Bulletin d'études historiques, géographiques et archéologiques de la SESAM - Volume VI - 1949

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D'ETUDES

HISTORIQUES GEOGRAPHIQUES ARCH EO lOG IQ U ES ,

de la

s. E. S. 1-\. J'J\.

Publication Je la FéJération DES l�==

CERCLES

D'ETUDES

SAVANTES

d'ATHIS-MONS

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AB LON S AVIGNY - JUVISY - DRAVEIL VILLENEUVE-LE-ROI -- VILLEMOISSON - GRIGNY MORSANG - EPINAY - PARAY - MORANGIS SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS VIRY-CHATILLON LONGJUMEAU ORLY RIS-ORANGIS et

de la

"'-=== BANLIEUE PARISIENNE VOLUME VI

SUD ==�


PRESIDENTS D'HONNEUR

M. H. LEMOINE , Archiviste en chef du, département. Vice-Président de la Commission des Antiquités et des Arts de Seine-el-Oise. M. A. ROSIER; Maire d'Atp.is·-Mons .. CONSEIL

D'ADMINISTRATION

MiM. M. LE110Y, P r é s iden t - abbé F. LAURENT, Vice-Président - L. BRUNEL, Secrétaire-Général et Directeur des publications - Milile D. LAY­ GUE et M. J.-A. JAN VIER , Secrétaires-adjoints - M. A. ARBILLOT, Trésorier - Mme D. AUGIER,. Trésorier-adjoint - MH€s BELLAMY, YVON, MM. DUBLA­ nON, LAMARQUE, PANDRAUD et V IGN ARD , 'Administrateurs. \

DELEGUES COMMUNAUX

Juvisy : M. L. LAMARQUE, 26, avenue Fil'édéric-Merlet.­ M o rangis : M. J. JACQUART, 7, rue Fen;Unalnd-Duval à Plari'S (4·). Savigny: M. J.-A. JANVIER, 14, rue de ,la Martinière. Villenellve-Ie-Ro i : M. P.CSERY, 13, rue du Marécha:l'-Foch. Wissous: Mlle L. BONZON , Ecole de filles.

SUBVENTIONS VI L LE D'ATHIS-MONS (5.000 frs). JI1aire : M. Alexandre ROSIER.

VILLE D'ABLON-sUR-SEINE (2.000 frs). Maire .. M. Alain POHER, Délégué de rUé in t ern at ion a l e de la Ruhr.

la France au COllseil de l'auto­

VILLE DE SAVIGNY-SUR-ORGE (1.500 frs). Maire: M. René LEGROS,

MEMBRES BIENFAITEURS Ont donn'é 1.000 fmncs : Mme BnUNEL (J.), 9, rue des Gravüiiers à Athis-Mons. Mlle SEUl, 3, rue Christophe··Colomb'à Paris (81·). ' Ont donné 500 francs : Mme AUDIBERT, 8, allée de la Butte à St-Michel-s.-Orge. MM. BAQUET, 36, rue des- Plantes à Athis-Mons. BIH.'NEL (L.), 9, rue des G r avill i errs à Athis-Mons. Mme BRUNEL (L.), 9, rue .des Gravilliers à Athis-Mons. �IM. GIRARD, Maire de V illemoisson. GRANDJEAN, Marbrier, 16, rue Samuel D e s b or d es à Athis. HUSSON, 1 0, avenue du Plateau à Juvisy. JANVIER (J.-A.), I4;rue de la Martinière à Savigny. M-tle LAYGUE, 10, avenue du Plateau à Juvi'sy. MM. LEROY (M.), Dir. lIon. d'E'colle, 25, avenue Voltaire à Athis. PERÇHÉT, Fleuriste-Marb/'ier, 7, rue Petit à Juvisy.

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,,��1�'QI � lifstoi NICIPALE

TRüISIÈME ANNÉE

D'ATHIS-MONS W lIS}b'

N° 6

Directellr Fondn.'telll'

:

Louis

BnuNEl.

ANNÉE 1 949

N (�o11lmeJncant notre tro i s i ème année d'existcnce, il nous es t très agi'êablerel constatcr qu'e la petite Hamme qui symbolis'eles ac:ti-: v i té s de la S.E.S.A.M. bril-Ie toujours avec autant d'intensité: les recherches se poursuivent à une .caden ce accélérée, n otr e action s 'étend de plus ·en plus loin et, mallgré un retard provoqué par ,la mal,adie de notre Directeur, le Bulletin es t paru. . Nos' lecteurs p o urr o nt cOL'sLater que n ou s avons mlOdi.fié considérable­ ment la p;résentation de notre publication qui , en mê!ll e temp s , est plus riche en texte et silrtout en illustrations. Ces résultats favorables, nous les devo n s aux sub vent i ons d,es Commu·· nes d'Athis-Mons, d'Ablo n ct de Savi,gny qui nous soutienment 'depuis - l a fo n da tion de la S.E.S.A.M., aux nombr, e ux �,ociétaj;res qui , ceUe année, ont spontanément a u g m e nt é leur coti sat io n pour nous encourager, et, enfin, au dévouement de nos Délégués, en particulier de �1; .J.-A. Janvier qui s'occupe trè's activement du Cercle d 'Et ude s Savantes de Savigny-s.-Orge. Que tous 'cn soi e n t ici rèmerciés! Grâce à eux, nou s sommes fiers d'avoir pu m ettre sur pied une entre­ prise dont les bu t s sont purement dés i nt éres s és et .qui che['che. simplement il. nous rendre le sentimcntde ce que nous sommes, par l'a conn a i s sance de ce que nos pères ont été. Il faut a b s o l u me nt que les habitant s de notre magnifique région, pourtant instaPés de fraîche date, sachent ent e n dre rappel de .l'eur t er r oir et l'hymne d' e leu,rs édijices, cette symphonie du pas s'é o ù les églis e s chantent et où l es v i'C Hles maisons murmurent. Ces traditions -et ce lo ng p a s s:é que l'on peu t croire' mocts végètent encore en p:lt18 d 'llll en d r oit. Il ne ti en t qu'à nous de les faire revivre. �'oignofls ln plunte, e]1 e fl eur ira!

E


Sommaire Pages LE PONT DES BELLES-FONTAINES

(Juvisy)

................... .

LE MUSEE D'HISTOIRE NATURELLE DE LONGJUMEAU LE

à

......... .

MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL et sa famille, Savigny-sur-Orge ...... : . . . • . . . . • . . .. . . . . • . . . . . . . . . . .

. ..

Brunei

143

P.

Csery

152

L.

Brunei

156

J.-A.

Janvier

159

LES PROJETS DE PONTS A ABLON ET ATHIS AU XIX- SIECLE ....

H.

Lemoine

199

UNE FAMILLE PRINCIERE DANS NOTRE REGION au XVIII' siècle.

Dr

P.

200

L'EGLISE SAINT-DENIS D'ATHIS-MONS: Etude archéologique ................................. . . LES FOUILLES ARCHEOLOGIQUES: . Dans la Nécropole Barbare de Grigny

OCCUPATION ET LIBERATION DE VILLEMOISSON (17 juin 1940 � 24 Août 1944) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LA FONTAINE DES GENOUX BLANCS. Légende de l'An 1433 . . . . . . . .

203

V.

Chaudun

245

.

L.

BruneI

255

. . . . . . . . . . . . . . . . . . • .

L.

Brunei

262

. . . . . • • . . . . . . • . . . . • • . . . .

ENQUETE FOLKLORIQUE, avec questionnaire

Brunei

228

« Mes Bourgeoyses de Chastres.:. » . . ... . . . . . . . . . . . . . . . . .

FRIANDISES DU TEMPS PASSE: Le From age à la Crème de Viry. Les Cerises blanches de Villebousin. Les Pêches de Corbeil et de Montreuil

L.

Bailliart

Dr G. Durville

. . . . . . . . . . . . . . . . . . • .

VIEUX NOELS D'ILE-DE-FRANCE:

L.

L'OCCUPATION ALLEMANDE A VILLENEUVE-LE-ROI .du 17 Sep-' tembre 1870 au 13 Mars 1871 ... : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

A. Chaudun

265

. . . . . . . . . . . . . . . . . . • •

266

CHRONIQUE HERALQIQUE : Corbeil et Villemoisson ............. .

270

ÇA ET LA: Le Syndicat d'Initiatives de Savigny. L'ouverture du Lycée de Savigny. Le Trolleybus « 186 ». - Le Prix « Aumale ». Le Carrousel aérien d'Orly. . La .Foire aux Haricots d'Arpajon . . . . . • . . . . . . • .

MIETTES D'HISTOIRE: Ste-Geneviève-des-Bois en 1717. Borne ou stèle à Athis-Mons? Lendemain d'élection à Juvisy en 1870. Les Elections Municipales à Athis en 1947 . . . • .

. . . . . . . . . .

. .

. . . . . . . . .

L'ETAT DE NOS MONUMENTS: L'église de Villeneuve-le-Roi. La borne milliaire de Savigny ......................... SOUS LA TENTE: Camping en forêt

X

CURIEU

. . . . .

..

. . . .

ET CHERCHEURS ................................. .

. . . . . . . . • . . . . . . . .

NOS EXCURSIONS 1950: Fête de Nl<Ait de Versailles. Conditions et programme (2 juillet) ...... , . A TRAVERS LIVRES

ET REVUES

.

L. Brunei

273

L. Brunei

276

275

277

. . . . . . . • . .

LA S.E.S.A.M. ET LES SOCIETES 'SAVANTES de l'ile-de-France ....

NOS EXCURSIONS: En Vallée de Chevreuse et à Versailles. A Juvisy (promenade-conférence) . . . . .

271

.

. . . . . . . . • . . . . .' .

ENTRE NOUS: Nominations et Distinctions Honorifiques

L. Brunei

..

. . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . .

277 M. Leroy

278

.L.

281

Brunei

Mlle

D.

Lay.ue

287

Mme L. Brunei

289

et COMMUN IQUES DIVERS

BULLETIN DE LA S.E.S.A.M. Revue annuelle

Rédaction

- Administration

9, Rue des Gravilliers

3' A"née - Volume VI

ATHIS-MONS

1949

Tél.: BEL. 48-41


JUVISY-SUR-ORGE

LE

PONT DES BELLES-FoNTAINES ,EN 1843

LE

PONT

DES BELLES-FoNTAlNES LoUIS BRUNEL

Par

Professeur Membre ,de la

des

Antiquités

au [lycée Jacques-Decour

Commission Départementale et des Arts de Seine-et-Oise •

ADIS, J

il y a de cela p'lus de Poste aux chevaux co nstitu a it le cen� tre d'att rnc ti on autour duquel Se cris� deux cents ans, .Juvisy-sur-Orge, taHisait la majeurepRrtie des activi­ blottie au pied, d'un de ces jolis tés de la ,localité; .et c'est pourquoi coteaux qui font tout le charme et la les boutiques des marchands, les' .h� délicatesse de l'Ile-de-Franc'e, auprès teUe,r ies et les cabal'ets, aux enseignes d'une dé: icieu se peHte rivière; était l'l'tUantes, s,e . pr essa.ie nt nQmbrel1x déjà l'une des bour,gades les plus an i­ pour accueillir les voyageur s isolés, mées de notre région: favorisée de­ ceux des coches et 'les voi.turiers pu i s lon g t e mps par un IDllTChé et deux foires prospères dûs à la géné­ conduisant les charrettes de denrée· . s il. des tinati o n de Paris., rosité du Roi Ch arle s IX en 1563, elle Des siècles durant, ,les pavés· de la avait, en outre, le g r and privilège. <le posséder 'J'un des multinles relais Grande Rue retenti rent du fracas· dès s'échelonnant sur le Grand Chemin . l'arross'es et du pas cadencé des che­ vaux : UD! Roi, de no bl es dames, des Ro y:al c,!e Paris. à Lyon. . SItuée au cœur ;m:ême du vil lage , gentil'shomme s, se dirigeant ver's :la n09 loin des ea,ux c<laires de .J'Orge, la demeure princière de Fontainebleau, '

'

,

.

.

.


--·UA j)��saient en de superbes élJ.uipages, YISIO!lS. de rêve que ilOS paysannes admIraIent du. pas de leur porte ou groupées sur la place, autour de la fontaine publique où' enes venai'ent quérir de l'cau.

�rusqu � ment,

* **

lin triste jour de l'an le silence se fit, et Juvisy s'en­ dormit doucement au murmlire des sources qui l'entouraient, à l'ombre des v�ites futaies de son paœ sei­ gneurIa'1 et' de ses belles propriétés llOurgeois{·:s. Jusqu'alors, toutes les voitures allant de Paris à Fontaine­ bleau ou plus loin traversaient en ellet le village par une descente étroite, longue et <périlleuse, présen­ rant de réels inconvénients de viabi­ lité. et causant .souvent de très graves aücldents; aUSSl, pour remédi,cr à cdte difficulté, 'les ifi,génieurs de l'époque eur·ent-ils recours aux grands .moyens de l'Art et Il'' O n fit, sous la fôrme d'une dérivation de la route passant à qnelq ' u�e dista�ce de Juvisy, un ou­ Yrage qUI, aux dIres de" chroniqueurs de.fAncien Hé�illle, f!lt « digne d'ètre llIlS en parlallele avec les monu,mens dll même genr e 'Ille ·nous ont laissés les Romains (1) » .. Détournée à partir de la Pyramide àe Cassini, la nouveHe route Ion creait la f<:rI,;n e de Fromenteau (2), occ pée aussItot par 'le üélèbre relais du même nom, et se déyeloppait suiyant une . bene courbe jusque dans la «plume basse», en bordure de la �kine. Pour lui donner ceUe pente douce. et uniforme, il fallut tout d'a­ rd e�taiUer la « montagne )) -­ , c est-a-due le coteau - par une tran­ chée ,profonde et fort large, dont les produits fureht portés en prolonge­ ment pour former un immense œm­ blai de plus de 1 .3 7 0 mètres; et c'est dans ceHe dernière s'ection que l'on effectua la plus grande entreprise de cet ouvrage en jetant au-dessus de la rivière d'Orge un pont monumental extrêmement curieux, connu so , us le

1728,

b;o

(1) MILLIN, A n tiq uités Na tionales ( P a ris ' 1791, in-4°), Il, :1I't. XVI, pp. l à 8. (2) La fcyme de, Fromelltellll fut j usqu'en 1728 un Simple ecart de Juvi s y.

nom de Ponl des Belles-F,ontaines de Juvisy.

LE PONT Trop peu d'amis de 1'Art emprun­ tent. la magnifiqUe artère qu'-est 'la Nahonale N° 7 sans prêter outre mesure attention à ce splendide édi­ fice, qui fut cependanL très admiré de _ nos ancêtres et même cO'nsidéré par eux comme up.e sorte de p'rodige. Passant trop rapIdement, Hs remar­ quent à peine :les deux fontaines déco­ rant les côtés de ce pont, sans' s,e dou­ ter qu'elles surplombent un ensemble pittoresque; car particulièrement c'est d'en bas, du bord de la rivière qu'il doit être vu pour que l'on puis'S cn apprécie!' la puissante majest'é et . . l'exquise harmonie Le Pont des Belles-Fontaines ainsi ' �. .. , , acslgne a cause des fontaines qui ornent ses têtes, est l'une des plus bel'Ies œuvres architecturales du XVIIIe siècle. A'U visit-eur qui sait en croûter 3; la foi� la fermeté et la lé!{èreté des hg:n�s, li offre des dispositions fort ongmales, donnant à l'œil une sensa­ tion, agréable et tout à fait inatten­ due, du fait qu'il apparaît comme s'il était .composé de deux étages d'arcades. � La partie supérieure, suppO'rtant dlI"ectement la route, se compose d'une seule arche en plein cintre de 1 2 illl. d'ouverture reposant sur des cuMes qui lui confèrent une hauteur . de 15 m. sous clef. Pour soutenir le l'emblai du nouveau chemin, formant de chaque côté un talus considéra­ ble, ces culées S'ont prooJongées en éva­ sant par des murs en ailes de teUe sorte que le pont, qui mes u're 20 m. elltr'e les têtes, s'étend en réalité sur une longueur totale de 70 mètres. Au-dess,ous de cette baie cintrée le génial arehitecte - on présume ue Cf: fut Jacques Gabriel (3) - imagina

q

e

(3) C e tt œuvre imposante est en effet attribuée à Ange-Jacques GABR'IEL (1698� 1782) qui acheva le Pont-Royal et con strui­ sit c l ui de Blois. Mais" faule de document s on ne peut l'affirmer, et les A n n al i stes l e � mieux informés, notamment M. A . D ufour (+ e n 1914), dé cla r en t que· leurs recher­ ches sont restées infructueuses sur ce point. To u t ef o is, il semble, en accord avec M. F. Bourllon, qu'il ne faut point dé se s p é e de relrou\'cr 1(, nom de l'architecte de cc m o­ nument tout.à fait remarquable.

c

rr


- 145-

PLAN ET

COTiPE

U)NGITUDINALE nu PONT

d'oppos'cr à l'énorme poussée des ter­ res une série de 7 arcs�doubleaux elliptique.� de 2, m, 10 d'épaisseur qui, (onstruits en pi e rre dc taille et fort bien. appareillés, s'arrondissent au­ dessus des ondes à la moitié de la hauteur libre du pOllit et sont· deg1:i­ nés à maintenir 'l'écartement des culées et de leur prolongement.

L'arcade prin cipale, dont les pieds­ droits et les voussures sont é�alement en pierre de taille, est. bâtie en meu­ lière, pierre que l'on trouv'e en abon­ dance sur la rive droite de l'Orge, dans la « plàine haute » de Viry ou :18 �1orsa!)g (4).

LES FONTAINES

'fout

hordée

fai" au sommet, 'la route est à cet endroit d'élégants para-

à

pets s'ornant de deux fontaines gra­ cieusement sculptées, mais teHement dégradées par les intempé6es d par des mains v:mdalcs qu'il est mainte11<'l1t difficile d'en estimer exactement la v:deur artistique; nous pouvons même ajouter,. s'ans être' taxé d'exa­ fu\ration, qu'elles sont méconnaissa­ bl�s au point que nous avons été obli­ gés dc recourir à des récits contern­ porains Jlour en donner une just,c

description.

(4) La planche ci-dessus est extraite des ,lrchivt:s de la Commission des Monu m en ts Hiûoriques, par A. Perrault-Dabot (Pari s ,

Tmp. nat.; lR99, in-RU), l , Planche 98. Les estampes des pages 147 et 14!J s o n t c.m­ lliuntées à �1 illin, An t iqui/és Nationales, Il, n° XYI, pl. 1 el 2, page 3.


- 146-

L'édicule qui domine le pont du côté de Juvisy sc compose d'un pié­ destaI surmonté d'un groupe en pierre dû au cis'eau de Guillaume Cous­ tou (5). II représente le Temps qui, sous les traits d'un vi'eHlard, porte un rnédaiUon sur lequel se' détachait au­ le buste du Roi trefois, en relief Louis XV èouronné par un petit génie ailé symbolisant la Renommée. Au pied de c'e motif, un démon (6), vaincu et terra�sé, semble figurer l'HéréS:ie, la Discorde ou plutùt l'En­ vie. De :J'autre côté, s'e dresse, sur un groupe de un piédestal ide n t iq ue wutenant un glohe Amours d'eux ' Iaur.é 0\1. se voyaient naguère les Armes de la France. Chacun de ces piédestaux est dé­ coré, ,aux angles de la corniche, de têtes de bouc à l'imposante barbiche, alors que les faces s'ont dotées, pres­ que en leur centre" d'un mas'caro n grimaçant (7). ,

L'

«

{UV/SV fortuite, la décou­

ORGEAT» DE

Une circonstance verte de sources abondantes au début des terrassem è nts, fut, semble-t-il : à l'origi'ue de l'édification de ces chefs­ d'œuvre. On ne sut d'abord que faire de cette cau; elle incommodait même d'autant plus qu'elle sourdait juste au milieu du nouvcau chemin; mais eUe fut habilement captée, ainsi que ceiIe de sources voisines, et conduite aux fontaines par des canalisations souterraines. A la base de chacun de oes tro­ phées, édiitiés .à la gloir'c du Roi Louis XV, une largecuv,eUe put ainsi recueiHir, jaiHis'sant de l'ajutage fixé dans la bopche d'un mascaron, une eau tellement limpide et fraîche qu'il n'était presque aucun voyageur ,qui ne ' s y arrêtât pour se désaltérer ou fan-e (5) D'après DEZALLIER n'ARGENVILLE fils, Voyage pittoresq u e des en viron s de Paris. .. (Paris, 1755, in-12°), p. 202. M i l li n signale que " cc' groupe 'n ' es t pas un des ,meiTlellrs ollvrages de GOllstoll " (p. 2). (6) D ' au c u n s disent: une femme. Or l e s bra s nou s ,para i s sent un peu trop muscl é s! (7) Le S'Dmmet des parapet s est à 19 m . et celui dc-s fontai nes à 26 m. au-dessus de' s on des .

hoire son chevaI. L'abbé Lebeuf nous rapporbe à tor,t cS,) que cette e�u était celle de l'Or,ge élevée par une pompe; ct le fait est que celui qui n'examine pas les lieux avec soin croit voir dans 'le tuyau de déchar,ge plongeant dans la rivière (9) une' machine hydraulique. C'es't d'ailleurs l'a raison pour laquelle ceUe croyance fi.t aussi­ tôt plaisamment baptiser « ce rafraî­ chissement qUe la Pro/Jidence, otfmit gz:atis » du nom d'Orgeat de .Ju­

msy (10). LA

BEAUTE DU

S/TE

Outre l'avantage d'étancher sa soif au gré de s'es désirs, le vOJageur avait encore la faculté de s,e repos'er en toute tranquillité et de jouir du splendide panOrama qui s'offrait à sa vue, grâce à de,s hancs de pierr,e qu'on avait disposés de part et d'au­ tr'e à son intention. Après la pénibl,e chevauchée, qu'il faisait n'lors bon s'asseoir au pied des ormes et 'rêver ].es yeux ouverts sur une nature ravissante que nous ne connaîtrons, hélas'! jamai,s plus. V'ers l'-amont, deux coteaux peu vi­ goureux, en majeure partie couverts de vig , nes, bordaient une agréable val­ lée arrosée par la rivièr'e d'Orge qui, nprès. avoir trav,ersé le parc du châ­ teau de Savigny"s,c partageait en plu­ s ieu rs ,bras serpentant au miHeu des vertes prairies ou des plantations de saules 'et de Ipeuplier,s'. Le même pay­ �ag'e se répétait au delà de Juvisy, dans la direction opposée, avec cette difliéren�e que l'œil S'e promenait sur un vaste bassin agricol,e que la Seine enrichissait de ses bri'IJanls contours et dont MUe d'e Scudéry a donné une description si captivante (11). Les ha(8) LEBEUF (Abbé Jean) , H istoire ... de t o u t l e diocèse de Par is (Paris, F é choz et L etou­ z ey. 1883, in-8°), IV, p. 409. (9) Ce tuyau de décharge. prend nai s s a n ce dan s un'c cavité creusée d a n s le p iéd e sta l d'amont. (10) On n e peut comprendh ce facile j eu de m o t s sans s avo ir que le sirop d'Ol'geat coupé d'c- a u était une boi s s o n rafraîchis­ s ante, très répa n due à cette époque. (11) SCUDERY (Madeleine de), Glélie, His­ to'ire romaille (Paris, 1657-1�61, 10 vol. in-8°), ,,-2, pp. 796 à 802 .


LA Fm'ITAINE n'AMoNT

ET

141

u,

bitations étai,ent rares et, en dehors des quelques viHages occupant les premii�res pentes des versant s alen­ tour, on pouvait facilement dénom­ brer les ma i so n s du port de Châtil­ lon, le beau domaine de Chaig, e s o u bien se mu s,s'ant a u sein des sombres fron �l aisons d 'e la forêt de Sénart , la graci euse bâti s s e d 'un de ce s multi­ pies châteaux qui émaillent et enj oli­ vent toute notre contrée.

LES INSCRIPTIONS

La beauté et la fraîcUeur de la campagne environna:nte, jointe s à J'intérêt port ' é dès le début à l'exécu­ tion de ces travaux d'art, firent du Pont de la Montagne d ' e Juvisy - on l'appelait alors ainsi - un des buts favoris des promenades' d'c nos ancê­

tres.

C'est HU cours d'une de ces pai si­ bl es r andonnées qu'un gcnWhomme de la région, étant allé s'e promener

VALLON

DE

L'OllGE VElIS 1790

l'al" une bel le j o urnée du mois d'aoû,t

aVée

des amis SUr le nouveau chemin,

1730, eut le premi,er l'idée d e compo­ un quatrain en l'honneur du Roi à l'occasion de c e gig:3Jnt,esque tra­ vaH: «Nous adm irion.s tous de si beaux Ouvrages, lorsqu'il me vint en pensée qu'une Fontaine si m agnifique mériterait bie n une Inscription; je m'étonnai qu'on eû t 'été si long-tems à en mettre une; }e lis part ,de ma pensée à la Compagnie qui' convint qu 'eUe était juste, et que cela était d'auto,nt plus à propos, qu'il n'est guère de Fo n taine considérable qui n'ait son Inscription particuliè­ re (12) » . Et notre poète d e se reti­ rer un peu à l'écàrt et d'iqIproviser sur le cbamp ces quatre vers latins ser

(12) Lettre écrite d'Athis à M. B. sllr les bealltés du Pays l'l sllr l'Inscription de la P(}1Ita;ne de .Tl/visU (Extrait du MerCllre de France, août 1730, pp. 1 7 82 à 1 786).


-- 148 que le Mer c ur e de France fidèlement rapportés :

nous a

'Olim Nympha levis dura sub rupe latebat; Nunc super hos Pontes ambitiosa fuit. Talia quis fecit? potuit quis? di sce Viator; Haec fecit, LODO IX, solus enim potuit (13).

, Furent-ils du goùt du Souverain?

JI nous est permis d'en douter, puis­

que l'un des marbres' blancs enchas­ sés sur 'l'es piédest, aux, face à la chaussée, porte une inscription Jati­ ne différente, mais combien pJus séanrle, signal'ant au voyageur }.es dif­ ficultés sans nombre qu'i'l fallut vain­ cre pour créer crtte voie : LUD. XV. REX CHRIS TIAINISSIM US VIAM H ANC, ANTEA DIFF'ICILEM ARDUAM AC P ENE INVIAM SCIS SIS DlSJECTI SgUE R U PIBU S, EXPLANATO COLLE, ,PONTE ET AGGERIBUS CONSTRUCTIS PLANAM ROTA BI LEM ET AMŒNAM FIERI C U RA VIT ANNO MDCCXXVIII. (14)

Après la Révolution, six lignes' fu­ rent gravées sur la fontain� d'amont pour perpétuer le souvenir d'une l'es" tauration ,cffectuée en 18'13 CE M O NUM E N T

sous LE R È GN E DE NAPOLf:O N L E GRAND

A

ÉTf: RESTAURÉ

AN

à

1813

Le nom de l'Empereur y fut tour ,tour,' effa.cé ou rétabli suivant le

cours des revirements politiques; néanmoins, après 1814, il fut complè­ tement gratté par le gouvernement de la R'eslauration pour de nombreuses années. (13) Une nymphe lègère se cachait autre­ sons la l'ache d ure; ' mainten a n t cHe SE- d res s e ma!!nifiquement au-dessus de ces

fois

ponts. Qui a fait un tel ouvrage? Qui a 'pu élever ce s plen di de édifice? Apprends, voya­ geur, que c'est LOUIS: lui se u l , en effet, le pouvait. (14) Lou i s XV, roi très chrétien, a tra ns­ formé cettD voie autrefois üifficile, escar­ pée et presque impraticable, en une route unie, carrossable et agré able, en faisant fen­ dre et briser des roche'l's, aplanir le coteau, �,on s tl'u ire un ponl et des chaussées, 1728.

Sous le Second Empire, le 17 aoùt 1855, v.n Sieur Legendre, ancien no­ taire à Savigny, adress'a une suppli­ que au Ministre des Travaux Publics dan's laqueHe il demandait le rétablis­ sement de cette inscription; mais l'Administra.tion, pe'Dlsant que c'ela n'était point indispensable, répondit ' laconiquement qu'H n y avait aucune suite à donner à ceUe affaire (15). Quelques temps plus tard, le 27 juiHet 1862, le Conseil Municipal de .Juvisy fut invité par le Préfet à déli­ bérer S'ur une pétition présentée à Sa Majesté 'et tendant à faire placer sur les fontaines une inscription rappe­ lant que, dans ,la nuit du '3 0 mars 1814, Napoléon rery apprit la reddi­ tion de Paris; l es édHes juvisiens fu­ rent d'avis qu'ils ne pouvai,ent « par­ t ic iper à cette dépense) at t end u que

les Bel/es Fontaines s e trouvent sur R o u te Impériale N° 7 et que leur èn,fretien n'a Jamais été à la c harg e de la COiillimune. )) Quant à évoquer un fai t historiqu e p1énible aux cœurs fl'O n çaii s , ,J'e Conseil' fit observer « que la Fon t ain e de gauche es t co uver te d'un e inscription fatine ... et qu'il se­ rait im po s s ibl e d'y rien ajouter s ans en défigurer l' o, rdon nanc e. Celle de d ro ite [en] po rte une... rappelQl[l.lt qlle Napoléon l'" a res tauré ce monument. A celle-ci s elliement, il serait po s s ibl e d'aJollter un petit nombl'e de ligne s ; m ais le territoire de .T lw i s !J ayant

la

p01l1' lim ite en cet endroit le milieu de la l'oute..., la fon ta in e de droite appal'tient pal' moitié aux c o m m un es

de Vi r y-Châtillon et pour l'autl'e à Sa.vigny qui s e pa r tag en t le cours de la ripière d'Orge (16). »

LES DEGRADATIONS

Effacer un noni sm: une plaque com­ mémorative peut à la rigueur être Jugé sans ,frop de sévérité. Bien plus graves sont les mutilations qui ont accompagné c:ertains changements de régime, et nous ne pouvons' a:lors nous empêcher de songer à ces révo­ lutionnairesexaltés qui, sans raison (15 ) Arch . Pon ts et Chal/s s ées, Carton 80. (16) Arch. J/wisy, Reg. de Dé!. N° D2• Il

faut donc supposer que l'inscription n'ét ai t pas complètement effacée.


-- 1 49 -

LE PONT

VlI

DES BOllDS

apparente quand il s'agit d ' u n monu­ lllent d'ornement et d'utilité, attaquè­ rent à coups de hache ou de marteau [es fleurs de lis et 'la couronne royale . d'une d e s fontaines. Dans un domaine identique, il est curieux d e remarquer combien lie graffitisme, véritable ,lèpre du monu­ ment histori que, est une maladié non s'eu*ement ancienne, mais tout à fait ingttérissable. Sou s le règne même de Louis XV, le Bureau des Fi n a nc es de Pads fut obligé de faire paraître une Ordonnanoe, datée du 5 janvier 1 745, faisant « dé! ens es. à toutes personnes d'endommager ni ,dlégra'der les Fon­

taines, Bornes et Pa'rapets du Pont de la Mon tagne de Juvisy; <aux Pâtres e( Berg e rs de conduire leurs Vach es , J;J ou tons ou autres Bes tiaux paître .mr les glaiCÏs de la, d ite Montagne, n i sur les canaux des,dites Fontain es" et (lllX gens d e pied de passer s ur les­ dits glacis, li peine de 50 livres

DE

L'ORGE VE R S

1790

d'am ende, et de dem eurer gQrans e t lesponsQibles des délits et dommages, même de pllls grandes peines s'il y ('choit » . En effet, Roi avait, été avisé

le Procureur du « qli e les Passans,

V oitu ri e rs Oll a u tres Pers oJl,n}es mal intentionnées, afff!cten t de dégrode r lesdites Fontain es, Bornes et Palra­ pets . . . , ce ql/i cause un dom lmage con­ sidérable, et constitue dans ,des frais d'en tretien e t réparaNon s à charge du Roi » ; en con séquence, il enjoignit « (Ill Garde de la dite Montagne de te nir la ,main li l'exécu tion de la pré­ sente Ordonnance et de dresser Pro­ cès- Verbaux . . . des con traventions qui seron t faites con tre les délinquans; le.<lquels . . . il sera teml de remettre au. plus tard huit jours après lellr date uu Gref! e du Bureau (17) )). (17) BOUCHER n'ARGIS, Code Rural (Paris, 1749), pp. 316 à 31 8 .


- 150Il était d'autant plus facile de dété­ riorer ce bel édifice ,qu'iJ se trouvait quelque peu isolé, à l'écart d,es pre­ mières habitations du hameau de Fromenteau. Il est triste d'e constater que le ma,l sévit toujour,s avec autant de force: les uns 'étalent Ies affirmations pé­ remptoires ,et contradictoires d'opi­ nions politiques irréductibles, les au­ très traoent des jugements sommai­ l'es et 'lapidaires, sans oublier les amoureux qui enla{')ent leurs initiales dans un cœur et prenn'ent'lapierre à tém,oin de ,l'eurs serments éternels. . . Ce sont là les témoignages visibles d'une malfaisance, d'une insouciance ou d'une sottise qu'il conviendnfi,t de réprimer s'ans pitié afin de préser­ vèr nos œuvr,es d'art. LES RESTAURATIONS A ces atteintes puremen1t extérieu­ res s'ajout,ent ceJiles causées par l'in­ jure d,es ans: ,elles sont de beaucoup Ies"plus profondes et les plus dange­ peuses du faiolqu'elles rongent insen­ siblement' ,la mass,e de la construc­ tion. Etant donné que le Pont appar­ tient à l'Etat, c'est à ,]' Administration des Ponts et Chaussées que revient l'honneur d'en vérifj'er la solidité et (l"en assurer l'enh·,etien. En 1813, une première int'erven­ tion eut pour ohjet la vivification des fontaines qui, aux dires de :J'abhé Bonnjn , ! (18), manquèrent d'eau pen­ dant plus de quarante ans!. L'exten­ sion démesurée des racines des ormes ,plantés sur les revers de la route avait, en effet, provoqué la destruc­ tion des conduites en maçonnerie; et c'est pourquoi dix-neuf de ces arbres furent ahattus, adjugés et ]oeur pro­ duit appliqué au régl'ement des frais �.'élevant à 1.5,62 francs. Em mème temps, .la mise à jour des canatlisations permit de connaître avec ,exactitude l'emplacement des sources, dont ,la principale se trou­ vait alors dans la cour de l'auberge de la Veuve Denis, au lieu-dit « La Charonne )) , du même côté que la (18) BONNIN (Abbé Pierre) , Ju v isy-su ll"­ Orue (Paris-.Juvisy, 1905, in-12 °) , 'p. 106.

Maison de Post, 'e (19); de là, trois conduites en pierre traversaient la chaus'sée, se groupaient en une ligne unique et d,esoe'nrdaient jusqu'à la hauteur de l'auberge du Mont-Saint­ Michel (20.), où un regard d,e distri­ bution pouvait détourner les eaux à volonté vers, un réservoir sUué dans 'la cour de :l'hôN�Herie. A paTtir de cet endroit, des tuyaux en grés auxquels succédai,ent des tuyaux en plomb les conduisaient fina'lement vers un second re,gard renfermant les robi­ nets d'alimentation de chaque fon­ iaine. De 1813 à 1883, il ne fut accompli que de petites répara;tion1s'; t'est ainsi qu'en 1881 on recimenta le bassin creusé dans le piédestal de l'a fon­ taine d'amont et par lequel s'éva­ cuent '}oes eaux. La même année, MM. Martin et Dufour attirèrent ,l'atten­ tion de 'la Commission de l'inventaire des Richess1es d'art sur le mauvais état d'e ce monument qui, « bien qu'il ne menace pas ruine, exigerait d'ur­ gentes réparations »; mais les res­

sources disponibles n'étai'ent point suffisantes pour entreprendre une r,estauration sérieuse, qui deVlait d'aiHeurs nécessiter un .gros matériel d'échafaudage et dont la dépense au­ rait attei,n!Î un chiffr'e relativement élevé. De toute ' évidence, c,eUe situation ne Ipouvait durer et, dans un ràpport adressé à s'es supérieurs le 29 mars }E:83, l"Ingéuieur ordinaire de Corbeil dut convenir du hien-fondé d'e ces (19) DENIS (Louis) , Iti.néraire portatif. .. (Paris, 178 1, in-8 ° ) signale, p. 42 : « Aprés la grosse aube rge de la Cou r de France, on travltrse le chem in pavé de Juvis y à Ville­ m oisson et on v'o it une jolie m aison bour­ geoise à g., décorée d'un e terrasse revêtue d'uJn m u r; après, c'est une vig'n e entourée' d'une h aie v ive. Les h ayes passées, on trou­ ,?e une nou v e lle auberge à g., après laqu elle Il y a ulle fontain e don t les eaux cou l e n t l e long de la ro u t e . » C ette auberge s erait actuellem ent s ituée au 2 2 ou 22 b i s, avenue d e la ,Cour de France, à Juvi sy. (20) Le même auteur écrit : " On trouve à dr. l'aube rge du Mon t-St-Michel, où l'on voit u n e fon taine dan s la cour et un beau réservoir... Les eaux que jetten t les Fon­ tain es du Pont vienne nt par des tuyaux de ce réservo·ir. » Le plan d es source s est aux A'rch . des Pon ts et Chaussées, Carton 80.


151-

récla matio ns: « Ce tr.a/Jai[ présente un vér itable caractère d'urgence. Les paremen ts de pierre de taille, envahis " par la mousse dans .des endrOIts inaccessibles se désagrègen t; plu­ sieurs pierr s dies bandeaux de tête . son t ruinées et des tissures s e manz­ festen t entre ces bandeaux et le reste de la voûte; enfin Ifl plupart des ;oints sont dégairnis ,de mortier (15 ) ». . Par décision ministérielle du 16 juillet 1883, un cr édit de fr. fut accordé à cet effet. L a refectlO n des sculptures fut confiée à un artiste·· � culpteur de P aris, M. Costet, 'pour 1 .20 0 fr.; et , prur soumission en date du 16 juin 1884, M. Françoi� Eugène, en�repreneur à Savigny, s 'eng a gea à exécuter pour 4.80'0 fr. l"enlèvement complet de la végétation, le rejo n­ toiement au ciment des maçonnerIes saines et la re pris'e de ceFes dont les matériaux étaient délités. Nul n',est mieux placé qu'un conltemporain, M. Girard, ,pour juger de la fa ç on dont 'furent rest aurés c,es vestigés de l'Ancien Régime: « NO{ls avons été surpris, écrit-il en 1 9 00 0 , du g,oût et ,de la délicatesse qui . .. on t été déployiés pour l'emettre en éla t ces merveilles d'autrefois, ,qui, par leur nom même, évoquen t tout u n passé )e.une et gai (21) ». . Bepuis ce moment, plus de SOIxan­ te ans �e sont écoul'és; et, si nous

(?OO�

(21) GIRARD, Juvisy-sur-Orge (Extrait i llustr é, 4' année, nO' 45-46).

l'ersailles

du

avions un Viœu à formulér, ce serait de demander à nouveau que ,les ser­ vice's compétents procèdent rapide­ ment à la visite ,et au nettoyage mi­ nu.tieux de oe que nous considéro ns comme 'l'un des plus beaux monu­ ments de l'Agg'lomération Juvisienne. * '**

1900! . . . Oui, c'étai,t' sûrement la belle époque! ('..eUe où, dans ce cadre e n ch an teur, on pouvait encore ; avec un tant soit peu d'imagination, voir

« tout à coup appalJ"aîtl'e des théories de jeunes bergers 'et bergères! escor­ tés de ces blancs moutons SI chers (lUX poètes et aux gl'aveurs du X VI I I " siëdeJ exécuter une de ces farandoles folles, au sOon du chalumeau, sous l'œil bie.nveillant de Florian,»; ce,]:]e a.ussi où M. Girard, ,errant à l'aven­ ture dans l 'aim abl e domaine de Juvi­ sy, s 'é criait pIein d'enth?ùsiasme: \( on y vit une nouvelle �xlstenc e; on . . (/.'�pir'e un air dOllx et tzede" lOIn de linS villes l"cmwante.ç et surchauffées ; an comprend enfin tout ce que la na­ ture sait donner en .�e prod'iguant . . . ». Pou r q uoi a-t-il fa:llu que ,les hideux lotissements envahis,sen� peu à peu nos pl'aines et nos coteaux? Pourquoi faut-il que I.e bruit assourdi'ssant d'UH train ou ,le klaxon d 'un e puissante voit Ul"C nous r appellent sans cesse vers cette ré ali té bruyante que nous voudrions fuir d ans un rêve édl1!­ COl"(� ?


