocom otion déjà en service au nor d de Paris, entre la Capitale et Saint-Germain (1)? N o s ancêtres accueillirent cett c innovation avec u n e p rudente r é serv e, d'au­ tant p lus que le Chemin de fer ne faisait que traverser le terri­ toire sans y avoir de gare d'arri vée et de d é pa rt . Il ne p ouvait donc f a voriser les habitants de la Comm u n e , puisque ceux qui voùdraicnl en profiter ne le pou r raie nt q u'e n se rendant soit à Ablon, s oit à Châtillon. Qu ant à M. Bau dry, pro p ri éta ire d es Forg es et dc l a Fabrique d'acie r d Athi s, sit u é e s au p i ed du coteau p r ès de J ' a n cie n mou.!

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(1) La ligne de Paris à Saint-Germain avec terminus au Pecq fut ouverte l€' 26 aoitt 1837; deux ans plus tard, celle de Paris à Versailles, prenant na i s s ance sur .la l igne précédente à parti r de l'embranchement d'Asnières, était inauguré" le 2 août 1839.

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lin se ig n eurial , le ChèmÎn de fer ne lui était d'aucune utilité pour tran sporter ses 2.000 tonnes de march a n d ises, car il était trop é l oigné de l ' u n e ou l'autre st a t i o n (2). En fin d e compte, le « Rail - v oie :) semblait être plus u ne gêne qu'un bienfait; tout au p l us le considéra it-on comme une _curieu se nouve-a uté, sans se douter du rôle extrêmemen t impor ­ tant q u'i-) jouerait dans les an nées à venil". N'allait-on p as être oblige d'allendre le passage des wagons pour traverser le Chemin de fer e t faire un grand détour pour se rendre à la Seine ou aux poft i ons de te r re situées de l'autre côté de la voie, ce qui e n traînait b ie n enten d u lllle gr osse p er te de temps; sans oublier la plus grande force de traction n éces saire p o u r tirer les voitures sur les remblais menant aux p assa g es de Iliveau! Toute f ois , le Conseil fut

d'avis Wlallime de Ile pas entraver d es m ulti p l e s dé s agrément s

les travaux; m ais, en con sid ération

cau sés par la Comp agn i e du Chemin de fer de Paris à Orléans, la Com m une deman d a quel q u es petites compe n sations. en par­ ticulier la confe ction en maca d a m de cer tai n s chemins vici­ n aux (3). * **

Dès Il' mois de sep t em b r e 1839, l es travaux de t err assement , poussés avec act ivité, se trouvaient e n grand e p a rtie termi n és

entre Pari s et l'Orge; et, e n mars 1840, après s ' ê tre déve loppée en courbe derrièn' les m aisons du v i l la g e d 'Ablo n , l a voie ferrée pouvait fnmchir l'O rge s u r un m agnifique pont d'une hauteur to tale de 8 m. et soutenu par deux arches en p lei n c i ntre de chacune (j lU. d'ouverture. Bâti en p ierre de Ch âteau­ Lan d on, il p o rtait à la fois le Chem in de fel' et l e chemi n vicina l d'Ablon à J uvisy; et- son élégante baIustrade en fer p e rmettait d'admirer la r ivière qu i , à quelques centaines de pas , t e rm i nait son cours dans la Seine en pas�ant s o u s l'an­ ti que pont de halage (4). . Un peu avant ce p o n t , les i n gén ieurs avaient culbuté u ne viei l l e masure, bien c o n n ue des voiturz'ers par eau sous le n oIp de « Petit-Mons »; e l le était remplacé e presqu'aussitôt par une gaie ma i s o n blanche servant, comme p ar le pas sé, de Iieu de station p our les cha r retiers du chemm de hal a ge. Tout p r ès de cette aub erge , le passage à n i veau n° 11, a v e c passage par-dessous accolé, laissait t rave rs, er les voitures des particu ­ li ers emp runtant l e chemin de Mons à la Seine. Malgré un i nci d en t p r ov oqué par des gl i sseme nts de terrains sur le cot e a u d 'Abl o n , l ' i naugurati o n officiell e de la ligne e ut lÏeu le 17 sep tem b r e 1840 et l e s voyageurs fur e n t autorisés à l'utilis e r à partir du 20 sep temb r e. Outre les gr a n ds Embarcadères de Paris et de Corbei l, il avait été con struit c i n q stations intermé diaires, à sa vo i r Choisy­ l e - R o i, Ab l on , Châtillon, Ris e t Evry. Une initiative purem e n t privée aHait bientôt n o us p erme ttr e d'avoir une s tat i o n d a ns l a Commu ne; car, de toute évi dence, les habitants de la l ocal ité n e recueillaient qu'un ava n ta ge m i n i m e du C h emin de fer, e n raison de l 'éloignement de la . statIon d'Ablon. (2) Arch . de la S.N.C.F. (Bégion Sud-Ouest), 02 (D7). (3) Arch. C orn. d'Athis-Mo ns, Registre des Délibérations dll Conseil Mwûcipal (Dé!. 23 du 17 mars 1839, feuillet 14). (4) Arch. S.N.C.F., 02 (H3).


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LA

STATION

Gravure de CHAMPIN.

DE

PETIT-MoNS Bib . .'\'I/t.

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Cab. des Es/ampes.

D e v a n t 'u ne telle situa tion, MM. Chodron et 'l'homé, pro­ pr i é t a ires à A th i s- Mon s , p r op osa i e nt a u Co nse i l d'Ad m inistra­ tion, dans une l e Ur e datee du 22 novembre 1840, de prendre à l'avance un� quantité de billets représentant ail prix du tarif la somme de 5 0 0 0 {cs q u e l es sOllssignés payeront comptant ù la C" 'ù condition d'obtenir lin arrêt de.� convois . . . ; les q uels billets donneront droit ail' portellr pendan t une année consé­ cu tive Ù pl'endl'e les /Joitll/res dll Chemin de {el' à Petit-Mons pour les di/Jerses destinations des convois. soit à chacI1ne de ces destinations pOllr descendre à Pe tit-Mons (5). M. C h o dron essuya avec alitant d'étonnement que de déplaisir un p remi e r re fus qui lui fu t communiqué le 28 février 1841. Fi na l eme n t , cédant allx instances de plusieurs habitants et en cons idération s urtollt des démarches de l'honorable et zélé Maire de la Comm une, la Compagnie consentait à ouvrir une station d'essai au passage à niveau de Petit-Mons à compter du 1"' avril, à la suite d'un arrangemen t concerté ent re M. Chodron et M . 'l'hom é e t conclu ave c elle (6). L'établissement de ce burea u de station ayant été a ccordé après que M. Ch o d ron eût offert de garantir un produit de 3500 {cs à la rece tte de ce bureau e t dans la vile seulement d'êtrè agréable a u x habitants des localités environnantes, la Compa ­ gn i e se réservait le loisir de le supprimer dans le c a s où elle le j uge rai t c on ven a b l e . Aussi, le seu l souci de M. C h o d ro n fut-i l de m e tt r e désormais tout en œuvre pour que la n ouv e ll e station alternant e de Petit(Ii) Id., Carton A2 (D'l, Chf, pt).

(6) Id., ... P5. La ,gravure, exécutée dans les premières années d'exis­ tence du Chemin de fer, représente de gauc h e à droite : le chemin et le pont de halage, l'auberge de Petit-Mons, les bâtiments de la station et, couronnant Ic sommet du coteau, l'égli�, d'Athis.


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Mons ne fût jamais supprimée: « ChaclI/I de nO lll'! .'iera bien aise, pouvait-on lire sur une affiche adressée par ses soins au Sous�Préfet de Corbeil (7), de se prévaloir de.'! {acilité s nou­ velles qui flOIlS SOllt donn ées, et nous cumprendrons tOIl.'i que ce sera se ulement en m u ltipliant nos relatiuns et en {avorisant ainsi lcs intérêts de la Compagnie que nous pou,rrons nous assu­ rer ci no u s-mêmes le m aintien de la station nouvelle et l'arrêt des cOlll]oi.� ci des heures favorables. » Il fallait s'empresser en premier lieu d'améliorer les diverses voies qui aboutissaient à Petit-Mons : « Les relations nouvelles

que nutre statiun va créer ne pourron t m anquer d'excite r parmi no us une salutaire é m u lation . Ainsi les communes de Morangis e t de Chilly no us ameneron t certaine ment de no m b re ux voya­ ge�s, pour peu q ue n os chemins impraticables ne les repolIs­ sent pas. La Vieille-I.?oste, Paray, la terme de Cont in, le petit­ Athis et les premières mais 0 ll.'i de Fromenteall (8) auront avantage à ven ir prendre le train ci notre station. Wissous mème no u.'i cnv erra quelques persunnes pour Paris, e t SI/l'to u t pour Corb ei l. » On sc de v a i t ensuite de l'econstruire l'embarcadère du pas­ sage d'eau de Petit -Mons, parce qu e, sur l'autre rive de la Seine,

Vigneux. ROl/vres et lfainll ille, lline portion de Draveil, Châtea/l­ Frayé, les Bergeries. Montgeron même, et la partie hal/te de Brunoy, dite les Bausserons, viendraient natureHelllent passer l'eau à cet endroit. « Ainsi, poursuivait-il,

de notre station;

nous rec ueillerons lm do uble pro}Ï1

el la cumml/ne d'Athis-Mons, de meurée jlls­

qu'ici da ns llll état d' i.'iolement qui con traste singl1j/ièrement Ul'ec l a fertilité de son terro ir, le nombre (,9) e t l'in dustrie de se.� habitan ts, 'la beauté de son site, la salubrité de l'ail' p ur q U'OIl y respire, l'ab ondance et la pureté de ses eau:r, et l'importance nouvelle q ue llli a dOl/née l/ll ,étab lissement industriel, q ui pr.end de jour en jour plus d'exteIl.�i()n (10), cessera sans doute d'être ainsi délaissée, q uand, à toutes les so urces de prospérité qu'elle possede déjà, vien dra se joindre l'avantage de la viabilité qui lui manque encore, ré duite qu'elle est, pour tou t moyen de com­ m llnication, au seul chem in du Télégraphe (Avenue ./ean-Pierre­ Béllard), et privée jusqu'ici de tOlite relation allec la rive droite de la Seine q u i la borde. »

La station de Petit-Mons fut officiellement ouverte au public

le 1"' avril 1841. En janvier 1843, elle comprena it u n b u real). et un hangar d'attente (9() m2), une cour (64 1112) ct 504 Ill\! oceu­ p és par la voie sur une longueur de 60 mètres, salt 664 1112 de terrain (11).

{7) Arch. de S.-et-O., Série S. Chemin

de ter de

PI/ris à Orléans.

(8) La ferme du Petit-Athis se trouv ait a l'emplaceinent aduel. de l'Ecole des GraviUiers (G rou pe scolaire Jules Ferry). Fromenteau était un h a m eau de Juvisy sur la Route, royale N° 7. (9) En 1831 : 690 habitants - 1836 : 724 - 1841 : 705. (10) Le 3 décembre 1826, la Munidpalité accordait à M. Chodron, n otai re royal à P aris, Ia latitude nécessaire pour l'établissement d'une fabrique d 'a cier dans la Commune; mais cette aciérie fut fondée ulté­ rieurement par un Anglais. John Buun, auquel succéd a M. en 1835,. (11) Arch. S.N.C.F., Carton Pi (Dl, Chl, P25).

.Baudty


- 53Le p r e m i er Receveur. qui était en même temps G ard ien de passa ge, f ut pendant plus de dix ans' un habitant d'Athis, ' M. Jean-Baptiste-}farie Hivière (12). A l'origine, les convois qui s'arrêtaient à Petit-Mons étaient: 1" en partant de Paris, celui de !J h. ct celui de 15 h.; 2° en partant de Corbeil, celui de 8 h. 30 et celui de 18 h. 30, passant à la station à 9 h. et 19 h. 11 Y avait en outre un convoi sup­ plémentaire les dimanches el jours fériés, à midi de Paris et :i 13 h. 30 de Corbeil (7). Le Convoi à vapeu r mettait 30 minute s pour couvrir le trajet (�ntre Paris et Athis (17 km.), dont le prix revenait respecti­ vement à 1 fr. 75, 1 fr. 30 et 90 c� en 1re, 2" et 3" classes. Pour le transport d'un chien, on payait quelle que soit la distance un droit fixe de 50 c . , ct le port des bagages était gratuit jus­ qu'à 15 kiIogs (13). Du jour de son ouverture jusqu'au 3 1 mai 1841, soit une durée de deux mois, il fut dénombré à cette station 1.399 voya­ �eurs, c'est-à-dire un chiffre moyen de 23 voyageurs par ' jour (13). Peu productive dans le principe, la nouvelle gare devint bonne par la suite, grâce à l'établissement d'un service d'Omni­ bus qui amenait tous les voyageurs de la rive droite de la Seine. Mais en 1842, l'entrepreneur M. Bonfils, dont les recettes avaient ,été g ar ant i e s égalem�nt par M. Chodron, annonça son intention formelIe de cesser ce service à partir du 16 août, M. Chodron voulant restreindr'e pour l'avenir l'étendue de cette garantie: uue subvention lui fut alors accordée par la Compagnie (14). En juin 1843, l'enLrepreneur de ce s�rvice exigeait à la fois de la Compagnie et de M. Chodron l'octroi d'une subvention journalière de 5 fr. comme moyen de continuer ce service q ui a été d é jà abandonné pal' plusieurs alltres en tr epren eu rs (15). En dépit de ces difficultés passagères, dont il nous est parvenu quelques échos , la station d'Athis-Mons fut toujours maintenue, -et elle put même assister à l'agonie des stations d'Ablon et de <:hâtilIon, supprimées en 1844 au profit de celles de Villeneuve­ le-Hoi et de Juvisy.

Il ressort donc que les habitants de notre Commune avaient saisir l'occasion' de s ' attrib uer un e p art certaine et durable à la sou rce de prospérité que la nou ve l le route d'Orléans com­ mençait à verser sur son passage. su

Et nous pouvons conclure avec celui qui fut le premier c de <:ourcel » qu'il est dou x de rendre grâce de ce bienfait à une Compagnie q u i a su voir dans une gr an de entreprise autre chose .(Iu'un jeu de bourse et qui a compris eHe-même que son intérêt, comme son devoir, était de vivifier les localités qu'elle trn­ versait. Louis BRUNEL, Diplômé d'Etudes Supérieures de Géographie.

(12) En 1840, M, Rivière était simplement Gardien fi lIil)("1/1 de 3' classe; son traitement était aI{)rs de 800 francs. ,(13) DUPLESSY (Joseph), Guide des voyageurs SUr le Chemin de 1er de Paris à Orléans (Section de Corbeil), (Paris, E, Duvl'l'gt'l'. II!4L in-12°). . ;('14) Arch. S,N.C.F., Registre 285 (F" 552). (15) Id 28; (F" ;,!)). ...

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LES EAUX DE RUNGIS

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Lorsqu'au début de l'ère chrétienne, les Romains furent soli­ dement installés sUr les hauteurs de la rive gauche dominant l:île de Lutèce, un de leurs premiérs soins fut de chercher li ali menter en eau la nouvelle ville. Où aller la chercher? Ils reconnurent des sources à fleur de terre sur le plateau compris entre l'Orge, l'Yvette et la _ Bièvre (Plaine de Longboyau), à une altitude d'environ 70-80 mètres. �'est-à-dire supérieure à celle de la Montagne Sainte-Geneviève. qui ne dépasse pas 60 mètres. L'eau fut soigneusement drainée de- tous côtés et amenée dans un bassin central dont on a reconnu les restes à environ 1 km. sud du village de Rungis, près du chemin de Wissous. Il avait � m. 20 de côté sur 1 m. 70 - de profondeur; en comptant l'épais­ seur de la banquette du fond, il pouvait contenir environ 15 mètres cubes d'eau. L'aqueduc d'alimentation vers Lutèce est un conduit de () m. 40 de large sur 0 m. 50 de haut, minutieusement construit en béton et dont un tronçon sert encore aujourd'hui à alimenter le Château de ChilJy. De Rungis, il gagnait Fresnes, longeait du côté est la vallée de la Bièvre, qu'il traversait à Arcueil sur un aqueduc dorit H­ reste que-:'ques trace s à côté et en dessous de celui qui amène de nos jours à Paris les eaux de la Vanne, construit lui-même­ "ur celui de Marie de Médicis. Ainsi, le point de passage avait été si bien choisi Rar les Homains «ue les ingénieurs du XVII" et du XIX· siècle n ont pu trouver mIeux, et que les, trois aqueducs sont superposés. La ri gole traversait ensuite Gentilly, passait au�dessous du Parc de Montsouris et suivait les rues de la Tombe-Issoire, du fau­ bourg Saint-Jacques et Saint-Jacques jusqu'l!.U Palais de C luny ' où elle se termina i t . C'est donc pour alimenter ce grand édifice qu'elle fut cons­ truite. Mais à quelle époque? Autrefois, lorsqu'on attribuait à Julien le Palais des Thermes, on lui assignait comme date le début du IV" siècle. C'est tout à fait impossible; la cité gallo­ romaine de la rive gauche ayant été incendiée par les Barbares à la fin du Ille siècle, ne fut jamais reconstruite. On doit donc assigner à l'aqueduc de Rungis, comme au Palais de Cluny, une origine plus ancienne, très probablement l'époque de Marc-Aurèle (160-180). Sa longueur, du bassin d'origine à Paris, était d'environ 15 km.; mais les canaux de recherche s'éparpillaient sur p'rès de 8 km. de long. Son débit a été évafué à enviro n 2.000 metres cubes par jour. .*.