L'OCCUPATION ALLE MANDE à Villeneuve-le-Roi du

17

Septembre

1870

au

13

Mars

1871

P a r PAll L CSERY

E

N

m êm e temps que Gambetta, le dimanche 4 s e p te mbre 1 8 7 0, fai s ait acclamer à Paris la dé­ chéanoe d e Napol,éo n III, l'Autorité Mu nicip a l e de Vi,u eneuve - l e - Roi, effrayé e ave c j u ste rai s on d e la rapi­ dité de l ' avance a llem ande, engageaH viv e ment tous l e s habita nt s « à r en­

trer le pll1s p ossible lel1rs récolt e s et ICl1r cheptel dans Paris (1) » ; mais

l ' en semble d e l'a p o p ulation et s u rtou t l e s fermiers s'e refusaient à croire ' qu e l ' ennemi pût jamai s que l q u e j our a rriver � o u s le s m u r s de l a Capitale . A u s s i lors q u e , le 1 G 'septembre , l e s Pru s sie ns , fir ent l e u r apparition à Vil­ leneuvE-Saint-Georges et q u e l e s- quel­ qllfS gendarme s qui d é fend aient le p'n s s age de l a Se ine s e furent rep lié s en d é s ordre sur l e s vi ll'a g e s d ' Ab l o n , (l ' A t h i s e t d e VilrIe neuve, e n � e Jll ant l a panique , l e s h abitant s , ,c omplète ­ m ent affol é s , s'enfuirent précipita m ­ ment e n direction d 'Orl éans e t d': Pari s , abandonna nt non s,eu l emen t l e s récolte s , m ai s e nc ore l e mobi Ü er , et même les obJet s l e s p l u s préci e u x . , Si b i e n qu'à l ' arrivée d a n s l a Com­ m u ne d e s pre mi ers. élémen t s de ['a ' Ille Armée a ll emande, i l n y r e stait plus q ue douze à qui nze per s o n n e s , dont quelque s vieillar-ds i m potènt's , s ur u n e pop u l ation d e 484 h abita nt s . L e curé, l' abb é Barranger, était éga­ l e ment deme lV'é à Vill eneuve où il fut, pendant de l ong s moi s , ,le s eu l repré­ s'ent n n t de l a communauté. Quelqu e s j ou r s auparavant, le 12 sept embre, :s u r l e s deux rive s d e la Seine , d e s gens s u s p ects, au nombre de cinq, av a i e nt été r e ma r q u é s , pa(1) A reh . d é p . d e S.-et-O. , B appo]'t d c M . i\' o i' l , m a i re de Villeneuv e- l e-Roi ( c n d a t e' du 7 j a nvier 1 872) et de M. Frion, i nstitu­ t eul' du pays (en d a l t' du 8 j a nv i er 1 872) .

dre s s er d e s pl a n s comme l' ais s a n t po u r préparer l ' établi s sement : d ' u n pont de b ateaux, r'endu néce ssaire p a r l a destruction nu p o n t d e Vil l e neuve­ S �!i nt-Georg'e s . A p l u sieurs reprises, le Che f d ' Es c a dron de Gendarmeri e , commandant le s avant-p o s t e s fran­ çai s d'observation, qui r é s id ait d a n s l a Commune, avait été avi s é de .ce fait et d e bien d ' a u tre s . D ' ailleurs u n ent1"epr e ne ur de ma­ co nneri e décédé a ux enviro n s de 1900 �'e plaisait à raconter l'aventure qui lui ét ait arrivée à cette époq u e . Alors qu'à l'approche des Pru s si ens , il fuyait en direction de Versaill e s , p ortant sur son do s qu el q u e s m,e n u s b a ga ges , ét a nt arrivé à l a « Vieill e­ P o s t e » , j,J rencontra Sur la rout e de Fontainebl eau u n groupe de c i vi l s d an s u n e voitu r e . D a n s l e b u t d e l e u r rendre s ervice, il s'e mit à l eu r crier : N' all ez p a s de c e côté, me s braves g e n s , vous a ll ez rencontrer l e s A ll e­ ma n ds ! Qu elle n e fut pas s'a stupé ­ fact i o n 'e n s'entendant répondre : Mai s , Monsie u r, nous venons de l e s quitter et nou s e n som m e s n ou s ­ même Si !

L'OCCUPATION ET LE PILLAGE C' e st le s a medi 17 septembre à midi qu ' en fa c e d e ViHeneuve- Saint-Geor­ ges fu rent lancées le s premières bar­ ques , transportant trois batail lons d ' i n fanteri e . La constru cti o n du pont de bate aux, commencée , im médiate­ ment, fut terminée 'en u n e heure, livrant a u s sitôt pa s sage à deux e s c a ­ drons de uhl a n s qui s ' e s s a im èrent par p e ti ts groupes d a ns diver s e s' direc ­ tion s . A u d é b u t d e [l ' a près-midi , Vi l leneu­ ve-le-Roi était occupé san s combal par un r égiment de hu ss a r d s , et, l e l e n dema i n , par de s fanta s s'i n s bava-


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j"o i s e l de s dragon s . Si ces dernie r s n e causèrent auc un d omm age, l e s B a­ va roi s , par co ntre , ina ugurèrent l e p i ll ag e généra l à cara ct è r e o fficiel q u i s c pou rsuivit s a ns r elâche d u d i m a n ­ che 18 a u j e udi 22 e l rut d ' aiUe u r s (' o nt inué avec u n e arde ur peu com­ m u ne p ar le s 5 0 . 00 0 hommes du VI' Corps d'armée ( f a nt a ssi n s , artill e urs et cava liers) ,q ui avaient pénétré d a n s l e v i ll age d è s le 19 pour monter sur l a Plaine du Lon gb o ya u , près de l a « VieiHe-Po s t e » , afin d e s ' y établir . Comme le camp manqu ai,t d e . literÎ'e , l o ut es les maison s furent liUérale­ me nt mi,s'e s à s a c à l' exception de l ' é gl i s e , du presbytère et de la villa O l ivier Bacon , hab i t é e par l a proprié­ t a i re . Vil leneuve fut oecupé jusqu'à l a

si gn ature de l ' armi stice p a r u n effec­ tif de 5 à 6 . 0 0 0 so ldats qui parache­ vèrent Ies d e s,t ructi on s et d éva st a­ tions et fir e nt di sp ar aîtr e peu à p e u l e maigre mobili er rest ant . D 'autre part, précise Ie Maire , « toutes les ca­

par

chettes on t été trouvées ou vendues q uelques-uns des ha1bitants restés (f il s erùz.ce des Prussien,s (1) . »

A v a nt de fuir, plusieurs personnes av aie n t , e n efI,et, e ss ayé de so u straire au pill a ge c e q u ' e ll e s p o s's éd ai'e nt d e plus précieux et avai'ent déposé ces différ'ellts obj ets dans l e s cave s voû­ t é e s d'une mais on de l a r u e Sai nt­ Martin , mises à l e u r d i spoisition p ar l e proprié taire qui exerçait à cette époqu e l e s foncti o n s d'ad j oint a u Maire ; m alheureus ement, c ette ca­ l'hette fut dénoncée aux AUe mands qu.i s'emparèr ent de Sion contenu . Heureus ement pour le propriétaire l ui-m ê m e, ils ne trouvèrent pas -l ' e n ­ droit où C'e brave homm e avai t mi s en sûreté une védtable petite fortune qu'il avait réussi à dis si m u l e r s o u s le' dal l a g e de son s ous - s o l , transformé en écurie par les occupants ; a u s s'Î, après l' armistice, fu r'ent-i l s fortement déçus de ,l u i voir, apr è s avoir obtenu l ' au tor�saJion de de s c el l er u n e pa rtie du carrel age, 'S ur lequel hommes et chevaux évoluaient depu is d e s moi s , r �unener à l a lumière du j our u n e pe­ tIte boîte contenant 9 7 . 00 0 franc s .en . p i è c e s d'or.

La traditio n omle ,

rapporte q u e l e s

q u elque s Villeneuvois qui n'avaient pas vou l u abandonner le urs demeu ­ .l'es eurent à s ubi r nombre d e vexa­ t i on s de la part de l' envahi s seur ; p l u ­ s i l' u,rs f u rent cha s s é s de l eurs mai� s o n s et ohligés de s e réf ugier d au s les s e r r e s d u châtea u de l 'Abb aye ; cer­ tains a u r aient m ê m e été sur le point d ' êtr e fusillés à l a suite de la mort d e s o l d a t s allem ands t u é s d a n s l e s vignes d A thi s- M o n s . Il semble bi e n que c e s souveni r s , transmis d e génération en gé n é r ati on , a i ent été q u elque peu déform é s , car l'abbé Barranger a text uellement é crit : « Les rapports avec le curé, '

seu,le autorité res tée à Villeneuve, fu ­ rent très bien veillan ts, quoiqu e sévè­ res de la part des , Prussiens. Ce ttè bienveilla,nce fut également témoignée en vers les pauvres habita!ns restés au village : ils les ont nourris, le urs mé­ decins les ont soignés gratuitement (remèdes e t vis ites) pendant leur ma­ ladie. Un seul individu fut emprison­ né pour insulte a ux A llemands : étrange r à Villeneuve, il f.u t expu lsé (2) . »

A ViHeneuve, l e s Alleman d s n'eu­ pe n t p a s , à p r Ü pre me nt parler, b e s oin de lever des r équ i s i ti o n.s du fait que le vill age ét ait pr,e s que complètement abandonné ; au ssi s ' e mparèl"Cnt-"ils s a n s p l u s du blé, d e l ' avoine, du four­ r a ge , du bois et du cbarbon l a iss'és p a r l'e s habitant s . L e s troupes qui, du 23 septembre 1 87 0 a u x 12 et 1 3 mars 187 1, 'c a nton­ nèrent à Vill e neuve-le-Roi app arte­ n a ie n t a u VI" Corps d'armée et com­ prenaient partic ulièrem e nt le 6' d' ar­ tille r i e, une partie d u 1 0", les batail­ l o n s du g é ni e et de s t élégraphes', l ' am­ b u lance et tout l e quartier-génér a l , s o u s !oe commandement du géné.ral Tümpling 'qni occu.p ait la propriété d e M . Sou p ault . '

LES AMBULANCES A l'a s u ite des petits combats qui s'e déroulèrent dans la région, d es ambu­ lanc e s - fu rent organisées à Vill e neuv e ­ l e-Roi. ( 2 ) A rcll . dép., Rapport de M. l'abhé B ar­ ranger, curé d e Vi llcneuve- I e - Ro i (cn d ate du 1 6 j an'vier 1 8 72) .


-- - 1 54 Dès le lundi 1 9 septembre, J' ambu­ l ance du presbytère donna asile à trois bles1sés prussiens, dont un c api ­ taine; le mardi 2 0 , douze so ldats prussiens, bless,és o u exté n u l\s d e fatigues, y ftwent reçus. , . Une seconde ambulance fut orgam­ sée par :\ladame Olivi·er Bacon qui, à cet effet, tra nsforma s a maison de campagne pO!ur les PrussienlS (3 ) et y resta pendant le siège. Quelques sol'dats français furent en outre s'ecourus par l'abbé Barranger: s ept'em b re, 50 prl. ('. L e vendred,i .'0 sonnie.rs' français a vec lz n Capitaine e t son L i e u t enan t pass e n t la n u it dan s n o tre Eglis e e t s'y son t por:faitement conduits . Honneu r à c es Braves mal­ h eureux / q u i s u rent parfaitemen t res­ pecter la mai s'on de Dieu / ))

LA RÉCEPTION DU ROI DE PRUSSE

Le mercredi 5 octobre 1 8 7 0, ,le grand quartier-général allemand , fut transféré à V,ersaiUes et, à cette occa­ s i on, le Roi de Prusse Guill aume I,e ., accompa gné de son ministr e Bis­ marek, vint inspeeter les troupes à Villeneuve et fut reeu au l'hM'e au s'e i­ gneuri al, appart,e n a n t alors à M. Sou­ pau.lt. Voici d ' ailleurs le récit de cette grandiose récepti o n, extrait du « Journal de l'Empereur G u illaum e )) de Lo uis Schneider, traduit de l'alle­ man d par Ch. R abany : « Comm e J'a vais il faire h u it milles avec m es de u;c faibles chevaux, je de­ manrda i congé pour cette m at inée, et ie partis de Lagny par la rOllte la p llls courte pour Villen e u ve-Sain t­ Georges, o u il fallalÏ t tra v e rser la Sein e . Natllrellem en t on (/Ivait fait s auter le b eau pont de l'illen e u ve-Saint­ Geor.ges, m,a is comme partout, en pa­ reil cas,. un pon t de ba teaux allemand, construit à coté, sem b lai t narguer cette destlluction inu tile e t iuéfléchie . L e pon t de bateaux é tait très s o li­ de, car il ava it été construit pour s up­ porte,r le m atériel ,de s iège, don t on parlai t tan t, et don t le transport n e s'effectlla d'aillellrs qLl e beaucoup plus tard. (3) Souligné dan s l e rapport du Maire.

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ior de la 1/r A rm é e , et le général Tümpling, fwec l'Eürt-Ma,;or dll (je Corps. Il m e {allait dpfiler dan s mon ca­ briolet d l o ua g e , SOLl S fes {leux de cette brillan te réunion, le roi n ' é tan t pas en,core arrivé . J'att e ign is ainsi l'illemm ve-le-R o i, situ é plus hau t, o ù un repas était pré­ paré pour la 's uite de Sa Ma; e s té dan ,� l e jardin du q Zlartier-gén éral du corps ; d'al'm é e. Là, du h a u t d'Zlne coUm e,. on voir le so uverain s'appro­ pou vait ail village, i l c he r . . . A van t d'arriver inspecta d'abo rrd l e bataillon de fus i­ liers du 22" régim e n t d'infan terIe, e l L1ne ba tterie à pie.d d u 6e régim ent d'artillerie de campagne, puis il entra dans le }al1rlin . La tab,le servie en plein air, les uni­ form e s aussi brilla n ts que nom breux, et une e3Jcellente m usique m ilitair e form aie n t un tableau pittoresq u e e t d e s pills an imé.�, s o u s les rayons d' un :, oleil (weuglll r: t. D e temps à. a utre, le canon .d e PO rlS accompagnaz t ' de ,�es n o tes sour,des e t menaçantes les fan­ lare.� écla tan t è s de la m u siqu e, parmi lesquelle s la « Garde du Rh in » élec­ trisa tous les assistan ts . L e roi paraissait plein d'un en train inaccou t,um é ; les rapports arrivan t de t o us les côtés et qui dépe ignaient la sitllation étaien t sans dou te la {:a u ­ se d e ce tte b e lle h u m eur. L e diéje llner fi n i , on monta à che­ l'al et on se rapprocha de Palris en passan t par Orly, z'a Vieille-Pos te, Pa­ ]'[ly, 'Wissous,. tand is q u e le.� équ ipa­ rle,� dur en t fail'/' un détour considéra­ ble par les localités situées plus au Sud. » Ce j our-l à, le Roi de Prus'se fit sUJl­ prim èr le drapeau françai s dont les trois cOll'leurs floUnient touj ours, au presbytèr'e, à eôté de la- croix d'um­ bulance.

e

LES VILLENEUVOIS A PARIS Une grande partie des habitants avait quitté le pays pour se réfugier à , Paris; pensant y , êt r'e en sûreté. Combien furent vidimes des priva­ tions et des maladies consécutlves au


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de �nalheu �' , si èg e ? Et POU !' c<.>�nble rIgoureux un f roid pa:rhcuherement ' augmenta dans de notable s proporla population . t ion s les s ouffrances de pour tant, l e Maire d e Villeneuve­ le- Roi, M. Noë l , avai t olrg � ni sé � ne . Mai rie, au 9, Fau o u rg Polsso umere, . . oÙ les réfu gi e s, dl SperS!c s dans tous l e s <t uartÏ'ers , purent . toucher pendant t oute l a durée du siège, avec le con­ cou rs de ,la Vil le de Pari s, du pain , d e la vian de, des légumes secs , du chauf­ et des vêteme nt s . f age ' L es hom me s vali des furent incoT­ porés dan s la L é gion de Sein e�et-Oise et parti cipèrent à la garde des' rem­ p art s d aux opération s d e s. comp�­ g nies de marche en dehors de la CapI­ t ale. Le 29 Janvi,er 187 1 , l e lendemain de la chute de Paris et de l ' armi slt ice de VersaiUe:s marquant la fin de la guer­ re, M. Noël , ,en sa qualité de Consul général d 'une p ui ssance neutre, put obtenir du M ini stre des Affair,es Etrangères e t de l'Autorité prus sien­ ne, un « lai s sez-passer )) pour se ren­ ' dre à Vill eneuve-le-Ro i . A la suite de son intervention au­ prè s du général ·en chet' d 'occupation , ce d ernier, le général Tüm pling, accorda aux f.ermiers ,l ' autorisation de r evenir dans la local ité , de labourer et d'enseme·ncer les terI'es : les 9/ 1 0 des terres arables furent a i n s i mi se s e n culture.

LA CONTRIBUTION DE GUERRE Le 14 février 1 8 7 1 , une d élégation des habitants rentré s dans la Com­ nume vint à Pari S! avi ser le Maire qu e l'ennemi menaçait d e mettre le · f eu dans le vil lage si , s'Ous vingt-quatre heu res, on ne l ui: V'ersait pas les im­ positions d'octobre , novembre et dé­ cembre 1 87 0, échue s et non payées, et pour cause : les contribuables n'étant plus dan s le vill age . Les archiv·es · communales cons;er­ vent toujours le compte œndu de cette s·éance m émorabl e au cours de laqu elle furent ét u diées les mesures à prendre devan t le s exigences des Pru ssiens :

« Le 14- février 1871 , a 1 1 h eures du matin" le Conseil Municipal de Villeneu ve-le-Roi, représen té par M1J!I.

Charles Noël, Maire, JU bin, . Pen'in, Picard" Bonneau, tous m em bre s du Conseil MUœlkipal, dispensé de fauto­ risation par l'urgence des cir,cons tan­ ces e t le danger im minent, s'est réuni extra01�dinairemen t au siège de la Mairie de Villeneuve-le-Roi a Paris, Faubour;g Poissonnière, et a nommé M. Charles Jubicn, l'un de ses m em­ bres, comme secrétaire. En présence de la sommation faite a la c ommission municipale par l'au­ torité . allemande, d'avo ir a payer en­ tre ses mains la som me de 3 .84 6 fI'. 22 centimes pour contribution arriérée sur l'année 1 8 70, sous la m enace d'incendie du village, en lui donnan t seulem enlt trois Jours po ur tou t délai, le Conseil ac. c epte l'offre faite par M. Noël, conJoin temen t avec tous les au tres propriéta'il'es de la Comm une q u'il s'ad}o.lTl,dra, d'avancer a la dite comm une de Villeneuve-le-Roi la somme demandée,. a titre ,de prêt payant a l'acquit des c.o n tribuables retardataires (4) . }) T()luj ours sous menace d' exécution la part de la Commune militaire, dan s la contribution d e guerre Ïlllpo ­ f, é e au canton par l 'arm é e ·ennemie avai t été fixée à 5 . 0 00 fra ncs, qu e le Maire dut également avancer ; mai s , par suite d e l a restitution par les agents pru � siens de ,la moitié d e la somme, l ' avance faite par M. Noël fut réduite à 2 . 5 00 francs . A plu si eurs .reprises , la générosité de son Mai re ép argna à la Commune ùe .grave s sancti ons, ainsi qu 'en, té­ moigne la délibération de l ' A s sem­ blée Municipale du 30 avril 1 8 71 (4) . Aprè s le départ des AUemands , les Vil leneuvoi s édiles s'installèrent à nouveau dans la Mairie, dont les ,lo­ caux et les archives avaient été com­ plètement ,saccagés par l'occupant : .

«

Les Prussiens onl tou t détruzt, Il n ous reste seu le­ men t ufile certain e quantité de regis­ tre.� de l'Etat civil q u i sont dans un étal déplorable et que nous nolis occupons de faire recopier. Tous les écrit le ' Maire.

(4) Arch . Corn . d e V illene u ve-le-Roi, Vieil­ le s Archives . Ces d eux docu m ents f i gurent sur de,s feuill e s volantes (Casier n ° 2 2 Guerre de 1870) .


plans, · actes adm inist r a tifs , bulletin s, livres de ,délib'é rations et bibliothèqu e comm unale n o u s m anq u e n t complè­ tem en t ! » Le cauchemar ne prit fi n q u ' avec l' évacuation de V i l le n euve-lé-R o i , le 1 3 mars 187 1. Peu à peu, la vie r eprit d ans notre chère cit é , méconnaissa­ ble a p rè s six moi s d ' o c c u p a t io n , seu­ le s quelq u es maisons ayant échapp é au pillage s ystémat i q u e . Pour notr,e petit village , ta nt e n biens mobilie,rs q u ' i m mobil i e r s , l e s perte s s e ch i fl"r aie n t à 842 . 5 1 4 francs , et la co mmunauté était d ' a u tre pa r t

LA FIN DU CAUCHEMAR

r e devable d ' u n e s o m ll1 e a s s e z r o n ù e ­ lette envers M . N o ë l , en raison d e s e s interventions g e n er e u s e s dans d e s' ci rè:o Ii stanc e s p a r ti c u l i è r e m e n t criti­ q u e s pOUl" le s d e s t i n é e s de l a CO Ill ­ lll u n e . E n COlll iJ c ll s a l i o n d e s d o m m a ge s subis p a r la p opulation de V i lleneuve­ le-Roi , l a Comm i s s i o n Départemen­ tal e d e S e i n e -et�O i s e n e put a l l o u er q u ' u n e subvention d e 1 28 . 90 7 frs' 29 OEmtinws qui fut répa rtie entT e q u a t r e c atégori e s de bénéfici aires e t d ' a p r è s l ' importance d e leu r s besoi n s . Ainsi s'e t e r m i n a l' u n e d e s pério­ des les plus doulou r e u s·es q u ' ait ,eu à s u b i r Vill eneuve-le-Ro i .

LE

MUSÉ!:

D'H ISTOIRE N ATLJ RELll: DE LONGJUM!:AU P a r L O U I S B R U N EL

L

E

tou riste ,qu i , parcourant la d e l ' Yvette, passe à Longj u m eau , p e n s e infail libk­ ment aux posti llons de j a d i s e t à l'Op éra-Comiq ue d ' Ad o,lp h e Adam, grâce auquel l e nom d e cett e vil l e a fait le tou r d u mon d e . Et n'y :songe ­ rait-il point, le monument, éri gé e n 1 897 d evan t l ' ancie n ne Mairi e - a u ­ j o u rd ' h u i .J u stice d e Paix - e t repré­ du sentant le busle compo siteur acco mpag né du célèbre P os t illon, le t i rerait bie n vit e de s'e s rêveries pour fixer son attention . P ou s sé p a r l a curio sité e t s e fiant à. l 'exc e l l ent princip e q u e mêm e . e n marge des chemin s battus to ute agglo m é r at i o n hum aine ·p:os sède pres­ q u e touj o u rs d e s mallum e nts ou d e s s ites d e quelque intérêt, i l remonte­ ra alors la Gra nd e Rue et s ' arrêt e r a devant l a vieille é g l i s,e d u XIII " siècle dont l'arch i tec l u re e s t fort i n t é r e s ­

sante.

vallée

Mais trop souvent - et c eci faufe dir ective s - il o met d e v i s'Îter l e s p len di de Musée d ' Hi s t o ir e Naturell e . i ondé d e tout e s pièces par u n grand philanthro pe douhl é d ' un chi r u r g i e n ré p uté, l e Doct e u r F . Cathc l i n , et i n auguré le 8 jume t 1 93 4 . C e M u s é e , situé j u s t e e n face de l ' ég l i s e , e s t ins t a ll é da n s l ' a ncie n Hô­ tel du Dauph in o u Maison de l'Epée R o ya le , édi fi e e auquel s o n t attachés des souven irs hi s t orique s', p u i s que l a P a ix de Longjum eau, d i t e « hoiteu­ s e » o u « mal a ss u r é e » , qui mit fi n à la seco n d e g u e r r e d e R eli gi o n entre catho l i q u e s et p r ote st ants , y fut s i ­ gnée le 2 3 mar s 1 E, 5 8 e n tr e Char­ les IX et l es Huguenots . P a r l'i mpor t a nce insoupçonnée . et la riche sse d e sc s c ollections, le :YI u ­ s ée d e Longj umeau est unique e n Se in e -ct - O i s e et tient e n o u tr e une p l �c e ù e prcmier nmg p a r m i les MlJ'-: s é e s régionaux.

de


� -.

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No u s avons pu d 'ailleurs j uge r par nou s�même s de l'immens'e effort réa� l i s é et de l'int érêt puissant q u ' i l pr é ­ sente ; et nou s po uvons' affirmer qu'il offre à celui q u i désire autant se dis1 ra i re que s ' ins t r u i r e u u « c o n d e n s é » de t o u tes le s p l u s belles œ u v r es de l a Nature, pr é s e n té es d e façon à ce q u 'en un r a cco u r ci sédui sa nt on p uisse se re ndr e coinpte de l'harmo­ nie qui nous entoure sur le globe ter­

restre.

En effet, bien qu'il fût fermé en belle j ournée du m e r c r'ed i 1G Août, nou s avons eu l'insigne hon­ neur de vi siter longuement les 14 sal­ Ies où s'ont rassemblées p lu s d e S O U . O'UO pièces <et nous avons pu e n apprécier les beautés, dan:.s tous leurs détai l s , g r,àce aux slavanles expl i c a ­ tions données ave,c verve, enthousias­ me 'et ent r a i n par le Dr Cathelin 'e n personne, Ilequel nous a reçu fort amicalement et que nous ne saurions trop remercier pour sa grande obUeette

geance. La superfici e totale d u M u s é e e s t de 2 4 5 m � en viro n . Les vit rines, tant horizon ta l e s '(f u e verlicaLes , couvrent pl us de 235 m2, protégeant le s in­ nombrables

pièce s,

Iso'Îgneusement le fonda­ leur. Enfi n" de nombreu ses p l a n c h e s murales, ainsi que des photos et des t ableaux (su rtout aquarell é s) il lus­

cj a s s ées et étiquetées

I r ent les

par

espaces l ibres .

On ne peut s'empêcher de songer a u temps passé et aux dépense s fai­ tes , par le Dr Cathelin dans un but p u rement scientifique et désintéress é . Il est l à t o u t enti er, l u i qui créa a u s s i e eUe œuvre de haut e philanthropi e et d'assistance soci a l e qu 'est l'Hôpi­ tal d' Urologie -e t de Chirur g ie U ri­ nain� de P aris ! Nou s n'avons p l u s mainteuant qu' à regarder et admirer ; mai s i l est vrai­ lll e nt impossibloe de détailler toutes ces. mervei l l e s , et n o u s nou s , conten­ t e ron s d'en donner u n modeste a p erçu .

Salle d'ostéOl ogie, d' a natomie pathologique, d' ethnographie et de préhistoire. - Citons en parti­ culier : des obj ets gallo-romains , des ce nt a i ne s de haohes et d ' o uti l s' des époques paléolithique et néo l it h iq u e ,

u n e tête \ de momie, des o s s ements géan t s (fémur de mammouth) , des monstruo sité s (lapin cycl'ope, chat à 8 pattes) , d,e s crànes et o ss'e ments ga l lo-roma i n s .

Sa lle des re'ptUes, poissons, crustacés, batraciens et vers. -

D es centaines d e reptiles (boa, py­ thon) , �rocodiles, poissons ,· cru s'tacés, tor tues, avec une collection c o m plè t e de vers p a ra s it e s de l 'homme et des a nimaux. Sa,lIe des fossiles et des co­ q uilles. - Nombreux madrépore s ,

cora u x , éponge s' (admirable éponge fin e de Syri e ) , ét o i l es de me r géante s , toutes les coqu i r e s lll a ri ll'e s � l e s va­ ri étés d'hu ît r e s l e s curieux mo llus­ q u e s et oursins ; une coUection de 150' prépara tions 111i croscopiques de bryo­ zonires, i n f u so i r e s et protozoaires ; tous les fossi,loe s du t ert iaire parisien. E n fi n u n e vitrin e e st r é s e r vée aux empreintes pa l éontologiqu es anima­ l e s e t vé gét a l e,s .

Salle c:lY' e n'tomologie.

C'est

-

l a plu s goûtée du publ ic en raison du chatoienlent d e s , coul'eurs des pap il­ lons. Tou s le s i nsectes géant s sont là : dynastes, arlequins de Cayen ne . Plus de 1 5 . 000 coléoptères, diptèr e s , névroptères et hyménoptères ! De gro sse s araignées, d'énormes scor­ pion s, p l u sieurs boîtes d e chenilles s'Üll f fl é e s , d e s termites e t des nids d ' hymé no p t è re s .

Salle dé botàniq ue. voit une riche collec tio n d e

-

On

y

cônes, un ens'o mble de fruits et de l é gu mes moulé s, d e s champignons , une cen­ tain e de ' v a r i ét é s de boi s forestiers et fruitieTs, des produits coloniaux, . des graines en bocaux et u n herbier d'e 6 . 0 0' 0 plantes .

Salle des n i ds et des œ ufs. Nids de nos pay s et de s r é gion s éloi­ gnées ; œuf,s fr a n ç a i s et exotiques , du plus gros ( a u tr u che , casoar) au plu s petit (oise au-mo uche ) : Une collection de vue s d'ois,e aux photographiés en liberté. Une curiosité : un œuf de poule qui en contient u n autre ! 2


_ ..

158

Salle des p ierres et des miné­ raux. Beaux spécimens de blocs géants dont une fl u orine eristalIisée, des quartz, a gates, ony x ; des stalag­ mites et sta lactites, bombes volcani­ ques, pierres precIe u se s, combusH,.. bIes, minéra ux phosphorescents . .Une splen d ide coUedion de marbres· et enfin une bcIIe série cristallographi­ que de p lus de 3 0 0 échantillons en terre cuite. -

Salle des mammifère s et des oisea,ux. Un Combat ,de C e rfs de 2 dix-cors a ttire i mmédiatement l'attention. D ans les vitrines, de mul­ tiples mammifères , de s oiseaux, toute la faune européenne. En haut, des toiles de nos grands peintres anima­ liers; des aquareUes et une belle col­ lection d'oiseaux avec lIeurs plumes reproduits sur fond plat par les indi­ gènes du Mexique . Enfin, sur le pla­ fond, en médaillons, les noms d es 1 5 plus grands naturaIi s·tes f.rançais de­ puis Réaumur j usqu'à Fabre. -

Sa lles médico - chiru rgicales. Plu s de 2 0 0 tableaux représen­ tent les grand s méde'CÎns et l,es faits ' curieux d'histoire de la m édecine. Qu. atre immenses vitrines renferment près d ' u n mil'1i'er de pi èces opératoi­ re s rares, enlevées sur ,l'e vivant par le Dr Cathelin, avec une col lection uni'que de « pierres » . Enfin, tout un ensemMe d'aquareIIes et les instru­ me nts de ,chirurgie i m aginés par cet ém inent collectionneur qui n 'a pas oublié qu'il était m é decin. Sa i'le du Folklore de l' I l e ­ de- Fra n ce : Salle Cha u d u n . ­ Ouverte en 1 938, elle est entièrement consacrée aux souvenirs historiques de nol-r·e belle région . Troi s vi trines archipleines contiennent : l'une, une magnifique coHection de vi'eilles. fer­ ronneries, offerle,s par feu M. Flin, de Savigny ; l 'aùtre, des poteri,es et grès rustiques provenant de vieilles famil­ les de VHlemoisson, des objets anti­ q u es (faïences de la R'évolution, râ­ pes à tabac, balanc-es, tetereIles, sa-

b ots, outi l s . . . ) ; la troisième, tous le s ouvrages connus sur la région. Enfin, dans les coins, des croix fu. Il éraires à fl eur-de-lis en fe r forgé, d e s hottes de nos vignerons du xvm" siècle, une charrue à soc de bois, une énonne hers,e arrache-pierres, des a ssi,e:Ues à ,l a crinoline faites à Choisy-le-Roi, une horloge, deux hal­ l ebardes, deux rouets avec leurs que­ nouiHes, des portraits d'hommes cé­ lèbres ayal'.t habité le pays autrefois. * **

Dans la cour d e cette ancienne . mai son de poste, on peut encore voir, a c crochées aux murs, près' de 1 2 0 p l a­ q ues de cheminées anciennes de la Renaissance au Premier Empire ; et, au ras du sol, une suit'e de vieilles pierres travaillées de l'époque gau­ loise au moyen-.âge. Sans oublier une soixantaine de moulages très réussis· de fossiles végétaux ou ani maux.

A la vue d e c e vérita ble trésor de science et de patience, n ous regret­ tons si n·c èrement qu'un tel Mu sée ne soit pas placé dans l'immens,e Agglo­ mération Juvisienne q u i tend à deve­ nir l'un des centrcs s,colaires les plus imp ortants de la Ba nlieue Parisienne. Quoiqu'il en soit, nous conseiUons vive ment aux instituteürs d'y mener, le jeudi, les en fants de leurs Ecoles : i ls y trouveront gratuitement un véri­ tuble aUment intellectuel. Et, en conclusion, si nous avions un vœu à formuler, nous n'hésite­ ri'O ns pas une seconde à deman der au Docteur CalheIin qu'i l permît le dé­ placement d e ce remarquable Musée : son œuvre serait ainsi j alousement t'ons,ervée et les habitants de l'Agglo­ mération Juvisiellne, épris plus qu'on ne le pense de régionaIislne et d'his­ toire locale, auraient vite fait de l 'en­ richir de pièees qu'ils gardent en ré­ serve pour cet événement peut-être réalisable.


LE

MARECHAL DAVOUT PRINCE D'ECKMÜHL ET

à

SA

-F AMILLE

Savigny-sur-Orge Par

J ACQUES-ANDRÉ JANVIER

Secrétaire-g én éral dll Syn dica t d'In itia tives de Savign y -s u r-Orgè •

E

N

cette chau.de j o urné e d ' a o û t 1 80'2 , parmi l e s vif ageo i s . assemblés sous les orme s du M a il , une n ouveUc se propageait, o b jet d e s com­ mentail'es sans fin de t o u s : J e j eu n e et déj à cél èbre général Davout de

dom ain e sei gneurial de animée ' par la 'p r é s e n c,e d,e s « anciens » aut our desquel s o n formait cercle, fai s ait r eviVlr.,e pour que'l­ <t u e s i n sta n ts l ' atmo sphè re. d e cette m agnifique propriété sou s l 'Ancien Régimt; , par l e rap p e l d ' é p i s od e s qu i avaie n t cont r i b u é à l u i donne r une c ertaine i m portance. L e s vieux d u vHl a ge évoquaient s u r tout J e s o uvenir de Mon sieur et Madame Hame l i n , leS" d er'n i e r s châtelains, q ui s ' é t aient acquis 'l 'amour et la reconna i s s,anc e de t o u s les habitants par l e s nombreux bi enfaits· qu' ill s avaient touj ours répandus autour d ' e u x . I l est vrai q u ' en retour Us n ' n vaient pas 6té payés d'in gi-atitude, e t , lo rsqu e M. le Co mte aViait été i nquiété p endant la Ter'l'e ur, l e s g en s du :pays n ' avaient pas h é sité une s'ecunde à favoriser son éva s i o n et à le conduire 'eux-mêmes en lieu sûr. En effet, à l ' époque où bien de s Commune s « mal .conse' i llées » s e livraient « à des excès coupa b le.� )) , Savi'gny ét ait d em euré p aiSlihle au millieu de l a ,tou rmente et n " av ait jamai s off;ert « a ucune des scènes ou scandale uses o u venait

d'a cq uérir

la

maj eure

partie

1 ' :mcioI:!

Savigny-sur-Orge . Ln di scu s:sion , fod e m e n t

sangla n te s qui n'étaien t alor.� que trop fréq u e n tes. ,)

Ce tte vie t ranquiUe s e p oursuivaIt, presque indiffér,ente aux év·éne­ m ents, avec - toute foi s u n e note ' de mé lancolie , car, depuis la mort d e M . Hame li n , l e cbl:îteau e t son parc, d é l ai s s és· p a r ,l es héri,u,er s , sernh'l aient voués à un compl et aban don et étaient peu à p eu envahi s par ,l e s herbes (oN e s .

Le noûveau p �o pri étaire allait-il, p a � une présenc e conti nue, animer d er,echef ces bâtimen t s abandonnés? Ce qui n e s er ai t ·certes point s ans rej a il:l ir sur la communauté, groupée depuis d es s iècles autour du vieux m anoir ! A cette question, d'aucuns Sie livrai ent à d e s conj ecture s diver­ s es ; mais certainement , t o u s étaient bien loiJl de s,e d o ut'e r que l eur viH age a Uait abriter pendant p l u s d e s oixant e ams l ' u n e des plu s ' ilJl u stres familles d e l' Empir'e , lai s san t des souven i r s ' si vivaces qu'ils re steront à j am ai s inscrits dan s l'Hi s t o i r e d e n otre chè r e Cité .

Le

famiBe

château e t ses dépendances a ppartenai,ent , d epu i s de Vintimille du Luc, dont le dernier représentant

1 73 0 , fut

à la Charles


- 160 Emm a n u e l Marie Madelon, c cI u i q ue la Co u r avait malici e u s emc'llt d é n ommé le « D e mi - L o u i s » , en raison de sa reslSlemhlance f r ap p an te et p ou r ca u se - avec le Roi de France Loui s XV ( 1 ) . Cha r le s Emmanuel, i n q u id d e s ,e xcès révoluti onnaire s et c r a i gnan t pour sa v i e , q u i t,t a l a Fr a nc e après a voir c é d é a u C o mte Hameli n et à s a d a m e , le 28' Ja n vie r

1 7,9 1 , l a presque totali t é de ses biens, pou r l a somme de 9,0 0 . 000 Iivres . Lors d u d écès , en 1 7 98, du Comte Hamelin, ,l a T e rr e de Savig'll!Y fut tra ns m is e par Mm e H u me l i n à s e s 'e n fants A nt oi ne Mari e R o m a i n et Anne So p h ie. Mais la f or t u n e chancelante des nouveaux p ro p rié t a i res , et s ur ­ tout les n ombreuses dettes du fi l s , ne l eu r p ermirent pas, d e conserv,er b i en l ong tem p s l 'hé r i t a g e p a t e r n e l q u i dut être mis ,e n vent e en t ro i s loh à l ' a ud i e nc e de s criées du Tribuna l de p re m i èr e in s,t a n ce d e l a S e i n e . A défa ut d ' enchérisseur, tro i s a d j ud ica tio n s su ccessives eurent lieu s'an s ré sultat l e I l me s s i d or , l esi 2, d 16 the rm ido r ; ce fut, en fin de compt'e , le me rcr e d i 30 t h è rm i d or an X ( 1 1 août 1 80 2 ) que l ' avoué Roze, en fai sant monter l'enchère de. 5 8 0 .000 à 7 6 0 . 0 0 0 francs, acquit pour le cOlnpte du gé néral Davout le p re mi e r lot, com p renant not a mme n t l e chMeau et s o n parc (2) . Ce domaine , l ' un ,de s pl u s beaux et d e s plus v a s te s d e la ré gion, s 'éten­ dait sur 451 h e ct a r e s etl com p r ena i t , en outre, les fermes de' Champagne e t de Viry, le mo u li n Jop eU n et d'i mpor ta ntes terr'es l abourables ou b o i s ée s . Le châtea u , c onstituant la pièce m aîtr,es s e de ,cet ensemble avai,t tou­ j o u r s fort beU e all u re a v e c S'e s p av i llons flanqués de tours , s on d o n j o n en brique s cré ne'l é, s e s douves r em p li e s d'eau courante, ses ponts de p i err e et s'e s com,m u n s spacieux e nc ad r an t l'avant-cour d'honneur. Ge m a n o i r , aux fo r m e s app a re mmen t g o thiques , était ,e ntouré d 'u n parc immen se d e 7 5 ha. , complètement cl o s de murs, ·que travers a it ,en entier la peti t e r ivi ère d ' Org e , s i n u e u s e e t charm an te, slép arant d u t errai n plat l es bois q u i montaient 'l e c o te a u ( 3 ) . Av ant de s'égailler d a n s l e s canau x e t l e s bas s i n s , s ous' l e feu illage as sombr i des futai e s , les ,eaux d e ,l ' O rge et de l'Yv'e tte, étroit ement mêlées au c o u r s de tl e u r pas!s age da n s la prairi,e d e Ros say , s 'aUarda i ent , pr è s du Che m i n de Morsa ng, s u r iie b arr a g e du vieux m o u li n .Jo p. e H n , ci-devant baDial (4) . La fe r me de Ch ampagn e , i s olée s u r -l'extrême avancée de l a Plaine du Lon gbo y a u et considérée pe nd a nt d e s si è des co mme r un e d es pl us gran­ des ex p l o itat ion s de l ' I l e-de-France (51 , s ' élevait a u milieu de 114 ha. de terres p art i c uli èreme nt fert i l e s ; eHe é tai t tenue à bail 'Pa r Charl'és Pi erre Pet i t , q u i- ,exe r çai t en m ê m e te mp s les foncHons! de ma î t re de po st e à Fro­ menteau, sur la C o m m u n e voisine d e Ju v i s y-s ur -Org e . Q u a nt à l a feTme de Viry, s i tu é e à la sortie du d i t v iHag e , au coin' de la Ru e des T o ur n e ll es et de la R o u tle d e Savigny, elle était u n p eu m o i n s imp ort a nt e - cent hectares et les fermi ers ,en étaient le s é p o u x Mellan . Le reste de la p ro pr ié t é é tait com p osé de différ e n t es pièces de terre, ré p a r tie,s sur tout le t e rro i r et l ouées à des particuliers , et de 51 h a . de bois appelés « Bo i s de Sainte-Geneviève , » , i nc l u s 'dans la For,êt de Séquig ny. �

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(1) JANVIER (J .-A.) , Ml le de Nes le e t M. le Marq uis du L u c (in B u l le tin de la S.E.S.A .M., . j uillet 1 9 48, n ° 4, pp, 8 1 . à .89) . . . . .• . (2) Reg. d es trans criptI On s h lJP. a Corb e I l , vol . 35, n° 2 2 62 . Il fut pa ye 64.5 35 frs pour l es meuble s et 695 .46>5 frs po u r le d o m a i n e . En o u t r e l'adj u d i cataire éta it chargé : 1 . Envers II! Maîtresse d'Ecole de Savigny de 100 livre s tourn o i s de rente ; 2 . Envers la Nation (autrefois l'Abbaye d e Saint-Cyr) de 8 seti ers de blé froment, dont la terre d'Epinay en' devait 4 ; 3 . Six livres, 6 sols, 6 deniers tournois, dûs à la fabrique de S a vign y . (3) Pour le château, s e s cours et b a s se s-cours : 1 ha 58 a 1 8 ca. (4) P our le moulin. J opelin et dép . : 2 ha 9 a 1 (} ca. (5) BRUNEJ.. (Louis) , La ferm e de Champagne en 1854 (in B u l l e tin de la S.E.S.A .M., déc. 1948, n° 5, pp. 1 2 1 -1 23) .


- 1()1 Ainsi se présentait ,le sp l e n d id e cadeau que le général Dav. ut , p.our comp lai:r e il la charmante femme ép.ou s ée de pu i s peu , avait acheté peut­ être un peu tr.op à la légère. o

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I s s u d'une vieille fami lle b.ourgui gnonne, p a u v re mais n.oble (6) , le g énéral de divi si.on L.oui s N ic.o' as D avo u t (7 ) était alO'r s ,c.ommandant d e s �T , en a d i e r s à p i e d de l a Ga r d e C.o n sul a i r e . Né à Ann.oux, dans l ' Y o n ne. le 1 0 'mai 1 7 7 0 , co m me b.on nombre de se s ancêtres, la c ar r i è r e des arme s l ' a t ti r a et H en'tra à ,J'Ecol,e Militaire d 'Auxerre qu'il qui t t a , en 1 7 85 , pnur deve n i r cadet gentil h o m me à Il 'Ec.ole M ili ta i re de Pari s . Il fit s e s premières arm e s , e n 1 788, comm e s o u s-l i eutenan t au ,r égIm e nt de Royal- Champagn e c av a ! e r i e . Fervent l edeu r des phil.osophes, i l ad.opta a" e c enth.ousiasme l e s idées nouvel l e s, m a i s fut bi,entôt contraint de donner s a démis si.on à ,l a suit'e d'un inciden'( au c.ours duque,l i,l avai,t pris parU pour se s cavaliers . Il r e t.ou r n a al.ors dans 'l 'Yonne .où il partidpa à l' .or g a n i ­ sa ti.on , aprè s le 2 1 j ui n 1 7 9 1 , de s bat a ill .o ns de vol.ontair es du d éparte m e n t ; l e 2 6 s ep t em b r e , il fut p.orté a n c o mma nd e m en t d u 3 0 bataillon. Son, pat r i .o'­ tisme et sa per spicacité -lui a v a i e n t fait deviner les intenti.ons c.ou p a bles de son che f D u m .ou r i e z q u ' i l e s s aya d' arrêter et pour su ivit s ans s uccès jus q u'à la J' r .ont i è r e (4 a vr Ï'l 1 7 9 3 ) . En j uillet, i l r e çut l e b r e vet q u i l ui confèrait le grade de général' de d iv i sio n et l ' atI ed ai t à l'arm ée d u N o rd ; mais, c omme à ce moment la C.onventi.on était saisie d 'u n e propo sition de l.o i tend ant à e xpu lslC r t.ous l e s ci-devûnt nobles de l 'armée, H d é m i s si .o n n a le 29 aoû t et revint dans son pays « pour s'y livrer à l'étude m ilitaire e t à la prati.q ue des vertus civ ique s. )) Quelques mois. plus tard, s a mère fut arrêtée pour av.oir entre­ tenu un e co rrespond ance secrète avec deS! émigré s et lui-même, 'e n s a qua­ l ité de ci - deva nt, se retrouva en pri s .on pendant pl u s de t ro i s mois ; il fallut l a chute de R o be spi e rr e , l e 9 t h er m i dor , pour les re n d r e à l a .Jiberté ! Gr,â c e à c e rl a i n e s prote ct io n s , Davout fut néanmoins remis en activité c o mme général de b r i ga d e à l ' armée de la Moselle, 'le 2 1 septembre 1 7 94 ; f a it prisonnier à Mannheim, i l f u t libé ré s u r p a r .ol e et s e retira p lusieurs mois dans ses foyers où il consacra son t em p s à l a l ect ure d e s camp a g n e s du Grand Fréd'éric. Sa ;gra,nde i n timité avec le généru l D e s a i x l ui per m it d : ê t r,e i ntrod uit auprès de B .onap a r t e qu i l e reçut , le 22 mars 1 79 8 , d a n s l'hôtel d e la R ue de ,l a Vid.oire . CeHe pre m i è re C'l1:trevue fut courte mai s décisive. L'instinct m erveilleux ave c lequel B .on apar te s a vait j u ger les hOlumes lui avait 'lj évélé l e précieux auxiliaire qu'i l devait trouver en Dav.out ; et c e lui-ci , de s.on côté, s o rt i t de ce p r e mie r e n t re ti e n c o mp lè te m e nt s éduit p a r c e p u i s sant géni e . Investi de la confi a nce du Prem ier Cons ul , il a cc'e pta enfi n , ap rè s l a c a m pagne d'Egy{1te , le il j ui l l et 1 8 0 0, d'être 'nommé g.é néra'l de d i v i s i.on ; le même j .our, il fut ch ar gé du c.o mm a nd e m ent en chef de la cavalerie de l' armée d'Italie, où sn hr ill a n t e c.onduite lui valut de devenir, ,le 28 novem­ bre 1 8 0 1 , l'un des quatre g éné r a ux de la Gar de des Consuls. T els élaient le s ori gines m od e st e s et les valeureux ,étals de service du gl o ri'e u x généra l .

( 6 ) Jehan D avou, seigneur d e C u s ey-sur-Loire, v i v a i t vers 1240 (A. n'AvouT, Maison d ' A v o u t . Sa gén éalogie a.v.ec pièces à l'appui, i n Bu l . de la Sac. des Scien ces h is t. e t na t. de l ' Yonne, 1 9 0 1 , 5 5' vol .) . C'était u ne f a m B l e de m i l itaires, comme l ' apprend u n' vieux dicton bou rguignon : Quand n a i t llll Davo, II n e épé e 8 01't du fOlll'l'o. (7) La véritabl e o rtb ographe de c e nom, adopt ée p a r l e père d u M aréch a l et par s e s

descen d a n t s actuel s , e s t " d'Avo u t H . N o t r e h éros s'e st bàrn é à y inclUt·" l e' signe aristo­ c r atique. p u i s qu 'il s igna touj ours " D a vout H et n'on " D avo u s t H .


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Au physique, l e général était un homme d e beNe presit ance . Sur son portrait, qu'un pas seport conservé précieusement danS! les archives locales fait revivre pour la postérité (8), nous pouvons admirer cette noble figure d e l'épopée napoléonienn e . Des n ombreuses opinions contradictoires émises swr son aspect, nou s ne retiendrons que la touchante de,S!cription rappor tée par Madame de Blocquevil'l e, qui a l'immense mérite de croquer le héros sur le vif, dans son cad:r;e familial : « Dans le lo int a in de m es s o u venirs, je vois e n core mon pè re , q u i me s e m b la i t naturellement d' une taille colossale, et i l é tait, en effet, très grand, v ê t u d'lln e longu e red'ingo te bleue b o u tonn é e , p a rf o is ,chaussé de hall tes b a l t es .en lesqueU es en tmit son pan taloln , ,assis au c oin dll feu, dans le premier salon <f u château de Savigny, le dos tourné au Jou r, ayant pour lire re le vé ses grandes lllnettes d'or sur son front, et q uittant son livre o u son journal ponr me prendre s u r s e s genoux, ,q u and j'éta is pa'l1lJlenue à grimper derrière son fa u t e uil, afin d'embrassa son beau crân e chau,ve, lisse et blanc c om m e le m arbre, entouré ,d' une couronne de '.che veux châ­ ta in s . .Je vois d istin c t e m en t le pli rêveur de son froIl:t, tr:acé perpendiculai­ remen t entre les deux so,urcils, car je l'épiais toujours ce pli, afin de savoir ce que Je po u vais dans le moment demander o, u m e p erm e ttr e.. . . .Je retr o u ve égalem e n t, d a n s ma m ém oi re , le doux et fin sourire des leVI'es du 1l1aréchal q u i révélait les pl u s belles den ts du m on d e en léclairan t son vis age . .Je vois aussi la blanche main aux longs doigts eff i lés . . . e t le teint clair, rosé, que n i la g ue rre , ni les fa t ig ue s n'avaien t p u hâler e t bru­ nir; le Ma ré cha l a vait une peau de fe m m e (9,) . » Sa vie s entimentale avait débuté p ar une union malheureuse : marié en premières noc e s à une j eune fille d'une bonne famille de robe, Marie Nicolle Adelalde de Seuguenot, le 8 novembre . 1 79 1 , l'inconduite notoiœ ùe sa femme l'avait mis dans la trist,e obligation de divorcer, le 4 j anvi.el' 1 794. Mais quelques annéeS! plus tard _ il connut le vrai bonheur en se ' remariant à la sœur du général Leclerc. Louise Aimée .Julie Lederc était née le 19 j uin 1 7 82 . Ses parents , appartenant à la bourgeoisie de Pontoise, l'avaient envoyée à la célèbrp institution qu'au sorti r de la Terreur, Madame Campan avait ouverte à Saint-Germain ; c'est ,là q u'Aimée s'était liée par une étroite amitié à Caroline Bonaparte et surtout à Hortense de Beauharnai s . Au début d e 1 801, son frè re, le général de divisd oIl! Vi ctoire Emmanuel Leclerc, désignt:· par le Premier Consul pour commander l'expédition . de Saint-Domingue, désirait vivement, aVant son départ, voir Aimée établie . Dans le ,coUirant d e l',été, il avait profité d e son alliance av,ec M arit' Pau� lette Bonaparte pour en parler à son beau-frère ; le nom du général Lannes avait été prononcé entr'e ' eux, m ais le œfus forlmeI de la j eune fille fit échouer l'union ainsi projetée. C'est alors que song,eant à Davout, Ile géné­ ral Leolerc soumit cette nouvelle idée à Bonaparte qui l'approuva et se chargea même d'en faire l es premières ouvertures . Lorsque le }eunp général lui f u t présenté, eUe accepta d e confi ance, avec l'émotion d'une naïv e pudeur et le s'entiment d'un amour inconnu, de devenir sa compagne. Douée des plus séduisanrles quali,tés du oœur ,et de l'e sprit, d I e saisit que ce qui m anquait à un p assé déj à glorieux; à un présent bril l ant cl il u n a v e n i r qu e les' pl u s flatteuses espérances fai saient _

(8) Arch. Com . de S a li ig n y , n o n cla ssée s. S u r le talon d'un p a sseporL pour Vichy, dél ivré le 1 5 août 1 82 1 , ' le Prince d'Eckmühl , alors au t enue de s a vi e·, est représenté ai n s i : 1 m. 80, cheveux et sourcils châtains, n ez aquiliu, barb e bloude, v i s age ovale, front découvert, yeux bleus, bouche moyenne, m enton rond, teint cl air. (9,) BLOCQUEVIJ,I.,E, (A .-L . d'Eckmühl, Marqui se de) , Le Maréchal 'D a,v o u t, Prince d'Eckm ühl, racon té par les sien s et par l ui·mêm e !Pari s , D i d i t>r, 1 8 7 9 - 1 8 8 0 , 4 vol . in-8 ° ) , t. IV, p. 3 7 6 .


LE M A RÉC H A L DA V O U T, P R I N C E D'E C K M Ü H L

entrevoir p l u s hrillant encore, c'était l a douce épo u se capable de créer un intérieur où le magnifique et im p é t u e u x solda t pourrait ,trouver le repos du corps et l a tranquillité d e l ',àme . Ces rêves gr aci e u x de jeune f�lle se réalisèrent, en effet, pendant ,t oute uue longue vi,e ; et ce n'es,t pas sans une sympathique et r e sp ect u e u se émo·· tian que, soixante ans pl u s tard, on entendra ,l a noble femme dire avec une simplicité to uchant,e, après a vo i r remarqu ablement pris en main les intérêts de son foyer e t p art a g é , p our le m ei lle u r et le pir,e , le sort d'un de nos plu s grands hommes de guerre : « Je me serais trouvée la plus favo­ risée des femm es; s i m on a dm ira b l e frère e u t pll ê tre témoin dlu bonheur q/l'il m ' a vait ass u ré avan l df' s ' e m ba rqll er pOll l' lIn e expédition don t il .

,

connaissait les diffic / l ltés et 1(' 1I((l1g('1' ( 0 ) . »

(10) CHENIER (G. de) , His toire de la v i e m il i taire, pol itiq u e maréchal D a v o u t . . . (Pari s, Marchal, 1 8 66, in-8 ° ) , p. 1 1 2 .

et adm in isfratille d ll


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Le mariage fut cé'l ébré le 9 novembre 1 810 1 . Aimée recevait de s·e s frères u n e dot de 1 5 0 . 00 0 francs et apportait, avec un trousseau es,umé 1 0 .00.0 f r a U ics , s'e s droit s non encore liqu i d é s dans les successions de son père et d e ses grand s-pare n t s paternel s . L'apport de D a vout était beatH'oup pl u s m i nce : U ll e 'mai son qu'i l possédai t à Ravièr,e s, dans l' Yonne, avec quelques terres , et u n e vingtaine d e mille francs de · valeurs m obilières composaient toute sla fortune. Très beUe, très i nt ellige nte , alliée par surcroît à la famille Bonaparte, Madame la général e Davout pouvai t brille r dans les, sal0'Dls parisiens ou dans l'entourage im m édiat du P'l"·emier Consul et d e .Joséphi'ne ; eUe recher­ cha, au contraiœ, loin de 'I a vie ardente de Paris, les Ipla i s i r s , in égal ahl es pour elle, de la famille et de la m at e r ni t é . * **

Le jeune m éna ge s'installa d'abord dans u n appartement situé a u N ° 8 de la 'Rue Matignon, puis aux Tuileries, ,Cours de l'Orangerie prè s la Rue SaiTIit-Florentin, dans la maison affectée aux c0'lonels, de la Garde . Ce fu t s,e ulement en janvier 1 80 8 ,que, sur 'l 'ordre de l'Empereur qui désirait que ses lieutenants 'pus.s ent tenir un grand train de maison et griâce auss'Ï à s'es libéralîtés, Us purent acheter, au 1 2 1'- 1 2 3 Rue Saint­ Dominique, près des Invalides, le grand hôtel Monaco . Contrairement à c e qu'avance M. Joly ( 1 1 ) , un hul'! eti n de Police du 14 j anvi er 1 8 08 préci se : « C' es t 1YI . le sénateur Siéyès qui lIend cette m ais On pou r la s om m e de 325.000 fmncs . La lé ga tio n Tl/rqlle, qlli y a dem eure loizgtemp.� , l'a o r t dégra dée , et on es t im e à pl'u s de 1 00.000 fralll e s les réparations et em be lis­ sem en ts à y fa ire . C e t te propriét é . fera parti e du {ief que Sa Majes té a d,aigné alceorder à M. le llIaréehal Dallout (1 2 ) . » P eu après, le 31 octobre 1 809, ils y j oignirent, pour le prix de 7 5 . 7 5 0 francsl le p et it hôtel Monaco q u i lui était contigu et qui œnfermait i};es bâtiments de l'ancienne Communauté de Sainte-Valère ( 1 3 ) ; et, en juin 1 8 1 0, pour l a somme de 9 0 . 0 0 0 . francs , le do m aine de Pied�de-F·e r d'Aigue­ mont à Viry-sur-Orge ( 1 4) . Mais c'est peu d e temps après son mariage que Davout , connai s sant le goût t.ès prononcé de sa femm e pour les séj our!l même prolongés à ln . campagne, s'était rendu ac·quéreur de ,l a terre de Savigny-sur-Orge . o,r l ' ach at de ce d omaine, véritable folie d'amoureux, consHtuai.t une très lourde charge ; aussi I.e général prit-il avec Mme Hamelin des C!lligagements lui permettant de se libérer par annuités, exactement en vingt-huit fois! ( 1 5 ) . L a dernière qu ittance libératrice daie du 14 j umet 1 82 9 ! Malgré ces: fnci Ii.tés de paiement, l a ,charge n'en restait pas moinsl trè s l ourde, c a r le trait é ment du général était encore des plus modesles et c'est la raison pour laquelle il eut souvent à s urmonter de sédeuses difficultés fi Il'a ncières.

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(1 1 ) JOLY (Ch.) , Un e fortu n e prin c ière . L e s dotation s m ilita ires (Ill maréc1wl DalJO llt (in Ml. de l' Yo'n n e , 1 8 96, 50' volu m e) . L'auteur a s s ure qUe le grand hôtel Monac !) appartenait à M me· Hamelin, l'ancienne propriétaire de S avigny (p . 95) . C'est dans cet hôtel que Mme D avout organisa touj ours ses ("éceptions et non à Savigny, com m e l'a prétendu un " Guide-bijou » édité d a n s l a Commune . ( 1 2 ) A rc h . n a t . , AF . IV, 1 5 0 2 . (1 3) - A rch . de la Seine, D. Qlo, c ar t . 6 4 7 , d o s. 3541 . ( 1 4) Cc domaine, autrefo i s propriété des frères Charles et Pierre Perrault, fut � eudll par Ren é Chri s tiu' Jérôm e de B otterel-Quintin, suivant acte p a s s é devant Me NoeI les 20, 2 1 , 2 2 j u i n 1 8 1 0 à Pari s . (1 5) L e s d i x première s quittances furent pa s s é e s à P a ri s de·v ant M ' Rouen, les 2 , 1 0, 1 7 et 2 8 pluviose, 1 6 prairial, 1 0 messid o r et 1 3 therm idor an XII, 7 frimaire, 2 0 nivose et 1 0 m e s s i d Ol' a n XIII ; les 1 0 suivante s devant Me Noël à Pari s, l es 4 mai ct 8 s ept. 1 8 1 2, 14 et 17 avril, 1 9 mai, 8 j uin, 8 sept. et ter aoùt 1 8 1 6, l'· r e t 1 5 m ars 1 8 2 2 ; et l e s 8 dernières devant M.e Noël à Paris , les 2 6 m a i 1 82 3 , 2, 8, 12 et 13 j u i l l et , 3 oct . 1 8 2 5 ct 1 4 juillet 1 8 2 9 . (Ext ra i t de l'act e de vente du château par M. D orl odol, Je 2 8 juin l 8 7 9 .)


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Q u el q u es lettres à sa femm e reflètent les traits domi na nts , de son carac,t ère : désintéressement , fierté, ténacité. Ainsi en 1 8 04 : « Très cer­ tainem ent je ne pren drai plus s u r moi de demanaer qu Pr�mier Cons u l de l 'a rgen t . Il m ' a tro p comblé pOlir q ll e je n e craign e pas d'être im po rt un ; e l mon déVOil emen t est trop d h i n t é ress é ponr q u e j e n e préférasse pas lJendre plll tôt Sa vign y q u e de donn er liell à soupçonner ,qu e le motif va de t ' a rgent y entre pour qll elqne chos e .( W) . » Et comme, en 1 805 , c ette gêne p é c uniaire devient de j ou r en j o u r plu s pe s a nt e : « Nous aurons besdill penda n t tout l'an XIII de la plus grande économ ie,. le traüem ent extraor­ dinaire que j 'a /Ja is' étan t rédu it il 2 5 .000 francs pour l'année!; somm e q, u e ravais par chaqu e del/X m o is /) ; m a i s toutefois , il a j out e aViec u ne belle d o s e d e phi l o s op h i e souriante : « Q lle Pllis-je redoll ter ave c m.a petite A im é e et la b i en vei l l a nc e de l'Empere u r. . . e t avec un caractère qui se co n t e nte de fou t, qui n e jaIO/I:�e rien de c e qui est (fIl-de.�.ms et qui n'aim e poin t l e luxe ( 1 7 ) ? » Et pou r,t a nt une autre leUre d e 1807 n e l a is se aucun doute sur �es d ifficultés q u i assaillent touj ours l e ménage . A cette é p oq u e, i n d épen d am­ ment des frai s d'adjudication, le M a r éc ha l redevait en co r·e 5 6 0 . 00 0 francs sur l e p ri x d ' ac,q uis i t i on de Savigny : « .Je t'en /Joie, m a petite A l'm ée, fes 12.000 fran c s que je t'ai annoncés depuis si longtemps . .Je' regrette de ;rl'e po u và ir t'en voyer pins . . . sachant qu'à la fin de juin t u aU'ras près de 1 4 .000 francs à pa y er pour les s ix mois d' in térêts de ce que nous redevon s s ur SalJigny .-.J'espère d'ici à la fin de juin po/woir te faire un envoi de 6.000 f rancs. » Et d"entrevoir la seule so l uti on p os si bl e : « J 'aura i peu t- ê tre une occasion de fa i r e connaître à l' Empe reu r les ,embarras où nous n o u s trouvons e t qui ,n ous fon t bien regretter ,cette acquisition de Savigny ; mais le m al est fait, il n'y a q ll � les bonflés de l'Emp er e l1.r qui puissent le répa­ rer ( 80) . » Faut-il rappeler q u ' a u . mil i e u de tous ces traca s Ile Maréchal D avout ful u n des rares li eutenants d e Napoléon qui ne tira j a m ai s aucun profit d e s,e s victoires et r e f us a les offres magnifiques ,q ui lui furent faites , notamment par 'les autorités de Ber,lin elt d e :l ll' province d e SiM sie ? .cependant les dettes s'accumulaient , car, après. l'achat des deux hôtels Monaco, Madame Davout avait dû les aménager entièrement. Il lui av ait f a llu acheter de la vaisseUe p l ate, commander des meubles 'Cbez le grand ébéniste .Jacob : e n a c q u i s i.t io ns , c o n st ructionsl, décorations ct ameub l e­ ment , ell e s'était encol"'C end et t é e d.e 1 . 7 0 0 .'0 0 0, francs CI 1 ) . Néannioins, à c e s somptllea se s d eme u res de Pari s, l a beNe Aimée p r é ­ féra touj ours l a s o l i t ud e et ,l a tranquillité de sa chère Icampa:g ne ; et, sr elle résida de temps à autre dansi la Cap it a le , ce fut seulement l o r s qu e son m ari, se t r o uvant en permission, s'e devait de donner d es r éce pt ion s, en raison de sa haute situa·t ion mil it a i r e . * **

E n effet, le jeun e général Louis Nicolas D avo u t ét ait p a r ven u très ra p idem e n t , g râ c e à s es quali tés r e m ar q u ab le s de ma nœu vr ier, à se tainer une r épu t at i on p a r tic u l i è r e da n s' l'armée française. Commandant en chef d u ca m p d e Bruge s du 2 9' a o û t 1 8 0 3 a u t e , s,e p­ tembre 18,0.5 , D av o u t était é l ew\ le 19 mai 1 80.4 , a u rang de Maréchal] de l' Empire, j u ste r éc o mpens e de s,e s services. et de son dé v o ue m e n t ; à la fin de l' année, l'e 1 2 décembre, i l recevait l:e titre de G rand. Offici.er de la Légion d ' Hon ne u r, récemment con stituée . Duc d'Auerstredt le 1 9 mars ( 1 6) BwcQ., op. cil.,

Il,

77. - (1 7 )

I l,

1 6 9 . - (1 8)

Il,

295-296.


- 166 1 808 ( 1 9)) , Prince d'Eckmühl l,e 28 u,ü\-embre 1 8 09' (20) , commandant en l'hef du corps d'obs ervation sur l' Elbe ( 1�r novembre 1 8'l 1 ) ,et, le l'er février 1 8 1 2, commandant du Premier Corps de .l a Grande Armée (21 ) , telles furent les étapes de sa prodigieuse carri ère . Il n'est pas o s é d'affirmer qu e, avec M as s éna, Davout fut le . seul « cerveau :. de t'arm ée napoléonienne, ,et une, parole bi en connue de l'Aigle, p�ndant la bataiNe d'Essling, met en valeur ses i ncomparabl,es qualités de tacticien : « Voyez ce Davout, com m e il manœuvre/ . . . U va ,!!n core lm e gagner cette ba taille-lâ ( 2 2 ) :. ; lui-même di'sait e n rendant hommage à son Souverai n : « Je "aux ,dix fois mieux lors q ue je le sçais près de n ous, cal' lui seul es t 'capable de m ettre de l'ensem ble dans cette gl'fInd, e et compli­ . quée machine : il sçait u tiliser tOllS les m atériaux .(23) . » En dehors de son intelligence tournée vers 'la guerre 'et de ses talents de stratège, il était le chef à la foi s cniint et estimé de ,t ous sesl coH abora­ teur s ; et d'aucuns n'hésiteront pas à l,e prés enter comme u n « homme terrible » , trè s à cheval SU r la discip line. Tout 'a utre était Davout lorsqu'il s e retrouvait dans le civil : simple, modeste, bienveiHant : « Son cœur s'ou vrait aux plus dooc es affections ; son hum eur était gaie, i l aimait à causer, à ' rire, à jouer, e l quelquefois' avec e n tra in in croyable ; mais comm e il é tait en défiance de lui-mêm e, 'N lln dissimulait ses im pre ss ion s dans la craint e q u'on n'en abusâ t. R és ervé, cir­ conspect, sévère en public, il passait pou r ê tre m orose, inflexi b le, dur . . . L'expérience par la rêflexion et la connaissance des lwmmeiS IHi donnèren t à l'apparence ce cara.ctère extérieur, mai,y n'on t Jamais a ltéré ses excellen ts

s entimen ts (24) . :.

Toutes ces quatité s, dignes d'un grand ,chef, faisai,ent que bien rares étaient les momentS' où on le voyait à Pari s o u à Savi gny, Da r l'Empereur e s timait absollument indispen sable la présence de son briHant lieutenant p armi les armées, même pendant les, brefs arm<Ï:stices . Quelques semaines a près la mort de s on premier né, D avout prend effectivement le commandement du .camp de BrugeS! en sieptembre 18.08 ; il ne revient que le 1 3 ma i 1 8 04 , à l ' occasion de la nai s s ance de sa fille J OIséphi ne et de la ,p rocl amation de l'Empi re. Les fêtes du Couronnement l e rappeHent dans .l a Capitale enl d écembre, ,et le s pre:mières s'e maine s de 1 80 5 le trou\"ent e ncore à Savi gny où il consacre une partie de son temps à étudier ,et décider les restaurations ou leSt embeUiss,e ments qu'il proj ette . C'est là le !p,lus long s,éj our qu'il doive y faire de longrtemps , et, . dalIl s le courant de février, H r,ej oint son poste (2 5 ) . Pourt'a nt, de la fin avril j u s­ qu"au 1 4 m ai , il profite d'un voyage à Auxerr,e, où H doit présider un collè ge éleclorœl, pour :p as ser encore ,qu elque s j ours dans sla vas,te demeure (26 ) . Mai s ce s'era malheu�eu s,ement pour y apprendre une terri­ ble nouvelle : alors que la M'aréchale se trouvait euceinte, son deuxième enfant, à peine !âgé d 'un an, ét,a it à son tour enlev,é e n quelques heure s ! (1 9) Arch . n at., CC. 241, fo 90. Le maréchal D avout portait : D'or, à deux lions l éopardés ram.pan ts de g ue u les, tenan t de la paUe dextre une lance polonaise de silble, l'un en chef à d extre, le second contourn é en pointe ü sen estre, à la bordure componé e d'or et de gueules, au ch ef des ducs de l'Em pire, brochan t s ur le tout. Ses livrées étai ent les couleurs de l'écu . (20) Arch. 'nat., CC. 244, Co 1 9 3 . (21) CHENlEI\. op. c i t . , 356.

(22) BwCQ., III, 4 5 . - (23) Ill, 1 5 2 . . (24) CRENIER, 1 1 O. (25) VIGIER (C omte) , !Dav o u t , Maré ch a l t. l , p . 1 4 8 . (26) BLOCQ., JI, 1 24-1 26.

d'Empire

(Pa ri s,

Ollen dorff,

1898,

in-8 ° ) ,


- 16 7 P uis c'est la première campagne d'Autriehe à la fini de laqueUe i,l obtint, en s eptembre 1 8 0<6 , un eongé de vingt j ourS! pour venir embrasse r sa femme et sa fille Loui s e qu'i'l ne connaît pas (2 7 ) ; r'erp arti avant la fin de sa permission , il ne reverra pas de sitôt le s siens, car les camp agne s de P rus s e (Auerstre d t ) et d e Pologne sie déroulent à cette époqu e . C't> st éga,l e­ m'e nt un peu avant la naissance de son fil s Napoléon qu'U retrouve s'a famill e en février-mars 1 80 9 (28) . Après l'e traité de Vienne qui t,e rmine la cinquième coaIi tion (Eckmühl ) , en j anvi er 1 81 0 , il racèo mpagne s,a femme qui était venue lui r,e ndre vi sit'e en A utrich e (29') et reste en F'r ance pour assister à . il ' arrivée de la nouv el l e Impératrice , Mari e7Loui s'e , et à toutes lesl cérémonies, du mariag,e ; de la fin-septembre à la mi -novembre , onl le trouv,e . à Fontai ne­ bleau , où son serv!,c e le retien t . Mai s le décès de son ms et cellui de s a mère (8 s,ep,tembre) viennent à nouv,e au altér,e r son b onheur. Fort heureu sement, l'année 1 8 1 1 débute pour lui sou s de favorabl'es aus'pices : la nai s s anc e d'un autre fil s , Louis Napoléon, le comMe de j oi'e avant son départ p our Ha mbourg, le l'e r février 1 8 11 (30) : dè s lors, il sera plus de trois ans , c'est-à-dire j usqu'à la chu te de J'Empire, is a:ns revoir la F1r ance ! , * **

de sIC déplacer, Mme Davout entreprenait de l o ngs et pénibl'e s voyages qui

D e son côté, lorsque l e s événement s ne permettaient pas au Marécha l

l'amenai ent auprè s du cher époux abs ent. En 1 804, elIe n ' h é s i,t e pas, m allgré un état d e grossesse assez avancée et en plein hiver, à ven ir au camp de Br uge s soigner le Maréchal attaqué par les fièvres qui régnaient sur la côte (3 1 ) . A l a suite d ' u ne demande de congé , en 1 80.8, l'Empeœur permet seu ­ l em ent que Mme Davo ut aille rej oindre le Duc , p arce que sa pré sence en Pologne était par trop néc é s s aire pour y a ssurer l'i n:fluence française ; dIe fait alors le voyàge avec ses d eux fiUe s . D e Pos en, où !:iUle ,s' arrête l,e 22 avril , ,élle arrive à Var sovi e l e 2 1 mai, au milieu d'un briHant cortège, et n'en repart que le 2 2 s,e ptembr e, après avoir sédui,t tou s les CŒurs par sa rare beauté, s a polite sse aff,edueu s e et son 'extrême amabilité (32 ) . D an s d,e s c irconstances a nalogues , ell e séj ourne durant l e s derniers mois de 1 80 9 en Autriche (33) : mais elle s,e trouve sil fati guée que l e Maréchal obtient d e l a rceontl uire lu i-même en France , vers l a fin j an­ vier 1 8 1 0 (29) . ' C'est à Hamvourg qu'en 1 81 1 cHe passe l,es mois de m ai à octohl:C auprè s de son mari , afin de l'aider à faire les honneur s de,sl fètelsl organi­ s,é es à l'occasion du baptême du Roi de Rome (34) . Vn peu plu s, tard , avant le début de la ,c amrpagne de Rus si e, la tl'Îlstes1se du Pirince la décide à laisser ses enfant s et à tout brav,e r, même leS! exhortation s de son époux , pour demeur,er ay.cc l ui à Stettin pendant uni mois, .jusqu'au 8 avril 1 8 1 2 (35) . Il s'écoule plus d'un an avant ,qu ' eUe ri e l:e revoie, à Hambourg, où , accompagnée de S'e s deux filles, ,â gée s de neuf et six ans, eUe reste vingt j ours , probablement du 23 juiMet au 1 1 août 1 8 1 3 (36) , et ne repart qu 'à regret, l'Empereu r ayant décidé, à l ' approche de nouvelles hos,tilit é s . que l es f'e mmes des m i li.tai res d eva ien t à tout prix être é'loignée s de l'a rm ée . , * **

(27) (29) (30) (31 ) (35)

VIGIER, l, 1 9 1 -1 9 2 . - (28) Il, 4-6. Arch. d e l a Gu erre, Maréchaux d e France 1 3 (MF. 1 3 ) , f O S 6 7 - 7 0, 7 5 - 7 6., 1 1 6 . V IGIER, Il, 46-5 1 ; BLOCQ., II, 384-39 7 . VIGIER, l , 1 29-1 3 1 . - (32) l , 280-283 . - (33) Il, 44. - (34) I l , 5 8 . BLOCQ., I l l , 1 32 - 1 4 3 . - (36) i l l , 3 4 1 - 3 5 6 . - (37) Il, 1 2 1 .


-- 1 6 8 des siens, était u n homme d e foyer, malgré son apparence rude. Par ses lettres, on s ' a p erçoit 'qu'il était un mari mo dèle, veiIlant avec sollicitud e à l a s anté d e ,s'a fem me et à l ' éducat i o n d e s e s enfant s . U ne se pas se I}l!a s un j our sans qu'il n' écrive à l a Pri n ce s se à qui cette p o nct ual'ité suffit à

Le Maréchal D avout, qu e l e s campagne s i'lliIp ériales retenaie·nt loin

Il est a gré able d'apprendre que Davout aima

peine.

,

sa femme comme un bourgeois ,e t comme un amant, c'e st-à- d ire avec famili-a rité et av'ec pa s1s ion : « Après m es devoirs et le service de mon Souverain, je ne tiens' 'q u'à toi, ma bie n bonne am ie ; il me s e ra aussi indifféren t d'habiter Savigny qu'un autre endroit pourvu q u e nous soWms réu Tl,is et q ue Je te l'oie Ib:i en 'POl'­ tan te ,(3 7 ) . » Ce ne s ont pas l à de vains prop o s . Ell e, de son côt é , lu i rend cel amour en l ' ado ra nt véritablement et eUe le l ui affirme sou vent a vec force : « Je t' em brasse mille fois de tou te mon :âme e t su is à toi jusqu'à mon dern ier soupir (38.) ! )) Chacune des mis sives du Prince est toute remplie de l'a famiHe, et i l peut j u ste me nt dire : « L e service de l'Empereur, m on A imee e t m es enfants, voilà tou t ce qui m 'occ upe dans le monde (3 9 ) . » S'il n égEge r a r e ­ ment d'écrire : « Ton hôlel, ton Savign y" ton argen terie, tes cheIJaux. . . 1», Jamais il ne manque à répéter av,ec une tendress e jalouse : « Ma bonne A im ée . . . , mes enfants . . . , n os enfants . . . » Leurs , e n f a n t s ! Combien d e p lreurs ne vont-il s pas cOÎlter à l eurs' par,e nlts ! Sur, hu i t , nés, de 1 80 2 à 1 81 5 , quatre mo urront ,en bas âge : ile,s deux premiers, Paul ( 1 8 0 2 - 1 8 0 3 ) , J o séphine ( 1 8Or4 - 1 805 ) ; l e c i n quième,

Napoléon (mars 1 8 0 9 - j uin 1 8'1 0 ) , et le sle ptième, Jules (21 décembre 1 8 1 21 8 1 3 ) . fIs perdront la trois i è me , Jo séphi ne Louise Antoinette, à peine âgée d e s·eize ams (2 s,e pt-embre 1 805 - 1 9 a o ù t 182 1 ) . L e s trois autrres l eur survi­ vront : Adè'le Nap oléo n i e (j uin 1 8 07-22 j anvier 1 8 85 ) , Loui s Na pol é o n (6 j anvier 1 81 1 - 13 aoùt 1 85 3 ) e t Loui se Adélaïde ,(8 j u illet 1,8 1 5 - 7 ,octobre 1 892) . Pour -le Maré c h al, ce sont MUe Cal'U ctere (Joséphine Louise ) , Ml le Taquine (Adèle), M. Non (N a p o l é o n ) , M. Bouton de Rose ou Tardif (Louis) , a insi nommés e n ra is o n d ' un trait saillant de leur natu�e d'enfant . Pendant ses l ongues ab se nces , que le pèr,e est heureux d'êtr e mi s par la Princeslse au c o ur a n t , et d'une façon trè s précise , sur leur croi s,s ance, j,e urs habillages, sur 'l e s m ill e peti tes chose s ,qui a n nonceill!t l'év�iI de l ' in­ telligence et aussi , hél a s , sur l eu r santé plus o u m o i n s délicat.e ou leur s maladies ! De l'o in, i l s e réj ouit à l'avance de s folles parties ,qu'il fera av:ec ses chers petits, lors q u e la guerre sera .t erminée, et on sent ,e ncore inten­ sément, dans ces lig n e s écrites en j uillet 181 3 , ce be s o i n de repos et du (oyer : « J'aura.i Men de la peine il être ' raisonnable . . . , et il me s emble qu e,

pour de fau � ses com plais ances, Je s emi gl'Ondé plus d'une fois par toi. Plus d'une fOlS, n o tr e g'l'OS Louis e t Jules pourron t croire q u e .i'ai été créé pour leur plaisir e t t'ai!'e t o u t c e q u i leur pm�sera par la tête : afnsi, /Ol'.';­ q u' ils le voudront, Je m e rO/llemi sur le tapis avec eux, Je fera i le ch eval, enfin Je me prétemi à tou tes les polissonneries q ui leur passeront pal' la tête, e t il me sem bile que je m 'en am us erai au tan t qu'eux, lorsque nous .serons réunis (40) . ))

Il est tou t n atur,el que SOl" attention se porte particulièrrement sur l'éducation de ses fils , notamment sur le petit Louis, le seul qui lui sUl'vi­ vra. En at,tendant l'Iâge où il p o u rr a le p r en dr e en m ain pour e n faire un h omme et u n bon s ol'd at , il recommande à l a « p etite maman )) de ne pas so ufl'rir qu'on l'am o H i ss e : « Ele ve-le un peu durement pour que les bivouacs ne lui parais-8en t pas û extraordin aires ( 4 1) )) , ou b i en : « Il fau t ,

,

(:'18) Id"

Ill ,

il 2 5 .