L'aqueduc de Wissous disparut au IV' siècle et il semblait tout à fait oublié lorsque l'historien de Paris Corrozet en signala les restes vers 1560. Cette remarque ne fut pas pe r du e pour tout le monde. Lors­ que, vers 1609, Sully se p'réoccupa de fournir en eau le quartier de l'Université qui en etait tout à fait dépourvu, c'e st dans la région de R u n gi s et de, Wissous qu'il fit faire des fouiHes. Qn


-- 55 -retrouva naturellement les travaux des Homains, on les utilisa quelque peu et on les détruisit plus ou moins. Quoi qu'il en soit, les travaux d'adduction commencèrent dès 1612 sous la direction de Thomas Francini, intendant géné­ ral des Eaux et Fontaifll's, et de Louis Métezeau, architecte des bâtiments du Roi, qui donnèrent le s plans de l'aqueduc d'Ar­ cueil en 1614. Comme nous l'avons dit plus haut, l'aqueduc moderne de la Vanne s'appuie sur son ancêtre du XVIIe siècle. La rigole dite « de Catherine de Médicis » - car elle devait alimenter le Palais du Luxembourg -- commence au « Carré des Eaux » à Rungis, à 75 mètre s d'altitude; elle. se terminait à un réservoir dont les restes subsistent encore 71, rue Den­ fert-Rochereau, après un parcours de 13 km. La rtalerie d'amenée avait 1 m. 75 de haut et 1 m. de large; de place en place, vers Rungis et Fresnes, on aperçoit encore dans les champs. les regards par où l'on descendait dans l'aqueduc. Malgré son impol'tance architecturale, l'aqueduc de Hungis débitait moins que SOn ancêtre gallo-romain. Aujourd'hui, ses eaux, très réduites, ne servent qu'à remplir le bassin du Parc de Montsouris. Ainsi, les sources du sud de Paris furent le plus ancien moyen d'alimentation en eau de notre Capitale. Nous UtilisüIlS malll tenant, pour y pourvoir, des rivières entières; mais il nous a semblé que ces humbles filets d'eau nés sur notre terroir méritaient de ne pas être oubliés, ct c'est ce qui a motivé ce petit article.

H. LEMOINE,

.4.rchiviste en ch e f dll département de Seine-el-Oisc.

LES ARMOIRIES D'ATHIS-MONS A l'instar des anciennes villes qui possédaient leurs armoiries et de nouvelles qui en ont créé, Athis-Mons se devait d'affir­ mer sa personnalité en adoptant un blason concrétisant son passé. S'inspirant des données historiques, M. L. BruneI vient de présenter au Conseil Municipal un projet d'armoiries -- celui-là même qui figure déjà sur la couverture des Bulletins, de la Société - qui sont: parti au premier d'azur: à trois fleurs de lis d'or au bâ,ton de gueules péri en bande, au deuxième de sable à trois chevrons rompus d'or, au chef d'azur chargé d'un escar­ boucle pommeté et fleurdelisé d'or. Sans entrel' dans des détails que nous donnerons ultérieure­ ment, indiquons simplement que la première partition de l'écu rappelle que la Seigneurie d'Athis appartint en 1743 à Mlle Louise Anne de Bourbon Condé Charolais (petite-fille du Grand Condé). La deuxième partition évoque le souvenir de la famiHe Viole qui présida si longtemps aux destinées de la communauU. L'escarboucle du chef symbolise enfin l'abbaye Saint�Victor dont dépendait le prieuré Saint-Denis d'Athis.

MUe D. LAYGUE.


foties

Ci gît . .. parmi les herbes le cœur d'un vieux brave_

LE MARECHAL DE VAUX ( 1705-1788) Le voyageur, qui par l a Route Nationa l e n° 7 part de Paris. et se dirige vers Fontainebleau, arrive après avoir franchi le p ont jeté sur la voie ferrée de Choisy.le-Roi à Massy-Palaiseau aux abords de l'Aéroport mondial de Paris-Orly qu'i! va longer sur plusieurs kilomètres. Face à l'entrée principale du camp, à l'endroit dit « La Pergola » (du nom d'un café voisin),' au bord du petit chemin rural qui partant de la Nationale va rejoindre la voie conduisant de Rungis à l'ancien emplacement du vHlage de Paray, il aperçoit à environ 250 mètres, isolé au milieu de la plaine, un petit enclos quadrangulaire d'où émer­ gent une stèle et ';Iuelques arbres qui l'encadrent. La carte consultee lui apprend que c'est là, au milieu de cette vieille plaine du Longboyau, autrefois entièrement convertI' de vastes champs de culture et où s'éparpillent depuis une tren­ taine d'annees quelques-uns des nombreux lotissements dont l'ensemble constitue la nouvelle COmmune de Parav-Vieille­ . Poste, un monument élevé ù un maréchal de France. C'est, en vérité, un petit cimetière champêtre que la piété­ filiale a consacré, au milieu des terres qu'il possédait au XVIII" siècle, à l'un des plus braves et des plus loyaux serviteurs. de notre pays: Noël Jourda, comte de Vaux, maréchal de France, dont la vie s'écoula durant plus d'un demi-siècle sur­ tous les champs de bataille de l'Europe; il dut son élévation au maréchalat, non aux intrigues de cour ou aux bassesses courtisanes, mais uniquement à son courage, à sa valeur mili­ taire et à ses longs et. éminents services (1). Si, la curiosité aidant, le voyageur quitte la route et s'engage dans le petit chemin, en arrivant au petit enclos quelle surprise n'éprouve-toi! pas devant l'état de délabrement et d'abandon dans lequel se trouve aujourd'hui ce simple e t modeste monu­ ment, dans cet enclos si tranquille que les herbes folle s enva­ hissent et u'encombrent toutes sortes de détritus disparates (2). Face à 1 entrée béante - la porte a disparu et les piliers écroulés gisent aux alentours - il distingue un entourage très simple aux barres de fer rouillées; à l'intérieur de cet encadre­ ment, deux tombes à la pierre moussue et effritée dont les. inscriptions sont presque complètement effacées précèdent un socle à quatre pans inclinés, descellés, sur lequel est érigée une mince stèle à quatre faces, haute de p lus de quatre mètres� s'amincissant vers le sommet, Cette stèle contient le cœur du comte de Vaux que sa fille aînée, la marquise de Vauxborel� fit rapporter de Grenoble et placer en ce lieu.

(1) Il lui faLlut près de soixante allS de combats pour accéder à cette haute dignité. (2) L'entretien de ce petit cimetière est à la charge' de la commune de Morangis.


- 57La to m be

immedi a t ement près de la stèl{! est celle de la qui y f u t inhumée sur sa deman de 1832 par l es soins d e l'abbe Decory, qu e lle avait institué

marquise de, Vauxborel

en

'

légataire universel. Quant à la p rem i è re , elle contient les re stes de l'abbé Decory lui-même q u i avait fa it prepare r sa prop re sépul1nre dans J'enclos., où il fut inhumé en 1837.

�on

A La s t èle porte, nettement yisibles, les i ns c ri ption s suivantes:

De

face,

sous /ln

croissant:

CI-GÎT D'UN VRAI HÉROS DANS LA PAIX ET SOUS NOS DRAPEAUX IL CONSACRA TOUTE SA VIE A BIEN SERVIR SON DIEU SON PRINCE ET SA P AT RIE

LE

A droite,

SOLIS

CŒUH

Un croi.�sant: CŒUR CHER A TOUTE LA FRANCE FUT POUR SA FILJ,E AÎNÉE UN I,EGS BIEN PRÉCIEUX CE MARBRE ATTESTE A TOUS LES YEUX SES REGRETS SON AMOUR CE

ET

A gauche,

SOLlS

SA

RECONNAISSANCE

rroissant:

1111

NOEL JOURDA DE VAUX MARÉCHAL DE FRANCll MORT A GRENOBLE LE 12 SEPTEMBRE 1788

·

Sur la quat rième face sont gravés dans la p i erre un .J et unY entrela c és au dessous desqu els se trouve un en semb l e com­ posé de· d eux flambeaux verticaux places de chaque côté d'une bande inclinée de gauche à' dr o i t e où sont dessinés trois -

croissants.

Issue d'une très ancienne famille noble du Gévaudan, les .Jourda, u n e branche tres p auvre s'était fixé e dans le Vélay et e.' es.t là, au château d e Vaux, .à proximité ùu Puy, que naquit en 1705 le futur maréchal ùe France Noël .lourda. Comte de Vaux, il était aussi baron de Roche-en-Vélay et seigneu r d'As­ tias, d'Yrouen ct de Sainte s-Vertus d ans le duché de Bourgogne. A 19 ans, il entre dans l'armée comme lieut enant au r é gim e n t d'Auvergn e et par ti cip e aux opérations entreprises en Italie, où, capitaine en 1734, il est blesse à Parme et à Guastalla. Passé en Corse pour appuyer les Gênois, en 1738-1739, il s'y distingue .et s im p ose par sa valeur et son courage. En 1743, toujours avec ,

'


-- 58 le regullcllt d'Auvt'q�nc, 011 le retrouve en Bohême où il. sc . signale d'une façon rem arqu a b l e à la (Iéfense de Pra g ue , ce qui 'lui VHJ,lt le co m mandem ent du l'égiment d'A n go umois . En 1744 et 1745, passé à l 'Et at- m ajor de l'arnlèt', il combat aux sièges de Me nin , Ypres, Furnes, Fribourg , pu is ù la bata il le de Fontenoy, e nsu i t e aux siè g e s de Tournay et d'Oudeum'de dont It� Roi, en ré compe ns e d€ ses sel'vices, lui contie le comman­ dement,

Sous les or dr e s du f1Iaréehl�l' de Saxe, les dispositions heu­ reuses pr ise s pal' lui au siège de Bruxelles et qu i contribuent efficacement à la re dditio n de la ville lu i valent l'honneur de p o rter au Roi la b onne nouvell€, d'où sa prom otion au gI'ade de brigadier, C'est en cette qualité qu 'i l p r en d part aux sièges d ' An ve rs , de Namur, à la bat a i l le de H au c oux ; il e s t blessé d'un é c l at de bombe ù B erg- o p-Zo om , Un nouvel exploit le signale à nouveau à 1'attention: avec les volontaires de Bre ta gn e , i [ t' orc t' à la rl'traite dix lDill� hommes qui l'avaient atta qu é , II l'N'oit al ors le e O l1lmande m€ nf en s e cond de la Franche-Comté. ommé au c omm a n dem e n t de la place de G œtti n gue , il y est a ssiégé par l 'armée du prin ce Ferdwand de Prusse et ['oblige pal' des so rties ré p ét ées et r é us si es à lever le siège, En 1 7 6 1. il est en vo yé dans la région du Weser et de l'Ems; il revient en 1762 ù Gœtti n g ue et c o mbat en 1763 dan s les Trois-Evêchés, dont il es t nommé comman da nt en second, Il l'st promu Com­ lIlandeur de l'Ordre de Saint-Louis en 17(j4,

N

Le 15 mai 1768, Choiseul signe avcc la Hépublique de Gênes le traité par lequel ce pays cède à la France t ous ses d roits sur la C o rse ; Louis XV p r omul gu e l'édit de réunion de la Corse à la Fr ance le 15 ao ût suivant, mais la résistance des C orses oblige n otre pays à en trep r en d l' e dans l'He une campag ne pour assurer l ' appli cation du traité, Les i nsu ccès du l ie u t enan t - gén é ral Chau,ve lin �Jl1 t singulièrelùent ,colllprOJ�is la situation des trou­ pes françaIses dans un terrall1 d I ffi c il e devant la courageuse résistance des habit a n t s conduits par Pasca1. P ao l i, C'est le co m te de Vaux qui es t apl;lelé à r e pare r les fautes commises: après Une campa gne de troIs m ois qui se termine par l'héroïq ue d é fa ite de s par Li s ans de l'indépendance il Ponte-Nuovo (9 mai

1769), le comte de Vaux prépare l'annexion définitive de la Corse

à la France. N ot re pays a alors une p osi tio n très importante ,dans la Méditerranée, « pistolet ch argé au cœur de l ' I talie :t. comme dira p,lus tard Mirabeau, Toutefois, le gouvernement militaire de l'Ile, contre toute attente, n'est pas confié au vain­ queur, mais à un sous -ordre , Il' lieutenant-général co mte Marbeuf,

Noël J ourda r€nh'e donc en Fi'ance et est employé successi­ vement dans la Généralité de Paris , en Provence, en Alsace. En 1779-1780, il com m ande l'armée des côtes .Je Bretagne et de Norm and ie , pu is est placé au comm andem en t du comté de B o urg ogne , Le 14 j uin 1783, le roi Louis XVI l ui confère la dignité de Maréchal de Fra nce , récompense bi en due aux nombreuses preuves de courage, de talent et de scien ce militaire qu'il avait donné es « pen dant près de 60 ans, dans 19 sièges, 10 combats et 4 batailles ". En 1788, l 'op position qui se m an ifeste sourdement dans le pays éclate à l ' occasion de la p ublicati o n des deux édits rela­ tifs à l'impôt du timbre et à la subvention te rritoriale de gO mil­ lions , Elle se traduit dans le Dauphiné par la proclamation de


- 59V izille ( prè s de Grenoble) où 600 députés invitent le pays à refuser l imp ôt tant que les Etats G énéraux ne seront pas convo­ qués (21 ju iiI e t 1788). C es t le maréchal comte de Vaux que le go uve rnement de Louis XVI envoie à Grenoble pour é tou ffer cette première manifestation de révolte ouverle. C'est là que ; la mort vient le surprendre, le 14 se pte mbre 1788. Michaud. dans sa Biographie univerulle, do n ne à la notice q u ' il consacre au comte d e Vaux la conclusion' su ivante: « Observateur zélé de la discipline, sévère mah juste e t humain, désintéressé, ennemi de ce faste qui corrompt une a rm é e autant '

'

qu'il j'embarrasse, le maréchal. àe Vaux donna toute' sa vie l'exemple des velius militaires et surtout d'une scrupuleu se probite. Après avoir commandé l'expédition destinée pour l'Angleterre, il demeufait encore, en 1781, à la tête des troupes· rassemblées en Bretagne. A l a fin d u premier mois de service, Je trésorier de l 'a rmé e lui a p p orta la mêmé somme qu'il lui avait comptée l'année précédente pour Je mois correspondant: « Il ne m'en faut que la moitié, dit le comte de Vaùx; n'ayant plus les mêmes dépenses à faire, je n'ai p lu s bc!\oin du mê me traitement >?, et il écrivit s ur-le-champ dans ce sens au minis­ tre de la Guerre. Celui-ci lui répondit qu' i l avait mis sa lettre sous les yeux de Sa Majesté, et que le Roi voulait qu'il reç(It la somme entière cornille témoignage de la satisfaction qu'elle avait de ses services. « .Je ne puis accepter, écrivit le comte, cette marque de bonté du Roi, et ce se r a le seul ordre de Sa Majesté auquei, dans tout le cours de ma vie, je me serai cru dispensé d'obéir. » maréchal laissait deux filles: la marquise de Vauxbo­ e t la marquise de Maré Pont-Gihaud. La première reçut en partage la terre d e Paray et quoiqu'elle ait l a i s sé de tristes souvenirs, il faut lui tenir compte du geste de piété filiale qui lui fit rapporter à P ar ay le cœur de son père ct de le déposer sous un cippe, au milieu des champs, sacrifiant ainsi à l'usage ancien de placer les tombeaux près de s grands chemins (2 ) . L a terre d u maréchal d e Vaux fut conservée par s a fille jus­ qu'à sa mort en 1832. Elle fut sur sa demande inhumée près du cœu r de son père el institua l'abbé Decory son léga taire univer­ sel. Celui-ci remplit les obligations qui lui avaient été dictées et fit préparer sa propre sépu ltu re dans le même enclos. Ses restes y furent inhumés en 1837. Un bien curieux procès surgit à cette époque. Ses héritiers, en l'espèce deux neveux, intentèrent une a ction j udicia ire contre le curé de Mora ngi s pour lui disputer la ren e qui avait été affectée par leur oncle à l'entretien du tombeàil ct à l'obliga­ t i o n a n n u eHe de messes. Le tribunal, après un procès qui qura plusieurs années, les débouta et le petit cimetière fut alors clos. de murs. M. LEROY, Le

rel (1)

(

Directeur honoraire d'école publique.