-

(39) 1 7 8 .

-

(40) il !) ! .

-

(41) 9 8 .

-

(42) 94.

-

(43) 1 26 .


-

1 611 --

LA MARÉCHALE DAVOUT, PRINCESSE D'ECKM Ü HL


-" 1 7tl prendre rJarde à c e que l'on n 'Ié n e r v e p a s n o t r e p e t i t Louis : il (l ll lVI :l'étal d e son père, il fa u t d o n c llli faire d e bonnes hla b i t u d es , le rendre ro b u s t e , et ce ne s era p as dans les cham bres clwlldes, avec d e s t u y a u x de c ha l eu r, qu'il (l·l' q u e r ra la s O ll i ë qui lui sera n é cessaire po ur b l�en servir lc roi de R o m e ( 42 ) .

»

Ses inquiéLudes sur la manière d'élever ,l es 'e nfants ne s'ét'e ndent pas à ses fiNes : « Je s ç a i s q u ' e lles seront b ien é l ev é es par toi, que leur édu ca ­ t i on s e ra d' rlll t am t m e i l le u re q u ' el l e s a u ron t sous leurs y e ux la co n du i t e de teur m è r e (43) . » Madame Davout, en effet, s'occupait activement de sa pe tite famine ; mais , à la suite de la mort de s,e s deux premiers-nés et sur l 'avis des méd,e­ cins qui cons'eiIlaien:t le grand air, ell e prit la résolution de faire nourrir sa fille Joséphine à la ferme de Champagne, éloignée d,e deux lieues à peine, sou s l a surveill a nce dévouée de Mme Petit. femme de tête et de

Ci(lm t .

Le Maréchal préférait ouvertement qu'on J'envoyiât dans son village natal, à Annoux : « C ' es t llll pays de mon tagnes tr ès sain où j'ai prospéré . J u l i e e t m oi s om m e s les s e u ls des enfan ts d e ma mèrel qui a y o ns été nour­ ris ; nous s om m es les m i e ux portants; Je trou ve C'bampagne où tu ve ua1 placer ton e n fa n t à naî t r e bien voisin . Tu ne pourra s, ni moi, résis ter à la t e n t a t ion d e le v o ir très et trop s ouven t, ce qui au ra tous les in,con vénien ts q u e n o us voulons éviter en m e ttan t notre enfanlt en n ou rri ce (44) . » Il doit cependant accéder à la demande d'Aimée, et, dès lors, c"es,t un va-'et-vient incessant entre l e château ,et la ferme . Un hiHet, rapidement écri,t de Champagne, « le 19, ,à h uit h eures et demie du so ir » , nous mon... h �e d'une part l'inquiétude constant'e de M'me Davout, d'autre part ; le soldat qui sie détourne de s.a route pour aller emhrn s,ser son enfant elt qui cherche à remonter le moral de sa jeune f,emme par un acoent de j oyeu se et t,endre c onfiance : « .T'ai e u pou r la m illièm e fois la prell lle que tll t 'a la rm ai s mal ri propos . . . Notre petite e s t on ne peu t m i e u x po rta n t e . L ' o rag e n e lui a absolu m en t rien fait : elle t e tt e , e lle dort parfaitem en t e t e l le digère d e m êm e ; ce son t les se u les oc.c upa t i o ns que 'l'on a i t le ldro i t d'exiger de son iâge. Elle é t ai t, à m on arrillée,. (lU s e in de s a nourrice et n'a ja m a is lmu lu la quitter pOlir recelloir m es em bras:sem:e n ts . Ma:lgré s on indifférence, je lu i ell ai donn é plusie urs de ta part e t de la m i en n e (45 ) . )) La . Maréchal e pouvait voir d'autant plu s souvent sa mIe qu' elle séj ournait presqu e constamment à Savigny, résidence qu'eHe aff'e ctionnait au point d'en exci ter la Jal ousie de son grand Loui s . Epou s'e irréprochable - ne l'avait-on pas. surnommée « Il e dragon de vertu )) ? -, mèr e accomplie, eHe avait un goût prononcé pour la vie à l a campagne et les j oi es intimes. de son intérieur,. Son mari, son foyer et « son Savigny » formaient son seul univers ; aussi évitait-'el'l e, autant qu'ell e le pouvait, de se rendre à la Cour. Mais la situation d e son époux .el s a paœnté avec l a famille Bonaparte ne lui permettaient pas de se soustraire à ,certaines visit'es. protocO'l aires qui se transformai ent, pour elle, en de véritables corvée s . Le Maréchal , à qui -l'Empereur s e plaignait de cette attitude, l a supplie cons,t ammen!, dans ses l ettres, d'all er œndre s,e s' devoirs aux Souverain s . Il s'inquiète également d e lI a voir prolonger ses s·éj oUir s daims cette vaste demeure don t l'aménagement, j usq u'en 1 8,1 3 , laissia fort à désÎœr. I l redoute pour eUe :'i solement et C'J·aint que la solitude daIts laquelle elle se complaît n'ait sur son moral e,t su r sa santé une fâcheu se influenc,e . I l'. s e reproche enfin de ne point lui avo i r fait une société dans! le p ays et répète inlassa­ blement : « Il n e faut plus all e r t'en terrer à Savigny, mais res ter à Pa r is, (44) Id., Il, 1 34. - (45) :lO1 .


- 171 OÙ le�s . spectades et les occupations que tu t'y feras t'offriront plus de dis­ iractlOns (46) . )} Outre son désir qu'Aimée quittlât ,l a campagne, principalement pen� dant la trisle sais on d'hiver, Davout connais,s ait trop bien l'extrême réserve , pour ne pas dire la sauvageri e de s'a femme, pour ne pas siaisir toutes les occasions de lui rappel'er ses devoir,SI mondains dont l'acwmpHs­ sement s'e mblait lui wÎlter tant d'efforts (4 7 ) . En 1 804; Napoléon, désireux de placer comme da'me d'honneur auprès de Madam e IJœtitia, sa mère, une p ersonne d'un mérite éprouvé, jette: les v,e ux sur Mme D avout. La mort dans Il'iâme et les larmes aux y,eux, eUe f ait part de ceUe nomination à S'on mari, sollicitant un avis, qu'eHe aurait vo lontiers espéré conforme à ses désirs. Contrairement à son aUent,e, le Maréchal , pénétré de ses obligations envers, son Empereur, l'incite ài accep­ ter ce poste : « Ta lettre du 6 (germinal an XIII) m'a beaucoup affec'té; e t q uels conseils pllis-je te d o nn er, ma bOllJl.e peUte A imée, lo:rsque tll' ,.me déclares que ta santé va se détruire e t qu e tu mOUJ'lra's de chagrin si je ne llOis pas jOllr à obten ir ta démission ? . . . J'ai cherché à te prrYuvu :que nOn .� elliement tu devais acc epter, m ais qu'il le falla i t faire ave,c' grr'il ce et reconnaissance. Les b ienfaits don t Fai é té. comblé par l'Empereur impo­ sent l'obligation de c e qu'il désire (48) . » La nais sance de sa fille Joséphine lui donne fort à propos l'occaslion de donner sa démi s sion , et, j usqu'à la chute de l'Empire, on peut très facilement dénombrer . l,e s courts moments où elle séj ouvuera aiIIeurs qu'à Savigny. Le 25 m ai 1 8 1 3 , elle déclare encore : « Je me porte mieux à la campa,gne qu'à Paris où j'ai que lques devoirs à rendre et qul me coûteill f . Il faut être heureuse pour se plaz're dans le mond1e, et je ne serail pas tant ql1e je v i vrai séparée de t o i (38) . » Q:relle tendres se ardente dans ces dernières lignes ! * **

En. attendant une réunion si vivement souhaitée, la Maréchale s'em­ ploie activement à aménager le manoiT, les dépendances ,et le parc . Ces travaux ,étaient d'ailleurs absohJment nécessaires, car, en 1 802 , le domaine avait été trouvé dans un état de délabrement effarant ; aus1si ,l es, transfor­ mations durèrent-elles plusieurs années, et il convient d e rapporter ici l'amu sante des!c ription du chlâteau et de .l a vie bourgeoise de ses h ôtes que nous a laissée la Comtes se Potocka, à la suite d'nne visHe qu'eUe y fit au cours de l'ét é 1 8 1 0 (49') :

Je m e rendis à Savigny par un soleil brûlant, ma l gardn tie par un très p etit « chapeau orné de v if>le ttes, e t très gênée dans ·mes brodeq u in s lilas parfaitemen t assortis à une robe mon tan te en gros de Naples de m êm e couleur ... Cette élégance m atinale me sem blait passa b lemen t intemp estive . Quoiqu'il en soit, je m e prom ettais une visite agréabl6. llhô tel de la Maréchale, à Paris, m'avait donné u n e grande idée de s on goû t et de son opulen ce , e t je pensais la trouver luxu e usetmen t é ta blie à Savigny. J'arrivai vers tro is h e u res . L e château, e'n touré d' un fossé e t d'un m u r, avait pou r en trée une porte h ermétiquemen t fermée. L'h erb e cro issait dans les fossés ; - o n e û t dit une habitation abandonn ée dep u is ma in tes années . Mon . laqu ais, ayan t en/tn trou v é le cordon d e la sonn.e tte, u n e petite fille ass ez m a l vêtu e vin t, a u bou t d e q u e lqu'es m in u tes, deman der ce q u'on .désirait.

(46) BLOCQ., II, 301 . Une des distraction's favorites· de Mme Davout était de faire de longue s promenades en calèche dans l a . campa.g ne de Savigny ; mais un j our, en juillet 1 80 4, la voiture, tirée à vive allure par des chevaux fougueux, se renverS<;l -dans l'actuel le Avenue de la Gare : Aimée s'en tira avec de 'légères contusions, mais le cocher fut grièvement blessé. (47) En octobre 1 80 3, Duroc écrit à Davout : « Nous lIj/Jons vu Madame Davou t q ue lques jou rs à Paris, elle est reto wrn é e à la campagne . Cependant la saison est triste et froide et nous annonce l'hiver » (VIGIER,

l,

1 23) .

(48) BLOcQ., Il, 1 1 7 . (49) POTOCKA (Comtesse) , Mémo ires .(Paris, Plon, 1 897, in_8n) , pp. 230-234.


- - 172

- Madame la m aréchale est-elle à la maison ? - Oh, pardonnez-m o i, qu'il s y sont, et M. le marécha l a ussi, répon dit la fillette. ' Et v ite elle couru t appeler u'n d[�s homm es du château, qlli se mit à la slli/Jre sans s e presser e t tout en ajus tan t sa IÙJré e . Je m e f i.• ann oncer, e t, blottie daIl s la voiture, j'aUe'ndis encore assez lanf/temps, ne s adul/l t trop s i i e devais insiste r O ll s implemen t laisser un e carte. A u baut d'un peti t q u art d'he u re , Ill! /Jal e t de chambre s e présenta enfin à la portière du carrosse et me fit entrer daIls un e /Jasle cO ll r ; iL s 'e:reu sa des lente urs du s e r/Jice, m'avouan t sans façon q w'à l'ins tant où j'étais arri/J ée, les !J ens tra­ " vuillaieIl t au jardin , et q u e lu i-m ême était o ccupé à n e ttoyer le ver!Jer. On m e fit tra/Jerser plusieurs salons c omplè tem ent démeu blés ; la p ièce où l'ol! m 'in trodu is i t n ' é tait g u ère plus orn ée q u e les précédentes, m ais a u m oin.� il y a/Jait u n canapé e t des chais es ! La m aréchale ne tarda JXls à appara î tre. J e m'aperçus a isémeIl t qu' e lle a v a i t fait toilette po ur moi, car e l l e! attacha i t eIlcore q u e lq u'es épiIlgles à SOIl corsage. Après q u elques m in u tes d' un e con versat ion langu issante, e lle S OIÙW po u r faire preveIlir SOIl ,mari. Puis IlOUS reprîmes n o tre en tre tieIl péIlible. Ce n'es t pas q u e m a dam e Dav o u t maIl q uâ t d'usage o.u fû t dépOltrvU e de ce tte s orte d'esprit q u i facilite les rapports e Il tre deux persoIlnes du· m êm e m ondct, m a is il y avait e'n e l le une certain e roideur q il i pouvait ê tre prise p o u r d e la morg u e . Elle n e perda it jam a is de /J u e le maréchalat ; jamais un so u rire f/racieux n e v:l1I a it aIl im er les traits de sa beauté sé/Jère. C'é tai t tou­ jours la Jun oIl d'Hom ère, ou m ie ux : la femm e forte q u i n e de/Jait rire q u 'au dern ier jour. Le maréchal arriva eIlfiIl dans un état de tran spiration q u i a t testait s on em pres­ s ement; il s'ass it tou t esso ufflé, et, tenaIl t son m ou ch o ir de poch e pour s'essuyer le fron t, il eu t soiIl de le m o u ill e r de sali/J e afiIl d'enlever plus s û rem eIl t la po ussière don t sa figure é tait cou v erte . Cet a bandon UIl peu soldates q ue cadrai t mal a /J :IC les m aIl ières empesées de son épouse ; eUe eIl flU /J isiblemen t con trariée . Ne troU'/JaIl t de trop daIls cette scèIl e m u e t te, je m e le.vai et vou lu s prendre cOIlgé, mais on m e pria de r e ster à déjeuIler. EII a tteIl daIl t q u e le repas t û t s e rvi, n o u s f îm e s un e promenade daIls le parc ... Il n ' y avait a u.cu'/l ch'lmiIl tracé, les f/azoIls é taieIl t de hau tes h erbes tou tes prêtes à deven ir des m e u les de foin, les arbres co upés peIldan t la Révolu tion repoussaient en m aIlière de bro ussailles ; je laissais à cha q u e b u issoIl des fragm ents de mes volants, e t m e s brode q u ins lilas a /JaieIl t pris lin e te iIl te /Jerd,âtre. Le maréchal n o u s e ncourageait de la /Joix et du geste, nous prom et tan t une s urprise charman te l ... Quel n e fut pas m o n désappoiIl tem eIl t lors qu e , au détour d'un massif de ch êIl e s adol escents, 11 0 us Il O llS trouVâm es en face de trois petites I! li ttes en osier ! Le duc mil U Il g e n o u C'It terre e t s'écria : - A h ! les /Joilà ... les voilà ! . . . Puis, m odu lan t sa voix : - Pi ... pi ... p i . .. Aus sitô t UIl e IIu é e d e perdreaux se m ireml à volt iger a u t o u r de la tê te du maréch al . . - Ne laiss ez s ort ir les a u tres q u'a u m om en t où les plus je ll'Il es seroIl t r e n trés, e t donnez du pa iIl � ces dam es ... Elles /JOIl t s'amuser comm e des rein es, dit-il à UIl rustre q u i r emplissait les fOIlctioIls de garde-chasse. E t 'n ou s voilà, par lm soleil brzî lan t, donIlan t la becq u é e aux p e rdreaux ! La duch e sse vida, av ec un calme et un e dignité impertu rbable,;, le pan ier q U 'aIl lui fl/Ja it présenté. Qll(/.n t à moi, je fa illis me tro uver m al, et, Il'y teIlant plus, je fis o bserver q u e le ciel s e cou /Jrait et que Il OUS é tions meIlacés d'uIl orage . ,EII ren traIl t a u ch âteau, j'aperçu s d e s maçon s occupés à badige onIler n'Ile d e s tO'll­ l'elles q u i. ju'squ e-là, a/Jait éc'happé au sacrilège d'u n e res ta uration et a/Jait encore ce t te patiIle q u e le temps s e u l p e u t donner. Je ne p ll'S me défe Il dre de maIl ifester un e sOJ'te de critiq u e . La m aréchal e mil compri t ; je crus .deviIler à SaIl regar d ct à sOIl s o Llrire dédaif/Ile ux q u ' il y avait eu discuss ion au s ujet de la toureHe. Le mari ne me cach a pas q ue .m es o bser/Ja tioll s Il ' étaieIl t pas de s aIl f/o û t. Il se prononça mêm e très énergiquement cOIltr e la m aIlie des vieilles m urailles. L e déjeuIl er fiIl i, je m ' es q lii/Jai en toute hâte, jllran t, mais Ill! peu tard, q u ' oll Ile m 'y prendrait plus. »

'Celte rela tion q u e l q u e pe u Ironiq u e montre as'sez d a n s q u ell e situa­ t i o n lamentable se trouvai t encore l e domaine e n 1 8'10 ; nous avo n s d é j à constaté qu ' e n tout état d e cau s e l es difficultés firtancières dans' l'esquelles S,e débattai ent le Maréchal et sa f,emme avaient dû ralentir considérable­ ment et m ême arrêter ,complètement les travaux d' entr etien. Il' n'est �pas douteux non plu s que "eur belle et va ste pl'opri'été avait, s'e mble-t-i l , excité


1 73 -

l es convoiti ses de quelques membres de la famille impérial e . Il suffirait de ra ppeler une ,étrange visite faite a u ch:à te au d e Savigny, pendant une ll hsence de la Maréchale, en germinal an XIII (mar s ou avr i l' 1 80 5 ) , par l,e s Princes Loui s e t B o rghè s e . Ce ll e-ci s ' e n étai·t , li j us t e titre, i nq ui é t é e el e n avai t averti son mar i qui , tout ,e n flétri ssant u n « procédé de fu rlern ih'e m a lh onnêtet!' » , j u g ea pru de n t de faire c e s s er les travaux en cours :

« Puisque le prince Borgbèse tro u ve au-des sus de Ill; les procédés de to us les. temps e t de tous les pays, .ie te pri e de ne fa ire auclln e attention à tou t ce q u i te s e m écrit ou dit S U I' c e tte terre . Si par la suite lai l'occv.sion de pou voir s e ulem en t ' s o upçonn e r q u e l'Em p ereur verrait a ve c p lais ir q u e je m 'en défisse, alors sans regre t .il' m ' empress erai de la céder à la prin cess e l/orghese, .ie te con.iurerai de faire c e s acrif i c e ; il fau t a t tendre po ur cela le retour de Sa ll1aj e s té , m ais n o u s ferons bien de s uspendre jusq u ' à cet t e é poq u e n on s e ulem en t la cons truc tiàn de l a basse-cour, m a i s tou te espece de répara t ions , bors c e lles indispensablem en l n é cessa ires ( 5 0) . )) Ce ne fut sans doute q u 'Une fau s s e a lerte, puisque les tran s formations qui s ' i m po s aie n t f ur en t e n tr e p r i s e s par Mm e Davout. Le Pri nce lui avait, en ,e ffet, donné pouvoir de « gérer e t adm in is trer tous ses b iens ei affaires, o c t i /Je m e n t e t passÏllem en t (5 1 ) )) ; et hlcn q u e , d e touS! le s eoir s de l'Europe o ù il pouvait se trouver, il surveillât méticuleus ement l 'a v a n c eme n t des tr ava u x , il s'en remettait à elle e n tou te c o nfi anc e : « To u t e s tes résolu­ tions son t telle m en t m arq u é e s du c o in de la sagess e q u e ,. bien loin de faire m ieux, je ne poùrrais q u e faire' plus mal {5 1 ) ., )) , Forte de cette ,e ntière liberté, la Maréchale commenea e n 1 804, avec l'aide de son régiss'eur Laforest, par faire édi fi e r prè s ' de l 'égl i se uue magnifique basse-cour ou seront élevé s avec soi n des animaux d e toute e sp è ce . Le 27 v e ndémi ai re an XII ( 18 odobre 1 8 03 ) , Davout :lui demande de faire dresser ],e plan de la future constr uction et aj oute : « En poussan t l ' Olwr a ye, il pou rl'O. ê tre acbevé aupara van t la ma u l)aise saison (53) ! » Toutefois la crainte de ,ne pouvoir subvenir à la tot'a lité de la dépense obligea la Marécha le à n'en faire bâtir qu'un e partie en l' an X I I . Mais l'anuée suivante, la bas s e-cou r fut enfin t erminé e el le général O u dinot , venu lui rendre v i s it e , put en donner un compte rendu ,qui fit pouss,er l'e s hau ts cri s a u Maréchal : « L e général vien t de m e donnie r de tes no uve lles . ,l e lu i ai fait tren te six q ues tions S lll' mon « in tendan t )) qu'il a tro u vée a u m ilie u des maçons, d e s o u v riers e t d � t o u s les détalils (d'une ferm e . J e crains q u e tou tes les pe in e s q u e tu te donnes pour e m b e llir e t arranger une dem e ure que t u crois p laire à ton (' Sposo » n e fin isseJllt par a!ltéier, ta .'ifm t é . . . Je tro u ve q u e tu en fais trop, e t catain em en t si tu vena is à tom ber m a la d e , tu aura is manq u é ton b u t , ml' .ie dé tes terais allors a u tan t Savigny q u e ;e l 'aim e main tenant (54) . » E lle' fi t également restaurer l ' or anger ie, parce q u e son mari marqu ait u n v if penchant pour l;a fleur de l'oranger 'q u'il p référ ai t à toutes les pier­ res précieu ses ; il aimait d'ailleurs to u te s l es fleurs, et c'est pour c el a qu'i l avait envoyé de Bruges des centaines de griffes de r en on c ule s et d ' anémo­ nes, ai n s i que des o i gn o n s de t ulip e s et de j aci nthe s . Il adorait aus si les beaux o mb rag e s et, à ce suj et , il s e trouva:it fréquemment en désaccord ' a vec sa chère A i m é e qu a n t à la manière de d i s p o s· e r l e s nouvell:e s planta­ tio n s : « P,al'donne-m oi, ma bonn e A m ie, si je ne s u is ' pas de ton a vis pOUl' faire planter l'allée ,du fer à cheva l en arbres vats ; .te n'ai jamais vu e mp lo y e r cette espèce d'arbres en bordure d' a llé e , le coup d',-él n e doit pas en être agréable et, en o u tre, c e là n e procure po in t d'om brag e . « Ma is, me diras- t ll, q u e p e u t-on m e ttre dans ce tellr'Qin sa b lonn e ux et p i areux ? » D es acacias com m e ceu.y du gorde, qu it te à la ire les tro u s un p e u plus pro-

(5 0) BLOCQ., II, 1 23 . (5 1 ) Arch . Gu erre , M F . 1 3, fo 64. (52) BLOCQ., Il, 81. - (5 3) 1 7 7 . - (54) 1 7 9 .

-

(55) 66 .


fonds. Pèse mes ob s erva tions dans ta sagesse. Puis q u e nous sommes S Ul' l'article des p lan1 ta tio ns , t,u peux et tu devrais faire p lanter aussi) ,d.e bou­ leaux, de m erisiers et de peupliers les bords d.e la r i vière iet de !Ca p e tU e boUe, les plat�nes q u ' on U a m is [' ann é e derni ère n ' a y an t ipas' !réussi; 'et pour fin ir ,cc chapitre . . . en fàire {ai r e ll ne en qllinconces à droit e et à gau­ che dll grand canal, en orinl,es et en peupliers, comm e c e lui '.q u i est devan t la porte. A u bou t de seize ou d i.r-lw Ï l ans, on coupe les p e u plie rs lJl'Olll' laisser p ofiter les o('mes . ... (5 5 ) . ))

Peu à p e u le llarc prem ait u ne agréable touruure et, pour ajouter au p l aisir d es yeux celui non moi ns grand de la chas s e, le Maréchal, cares­ s ant un espoir peu t-être réalis·able, recommandai,t à son épouse, dès 1 8(),3 , de l e « pellpler de lièlJJ'('s d a ll s la s u pp osi t i o n où il p r e ndrait l' idée a i l Pre ­ r

mier Consul de venir chflsser à Savigny, pour lui procurer un plais ir q u i est bon pour sa santé ct qui renou velle son sang (56) . l) Malheul'Cuseme.nt, non s eu lem ent Bonaparte ne vint p a s à Savigny, mais encore l es lapi n s

« Le m p il l eur moyen de détruire les lapins est de faire retourner les i erJ'Ï p rs ; trois ou q llfltre hom m e s de }ollI'née pendant deux à tl'(),i's' jours feront . cette be.y ogne, le ga rde se charyefln t de leur montrer les ' te.rriers. · Le garde pou;rra faire l a chasse" s o i t à coup de fusils, soit avec d,es panneaux à ceux qui é chappero ll t. . � Profite de ce conseil. Il m ' a été donné par le Grand Ven eur . . . " je le crois si bon ([ll l' je t'engage il le me ttre à e:vélcidion de sllite pour te dé b'ara s s er de ,ces lJilains animaux qui bo.ule vCl'sent ton parc et qui a t t aqu e n t san s m én age m e n t te.� jo lies plantations . Je les 'condamn e pOUl' . ce ,dernier ,déli t tOlls à mort ( 5 7 ) . » P en d ant cet te période, il trouva au s si l e moyen , malgré leurs. dettes caus èrent d e tel s ravages qu'il fal l u t bientôt prendre d ' é nergiqu e s mesu­

l' e s :

criarde s , d'acquérir, pour 30 . 0 0 0 francs, u ne spl end.ide coIJecUo'l1 de deux cents tableaux, « s ur quoi 180 o dgina llx et presqu e tous de grands maî­ tres » , et un ens,emble de bu. stes ou de S1I: atu e s ·en bronze : {( Dan s le.�

.

bronzes, il y a des mO' t ifs de la plus grande bea1! t é . . . tu pOllrras en p e upler SalJigny; s'en ter:ul le haut, le bas es t . trop humzde ( 58,) . )) I l m ontra, par contre, peu d'empress ement à v oi r s a femme acheter .I a forêt voisine d e Sainte-Geneviève dont eUe avai t tant envie , p OUl" d.e s . raiso n s fa ciles à d eviner : « Tll connais miellx que 'moi nos re ven lls, tu sçais qll e nO'us ne def)ons pas compter de sitôt s ur ceux de Pologne,. et Nen (pieu "Iur ceux d'A ll em agn e ; nous n ' a ll o lls q ll e nos re oenllS de la salin e et ceux du ]li/ont­ Napoléon ; si tu crois a oec ces ressources pO'lllJoir faire cette im.pô rtan te flr: qllisition, fais-là; mais n e m e consi.dère pas dans tout ceci. Je femi l'olollliers le sacrifice de la b e lle chasse qu e cette acquisition nous donne­ rait, si tu t'exposes il des em barras pécllniaires don t tu e S h e ureusement sortie ; mais voilà bien des J'a Î8onnem ents de trO'p, puisque tu as la CCl'ti­ tu de q lle ton Louis trOlllJe bien tOll t ce que tu fais . A ins i, si tu achètes les bois de Sai,n t e -Genef)iève,. ce sem fort bien,; si tll ne les ach ètes pas, a se ra fort bien ,' }e te le dis sans plaisan terie ( 5 9) . » Après l a bas s e-co u r , A,imée tourna s o n activité vers le s écuries ,q u ' elle

dé sirai t agrandir pour satisfaire son goùt des chevaux. A cette fin , ell e demanda et obtint l'a s s entiment d e l a Commun e en vue du déplacement d e l a Rue de l'Eglise. L'enquêt e de com modo et incomm odo du 2 0 m ars' 1 8 0 7 fut favorable à ee projet qui avantageait a us s i l e s habi,t ants d,e Savi­ gny : « I l résulte qu'il n'a été fait auc une réclamation, que même plusieu rs habitants on t tém oigné être très satisfait.s q u e Mada m e la IMarlé ch a le ait

bien voulu condescendr e à ce qll'alJait ,de m andé le ,conseil et qll'il 1] avait (loan tage net pOUl' la Com m une, a ttendu qu'elle a ura une rue d'ulle iàrg eur

(56) Id., Il, · 90. - (57) 1 43-1 44 , - (58) 1 8 9 . (59) Id., Ill, 3 0 1 , Lettre du 1 9 avr i l 1 8 1 3 . C'est a u pr i ntemps de l'année 1 8 1 0 que . la Maréchal e exprim a ce dé s i r pour la prem i ère fois (cf. BLOCQ., Il, 389 - 39 1 , 399 ; III, 2 7 6, 286, 287, 301, 346, 350, 35 1 ) .


LE CH ATEAU DE SAVIGNY VER S 1 8,5 0

pl us considérable il l'ancienne, q u' e lle compor tera s ix m è tres au plus é troit e t q u 'elle s e ra pavée en piC1're dure et chaussée e t en tre tenu e aux frais de M . le Maréchal pendan t tmis ans (ôO ) . » En cctte anné e 1 807 , la pro p ri�té avait tellement l'a Hur,e de ehantier que le Maréchal demanda à sa femme d'aller . passer quelque bemps à P aris : « .Je con vi ens q u e tll Il e p e ll.T: c on t in u e r il h a b i ter l' orongerie, q u i est lm b i v o u a c e t q ll ( es t encom bré e par les démoli tions . Ne p e ux-tu pas pour nu an lou er un hôtel il Paris (6 1 ) ? » Il ,e n sera ain si plusieurs années . Mais, p o u r Aimée, il n'était nuHement question d'aUer s' ennuyer dans la Capitale et c'est. pourquoi e lle préféra plutôt consacrer quelque argent à

hl

réfection de plusieurs pièces d'habitation, après avoir demandé conseil

(60) La Commune accepta à l'un animité l a proposition. du Maréchal « at t end u q u ' e lle trou vera n é cessaire m en t par la su ite des dédom magem en ts s uffisan s dans la rés idence h a bituelle de l'une d es plus illus tres familles de l'Empire, don t le chef par s e s talen ts m ilitaires sait m ê m e s e faire adm irer du plu s grand des h éros, tandis q u e sa d igne ép o u s e par d e s v e rtus plus do u ces m a is n on .moins resp e c ta b les gagn e tous les vomrs e t co.m ble les h a b itan ts de, Sa�igny de b ienfài ts de to u t genre, avan tag e s inapré­ cia b les dont Le Conseil saisit a v e c empress emen t l'occasion de tém o ign e r s a recon­ Il o issance • . . » L'échang e fut proposé p ar l e Maréchal en février 1 8 0 7 , et la Commune fut autorisée à le faire après uùe Délibération du Co n s e i l d'Etat en date du 17 j anvier 1 809, approuvée le 2 février 1 809 aux Tuileries (Arch . n at., A F . IV. 3 5 7 , p l aquette 2608, n ° 1 8 6) . L'ancienne Ru e de l'Eglise avait une' longu e u r de 77 m., m ai s el i e avait l'énorme désavantage d'être de largeur i négale : 9 m . 02 près de l 'Egl i s e , 7 111 . 50 près les écurks du château, pour s e réduire à 4 m . 9 0 au M a il. ( 6 1 ) BLOCQ., Il, 284-285. - (62) III, 1 30. - (63) 1 8 7 .


- 176 à son cher SpOSIO qui l u i répondit , le 1 2 février 1 8 1 2 : « Je ne c on ç ois rien

à la p e rm iss ion q ue tu me demandes de f aire un e dépens e de 1 .200 francs à Sa vigny po ur re ndr e habitable deux pièces; il me semble que tu as d epu is longtem ps carte blanch e et que jt ne me s u i.'t jamais p la in t q u e tu en aies o busé ( 6 2 ) . » Q u el qu e s mois plus tard , en novemhre 1 81 2 , la reeonstr ucti on du vieux moulin .J opelin fut déci dée 'par le ménage : « Charg e lU. Du f o u r de m e dounler u n e de scrip tion du mou,[in que tu fais faire : je' m'en repose. il ton goût pour êtr e assuré qu'il ser.a d'un bon effe t e t qu ' i l jou era son rôle dan s les points de vue pour le s q u els tu as tan t d'affection! q u e tu leUl' sacrifies d'an tiques tilleuls (63) . )) Lorsqu' i l reçut ce s pl ans, le Ma réc ha l exprim a l:e regret de n'avO'ir pas fait lever ceux de la Prusse ducale , « où tout é ta i t , bien soi,gné et en t e ndu . » Touj O'urs est-il qu' e n s,eptembre 1 81 3 les, travaux étaient en �ours et bientôt s'élevait u n grand b âtiment , baptis é « MO'ulin d'Eckmühl », •

monté de quatre paires de meules, avec d�s dépendances à u S1a g,e 'd'habi­ tatiO'n dO'nnant sur urn'e cour fermée par une grille v e rs 'l e Chemin de Savi­ gny à ' Morsang, le t o u t situé S UI' la rive drO'it e de l'Orge, dans la p artie du " parc sis e sur l e t'er rO'i r d e Viry-Ch'âtiH on . ' En O'utre, l a M a réc h ale fut a u t O' ri sée « p OlI r sa comm odité et son agré­ m en t personne l )) à ex ha u ssér d' au m O'i n s 4 à 5 pieds le pO'nt du moulin d ' Eckmü hl , su pporta nt l e Chemi n d e Morsang, et .à le remonter e ntièrement, en modifiant l égèrement s a pO' sitiO'n (64) . , . " , Mai s la chute , de l ' Empire all ait bientôl perm ettre à M'ada me D avO'ut d e pO'u r suivre ces longs aménageme;nls de concert avec sO'n cher mari , qu ' eU e n'avait pas vu depuis très longtemps en raisO'n de l a guerre. Pendant q ue l ' Emp i r e s'écroulait sou s les cO' ups des AUiés et que l'en­ nemi ' pénétrait dans P aris le pr avril 1 8 14, le Princ e d'Eckmü hl ten ait toujO'ur s la place forte de Hambourg. dO'nt il était le gouverneur d epuis 1 8 1 3 ,et O'Ù derpui s cinq mO'is , avec quelques ba t aillo n s , il s e dtéf'endait cO' n tre les arm ées russ'e s . Il ne rendit l a ville que sur !1'inj O'nctiO' n de Louis XVIII, ,qui lui fut tran smi s e par le général Gérard , et en SO'r!tit avec les hO'n neurs de la gu erre . Rel ev é a u s,s i t ôt de son cO'mman d e ment , sa femme le pré vi nt que l e R O' i lui O' rd o nn ai t , 'en outre, de ,s'établir hO'rs de Paris (65 ) ; a u s si se re ndit -il directem ent à Savigny O'ù il a rr iva le 1 7 j uin (6'6 ) . J I était en mênie t emp s invité à prépar,er u n rappO'rt j us Ufic a ti f 'sur cert ai.nes accusations p ortant attein te à s O' n honneur de sO'ldat . A ces has­ se s calO'mnies, D avO' ut r é p O' n dit u n mois plu S' tard par sO'n célèbr e « Mém'oire a u Roi » qui répandit dans l e public un e i mpression t r è s favO'­ rabJ:e (6 7 ) . Ma is, malg ré u ne démarche des maréchau x et les effO'rts per­ sonnels de Ney, il fut le s e ul à ne pO' int rentrer en grâce et prêter serment (&8) . » . (64) Il était, auparavant, " tourné plus a u Nord ' (605) BLOCQ., III, 423 . (66) Id., III, 1 7 5 . On connaît cette date grâce à une lettre de la m ère d'Aimée à son fils. Ell e aj oute : " L'arrivée de Monsie ur le Maréchal a forcé ta sœur de partir de s u it e pour Savigny où il es t jusqu'à n ou v e l ordre, et l'on 'n e p e u t se passer de vach e s . Il n 'y en a pas dans le pays : on les a mangées en partie. et beau coup sont m ortes » (BI.OCQ., III, 1 7 7) . (67) DAVOUT (Maréchal) , Mémoire .•. au Roi (Pati s, Warée, 1 8 1 4) . On l'accusait : 1 0 d'avoir fait tirer le canon sur le d rapeau blanc, après avoir eu l a connai s sance certaine du réta blissem ent du trône d es Bourbon s : 2 ° .d 'avoir enlevé l e s fond s de la b anque de Hambourg ; 3 0 d'avoir com m i s eles actes arbi traires tendant à rendre oelieux l e n(}m françai s . (68) VIGIER, I l , 1 95-1 9 7.


177 -

En c o m p en sa ti o n , ,le Prince connut l'meffaMe bonheur d e p o uvoir enfin goùl.er les j o ies d'uue vie de famille digne de ce nom et jouir, dans le calme des ,champs ,e t l'ai r em b a u m é de la cam p agne, de ceUe quiétude d ont il avait tant besoin dep u i s Ia désa s t re u se retraite de Russie et le pénible siège de H a mbo u r g (69) . La p riva ti on d e son traitement ne fut pas sans amener quelques changements d a n s le train de vi'e du couple, comme le laisse deviner une J.e tire é crite à sa femme qui , de temps en temps , s�journait à Paris pour

s'occuper de leurs affaires : « .Je désire bien apprendre, mon A.imée, sinon la v ente de notre hôtel, a u m oin s la certitude q u e tu le vendras; trouves-tu à te ,défaire de no tre argenterie (70) '? » Il s 'arr a n ge a i t n éan m o ins pou r « sou lager la misère d'un grand nom­ bre d'ouvriers que l' iml'usion avait condamnés à l'inaction et à la ('alÏ1ni ,: il faisait exécu ter des ter1'Ossemen(s considérable.� ,q ui le ntenaien t dehors to ut le jour (7 1 ) , » Les Allié s avaient cantonné d a n s le village du 31 mar s au 12 avri,l 1 8 1 4 et, ne so n g e a n t qu'à expl o i te r au maximum leur victoire i n atte nd u e ,

ils

v a i en t pressuré l e pays , traité la p o pul ati o n .avec inso}.ence et levé de si bien que la Co m mune , « après avoir eu uiflie si nom­ b reuse armée ,campée sur son territoire » , s e tr o u v ait « totalement ra vagé e et pillée e n o bjets de toute.� natures, ainsi qu'en! meubles et effets q 21) . » En treize Jours, le pHlage avait occasionné 'des . perte s estimées à 14 7 . 76 2 francs ; les deux habitants l es plus épr ouv és étant le Ma ré c h al et M . Charles Pi'erre Pie tit , fermi,er à C h amp a gn e et 'maître de po site à Fto­ m en te au , respec tivement pour 2 2 .223 et 34. 881 francs (73) . Il est bon de rema r qu er 'que sur l'Etat rédi gé à cet ,effe t , seule la ferme de Champagn e p o rt,e l a ment i o n « campem e.nt: ,des troupes » ; il se.mblerait alor s :que f,e château n'eùt pas été oc c upé ' au cour s de ceUe première i nvasion. Mais l e M aré c h al ' n'eut p o i n t à so uffrir de l,eur prés'ence, car , au moment de son re to u r , il s avaient évacué la ré g ion dep u� s p lu s d e deux mois ! Cepe n da nt ' l' « exilé de Savigny » recevait de . n ombreu s e s visi,tes : tou s les officiers qui avaient se rvi SOU s ses ordres Sie pres saient autour de lui, sùrs de t r o u v er un a cc ueil à l a foi s amical et bienveillant . Le ,c olonel de Trobri and, son ai d e de c a mp de 1 803 à 1 8 1 1 , ,et le général César de Lavill e se m o nt r aient de be a uco u p p a rm i l es pl u s as sidus ; sans ouhlier les, frères LaHemand, Lefebvre-Desnouettes ct Drouet d'Erlon qui vinre n t pl u sie u r s fois l ' entretenir de leurs espérances de v o i r bientôt Nap oléon quitter l' Ile d' E l b e . . . Aussi n'est-i l p o int étonnant que ce r t a i nes personnes, cn particulier M. Sali gny, chef d ' escad ron a d j o i n t à l'Etat-Maj or ' du D uc de Fe� tre, Ministre de la Guerre, a ient dé n o ncé « le· château de S. E. M. le

lourdes réqui sitio n s , a

Maréchal Prince d'Eckmüh l comme le rendez-vous de tous les partisans de ['Empereur (74) », p u i sque tous ceux qu i co nspi raie nt portaient naturel­ leme nt leurs :p a s v er s S av igny où se trouvait l ' h o m me q ui, pensaient-Us , serait leur chef i ncon testé . C e s voyages insolites fini rent par . pOl· t,e r forteme nt o mbra g e à l'Auto­ rité q ui prit l a ré solution de faire surveiller D avout d' u ne faç on ass'ez étroite. Divers buHetins de police le présentent co mme « che f d'une cons- . piration » ,(5 j uillet 1 8 1 4 ) ou « désigné comme propre a ê tre mis à la tête d'un parti ,d e m1écontents s'il.� a�q issaient » (24 j u illet ) . Il ne se passait pas d e mois sans que l ' o n s ' e nq u it de ses activité s . C'est ainsi q.ue ,le 29 oct o bre, « on rema'rque que le général Davo u t, qu i .iadis était gf,néralement détesté (69) (70) (71) (72) (73) (74)

I l avait fait les q u a tre c i n q u i èmes d e la ro ll i e d e �loscou à pied. .

BLOCQ., IV, 2 4 5 . CHENIER, 4 1 5 .

A rch. c()m. d e Savignll, H e g . d es D é l. Mun. n ° 2, f O 1 66. sé ance· du 28 avril 1 8 1 4 . A rch. corn . d e Savignll. A rch . G u erre , C. 16 (1 à 23) , Correspondance générale.


- . 1 7 8 -.

dans l'armée, est m aintenant préconisé par ses détracteurs . On pense que c'es t là l'effet d' un esprit de parti ( 7 5 ) . » En fait, tan di s qu e l a poliDe royale s 'inquiétait de ces nUées et venu e s ,

le Prince partage a i t tout si mplement son temps, en toute tranlq uiHité e t s a n s. arrière-pensée, « en tre les tendres soins qu'il donnait- à l'éducation

de ses enfants, les travaux de ['horticulture qui avaient pour lui un charm e tou t particulier et l a lecture de l a littérature étrangère. » Certe s , l e Maréchal avait peut-être écouté, s an s s'engager; « deS pro­ jets qui flattaien t " son ressentiment, mais qui bless,aien t son b"on sens et ses habitudes de discipline. » C ' e st pourquoi i l re sta touj ours étranger à .

tout ce qni p u t

se

_

tramer à son i n s u autour de sa pers onne . * **

L' annonce d u r etour de 1" Aigl e , volant « de clo'cher e n clocher jus­ qu'aux tours de l\'ofu-Da m e » , le tira bru s qu e'ment de sa retraite . D è s son arrivée, le 2 0 mars 1 8 1 5 , l ' Em pereu r ,le « m'ande près de lui, l' e n vo i e chC1'­ cher à deux reprises ( 7,6 ) » ; e t, lor Sique p arut le MaJ'échal, vell" s neuf heur,e s du soir, d,e s applaudi s1sement s ,éclatèrent, t eHemeill1t bruyants qu'il . fall u t rappeler l e s a s s i stants à l'ordre ( 7 7 ) .

Libre de tout e nga,gement enver s les Bou rbons, 1'e Prince fut tout natu­ rell ement désigné par :l'Empereu r pour tenir ,l e Ministère d e la GUt>rre ; t âche dé licate, a u cours de l aqu elle il vit à p'e ine s,a douce Aimée, qui demeura dans l ' hôtel invendu de h� Rue Sa int-D ominique , ,e t n' eut guère le tem p s de s ' occupe r ' de son domame. - A la suite du d é s'astre de Waterloo ( 1 5 Ju in 1 81 5 ) , D avout fut chargé de prendre hl d é fense d e Pari s (24 j uin) � puis nommé général en chef d e l'Armée de l a Loire , l e 5 j uillet (78) . L e lendemain , - l' aTmée aba ndonri aii\: Paris par les deux rou t,es d'Or: é ains et d e Fontainebleau ; ce jour même, - le quartier-général s e trouvant à Lo ngj umeau, l e Maréchal . réuni s,sai,t chez lui, à S avigny, l es l ie u t e n a nts-généraux Gérar d , de Valmy et Haxo et leur donnait mis sion « de se ren dre à Paris auprès de la Com,müsùm de Gou­

vernem en t pour prendre, d(J;ns ce tte circons tance, les m e.�ures propres à r.allier l'armée au fu tur' gouvernement de la France e t é v iter par là de plus gI'(wds malheurs et surto ut la guerre cillile (7 9 ) . » OblIgé de poursu ivre un repli qui l ' amènera j u sq u ' à Bourges, i l cher­ c h a, avant de p a r t ir p o ur Etamp es , à calmer :sa femm,e par une fei nTe tranquillité d ' e sprit et même à la di st raire par un. comp.Jiment : « J'ai beaucoup couru dans Savigny, j'ai a.dmiré ce que tu as fait à la petite CQur; c el a es t d'urt ex,c elient effet et donne une nouve/ne preuv!! de ton bQin goût. J'envoi e mill e caresses à 1I0S enfants, j'y c ompre nds. celui q u i est sur le point de faire son en trée dans le monde et des baisers à leur bonne mère (80) . » . Peu après avoir apprIS à s-e s sol dats la soumi s sion faite au Roi pal"l l es

troi s commissaires , D avout donn a sa d émi s sion 'e t, le rr août, remit l e comm:mdement d e son a r m é e a u D u c d e Tare nt e (8 1 ) . Là- fi nit à coup sûr u ne d e s p ério d es l e s p i n s l ahori e u s e s et l es plu s. pénibl e s de l a carrière du

Maréc h a l .

* "* *

(7 5 ) A rch. nat., F'. 3 7 8 3-3 7 84 . ( 7 6) D'AvoUT (Vic o m t e ) , Davo•u t et les élJén em e'nts de 18�5 (in Bu l. de' l ' Yonne, 1 9 0 5 , 59' vo1.) . ( 7 7 ) THIERS, Histoire .dll Con s u la t et de l'Em p ire, t. X IX, p. 2 3 3 . ( 7 8 ) A r c h . G u erre, M F . 1 3, C O ., 1 30-1 31. ( 7 9 ) VWIER, Il, 3 5 1 . (/l0) BLOCQ., IV, 249-250 . (81 ) VIOIE.R, Il, 3 7 4 .


- 1 1 9 -Profitant de l ' autorisation royale d e se rendr,e à Savigny ou « dans » qu'il pourrait préférer (82 ) , l e Prince reprit avec une j oi e san s bornes l e chemin d e Savigny (83 ) . Comme p,n 1 8 14, i l revint confier nu foyer domestiqu e ses pénibles se ntim ents, se S' réflexions amères sur le sort des empires et la destinée d e s peuple s . Le 2 août, il fit ainsi la conn�is­ sanee de sa fill e Adelaide Louise, ,nié e le 8 j uH'l et, mai s auss i de s AlHés qui cantonnaient . d ans 'c haque mai son du pays . . Si l'on en croit . M adame de Blocqueville , « les o ff i ci e rs s e conduisirent

tel autre lieu

a ve c un e convenance parfaite; ils surent ménager f'ennem i vaincll dont ils respectaien t le gén ie m ilitaire, et, si, d' a ll. en tu re y · quelques soldaltS' ,s'avi­ saient de pénétrer dans le parc, le maréchal, de sa plus grosse volx, criait e n allemand : F'l1 rcht ! et les m ar au d e ll rs disparaissaien t a u s !iitô t en cou­ ran t, ayan t de l'exilé toujours un peu . dé la fraye/1J" q u e le vainqueur d'A ueJ's tœdt (wait su inspirer il la P1"lI sse . Les off i c i e rs dinaien t à la table, du mar éc h al e t s'appliquaien t il pla ire aux enfan ts en fdisant lewrs mille volon tés ; mais dès q ue quelque.!-uns d'eux, c ro yan t sans doute flatter leur hôle volontaire, venaien t il parler en term es plus qu'irrévérencieux du maître infirme que les alliés .avaien t imposé aux va,incus" le · prince d 'EcA'mühl, prenant aussi t ôt son air le plus s é vère, les pria:it de se .wuvenir qu'ils parlaient du Roi de Fl'anlc e à un Français (84 ) . )) Mai s si la fOI:te personnalité du Maréchal contribu ait beaucoup à . leur fai re adopter une attitude exempte d e reproch e s , les ,occupants étaient, à l"excepti o n d'un nombr e i nfi n i m ent petit, « d'UR e exigeance dont rien n'approch e . " La pre uve en est, parmi tant d' autres, l 'incid ent qui, pen­ dant la nuit, mit aux pri s e s l e M'a ire de Sainte' Genevi ève-d es-Bois, .en tenue plu s que légère, et un c ava Ji.er pru s sien, réclamant . sur le champ mi .guide à cheval : . « J'y va:is tout ,d e ,s uite, le cheval est prêt" laisset. �mo;r seulemen t p rendre mes c u lo U es ! " répliqua. l e m a gi strat . A c e s paroles , le soldat fon­ è,it s ur lui et l u i porta deux cOl.lp s de sabre qu'il - n'évita qu'en se j'e:tant bi e n vite dans sa maison ! De t,ell es brima d e s étai,ent surtout à redouter dans l e s campagnes où ils n'étaient « con tenus n i par la présence des offi­

ciers, n i par la masse des habrif,ants (85 ) .

»

Pendant cette période, le vil I aog.e de Savigny dut recevoir (ie forts détache m ent s ennem i s , venant « y prendre le gUe. )) Aprè s le départ des Fra n çais (86) , u ne patrou me d'e I aneiers prussi en s apparut dan s ,la nuit du 7 a u 8 j u mel (87 ) ; pu i s l e s' Bavaroi s , l e s Hongroi s et :es Prwl siens s'e s u ccédèrent en appari tions plu,8 ou moin s l o n gu e s j us,qu'au 24 octob re (8'S) : u ne section du 2" Régime nt d e h u ss a I'cls h o n groi s s éj ou rn a chez no us j u squ'à 5 3 jours de suite ! A u s'si l a Commune su p porta-t�ell e des charges assez lourdes, évaluées pour l'i ntervalle du 1 e r j uill et au 15 octobre 1 8 1 5 à 2 4 . 5 5 9 fr ancs 95 centi-

(82) A rcIl. iGnerre, .MF. 1 3, fO 5 7 . (83) La p o li c e e st d éjà a u x abo i s c t signale dans u n B ull etin du 1 1 août : " L e 9 a il s oir, l e Prince . . . é ta i t h ier à Orléan ,ç ; i l para i t q ll ' i l voyage mys téri(! llsem ent. O n dit q u' il . a fait demander Ilne place à la diligence, e t q ll 'il vOllloit arrivor ainsi inc ogn ito à Pari s » {Arch. nat., F'. 3 786) . (84) Br.oCQ., IV, 2 7 4 . Tl s emble p l n t ô t que ce furent des hongrois . (85) A rcll. de S.-e t-O., IV M. 1 . (86) Le 5 j u il . , S avigny avait abrité 96 fa n t . ; les 6 et 7; l e l'o. rég. de carab. et l'Etat-Maj or du Ml D avout, soit 1 5 0 homme s et 1 70 ,ch e v a u x (Arch. de S.-e t-O., IV M. 1 ) . On l eu r avait d i stribué 2 2 0 rat i o ns d e pain e t d e vian d e, a i n s i que 240 rations complètes • de fourrage (Arch . corn .) . (8 7) A rch . corn. Ils exigèrent 26 bottes d e fo in, 20 de paille, 1 9 fagots, 1 2 bout. !l'eau de vie, 6 de vin et 6 pai n s d e 4 livre s . (88) Arch. de S .-e t-O., I V M . 1 . L e 8 j ui l . : 2 1 h u s sards prus . (2 1 c h e v a u x ) ; - 9 e,t 1 0 j u il . : Etat-Maj or, 3' co rps d'arm é e p ru s . (209 h ., 225 oh .) ; - 1 3 et 1 7 j ui l . : 2" rég. b av. ( 1 8 5 h . , 1 9 2 ch.) ; - 5 au il1 août : 2" rég , h u s . h o ngroi s (1 1 5 h., 1 1 0 ch.) ; - l�r a u 28 sept . : 2' r é g . hns. hon g . (31 0 h . • :1 2 0 ch .) ; - fi au 1 1 o ct. : 1 2" rég. h u s . pru s . (1 6 1 h., 1 7 0 ch,) . All t o t al, 1 4 . 6 6 9 j o u r n é e s dl" logeml"n t s d'homme s et ] 4 ,902 d e cheva u x , ,


- 180 mes (89) . A ell e s e u le , l a Maréchale fournit, du 1'" r au 1 5 juiUet , 1 2 10 bottes de foin, 500 de paill e et 934 boi ssle aux d'avoine, représ'entant la quote-part d e s livrail'ons exigées ,de la communauté (90) . Toutdois l'autom ne aurait pu délicieusement s'écouler dans ceUe paisible retraite, si le Prince n' avait apprisl avec stUlpéfa,c tion l'arrestation d,e L a béd oyè r e et de Ney, l'as s a ssinat de Brune à Avignon et les, massacre s qui acco m p ag naie n t l a deuxième R estauration. Cette répI'e ss.ion s anglante l'indignait tout autant que l'avaient bouleversé autrefois les plu s; s ombres j ournées d e la T e rœu r . Fort heureu s ement, loi.n des rumeurs, de la ville et bien 'q u'environné de soldats en nemi s, il trouvait le silence des champs pou r cal mer l'irritation de son esprit .

Mais le procès d u Mtu'éch a l Ney, dont les' débats s'ou,vrirent , le 4 d écembr e 1 8 1 b devant ' I a Chambre d e s Pairs , le ramena brus'quement sur la scène pol iti q u e . Cité l o r s de la sec o n de s é ance, il fut ,entendu comme témoin ; mai s l e soir, le' C'œur navré de douleur , il revint à Savigny, bien convaincu que le sang de son mal h eu reux .compa'guon d'armes serait offert en expi ation des victoires remp ortée s en Prusse et en Allemagne. En effet, :le 6 décembre, Ney était condamné à mort ! La d ép o s i.t i o n de Davout, di gne d'u n « homm'e d'honneur » (91 ) , eut pour effoet immédiat d e soul ever contre lui toute s les colères du parti qui dominait dans l 'entoui'age du Roi ; dIe fut le prétexte pour punir l,e Maré,,: chal du « zèle )) qu'il avait luis il « servir la cause ,de }'usurpateur )) : une déci sion roya},t" p r i s e en Conseil des Ministres le 2 7 décembre 1 8 1 5, l e ,p riva de s,es traitements et l ' e nvoya « sous surveillance s e crète de la polic e dans

une ville éloi,gnée ,de

la

Capitale (92 ) .

»

Alors que le MiniSltre ' de la Polic e Générale ,fixait Ie lieu d' exil à Mou­ tiers (9,3 ) , Davou t accepta finalement l ' offre:) d' u n cousi n de s a femme, M . Langl ois, de venir demeurer à Louviers, dans, une maison vacante non l'o i n de · l a sienne ; et le -30 j anvier, il prit le dép art pour six longs moi s, (85 ) .

P'endant ,q u e l a ' Mar é c h a le louait sOn hôtel de Pm'is à des Américains et vendait s'on argenterie pour faire face aux charges et aux dettes du ménage (94) , D avout, avec u n seul valet, s'On brave 'et fidèle May,e r (95 ) , oocupai,t u n appartement d e s plus m odest,e s et restreignait s a dépense à 3 fI'. 50 par j our. En e,fI,et , de .J 'immen se fortune qu'il avai t un moment tenue de la munificence de l' Empereu r, la majeure partie, compo sée de dotation s en pays étrangers, avait dis,p a r u dains les événements des derniè­ res années'. En dehors du bien personnel de, l a Marécha le, il ne lui restait (89) Arch. de S.-e t·O ., IV M. 1 . Ré qui s itio n de vivres (vian'de, farine, pain, 6 vaches) et f ou rrages (avoine, foin, paiNe) : 4 . 7 9 1 fr. 1 5 ; d ett e s contractées à la subsistance des troupe s ou à la livraison d'obj et s requis : 515 fr. 8 0. ; ind e m n i t é s dues pour j ournées d e vo i tures et chevaux m i s en réqui sition : 9 .890. fr. 95. Enfin, 1 franc par j ou rn é e de '

logement, ca r (1 il est o,bser/Jé q u'e , comm e l e s troupes n e s e contentent jamais des rations q u i leur son t dé l ÏlJré es, le particulier chez lequel logen t des militair es est obligé de fo urn ir un supplémen t de /Ji/Jres et même s ou ven t de fourrages Il : 1 4.669 francs. (90.) A rch . corn . Voici un 'exempl e d e réqui sition : (1 L'A uditeur a u Conseil d'Etat, So u s-Préfet d e l'Arrondissem e n t de> C orbeil" Req u ie rt M. le Maire de Saviu.ny de . faire /Jerser s Uir le ch amp au m agasin des fo urrapes d'Essonnes la q uantité de m I lle baltes de foin pour la s u bsistance des Troupes Pruss I enn es. Si catte réq u isition n'est o béie aujo /lr­ d'h u i 1 1 iu illet a/Jan t q u a tre h eures du so ir, le gén é ral m e prévien t q u'il env erra dans la Comm u n e u n piq u e t de cen t h u ssards . • . pour en assu rer l' exécu tion. Il Ce j our-là, la part du Maréch a l fut fixée par l e M a ire, M. Millet, à 20.0. bott e s . (9 1 ) WELSCHINGER (Henri ) , L e m arécha l N e y (Paris, Plon, 1 89 3 ) , p. 1 460. Le d éfe n­ s eur a y a n t demandé au Maréchal quelle eut été son a ttitu d e au cas où le s commissaires auraient échoué dans leur , m i s sion : " .T'aurais li/Jré bataille, répondit-il. J'avais 60. .0. 0. 0. ll Omm es d'infa'n terie , 25.0.0.0. , de ca/Jalerie, 4 à , 50.0. lmuch es à f e u' e t to u t l'es,p oir d e s u ccès q u e , peu t u /Joir / l n . g'én éral q u i commande à d e s Fran ça is I l (VIGlER, I l , 3 78) . (92) A rch . Guerre, M F . 1 3, fo 1 52 . ( 9 3 ) Arch . n a t., F'. 6 8 0. 3 , n ° 1 2 1 2, f O 2. (94) BLOCQ.; IV, 3 1 1 , 3 1 7 , 345 . . (95) Pru s sien gu'il avait recueilli en 1 8 0.6 et qu i lui fut passionnément dévoué.


181 -

LA MAII1�U l A LE ET SES EN FANTS A SAVIGNY


- 1 82 -

plu s que s e s deux hôtel's de Pari s et sa terre de Savigny (96) ; }e s tourments d'une gê n.e véritabI.e s'ajoutaient ainsi aux tri stess,es de l ' exilé ! De son côt é, Aimée nc s.e ménagea p a s durant ce péniMe éloignement ; ° "eHe fut constamme n t en route, tanlôt à Louviers auprèsl de son époux, tantôt à Pari s où 'elle s 'occupait avec une rare int,elligence d e s a1f3Ji re s, à recueillir les d ébri s de leur fortune et à amélio�er une situation peu . ' reluis ante . Quant à lui, à ' dé faut d'obtenir une « permi's sion » pOU'i: pas s er quel­ ques j ours à Savi gny (9 7 ) , 11 pr,e nai t plai sir à éveill er l'inteIligence de son fils L oui s, qu e sa femm e hü avait confié, et il s'int éres sait de loi n aux m ine détails de l'orga nisation de son domaine , p o s-a nt presque chaque jour, dans ses lettres, d'innombral1le s queslion.s auxqu ell e s la Prince sse répondait sans se la�s,er : « Donnp-moi des détails S llr Sa.vigny" sur CP 'j ÎI' o n y fait ? Boiss y a- t-il arrangé la plan tation pres du m o u lin ? Y a -t-il p lan t é des ros iers , des vio let tes, a-t-il approprié tous les églan tiers du bas de la grande . terrasse ? Q u e l parti prends-tll sur la grande piece de terre vis�à-vis du salon 'l L a m e ttras-tll en prés (98) ? ») Et . de conclure dan s cha­ cune de ces m i s sives : « Q ll e l beall jOllr, mon A imée, q u e celu i o ù n OllS irons dan s ce lie u e t où on nous y la iss era tranquille ! )) .

L'aménagement d'un · petit particulièrement à ·cœur : « Ce

'c oin du

s era

là,

parc

près du moulin lui

tenait

écrit-i'l ,comme un j eune amoul"C UX,

de nos prom enades h abituelles » ; par ailleurs, il conseillait à sa bonne Aim ée de. faire l abourer l e grand ron d d u saut-de-loup et d'y s em er du g'arrasin « po u r fixer les fa.isalns· q ue nous allons avoir. )) Les compt e s -re ndu s de la Maréchale 'ét ai ent nOl1 moins précis . El l e le r ens eignait sur les p etit e s p oul es éco ssai sle s ·qui couveront « les !Œ Ufs de perdrix q u 'on 4.rQ u ve en faisant les foin s ») ; mais sie d é solaIt à l'idée d'avoir perdu quatre Jeunes e s saims d' abeiUe s sur six, car son mari se plaisait à ob server leurs mœurs et n e se l a s sait paS! d'en fa i re apporter il, Savigny o ù , paraît-il, elles ne pouvai,ent s 'acdimater . EUe faisait greffer l e s rosie,r s, recueillir les « pleurs de la vi gne . )) ( l'ÛO) , ainsi que h� sl fleurs de sureau et de tiHeul. Ell e e ntreprenait également la réalisation du vœu dont son cher Sposo lui avait r,é c e m m ent f ai t part en ces termes : « Je désire, mon am ie, une

si t u lo ues passab lement, qll P tu me fasises faire un e b,iblioth èqu e, tres pr opre e t très s imple . Il m è semble q u' un endroit bien agréa b le serait dans la tourelle Ides bains fm-dessus de [a saUe dp . hain . On pourra it bien appro­ prier ,cN end,r oi l pOli r moin s d e (;00 tmncs . ,J' y ,comprends 'la dépense de la bib lio th è q lle, les fen ê tres , les jalol1sips, e t(� . . . , en 'n()ll,� ,� prvan t de tou t ce que nons avons (1 0'1 ) . »

El l e l'entre.t enait . longu ement. de

leurs

enfants,

des

8erviteurs

qui

« tous fon t mieux depu is q ue n o tre situation nous a forcés a retranch er ie u rs gag es » ; eHe l u i apprenait a ussi le ch a ngement du curé « qui n ' avaü point les lJertus de son état » : « Le n O l1 V eall a profité de ' mon petit voyage po ur m e présen ter s e s d'p lioirs . Il m e parait infin im en t mieux qu e le der­ n ier. Je lu i ai offert de s e pl'Om ener dans le parc t O ll t es les fois q u e c e la po urra i t l'arranger ( 1 02 ) . ))

(96) La mère de Mme D avout écrivait à son fils, le 3 m a i 1 8 1 6 : « Il n ' a plus rien, ils vendent à mes ure q u ' ils tro u ven t à n e pas trop perdr e . Ils n'on t plus d e. dom es tiq u es, c'est-à-d ire très peu, e t ils s e con tern tent de tou t ... " (BI.OCQ., l, 1 83) . (9 7) BLocQ., IV, 3 1 0, 3 1 5, il 2 9 . - (98) 3 1 8 . - (99) 3 2 6 . (100) On d i s ait cette e a u s o u v eraine pour l e s maux d e s yeux . (1 0 1 ) BLOCQ., IV, 3 3 4 . (1 02) L e c u r é « q u i Il'avait poin t l e s v ertu s de ,' OIl état » était Jean P i erre Lévêque, à Savigny depu i s l e 1er s ept. 1 8 06 ; l e 1,·r m ar s 1 8 1 1>, il fut affecté à l a cure en titre d e la F er té - A lai s et rempl ace à S avigny, l e 1 6 m a rs, p a r l'abbé Louis Christophe Agy, venant d' Auver� dan s l e c:mton de l a F e rté-A lais . Le 1"" novembre 1 8 1 8, ce dern i e r fut t ra n s féré . à la cure d'Ill i er s et à sa ,pl a ce fut nommé, h · 1 5 n ovembre, l 'abhé ,Ju l i e,n Cés a r O s o tif, a nc i èn châpel ain de l'Ecole de Sai nt-Cyr.


- -. 1 8 3 Ce qui la pré o cc u pa i t p ar de s su s tout, c'était d'intére sser au sort du Ma réc hal ses anci en s compagnons d ' a rme s, a fin d e le s01'tir de ce m auvais p a s . Parmi les inf l u e nc e s qu ' elle fi t a g i r le plus dficac ement dans l 'entou­ r age roya l , celle du Duc de Do u d e auv il le , qui s',employa avec u n dé voue­ ment v é r i t ab l e à f a i re ce s s e r cet e x i l , ne l ui fit .i amai s défaut . l.ie ma nage du Duc de Berry vint apporter ,e nfin u n adouci:s sement à l a s itu a t i on du Prince , v é r itab l e m e nt fou de joie à la r é oep tion , le 2 1 j uin 1 8 16, de l'arrêté mini st éri e l l'informant que « sur la de mande de M. le Duc de Feltre » , l,e Roi autori sait son re to u r à Sa vi g ny . C'était là une atténua­

tion à l ' i nj u s te p e rsécution q u'iJ, .subi s sait, ce n ' en étai t pas encore l a fin ! M ais peu i mp orta i t , puisqu'H a N a it r et r.ouve r t ou t ce qui contribuait à s o n ho nheur et constitll aÏ i sa s'e u l e rai son de vivr,e . Sur le , champ, les v a li s'es furent bo uc l é e s et, le s oi r lu,ême, m u ni d 'un pa sseport, il rou l ait d é.i à à !l rides abattues vers l a Cap itale, p u i s v'e rs Sa vig ny où il arriva l e l,en de­ m ai n. Le contrôle de s e s fails et g,e stes ne finit po i nt pour autant : .« 'Je pense, é crit -le Co m ma h d ant d u département de Sei ne-ct-Oise au P r é fet,

que nous devons vous et moi faire surveiller avec le plus grand soin cette , demeure » ; c ' est là, s emble-t -i l , u n excè s de zèle d u Marquis' Ayme s de

LachevalerÏ>e, puisqu e les Auto r it é s Supéri,eures avaient décidé que D av out

s'e rait « simplemen t l'ob jet d'une surveillance de précaution, mais ,nulle­ m e nt ostensible (85 ) . »

Au Imois de décembre, Ie 7 , le M arécha l demanda au Comte Decaze s l'autori s ation de veuil' demeurer à Pari s pou r raison de s anté : « N'ayan t

cons i déré l'autori.'1ution que vous m'avez envoy ée à Louviers de venir à Savigny que comm e un changemen t d' exil, e t ,désirant pour la san té de ma femm e et . ,d e mes enfants qu itter dans cette mauvaise saison la campagne humide q ue j'occupe, rai l'honneur de prier vo tre Excellence de demander la révocati01n des me� ures qui pèsent sur moi. » Par retou r du courrier, le M i n istrie s'empre s s a d e l ' informer qu ' il é tai t « pleinem ent libre de reve­ nir habiter Pari".'; »' : neuf j ou r s plus tard , le 1 8, D a"\èout ,quittait son m anoir pour pas ser l 'h i ve r dans son hôtel de l a Rue Sa i nt- D omini qu e (93) . Désormais , -- l'énumération d e s d a t e s de ce va-ct-vient serai,t quelqu e peu fa s t i dieux - le Prillc'e p art a ge a son temps entre l a Capitale et Savigny,

j u squ'au j ou r · po u r t a n t où , « convaincu que le manvais air )) était dans !' on h ô te l , ill pri t la r é s o l ution de se fixer d éfin i t ive ment d ansi son manoir. C'est d ans c et a s ile de \' e r d ur e, agréablement embelli par l ' i ntellige n c'e active 'et l e s soi n s as s i du s de sa nobl e et d i g ne compagne , qu'il put :t rouver l ' o ubl i des heure s crue ll e s vécu e s ap rès 1 81 5 et go il ter à fon d l e s j oi e s e t . l,e calm e bi enfa i s'ant du g e n til hom me ca mpag n ard . Sa c orre spo n d a n c e avec la Maréchal'e, que l'éducation de s e s filles et la p ou r suit'e de s es affaires app ela i e nt fréque mment à P ari s , nous le montre s'intéres sant comme touj ours à t ou te s l es ,cho s es de la campagne, surveil­ lant lui�ême a y,e c pas sio n et intérêt les travaux de sa ferme, les coupe s de se s bo i s et s,es 'nouvelle s pla ntati o n s . C e Bourguignon t ran spl a n t é en Ile-de-France prenait g ran d soin de ses v i g nes , particulièrement de s quelques cep s provenant de s meilleurs c ru s de sa chère pr ovi n c e natale acclimatéS! par lui à Savigny. La récolte , si. on en j u ge p a r u ne l,eUr e du 1 4 octobre 1 8 1 9, s ' avère a s s ez abo n d a nte, pu i sq ue : « On a fait trois pièces de pressuJ1age, nous aurons et avons d ix

pièces de vin blanc, Les llC!mmes ont eu Différentes fois, ils de 3 secondes en 3

e t 23 à 24 pièces de vin rouge d'une très bornne q ualité� tou tes' les peines possibles à retirer le m arc de la Cli ve. ont été saisis par la ferm entation : ils étœie:n t obUgés secondes, de sortir pOlu'r prendre l'air ( 103) . »

I l se ré .i oui s s a'it à l ' i dé e de faire appréder le produit de s e s. venda nges . To ute foi s , la verdeur de son v i n dairet le rend ait à :pe ine buvable et cau( 1 0 3) BLOCQ., IV, 384. - (1 04) 3 7 9 . - (l 05) 390.


-'- 184 -

d.

sait quelqu e déoeption au palai s de ses dégustateurs occasionnel s : « L e Maréchal s e �ssiomwit po u r l' excellen t VÙll e sa ch � r e . viqn e;, m a lheureu­ . e, ta l t le s e ul s em en t, li a le ' trouver te l , car li en falsal t zmp z toya b le m en t servir il ses hôtes c om m e vin d ' o rdina ire , et il fau t c o n ven ir q u e le traître b ou rgogn e de Sein e-et-Ois e avait une sa veur de vinaig're, ' n on encore par­ f u m é, vrçtim en t p e u fai t e pOlIr p la ire � L e prin c e d'Eckmühl ten aln t au juge ­ men t de san spl r i t ue l am i , le g'én éra!l Sébas t�ani, q u i passait pour un fin co n n ais s e ur , d i t un j o u r en s e rvan t un p le i,n verre : « Com m en t troruvez­ vous ce vin là, mon cher S é b astiani ? " . Bon� n ' e s f-c e pas ? . . Il a un bQu­ q ue t , . . . » Le général, au m il ie u d' u n e grim a c e do u lo ureus e, répondit avec e ff o r t : « BOIl ? Je ne sais ! . . . •l'tlais c e r taTin e m e n t il es t' gai 1 » La q u es tiOill f u t a in s i vidée et le marécha l s e con ten ta de b o,ire SOIl vin sans l'in fl ige r il personne ( 1 04 ) . » Si son mari récidivait, Mme D avout, touj ours bonne et prévenante , ' faisait 'S ubstituer du pur médoc à la liqueur traîtresse et part ageait la gai�té qu'amenait parmi. les convives celte innoc. e nte supercherie. Le Maré­

chal, s ans nul doute, . savait exactement à quoi s"en tenir sur la quali,té de s o n vin, puisqu'on trouve da ns sa correspondance cet aveu dénué d'al'­ tific-e : « M. de Laga r de es t a rr i vé au m o m e n t de, n o u s m ettre à table ; il a

eu comp l è te m en t J" Ï e n ( 05 ) ! »

la

for t u n e

du

p o t e t le vin

du cru, et le tou t ne

valait

Se s préoccupations et ses . soins at,lentifSi allai ent au�si à une coUec­ don de sa beHe�mèr,e , en bon ne place à côté des' oran­ gers dont il ·pris ait tant la . fleur. Il s emhl e bi en qu' à , p artir d e 1 8 1 7 ; mal gré l a pe Tite de ses dotations i mp éri aI:e s · . et ,l a - 'Suppre s s,j on pendant de . longs moi s de son traitement militaire, le �'aréchal et sa femme, . avec des, revenus cer.tainement trè s modestes, aient pu arrive!: à mener un train d,e vie . respectabie et à termi­ ner le s pdits travaux qui restatent encore à ex,écuter au château ( 1 06 ) . D 'aiUeurs , en ' I8 iS, Madame Lecl erc, la mère d'Aimée, con statàit ' la trans'f ormation de là propriét é en un « véri ta ble l ie u 'de 'dé l ic e s » et daill is une l,eUre à so n fils en parlai,t avec enthou siasme ; « . Je t'avoue, mon am i,

tion des citronniers,

s urprise, émerveillée de la tenu e du par,c e t de s es ja rdins , c'est ce q u e j'ai vu en premier lieu ; enSluite je s uis en t ré e dans f.e ch'â teau, tou t y est d ' un goût parfait pour le ca rre lage, pou r la dis tribu t ion des pièces d ' e n tr é e : le s a lo n , le billard, la gmllide salle à mange l'i, les pe in t u re.'! , tou t est de la p lu s gran d e ûmplicité et d'UR bi e n bon genre . L'escalier est s up e r b e Enfin , m on a m i , tu auras b ien du p lais i r à vo ir cela . ; . L 'aJ'chi­ t e ele, à ce q u 'il m e para i t, ' r e mp lira sa tâch e à la salis/action de Mon s ie u r le Ma r é ch a l ; il en parait fo.rt con t e n t. J'a urais encore bien des c h o s e s à te d ir e sur la beau t'é de Savign y" m a is ce la s era.zt trop long, tu verras par te s . y e ux et tu s eras de m on avis ( 1 0 7 ) . »

q û e j ' a i été

.

Bien aprè s la mort du M a r'é chal, le chMeau sera devenu ,t ellement luxueux ,q ue M:m e de Blocquevil l e ne pourra s� empêcher d'en faire ,la remarque : « Q u an d on songe au l uxe a c tu e l , l'adm ira tiorn de Mme L eclerc

p o u r ce d a l l a g e blan c et n o i r) pour c e s grandes pièces p e.in te s d'un , t on uni et m od es te, am èn e un s o u r i r e a u x lè vres ; S e u l le gNNld .sa lo n de s tuc blanc et ja u ne , à superbe ch eminée de ma rbre orn é de bronze , épave ,de la joUe d' é�égance, et c ependan t , m a r q u i s e du Luc, pou va it offr ir ,q u e l q u e trace l ' e sp rit de pàrti ai d an t, la prétendlle m agn if icenc e de Sa vi gny avait pris des p ropo r t ion s fa bu le us e s en pa ss a n t par la bo u c h e des ennem is d'u Prince d'Eckm ühl, s i bien que S,A .R. Mm e la D uch ess e d ' A ngo u l ê m e voulut juge]' par e l l e - m ê m e de la vérité de c e s bru<Ï l s ( 1 0 7 ) . il En effet, le 3. septembre 1 8 2 1 , montée S U l' un s'll p el'he cheva l , cette pri n c-e ss e rqya},e vi nt, pe nd a n t (l 06) En p a rti cu l i er la p e i n t u)'.. e x t é r i eure e t l 'a m é n age-m en t intér i eur d'une t ourelle. ( 1 0 7 ) BLOCQ., J , 1 8 6 .