(1) Les armes du marécha,J comte de Vaux étaient: D'or à la bande de gueules chargée de trois croissants d'argent. Elles ont cté intro­ d uites dans les armoiries de la c omm une de Paray-Vieille-Poste. (2) A noter dans lIa région, le cimetière des de Courcel sur lc' chemin d'Athis à Villeneuve-Je-Roi. (1) Jeanne-Marie-Thérèsc de Jourda de Vaux, veuve de Louis-Malo

Gab riel de Vauxborel.


LA GARE EPH EM E RE DE V I RY-C HAT I LLON Bien avant la construction e t la mise e n service d u ChemIn ' de fer de Paris à C o rb ei l , le v i l l age d e Viry-Châtil l o n était relativemen t favorisé au point de vue des communications. De n om breuses routes, ain si q q e des c h em i n s r uraux e n bon ét at ' assuraient des liaisons faciles avcc les localités environnantcs et i l profitait la rgem e n t des c o m m o d i t é s offertes p a r la p r o x i­ m i t é de la Seine et de la grande route d e Fontainebleau. En c e temps-l à , l es dép l ac e m e n t s se f a i s a i e n t a vec l e n t e u r , mais par s a p o s i t i o n même, Vi ry ava i t d 'assez gra n d e s p ossi bi­ lités de communicati on : outre des voitures d e la localité et celles d e Corbei l , l es habitants avaient e n c o re la ressou r c e d es nombreù ses d i l i g e n c es et des coucous qui suivaient l a route royale n" 7, c o n d u i s a n t à Fontainebleau, Montargis, L y o n , et dans l esquels on trouvait o r d i n airement d e s p l a c e s au p a s s a g e . O n pouvait prendre enfin l'un des six b a t e a u x à vapeur mon­ tants et descendants chaque jour, en se ' renda n t au port d e Châtillon ; d e là, le p a sseur menait les voyageurs jusqu'a u bateau qui attendait au m ilieu du fl euve ( 1 ) . L'établissement des Chem i n s d e fer e n 1 840 p orta u n coup terrible à ces anciens m oye n s de transport, car aucune voiture publique ne pouvai t s o u t e n i r la con currence. Les entrep rises des grandes dilige n ces l ' a v a i e n t eB es-mêm e s for1 bien compris, puisqu'elles faisa i e n t t r a n sp o rt e r l e u r s véhicules s u r des trucks ' j usqu ' au x' sta t i o n s t e r m i n u s , rep r e n a n t' ensuite leur course vers le sud.

L e s v i l l age s tranquill es d e n o t re banlieu e, qui rep osa i en t et travaillaient depuis des siècle s d a n s le calme et l a paix des champs, a l l a i e n t bientôt assister à la n a i s s a n c e de ce que l 'on peut c o n s i d érer comme l 'œuvre c apitale de la p é r i o d e contem­ p o r a i n e. Nous avons c o u t u m e de désigner ce fait, avec juste raiso n , s o u s l e nom d e « Révol u t i o n des Chemins de fer » e t nous avons tout rès la p r e u v e la éclatante de cette affirmation, puis­ que l 'i mm e n s e gare de uvisy est le symbole du brusque accrois­ sement d émograph ique et économique de l' « Agglomération .Ju v i s i e n n e », d é c l e n c h é p r é cisém e n t par c e t t e r é v o l u t i o n t oute p a ci fique . Si nous s om m e s ù m ême de mesurer m a inte n a nt toute l a portée d e s transforma tions étonnantes en ge n d ré e s par l e déve­ lopp e m e n t des v o i e s f e r r é t' s a u t o u r cIe l a Capitale, i l importe c e p e n d a n t de s e reporter U n peu plus d t' cent ans en a r rière p o ur t â che r de d ev i n e r �i l a l m' u r des d o c u m e n t s ce qu'en pen­ s a i e n t n o s aï e u x .

p

jJIUS

LA CONSTRUCTION DU

«

RA IL·VOIE

;p

A cette époque, b i e n p e u de communes de notre région prê­ tèrent à cette manifestation nou vel l e de la l o c o m o t i o n t oute J 'attention q u ' e l l c méritait. Les « comètes à la chevelure enflam-

( 1 ) A rch . COI1l . de Viry-Châtill o n , 1 D7 (N°

92

-

feuUlets 70 et 71).


- 6 1 - -m e " » q u i d o n! n a v a n t d ë v a i e n t é t a b l i r d e s re·l ati o n s p l u s ra p i­ d e s e n t r e Pari s et Corbe i l , b i e n q u ' e v e i i l a n t ' u n e cer t a i ne curIO­

sité chez c e rta i n s de n o s a n d·t r e s , ne d e v a i en t p a s secouer de

prime abo rd u n e i n d i ff é re n c e q u a s i gé n é r a l e , O n p e u t à ce p r o p o s , e n c e qu i c o n c e r n e V i r y , rappeler q u el­ ques réflexi o n s a d r e s s é e s plus t ar d par l e M a i re de l a Commune a u x d iri gl' a n ts d u « H a i l - vo i e » : « V o u s v o udrez bien n e pas o u b lier q u. e jamai.� V O liS n ' avez ren c o n tré dans la (; ommune qu'indul q en c e , b ie n v e i llan c e , facilité et s o u t i e n , m ê m e avant de .�azJ()ir S I n ous aurions une s t at ion (2). » Or, il ce m om e n t-l à , le C h e m i n d·e f e r a v a i t d é j à fait ses p r e u ­ v es e t b e a u c o u p a v ai e n t c o m p r i s I c p a rti q u ' o n en p o u v a i t ti r e r . N é a n m o i n s , s i l ' o n s ' e n t i e n t a u c o m p t e re n d u d e l 'A ssem b l é e extraordi n a i r e c o n v o q u e e p a r le M a i r e , M. F r a n ç o i s , l e 1 9 m a r s 1 839, o n l' s t fra p p é d u p e u d'e n th o usiasm e q u e m e t t e n t l es C o n s e i l l e r s p o u r a c c o r d e r c e rt a i n e s fa c i l i t é s à l a Comp agn i e du Chem i n d e .fe r d e P a r i s à O rl é a n s : l e C o n seil Municip a l fil s i m p l e m e n t r essortir que, m algré les d é s a g l'éments causes par les futures c o n s t r u ct i o n s , i l n 'était pas dans ses i n tentions d ' entraver la marche de la Compagnie dU1ls ses opérations, d'au­ tant plu s q u ' i l n e l u i é t a i t survenue aUcune déclaration, ni réc la­ matiOll de la par t des propriétaires de la Com mun e .mr le procès-verbal o u vert à cet eff e t aux terme s de l ' arti c l e · 7 de la l o i du 7 j u il let 1 833 ( 3 ) . C e r t e s , l e s habitants a v a i e n t é p r o u v é q u e l qu e i n q u i é t u d e a u sujet d e l eurs récoltes e n v o y a n t s'abattre s u r l e pay s u n grand nombre d 'o u v r i ers étr angers a t t i r é s par l a construction du Chem i n de fer, e t l a Comm u n e s'ét a I t empressée d e p r o c éder Je 1 1 août 1 83 9 au choix d ' un m e s s i e l' p o u r gard e r les v i gn es, en fa isa n t r e m a r q u e r que le s e r v i c e serait p o u r cette r a i s o n b i e n p l u s d i f fi c i l e qu e p a r l e p a s s é (4). ,

Ces

c r a i n tes s'évan o ui rent vite, c a r l e s travaux a v a n çaient a ve c r a p i d ité ; et e n §,eptembre 1 83 9 l es t e r r a s se m e n t s ' é t a i e nt , termi n és sur l'ensem ble d u t e r r i t o i r e d e Viry . L a Compagp.ie avai t a c q u i s s u r l e terroir c h â t i l l o n n ai s u ne sup er ficie de t e rrai n s de 79 a. 16 c a . exprop r i é s p o u r c a use d'uti l it é p ublique e t elle a va it e n t re p r i s a u ssitôt d i ff é r e nts - tra­ vaux d ' a r t , s e l on les i n s tr u cti o n s qui lui avaie n t é t é com m u­ niquées le 1 3 a oût 1 83 9 , p a r le Mi n i s t è r e d e s T r a v a u x P ub l i c s (5 ) . El l e a v ait jeté, en prem i e r l i e u , l e s f o n d a t i o n s d u nouveau pont qu i fra n c h iss a i t l a fa u s s e r i vi è re d 'Org e un p eu e n aval du pont d ' A n ti n ; haut de 8 111 . , i l c o m p o r t ait d e u x a r c h e s e n m a ç o n n e ri e d e 6 m . d 'o u v e r t u r e c h a c u n e e t était f o n d é sur un r a d i e r gén é r a l e n béton ( 6 ) . S u r l es plans i n it i aux, ce p o n t D'avait que 8 m'. d e l a rge s u r 2 m . d e flèch e , t a n d i s q u e l e pont d ' A n t i n m e s u r a i t 1 0 m . 5 0 s u r 2 m . 8 0 ; c ette s i t u a t io n p r é s e n . tait u n g r a v e i n c o n v é n i e n t d u fait q u e l e p o n t d ' A n t i n p o u v a n t à p e i n e s u ffi r e à l ' é c o u l e m e n t d e s e a u x q u ' i l r e c e v a i t l o r s d e s c ru es , i l apparaissait d e t o u t e é v i d e n c e q ue l e s d i m e n s i o n s r é d u i t e s d u n o u v e a u p o n t e x p osera i e n t l e s te r res y o i s i n es il d es

(2) Arch. de la S.N . C . F . (Région Sud-Ou e st) , Cart o n V I ( D I , Ch8, P l ) ( 3 ) A r c h . Corn. de Viry, 1 D 7 ( N ° 1 9 _ fo 1 8) . (4) Id., 1 D7 (N ° 33 - fo 28) . (5) Arch . de S.�t-O., Série S , Ch em in de fer de Paris il Orléan s . (6) A rch . S.N .C.F., 0 2 (H3) .


- 6� -

inondations qui s e r e n o uvelaient d ' a il leurs as s e z fréquem­ ment ( 3 ) . Des concessions mutuel l es perm i rent d'ab outi r ra p i­ . demen't à un b o n résultat : à la suite d!un détournement du lit d e l a fausse rivière, autor i sé p a r l a M u n i c i p a l i t é , c e l l e-c i s e v. i t dote r d ' u n m a gn i fique p o nt d e Chem i n d e fer l a rge à sou­ hai t (7) . B i e n d 'a utres m o d i fic a ti o n s a v a i e n t a m e n é des c h a ngem e n t s sens i b l es d a n s l e p a y s e t c 'est à p ei n e si l ' o n p o u va i t r e c o n ­ n a î t r e l e paysage d e l a P l a i n e Basse ! L e s d e u x écart s d e Viry ; l e Gran d et l e P e t i t - Ch â t i l l o n , s e trouvaient mai n te n an t c o m plè­ tement enfermés e nt re l a Seine e t le B a i l -voi e ; p e n d an t un m o i s , les r em b l a i s barrére n t l es rues, p o r t a n t a i n s i p r éj u d i ce au commerce d u p ort ( 1 ) , et fi naleme n t l e s hameau x n ' e u r e n t d ' i s s u e d a n s l a c a m p a g n e q u e p a r d e u x t u n n el s ; e n f a i t , d e u x p a s s ages à n i v e a u , a v e c p a s sage p a r-dessous a c c o l é d e 3 m . d'ouvertu re s u r 3 m . d e haut s o u s p o utre (8) , l es m et t a i e n t e n com m u n i cati o n a v e c l e vieux v i l lage blotti a u p i e d d e s cote aux, l'un é d i fi é sur le chem i n vicinal d e Chât i l l o n (n° 1 5 , r u e C a r­ n o t ) , l ' a utre s ur l a ,r u e d u P et it-Châtillo n (n 1 6, r u e de S e i n e ) . I l avai t fall u , d e p l us , d ét o u r n e r u n e pa r t i e d u c h e m i n p a v é qui r e l i a i t J uv i s y à l a r o u t e royale n ° 7, à p' a rt i r d u p o int où il r e n c o n t ra i t la l ig n e , et construire u n chem i n l a t é r a l e m p i e r r é about i s s a n t a u p a ssage à n i veau d u Grand -Chât i l l o n ( 5 ) . .

0

VEMBARCADÈRE DE CHATILLON : ' Ces i n c o n v é n i e n t s ne c o n s t ituaient en réali1é qu un tort pas­ u n bJenfait permanent, car, sur )e s conseils de M . Francœur, la C o m p a g n i e p,renait l a décision d ' ouvrir u n e stat i o n à Châti l l o n , l o r s d e l a m i se e n s e r v i c e d e l a l i g n e l e 20 s e p t e m b r e 184 0 . Situé à 2 0 k m . 5 0 0 d e Paris, l e n o uvel Embarc adère joign a i t a u x c h a r m e s d e s o n sit e l e s a v a ntages d ' u n e posit i o n excep­ tio n n e l l e : l à se trouvai e n t réunie s s u r u n e l a rge u r d e 300 m . trois gra n d e s voies d e c o m m u n i c a ti o n , u n chemin d e fer e ntre u n gra n d fleuve ct u n e r o ute royalè d e p r emière class e . Le p ro m e n e u r q u i , après avoir marché quelques i ns t a nts s o u s l e s v e r t e s fro n d aisons d e l a M o n t a g n e de la Cour-de-France, atteignai t le p o n t d e s Bel l e s-Fo n t a i n e s , j o ui ssait à cet e n d roit d'une vue superb e . D e l à , i l p o u v a i t e mb ra s s e r p ar b e au temps · t ou t le p aysage de l a v a l l é e d e la S e i n e , et l 'œil p r e nait alors u n v i f p l a i s i r à se reposer s ur les p e n t e s m o l les d u v a s te pla­ teau où s ' é t a l a i e nt l e s d e r n i e r s b ouqu ets d e verd u r e d e l a fo rêt de S é n a r t . A sa gauch e , v i s-à-vis du chât e a u de Juvi sy, il aper­ cevait au d e l à d es m é a n dres du fleuve, c a m p é à l ' extré m i t é · , d e so n m a g n i fi que p a r c , l e chât e au d e D r a veil a p p a r t e nant a u · célèbre avocat D a lloz ; p u i s, face à lui, entre l e s m a s s e s b l an­ ches d es h am e a u x de Rouvr'cs et de M a i n v i l l e , la fer me royale des Berge r i e s , rest e d ' u n beau c h âteau d a n s leque l MM . Beau­ vais frères av a i e n t' f o n d é l e p l us important établi s s e m ent s é ri­ cico l e d u n o r a de l a F r a n ce , o ù d e n ombreux élèves s'instrui­ s a i e nt d an s l 'art d'élever la précieuse phalène de Chi n e . A sa droite , ac croché s u r l e flanc de l'éperon qu i s e d r ess a i t entre . S e i n e et Orge, c'était Viry , . b ie n c o n n u d e s gourme t s pour s es '

sager p o u r

(7) Sam's cette perm i s s i on , la Ci. aurait été obl igée de con struire pont en écharpe de s i x arches. (8) Id. , Vi (D I , Cha, }le) .

un


- 63 à 1 11 crème c t ren o m m e p O U l' s e s belles e a u x , son P i e d - d e-fer d ' A i gu e m o n t et c el u i de la Du chesse de Ragus e . . A ses pieds e n fi n , S O I1 a t t e nt i o n - était a t t i r é e p a r la nouvelle ligne de C h e m i n d e fer q u i , ét i n c e l a n t sous l es feux d u soleil, s'éte n d a i t S Ul' la rive g a u che d u fl eu v e comm e un long ruban san s fi n . Ce qUI fra ppai t s u r t o u t l e v o y a g e u r en abor d a n t l a p e t i t e ga r e , c ' ét a i t l a p a u vreté d e s e s i n s t a l l a t i on s : le receveur, l e vi eux M o n s i e ur Séj ou r n é , ava it tout sim p l e m ent p ris place d a n s la l o g e du c a n t o n n i e r d e Peti t-Ch âtil'l o n , preuve que l a Com p a­ gn i e s ' i n t é res sa i t m é d i o c r e nw n t à l 'ave n i r de la st a t i o n . from a g u

j a r d i n (f e

L ' EMB.\ R CADÈIŒ Grll v u )'e d e CHAMPIN.

DE

C HATIl.I"ON Ri b .

N a t . - Cab. de s Estampes.

E n 1 8 4 1 , e lle était p o urtant l a m e i l l eure du Chemin de Corbeil e t le personnel comp renait alors un receveur, M. Séjourné ( 9 ) , un garde-contrôleur, Prix Math ieu, et · l eI facte u r Mauge'. Le p r i x d u v oyage d e Pa ris à Chât i l l on revenai t respective­ m e n t à 1 fI'. 75, 1 fr. 40 et 1 fI'. 1 0 en 1 re, 2- et 3' dasses (10) ; et -les voy age urs trouvaient à l'arrivée d e s voitures d volonté - pou r Vi ry, Grign y , Savigny e t la val l ée d e l 'Orge. Du 20 sep-

(9) Son t-raitem.ent é t a it de 1 .2 0 0 fr. en 1.840. Le 9 Ja n v i er 1 8 4 1 , il e Conseil d'Administration d éc i d a i t que ce receveur a u ra i t 1 .500 fr. d e t.ra it eme n t : « C'est un emploi ,très dit,ficile et M. Séjo u rn é para it un peu dgé . Si M. Mulot, q u i es t aujo urd h u i a ttach é a u b u reau d e Paris à t i tre d'essai, fait pre u v e de capaci té, - on p o u rra i t l'en vo yer à Chdtillon e t M. Séjo urn é v iendra i t au bu,r eau de Paris. .. . ( lO) DU PLESSY (.Joseph) , Guide .. . des voyageurs s u r le C h emin de 1er de Paris à Orléans (Sect ion. de Corbeil), (P a ri s, E. Duverger. 1 8 4 1 , in-1 2 ° ) . Sur l a gra vure, l a station e s t vue du Moulin Berger ( d u nom de son propriéta ire) , s i t ué un peu en aval du po n t d'Antin ; au second plan, à gauche, la Montagme de la Cour-de-France et, à droite, le oloch er d'Athis s e s tom p a n t sur l 'h o rizo n. '


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64 ; -

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tembre . 1 840 au 31 mai 1 8 4 1 , l e mouvemen t dës v o y a ge ur s fut de 3 0 . 1 1 0 p erson n e s soit U n chi ffre moyen de 1 2 8 p a r j pu r ; c'est-à-dire que l a s t a t i o n d e C h â t ill o n venait p a r o r d r e d'im­ portance après P ar i s Corbeil et Choisy. Dans l'origine, f a i s ait remarquer l e nouveau Maire au Conse i l ,

,

d'Administration, j'avais seul c onfiance dans ses a vantages : mes instanc e s ont été d'ab ord faiblement entendues. VO ltS avez

par la suite commencé à soupçonner que j'avais raison, et une maisonnette a été c onstruite aUt receveur. Mais le pu blic n'avait auc un abri c ontre le vent, la pluie e t le soleil; J'insistai alors aupres de M. D elarue pour y o b vier, et une petite b arraq ue a été élevée . La pr o spérité de la station vous a paru tellem ent é vidente q lI e la b arra q lI e a été agrandie et c ou verte ... ( 1 1 ) . Ce furent là c epe n d an t les d erniers aménagem ents de la st ati o n de .C hâti l l o n qui, (lans l'esprit des actionn a i r e s d e la Co mpa g n ie , n 'était que provisoire e t était destinée à s'effacer

deux a n s plus ·t ard d e vant cel l e de J u visy ; c'est p our cette rai..: son d'ailleurs qu'elle ne -fut j amais c on s t ruite en maçonnerie, au gran d d é s esp o i r e t m a l gré les d é m arches i n cessantes d e M.

Francœhr.

LES

c

TRACASSERIES » DE VIR Y

. En s oi m ê m e , l 'établissement d ' u n e gare ne présente r ien de particu lier ; mail! ici, ce f a i t revêt u n e importan ce insQup­ çon n é e . e n raison d e l a courte existence de cet e m b a rcadère et du rôle ext r ê m e m en t act�f j o u é à cette occasion par le>epl1é­ -

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sentant d e l a Commun e . . Depuis le 23 j u i n - 1 839, date à ]aqueUè Jea n-Bap tist e D e n i � Fra n çoi s don nait s a d é m i ss i o n , les d e s ti l,l é e s de Yiry-ChâtiHon se t ro uv ai e n t entre l es mains de l'illu str e màthémat i c i e n Louis­ Benjamin Francœur. ElevE à la d i gn it é: de m e m b re de l'In s,titut ; il avait terminé s a carrière c o m m e inspe'cte lii:' de l'Univèrsité et s'était retiré d a n s la p etite mai son d e p l a i s a n c e qu'il p o s s é­ dait d a n s la l o c a l i t é , Aussitôt en fonctions, M. Fran cœur m e ttait s a gra n d e intel­ ligence au service de l a c o m m u nauté, fai s a n,;t preuve d ' u n e a ctivité débordante, comme en t ém o igne le volum i n e ux cour­ rier qu e nous a v o n s pu retrouver ; mais l e so uci d e n e léser en rien les intérêts d e l a Co m m un e l 'a m e n a à c om m e t t r e des e rreurs irrép arabl es, tout au m o i n s e n ce qui con c e rn e l 'ob j et d e notre étude. D ès 1 8 4 1 , u n e série de petits i n c idents, d é m e s u r ém e nt exagé­ rés et sout e n us avec a r d e u r de part et d 'autre, devait avoir p our résultat d e t e n d r e les rel ations e ntre Viry et la Compa­ gnie d'Orléans . . C'est d ' ab o r d , en m a i 1 84 1 , les plaintes du Maire auprès d e l'Ingénieur en ch ef, M. Jul l i e n , s u r l'état déplorable o ù s e trouve le passage sous l e p o n t au Peti t - Châtillon : « Des réclamations univ erse lles se sont éle vé e s contre l' é tat fâcheux de v iabilité de c e tonnelle, attendu q u e dans les' mauvais te ms, c e t te voie est to u t à fai t i m pr a ti c able l es eaux plu vial e s n ' y qyan t pa.� d éc o lIlement et les sable s dlI chemin s'y délay an t à une pro­ fondeur c onsidérable ( 1 2 ) . » L a C o m p agnie n e v o ulut s'Î1n.

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(1 1 ) Arch. S . N .C.F. , Vi (Dt , Ch8, p a) . (1 2) Arc h . Corn. de Viry, 1 D7 (N ° 62 - fo 45) .

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65 ri1:i s c e l' en r i e n d a n s c e lt e affaire, car son Cahier des charges n e . J' o b l ig ea it q u ' à l e x é c u t i on d'un p a ssage . à n i vea u le passage par de.ç.w us ayan t été l i b re m e n t e t vo lontairement exéc uté pour o b v ier autan t que pos � i b le aux lég e rs inconvénien ts que pré­ .sente t o ujours un passage à n i v e a u sllr une voie trè�� fré­ .quentée ( 1 3 ) . Cett e h is to i r e a l l a i t c o n n aître u n rebondiss.em e n t imp r é vu Voy ant q u e l a C o m pa g ni e n e vo u l a it p as, de toute justice, enten­ dre cette p l a i n te , M. F ra n cœ u r r e v i n t à la charge afin d'obtenir .cette foi s lIjIl e subvention . po ur la ré p ar at i o n des chemins par­ co uru s par l e s charrois du Chemin de f e r. En e ffe t , d è s j a nvi e r 1 84 1 , l a , Comp agn i e a v a i t e n t rep ri s l a e o n s t r u ct i o n d e l a lign,e p ri n c i p ale d e J u v isy à O rl é a n s c e qui . n écessitait u n t rans p o r t énorme de matériaux. T o us l e s s ab l es , reti rés ou de' l a S ei ne par un bateau dra­ ,gue ur, ou des «( fouil l e s » o uv e r t es sur le terroir de Juvisy, avaient été amen é s par 30 et 4 0 l om b ereau.x à 3, 4 et 5 chevaux et chargés d'env iron 2 0 0 0 kilogs vers V i lle m o i s s on afin d'y a c hever l e r a il -voi e ; l a rue du P e t it C h â till on et l a « r o ut e de S av i g n y » ( 1 4 ) , tellement b e ll e q u ' e ll e constituait une véritable p r om en a d e , se trouvaie n t t ot a l e me n t défoncées p ar les charrois. D 'autre p a r t , t outes l es p i erres me ul i è re s extraItes de la P l a i ne Haute d e V i r y et e m p l oyé es à la con s t ruc t i o n soit des baraques de c a n t o n n i e rs d e p u i s A b l o n , so i t e n core de s p ont s s u r l 'Orge �t des b â t i m e n t s d es receveurs, soi t enfin du passage so us l e rein b l a i d e l a M o n t a g n e d e l a Co u r- de Fra n ce n o n seulement­ n a vaie n t p a s a c q u it t é l e d ro it d e 1 fI'. 2 5 p a r m è t r e c u b e con­ senti par l e s ex plo i t a n ts d es carrières, mais , enco re avaient nii s eom pl èt em e n t h o r s d e s ervi ce la route de grande communicà­ tion n° 31 ( 1 5 ) . De p l us , de nombreux charrois d'autres maté­ r iaux : h o u i l l e s , fe rs, b ois de charp ente, rails, p i e rres de ta i l l e , e i m e nt s hy d r a u l i q u e s et a rbres tires des forêts sillonnaient sans arrêt l e s routes lloto iremen t sup erbe s de Viry-Châtillon . Tqllt qu e vos travaux n'ont e u p O U l' o bjet que les c onstrllJc­ l io n s sur Châtillo n , je n'ai pas m is un e bien ville arde u r d(ln.� m es ré c lam atiolls : les Q llUn t a ge s que Il OUS r e t ir on s de notre embarcadère, autant q ue le , dés ir d'entretenir avéc vous de.� r e lat i o n s bienveillan tes, arrêtaien t me.ç instances. Mais, deplli.� q u e n os ro u tes s o n i é c rasée.� p a r des charroi,ç qu o n e m p l o ie h o rs de ll o tre t errito ire, l a q ll e stion a c h a n gé de fac è. Dans cet état de choses, j'ai dû m ' adresser à M. le Préfet ql l i par sa let­ tre du. 2 7 n o v e m b re m 'ordonne de v o us me ttre en demeure d'exécuter l'art. 1 4 de la loi dll 28 mai 1 836 . S'il faul reco urir aux v o ie s ju diciaires,. c e s era p O lir m o i /ln ch agr i n r é e l d e voir que mes f on c t io n s m ' o b l i{l e n t à en t re r e n g l l erre avec V O llS ( 1 6 ) . Après a v o i r i nv i t é l e s M a i r e s des Co m mu n e s voisi n e s victi­ mes d e s m ê m e s i n c o n v é n i e n ts à JOI ndre l e urs p l aint e s à hl s ie n n e , M. Francœur e n était, d a ns cette l ettre adressée l e 1 2. d é ce m b r e 1 84 1 , rédu i t à envisager une ac�io n j u di ci aire p o n I:' o bt e n i r s ati s f a c t io n . La Compagnie, prête à s out e nir le p rocès, .

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( 1 3 ) Arch . S .N . C .F . , Vi (Di , Ch2, P i! � N ° 3) . (1 4) P a rta nt de la route roya l e N ° 7, cc ch e m i n . pas sait s u r le po'u t Godeau, suivait à l ' ex t é rieur l e s m a i s o ns du village p a r la rue de l a T o u r n ell e, pui s allait,. ,e n l i gne à peu près droite,. au pont su r l'Orge,. en côtoyant le parc de Savigny. . ( 1 5 ) 'Cette rou� e traversait Vi ry par la r u e J e a n - T h o m a s et montait l a côt e en d i I'ectioll' de. Fleury-M,érogis. ( 1 6 ) Arch . S .N .C . F . , VI (Di , Chi!, PI2 - N° 4:) .


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récusa it , rej e t a n t t o u t e l a res p o n s a b i l i t é des a g i ssemf:'ll ­ dél i c t u e u x s u r I('S l' n t r e p r e n e u r s cha rgés de l 'I'xécut i o n d e s t rav a ux (5) . ./ - Néanmoins, m a l gré la gravi té d o n n é e à c e t incident par ll' i n­ terve n t i o n préfectorale, l 'affa i r e - tourna court d'une ,façon i n atte n d ue et le d o s s i e l' c on s ti t u é resta l'n som m e i l à l a Mai rie­ pen d a n t p l u s i eurs a n n ées , Ce subit r e v i rement né coï n c i d a i t - il p a s a v e c d ' é t r a n ges r U ll1 l' u rs q u i c i r c u l a i e n t d a ns le p a ys lm s u j e t d e ce t t e p e t i t e gare d o nt l ' e x i st en c e , il ce m o m l' n t , parut s é r i eusem ent m e n a c é e ? Et s i c e r t u i n s p a rlaient d'une d im inu­ t i o n p robabl e d e s o n i m p o r t a nce , d'aucu n s n ' h és i t a i e n t pas il rép a n d r e l e' b r u i t q u e l e j o u r de sa sup pression é tait t o ut p ro­ c h e ! Or, d e v a n t dl' t e l s p r o p os qu i s'avéraie n t p l a us i bles et é t a i e n t m ê m e c o n f i r m é s p a r les t r a v a u x efl'e c t u és à .J uvisy , i l ne r e s t a i t p l us q u ' u n e s e u l e s o lu t i on : faire rapidement a m e n d e hono ra b l e afi n d ' e ff a c e l' l a m a u v a i s e impress i o n c a u s é e - p a re e s c h i e a n e s, sc

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LA GARE DE JUVISY A l o l's que les t r a v a u x se ' .p, o ursll i va i t· n t s u r t o u t e la l i gn e d ' O r l é a n s avec u n e act i v it é febrile, l'att e n t i o n des A d m i n i stra­

teurs d e l a Compagn i e se port a i t tout natu rel l em ent s u r l a « FOll l'ch e d l' J u v i sy » , e'cst-li-di r e· s u r l a b ifu r c a t i o n d es Che' m i n s d e fer d 'O r l é a n s et d e C orbeiL Comme l e s r u m e urs con t inuai e n t à circ u l e r a v e c p l u s d ' i n ­ sist a n c e q u e j a m a i s , M , F r a n c œ u r se c r u t ob l i gé d e ré c lamer dan s un intérêt ghléral c o n t r e u ne m e s u re qui p a r a i ssait i m m i­ nen t e , en m e t t a n t l' Il r e l i e f l a supériorité de l 'e m b a r c a d ère d e C h â t i llon s ur cel u i d e J u v i sy qui ne mèner a ll U�le part ,' « Si ie­

m ' e n rap p o r t e a ux bru its q u i c (J u r en t, 11 0l/S ave: l' intention de supprime r l es st a t i on s ci Châtillon pO Ul' le,� tran s po r t e r ci Ju visy. Ce ,� el'ait faire une chose dél'ai,�(Jllnable q l/ e de 110 US demant/er­ /ln e dispos ition c on t ra i re . al/x a l1 antage s de l10tre C o m p agn i e , e t pur conséquent auui ci c e w: du pu b l i c (2) , » Car, d ès oc to-­

bre 1 841 , des travaux étai e n t effect ivement entrepri s ' dans ce b ut il la fourche des d e u x voies p o u r l'établi ssement ({ ' u n e gal'e-

l'I d ' u n p a rc à bestiaux, . A p a r t i r de ce m oment et p e n d ant p l us de t rois ans, l e v ieux

s a Vll n t n e ce ssa d e harceler l a Compagnie et l es Autorités supérieures d 'u ll déluge de lettres qui,- t o u t e s , p résentai ent Juvisy S O U s un jour p a r t i cu l ièremen t somb r e , Q u elqu'un qui n'eût p o i n t con n u l e charme e t l a d o u ceur du pay s a ge .j uvisien d'alors en a u r a i t été à j u s t e titre effrayé :

« VOI/S r e g ar dez la station à l'em branchement c om m e néces­ s ai re , et je crois c e t t e o p in i o n erronnée " je .pen se que l'établis­ sement de l ' e m b a r c a d è re de Jlwisy est une conception m a l h e u ­ reuse pour v o u s - m êm e s , Est-ce une m e,� llre bien c o n ç u e que d 'e n vo y er le s gen s au milie u d' u n e plaine, ,mn,� un s e n t i e r qui y c o n du ise d i re c t e m e n t, sans Ul! abri pour eux et leurs bagage." en p r o ie aux ven b , li la pl u i e , pe u t - être au s o l e i l ? Il n ' y a, elt cet endroit, auc l/n o m b rag e , aUc un e maison où l ' o n pu isse se ret i re r avec les p a q u e ts que l'on apporteta ou r e c e v ra ; "n� solitude absolue sans moyen de s e ra fr a î c h i r ; le so ir, I/ ne crainte fo ndé e d'être v o l é ou attaqué; la montagne b arre le passage aux lieu:r 110isins, fait un o b s tac l e insurm o ntab le e t fo r c e les voya­ geurs li se dé v i e r ; ICl fa i b le p o p ulat i o n d e .Jll vi.ç y l I ' e s t pas IIne


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de la Seine est très difficile à établir et les m oyens de (,()lll111 1lnication font tellement défaut qu'aucune ' voitllre p l l b l i q u e 11e v o u dra venir les secourir! Bref, mille rai­ sons r e n den t lu station de Châtillon b ien préférable, car elle es t ' i n[l/l ime/lt m i el/x s i t u é e à cause de lu grande Route et de

retis o l�r(' e ; lu traversée

la

Seill c

(1 1 ) .