- 1 85 u n (li absence ' d u M a ré c h a l qu i pr e na it le s eaux à Vkhy, visUer le Ispl end i d e domaine. On ne peut donc ê t r:e s u rpri s que le P r ince a i t touj o urs éurouvé u ne béaie s a ti sf a ct i o n , ma l g r � ses goût s Sill1'ples et modestes, à p arcou ri r avec s e s ' visiteurs e x ta s i é s re s a l l é e s o mb r a gées de sa m a g n Hiq u e propriété, le s arrêtant à tout momemt p o u r l eur s i gna l ,e r l es moindres beauté s , t ro u va n t là touj ours l'occasion d e faire rej a illir s u r sa chère Aimée l e mérite d'un si m e r v e il l eux ens'ComibIe : « J'rd e u la visit e de l a JaInb e-de-Bois" de s on l

beau-frère el de leu'rs fem m e s . L e be a u-frère es t un grand « ébatz isseux )) ; il t o u t moment il en trait en extas e s ur Savigny, les po in ts de vu e, le m ou­ lin, le rez-de -cha uss é e, e t m o i, à tou t m o m en t , de lu i répondre : « C'est m a femm e q u'i a to u t créé, tOll t fai t, to u t dirigé ( 1081) ! »

Ma r é c h al ne n é g l i gea i t en r ie n l'édu cation de �e s enfants. Gelle de s o n fils p a rtic uliè rement, q u ' i l ent end ait form er l u i - m ê m e , occupa une l arg e place dan s sa vie. Ses premières l e ç o n s , j'enfan t les reçut de son pèl'e à L o u v i'e rs , où il é t a i t ve n u p art a g e r son exil . D e retour à Savigny, le M a réc ha l conti­ n u a son rôle d'éd u cateur j u s q u ' a u jour o lt le destin p la ça sur s on c he m i n 11 11 h om me int el l i g e n t , sérieux et i n st r u it , M . J ame s Gordon, auquel i l confia son j eune g a r ç o n . Ce précepteu r de vingt-cinq ans, ,qu'il voyait c o n st am me nt à l 'œuvre, par sa pré s e n c e à tous le s e ntreti ens du maître et de l ' é l è v e , obtint bientôt toute l a c o n fi a nc e du Ma réc h al' , dont ill devilnt en plus l e secrétaire pa r t i c u l i e r . C'est dans l'intimité die s calmes et sHenci eu­ s es Sloirées campagnarde s q n e D avout l u i dic tait s e s soUvenirs sur 1 8 1 5 et qu ' en s,e mb l e il s mettaient en ordre l e s notes et le s p a p i e rs , p e rsonne l s du g l o r i eu x s o ld a t , m a t ér i a u x pr é pa rat oire s à la rédaction de Mém o ires que la m o rt seule emp êch a . Si l e Maréchal, p a r 'g o û t pers onne l e t par dési r d' ig n o�e r j u s q u ' a u x hommes du Go u v ern emen t de la R est auration , s ' était f ac ile m ·e n t aban­ donné a u x c ha r me s d e l ' exi stence p ai s i bl e ,q u'il s'était cré ée , une rai son p l u s grave lui faisait apprécier d a v an tag'e chaque j our l e s bienfaits d'un re po s d e plus en plu s néc es sa i r e : le s éj o ur de Louviers lui -avait été f u n e st e . C'est là qu'il avait res se nti l es p re m i è res atteint'e s de l'a mal adie d'e poitrine q u i d eva it a v oi r r a i so n d e , c e s o l ide or g ani sme . Peu à :peu déj à, d ep u i s son retour à S av i g n y , s a s a n té s ' ét ài t a l t érée s en s i bl e tnent . Mai s le père n'oubliait pas qu ' i l avait un fil s, futur héritier de son n o m e t des glori,eux titre s qu 'il avait si vaillamment g a g n és su r l e s champs de b a t ai l l e ; c,e fut pour as surer l ' av en ir de ce flol s a doré et non pour « sacri­ fier l'Empereur çt la France au désir de sau ver Savigny e t son bel hôtel de Paris ( 1 09 ) » , comm'e l'i nsinuèrent certains d e ses enn em i s , qu 'H e o nse nt i t à re nt r e r dans la vie active, quelqu e rép u g n an ce qu'il en eût. D è s l ' h i v e r ,q u i suivit son retour à S avi g n y, il e ntr e pr it les démarches né c e s s a i r e s pour mettre fi n à la si t u ati o n qui lui était faite : le 1 3 mai 18.1 7 , il adre ss a an Roi une requ ê t e que ,l e D u c de Dou deauviUe fit lp arveni'r au

Tout en donnant ses soins con:stants à l'entre�i'en de son manoir, le

Monarqu e , Né a n moin s l es ran:c unes étaient encore trop viv ac,e s , et :plu­ sieu rs mois s'éc o u l è re n t avant que D avout fût e nf n admi s à p rê t e r le s t'rment de fid élité c o m m e Mméchal de France. Ce fut le 31 ao û t 1 8 1 7 seulemeh.f que Loui s XVI II lu i remit l e hâto'll: fleu rd eli sé e t l e ré tabl i t dans la j o uiss a nc e du traiteme nt attaché à cette d i gni t é ( 1 1 0) . L e 1 1 févri er 1 8 1 9 , l e Souverain l e nommait Ch'evalier dans l'Ordre royal e t militaire de Saint -Loui s . L'ordonnance du 5 mars l ' appelait à l a i

(1 08) Id., IV, 380. �� Jambe-de-Bois " était le ,généi"al Mari e Victor Nicola s d e Fay, Marqui s de la Tour-Maubourg ( 1 7 68 - 1 850) ; son b e au-frère était le Comte A . F. Andréos si (1 7 6 1 - 1 828) . (109) BLOCQ., IV, 2 6 7 . (1 1 0) Le Maréchal fu t privé de traitement d u 27 octobre 1 8 1 5 au . 2 7 août 1 8 1 7 ; m ais l a période du 7 janvier 1 8 1 6 au 2 7 août 1 8 1 7 lui fut remboursée (Arch . Guerre, MF . 1 3) .


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Chambre des Pairs, avec quelques autres illustrations de l" Ein pire , -et le 13 H prêtait s erment en mêm e temps q u e s es anciens compagn onsl d'armes Monc'ey, Jourdan, Daru, Verhuel; Su chet , Lefebvre et plusi eurs ' autres. Dans cette as semb l é e , il prit pl ace p armi les membres . les plus, i n fluents de l'op position, c'estl-à-dire d u parti libéral . Le 5 août 1 820 , la fiU e ainée du Prince d'Ec,kmühl , .Jo séphine Lo u ise Antoin ette Davout, à 'p eine âgée de qui,n�e ans, épousait A chHl e Pierre Félix Vigier, propriétaire du domai ne de Grand v'aux, lu i-même âgé de dix-neuf ans ( 1 1 1 ) . La cérémonie se déroula à Savigny devant une assis­ tance choisi e où l 'on remarqu ait Mm e Campa n, l e Maréchal Duc d' Albu­ féra, 1'e Duc de Rovi go, 'le Baro n D u noyer, les Comtes Bernardi de Saint­ Sulpice, Mm'aire, Dumas , de Beaumont, ,l e Colonel de Trobria n d et de nom­ breux autres ( 1 1 2 ) , Bref. « le s gén éra ux e t les officiers les p lus m aIlqualTlts

de l'andenne a rm é e . . . licencié e sur la L aire, tous ceux don t l'opposition au . Gou vernemen t ,du Roi lé tait conn u e s 'U tro uoolien t réun is en grand nom ­ bre ( 1 1 3 ) . »

Une rumeur èi rcul a a l o rs et caus a quelque ombrage au Go uveruement ,q ui vil darus ce mariage l e . « prét exte (olr t com mode » d'une réunion de notabiliÏ'é s miIitaires et poli tiques en mal de conspiration . I l est parti:. culièrem ent curi eux de signaler à ce propoS! l ' attitude p eu il'Cluisante de l'un de,s i nvités, le Duc de Rovi go, au cours d'une visite rendu,e deux j ours après au OhanceHer Pasquier et que celui-ci rapporte 'c n ces termes: : « Je reçus le D u(: de Ro vigo . . . le s u rlendem a in, à six h e ur es du m a tin .. , '1 m e

d i t Iq u e le· Gou vernem en t a vait le pins grand tort ,de rejeter s e s demandes e t s e s offres, qu'il ne savai t pas c e qu'il refusait, n i les services q u ' un hom m e comm e lui p ommit rendre . Il igQ 01'ait don c com b ien il a VQit d' ennem is; tous les dangers q u 'i l c o u rait ; il n'y U lmit pas longtemps qil1:il é tait drws le paus, il en sa vait déjà long à c e t égar.d. Il falla it voir co'm m e tous les h om m e s qu'il venait ,de - ,q u it ter à SavignU s 'exprim aient s u r le ,compte des Bourbon s . C e s phrases étaien t . m ê lées à des tirades pe u fai tes po u r in spirer la c onfiance ; j'a ttachai donc peu d'importance aux propos lenlÙ s à Sa zlignU, e t m e bornai à lui répondre q u e je n' ignorais pa's q u ' il exis f'â t ch ez q u e :lque. s personnes de fort m a u va,ise.'1 dispos ition s , matis q u ' en tre les paro le.fI et les ac tes la distanc e était grande ; qu e, dans tous les c,as, la lJigilanc e du G ou­ vern e m en t .'1a l1mit le.'! attein dre, ces conspirate urs, le.'!. p u n ir e t rendre vain e s lenrs tentatives ( 1 1 3) . » •

La 'carrihe politique du Maréchal, ·relativement courte, débuta l'e 1 1 ' mai 1 8 1 9 par u ne d é fense 'é n ergique de l 'armée , menacée de mesur'cs excep­ tionnelles. Mais , aprè s l a disp ariti on hrutale de s a fi lle en 1 82, 1 , il a ssista, en raison d'un ,état d e santé d e , p lus en plus précair e, d'une façon trè s irrégulière aux séanoes d e la Chambre des Pairs . Il irutervint - :p ourtant briUamment quel'quefois pour exprimer son opinion personnelle ou défen­ dre les principes de l'opposition libérale dans ,la discussion de suj ets bie>ll différents comme l 'amélioration du régime de s prisons (28 décembre 1 8 1 9 ) , l e proJet d e loi sur l a liberté individuelle (24 mars 1 82 0 ) e t l a répression des délits de presse (28 févri er 1 8 2 2 ) . C'est à cette époque qu'H prit une part plus effective dans l es d esti­ n ées de l a communauté au mHieu de laquelle il s'était installé, L'affecti o n des habitants , l eur reconnaissance ,et peut-être aussi leur i ntérêt venaient de' l'appeler à prendre la direction d e la Communé ( 1 1 4 ) . Cette pri S!e de pouvoir s'opérait dans d'e s circon:stances particulièrement délicates, c ar l es deux Commune s de Vi 1',- et de Savigny étaient en désaccord depuis près d e trois a n s a v ec l e propriétaire du château .

(1 1 1 ) D'après ThéoduIe. PINARD, 'd a n s son Histo ire dUI Can ton d e Longjumeau, M. V i g i er aurait ét é créé Comte par l e R o i à c ette occasion . . . ( 1 1 2) On dénombre 41 sign atures sur le- ej( i t r e 4'Efat-Civi l . (1 1 3) PASQUIER (Chancelier) , Histo ire de m o n tem ps - Mém o ires dll Chançeli�r Pas­ q llier (Pari s, Plon , 1 894) , t. IV, pp. 45 7 -462 ..

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Q u e l l e était d o n c · J ' ori g I ne de ce difféœnd ? Une s i mple q uestion de p articipations à travaux communaux : ,e n 1 8 1 9, ' l a ro ute vicinale, séparant les deu x village s d e Viry ct , d e Savigny, e t l'es deux ponts' de J ' Abyme et d u Tro u Mai l l o t , chevauchant s u r s on parco u rs l'Orge et u n e boëll e voisine , �taie nt dan s un grand état de dé labrement . Or ,le mont a n t d u devi s d e s travaux d e réparation s p ariI t tellement é)'evé pou r Vi ry q u e cette Com­ mune trouva p l u s comllll o de d ' exiger du Maréchwl la réouverture d'un chemin de terre qn'elle di sait avoir existé avant 1 792 et de temps immé­ morial à travers le p ar'c du d omain e de Savi gny ( 1 15 ) . I nvité à appuyer la m i se e n d emeure de Viry, l e Con seil Municipal d e Savigny, « n e troU Dcmt pas - les m oy en.s a llégués s uffisan ts po u r é tablir incon testa ble m e n t le droit des habi tan ts à un passage aux voitu res et ch e­ vaU:l� pal' le par c » , avait , l e Hi août 1 8 1 9 , ref u s é de s'y as s ocier . Par l a suite, . d e nombreu s e s entrevue s eurent lieu entr'e l es repré sentant s d e s d eux Communes toujours s ans r é s ultat. Or le temp s qui s 'écoulait, inexo­ rable, p'e ndant c e s palabres , accentu ait s on œuvre de destructio n sur les ouvr'a ge s endomma gés , et le passage sur l e s pont devint si dangereu.x q u e l e Préfet, le 23 j ui n 1 8,2 1 , ordonna d e l es barricader immédiateme nt . D è s l e l endema i n , le s deux Cons eÏ<ls , à l'unanimité, décid aient d'inten ter une ac tion j udiciair'e contre le Prince d'Eckmühl e t en demandai ent au s sitôt l'autori s ation aux Autorité s SUp'érieu re s . M a i s ,l e Con seil de Pré­ fecture , j u geant qu e les fai�s avancés' étaient « trop puissam m ent ,contro­ vers és » , repou.s s ait définitivement, le 1 2 mar s 1 82 2 , l e s prétenti ons de Savigny et de Viry. L'arrivée du Maréchal à l a Mairie mit fin heure u s ement à ces vaines discussions et bientôt, grâce aux sommes votée s par chaque Commune et grâce au s s,i à u ne sou scription volontaire où l e Ptl'ince ven ai t en bonne p l ace, le s travaux étaient ,entrepris, 'e t , le. 7 novembr e 1822, le pont de l'Abyme était entièrement reconstruit . A cette occasion, s e déroula u ne cél'émoni e au cours de laquelle u n document, r,e l atant l e s circ o n s t a n ces d e cette re stauration fut enfermé d a n s une pierre plac é e à 'l a sommité d e l a voûte. Le Maréchal s ' occupa d es i �térêts de ' s'e s compatriotes ave c beaucoup dé soin, de d é sintére s sement et une s ollicitu d e c onstanle ; et ain s i la c o m­ ue l'ui permett aient son rang el. u ne m unauté profit a de la généro sité fortu n e bien établi e . M ai s , dè s l e d ébut d e l'hiver 1 82 2 , sa .particip at i on a u x a ffair e s communal e s s e fit d e p l u s en p l u s rare. Les mauvais'e s condition s . m até­ rielles dans les que l l e s i l avait é t é contraint de vivre au début de .J a' Restau­ ration s'ajoutant aux fatigu es aoc umulée s par !,U pré s'e n c e pres q u e inin­ terromp u e aux armées sous l ' Empire avaient fortement rompu l ' équilibre physique d u rude s ol d a t . En: outre, u ne épreuve terriMe l u i était r é servée en 1 82 1 : peu d e j o ur s aprè s avoir appri s l a mort de . s o n Empereur à Sainte Hél ène, sa propr e fil l e , mariée l ' année précédente, d écéd a i t au châ­ teau de Savigny, l e 1 9 aolÎ.t à neuf h eures du m ati n , d ' u n e apopl exie

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( 1 1 4) Il fut nomm é M a i r e de Savigny, en remplacem en't de M. Cournol, par A rr êt é préfectoral en da te du 1 3 mars 1 8 2 2 . Voici l a li ste des M a i e s : Ch.-P . Petit (prairial an VIII - avril 1 8 1 1 ) , A . Millet (août 1 8 2 1 ) , V, Co u rno l (mars 1 8 2 22., Prince d'Eckmühl (juillet 1 823) , Ach. Vigier (n Q v . 1 8 3 1 ) , L. B o u rd e au x (déc. 1 8 35) , F . Buzot (j ui1let 1 8(0) , .J. Petit (j u i ll et 1 8(3) . P r i nce d'Eckmühl fil s (août 1 84 6) , J .-B . Morel (j anvier 1 8(7) , L. M ezard (mai 1 8 W) , E. J o u s set ( sept. 1 8 65) , Ch. L eg en d r e- (j uillet 1 8 69) . (1 1 5) L e Pont de l 'Abyme s e trouva it S IU' l'Orge ; l e second pont e n était éloign é de cent toises et p r at i q u é sur f ( u'n e grande boëlle d?un lassé de dé(JorgemeIl t appelé l e

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P a s sant par l a Porte de Viry, éta bl i e pa r M. le (Marquis du Luc qu a nd il av a i t fait c1ôtur� son pa rc, ce chemin ·de, t e r e traversait l e 'parc et allait aboutir a u y il l a g e a u m oyen d'un pont en bois j eté s u r l'Orge . C'est pour s u pp i m e r cette servitude que o u t e "t les deux .M. Hamelin avait soit-di sant f a it construire à ses frais, en 1 7 9 2 , la

Trou Maillot

ponts,

objets

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!) .

de la

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fo udroyante . Ell e avait donné le j ou r , le 1 2 , à u n m agnHiq ue petit garçon, Jos'eph Louis Jules Achi lle Vi,g ier ( l 1 0 ) . Ce r o up cruel l 'avait profondé­ I ll ent attei nt et l es méd ecins av ai ent dù ord onner u n d épart immédiat pour Y ie hy avel' sa femm e , s es e n faÏlls' e t s o n b e a u -fil s .. Le s soins affectueux et (' (Instants de l a Ma récbal e , toute l a science des m é d eci n s n e p u rent , malgré toutes les précaut i o ns p r i se s , e nrayer l es p rogrès de l ' impitoyable phti s ie p u l monaire. R edoutant pour lu i le froid et l a grande humidité de l a c ampagne , la F a c u lt é avai t ord onaé qu ' i l rega gnât s o n hôtel à Pari s . On le vit encore d EUX foi s à l a trihu ne de la Chambre : l e 28 février 1 82 3 , d a n s l a di scus_ s i on d u proJ et de loi sllr les d éli t s de pl'e s s e , et .J e 1 1 m �irs , d'H n s eelle rela­ t ive aux leUre s patentes de I:a pairie. Ce fut son, derni er ' effort ! Un l'efroi'­ d i s s ement acheva la ruine de c e corp s pourtant s i robu ste et , I e 1 e r j uin œ 2 3 , le Maréchal Davout, l ' u ne d e S! gloires les p lus p u r e s de l' époque napo­ léoni en n e , s'étei gnait d o u c ement dans l e s br as de s o n Aim ée, à l ',â ge de c i n quante-troi s an s . Le s obsèq u e s furent c é l ébrées l e 4 j u i n en l'égl i s e Sai n te-Va-l ère et hl dépo u il l e d e l ' i ll u s tr e s ol d a t f u t déposée à côté d e ee l l e d e s a fine llU cime� t i ère du Père-I . ach a i s,e où, au nom de t o u s S'e s ancien s , compagnons, l e l\hréchal Comt e Jourda n adre s s a u n der r i er ad i e u (1 1 7') à l'el u i q u i , j'eu n e encore, chargé de gloire, o u bl ieux de se s gran d eu r s p as s ée s , ét ait d even u M'air e de sa p etite Commune, réal'i s'ant' oe rêve si lo n gt emps care s s é d'y vivre bourgeoi s eme nt, d'y finir estimé d e tous' ceux qui l'entourai ent et de mériter d e S'e s administrés ceUe orai s on funèbre . peut-ê tre sim p l e , mai s expri mé e du fond d u cœur : « Eh bien ! tout d e mêm e , M. l é Maréchal, c ' é tait Ull brave Jwm m e ! )) Dorénavant, la M a r échale, entourée de S'es fi d è l e s s erviteurs et de s e s s o u venirs , reporta s'a grande aff,ection s u r les enfants que lui ava i t donnés wn t e n dr e époux et aUeudi t t ranquillement l 'heure d'aBer reJ oindre celui q �l i lui avait fait connaître le bonheur et qu'elle n ' avait pu marl heure u s e­ m ent cons erver lo ngtemp s auprès d ' eHe . P rivée du traitem ent que s o n m ari touchai,t en t ant · que M�ll'échal de Fra nce, la Princes se d ' Eckmühl soIlidta au slsÎtôt de lia bont é du R oi l' oc­ troi d ' u n e p ension , en i n d i q u an t l e s rai son.s q u i motivaient cette demande : « Ma prin cipale propriété e s t Savign y . C'es t u n e b elle terre, m a is très o,né­ reli s e , qu i ne rapporte pas (lU delà de tren te s ix m ille fran,cs ; j'ai ensu ite ll n e terre ,de fam ille pl'ès de ' Soissons d'un produit de dix m ille francs . Le grand h ô tel de Paris est le m ajora t de m on '{ils . . , ; les r even u s lui .wn t éga­ lement ,a c q ll is . Pers onn e llem ent, .ie n'ai rien à Paris . Ld !l"éa lit é n'est 'pas aussi brillan te q u e l'apparence e t l'ai �ur ces deux s eUlles propriétés des charges consi,déra bles en l'en les viagè res et perpé tuelles, s o it q u ' e lles aien l é té con tractées dan s n o tre a n cienn e for tun e, soit q u ' elles r1é sultent des dots constitu ées a mes de ux fille s , do ts q u i excèdent ,d e b eauco up leur part dan s La s u ccession de l e u r père. Et c ependant l'ai encore ,die ux enfan ts . à pour­ vo ir. Sans les re ven u s de mon fils, don t .t'a i usé c omm e s'ils m 'a,pparte(1 1 6) Il fut ba p tis é le 2 3 . août. Son p arrain fut ·· l e M aréchal et sa marrain'e D am e Marie Jeanne Louise Musquinet, bisaïeul e m a t e'rne H e (Ar�h . de la Cure de Sav ign y , année 1 8 2 1 , pp. 20 et 2 1 ) . (1 1 7) D a n s son éloge funèbre, le Comte Jourd a n dira en particulier : « Voul ez-vous c onn a i tre to u te sa bienfaisan c e ? Transport ez-vo u s il Savigny, vous y verrez les regrets de tous les m alheureux » (Extrait du Mon ite u r, du 5 j uin 1 823) . En effe t, en face de toute souffrance, lJ) Prince avait t o uj ours été très prompt à prom ettre et à donner ; et, à ce s uj et, Mme de Blocqueville rapporte que " plus d'une fois le Prince , était ren tré s an s g il e t , salis h a b it, eniJeloppé dans SOli pardessus, q Ullnd il a v a i t rencon tré q u elq u e s oldat de son anciell corps d'armée, pau vre, il peine vêtu, ' et qu'il l u i avait d on n é tout ce qu 'il avait d'argen t sur lui " (l, 39-40) .

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- 1 90 naien t, il m'elÎl é t é impossible de f ai re

face à mes dépenses ( 1 1 8) . » Cette d'emande fut accueillie favorablement. . . au bout de s>Ïx ans : i,l lui fut aocordé une pen sion de dix mille francs à dater d u l�r octobre 1 8 2 9 . EHe s e trouvait encore sou s le coup de c e t immense chagrin que la Commune, « pe rs u a d é e q u e le Maréchal voulait s e charger ,du paiemen t ,des s o m m e s q u i pourraient manq uer », o sait lui demander, l e 21 septem­ bre 1 823 - moins de troi s mois après la mort de son m ari - -, d e régler les frais des travaux supplémentaires qu'il av-ait fallu effectuer aux ponts dt:, l'Abyme et du Trou Maillot, soit un total de 1 .800 francs . Fort heureu­ sement, l e Maire, le Comte Vigi'e r, beau�fils de Mme D avout, sut ' air'e (�o mprendr e aux ConseHIers qu'il était « d' u'nle rigu e ur exc essive de m e t tr e il la charge de 111 . le ll,furéchal s eul les travaux qu'il a fait exé c u ter d/ans l'intérêt général. » A l a suite des don s remis par la Princes se (5 001 flr s) , par le Comte Vigier (50:0 frs) et par le Sous-Préfet ( 3 0 0 for s ) , l e Conseil , « consi­ d'éra n t q u e la P rin c ess e sa ura pal' s es bienfaits indemn iser la Com m un é d ' u n sacrifice fa i t pour éte indre u n e d i scuss ion q ui n e po u vai t m anlquer de s'élever ( 1 1 9 ) » , abandonna ses prétentions en votant la somme complé­ mentaire. Ce fut l a première manifestation d'une hosHlité dont il est impo ss,ible de discerner les raisons et les buts. Fut-ce p our profiter de ,l a faibl'es's·e de la Maréchale après c e pénible décès, en v ue d'en tirer quelque avantage ? Fut-ce par jalousie ou par hain e envers la plus grande :propriétaire ter­ rienne de la région ( 1 2 0:) ? Fut-ce réveil d e s entiment s politiques' hostiles aux châtel ain s du pays ? Bornons -nou s à présent'er Joes faits tel s qu'Hs, s e d éroulèrent. Au commencement de l'année 1 82 4, u ne série d'aHaque s violentes débuta par l' « Afl'aire des Arhres du Mail » . Le M ail ou P1ace de la Foire était une longue avenue, · bordée de trois rangées d'arbres' j u s qu'à foa rue d e l 'Eglise, pui.s de deux rangées en face du château . Or, de:p uis: l 'acquisi., tion du domaine de Savigny, le Maréchal avait touj ours j oui de l'élagage de ces arbre s , j usqu'au j our où , en 1 82 1 ( 1 2 1 ) , la Commune avait 'r even­ diqué ce droit ; cene-ci avait même, en 1 8 2 3 , rempl acé certains suj ets trop vieux, sans que l'e Maréchal eût, sembl e-t-it, trouvé à redire. Aussi, lorsque le Préfet ordonna l'échenillage général dans le département, le choc s'e produisit év�demment 'e ntre le ConseH · et Mme D avout qui, pour affirmer son droit de propriété, avait fait 'e ntreprendre ce nettoyage par son per­ sonnel. L'incident était d'autant p l u s vif que le Comte Vigier prenait fait et cause pour sa belle-mère et la défendait avec âpreté ; maIgré son inter­ vention, une sommation fut envoyée et, avant d "engager le procès, les Cons'eÎUers crurent devoir consigner dans l e registre des Délibérations que « c. 'es t a v e c peine q u ' ils Oon t v u dan.s le M'émaire rédigé dans l'in térêt de la Prznc e sse, des n o tes e t des réflexions tou t à fai t inco n venan tes et désa­ gréables con tre le Con s e il en géné ral et plus ieurs mem bres en particu lier. Ils _croyent aussi devoir déclarer q u ' ils o n t toujours ,agi d'après leurs cons-

(1 1 8) Arch. G u err e , MF. 1 3, fOS 1 6 7-1 7 0, 1 7 4-1 7 6 , 1 7 8-1 8 1 , 1 8 3 . Lors de l a l i quidation d e, l a successi on de son mari, Mme Davout ne conserva pour ell e que l e dom a ine de Savigny. (1 1 9) Le comte Vigier fut i n s tallé Maire le 6 j uillet 1 8 2 3 p ar Arrêté préfectoral e n date du 2 7 j u in' ; son m andat fut renouvelé le 22 j anvier 1 82 6 par Arrêté préfed oral en date du 6 janvier. {l 20) Pour se f aire une idée de l ' im p o r ta n ce des bien s immobiliers du Maréchal, voici ce qu'il p o s s é d ai t en' 1 822 dan s notre r é gion : à S avigny (241 ha 9 9 a 8 0 ca) , Sainte-Geneviève-des-Boii (49 ha 35 a 5 0 c a ) , VirYcGhâtill on (1 8 8 ha 52 a 10 ca), , D raveil · (2 ha 11 a 90 ca) , Epinay (3 ha 8 6 a) , Fleury-Mérogi s (1 7 ha 7 5 a 50 ca) , Grigny (5 ha 29 a 7 5 c a) , Morangis (1 ha 2 5 a 5 0 ca) , Morsang (38 ha., 2 1 a) , Juvisy (3 ha 7 0 a 8 0 ca) . La M aiso n de Pied-de-:Fer d'Aiguemont, à Viry, fut vendue pour 62.550' fr., le 1 5 j anvier 1 825, à M. Davaux, d a n s u n- " état de dégradation s considéra bl es fi . (1 2 1 ) Le récit détai H é des différents incidents entre la Princess e, d'Eckmühl et l a Commune de Savigny est exposé dan s le s Regis tres d e s D é libératio'lIs Mun icipales (Arch . corn.) .


191 -

ciences et sans être m ûs � comm e on d'an imosité et de s p ola Uo n ( 1 22) . »

veu t l'in s inu e r,

par esprit de

hain e ,

T r o u v an t p eu t - ê t r'e q u e c e n'était pa s s u ffis a n t , la Municipalité déden­ .' h ai t e n mêm e te mp s 1" « Affaire d e la Fontaine » . Lorsque le Maréchal l1\'ait fai t agran d i r s e s écu ries en a nnexant l'an cienne Rue de l ' Egli se, il se t r ouv ai t , au coin d e c e t t e rue et du Mai l , adossé e à un pet it 'bâtiment a pp elé j u s qu' a l o r s « l a i t e r i e )) , u n e fon <tai n e publi q u e , ali mentée par une smuC e s i s e d a n s l a p r op ri é t é du Prince, q u e le p r éc é d ent p r op ri é t ai re avait établi e à s e s , frai s . En efIet, d é s ireu x de s ' affranchir d ' u n e s ervitude à l aq u el l e « les ci-de van t seign e u rs n'avaient Jamais porté a Uein t e >l et q u i co n si s t ai t à autor i s e r l es habitants à v e n i r « p u iser de l'eQJu dans l'une des cours du château à une fon tain e placée prè s le pOin t, app e l é e Fontaine Blanch e e t à la q u e ll e on d esc e n dai t par' lln escalier composé de 4 à 5 mar· ell e s ( 1 2 3 ) » ; M. H a m e li n avait fait é di fie r un rés ervoïr d on t on ob t enait l'eau par u n rob i n e t pl a c é sur l e M a i l et s o u s l eq u e l se t r ou va i t u ne auge en pi'erre . Lorsque, le 24 février 1 8 0 7 , �1 . D a v o ut e ut englobé la p a rtie ,qui lui était c é d é e , la Fontaine du Mail d is p aru t et l e s habitant s r evinren t cher­ cher de l'e au à l'a Fon t a i n e Bl a n che , s'a n s que l ' on n' apportâ t j am ai s 4: a U C lln trollble ou emp êch e m e n t à l eur plein et enëier exercice . )) QuèHe ne fut pa s leur surprise quand , à la suite d e s att aque s inj ustifiées de la Com mune, j,� s trouvèrent port e c l o s e : l a Princesse , « o u b l i a n t des devoirs d'au taln t pills sa c r é s q u e l'humanité les imposait » . av ai t fait fermer ses grilles, l e 17 avrH 1 8 24, avec or dre de ne lai s s er passer perso n n e . En fai t , œ s i n eild e'n't s étai ent certain e ment beaucoup moi ns graves qu'il s n e le fur ent pré s e n t é s par le Con s eil d e Savi gny ; et ,l a 'preuve en e s,t la t r a n s a c ti o n qui su rvint , l e 23 s e ptem br e 1 82G , en prés ence du Préfet, el par laqu e l l� l a Co mlllun e re n o n ç a à faire va:oir ses prétentions s u r la propriété du Mai l , sur les arbres qui y é t ai� n t pl 'a n t é s e t sur tou t e s Iles eaux a ffluant au châtea u . En contr e partie, la Mar échale, « désiran t doœ:z­ n e r une n ouvelle Dre u v c de sa bien veillance )) , f ai s ait d on du sol du Mail et de s e s 'arbr e s . à l' e xcep t i o n d e ceux qui abordaient en tous' -sens Iles Quinconces exi s t an t des deux côtés de l'avenu e du ,château et à l a oondi­ tIon « q u 'en temps de foire il ne sem pe rm i s . à q u z1 ,qll e ce 'Soit de place:r des bO ll tiques à un e d'ist.ance m oindre d e 4 m è tres des glliNes et bâtiments du chlâ teau et jam ais entre les d e ux pavillon s . . . ,, ' El l e aban d o nnait , dn outre , un l o t d e t re i ze à q ua torz e p erche s d e terrain à prendre sur le bord de l'Orge, d ans l e P r é de R o s say, afin d'y é l ev er un! J.a vo i r. * '* *

Après u ne accalmie de dix a n s , pe n d an t l a quel l e un a c co r d fut signé, 1 803 1 , à propos de la Foire Sai nt M a r t i n , l' « Affaire des Brèches )) fut ne b e a u co u p la p l u s grave e t d u ra p l u s d e' qu at r e ans (août 1 8 3 7 à novem­ hre 1 841 ) . A la s u i t e d ' u n e i n o n d atio n provoquée par u ne crue si multanée d e l ' O rge et de l'Yv ette, l a Mu n i ci p al i t é avait dû ouvri r de toute urgence des br è c h e s d an s le mur d ' e n c e i n t e , de p art e t d ' au tr e . du Moulin d'Eckmühl, « pour donn er libre passag e aux eaux q u i in ondaien t le che­ en

·

min, les rues e l les hab i tat ion s vois ines du village , tandis q u e dan s le parc . . il y avait à peine un pell d' eau . » Le Ma i rc' , M . Buzot, avai t , sur les con s e i l s d e l ' A ut o r i t é Supéri eure et par c rainte d'u n p r o c è s , fait r é p ar er l a c l ôt ur e de son propTe ch�f . Mais l o rs q u è , le (j a o ù t 1 83 7 , i l p r é s en t a la m o de s t e fact1).re d e 44 f r anc s au Con s'cil, cel ui-ci la rej e ta par huit voix co ntre troi s , d'abord pour vice de p r oc é d u r e , en s uite et s u r tout p arc e q u ' i l e xi s t ai t autrefoi s à ce mur cinq ou .six arceaux « de chaclln 4 pieds canés d'ou vertllr e e t barrés par des (1 22) Séance du 27 déc. 1 8 24 . (1 23) Séance du 28 avril 1 824.


1 92

grilles de fer où l e s eau;:v de débordem en t t rouvai e n t un écoulem en t fad/e . » Or, en f ai s a nt 1Jl.iti r le m o ulin e n 1 81 3, les remblais qu'avait nécessi­ tés l 'exha u s sement d u pont voi si n avaient, prétendaient-ils , comp l'ètement bouché ces ar c e au x qui furent remplacé s par pl u sie u r s barbac'3 l1eS do n t rouverturc é t a it j u gée i n s u ffisante, p u i sq u e , ehaque année, ,l e Chemin de Morsa ng était complètement submergé, empêchant toute com m u nication

entre les deux villages et provoquant de multiples et importants dégâts. Après plusi,e u r s s o r ti e s virulen.t es, au cours desiqu eUes c'e rtains Conseillers exigèrent l' ouverture de c e s arceaux, l a Maréchale crut hon de repouss er les offres de ü'a n s action qui lu i ét aient faites , car eU e ne pou­ yait considérer comme une preuve de concHiatio n une prétendue t ransac­ tion qui ne serai't de sa part 'que la reconnais sance d'un droit qui n'existait pas et n'avait j amais exi sté. Aussi e st-ce avec peine que, le 3 mars 1 838, eHe vit ,l e s représentants d e Savigny s 'e ng a geT dans l a voie d u procès . Le Consei l , de son côté, était tellement ,convaincu d e l'équité de s e s réclamation s q u ' i l pensa m êm e récl a mer le s réparations du dommag e cau s é par l e s divers débordements qu i avaient eu lieu depu i s ,la suppression d es arceaux ; n'alla-t-il pa s j u s q u ' à insi n u er : « Qu e s era-,c e si le Conse il, ob ligé '

d'user de tous les moyens, arrive à prou ver que le déversoir du moulin et pal' s uite ses vannes son t trop éle /Jé es d'au m oins t ro i s pouces, e t q u e par ce fait les eaux ne tro u ven t pas un libre cours dans le lit de la rivière ! » Le « sini stre effrayant » du 2 1 février 1 83 9, au cour s duquel l' e au arriva d an s le viUage avec une telle violence et une tell e r apidité que, en

queliques heu re s , l es prairies et l e chemin fUTent submergés et plu sieur s maisons inondées, fit à nouveau rebondi r c eUe affaire sans qu ' on pût . concevoir la ' pos sibili t é d'une soluti o n . Cepend ant , le 31 décembre 1 839 , le Cons eil d e Préfecture autorisait la Commune à plaider ; m a i s cel l e - c i , « v ou lan t pusistu dans des disposi­ tions concilia tr ices et espùan t q u e [a Maréchale cèderait à ses habitudes b i en v e illan t e s » , demanda encore un.e foi s qu e l' on remplaçâ t « par une grille don t les ban-eaux seraien t b e a u co up m oins s errés ln grille qui existe fl U d e van t du petit po n t » et que l ' on p erçât deux arceaux à l a hauteur de

l 'abreuvoir.

Ju squ'en 1 8 4 1 , les deux advers aires res,t èrent sur leurs po sitions . M ais le Maire, M. Petit, hésitait en fin de compte à entrep rendre « u n procès fâcheux pour tou t le monde » et d ont l ' i s s u e était par trop d outeuse. Aus si, le 5 novembr,e , se désista-t-il des poursuites commencées en prenant pour prétexte certains travaux qu e la M aré ch al e venait d ' achever dans s 'O n parc afin de facilite r l'éco u l ement des ea u x . Ainsi se t ermina u n différend qui avait duré quatre longu es an née s !

L'année . 1 842 marqua u n t o u r nan t capital dul' s l'histoire des rela­ t ions ,e ntre l a �faréchal e et la Commune de S avigny, puisque, le 2'5 sep­ tembre, L o u i s Napo.Jéon Dayout d'Eck m üh l, s on troisième et seul fils encore vivant, était élu à :-:'011 tour Cons, c il l er Municipal ; m ais, s u r l ' oppo ­ sition d'un d€ s e s c o l l è gu e s, M. T h om a s Lu stin, cette élection fu t aus,sitôt annulée par un Arrêté .du Conseil de P réfe c t ur e en d a te du 14 oelobre 1 842, p a r c e que l e beau-frère du Princ e , l e Comte Vigi er, é b it déj à membre du

Conseil ( 1 2.4 ) . . Lors --de la s éa nc e oit cette décis i on fut annoncée, le 5 novembre 1 842, M. VigieT donna sa démis s i On « afin d e n ' ê tre plus un obs tacle à l'adm is -

( 1 2 4) Aux élections du 2 5 se'pt. 1 842, le Prince d'Eckmühl avait obtcn'u 25 v o ix aU tour, sur un total de 63 votants (contre 27 à Tou s s a i nt .Me sureux) ; au s econd tour, il obtint 34 voix sur 6 2 - (Mesureux : 2 8) . Le 5 j u i n 1 843, l � Prin c e d'E.ckmühl fut élu pour la seconde fois par 58 v oi x S U l' 7 1 v ot a nts , avec L . .Mezard (61 voix) , Mesu­ l'eux (5 1 ) , J . P e-tit (50) et Olivier G e rv a i s (36) . L e comte Vigier s'était remarié l e 3 ju in 1 824 avec Louise Agathe Sophie Frère, morte à Paris, Je 2 juin 1 82 8 .

premier


1 93 -

sion de ,M . le Prince d'Eckm ühl » , et é m i t « le Diœu que les habitants de Savigny reporten t sur le fi ls l'affection déIJouée q u e M. le Maréchal s ' é ta i t a c q u i s e par sa g é n é mnse e t pa te rn e l l e a,dm inis tra tion . )) H se re tir a e n s u i t� , <<. refusant de prendre à l'avenir aucune part aux délibérations » : il assista cependant aux r é u ni o ns des 5 et 13 mai 1 843 ! . Q�lOi9u'il .en � o � t, le Pr � nee f u t à no uveau élu : le 3 Q j uillet 1843" après . ob e, I.ssanc e à la Charte Cons titu­ , au ROI des Françazs, aVOIr J ure « fzdelzte e l l iÎ on n e et aux Lois du Royaume )) , II fut pr o cl am é Memhre du Conseil et ll o mm é Maire de Savigny p ar Arrêté pré f e(\t or a l en date du 22 j uiHet. Quant au Comte V i g i e r, démissionnaire, i l fut re mpla c é par le sieur Syl­ vain Fanost. Le nouveau magistrat, n é le :f) j anvier 1 8 1 1 , avait alors trent'e-deux ans et était c élib ataire . Si l'on en croit sa sœur, il é t ai t « beau, gén ére'ux, l'on, ardent au plaisir » , mais de s a n té as's ez délicate ,p u i squ e , pou r cette r a i so n , il n' avait pu êtr'e reçu .à l'Bcol e Pol ytec hn i q u e . Ce qui ne l'empêcha tl' aiHeurs pas de 's'engager comm e simple s o lda t en 1 83 0, pa r ce ,qu'il c!"Oya i t en ta guerre. Plus tard, le Prince donna sa démission, fit un long séjour aux I nd e s , p ui s se consacra aux travaux de la Ch ambre des

L' arrivée d u fil s à la Mairie inaugura une ère d' entente cordiale entre la Maréchale et l a M u ni cip a li t é . en mê me temps 'q ue débuta cell e des grands t r av a u x , avec la p arti cipation plu s ou m oin s efIect iv'e de Madame Da v ou t : la g a re, l a m airie, récole d e garçon s , l e presbytère, l' école de fiUes . et l'asile J o s éphi n e .

Pairs ( 1 25 ) .