»

LA S TATION Gravun' de C H A M P I N .

DE

J U VISY Bib.

Nat.

-

Cab. des Es tam pes.

S i l e s a l l égat i o n s d e ;\1. Francœur é t a i e n t j us t ifiées d an s une c e rt ai n e m e s u r e , i l n 'e n rest a i t p a s moins vrai q u e d<:> m u l tip l es consi d é r a t i o n s m ot i v a ie n t ceUe su p p re s s i o n et faisa i e n t a p p a­ raître l a st a t i o n de Juvisy comme n é c e ss ai re, u tile et lu crative : 1 0 La t r è s gra n d e . p rox i m it é d e l a st ati o n d e Juv i s y p o u r Viry-Ch â t i l l o n n e r i s q u a i t p a s d e l é ser l e s habit a n t s de c e t t e l ocaJi t é ; e t l e s aménagem ents envisagés devaient r e n dre cette 5tation a u s s i f a c i l e m e n t a c c e s sibl e qu e celle d e C h â t i l l o n p ou r l es l o ca l i t é s d e s al e n t o u r s ( 1 7 ) . 2 ° L e s a i gu il l ages q u i é t a i e nt fort l'a r cs à c e t t e épo qu e , n'étaient p a s s a n s présen t e r quel ques d a n g<:>rs ; e t u n règlement recom m a n d a i t a u x m a c h i n i st e s d e r a l e n t i r !eur vites s e à 5 0 0 m. a u moins avan t d'arriver a u p o i n t d e croisenl e n t d e s d eux lign e s , d e t e l l e m a n i è r e que le c on vo i puisse être c ompl ète m en t arrêté si l es c i rconsta n c es l'exige a i e nt ( 1 8 ) . 3 0 Les convois devant obligatoirem en t ra l e n t ir à Juvis y , u n second arrê t s u r u n e aussi courte d i s t a n ce q u e celle d e Juvi sy à Chât i l l o n apportait un retard i n u t i l e su r l a voie : l e s arrêts ,

( 1 7 ) Id., Vl (Dl , ChS, P 16) . (18) Arch. Corn . de Juvisy, Règlem en t pour la police du Chem in de le,r de Paris à . Orléans (Art. 3) . La gravure repré sente .la station de Juvisy v u e du passage à n i veau de la Gra n de Rue ; à l'lI,rrière-plan , lin co nvoi se d i rige vers COI'b e M .


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-- 6 8 - m ul t i p l i és étai e n t a l un; u n gr o s i n c o n vé n i ent p o u r l e méclt­ · n i sme des l o como ti v es e t pour l a c é l é r i t é de l a m a r c h e ( 1 7 ) . . 4 " Il fall a i t e n fi n un moyen de communication s de Corbeil à la r o u t e d 'O rl é a n s , ct c e tte c orresp o n d a n c e n e p o uv a i t se fa i re qu'à J u v i sy . M. Fra n cœur, q u i ne v o u l a i t voi r d a n s J u v i s y qu' u n s i mple « d é p tit pour l a Hou l e d 'O rl é a n s » , u s a d e tous l es m oy e n s e n son p o u v o i r , s u p pli : w t e t m e n a ç a n t tour il tour, I,> 0 u r Caire­ échouer ce proJet : « Vo us «lIlleZ jamais rencontre dan s ma Commune allcunes de ( ' e.� tracassez'ies qu'on ne l I O I I S a pas épar­ gnées aille ur.� . l. a bien veillance la plus cOl/stan te a encouragtt votre ell l reprise. Quand vos rem b lais on t b arré les l'Iles de Cllôtillon, n O lis s o m m e s restés enferm és lm mo is entre la Se ine

.et vos tra vaux ; all c uw e plainte Il e IIO lls a été fai te, et le e o m­ m erc e du pori LI sO llffert .� arl.� réclam e r d'indemn ité .. . Et, c ' est après - c e .ç faits, Messie urs , que II O IlS lIene: slli/primer les .� ta­ t Z O Il.Ç li Châtillol/ ( 1 9 ) ! :-.

Et d 'opposer a u x a r gum e n t s m i s en avant par la Comp agnie une série d'obj c c li o n s ayant, c o m m e o n peut e n j uger, p lu s O lt m oi n s d e val e u r :

1 ) On o bjecte q ue si q uPlque' habitant de Corbeil veUlt aller . « Orléans, il fa ut lu i en donner les m o y ens. Mais ce sera u n s u r di:!' mNle pe ll t être qui sera dans ce cas, et ne pouvez' vo u s le faire aller ju.çql-fà A this, où il irait prendre les convois d'Or­ léans ( 1 1) ? 2) La llO ie du Chemill de fer tourne à Châtillon avec uu J'ayon qui n'a lJue 1 200 m è tres . Vous devez donc y diminlJ1er la vitess e , non seulement dans la crainte dl! � re s o rtir lett waggons d es rail.ç par l'effet de la forc e centnfuge, m ais aussi' pour ne pas user promptement votre matériel. 11 y a donc prudence et économie à ralentir la c o u rse : alors il n' e n c Olite pas plll.� d'y stationner. D'ailleurs ce .� erai t une cause de terreur puli l' b eaucoup de gens, s'ils vous voyaient diminuer la vit e sse sans cause apparen te ; . i ls cro iraient à des dangers q u i l es élo i­ gneraient de prendr e vos waggons; vous c onnaissez l'influe nce d'ull e panique, s i quelque Ittger acciden t venait à arriver dans celte partie de la route (20) ! 3) La station ne ralentit pas la marche cie Paris à Corb eil. lIn arrêt de 3 min lltes a b ien peu d'importanc e ; mais je .�O ll-. tiell.� qu'il est n u l. Pres q u e toUjours, l a vit e ss e actuelle, sans danger p o 111' les v oyageurs, o b lige les convuis à rester q uelq lles m in lltes çà e t là , puur y attendre l'heure du départ : ainsi c es 3 m in ll te s seront absorb é es Sllr la rou te entière ( 2 1) . M a i s l a Compagn i e n e p ou v a i t s 'arrêter à _ d e telles s u b t ili tés sa n s c o m p romettr e à la rois ses re sponsab i l i té s et s e s pro pres

i ntérêt s . P o u r être a gré a b l e il un foncti onnaire communal dont le c a ra c t è r e public et p r i v é m é r i tait toute s a c o n s i dération e t m ê m e s a s y m p a th i l' , el l e n e p o uvait s o n ge r à s 'accommoder­ d ' u n e situat i o n provisoire q u i ne serait qu e gêne dans l e fonc­ t i o n nement d u service d 'une d o u ble li g n e de Chem i n de fel' s e c r o i s a n t d a n s l e v o i s i n age de Châtillon ( 2 2 ) . . Quant li �f. Francœ u r , d e v a n t l a supp ress i o n p r é su m é e . de l a st a t i o n , c o n s é q u e n c e d i r e c t e de s p ro j e t s futurs d e la Co mpa­ gni e , i l s o n geait a m èrem e n t a u x m alheurs qu i allaient en r é s u l ­ t e r p o u r s a Commu n e : « Pauv r e Commun e ! Si tll avais lin ( 1 9 ) Arch . S . N . C . F ., V I ( D I , ChS, Pll) . (22) . . . P2t .

-

(2�)

. . . �. -

(2 1 ) ... pts.

-


- - 69 -

ma irl', p r i n c e et Jiail' de Franc e , ou /lll dép u t é min is tériel, 0 11 ne le t rai terai[ pas ain s i ; mais tll /l'as [i ollr défen.ç e ll r q ll' Iln faib le savan t : Tu n ' a s poi n t d ' a i l t' s , et tu v eu x vole r , r a m p e ! préfet, et /Ill m in is tI'e q / l i ne l I Q l/dront je /l'abandollnerai [0 p ar ti e qlle [()rs q l�'e llt' sera salis t'spoir de succès . En nwl trailanl WI pa!ls qui élait 1 0 llt déVOilé il votre C O lll p agll i e , e lle s'en es t fait un enn emi (Jlli n'est pas e n c o re sans p u issan c e . . . ( 2 3 ) ! » To ult'fois n O lis

a V O ]l S

1/]1

pas rlOlls la iss e r opprimer, et

CHA TILLON, STA TION D'ESSAI Il n ' é ta i t p a s d o u t eu x q u t' l a sta t i o n d e Ch :î t i l lon p e r d r a i t d e i m p ort a n c e quan d l e s e r v i c t' d e l a l i g n e d e P a ris à Orl l� a n s St'rait com pl è t e m e n t orga n i s é . Ma i s :\1. Fra n c œ u r c r o y a it a voi r p r o u v é q u ' e l le e n conser­ verait u n e assez n ot able p O U l' mériter sa c o n s e r v a t i o n ; et. comme les ra i s o n s S U I' l esqu e l l e s i l s' a p p u y a i t n e p o u v a i e n t avoir de val e ur q u 'a p l'ès U ll(.' « t'x p é r i e n c e » , il s o l l i c i t a de la bien veil­ l a n c e d l' l a C o m pag n ie l e m a i ntj p n d e l a station d e Châtil l o n il t i t r e d 'e s s a i a u côtl' dt' ./ u v i s\' : « Llli,ç se::: s u b s is ter 110 11'1' emb arcadère p e n d a n t (J llelque.ç nÎ ois, apN's que le c h e m i n d'Or-, l éans allJ'a été mis en activité ; et s'i[ Il e r é po n d pas il mes pro­ ll1e.� ses, s i en le c o m p a r an t uux p ro d u i t s de c e l u i de Juvisy, VOliS trO/wez q u ' i l Il e /Jous soit pas avantageux, alor,� ,w ppri­ J1l eZ le . Mais a t t e n d e z dll m o ins le rés u lta t de cette épremJe '(2 ) ! » Le d i m a n c h e 4 j u i n , l ' u n des convois n 'avait- i l p as amené 1 53 voyageurs à Châti l lon : « Vraiment, /Jo us v o u lez t u e r la pO ille aux œ ufs d'or! » Accéda nt à cette requète, 'M. Hu n è s , J ' li n . d e s D i r e cteurs, répon­ dit qu'un essa i serait tenté il p a r t i r d u 10 juin, d at e d e l'ouver­ t u rt' o ffi c i e l le de l a station d e Juvisy. afi n d e tran cher l a . S O I1

question.

Or, cet t e e x p é r i e n c e é t a i t l o i n d e s a t i sfaire l e s habitants d e Viry, c a r il a v a i t été accordé u n s e u l arrêt par j o u r et, q u i p l u s e s t , à u n e he ure p e u favorable : « Q u o i ! Vous mTêterez 4 fois à Ris, 3 fo is il Evry e t à A th!lS, q u i s o nt des statiollS de peu d'importance, et u n e s e ille fois à Châtillo n ! Il es t c lair que cette disposition do it a v o i r pour c Ollsé quence q u e (�hât i l l o n n e produira p a s s e s frais, e t q u e r essai lui ,� el'a défavOI:able. L' expé­ rienc e ? POlll' q u ' elle soit c on c l u ant e , qu'elle so it bien f ai t e ! C' est mon métier de faire des e xpèr i en c e s, e t i l m'esl i m p o s s i b le de rien voir q ui y ressem b le dans la mes lire ' q ue V O liS ave:: a d opt é e ( 1 9 ) . » De guerre l a s s e , l e Con se i l d 'A d m i n istrat i o n , d ésira n t offri r u n témoignagt' p t' r s o n n e l d e sa gr a t i t u d e et d l' son respect, finit par a c c o r de r u n p l u s gra n d n ombre d 'arrêts il part i r d u samedi 2 4 j ui n 1 84 3 , s o u s résel'\'e cepen d a n t q u e Châ t i l l on n e jouirait d e c e t t e favt' u r qllt' jusqu'à c e q u e les abords de la station de Juvisy aien t été complétés e t am éli o r é s : « Quant à l' av e n i r de ce t t e station, je Il e dois pas v o us dis.ç imlllCI', Monsieur Te Maire, qu'il y a p e u de chunce pour q u'elle soit mail/te nue, la c ourt e expérience q u e nous avons déja faite nous C Ol/firm an ! de pllIs e n plus dans n o tre opin ion (24 ) . »

(2 3) . . . PIO. - (2 4) . . . PH).

'


- 70 - -

LA SUPPRESSION DE L A STATION B i e n que l e s i n s ta l l a t i o n s de l a gare de Juvisy n e fuss ent pas encore p rê t e s , l e p re m i e r convoi de C h emi n de fer s'y éta i t arrêté l e 1 0 J u i n 1 843, à l ' occas i on d e l 'application d u service défi n i t i f d e l a l i g ne d ' O r l é a n s (25) . La Compagn i e a v a i t é l e v é a u carrefour des d eux voies une b a r a q u e p rovi s o i r e q u i fît rapidement p l a ce à un soli de bâti­ m e n t e n m a ç o n n e ri e , a u qu e l o n a c c é d a i t p a r d e u x che m i n s nouv e l l e m e n t c o n s t r u i t s : l e c h e m i n d e l a S t a t i o n ( H u c Hoche) e t l e c h e m i n d u B a c ( H u e d e D r a ve i l ) . A u s s i t ô t qu e l e s a b o r d s d e l a s t a t i o n furent m i s d a n s u n état d e bonne v i ab i l i t é . il a p p a ru t c l a i r e m e n t que le p rovisoire d e vait cesse r ; c ' e s t p o u r q u o i , par d é c i s i o n du C o n s e i l d 'A d m i n istra­ tion e n date du 1 4 f é v r i e r 1 8 H , l a sta t i o n dl' Châtillon é t a i t définit i v e m e n t · s u p p r i m é e , a i n si q u e c e l l e d'Ab l o n , à p artir d u ch a n ge m e n t d e s e r v i e t' p o u r l ' été d e l a m ê m e a n n ée ( 1 or avril 1844) ( 1 7 ) . M a l grl' t o u t , M . F r a n c œ u r n e p o u v a i t s ' i m a g i n e r q ue le M i n i s­ tre d e s T r a v a u x P u b l i c s a i t p u a u t o r i ser l ' e x é c u t I o n de cet t e d é c i s i o n s a n s c o n s u l t e r l e s a u to r i t é s c o m p é t e n t e s . D ' a i l l eurs, l e So u s-P r é f e t de C orb e i l , p re n a n t fait et ca us e p o u r l a Comm u n e d e V i r y , f a i s a i t r e m a r q u e r à l a C o m p a g n i e l e 1 8 avri l 1844 que l a r é c l a m a t i o n du M a i re p a r a i s s a i t j u s t e et f o n d é e : « Je ne saurais donc trop insister pres de V OliS, Me s � i e urs, p O li r q u ' e lle so·f t pri s e e n c o n,s idéra t i u n et q ue c e t te s t ati o n s o i t J'iétab lie c o m m e all trelois ( :! {i l . » . A v e c ll ll en t ê t e me n t e x t r a ord i n a i r e ; M. F r a n c œ u r e x p l i qu a i t à q u i v o u l a i t j ' e n t e n dre qu ' il n e p o u v a i t é l ev e r s o n i ntellig·en c e j u s q u ' à c o m p re n d re q ue l a C o m p a g n i e n e p û t p artager l e s a rrêts par m o i t i é en tre l e s d e u x st a t i o n s . Quant aux frais, il démon- , t r ai t q u e l a s t a t i o n d e Châ t i ll o n n 'é t a it p o i n t o n é r e u s e il l a C o m p a g n i e : « O n [J a y e à Châtillon 5 , 1 0 e t 1 5 ce nti m e s de plus q u'à J u v isy. Les s e c o n de s p lac e s s o n t l es pills n o m b re uses, et 10 c e n times est le t e r m e q lle je prends : c'est la m o y e nne des 3 pr i x. A ins i , lin v oyage ur paye 1 0 c entimes de m o ins à Juvisy. S' i l prend les c o n v o is de Châtillon , qll'il y a it 3 arrèt.� le matin e t 3 l e s o ir, c'es t 6,0 c e ntim e s par jo ur, et 18 fran c s par m o is q ue gagnera la C h' par v o yag e u r en rétab lissant la station . Mais c e n' es t p as lIl! s e u l v oyage ur q u i v e u t arrête r li Châtillon : c ' est 1 0 , 15, 2 0 et plus ! L o rs q u e n a oût, 7 b re et S o re dun i e rs il y avait c on C llrrenc e en tre l es de ux stations, on cr trouvé, en moy enne, e n v i r o n 60 fr. de rece ttes par j Ollr li Châtillo n, ou de 1 5 à 1 8 cent fran cs p al' mois; ainsi, Cil c o mp ­ ta n t la r e c e t le de Paris, c' est donc de 3 0 0 0 à 3 6 0 0 fI'. de recet t e to tale. Un m o is , m ê m e 20 jo urs, p ay e mien t les dépenses de la station dans l'année entiere ( 2 1 ) . » Cc c a l c ul a v a i t p o u r but d e faire a p p a raître que la s t ati o n é t a i t l argeme n t d é fray ée p a r cette somme , c ' e s t-à-d i re q u e l e s i ntérêts d e l a C o m p a g n i e n 'é t a i e n t p a s comp r o m i s : « E t si mes c alc uls V()IIS sem blent hypo t hé ti q u e s proposez-mo i de vous a ll o ue r un.e indemnité et .­ p r o b ab le m e n t IIn e s o u s criptio n /J o lon taire ; o n peut aussi n'éta.