Depuis que f o n ct i o n n a i t le Ch e m in de fer de Pa r i s à Co rbei l ( 2 0 sep­ tembre 1 84 0 ) , les habitants de Savigny avai en t coutume de venir prendre l e s convois à l a :station de Chàtillon , soit à pie d, soit en utiH sallit leS! voitu­ r e s à volonté qui de s s e rv a i en t l es v illa g e s l e s p,l u s proches de l a vallée de

Lorsque l a stat io n de Châ tillon fui s u pp r Î mé e (1 26) , Îl en résulta d' énormes inconvénients, puis'qu'il fall ait s e rendre à Epinay ou à Juvisy. 01' , dès l e s pr e mi e r s travaux du Chemin de fer, la Prince sse , « ja lo u s e en cela de do nln e r Il n exemple à ,milJre " , s'était 'e mp ressé e d'en facilit'er r ex�­ cu t i on en c é d a nt , sur l a ligne de Corbei l , ses terrai n s au pl u s, bas prix eoura n t . PhlS t ar d , s u r la ligne d ' Orl éans, ·e ll e avait e nco re mis sou bien à hl . disposition de la Compagnie sans aucun traité ! A u:s s i se croyait-elle e n droit de l' éc l amer à l a D irec t i o n une preuve de s a l'Cioonuai ssance , eu sollicitant, le 6 j u i n 1 8 4 3, l ' é tabl i ss e men t d ' u n e petit e station, analogue à celle de Mons (1 2 7 ) , e' est-à-dire avec un arrêt le matin et le soirl : « Ce sera un vé r i tabl e bienfait pour nous et je ne doute pas que la Compagnie n' !l t rouv e aussi son a IJantage, la fàdlité des. voyag e s tendan t tou jou rs à les multiplier, et Savigny é tan t un poin t c entra'l pour Vir!l', ,G rign y , :Mor­ Mmg . . . ( 1 28) . ») Après de longues di scussions, l ' i n g é n i e u r en chef , M . Junien, d o nn a un avis f av o r a ble , le 1 8 févri e r 1 844 : « Comm e la station de Savig1fl'y rIDe paraît de voir être assez bonne, surtml.f s i celle de 'Chlâ t illo:n est supprimére, Je s u i s d'avis d' e n ess ay e r et d'ouvrir en conséqu ence à Savigny une station l'Orge.

,

j

(1 25) Louis N apoléo n D avout, Prince d'Eckm ühl , fut admis à la Chambre des Pairs, l e 29 m ars 1 8 36 , à titre héréditaire. ( 1 2 �) BRU:>IEL (Loui s) , La gare é ph ém ère de Vi m-Chàt illon (in Bulletin de la .. .<i.E .S .A .M. , avril 1 948, n O 3, pp. 60 à 73) . ( 1 2 7) BRUNEL CL.) , L a s tati o n a l ternante de Pe tit-Mon s (i n B u l. de III S.E.S.A.M., a v ril 1 948, pp . 49 à 5 3) . (1 28) A rch ilJe's de 'Ill S.IN. C.F. - Sud- O ll e s t, C a rton S' (D' ch .') .


- 1 94 -

LA PREMIÈRE STATION DE SAVIGNY

provisoire pour u n an o u deux, sans pl'endre a u - d ela de -ce term e d'engage­ m e n t f orm el envers la C o m mu n e . »

Le mois suivnnt, les démarche s commencèrent et, à la demande « d'un 4 m ètI"es de largeur a partir de sOIn A v e n u e » afin d 'y établir l a station provi s oir e , la Maréchal e con sentit à le cédcr gratu i tement à condition que la durée de cette ces sion fût- la même que celle de la station promise. Il fut tou t simplement décidé que , si la station était. supprimée , l e terrai n serait · rembou r s é à un taux à peu p r è s semblabl'e à celui d e s ter­ rains précédemmle'll't vendu s par la Maréchale : « B i e n que j'y perde,. écrit-elle, ce sera pour moi une occasion de faire quelque bien il la Com­

bout de terrain de

m . une. » A la su,it e de plusieurs m i ssives e nvoyée s par Mme D avout pour pre s ·

ser l'ouverture d e cette station , l e Priuce d' Eckmühl put enfin annoncer

à ses administrés, l e 5 m a i 1 844, que M . Marc, Directeur de Ila Cie d�Or'­ léans, s'était engagé la veille vis -à - vi s de la Commune à ouvrir dans -q u inze j ours au p l u s tard « une station provisoire qui devra être conservée à ce titre jus'q<u'au changem ent d u service d'été 1 846 . »

ayant été concluante, d'ultimes p ouFparlers eurent L'expé rience encore lieu pendant. de ,longs moi s a-fin de fixer l'emplacement de la station définitive ; et , sur avis ·du Conseil d'Administration en date du ter j anvier 1 84 7 , il fut décidé qu'cl' e s,erait maintenu e dans l es m ême s . limites. que l'àncienne . * **

En 1 83 8 , l e () novembre . l ' opportunit é de l a création d'une école de Il l l e s avait été �! dmise pnr la maj orité du Conseil Municipal ; mais les fond s manquai ent pour m e ner cet ouvrage à. bien, et il ne faUait pas comp t e r s u r la généros ité d e l a Pri nces s e, que la Commune s'illlg éniait alors à tra­ c a s s er . Cependan t, ·l a nomination d e son fi l S', tout e n faisant cess'er ces chica­ n e s inu tile s , fi t a d opter ·à la M a ré c h a l e une attitude toute différente qui montre bie n s on grand esprit de générosité enver s une population qui la chéri ss�it et s on absence de rancun.e envers' l es édiles s aviniens . Le 4 avril


- 195 1 844, eUe mit le Conseil' au courant de la décision importante e n t endait prendre en faveur de la Commune :

qu'elle

u Le m om en t est vën u de réaliser un proje t dès longt e mps form é par m o i, ajourn é pour des causes in dépendantes d e m a volonté e t don t, e n n e con su ltaI/t q u e m es conve­ na nces personnelles, je devrais peu t-être différer encore l'exécu tion, si l'influence q u ' elle d o it n é cessa irem e'n t avoir sur les plans e t les déterm ina t ions de la Com m u n e ne m e f aisait u n e l o i d e ,m 'en occuper im m édiatemen t. R ef e san t une maison d'école, la Comm un e avait du n atu'rellem en t penser à y com­ prendre u n local pour cel le des filles, établie aujourd'h u i dans un e maison lou,é e . Ce rapprochem en t inévitable n e m e para issa it pas sans fncon vénien t e t était con traire aux v u es q u i ont dé term in é, il y a déjà cinq ans, la s épara tion des de ux écoles e t q u i m 'avoient in sp iré à m o i -m êm e l a pensée d'en fonder un e spéciale p o u r les filles . C'est cette pensée q u e j e vais m e ttre à exécu tion ... J'y con sacrerai un emplacement pris dans le terrain .entre le chem in de fer e t le nou veau chem in de Grandn 'aux, en face dw Choâ teau. J'élèverai les bâtimen ts n é ce ssaires pour recevoir un .nom bre de filles égal à celui des garçons adm is à l' éco le e t pour le logemen t de l' ins titu trice ou des institu­ tric es . J'y ajouterai un local pour s :rvir d'asile a ux pe tits enfants . des deux sexes. Je ferai don gratu item e n t à la Commune de cette école aux conditiOilS s uivantes qui, j'en suis sûr e , auron t son e'n tier assentim en t : 1 ° L 'Ecole recevra à perpé tu it'é le n om d" u Ecole Joséph in e " en m ém o ire de ma . bien a im é e fille, o bje t, de son vivant, de tan( d'a1fection à Savign ll et de tan t de regre t depu is sa mort. 2 ° L'Ecol e r ecevra gratuitemen t dou'ze jeunes filles pauur es o u don t les paren ts sera ien t chargés d' une trop n om bre use fam ille : celles q/le je dés ignerai dans une proportion qui n e dépassera jam ais la m. oitié seron t admises de préférence. 3 ° Ce t établissement n e po urra jam a is ê tre dé tourn é de sa destination, ni aliéné pour a ucun e caus e q u e lcon q u e ; dans le cas Oll par des circonstanc es imprévu e s a u tres q ue celles de force majeure, l'école cesserait d'être ou uerte pe'n dant un lemps q u i sera déterm in é u l térie urem ent, la propriété des bâ tim en ts et du terrain feroien t immédia­ tem en t retour de ple in 'droit au domain e de Sauigny. 4 ° La Comm u n e sera ten u e des entretiens des m en u e s e t grosses réparatio·n s , comm e dé choses à e lle appartenant. Pou r q u e cette condition et cell e co'n ten u'e dans la clause précédente p u issen t être facilem en t exécutées par la Comm un e, je rattach e à la fonda­ t ion de l'Ecole Joséph l'n e u ne ren te de l O I} francs q ui sera ass·ise, comm e celle déjà exis tante pOUT le même o bjet, sur le château de Savigny, et q u i sera spécialement des tin ée à fa ire partie du traitem e n t de Nns titutr ice ... . Je s u is h eureuse de pouvoir donn er dans ce t te circons tance à la .,Com m une une preu v e des sen timents q ui éta ien t ceux du Maréchal, com m e ils on t été, ce ux de toute ma vie , passée presq u e en tièremen t à Sav ign y . Si la Commun e éprou v e q u e lq u e recon­ naissa'n ce, je la prie de la reporter a van t tout à la mém oire de celu·i q u i fut n otre . b ienfa iteur à tous. »

En fait , {�e ne fut qu' e n 1 84 7 que la Commune put ·enfin entrepr,endre, il l 'emplacement d'une m ai son vend u e par M. Salliot et donnant R Ue de l'Egl i se , la construction d 'u n bâtiment devant abriter à la foi s la mairie,

� l'éc ole de� garçons et l e presbytère ; et comme :le début des travaux était retard é du fait qlle le vende u r n' avait pas de local pour son hahitation. Mme Dayout se fit une joie d'en me ttre uni à sa disposition ( , dans le but d'être u tile au pays ( 1 2 9) . )) Entr e temps , .Je Prince d'Ec.k mühl ayant donné sa ' démis sion l e 21 aoû t 1 84 6 , le Sou s-Préfet de Corbeil fit convoquer l e s él'e cteurs, le 2 1 mars

(1 29) I l e st bon de remarquer que Mme Davout avait construit son é c ol e à conditio n qu e la C o m m u n e s e chargeât d'·é difier un pre sbytère : « Madame l a Maréchale voulut aussi profiter de cette circonstance p o ur déterm iner la création si n écessaire d'un pres­ bytère, en propo sa.n t à la Comm une des avan tages q u i compenserai e n t et au-delà les charges q u e la Com mun e s ' imposerait à cet effet. En con séq ue'nce elle offrit a.u Conseil de constru ire à ses frais, à elle, e t sur lin terrain à elle appartenan t une école pour les filles e,t ses dé pendances, e t de donner le tout à la Com m.un e afin que celle-ci, affran­ ch ie de ce tte dépens e, e u t les moy ens de comprendre da'n s les constru ctions projetées celles d'un pres bytère'. Ce tte offre f u t acceptée avec em pressem e n t e t reconnaissance par le Con seil " (Extrait de l'A c t e de donation passé p a r devant Me Acloque et Me Mocquard, notaires à Paris, en 1 8 72-1 8 7 4 ; la donation fut acceptée. par l a C ommune J e 28 mars 1 8 74) •


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1 8 47, .à l'efl'et de d ésigner un nouveau colliseiller : le Comt e Vigier fiut élu à l'unanimi,t é des 45 votants, mais le ,�'r:aire n'en [·,esta pas moins M. Louis Jacques Mezard, en fonction depuis le 2 1 j anvier ( 1 30) . C e changement n'altéra en rien les bonnes dispositions de la Maré� chal e et les rel ations amica l es avec l a Commune, puisque, le 13 mai 1 84 7 , l:e Mair e lui demanda avec insi stance de bien vouloir accepter de placer la première pierre du nouvel édifice communal, parce ,que « le Conseil aUa ch e un trop haut prix aux actes si répétés de la générosité' de Mme la llJaréchale, quand il s'agit ,des besoins ,de la Communie . » Alors que l' Ecole J oséphine était complètement terminée depuis. le 1·er j ui llet, ,la p remière p ierr e de s constructions municipales fut solennell e� m.ent posée, le 5 , en présence d'une grande assistance, p ar Mme Davout qui, à c e Ue occ a sion, d i sposa, dallis une cavité ,qui y avait été creusée, une boîte de zinc soudé e , ·c ont e n a nt une copie du parchemin du procès­ verbal d'in auguration, p l u s ieurs pièces de monnaie et « une médalille re pré sentant le Prince d'Eckmühl frappée en souvenir ,d es hauts fa i ts du grand Capitain e qui, après avoir command'é des armées et s'être couvert de Ilau­ riers à leur tête ne d é da ign a pas . d'accepter p l u s tard les humbles fon c ­ tions de J'j;l aire de la Com m une de' S a vign y . » . EHe fit don aussi d'un buste métallique du Maréchal, que la Munici­ palité accepta avec reconnaissance, a'fin de le placer dans la nouvelle M'ai­ rie, dès qu'el le serait ;;tchevée. Une s·alle d' asil e , due encore aux bienfaits d e Mme D avout. fùt enfin aj outée, en 1 85 1 , à l'Ecole .Joséphi'll'e. ­

A partir de ce moment, l'a Maréch a l e put enfin g9ûter ks joies d' une vieillesse heureuse, . continuant comme par le passé à faire beaucoup de bien autour d 'e He ( 1 3 1 ) . Sort ant très peu souvent, eHe se plais.ait à rece­ voir des amis de son défunt mari, tel s le Baron Raoul, depuis Duc de Montmorency, et le général de Trobriand. II fallait par exemple un obsta­ cle insurmontahl e pour .e mpêche r c e dernier de venir passer la j ournée du 1 4 octob re , anniv'e rsaire de l a habHle d' Auerstredt, avec la famille de " «. son -» M arécha'l ; tous réunis d an s le grand salon de stuc j aune, le s sou­ " enirs d'autrefois fai saient rêver la Pr in ce s s,e et rajeunislSaient tout parti­ culièrement le ;bouillant Trobriand qui, se croyant encore sur le champ de bataille, s'écriait i nv a r i ab l em en t , comme en cette année 1 8 5 9 : « Il faisa i t chaud à c e t t e heure, ' if U a cinquante-qua tre ans ! .. . A h ! QUeJl homm e q ll'e Monsieur le Maréchal ! . . . .J e llOis encore . . . En face .de l'ennem i, ,n'ous repré­ sentions ce petite mise, eh falc e de ce gros canapé 1 . . . Nous avions l'air" a /Jec nos v ingt-cin q m ille homm es, de p r épare r un ,déjeuner à _Messieurs les

Prussiens : ils étaient quatre "ingt mille hommes contre nlQus ! Monsieur le Maréchal lai t form e r le carré, se pince au cen t re ; puis, d'une voix qu,i reten tissait comme la ll'ompette, le vz..;a.ge illuminé, il s ' éc ri e : « 'De ,gmnd Fré­ déric a dit que c'étaien t les gmnds ba taillon s qui remportaient la vic t o ire Il en a menti 1 Ce son t les plus entêtés ! En ava n t , m es enfanlts, laites tOlUS com m e votre Marécha l ! » L'armée, électri.� ée, de s'élancer en crian t : « Vive Monsieur le ;l'Iaréchal! » Et le noble entêté a eu raison sur le grand ' Frédéric ( 1 32) ! » et Cambacérès de ars m Comte 14 au 7 l 2 8 1 riée ma l'une mIes, e Ses 'l'au tre le 1 7 août 1 835 , au M à r qu i s de Blocqueville, lui rendaient souven t visite �t fai saient mêm e de l ongs séj our s au château, mettant une note de . •.

(1 30) Le ·Prince démissionn a probablement pour rai son' de santé ; il mourut à Paris

l e 13 août 1 853.

(1 3 1 ) Les bienfaits de l a M a réchale furent innombra'b l e s, comme en témoigne la lecture d e s Registres de Délibérations de Savigny. (132) Bwc.Q., II. 435-436.


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gai�té et de j eune s s e dans cette noble demeure où eUes venaient avec, lem' mari et leurs enfants . M alheureu sement, il faHut e ncore qu'un pénible accïdent, sunnenu dans ,le parc le 1 5 août 1 840, enhailhlàt la mort d'un de ses petits-fiils, .J ean Jule s Léon de Cambacérès . Le précepteu r de son fil s et ,confident de son mari, M. Gor don, expira à l a maison de santé de Clermont dans l'Oi s e I,e 16 décembre 185 5 , aprè s avoir été Membre du Conseil Municipal de Savigny, du 3 octobre 1 85 2 j u squ' à cette date. P etit à ,petit, au fur et à mesure 'que 1es années s 'éeou­ lai'e nf, la Maréchale voyait ainsi s'ét eindre tou s ceux qui l'avaient soute­ nue et aidée dans les moments difficiles ( 1 3 3 ) . Un dernier incident l'opposa encûre, en ' 18'6'3, ' à la Commune, parce qu'elle avait f�it réparer san s autori sation I,e pignon complètement déJabré d'un bâtiment, dit « la Tuilerie » , situé à l'entrée de la Rue de la Cave, qui, aux termes d'un plan d' amé nagemen t d e l a Commu !1,e , devait être abattu sur plusieurs mètres . Mais le Maire, M. Jousset, crut ne pas devoir user d u droit que 'la loi l u i conférait de fai re détruire ,les travaux, pour d e s rai sons faciles à apprécier : « Madame la Ma r écha le, parvenue à un âge très

aVŒ1lclé, s' es t fait une idée e:vagérée ,du r espect ,dû à sa propriété. Tou t ce qui lui appartient de près ou de loin revêt à ses yeux un caractère d'invio1a­ bilité absolue .... On ne peut se flaUer d e l'amener par persuasion à aucune c on ces s io n de ce genre . D'autre part, la Prince,s se a ,donné à la Commulll'e de s marques nombreuses de son intérêt et de sa libéraUté. EUe a doté notamment Savigny d'une école e t d'un asÏlle cQnstruÏfs à ses frais, et dont dle eut déjà fait une dona tion authentique et régulière si la con sidémtion des frais énormes d' enregistrem ent que cet acte eut entraîné' n'en eut arrêté la réalisation.. . "li lu i a paru que ' l'âge de la Princesse, sa haute pOlsUion sociale, e t le bien qu'elle vell t réaliser, la plaça.ient dans une pos ition excep­ tionnelle, exigeant le.� plus grands ménagements ( 1 34) . »

Pour -m ontrer son e sprit de conciliation et son désir de bonne entente, le Cons'eil Municip al fit mêm e install e r à l'égli se, en 1 867 , une bouche de chaleur dans la chapeH e de la Maréchale . Mais· la vieiLle dame ne put quelques! mois ap rès le e n j ouir bien IOlligtemps, et, le 16 décembre 1 868, décès de son beau-fil s, le Comte Vi gier ( 1 3 5 ) , cene qui avait si longuement honoré de sa présence notre chère Cité, qui avait tant aimé se réfugie-r dans su douce tranquillité et qui l'avait tant comblé die s e s bienfaits , dispm'ais­ sait à son tour, à l'âge de qu atre-vingt-six ans, dan s s on hôtel de Paris . Les biens que la P r i n{':es se d'Ec.K mühl s' était évertuée à rendre s i agréahles pendant to ute une longu e vi e furent vendus en ,l 'au dience d e la Chambres des criées du Tribunal civil d'e premi èrc in stance de l a. Seine, le 14 août 1 8&9, �t, tandis que la ferme de Champagne était adj ugée pour' 1 .0 18 . 0 0 0 francs au Comte de Bercy, l'uniqu e petit�fils d e l a Maréchale, Jos-eph Louis Jules Achille Comte Vigier se rendait acquér·eur du domaJne de Savi gny moyennant la som n! e de 1 . 2 0 0 . 0 (}0 fra ncs ; le 1er avril 187 2, il le revendit pour 9 0 0 . 00 0 . francs à un nohle belg.e, M. de Dorlo dot, lllp rès avoir toutefoi s, a.vec ses tantes , exaucé l'e vœu de Madame Davout en faisant défi­ nith'ement don à la Com mune, le 3 1 décembre 1 873, de l' « Ecole Josépl;ti ne Vigier. » En témoignage de sa recon naissance pour un ges t e si génére\lx, le Cons 'e i l Municipal décida, le 6 j uin 1 87 2, de donner à lI a « Place du Chlâ-

(1 33) Son f i dèle rég i s s eur, M. Edm e Nicol a s J o s eph Colas-La_Fo rest qui depui s 1 8 1 2,. l ' avait servie avec inte lligence et prob ité, était mort avant le· M aréch a l l 7 a oût 1 8 1 9. L e personnel du château comprenait 1 6 p ers onne s en 1 8 36, p u i s : 2 7 ( 1 8 4 1 ) , 25 (1 846) , 3 0 (1 8 5 1 ) , 3 0 ( 1 8 6 1 ) et 19 personne s en 1 8 6 6 . (1 34) Arch . corn . Id e Savigny, Séance du 1 5 n o v . 1 8 6 3 . . (1 35) � e comte Vigi.er ét � it décéd é à Pari s le 1 7 j anVier 1 868, à l'âge de 66 ans. Ancien Pan' de Fr � nce, Il avait refusé, l 1 3 m a i 1 � 5 2 , en tant que C o n s eiller Municipal . � de � avlgny, d e pre ter � e. s erment p re s crlt par l , a twle 1 4 de la Constitution ( ( Je jure � . . o be. zssan l? e a. la Con s tz tu t z on et fzdélzté . a u Pré.szden . , t » ) , p arce que sa conscience l'en empêch a it.


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teau » le nom d e « P l a c e D avout » ( 1 36) ; peu avant, l e 16 févri er 1 868, cel u i d e « Rue V i gier » avait été donné à l a rue principale de Gra n d Vaux. * '* *

Ii nous aurait été agréable de termin;er i c i cett e longue et beUe hi stoire en disant qu e ' le P rince et la Pri·n'Ccss·e d ' Eckmühl furent touj ours l'obj et de manifestations atfe·ctueuses de la part de tou s ,les habitants d e Savigny. Mai s fidèle à notre souci d'impa·r tialité, nous nous d evons d'aj ou­ t er que huit ans à peine s ' étaient écoulé s qu'un Conseiller, du nom de Claus's , demandait le 13 févri er 1 88 1 , que ,le buste du Maréchal fût retiré de la s alle de la Mairie ct que le s nom s d e D avoul et de Vigi·er fu ss ent p arto u t slJ ppri m é s . U n premier scrutin, le 12 m ai , repou ss a cette demande par six voix contr·e quatr e . Néanmoi n s , aprè s l a nominati o n d e M . Cla u s s comme Maire d e Savi­ gny, s u r la proposition du Conseiller Hubert, le d éplacement du bust·e fut finalement voté, l e 14 juin 1 888, par s ept voix contre cinq ! Réc l a m é immé­ diatement p ar les hériHer s , ce buste furl. att;ribué par tirage au sort à Madame de Bl ocquevi l l e qui e n fit gracieusement don à: M . l e Comte Vigier comme étant l'aîné d� l a fa mi ile . C'es,t s a n s doute e n remerci ement d e l'immen se g�nérosité d u noble Maréchal Davout et de s a dou ce Aimée q ue la COl�l munc de Savigny avait (1 3&) Le 12 février 1 8 65, le Con s e i l M u nîcipal avait déj à , à l'un a n i mité, émis " le (Jœu q u e la place porte le n om de Pla�e' Dav ou t, sauf l'approbation de Mm e la Maréchale >l


- 199 pri s cette lamentable décision. 0 ingrates Municipalités ! Qu' i,l nous soit s eulement permi s d'e spérer que la grande ville qu ' est deven!}e aujourd'hui le petit village d'autrefois s e fasse maintenant u ne gloire d'avoir abrité le,s tendr'e s amours de ce coup ',e i ll ustre, 'qui a l ais sé tant de traces encore vi sible s de s a bonté. Et si l e temps dans sa course rapide et sa pui s s'ance destructive verse l ' indifférenc 'e puis roubli définitif dans le cœur des hommes, rapp elons simpl ement, en ce qui concerne le Maréchal, cette réponse du Roi de Prusse Gui llau m e au M a.réchal Canrobert en 1 86 7 :

Maréchal, VallS ne m ' a v e z pas nom m é tous les �itres dll Maréchal nf/Vout .' il .� ' a ppe lait G ll ssi n u c d'A. uers tœdt. La Prusse ne l'a pas oublié ! » «

LES

P ROJ ETS D E PO N T S ET A AT H I S A U X I XE Par HEN R I LEMOINE

E

A B LO N

S I ÈCLE

fl rchiviste en chef du Département

règne de Loui s-P hilippe fut l 'époque des ponts su s'Pendus . ,Faciles à construi re, peu coû­ teux, ils avaient la préf.érence d'es i ngénieur s .

L

A

Aussitôt aprè s celui de Ris. exécuté e n 1 830, l'ingénieur B ayard de la Vingtri e en proposa un autre à Ablon en octobre 1 8:3 1 . Il devait avoir 1 00 mètres de long et 4 m . 40 de làrge, et être relié à Vi1leneuve-Sai mt-Georges par une route de 1 9 5 0 mètre s . L'idée rest a quelqu e s année s en sommei l . Puis, le 2 décembre 1 83 5 , une Société à :l a tête de laque lle se trouvait le Gé­ n é ral Baron Derm oncourt soumis­ sionna pour un pont fixe en pierre et fonte de 9 m . 5 0 de large, évaJué il 6 6 7 . 0 00 franc s . Etudié en 1 836 par l'ingénieur de Sermet, le proj et fut trouvé trop coû­ teux : I.e péage prévu s'avérait impo s­ sible à rembourser une parei lle som­ me, et la 'subvention de .l 'Etat s,erait tl'Olp élevée . De Se'l'met revenait plu­ tôt au projet de son col'lègue �e 1 83 1 , qui n e dépa,ssait 'p as 1 60 . 0 0 0 francs . Malgré tout, c' e st le travail le plu s c oûteux qui fut approuvé par Ordon­ n a n C e royal e du 24 février 1 8 3 7 . On ( iI s cuta longtemps sur le prix d'e r e · v : e n t ; aucun adj udicataire ne se pré­ s e n ta, l'Etat refusant la participation d e 2 1 0 . 0 0 0 franc s qu'on lui deman­ dait. Pendan t ce temp s, B ayard

de

la

, V in,gtrie , déj à nommé, étudiait un l)ont à Ville n euve-Saint-Georges . Et c'est lui qui remporta. Le pont de Ville'neuve fut commenc é e n 1 84 1 , et les habitants d'Ablon duren t s e con­ tenter beaucoup plu s tard d'un barrage ! Ceux d'Athis-Mons ne furent pas plus heureux, vingt ans plus, tard. Ils fai saient valoir qu'entre Ris' et ViIle n,euve, sur 10 kilomètres, il n'y avait pas d e passage, 'Ct qu'un pont chez eux serait fort utile . Le baron Chodron de Coureel, de Vi,gneux, offrait de doubler les souscriptions particulières recueilUes ! Par contF'e , l e s habitants de Juvi sy, de leur côté, réclamaient . L'architecte d e l'Opéra, Charles Garnier , offrit 500 francs ! Les études' furent exécutée s de d é­ cembre 1 8 60 à avril' 1 8,6 1 . Le pont devait être fixe, de 4 'travées de '30 m . de long et ,6 m. 40 de large. La dépen­ se était évaluée à · 2 5 0 . 000 francs . Mais, face à lui, il t'aNait adoucir la c ôte d'Athi s qui montait à certains endroits de 1 0 cm . }? ar mètre, et pour ce faire, passer sur la propriété de M . de Courcel, dite « I.e Clos PerauU » ! Celui-ci, alors s e t'lâ cha, diminua, puis refu.sa toute sou scription,. Et en 1 86 2 , l'idée du 1)On t fut abandonnée . Qu el­ ques années plus tard, Juvi sy; qui s'était .considérablement développé en raison du chemin de fer , obtint l'e sien , et l e s habitants d'Athis atten­ dent touj ours ! �


PLAINE DU LONGBO YA U

UNE FAMI LLE PRINCI ER E

DANS

NOTRE REGION

AU XVIIP

Sl ÈCLE

Par le D r P . BAILLIART

tenay, do n du Prince , sans doute, une belle maison de c ampagne ; c'était un très brillant homme, membre de l'Académie française et de l'Acadé­ mie des scieuClCs, lisan-t le grec à livre ouvert et fort i n strui-t de physique, 'de mathématiq ues 'et d'astronomie . Il reçut en 1 6H9, à Chatenay, l e Duc et l a Duches se, et donna e n leu.r honneur une fête de plusieurs jours. Le . succè s qu'eut la Duchess,e , dans l'éclat . de ses 23 ans et dans l a gloire de s'a nai ssance et de 'son mariage, lui fit paraître le p ays agréaMe ; eUe s 'a­ musa des dans-es et de's chansons de nos paysans . Si bien que lorsqu'en 1 70 0 le château de Sceaux, tout pro­ LA DUCHESSE DU MAINE che, fut à vendre, le Duc du Maine -e n fit l'acquisition. A SCEAUX n- avait été ' construit trente ans plus t ô t par Colbert ; Louis XIV y Ce serait reveni r sur un suj et très était venu plusi,em:s fois' ; on savait classique que d'insister s ur le pas sa­ ge dc la D uches'se du Maine dans le ausisi que; de Paris, les érudits se débeau . domaine dont il ne reste . pas . plaçaient pour 'converser de scien!ce ou de littérature sous la présidence grand chos e auj ourd'hui ; iI est néces­ d e Colbert, niarquis de Seignelay. On saire cependant, dans l'e 'cadre de rarIait encore des chaises à porteur cette étude, d'en rappeler n u m oins de s' c eaux, plus b �lles que celles de quelques traits . . Vers'a illes, « étant à ·qu atr-e person­ EHe était très j olie, mais presque nes et quatr'e parasol,s . » naine, un peu moins pourtant . que Comme -le Roi à Versailles, les de S'e s sœurs, ce -qui décida le Duc du Condé à Chantilly, .et, un peu plus Maine à la choisir. Aîné des bâtards modestement, l'e s desc�ndants de!'. du Roi et de Madame de Montespan, d'Effiat à ChiHy-Mazarin, .Je Duc et i l gardait ,b ien des qualités de l'édu­ su rtout la D uchesse, voulurent avoir catiop qu'il avait reçue de Madame de Maintenon. En I.e légitimant, là leur J\Ctite Cour. . Poursuivant l a tradition, il s y reçu ­ Louis XIV lui avait donné, dans son rent plu sieurs fois le Roi, et conti­ apanage; la t'e rre de Chatenay. nuèrent à a ssembler Iles beaux e sprits Un de ses anciens précepteurs, de l'époque ; l e « ,sa1:on d e Sceaux » , M o m,ieur de Mal ezieux, avait à OhaTout au long du XVIII " siècle reSI­ dèrent dans notre région les descen­ dant s du grand Condé. Seul, Ile. ha­ s,ard s,emMe avoir rass emblé tout­ près les UniS de s autres, dans leu�s châteaux vois,i ns, la Duches se du Mai­ ne, petit,e-fille, Mademoi selle d e Sens e t l e Comte de Olermont, ar·r ière­ petits-enfants de Condé. Tenant de leur . aïeul un sang si glorieux, les deux derniers descendaient au s'si de Louis' XIV ; leur pèœ , Louis III, duc de Bourbon, avait épousé L ouis-e Francaise, fille du Roi et de Madame de M o ntespan .


- 201 - dont chacun cannait la gloire et dont le calme fut un moment troublé ,par l a conspiration de la Duches se con­ tre Ie Régent, c e q ui l u i val ut quel­ q u e s mois de prison aux châteaux de Dij on et de Chlâ lons, fut, pendant u n d emi s iècl e , une sorte de cén acle lit­ téraire et scientifique ; la Duchess e, q ui en é tait l 'Iâme, y reçut des sa­ yants, des poètes et de s philosophes : Voltaire, le Président Hénault, l a mar quise d u D effand, hi'e n d'autres encore . On y j ou ait la comédi e ; ,el'l e-même et Voltaiœ fuœnt parmi les acteur s de ce peli,t thélâtre . EUe travaillait a u s si bien la nuit que le j our ; cou­ chée parfoi s à quatre heuœs du ma­ ti n, elle 'se ,levai t alors à trois heures de l ' après'-midi ; son pro fesseur de mathémaUquesl, quelquefois réveiHé au milieu de la nuit, lui donnait ses 1e­ cons en robe de chambre . , Beaucoup d' esprit et de précio sité donnèrent un vrai charme à ceUe pe­ t ite cour restée célèbre . En voici un a m u s ant ex'emp],e . Un de s vi eux ami s et soupirants ' de l a Duches s e n'allait p as à confesse ; au reproche qu'el l e I n i en fit, il répondit par qu atre vers : Ma Bergère, j ' ai beau ,chercher Je n'ai rien sur ma con science, D e grâce, faites-m o i pécher : Après quoi, j e ferai pén'iteuce.

La répons'e de la duche s1s,e lui vint au s si en vers : Si j e cédais à ton in stance, On te 'vèrrait bien empêché, Mai s plus encor,e du péché Que de la pénitence .

Elle mourut à Sceaux, bien après so n m ari, en 1 7 5 3, à 7 7 ans . Nous sa­ yons qu'eHe y reçut l a visite de son frère aîné, Monsieur lie Duc ; quant à �,()n nev,e u , que nous allon s voir vivre tout près d'elle, i l y venait sans doute mIssi ; mais on en parlait ,moins vo­ lontiers .

ET

LE LE

CHATEAU

COMTE

DE B ERNY DE CLERMONT

Au carrefour des routes d'Orléans él de Versaill es-Choisy, à l a Croix de

Berny, on voyait ,encore au d ébut du

X I X' siècle le château de Berny, pres­

que à la limite du p arc de Sceaux. P l u s modeslt e que son voisin, il avait ét é construit par Mansart, avait reçu des hôt,e s i ll u stres et passait pour une des plus belles r ésidences de l a ré­ gi on ; on célébrait en parHculier s,es canaux . I l app artenait depuis 1 686 à l'Ab­ baye de Saint-Germain - de s - Prés ; c'était la résidence d'été de ,l'Abb é . Or, e n 1 7 3 7 , a u moment où la cour rI � Sceaux était dans tout soOn éclat l e Comt.e d e CJ.ermont, neveu de la D uchesse d u M aine, de 23 ans son aînée, était, pour l a ' désol'ation de l'Abbaye Abbé de Saint-Germain-des­ Prés. T,roi sième fils dre la famille, suivant l'u sage régnant aloOrs, il avait été des:­ tiné à l' Egrlise . Le s bénéfices lui arri­ vèrent dès l'âge de 9 ans sou s la for­ me d'abbayes' ; re'est en échange de six aut.re s que ,le Roi lui donnait à 2 8 a n s ,J'Abbaye d e Saint ...Ger,main,-desl­ Prés ; désasltre <et scandale pour l'a g lorÏ'e us,e maison . Héritier, malgré l 'ordœ de su nais­ t,ance et la vocaUon qu'on lui avait I mposée, d u sang guerrier de Condé, i l résolut en 1 7 3,3 de p artir à l 'armée pOUr défendrre les droits de Stanislas au trône de Pologne ; prince-abbé, bien que n'ayant pas reçu Iles ordres, il dut demander à Rome l'autorisa­ tion de tirrer J'épée. On le d énomma dès lors l e « Général' des Bénédic .. tins )) . Nans n' à vons pas à dire ici ses dé­ boire s mililai'res ; son château s eul doit nous r etenir. Il avait ins·t allé dans ceUe résidence abbatiale, en même temp s que d ans le bel hôtel qn:il lui achetait rue de Richelieu , Miademois eUe Leduc , danseuse de l'O­ p éra ; il l' épousa plus Lard : Altesse et abbes s e ! Les voûtes du château, habi­ tuées à plus d'austérité, virent, com­ me à Sceaux, mais avec moi'n s d e te-­ nue, dies Itroupes de comédiens du théâtre et du monde . Ses frères ayant reproché au comte ce q u 'il� t.enaient pour une avilis­ s'aIüe fré quentation, Duclos et d'A­ l c:,mbert l e firent, e'llJ guise de protes­ tation, et un peu par surpri'se, élire à l'Académi e française ; il n'y sié ge a


202 -

qu'une fois, en sorte qu'il n'eut pas l a chance d'y apprendre l'orthogra­ phe qu'il i gnorait tout à fait . . Nous avons, dans notrle H is t oir e de Mas s y, trouvé déj à chez nous le Com­ te de Clermont ; il se plaignait en 1 7 64 au Chapitre de Notre-Dame de ses fermiers de Wislsou s qui ne pre­ naient pas lIa peine d e le sa'l uer 10TS­ qu'il passait sur leurs terres . Il mourut en 1 7 7 1 , regretté d'ail­ leurs des paysans qui connaissaient sa générosité. DE SEN S DAME DE VILLÉGENI S

MADEMOI SELLE

TraIllsrportons-nous maint,enant à Massy, à une bonne li'eue du parc d e Sceaux, à la terre d e ViHegénis . Quel­ ques années avant la mort de s a tan­ te, la Duchess e du Maine, habitait là Mademoi selle de Se'n s, princesse de Bourbon-Cond é . EUe ne s e maria j a­ mais ; elle avait été une des j eune s princ'e sses de la Cour auxquelles on avait pensoé pour 'en faire, par son union à Louis XV, une Rein e de France . Bien des bruits avaient cou ru sur eUe. · De son château de Chambord, Maurice, comte de Saxe, écrivait à la princesse Hols,tein : « J'a i i c i Made­ moiselle de Sens ove,c une douzaine de fe mm es de la Cour: c o méd i e , bal, etc .... etc . . .. ; on dit il Pads q u'e ces bel­ les dam es son t a l lé e s trouver des hou­ lans, parce qu'ils sont atfamles · de chair humaine et ,q u 'ils vi ve n t com­ m e des reclus dans ce désert, ma'is ce n'est que par envie que les au tres femm e aboient a ill s'Ï . )) Une autre anecdote, nou s dit Sainte

Beuve, lui fut contée à l a bibliothè­ que Mazarine par l e vieil abbé de Fe­ l etz : « Mademoiselle de Sens possé­ dait une î le de la Seine, près de Pu­ teaux ... Un g e nt i lhomm e des en virons a vait l'habitu,de de chasser tout pres . de ta ; ces coups de fusil im pat i e n ­ taien t la princesse qui lui envoya dire llll J o u r d'aller cha s se r p l u s loin . L e gen tilhomm e fit cette répon se : « D i­ tes-lui qu'elle peu t être tranquille , Je ne t ir e qu'aux culs blancs 1 )) Mademois'eUe de Siens possédait Rue de Grenelle l e bel' hôtel où mou­ rut l e Maréchal Foch. En 1 744, elle ' acheta le chlàteau d e Vil I egénis ; elle possédait d éj à la terre de Palaiseau . Le musée de Cond é garde l 'invent aire d étaillé du très beau mobilier qu' elle acquerrait avec' ce nouveau domai ne qu'ell e sut en même temps embellir. A sa mort, en 1 76 5 , eHe l'e l éguait à son neveu, le Duc de Bourbon . Nous le trouvons , dans notre Histoire, ren­ dant la j ustice, une fois.· par an, à Mas sy, à « la Croix aux Fem me s » . Il . est connu surtout parce que, m s du chef de l'armée d es émigrés, il fut le . père du duc d 'Enghien. L'his,t oire garde aussi ,l e souvenir de sa mort encor,e un peu mystérieuse ; on le trouva accroché à l'espagnolette d'un e fenêtre de son château de Saint-Leu Taver ny en 1 83 0 . * '* *

1er

Il était amusant, je crois, de s<i gl)a ceUe rencontre, pres'q ue acciden­ telle sans doute, eu trois points si proche s de notre région - c'est par l à seulement qu'elle nous intéresse d.e <"e s curieux de scendants du vain­ queur de Rocroy.


ATHIS-MONS (S.-el-O.)