'

,

(2 5,) L ' i n auguration

de

la

ligne

de

Paris

2 mai 1 843 e t l'ouverture l e 4 . (26) Arch. S.N.C.F. , Vi ( D l , Ch8, pro) .

à

Orléans

eut

l ieu

le


- 71 b lil' la s t at io n q u e depuis m ai jus q u 'en 9bre p O lir ell diminuer 111 dépense ( 2 7 ) ! :. Mai s la Compagnie a v a i t d é j à prouvé par des con cess i ons tem p o rai r e s combien elle étai t animée de bonne volonté. Main­ tt'nant, c e temps était révo l u , d'autant pll1s que cette mesure n 'ét a i t pas s p é c i fi queme n t d i r i gé e contre la Commune d e Viry­ C h â t i llo n : les c o n si d é r a t i o n s qu i l ' a v a i e n t d é t e r m i n ée étant t i rées d e s b es o i n s généraux du s e rvice, il l u i parut i m p os s i bl e d ' a c c u ei l l i r la p r opo s i t i o n de sousc I'Ï p l i on pour c o u v r i r les fra i s d e l a s t at i o n ( 2 8 ) . E l l e é p r o u v a i t d 'a b o r d l e r egret de n ' ê t r'e p o i n t d 'a c c o r d avec M. F r a n c œu r s u r se s c h i ffres, et p u i s , à qu o i bon d i scuter, puisque Chât i l l o n n ' a v a i t été d è s le début qu'nne sol u t i o n pr o v i s o i re : « No us l' I l a vi o n s depui.� long te mp s pré v e ll l l M. Fran C Œ u r q u i flO US rendra d l � m o i lls cette justice q u e IH J lIs n'allO l/s p a s agi jJar surprise Il son égard ( 2 2 ) . »

LA

REPRISE DES HOSTILITÉS

C o mp re n a n t e il J i n q u e la d é c is i o n était irrévocable, :\1. Fran­ t'Œur Il 'e u t d ' a u t r e ressource q u e d e sort i r l e s dossi ers q u i traî­ naient depuis p lus de d e u x a ns d a n s l e s armoires d e l a Mairie, afin d e r é c l a m e r à n o uv e a u l a f a m e u s e i n d e m nité pour l a r é p a ­

r a t i on des c h e mi ns v i c i n aux. L'aut o risation d e fa i re une e n quête il c c s u je t l ui avait été don n é e p a r l ' A d m i n i stration s u p é r i e u r e d è s l a fi n d e 1 842 : « Màis m ' étant m i s en ré d amation près de la C i ,' p o ur en obte­ n i r des stat ions, e t ens u i te des heu,res pl/ls favora b les q u e c e lles q /l' elle avait fixées p o u r les arr ê t s j'ai enc ore a tt en d u ; e t lors q ue j' ai r e ç u ell j u i l l e t des pre lives, par I/ne m e i l l e u r e dis­ trib ution, de t o u t e la b i ell veillan c e de ces Messie llrs , c e n' é tait pliS le m o m e n t de les irriter, en é levan t des pré t entions con tre e u:r (29) . » La repri se l I t' ces griefs é t a i t en fait l e corolla i re d e s d o l é a n ­ t�es au sujet de la s u p p r essi o n de la s t a t i o n N o n content de d e m a n d e r la s ubve n t ion p a r v o i è de j u sti ce, le Maire p o r t a i t p l a i n t e c o ntre la C o m p a gn i e p o u r l'état déplorable dans l e quel e Ue , avait laissé l e s « C o u i l l e s » dt' s ab le ouvertes d a ns la p lai n e d e Juvisy . En effet , ces m a r a i s sans écouleme n t , creusés d a n s l a f o ur c h e d e s deux v o i e s , n'étaient séparés d e s maisons d e Châtillon que p a r la l argeur d ' u n che m i n v i c i n al : « I l en résl/lte deux effet.� funestes ; l' u n que l'air du pays peut être vicié, ce qui produirait de.� fièvres automnales lo rs que le s végétaux, les ins ec t e s et autres an im a ux entre raient en p u tréfaction ; l'autre q ue les maisons de Châtillon perdraient leur oaleur ( 1 ) . ,Juvisy n e n peut pas souffrir ; il.� ont bien d a ntre s marais ; mais un sol m on t ue ux b alayé par le v ent du n ord, l'end les effe ts nuls ; nous, à C hâtillon, IHJ/tS s o m m es im médiatement en contact avec lJOS flaques d e au (30) ! » Et brandissant le spectre du procès, M. F r a n c œu r e n profi­ t a i t u n e d e r n i ère f o i s pour proposer u n marché à la C o m p a ­ gnie : « Je m 'engage à ne rien réclamer c ontr e vo us à ce suje t, si vou.� rendez ail pays la s t at i on de C hâtillon (3 1 ) . � Or, le fait d e c o n se n ti r à su p p o rt e r pare i ll e servitu d e sous cette condi­ u n e preuve que ces marais t i o n était, pour la C o mp a g n i e n'étaie nt pas aussi dangereux q u 'o n le p r éte n d ai t A quoi l e ,

.

_

'

'

,

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.

( 2 7)

..

.P 22 .

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...

P24,

(29)

..

. pm.

(30)

.

. .P 26 .

(3 1 )

...

m.


- 72 Maire

répliquait : « Les servitudes sont des c onc essions· m utuelles que presque toujo urs on fa i t sur ses droits. VOUSI voulez, par exemp le, faire traverser mon terrain par une con­ duite d'eau ; j y c onsens, malgré la gêne que j'en éprouve et la dépréc iation de m On b ie n si vous consentez à me donner de l'ea u en p a ss an t Ici, c'est la même chose. Je vellJr vendre ma maison de pla is an c e , et vous m'enlevez un e partie des acqué­ reurs qui, à tort ou à raison, po urront craindre les m iasmes de vos marais ; VO liS dim inuez donc la valellr de mon immeu­ ble (32) ! » '

,

.

LE PASSAGE D'EA U DE JUVISY Cette fois, l 'absence d e réponse fit ressortir que l a trève était belle et b i e n rompue et que l a Comp a g n ie n e r ev i e n d r a i t j amais p l u s sur une d é c is i o n qu'elle considéra it désormais c omme Irrévocable . Contrairement a u x allégat i o n s a n térieures d e M. Fra n c œur, l e p u b l i c n e m a n i festait aucune h o s t i l i t é contre le changeme n t app orté par l a Comp agn i e et s'accommodait fort bien d u n ouvel emplacement, aussi agréable .et avantageux que celui 'de Châtillon. D e sorte qu'en fi n d e compte, la Commune d e Vi ry a v a i t perdu, peut-è t re u n p e u par sa faute, u ne p arti e des avantages qu' e l l e avait c ru d e v o i r retirer d u Chemin de fer. Non seule­ m e n t on ne parlai t p l u s d e l a station, m a i s e n c o re l e s p o u r­ suit es e n gagées rest aie n t lettre morte. Q u a n t au p e t it h a m e a u de C h â t i l l o n , i l avait l u i aussi perd u u n e grosse s o u r c e d e p rofi t et de pros p é r i t é : « Deux restauran ts s'y sont établis

ains i qIF-un c a b ar e t; des construc tions se sont faites, des loca­ tions ; el t o ut à c o up t out c h ange , le s e n tre prises sont ruinées, les locations annlI:lé es ; q uatre au b e rg es anciennement prospères n'ont p l us de voyageurs (30) . » ,

Un seul aubergi ste, M . D u m o n t , avai t vite compris l o u t le bénéfi c e qu'il p o uv ait retirer de l a position nouvell e de la station à J u v i sy : ven d a n t s o n a ub erge de Châti llon e t délais­ sant l e p a s s a ge d ' c a u d o n t i l était le fermier, il venait d e faire c o n s tr u i r e non loin d e l a gare, a u coin d e l a rue d u Bac, une aub e rge t o u t e n e u v e , l a s e u l e maison exist a n t al ors à Juvisy s u r l e s b o r d s de l a S e i n e . Payant d'audace , il ouvrait i l l éga l e ­ m e n t u n p ass age d ' e a n à cet e n droit, ce qui l u i valut d e subir, s a n s aucun r é s u l t a t d ' a i l l e u r s , les foudres d e l a C o m m u n e d e Vi ry. Celle-ci avait re cueil l i e n effe t d e n ombreuses p r e uves des men ée s de Dumont p o ur atUrer la m arine d a n s son a u b e rge de J u v i sy, consis t a nt n o t a m m e n t à laisser le pass e-ch eval se dé t ér io r e r, à lasser la patience des p e rs o nn es qui vo ul aien t traverser la Seine à Châ ti ll o n , fI. refuser de conduire au bateall à v ap e u r en reIlvoyan t au passage de .Juvisy, à demander la' b i enve il lanc e des m arins qui avaient fr é q u e n té S O Il cabaret de Châtillon, en discréditant celui d e SOIl s u c c essel1J' (33 ) . » Pouvai t-on d o u t e r d e l' u til ité d u p assage d ' e au d e Châtillon o ù la berge était élevée, à l 'abri d es gran de s e a u x ct où le cours de l a Sei n e , par la forme .du r i vage, l a i s s a i t l e s b a t e a u x e n sûreté ? : « Il est imposs ib le de tr o ll v e r une au t re utilité au pa ssage de l'eall fI. .Ju v isy que d a b ré ge r d ' /l;n quart d'h eul'C la .

'

(32) . .. P28. (33) A rch. C o rn . d e V i ry, 1 Di (N° 98

-

fo 76) .


-

73 -

rout e q u i condl/it la moitié cJes habitaIits de Dravei l au débar­ c a dère de Juvis y ; et s i l'on dirige la rOI/te d e fer de Lyon su,.. la rive droi t e de la Seine, c om m e on en a le p roj et , Draveil ser a i t desservi par cette voie q u i rendrait complètem en t le p as ­ sage d'eau à J u v isy sup e rf l u d'ici à d e ux ans (33). » Pouvait-o n s u r des m otif s aussi lé g ers comprom ettre l ' exis­ tence de C h â till o n ? L a supp ressi o n de l a sta t i o n avai t déj à., e n part i e , ren d u l e p a ys m a l h e u re u x ; faut-il en a c h e ve r la ruine ?

CONCLUSION A i nsi, p e n d a n t les quelques a n n é e s qu' i l avait c o n s a c rées à défendre l e s i n t érêts d e la C o m m u n e d e V i ry-Chât i l l o n , M. Fran­ c œur a va it connu d e n ombreux déboire s . I l e n v e n a i t à sc rep r o c her de s 'être l a i s s é a Uer, d e concession s en c o n c essions. li céder s u r t o u s l e s p oin ts a v e c l a Compagn i e et d e n e pas a v o i r fa i t des conditions avec ell e . Il n 'é t a it p a s j u s q u ' au x h abitants de l a localité qui i m p ut ai e n t ù tort les r a i s o n s de cet i nsuccès à la nonchalanc e de l e ur :\faire . a l o r s q u e c e l u i - c i av a it fai t preu v e au cont raire d ' u n e v i gueur e t d ' u n e ténacité san s p a re i l l es : « Maintenant, je s u i s ac cablé par les p laintes générales. On me dit : le s Comm unes de Savi­ gny et de Jll vis !} , a in s i que les ch e fs d' lIsine, avaien t ra is on d� p enser q u ' il ne fallai t rien concéder à l' é go ïs m e , e t vous avez agi avec trop de bonhommie, vous l'ep osan t sur lIne fauss e e t tromp ez.se séc urité de promesses d' a v an t ages pOlir la Commune, ses p roprié t és , so n p u b lic et son indll.� trie, répété es s ll r tOIlS les tOl/S et en divers lems. Il fallait vuir les C om pagn ie s ce qll' elles sont, avhtes e t despotiques dan s l e u rs r é s o lu tions , et fair e CI<)S

l'Ol/ ditiol/S par écrit (34 ) .

»

Ce rtes, d ' a u cu n s v a n t a i e n t avec r a i s o n l e s a v a n t a ges d Li C h e ­ m i n de fer ct n o u s avon s v u , dans cet ordr e ' d ' i d é e s , commen t cert a i n s p a y s , p l u s f a vo r a b lement t r a i t é s , r e n d a i e n t grâce il. l a C ompagn i e d ' a v oir c o m p r i s que s o n p r em i er i ntérêt , c o m m e s o n p r em ier d e v o i r , é t a i t d e vivifier le s l o calités qu'elle t r a ­ v e r s a it . M a i s , q u i n ' e n t e n d q u ' u ne cloche, n 'e n t e n d q u ' u n s o n ! Et m a lheure u s e m e n t , la C omm u n e de Viry é t ai t l o i n d e p a rtager cl'tt e o p i n i o n : elle s av a i t t rop à quoi s'e n t e n i r s ur une Com­ p a gn i e qui l 'a v a i t honte llsemen t t r om p ée et elle en é t a i t a r r i v é e d e ce fa i t à Il e voi r d a ns le C h e m i n d e fer que l e s i n c o n v é n i e n ts m ultip l e s qui en r é s u l t a i e n t : campagn e c o u p é e p a r l a voie au d é t r i m e nt d e s p l aisirs c h a m p ê tres, att e i n t e s p ortées a u droit de p r o p r i é t é p a r l es expropriations, r u i n e et abandon des v i l­ l ag e s qui n ' é t a i e n t p as desser v i s , imp o ss i b i l i t é e nfin d ' é le v e r

u n e c o n c u rr e n c l' . Tout cela étai t sacrifié al/X voyages rapides

des autres pays !

Q u a n t a u v i e u x M a i r e -c-- i l avait a l ors 71 a n s -, i l n e cessa d 'espére r j u s q u ' à sa m o r t , s u r v e n u e e n 1 849, que l'on r ev i e n ­ d rait s u r cett e mes ur e qui n 'était fon d é e , à son a v i s , s u r au c u n p r i n c i p e u t i l e e t q u ' o n n e p o u v a i t raiso n n ab l e m e n t d é f e n d r e­ ' qu e n d isant :

Hoc

!l o fo ,

sic j/lbeo, sil pro r a tioll e

vol llnl as !

L. BRU NEI ..

(34 ) Arch .

S . �.C.F .. VI (Dl, CliS, Pt7) . La locution latine de la conclusion- se cite en parlant d'une volonté arbitraire : J e le veux. je l'ordon n e , que ma I>olon f é tien n e lieu de raison !


LE P I LO R I D E J UV I SY Le 1 :1 l Il a i 1 7 4 1 , Mes s i re M ic h e l Coup art d e la B l o t e r ie , Ecu y e r , (: o ns ei ll er Secr(' laire d u H o y , m a I so n c o u r o n n e d e Fra n c e et d e ses fi n a nces, su c c é d a i t ù ' Monseign e u r l e Mar Q,u i s L o u i s de Bran c a s d a n s l a di gn ité d e S e ign e u r huult Ju s t ic i e r . du b o u rg . de .Juvi sy-sur-Orge. Aussi t ô t en p os s e ssi o n de son d om a i ne , le nou ve au Seigneur s ' e mpr es s a de r a p p e l er à s e s ju stic i able s les droits que lui .confé r a i t ceUe c h a rge ; précaut i o n d 'autant pl us n é c e s s a i re que, de 1 73 1 à 1 73 7 , l es p aroissi e n s avaie n t vu s'affronter a vec fo u gu e l e s deux d e gr é s de J u ri d i c ti o n qui p r é s i d a ie n t alors aux d e s t i n é e s d u v i l l age , chacune d ' ell es pr éte n d a nt y f a i re exercer . l a p o l ic e par ses O ffi c i e rs . C 'est p o u rquoi s o n premier soi n fut Il e f a i n' r e m p l ac er l e v ie u x pi l o r i qui , p r ê t à t o m b e r de vétusté, s e d r e ssa i t dans la p la c e p u b lique, aUl carrefo ur de la Grande 14ü e (Grande R u e ) e t dl' c e lle a lla n t à l'Eglise (Rue d u Doc­ teur-Vi ll ot) . Cet a p p a r e i l , que l e s se u l s Seigneurs hauts Justiciers avai ent le droi t d 'é le v e ,' , c o ns i s t a it e n llll po teau a u q ue l estait attaché II ne chaisne avec llll c a r c a n p o u r y fixer les malfaicteu.rs q lli JI s eroien t c o n damnh p O l/r l ' e.re m p le jJl/blicq. Le pot e a u , anciennement p la n t é à la d il igen c e dll Président Rossign o l ( l ) co m m e estant Illl droit s e ign e ll r i a l dép e n dan t de la h a u t e justic e , e s l o i t to l a l e m e n t pourry dans son pied, et n o t a m m e n t all réz de c h(llI s sée d/1 p a vé , ne tenant pr e s q u e a r ie n , et c a pa b l e de c al/ s e l' q llelque acciden t funeste par s� (' hl/te, s u r t 0 ut les jours de m a rc h e : q l / i se t i e nn e n t régll lièrt> · m e n t t()U,� les vendred ïs de c h aq u e s e m a ine , au p O Ul'toll r dd dit p o teau e t de la f o n t a in e p l l b liqll e qui est t0l4t pro c h e . Aussi , Jfondit Sieur C O llpart de la R lo t e ri e se vit-il J a n s l'obli gati o n de don 1 1 e r ses ordres J L o ü is D e m an g e o n , maître charp e n t i e r de m e u l'Un t il G rign i, de faire /ln nouvea/l p o t e a u ,de b o is de ch e sne p O lir r e m p l a c e r l ' a n c i e n qui fut abattu le d i m anc h e 1 2 nov e m b ,' e 'I 7 4 1 il caWie de ,�(J caducité.

Deux j ours a p r è s , le mard i 1 4 novembre, à neuf h eur c� d u m a ti n , l ' ani m a t i o n r è g n e d a ns l e pe t i t b o ur g d e Juvisy, car l e n ou ve a u p otea u , lait dans l a fo rme, fig u re , gross e ur e t haulteur d e l'an cien, vi e n t d' e s t r e conduit tout pr é s e n t e m e n t dans lln e

chare tte attelé e de deux c h evaux par t r o is cOl1lpagnon.� ouvriers du di t De mange o n , p O U l' le p la n l er a u lien et p lace d e l ' an c ie n . Tous l e s Offi c i e r s de la haute JustÏce son t p r é se n ts : à l ' a n­ n once d e l ' arri v é e de l a c h arrette, i l s ont q u itté en g ran d e p omp e la s a ll e d e 1' .4 /1dito ire d e l a Pr é v o s lé e t h a ll l t e ./ustice, s i s e d a n s l e c h ât e a u , p o u r se t r an s p o rte r s u r l a p l ac e publique. Dn remarque. a u p rem i e r p l a n , M e s s i r e Jean-Bap tiste Bertra n d , a n ci e n Procureur a u P a r l e m e n t d e P a r i s , Prévost c i v il, crimi­ n e l , de v o irie et grurie de la p r é v o s té e t hmllte j u s t ic e du bOllrg de JUlJisy, a c c o m p a g n é de J e a n-B a p t ist e Duval, Procureur fisc a l et de .J ea n -Ba p t i st e L o s m e d e d e Lar i v i è re , Gr effi e r.

,

( 1 ) M e s s ire

et par le �ortes de

Ant oine

Ross ignol, si re commandable par son

secret si estim é lettre s , fut, de

Seigneur h aut

Justicier

1 674

de Juvisy .

à décembre 1 682,

le

m é rite

toutes prem ier

q u ' i l avait t r o u v é pour déch iffre r

jumet


-- 75 -

Estant arrivé au dit lieu, le repré s e n t a n t du Seignem lit son Ordonnance verbale par laque l le i l fait s a v o i r qu'il est 4: cy prés en t po ur, en Nô tre présence e t d e Notre ordre, ordonne" le p la n tage du n O lljveau p o t e au » . D e n o m b reux habitants, tan t d e l'un q u e d e l'autre sexe, s o n t att r o u p é s près de l a fontai n e et s u i v e n t s a n s mot dire et avec r e s p e c t les m a n œ uvre s su cces-­ sives de l 'o p ération . C'est d ' abol' d le charp e n t i e r D e m a n g e o n qu i a m è n e le p il ori e t le d i s p o s e d an s le même t r ou où il est a it, ail d e ssous et p r o c h e la c r o ix, avec t o ut e l a sol l i d ité p os s i b l e p O li r em p es c h er qu'il n e t o m b e o u, q u'il ne soit re nvers é . P u i s, c 'est au t o u r d e Mi chel R e n a u d , maître serrurier du bourg, qui a t t a che la m ê m e c h a i s n e de fer garnie de son carcall q u i e s t o i t il l ' a n c ien po t e a ll pO li r s e rvir dans le s cas q u i seront n é c es sair e s Les curieux n e p e u v e n t s'empêcher d ' ap p rocher l orsque l'ar­ t i s a n ap p l i q ll e et cloüe dans lin tablea ll cre l l s é dans l' Il n e des q l l atre fa c e s du p ot ea l1; rega r d a n t du costé qui fai t face il la (; r an d e R il e q ui m o n t e à l'an cienn e M o n tagne ( R u e Gam1iUe­ F l a m m a r i o n ) , II n e f e üi[[e de f e r blanc s u r laq uelle sont p e i n te s a v e c m i n ut ie le s arm es du Sie ur C o u p a r t et de Dame M.ur i e Thérèse Boilillard, s on ép ollse; et il s a d m i r e n t a v e c i n t érêt l e s deux petits é c u ss o n s , l ' u n : D ' A Z U R A U L I O N D ' A R G E N T R E MPANT s o u s DEUX ÉPÉES D 'ARGENT PASS ÉES E N S A U T O I R , A U CHEF D E G U E U J,LES CHARGÉ DE T R O I S É T O I L L E S n ' AR G E N T RAN GÉES, qui sont l e s armes d u Seigneur, e t l 'autre : D E G U E U LLES A U N E ÉT OILLE D ' A R G E I\ T P O S É E EN A n I S ME, qui s o n t l e s arm e s de :\l a d a l l l e son épouse. ,

.

,

Mais l a c e r e mo n i e t o u c he déjà à sa fin ; et, p e n dant que les Juvisiens eQ.tourent le pilori pour l'exam i n e r d a n s ses m o i n d res. détails, le greffier dresse u n procès-verba l de tout ce qui vie nt de s e passer, pOUl' s er v ir e t va lo ir eu tem.� e t lie ux, et d an s tous les cas o u les dits S i e ur e l D a m e C O l1]Jar t de la Bl o l e r ie e t leu.rs s u c c e s s e ll rs S e igll e u rs hau lt Jus ticiers de ce b o u rg de' Juvisy, p o u v r oi e n t ell avoir b esoin p O lir s ou t e n ir le ur.ç dr o i t s de S e ign e u rs hall li Justiciers. Ce document , - cons ervé préci e u s e m e n t a u x Archives Dép ar­ tem entales, nous a perm i s d e retracer c e s quelques not e s d'his­ t o i re l ocale sur l e pilori d u vieu x Juvisy. R. SIM O N . ,

G r i m o d d e l a Reyn ièr e (Se igneur de Villie rs-sur-Orge ) , qui fut aussi gra n d philosoph e que p arfait gast ronom e , aimait à répéter cet axiome : 4: Po ur beaucoup de gens, un estomac a­ to u te éprell ve est le p rinc ip e du bonhellr; e t chez t o u s les hom­

ce viscère influe plus q u o n ne c roit sur l e s act e s de la vie . » Nous pouvons mêm e ajouter, a p rès cet homme illustre, que­ l'épreuve de la fa im n 'est pas l a m o i n dre qu'un estomac b i e n éduqué d o i ve savoir a l l égrement supporter. mes

'


LES C H ASSES ROYALES ET SE I GNEUR I ALES ET LES PAYSANS DANS LE SU D DE PARIS

(Suite

et fin

(l )

Les Hois de F m n c e e n t e n d a i e n t J;l our t a n t restre i n d re le d roi t de c h a s s e sur l es terres e n s e ll l e n c e e s , deplli.� q u e le blé c o m ­ m e n c e il' être en t ll i a u jllS q U ' Ù c e que la m o iss o n s o i t fa îte e tl da ns fes virln es depl/ü q u ' e lles c o mm e n c e n t d'être en b O llrgeons jusqu'à la v e n dan ge ( 2 ) . Et l a raison offi cielle ét ait que le 'blé en tuiau estant une fois acca b lé, lI e rsé e t rompll, ne se relev a i t p l u s. Ma i s l e s rapports d e llI es si a ge atteste n t t r o p s o u vent de l ' i n effi c a c i t é d e c e s m es u r e s . C'est a i n s i qu'en a06t 1 75 5 , un journal i er d e Juyisy d u t c es s e r d e fa u c h e r une p i è c e d'orge étan t im poss ib le de (' onfin /l e r le fQl�chage, laqu ell e pièce d'orge il a voulu soyer, c e q u 'il a fait ave c b ea uc o up de mal attend/l q ue l'orge se troll Ile tr o p i(/n é e t tracé de s ch iens de chasse. D ' a i l l e urs, l es g a r d e s ne se fai saient p o i n t d e scrupules d'aller ave c leurs ch iens e t m o n tés sur leurs chevaux a ux travers des gr a in s e t vign e .� , s o m pre t e x te de d i r e ql�'ils v o nt de la part de Je u r C a p itain e ou de l 'Ins p e c t eu r p o u r !J prendre c o n n a issan c e d e l a produ c t i o n d e l e ll r gibier.

LES PAYSANS ET LE DROIT DE CHASSE Com l I I e les a n i m a u x s a u vages n ' a p p a r t ie n n e n t il person n e , on p o urrait soute n i r qu e l a chasse est permis e il tous l es h o m ­ mes p a r l e droit n a t u r e l . Cep en d a n t , l e s Rois s e s o n t toujo u rs att ribués en France le droit d'en ordon n e r ; e t c 'est d a n s ce s ens que J ' O r d o n n a n c e d e 1 66 9 fait défe ns e il to us le s r o t ll ri e rs , de qllelque é tat e t qualité q ll ' il s soient, nOn possédans Fiefs et Ha u t e Justice, de chasSer sous p e i n e d 'ame n de ou de b annis­

sement. Les paysan s n ' a \'aie n t d o n c p a s l e d r o i t de chasser , e t p o u r être convaincu de cett e vérité il fallait supp os e r l e pJ,'incipe é t a b l i p a r j ' ap ô tre S a i nt Paul d a n s so n Ep Ure aux Romains : « Tout h o m m e d o i t être soumis aux p u i s s a n c e s s upérieures · p a r c e qu'i l n 'est a u c u n e p uissanc e sur l a terre qui ne vienne d e Dieu et qu'on ne peut y résister s a n s désobéir à l ' o r d r e qui a été établi parm i le s hommes. » O r , les p r i n c es d é f e n dant la chasse à tous l es roturiers, i l e n d é c o u l a it l o gi qu e m e n t que c e s d e r n i e rs é ta i e n t obligés en c ons c ience d'o béir à l e l l rs justes

'Ordonnances.

He n ri III, d a n s s on O r d o n n a n ce du 10 décembre 1 587, a re n d u p ub li q ues quel ques-u n e s des raiso n s de cette défe n s e , d o n t les pri n c ipales s o n t : 1 0 q ue les p ais a n s abandonnent leur travail

(1) Voir Bull e t in � o 1, page 1 2 : - (2) Lire dans le Bulle tin N° 2 le para!(raphe sur l e s Ordonnances royales (page 2 7 ) .


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pO Ul' chasser ; 2 " q u ' i ls dép eu pl ent le païs de gib ier ; et :l a que lu lib erté q u ' i ls auroÎent de porter des armes le.� rendraient lib ertins o u v agab ond s . Par c o nt r e , l e s s e i g n e u r s et l e s ge n t i l s h o m mes p o u va i e n t chas­ -ser s u r l eu r s fiefs e t s e ign e u r i e s . à c o n d i t io n qu'ils fus se n t é l o i g n é s d 'u n e l i e u e d es Plaisirs d u Hoi. C e d er ni e r a v a i t jugé, e n effet, qu'il ét oit de lei justice de laisser aux s e u ls No bles le

p r i vi l èg e et le p laisir de la chasse e n ré c o m p e n s e des services qu'ils rendent <lU R o i et il la Patrie en temps de guerre contre les Enn e m is de l 'E ta l . Q u a n t aux ecclésiast i q u e s , leur o b ligation la plllS e s sent i el le .é tan t de vaquer il la prière p u,b l i q u c o u partic ulière, il l' étude et aux exercices de p iét é e t de charité, e t de s'y appliquer avec attention et recol/ e c tion, i l s d e v ai en t par c onséquen t éviter la

e h asse avec u n très g r an d s o i n , suivant la d éfense d e l'Eglise t a n t de fo i s r é i t é rée d a n s ses C o n c i le s . n'y a iant aucun exercice qlli soit plus d iss ip an t et m o ins m o d es t e il l'égard de ('eux q u i �()nt d a n s les Ordres sacrés.

LA S U RABON DANCE DU GIBIER Tou tes c e s m e s ll r e s a v a i e n t p O li r I>ffe t de p rovoquer U !l e sura� bond an c e i n i m a g i n a b l e de gi b i e r. En 1 7 8 8 , d a n s l a s e u l e paroisse d e Valenton, prè s de Vill e ­ n e uve- Sai n t - G e o rges, on p o u va i t compter jusqu'à q u a t re m i ll e lièvre s , « nombre pl'odigiell:r: q u i , quand on n'admettra it pas

qu'un liè vre mange anllllellemen t llll s e t i e r de gra i ns , qui, quand on n'y jo in dra it pas to utes les aut re s espèces de g i b ier �.�t toujo U l'S seul c apable de faire frémir p o ur les campagnes qui en sont inle c tées. N' e s t - i l pas déplorable de voir a u t o u l' des boi.�, des l'emises e t des garennes, les r éc o lt e s entièrement a n é a n t i e s par le lapin ; SUl' l e s coteaux et dans les jardins, h' plus beau, le meilleur, e t la p r im eu /' des fruits et du raisin être la proie d'un e nuée de p erdrix, de fa isans , de pige ons ; p la i n e s c o uvertes de tl'oupeau:r m u lt ipl ié s de lièvres quI' .ç'alimentellt .et dé t rui se n t il dis c r é ti on l'espérance et le fr uit du t ravail de tan t de pauvres cultivate urs ? Faut-i l s'étonner si l ' o n avait tant d' ép is s a n s gr a ins , tan t de tuyaux s a ns ép is , tan t de places vides ou h a c h é e s et co upées ? Faut-z'l s'étonn e r q ue, quoiqu'oll a.ugmente la sem ence, les réco ltes soien t si m o diqu e s , p u i s q lle ce nom bre indéfini d e gibier dé vore le grain, o u le pr in te m ps .lo rs ql4,'i l croit en ép i s , O l l l' été l ors q u ' i l est mûr et mis el! ja v e l l e s ? » A A b l o n , s i tu é e sur l a Capitain erie r oy al e e t Plaisirs de Sa

M aj esté, il f a ll ai t m ettre j u s qu 'à 1 2 b oisseaux d e g r a i ns d e .s emence p ar a rp e n t a u l i e u d e 8 , car, aussitôt que l a semence éta i t r ép a n d u e , les p i geo n s , p er d r i x , fais.a n s , moineaux, cor­ beaux et l ièvres e n consom m a i e n t a u m o i n s l e q u ar t . A Draveil, o n déplorait l a perte t otale d 'un cinquième d es moissons, p ro­ vo q u é e p a r l e rava g e du g r a n d e t d u petit gibier que les gard es­ chas se·s m u l t i pl i a i e n t p ar tous l e s m o y e n s p ossi b l e s « pour la

ra i s o n que le propriétaire de la chasse, n ' a y ant pas

llll

épi

de blé,

ni grap p e de · rais in il p e r dr e » était s a n s m é n a ge m e n t s pour l es prop r i é t é s et s a ns co n s i d é r a ti o n pour l 'i ntérêt p ub l i c. A Vitry, où se faisait un i m p ortant commerce de pép i n i è res, les arbres é ta i e n t rongés, S Ul'tout en hive r, malgré les soins et les dépenses i n o uïs qu 'o n (·t ai t o b l igé de faire pour les empailler.


- 78 A Soisy-sous-Etio l l es, où la culture de la

vigne était la p ri n ­ cipal e ressource des habitants, les ceps é t a i e n t exposés à la voracité du gi bier et assujettis aux i n cursions fréquentes des. bêtes fauves : à force d 'être broutées, l e s vignes nouvel l ement plantées réu ssissaien t d i fficil ement et l e s vi eilles éta i e n t telleme nt a ttaquées par les l a p i n s qu'au m o m e n t de la taille, o n n'y trouvait . pl us r i en à couper ! . . . D'après cette j u ste e t véritable représentat i o n , i l ne fa u t p l us s'étonn er si les gra i ns, l es v i n s , l e s fruits, l e fourrage et le bois atteignaien t d e s p ri x excessifs à l a veille d e l a Révolutio n , m algré l e trava i l o p i n iâtre d u m al h e u reux p e u p l e . « C'est encore ull e m e rv e i l l e é t o nnante q u i l puisse même vivQter, é c r i vait un c o n t e m p o r a i n , p u is que c e tte s ur a b o n dan ce de gib ier de toufe '

es t I�l/ e grêle perman ente et beauco up plus fUl/ este que le 13 j u i ll e t 1 7 8 8 (3), répandi t d a n s tant de lieux fa désolation et la m isère. espè c e

celle quli,

LES INF RACTIONS �I a l gré l a s é v é r i t é d es Ordo n n a nces et l e zèle excessi f des. gar d e s , l e s p a y s a n s p r e n a i e n t un m a l i n plaisir à contrevenir a u x L o i s royale s et s e i g n e u r i a l e s , bien souvent a leurs dépe ns. d ' a i lleurs, e n se l i vrant aux p l a isirs cachés du b r a c o n n a g e . Le 24 o c t o b re 1 7 6 1 , Lou i s C o u d a r d , ga r de c h ass e des terres et s e ig n eu r i e de J u visy, l'ec u li la table de marbre du Palais à Pari$ pOlir M e ss i r e Charles Pajo t , Sei g n e u r de J uvisy, trouva d a n s un e n cl o s e n t o u ré de h aye "ive un c o ll et de { i l d'archal, al'resfé­ par un des bo uts dans la lzaye e t- posé Il l e n t r ée d'un terr ier de lapim . Q u e l quefois, gard e s et b r a c o n n i ers sc rencont r a i e n t d e faço n i mp r é v u e e n p le i n e nu it, comme ce fut le c a s p o u r A n toi ne· Lechal l i er ct Loui s Noël le 29 m a i 1 7 8 7 . N o ë l , garde-chasse de la Sei g n e u rie d'Athis, faisai t sa r o n d e habituel l e l o rs q u e . étant arrivé e n tre le ch emin des Plantes et le chemin des Vignes (Ave n u e J u l es-Vallès) SUI' une pièce de terre semée en seigle, il aperçu t troi s c o l l ets en {il de talon ou de {el' noué, a l/ q uel é toit -

'

attaché tendus

.

l/n e {icelle noué par l'autre bout à une pierre e t éto ient sur un bâton f i ch é en t e rr e. D é s i r a n t découvrir le cou­

pable, N oël e t son camarade Gu illaume Gary s'en a l i è r e n t fa i re le i:\uet à l a n u it t o m b a nte pOl�r épier c ell/y qui v iendroi t le$ viSi te r ; mai s ayant attend u inlltillement jusql/'à l'heure dl! m in u it Gary, se sen tant saisy du froid et perdant espérance de voir arriver p ersonne, se retira, laissan t l e j e u ne Noël tout seul. C e l u i - c i s'était assis sur son carnier à cinq ou s i x p a s de l 'u n des col l ets , ayan.t son f u si l à . côté d e luy, n e p o u'l)an t s e per­ s l/ader q u e c e ll/y q u i avoit tendu les c o lle ts ne vint pas le$: visiter. Et e{{ecUvement vers l'heure de m inui t e t demi, il vit arriver un partic l/lier d'env iron c inq pieds trois ou quatre pou­ ,

ces; ne po uvan t dOl/ter que le particulier ne fl�t le braconnier,

i l se j eta sur lui pou r le saisir et �alors il r auroit reconn u à la­ c larté que donnoit la lune quoique couverte de n u ages pour'

estre le nommé Nico[as Lechallier, v igneron e t batte u r en grange-

(3) Allu s i olIJ à un t eITible orage qui s'abattit sur la région pari­ sienne. Lire à ce s u j e t d a n s le Bulletin d e la Socié t é d'Etu de.� Histo­ riq u e s e t G éograph iques de la Région Parisienne de juin 1 9 29 : L'orage du 1 3 juillet 1 7 88 à .von tr�u il-sous-Boill, par M. BELLAND.


- 79 �e

ce

lieu d' AtJli.�, leql/ e i Illi dit dt' It' lâcher . Mais, s ' étan t que le dit l,cc/rallier cwoit à .m main une b roche de fer d' e n viro n quatre pied8 et demi de l o n g u e u r , i l lui proposa d e le c o n d u i rI' a u château, c e q u'i l al/l'oit refusé a près s'être fort dé b a t tu . Le garde vint e n fi n à b out de lui lier le.ç de llx mains tlll e c son mO I.choir de p o c h e, ôta l a broche de fer, a l la che rcher lin c ordo n de soye qu'il avoit dans s o n carnier, le n ou a au t o ur du bras ga uch e du déliquunt et, re p' r e n a nt la broche qu'il p i qua en terre, y attacha le c o rdo n q U ' l i avoit no ué autonr d / l bras de '�echallier c o u c h é iL terre .

'(lpperçll

Cer t a i n que l e pris o n n i e r ne p ourrait s 'échap p e r . Noë l courut

li to ut e s jam bes cherrh e r Gary ; et les dits Gary e t N o ë l étant l'l' v en liS ensem b le s ll r le c h am p s llr la d it le p i èce de s ei gle , ils Il'y a u r o ie n t pill s trouvé le dit L erhallier, ni la broch e qlle le dit Non auai t /ïrhée e n terre . . .

LA C H ASSE ET LES CAHIERS DE DOLÉANCES La p resque total i t é d e s C a h i ers de 1 7 8 9 , exposan t l es vœux �I d o l é a n ces d e l a N a t i o n , nous d o n n e lI n e idée fort p récise des monstrueux a b u s p rovoqués p a r ce d r o i t féo d a l q u i mettait J'habita nt des cam pagnes m.-desso/l;; des bêtes fau ves (4 ) ,

Tous l'ée l a in e n t a y e c fermeté l a s u p p ressi o n d e s Capitaim'­

ries, des l'l' m i ses et d e s colombiers, c a r l es p a y s a n s e s p é r a i e n t d e l a b o n t é du H o i et d e s P r i nces d u Sang royal q u ' i l s les a b o­ lira i e n t i mm é d i a t e m e n t p o u r rendre li l'agric ulte llr ton.� les pro­ du i t s q ll ' i l Il le droit d' a t ten d re natllrcllemelli de ses peines e t travall x , e t slIpprimer à jamais t O l i te s les 'lie utenances et conser­

vations de

c h asse qll i

ne

so

n t q u ' m. détriment de l'Etat.

Et si, m a lgré tout. l e Hoi

et les Princes d u Sang désira i e n t c h a s s e r d a n s l e s campagnes, il n ' e s t personne q u i n e se fasse l/ll

�e voir de leur l' ama s s e r l e gibier qui se tro uvera dans les el/ ui­ l'ons pou r proc urer de l ' amus e m en t ! La C o m m u n e de Valenton o s a i t assurer q u e s'il était p o s s ib le de ramasser t O llt ce q u e le gib ier consum e en tOlfe espèce de pro durtions p e n dan t IIll a n, la vente et le s e u l produit de cette é n o rme consommation a urait b ientôt fait disparaître la d ette

nationale. S a n s all e r j usqu'à proposer u n e opération q ue l que p e u u t o p i q u e , nos villageo i s pensaient a v e c j u s t e rai s o n q u e s ' il , .n'existait p(/1I.� de gibier, les cllltivateurs gagneraien t an n l/elle ­ m en t 1(/ pe r t e immensément gr ande q u ' il leur occasion ne, ['abon­ d an c e s erait plus flrande e t les vivres plus à ' l a portée dl! [J(//l !1re peuple.

L'ABOLITION DU DROIT D E C H ASSE M a i s l a c o n voc ation d e s Etats-Gé néraux p o u r l e 4 mai 1 789 n 'était q u' u n e étap e p a i sible vers c e t te Révo l u tion qui a l l a it se déc l e n cher s o u d a i m' m e n t le 1 4 j u i l l e t , l o rs de la p ri s e d l' la Bastille , La « G r a n d e P e u r » d e j u i l l et 8 9 , cett e foll e p a n iqu e qu i t ra­ versa alors la p l u p art des régi o n s françaises en p r o voquan t de graves d é s o r d res, devait d éterminer l'Assemblée Natio n a l e à s e (4) Lire attentivement d a n s l e Bulletin N ° 2 les ' art i cl e s 1 , 3, 4 e t 5 du Cah ier des Doléances d' A b lon (pp. 42 et 43) .


.s � S f\ M --

..U

pe ncher sur l e problèm e ' d es d roits se i g n e u ri a u x et à d i s c u t �r l o nguement d e s droits de colom b i e r et d e chasse . Et, bien qu e plusi eurs députés a i e n t re p résenté les i n co nvé­ n i ents d e la l i berté d o n n ée à tout proprietaire d e chasser s u r­ ses terres , c e s d ro i t s furen t défi n i t ivement a b o l i s p o u r tOtlS� l> xcepté p o u r l e roi, a u cours des séances mémorables q u i e u rent

l i e u du 4 au 1 1 août : Arti cle II. - Le d roit exclusif des fuies et col ombiers est a b o l i ; l e s p i ge o n s se ront e n fermés au x é p o q u e s fixées par­ les co m m u n autés ; et d u r a n t ce temps ils se r o n t regar d és. c o m m e gi b i e r e t c h a c u n aura l e d r o i t de l e s t u e r s u r , s o n terrain . . Article I I I . - Le d roit excl u s i f de la chasse et d es garen nes o u v e r t e s l' s t p a reil l e m e n t abol i ; e t tout prop riétaire a le­ (J I' o i t de d é t r u i r e ct f a i r e d é t r u i r e , s e u l ement s u r s e s p o sses­ s i o n s , toute espèce d e g i b i e r , sauf à se conformer aux loix. d e p o l i c e qui p o u r ront êt r e faîtes r e l a t i vem e n t il l a s û rdé­ p u bl i que. Toutes c a p i t a i n e r i e s , llI êm e royal e s e t t o u t e rése r v e d e­ c h a sse sous quel q u e d é n o m i n a t i o n q u e ce s o i t , s o n t p a re i l­ l e m e n t a b o l i e s ; et i l ser a pourvu p a r des m o y e n s c o m p a ­ t i b l e s a v e c l e r e s p e c t d û a u x p r o p r i é t é s e t il l a l i berté, à l a c o n se r v a ti o n d e s p l a i s i rs p erson n el s du Ro i . Grâce à ces a rrêtés , l e p a y s a n n ' ass i s t e r a i t p lu s à l a d évas­ t a t i on m é t h o d i q u e d e ses r é c o l t e s p a r l e g i b i e r et i l voya i t e nti n disparaître a v e c sati s fa c t i o n u n e d e s c h a r g,>s seign e u ria les. p a rm i l e s p l u s l ou r d e s et l ps p l u s vexat o i res, c e l l e q u e l ' o n n o m m a i t d ' un nom il fa i re t O l l t t remble r : « Les P l a is i r s d u , R o i e t d e s S e i g n e u rs . » L o u i S B H UNRL.

BIB LIOGRA P H IE RÉGIONALE (Suite)

6. B u l l e t ill des l1 m is d'Etampes e t de s a r é gio n (Etampe s , « La Familial e » , 3' a n n é e . n U 4 ri e fév r i e r 1 94 8 , 2,0 p a ges ) . Nous relevons au som m a i re : L. BALAS, A lexandre Bailly, a r t is t e pe intre ( 1 8 6 6-1 9 4 7 ) . - Com t e de SAI N T-PERRIER, Le juge m ent

portail de Sain t-Basile. -- G. HARLE . Etl'échy : le:; Bénédictins. -- A. G AI GN O N . Ann e de Bretagn e , C o m te.çse d'Etampes . - C h a n o i n e G L I BOU RGE, L a c h ap e ll e du Tom b eau : Eglise No t re-Dame du For t. - R. MEN ELX, Un grand p e i ntre du X Vlll< siè c l e , L antara. - G. COURTY, L a fal/Ile d e .Jœ l / l's, entre E t am p es et Etréchy.

dernier dll

N o u s recom m a n d o n s v i vement l a l ectu re de t' e s B u l l e t i ns à ceux de n o s m embres qui s ' i n t ét-essent à l 'h i s t o i r e d 'Eta mpes et d e s a région . S ' a d r e ss e r , pour t o u s rense i g n e m e n ts , a u S e cré ­ taire Général de ceUe Soci été, M. Adr i e n (;AIGN ON , 1 , p'l a c e­ Geoffroy-Saint-Hi laire, il E t am p e s . M:me D. AUGIER.

B I B LI O G H A P H IE. - Cah iers de doléances des Communes de la Banl ieue Sud . - R eg is t res d u greffe de la Pré vosté .Ju visy et drc Bailliage d'A th i s - s u r - O rg e . - Marc BLOCH , L es cart ' l' es original/X de l'histo ire r u ra le française.


' RELEVEMENT DES COTISATION.. - Par décision du Conseil d'Ad m i nistration , l e, t aux de la co ti s at i on ai été v orté à 200 fra n cs p our le s Membres titulaires et à 300 fran cs m inimum pour l e s Mem b res b i enfaite urs, ' en raison d e l'importance croissante du Bulletin. ABONNEM ENT. - Le :p r i x de l'abonn ement � u x 4 Bulletin s tri m estriels de 1 94 8 a éte fixé à 1 6 0 francs. Pour o bt e n i r l e • Bulle t i n n ° 1 ( octobr.e 1 9 4 7 ) , ajouter au m o ntant de l'adhésion o u de' J'abonnemen la somme de 20 francs. ,

REDAC1' I O N DU " BULLETI N . - Ad es s e r les travaux, docu­ ments, artic les p o ur l e Bul l etin, ainsi que les demand es de rense ignem ents au Secr é a e .Gén éral. M. L o i s BRUNEL se fera d'ailleurs u n p laisir d e recevoi r l es S o c i é t a i res t o us les jeudis de 1 6 heures à 18 h eures 9, rue des Grayilliers (Athi s-M ons) . , Tél ._: B ELle-Ep in e 48-4 1 . ' '

t ir

.

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Pour tous envois, d'argent, em plo yer ' de préférence le.

COMPTE � H EQ U E POSTAL : Louis B R U N EI., 9, rue

,d.� Qravll l l .� ris

ATHI S-MONS.

,08".18.

l e s p u b l i é s d a n s l e s Bul l et i n s de l a près ,'en t en t e ave c J e D i recteur et

CE. - L a. p r e m i ère p rom e n a d e ­ l'l a n ch e 29 'août d a ns Athis-.Hons e t M . B R UNEL ; el l e s e r a faite spécia­ d e . « L'A rt p o ur to ". ,:. .

'mR�rnn ���----

d 'A th i s , l ' égl i s e · ( clocher ) , l a pro­ e et l e ' p a rc d ' Avaucourt , p a n oram a e t l a gare de t ri age de Juvisy, l a rc et d u chAteau d e Juvisy, l 'obser­ ea� de Bel-Fontaine et l e pon t d eS;

Ren d ez-vous . pour l es m em b res ' de la �o c i été d'Athi s-Mon s à 1 4 h. 1 5, a l! P o n t des Bel leS-Fon tai n e � , à J�v i s y . De P aris, pren­ dre l e tram aux gares du Pont-S a l O t-M Ich el ou d'Aus terlitz. Retour par la gare d'Athis-Mo ns. ,

sur les Communes su ivantes ! Athis-Mons, Savi�y, D raveil, Vil l e neuve-le-Roi , Orl y, Uri . .f ''' .... Massy, Cham�lan, Morangis, Long­ y-linaltHllon, Grigny, Morsang, Ris-Orangis, Sai nt-Michel, Villiers. Fleury- .


Le Directeur : L. BRUNBL. Imp: G. DALBX, 5 et 7, rue Victor-Basch - Montrouge.


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