L'EGLISE SAINT-DENI S D'ATH I S-MoNS

l' EGLISE

SAI NT- D E N I S

D'ATH I S-MO N S ETU DE ARCH ÉOLOG IQUE p'ar L O U I S BRUN EL •

S a i n t D en is d ' Athi s-Mon s , dont l 'a nti que clocher est un des r este s architecturaux d e s XII e ou XIIIe s i è cl e s , e s t classée en part ie au n ombre de s M o n u ment s Hi s t or iqu e s et constitue, s a n s contredit, le t é moin le p l u s vén é ra b l e d e notre hi s toi r e l o ca le Enfouie au milieu de s massifs de verdure qui couronnent le s ommet du coteau et font l a beauté de l ' ancien parc . s eigneurial , ene diomine lau ,l oin toute la vallée d e la Sei n e et dœSise, a u -d e s s u s des ve t es frondaisons., un fi e r c lo c h e r portant haut dans le ciel nuancé d' He de - F r anc e une svelte fl èche p yr am i d a l e Par c o nt œ , l ' é d ifice p ar oi s si a l , abordé p ar la Place de l'Egli se, centre du vieux v i l l a g e , s'e p rés e n t e au visiteur sou s un j our m oin s favor able , p a rc e que composé de p l u s i e u r s pa r tie s qui s,emblent avoir beaucoup de m a l à se r a e e o rd e r Le e l oc h e r aux formes a nciennes et de s<tyI.é a pp arem­ ment roman, écraS'e de sa s i l hou e t t e trapue une nef aux Iignes �rès sobres

L

'ÉGLISE

-

'

.

r

-

.

.

,


- - 204 -

et d'une construction relativemen t réce nte , donnant ainsi un e n s emhle fait pour su rprendre .

L E _ C LOC H E R

L'égli s e d ' Athi s -Mons e st surtout remarquable p a l' SIO Jl clocher dont l a d i s position e s t d e s p l u s origina l e s , voire as sez rare , car, contrairemen t à c e qui s e prati que ordinairement, i l s'élèv e dans l ' axe du hlâti ment e t à son chevet , c'e s,t -à-dire qu'il e st placé d'erriè r e et en prolongeme nt du chœu r . II n 'y a point l à néc e ssité i mp é r i eu se d'implantation « com m e po ur .'1o u ten ir le sanc tuaire de ce cô t é-là conltre les ,dange rs de la pente du coteau vers le vallon ,( 1 ) . » Ceci n' est rien moi n s que sùr, d'aulant plus que c ette po sition est d e beaucou p l a plus dan g,ereus'e, en raison de s g l i s s e ments de terrain qui n 'ont c e s sé d e s e mani fester a u cours des siècle s sur les coteaux ct' Athi s , d e Monls et d'Ablon. Ne serait-il pa s p lus j u s te de pens er que 'l' architecte a vou l u profiter, dartls les m eill eures conditions , d'un emplacement qui p'e rmeUait une sur­ veHl ance facil e d'c t ou s les pays , environnant s , en partkulier dc l a vaNée et de ses VerSaJlts, à une époqu e où l ' i n sécurité affectait terriblement n otre région ; le clocher aurait a lors fait office de tou r de guet. II é t ait . en effet; d ' u sage courant de s e r-éfugier d2ns l ' égli se et m ême d e s 'y déf.endre e n cas de danger, parce qu'elle était bien souvent, dan s la paroi:s:s,e , le s eul édi fi ce à l a foi s va ste et solidement �âti au milieu des chaumi ères' ; et pour a ppuyer cette c o n j ecture . i e rappe l l erai que, pen d a n t la Guerre d e Cent Ans. l a t o u r d e l ' é gli s e d'Orl v « servit de défense en 1:160 ,c on tre les cOll r­ ses des A n g1ois , que deu:r cen ts hom m es du pa�ls s ' u tinrent ave c des balis­ ifS et autres m a chin e s de ce tem p.� -là, auan f rempli l'Ié.glise de provisions lJo u r sOllten ir le sièqe . m a is q u' enfin les A nglois en devinren t les maîtres le jour dll Vendredi-Sain t , et y tuèrent en viroll une centain e d'pommes , y . riren t plusie u rs prisonn iers et m iren t le reste en fuite (2,) . » On p eut a u s si suggérer qu'il a été guid é par un so uci d ' e sthéti que. 1 ll1i sque de s générations d e chroni queurs o nt fortem ent mi s l'accent s u r ' e fait q u e , gI1âce à cette position , on pouvait le voir de t r è s loin . s e d res sant fièrement « ml s o u rell de la m on tagne » , a u trement dit à l ' extrêm e li mite de s pentes qui bordent l e fleuve . Quoiqu'il en soit , c es deux suppositions s e complètent à m erveille et abouti s s ent à c eUe concl u s i o n : le reli e f local .est s·eul respo nsable d e cette « a n om ali e II architecturale . Concentron s m a i nten a nt notre attention sur le clocher. I l se compose d'une tour qua d rangulai1re surmontée d'une flèche e n pi'erres' cantonmé e d e clocheton s ; et bie n que , à première v u e , il nous apparai s s e d ' u n e facl ure assez s imple, H présente 'p.o u rtant de s détail s d ' un tirès bon 'stvl e . C' e s t ' l a rai son pour l aqu elle m ê m e les indifférent s aux ,que s tions d e foi s'e doivent d'accorder à c-e vestige d'un loi ntain pas s é la va.l eur d ' u n précieux docu' ment d'Art et d ' Hi s toire.

1.

-

LA TOUR.

La tour, s ' é l evant s u r un plan carré j u s qu'à 1 8 m ètres o(' nviron. C O l11j)rend deu x (;tages d o nt l e s m u r s , en pierr e de tai l l e et m eu li (\r e, on t un mètre d ' épai s s e u r . (l) LEBEUF (Abbé Jean) , Histo ire de l a ville e t d e t o u t l e Féch oz et Letouzey, 1 883, in -8 ° ) : t. IV, p. 41 5'. . (2) Id., Il. 435.

diocè.�e de P({ri�

(Paris,


205 Mal gré cette allure mas sive et l'im pres sion de solidité qui s'en dégage l orsqu 'on J'examine de l'extérieur, les artisans durent néanmoins tenir compte du poids énorme des hautes maçonneries et appareillèœnt les angle s de contreforts' doubles montant j u squ'à la corniche ; ce sont d' aH­ leur s de simples sa illies rectangulaires (a) qui, coupées par cinq glacis, vont s'amenuisant j u squ'à la base du couronnement. Deux énormes, con­ treforts supplémentaire s , aj outé s lors d'une restauration, flanquent irré­ gulièrement la face Sud j u squ'à mi-hauteur. Au rez-de-chau s sée, une seule ouverture en p'ein cintre - c'est-à- dire dont l'arc décrit un demi-cercle - est percée exactement dans l'axe de l'égli se (b) , al ors que sur chacune de s troi s faces du pœmier étage s'ouvre u ne baie, également en plein cintre Cd) , dont l 'extrados' és t bordé p a:r un c ordon d'étoiles à quatre raies, continué sur tout le pourtour ,c e) . Un peu au-de ssu s, un bandeau u ni (f) , porté par des modil lons aux formes géomé­ t riques élémentaires, s 'étire en l igne droite entre les contrefort s et accuse la division enh�e les deux étages . Cet étage supérieur es<l l ui-même pou rvu de ba ies géminées (h ) , à deux retrait s, dont l'archivolte exter,ne s'appuie sur trois colonnes Hsses enga­ gées ; celle du tru me au (i) est plu s trapue qu e le s deux autres (D , p arce qU"elle reçoit la retombée COllllm ur 'e d e s deux baie s'. Quel ques tailloirs sont orn é s de sculptures, entre autre s de cordons qui s'entrel acent (face Nord) , et les chapiteaux présentent en vol utes des feuil' es à peine 'e squ issées, ainsi que des p e,tites têtes humaines fort gros's ières (fac e Oue st) . Ce ' qerni'e r étage renferme ,le beffroi ; aussi e st-il le plu s aj ouré, ca,r, outre l' utilité de d onner libre p a s sage au son des cloches, ces ouvertures o nt l'avantage d'a lléger le s murs qui pèsent l ourdement sur la partie infé­ rieur'e de la con struction (3 ) . La tour ·e st couronnée p.ar une corniche dont l ' a spect est encore celui d'un bandeau uni , sou tenu par des modil lons semblables en tous points r' ux précédents . * **

«

Pénétrons à l'intérieur d e la tour. O n se trouve, a u r'ez-de-chaussé e (k) , comme dans u n e cha1p e lle voû té e fort éclairée ( 1 ) » ; en effet, griâce à son

ébrasement, l'unique fenêtre, qui pa.raît pourtant étroite du dehors, diffuse une abondante lu mière . Cette pièce, mesurant 3 m. 7 0 su r 3 m . 86, communique actu ellement avec le sanctuaire par lm e toute petite porte (4) , pratiquée dans u ne épai s s e muraille (0 m. 95) visiblement édifi ée à une époque récente : un -examen minutieux nou s a permis de constater que cett:e « chapelle » s'ouvrait autrefois trè s lar gement du côté de l' église par u ne arcade de grandeur 'et de form e identi,ques à l' arc-doubleau bri'sé tentlu au mili'eu du chœu r (5) . En retirant quelques morc eaux de p.Jiâtre, On voit di stinctement la hase d es colonnes engagées, ainsi que les chapiteaux d écorant c'ette m agnifique ouverture, malheureusement aveugl ée pour soutenir un clocher en proi'e à des mouve ments inquiétants . L e s mur's d e cette salle, qui servit en der:n.i er lieu de vestiaire �6)i et n'est ,p lus maintenant qu'un lamentable d ébarra s, sont couverts de .graffiti , dont quelques-u ns assez anciens en l'honneur de Saint-Eloi, patron des (3) El l e s étaient au trefoi s muni e s d'abat-vent s . ( 4 ) Cette porte e st maintenue fermé e par un curieux verrou de fabrication ancienne . (5) On l a voit particulièrement bien sur la cop.pe lon:g itudinale du clocher (Pl a n che II) . (6) PINARD (Théodule) , Histoire, A rchéo log ie , Biographie du Can ton de Longjumeau (Par i s , Durand, 1 864, in.8 ° ) , p. 49.


agriculteurs, d de Sa: i nt-Vi n'c ent, patron des v i gnerons . Le 2 2 j anvi'er, ces derniers , compos ant autrefo i s l a m aj or ité de;s habi tant s d e notre village, venaient ,eu x-mêm e s sonner vigoure u s e m ent les cloche s , au moyen des cord e s qu i travers e nt le s ommet d e la voûte p a r Uil'e ouvert uœ drcul aire ( l) m u ni e d ' u n plancher en boi s . ' P l u s i e u r s p l a q ues mortuair e s s'Ont égaleme n:t visible s . L u n e . sœ llée dans l e mur de soutènement; e s t pre s q u e effacée : EN 1 7 7 7 LE 3 MAR S E S T D É C É DÉ M E S S I RÈ GUiLLAU ME MAZADES SEIGN E V R D ATIS AG É DE 68 ANS DE P ROF O NDI S

S ur l a f ace Nord, u n e ,seconde inscription est gravée s ur u n Im arbre noir de 0 m . 80 su r 0 m. :1(}, arrondi au sommiet avec fil et d ' encad rement : D. o. M. CY G l ST MTRE EV STACHE . DE l'AVEROLLES E N S Q N VI VA N T ANCIEN CONER D U HOY AU C H A S TELET ET C O N TR OLEU R DES GAGE.S D E LA C HAMBRE DES C O MPTES J.EQUEL A F O N DÉ A PERPE1:'uIT É QUATRE M E SSES BASSES Q U I SE DIRONT 2. LE JOUR DE S O N DÉ CÈ S E T LES 2 . AUTTRES LE J O U R DE CELUY D É DAME CHARLOTTE B O I S SEAU sON É P O U S E I,EQrTEt E S T p É C É D É L E 2 . .JAN V I E R 1 7 1 4 . A G E 7 5 . A N S

Requiescat in pace

A u -d es s u s d u t e x t e , su r u n cartouche, u n é c u s's on, couronne de comte, p r é s e'11 te pou r armoiri è s : en chef,

s urillonté

de

la

deux étoiles ; en pointe, un croissant d'où m onte une tige de roseau garnie de s�s feuilles et de sa fleur (ou un lis fle uri) ; au-dessous, deux ossements liés en sau toir par des bandelettes, et une tête de mort .couronnée de laurier ( 7 ) .

A côté de l a précédente, u n e autr� in saipU'on , en latin, fai,te sur u n m a rbre bl anc de 0 m . 87 s u r 0 m , G8, f n t érigée par D ame Catherine Tu f­ rd; à la mém oire de son mari, Thibaud de la Brou ss e , Seigneur et Baron d 'Ath i s, Capitai ne-lieute n ant de s Cent Sui s s e s d e la Gar'd e du Cor:p s du Roy, mort â,gé de 78 ans , J e 1 5 s eptembre 1 7 03 et inhumé da n s l e. chœur , près d e !.'aut€ l (8) : HIC I N C H O R O PROP:f- ARA M JACENT ,RELIQU IAE INCLY TI AC POTENT Ù, DOMn i n THEOBALD ! PE: .LA BRO U SSE . EQUITIS, PAGI D E ATIS CA STELLANI, CENT U M H ELVETIORUlI'l QUI CU STOD IAE REGIAE I N C U MBUNT PROPRAEIFECTI, QUI P R OSAPIA ILLU ST iü CLAR U S , H U M I LI TATE C H R I STI AN A CLARIOR ,

( 7 ) GUILHERMY (M. F. d e) , Inscriptidns de la F c e ... anci en diocèse de Paris (Pari s, Impr. uat., 1 89 7, in-fo l .) , t: III, Inscription MGCCaxXXVI, . p . 1 5 1 . L'abréviation D. Q. M . est c,el le des m o t s latin s D e o optima, a i : A D i eu très b em', très grand . (8) Id., Inscr. MCCGOXXxv, p . 1 4 9 . Ce s denx épitaphes se. tro uvaient encore appli­ quées au mur de l a n e f , à gauch.e en entraht, en 1 844 ;. du temps de l'abbé L ebeuf, ell e s étaient ( { attachées. à l a m u raille du chœur " . ,

m x ma

ran


- 207

Planche 1

-

_.

DÉTAILS DU CLOCHER D'ATHIS-MoNS


- 208 D IGNITATIBU S P O I.LENS, OPES PARI TER, ET H O N ORES C O N TEM S I T . REGEM F IDELITATE, AU L A M MODESTIA, S U O S N EC E S S IT U D INE, O M N E S l\t O R U M SUAVn'ATE SIBI DEVIN X I T . V I TAM TAN DEM VI RTUTIB U S O RNATAM" PI ETATE SIN CERA, ORATIONE F REQU ENTI, E X I M IOQUE D E I C U LTU C O M M U N I VI T . S I C PLEN U S D I E R U M OBIIT AN. AETATIS LXXVI I I . X V I I . KALEND. OCTOB. ET REPARkI'AE SAI.U T I S M . D C CI I I . H o a AMORI& E T D OLORIS M O N U MENTUM POSUIT CATARINA TU FFET D U LC I S S I M A ET AMANT I S S I M A CONJU X .

Ledit S eign e ur a donné deux m ille livres faisan t cen t li vres de ' ren te pour les seuls pauvres du Village d'A lis L'abbé L ebeuf me n ti o n ne encore u n e inscription que Pi er r e de Gondy, Evêque d'e Pa r i s de 15().!J à 1 5 9 8, avait ordonné, par u n acte du 2 8 m a i 1 5 97 , d e faif e appo ser dan s l'égIi s1e en souvenir de l ' é ch a nge de 5 qu ar ti ers du ci m e ti è r e cédé s ' au Sei g'neur Pierre Viole , Présid,e nt en l a Cour des Aides, « pour 5 quartiers de prés assis au territoire d'A this, à condition de la tronslation des corps ( 1 ) . » Cette claus'e ne fut e x éc u t é e que le 1 3 novembre 1603, ainsi que le constata un « procès-verbal d'ap­

position de la pierre noire faisant mention de l'Echange de te rra in (I,l­ dessous du cim etière, cédé a u Seigne ur d'A this par le curé d'A this el' cou­ lIen t du Sain t-Victor, ledit Procès-verbal passé devan t De la Ba r re , notaire ri'A this (9) . » Lorsque parut l ' His t oi re du Diocèse de P a ri s c'e s,t-à-dire .e n 1 75 � , on ne l'y voyait déjà p l u s ; elle avait été s an s doute enlevée quel­ "

ques années auparavant, a u moment où l e cimetière p ar oi s s i al fut u ne nouve l l e f ois déplacé 0 0) , selo n l e dé s i r de S.A . S . M a de m oi s e l'le Loui se Anne de Bou rbon-Condé , Dame d�Athis de . 1 743 à 1 7 6 0 . !

'

* **

O n a c c è d e aux comb l e s e t aux cloches par un e s c a l i e r étroit prenant naissance dans l a n gl e Sud-Est d u rez-de-chau s s ée 'e t logé d a n s' une tourelle circulaire dans œuvre en colo mbage ; j,l es't, en vi s , et les 45 mar­ ches, plus ou moins é gales , r e p o s en t sur u n e voûte hél icoïdale en blo­ bandée entre u n noyau ple in e t l a c age c ag e Une section de 2 7 m a r ches , écl airée par une }J'et i t e fe.liêtre don nant sur la pièce que nous q ui t to ns , conduit au premier étage. Celui-ci ren­ ferme ,le méc an i s me de l ' ho r l oge , contenu d a ns tin p l ac a r d appuyé sur la face Sud ; au ss i :la baie cintrée est-eHe av e uglé e de oe c ôt é par un mur e n b r i q ue s En outre, une porte, o u ve r t e sur la f a c e Ouest (m ) , nou s met en communication avec les comb l e s p o u s s i é r e u x a p r è s a v oir. monté quatre degrés . '

,

.

.

:

(9) Note su'r une: ancIenn e croix de cim e tiere à Ath is-Mons (Seine- e l-Oise) (Mont­ courcel, B ellin, 1 902, in-8 ° de 28 pp . sur papier de Hollan'de, 2 héliogravures) , p . 1 1 . n O) L e cimetière était s itué vi s à v i s les bâtiments d e ferme appartenant à la famille Hamel, SUI' le Che-min d'Athis à Mo n s; Il fut tra n s fé ré en 1 7 44 à l 'empl acement du lavoir actuel, au bout de la Rue Etienne-Lebeau.


2 09 Une deuxième section de U�I mal' L h e s , terminée par une courte échell e en bois munie d'un garde-fou , aboutit au beffroi, as s emblage de s olides pièce s de bois de chêne supportant les troi s lourdes cloches . La grosse cloche, mesurant 1 m . 44 de di amètre, décline ainsi son identité : JE ME NOMME HENRI ETTE JULI E J' Al EU P O U R PARRAIN M R JU LES DE CAGNY AVOCAT A LA COUR D'APPEL DE PARIS ET P O li R MARHAINE MME MAGDELEINE CATHERINE .JOSÉP HINE C H O DRON DE COU RCEL NÉE BOU LAY DE LA M E U HTHF. J 'APPARTIEN S AUX HABITANTS D'ATHI S-MONS ET J 'A I ÉTÉ BÉNIT.E PAR M R L'ABBÉ T HEOPHILE J:HEUREUX CUHÉ DOYEN DU CANTON DE LONGJU MEAU EN PRÉSENCE DE MR JOSEPH ANDRÉ DEVAU X C U RÉ DE LA PAROI SSE D 'ATH I S-MONS THOMAS BEAU NÉE ANCIEN C U RÉ V AIJENTIN CHODRON DE COU R CE L MAIRE HERCULE D U H U Y H I PPOLYTE VASSEUR ETIENNE HAMEL NICOLAS BELLlARD E M ILE LOU VET ET PAU L HED IARD MEMBHES DU CONSEIL DE FABRIQU E D'ATHIS-MONS ANNO DO M I N I 1 8 7 7

CHAMBON PÈRE FONDEU R A MONTAHGIS ( LOIRET ) JE PÈSE 1 7() O K.

su r

La moyenne , d'un diamètre de 1 m . 24, nous rens-eig ne en ces t'e rmes son état civil

JE ME N O MME AMABI"E VALENTINE J 'A I EU POUR PARRAIN M n VALENTIN DE COURCEL MAI RE D'AT H IS-MONS ET POUR MARRAINE MME AMAB,LE DELAUNAY VVE LAF O SSE J 'APPAHTI EN S AU X HABITANTS D 'ATH I S -M O N S ET J' AI ÉTÉ BÉNITE PAR M B L'ABBÉ T H.É O PHILE L'HEUREV X CURÉ DOYEN DE' LONGJU MEAU EN PRÉSENCE DE MR .J O SEPH ANDRÉ DEVAUX CURÉ DE LA PARO I SSE D'ATHI S-MONS T H O MAS BEAVN":: E ANCIE N CURÉ VALENTIN BAHON PRÉSI DENT DU CONSEIL DE FABRIQU E EMILE I, O U VET SEC RÉTAI RE PA ll L HEDIARD TRÉSORIEH ETIENNE HAMEL ET H IPPOLYTE VASSEeH MEMBHES DU CONSEIL DE FABRIQUE DE L'ÉGLI SE D'ATHI S-MONS ANNO DOMINI 1 8 7 9 CHAMRON PÈRE FONDEUR A MONTAR GIS ( L O I RET) .TE PÈSE 1 0 70 K .

La petit e cloche mesu re 1 m . ,24 et pè s e 5 50 .kilogs,. Le s nou s y Hsons s'l'mb lerai ent indi q u e r une origine italienne :

noms

que

ANNO M. D . C. C . GTORGIU S MAZZOC H U S FECIT M . R. M . D . MARIA FELI CE CONn A . B. B.

de

L'abbé de Guilhermy rapporte, dans son ouvrage sur les Inscriptions la Fran ce, que l a gros se c l oche étai t , e n son temp s , cel l e de la paroi s'se de D ruye s , bourg du département de l 'Yonne, dans l'arrondissement

d'Auxerre. Nous ignoron s par que lle circonstance elle est venue en la pos ­ s e s s i o n de l'église d' Athis-Mons et à quelle date e H e a di �paru ; eUe a sans


21 0 -

d ou te ét é dépla cée et inise en ve nt,e à l ' époqu d� la spoliation d e s égli s es, e pend ant la Révo lution ( 11 ) .

Il.

-

LA FLECH E.

' La tou r est couronné'e q'une fl èche octogonal e d e 1 7 mètre s environ co � plètem ent construit e e n pie rres ; et, avec de La sf eyri e , « ['on ne sau � .

c! e.� architectes gui osèren t exécuter en pierre . des constr'nc tzons d'une parez ll e hardiesse « 1 2) . »

raz t trop adm zrer la science

L e u r mérite était d'au ta nt piu s grand que, l e s' c.l ochers étant con s­ truifs su r p l a n ca'r ré, pour l es surmont er d'une flèche o ctogo n e repo sa nt d irectem ent sur l a tour, il faUait i m a giner un artifice facilitant le p a s sage d 'un ,pl a n à l ' a u tr e . Pour cela , il s e Uf'C nt recours à J' emp loi de « trompes ') (n) , p etite s voûtes j etée s da n s le s quatr,e angl e s du carré à couvrir et q u i s ervent à p orter chacune u n p etit mur permettant d e le rachet er, c'es t-à­ dir,e d,e le t ran s,7orm er en octogone grâ c e aux quatr e pan s coupés ainsi ' ' , obten u s . Les t ro mpe s du clocher d'Athis s ont coni ques, formée s par u n e combi­ nai s o n d ' arc s ' paral'l è l e s qu i von t en se r étréc i s sant à meiS u re :qu ' i l s Is ' en­ fo nc'ent d a n s l ' a n gle d e deux de s m u r s de la tour ; eUes s'Ont e n outr,e à j oints continu s . Mai s c e s e u l proc é d é d e con stru ction pré s,ent ait un inconvénient e n c e sens que }e s trompes m an quaient d e s olidit é , puisqu,e le sommet du ,cJ,b ­ cher n'est co ntr'e -buté par rien du t o u t ; et p l u s i l e s t é l evé , pl u s, sa fl èche est p e s �'l1ite -et pl u s le s tro m p e s qui l a portent s o nt exposées à d e s, m o u ve­ m e n t s danger e u x . Au s s i comprit-on q u e , p o u r as s urer l'équilibre d e cett e haute mass'e de pierre, il fallait ch arger extél,"Ïeure!p.e �t le s trompes' de façon à ,e mpê­ cher tout gli s s,ement d e s matériaux qui la composent . D ' où l a c.onstruc­ tion, à l a nai s sanr e d e la flèch e , d e m as s i f s d e pi erre , les « c.loche'to n s » (0) , qui pè s'e nt de t o u t l e u r p o ids s u r l e s reins de s trompe s' a fi n d ' en a s s u ­ rer l a , stabilité et l a r é si stance à 'l a p e sée ohl i q u e d e l a fl è c h e Hmdan,t à l e s dévers er. Il faut , pourtan t re m arquer que ce type d.e flèche , à p:ans d'une assez grande inc l inaison , a l" avantage d e n ' exercer sur l e s m u r s de l a tour qu'une p e s'é e se n siblement r approché e d e ,la verticale . Les quatre clochetons dfect.ent ici l a for m e , extrêmement s i mple et ' fréquente d ans l'Ile-de-France , d ' un e pyramide à troi s face s , d ont deux des , b as;es couvrent, direct ement et exactement l e s angles d e la tour ; et, s i leu r néc'e s sité ,e st manifes te pou r l e s raisons que nous' v,e nons d ' expos er, i l s o nt encore l ' avantag e de cacher l e s trompes p ar l" adjonctio n d ' u n m otif orne mental q u e l e s arc hi t ectes de J ' ép o q u e gothi q u e sauront t r a n s ­ form e r e n un é �� m e n t décoratif d ' u ne r are éléganc e (1 3) . I l convient a u s s i d'apprécier J'habilet é -c on sommée d es artisans' qui su rent t a i ll er l e s p ierres avec une préci sion t,eU e qu'elles convergent ve r s ( 1 1 ) GUiLHERMY, op. c it., t . III, MCCCCXXXVII, 1 5 2 ; 'L'inscription do n t élIe était revêtue portait l es noms de p l u sieurs p erso nnag s de> l'illu stre maison de Damas : IAP PARTIEN

IOYES'

e

E A UX HABITA N S DE D R VYE FAITE A - LEvas �'RAI S ET A LA D I LIGEN CE DE Mrs E R RARD - ll HLA N D BAPTISTE BQBI N ' S I N D I C FISCAL JEAN - P RQcr D I T L I E V gSTl E N N E D E S IVGE D U P E R P ETVEr� D E

LA

Dt.

ELEQN Q R - PALATIN

C Her

P A R ' · QVI DE

QN T , P RIS

M A R QVI S

A R M E E S DV R Q Y - E T MESTRE, DE RAINE

DAME

M A RlE

-

PQVR

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HAVT ET P VISSANT ET - AVTRES LIEVX

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CAM P D E LA VAVX VEVVE DE , HAVT DES - GHor M A R Qvrs DANLE,ZI VICO M TE D E

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GNAL DES

CAVALEHIE LEGERE - DE FRA N CE ET PQVR MAR­ ET

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pV I SSA N T

SEm'

M E S)'''

DV'*' REHI MEN'I' -,- DE CAVALE RI E FAlOTE EN LANNEE 1 7 1 1 - GASPARD LAD VQQA'l'. C (1 2) LASTE,YRIE (R.-Ch. de) , L'arch i tecture religieuse en France à l'ép oqu e roman e , ses origines, son dé velo.ppement (Paris, Picard, 1 9 1 2 , in-8�) , pp . 394 et 395 . ( 1 3) Un b e l exemple régional est l e cl ocher de l'égl i se Notre-Dam e d'Etampes, èncore appe l é Notre-D ame d u Fort , dont le s élégant s clochetons sont à trois étages. N I COLAS FRANCOIS ' AM P M E STRE DE

e>

DAMAS

DRVYE

ET

-

AVTRES

LIE,VX


- 21 1

Planche

II

-

FACE NORD ET COl1PE LONGITUD INALE DU CLO C HEJ\


- 21 2 -

le centre de l'octogone ; elle s donnent ainsi dif,fidlement prise aux pous­ sées qui peuven t venir d e l'ext érieur. Les arêtes de la flèch e sou,t r'ecouvertes d'une grosse moulure arron­ die - un boudin -, et, sur les huit pans , depuis la bas e j usqu'aux deux­ tiers, certaines assises sont ornées de bandes d'imbrications, d'un faible, relief et diri gées la pointe en bas ; eUes sont en majorité triangulaires, mais cèdent la place v'e rs le haut à de!> dessins semi-circulaires. Le rp are� ment de s clochetons est éga lement imbriqué. Chacune des quatre faces' paralJèles à cdl es d e l!a tour présente une longue ouverture (p) qui a pour but d'aHéger le poids d'e ,l'en�emble e t e s t calculée de manière à se marier avec les dochetons d'angle ; assez semb l abJ.e à nos mansardes, eU e est accostée de deux petite s colonne s et portait , avant une malencontreuse restauration, un fronton triangulaire ' , formé de trois pierre s, plates et à tympan vide . Le sommet d e l a fl èche 'e st lui-même terminé par une boule d'amor tissement qui rempl ace, d epuis 1 9 0 1 , la croix , de fer sur ïaqueHe !un coq en cuivre rouge, maintenant s ur la nef, pirouettait au gré des vents .

LA N E F LE CH ΠU R LA PI E RRE TO M BALE

Une regrettable recon struction de l a nef, réa lisée a u milieu du XVIII " siècle, a presqu e complètement défiguré ceUe partie de >l'église, parce que les architectes de l'époque, pre s s'és de l'habi l ler a u goût du jour, ne conservèrent pour ainsi dire rien de la construction originelle, h èIas inconnüe, substitu ant très certainement à , l'ornementation romane un décor , d'une simplicité excessive, auslSi bien' à l'et.tériieur qu'à l'intérieur . A l'occident s'ouvre un portail tracé en arc brisé, do n t les pi édroits sont agrémentés d'une col on nette engagée, surmontée d'un chapiteau à feuilles stylisées ; le cavet de ,J ' archivolte est , par contre, dans un état effarant d e dégradation. La porte, dont le tympan est fermé pair un pan­ ' neau eu bois" est précéd ée d'un petit porche faisant légèrement saillie d sur la façade et se raccor aIit avec elle, dans sa partie supérieure, par un glacis recouvert de tuiles ; ce porche es,t lui-même soutenu p,ar deux contrefort s. Le Ipi,gnon e st i nsi gnifiant ; le sommet en est terminé par u.ne croix en pierre et les rampants sont à liltière avec crête boudinée. La façade, épaulée latérallement d,e deux épe'l' ons, est percée, sous� ,la croix, d'un trilobe qui dispense une faihle clarté à l'intérieur des combles et sous lequel es,t tpla,cée l" horloge ; de pa.rt et d'autre du porche, deux baies elll pletnl cintre éclairent la tribune des orgues. * **

l a i re "

La porte franchie, on. s e trouve dans , une grande sa H e quadrangu­ carrel ée, boisée et plafonnée, dont la disposition conviendrait plus à u n prêche qu'à une égliSle catholique ; eEe ne prés,e nte , en eff et, aUCUUt particularité e t se fait - mêm e rem!wquer par une véritable indigence architecturale, soul igné e p a r la pauvreté du mobilier. L e s murs sont recouverts de lambris en bois sceBés, dont la mono­ tonie est rompue par u n ensembl e de tableaux de peu de valeur . Eu entra n t dans l a nef et commençant par l'e côté gauche (côté de l'EvangHe) , on voit sucees sivement ' :

1 . -'- Saint (;crmain , évêque de P aris, revêtu de Sles habits sacerdo­ taux. I l e st assis et s ' appuie à un e tabl � sur laquel'le se trouve un livre


- 213

o u vert . On ne di s ti ng ue aucune marque ou s ignature et il en e s t ainsi pour t o u s l es tableaux qui vont suivre . Hauteur : 1 m . 20 - largeur : 1 m èt r e . 2 . - Une A,d ora tion des Bergers ( 1 m . 20 x 1 m,. 2 0) . 3,. - Sain t A n toine e n p r i è re S' dans l e d é sert .( 1 m . 2,0 x 1 m . ) . 4 . - Sain t Jean R(1ptis � e dans k dé'lert . Il e s t seul et 'us,si s 1surf' �n petit monticule recouvert d'herhe s ; à ses pieds so n t cou ch ée sr 'que lqu e s brebis ( 1 m . 2' 0 x 1 m . ) . 5 . - Sain t A ug us tin dans son oratoire. I l est assis à u n e table 'et écrit (1 m . 20 x 1 m . ) . Sur l e cô t é droit (côté de l ' EpUre ) , on d i s ti ngu e : 1 . -- Saint Jé rom e dan s s o n ora toir'e . Le Saint e st en méditation devant un livre ouvert (1 m. 2 0 x 1 m . ) . 2 . - U ne Cène ( 1 m . 2 0 x 1 m . 2 0 ) . 3 . - David vain q u e u r de Go liath ( 1 m . 20 x 1 m . ) . 4. - Salomé, tille ,d'Hérodiade, por t a n t sur un plat la tête de Saiilllt­ Jean-Baptiste ( 1 m . 2 0 x 1 m.) . 5 . - Saint Jérôme, d a n s le désert (1 m . 2 0 x 1 m . ) . Terminant c e côté . et en retou r est une V is ita tion , c'est-à-dire la re p rése nt ation d è l a v i s it e que l a S a inte Vi e r g e , enceint'e · de J é sus , fit à s� cou si ne Sainte Eli s abeth, enceint e de Saint Jean Bapti st e .( 1 m . 50 x 1 m . 2 0.) ; à gauche , su r le même plan, est une Prlésentation dei l'e n tant Jésus au Temple , d'égale gra n d e ur ( 4 ) . . ' Au-dessus de ,la p or t e d'entrée, on a c ons ervé une devantu re de tribune en bois qui semble dater des p re m ières années du xv· slÏècle et p r és eI\te d ix-huit panneaux, s é p a r é s' l'e s u n s des au t r e s par de s colon­ nettes t o r s a d é e s , slurmontée s de dragons, de chimère s , de si n g es et a utre.s motifs . CeUe pi è c e de mel!ui sel'Ï'e a!lcienne est ins,crite , depu i s Ile 3 0 s eptembre 1 9 1 1 , sur la liste des Monumcnts Hi stori q ues . Sur la face Su d, co nt re. l aqu e l l e s ' appu i ,e une chaire en boi s , s'ou­ went c i n q grandes b a i e s e n plei n cintre, m u nie s de verrière s mo dernes, p;us ou moin s endommagées- par l e s b o m bardements d e la d er ni è r e gu erre et représe n tant notamment Notre-Dame de Lourde s, l e Sacré­ Cœu r , la Sai nt e Famille et Saint e Thérè s'e . Le s qu atre-vingt-deux b a n c s en forme d e staUes, av'e c prie-Dieu, d i sp osés autrefoi s d ans l a nef, ont ét é remplacés dep uis q u e lqu e s a n nées, à l'exception de c eux pl acé � contr'e le s murs latéraux, pal' d e s r h a i s e s et des pr i e-Dieu e mp a illé s , * **

Sur l a face Nord , cinq arceaux de mêmes dimensions donnent accès d a n s quatre chapelles, éclairées p a r des fenêtres carrées ou en p l ei n cintre ; elles possèdent toutes un autel et · leu r plafond est moins élevé que celui de la ne f, ce qu i a permis de p,e rcer, au-des sus de chaque �U'c� de , de p etites baies en pl'e i n cintre, décorées de vitraux colorié s u': e c i ns cr i p ti o n s -et d e stinées à a ccroître l'intensité de l'éclairage dans . e blàtiment p ri n cipa l . En part:1nt du chœur, la p rem i èr e chap'e ll e, dite « Chapelle Se i gneu ­ riale » , 2st f e r m é e p a r deu x porteS' vi t ré e s et appart ie nt a u Collège {14) En 1 904, on voyait encore au-d e s sus du banc d',œuvre un Chris t en croix, remplacé de nos j ours par un Christ en' croix' en carton pâte, plus grand que n ature . On a également retiré l'Adoration d�s Bergers qui s e trouvait j uste en face .


214 secondaire libre Saint-Chairl e s , actu e'I' d' Athi s . EUe n 'es t point utilis é e pour débarras . Dan s un coin , s c dres se un Chodron d e Courcel, ancien chrâtel a i n,

propriétaire d e l'anci en D o m aine l'e cuIte et s ert provi soiremenit d e bU'ste métallique de M. Alph on se sur le socle duquel on l it :

S O N C O R P S REPOSE D A N S LE TERROIR DE CETTE PARO I S SE PRIEZ P O U R S O N AME SUSTIlfUIT ET SPERA VI T

La s,e conde chap elle est c'est, en fait, l a « Chape:I e qu ' u n t able a u représente en o m . 80) . Ell e fut dédiée, à

dédiée à Saint An t o i n e et Sainte Thérè se ; de Sainte-Ge'D<cviève n , p atronne de Pari s , prière s a u milieu d e s e s moutons ( 1 m . x l'origine, « sous l'in vocation du Saint Nom de Jésus e t de Sain te A gnès n et s ervait, avant la Révolution, d'oratoire privé aux S eigneurs du Fief d e Chaiges . Elle renferme l'e confe s sionna l .

L' INTÉRIEUR DE L'EGLISE E N 1 9 05 .

. La troi sième est la « Chapelle de la Vierge )i , dédiée maintenant à l a Sainte Vierge et à Sai,rAe Anne . L' abbé F . Laurent, Curé d'Athis-Mons, a entrepris récemment la réfection total e de t es deux pièc,e s . . La dernière e st la « Chapelle des Fonis n , dont la cUVe bapti smale ' e n m arbre gri s 'e st m oderne. . . ' A la suite de c e s quat re chapelles , on acce d e . p a r u n e porte ordl­ m..ire , dan s l a « Grande Sacrist ie n ; bien qu'elle soit s pacieuse et garnie d e confortables placard s en chêne, aux curieux tiroirs ,s emi-circu l aire s , eU e n e pouvait servir, en raison d'une humidité persi s tante q u i la hans­ formait en véritable .champi gnonnière. M . l 'abbé Laurent vient a u ssi de l'a faire restaure,r . * **

Fill t re l a nef c t l e ,c lo cher s e trouve ,le chœur, c' e s t-à-dire l e Heu où c h a nt e l ' o ffice. I l Est m o i n s large qu e la n d ; mai s son lintérêt est J::, ;: a u co u p p l u s grand , parce q u e no u s sommes encore en présen c e d'une pu-ti e d e J ' a n c i e n n e é gl i s e . l'on


- 2 15

Le plafond voûté , de moindre hauteur , a malheureus ement été rt',couvert de multiple s 'e ndu its ; il est soutenu par un beI arc-doubleau br i sé, reposant sur deux fortes colonnes enga gées, accostées chacune de deux colonn ettes . Le s c hapite a u x , a s s ez frustes, caractéris,ent bien l e travail d e s artistes d u XII" siècl e : il s sont du type co-rinthien, à feuilles l i.S'sle s et non refen d u e s . I l semble 'que ce s colonnes aient l.égèrement p l oyé sous le poids de. la voûte ; mai s o n ne peut l ' ob server ex·....ctement, du fait que le s murs sont complèt'ement recouverts d e l ambri s en bois . Le maître-autel , en bois scu lpté et peint , e st rej eté tout au fon d du s a nctu aire, presque contre l a tour ; il était placé , auparavant, à l'a hau­ teur d e la chapelle s e i gneuriale, . pour des raiso ns que nou s expliquerons plus loin . Le t ableau s'e rvant de l'étable est u n e A s cension, d'auteur i nconnu ( 2 m . x 1 m. 20) ; ' il e st cintré et scellé dans ,l e mur d e soutènement s éparant le chœur de. la base de la tour . D an s la prem i ère travée, à dr 9 ite , u ne porte met en communication avec la « Petite Sacri stie » , également trè s anci en ne ; et c'est j u ste en fac e que le S eigneur avait son « ba n c accoutumé ») d'où, ava nt 1 7 49 , il pouvait suivre la m es s e . Il faut enfin mentionnier d i x stalles, réparties p a r moitié sur chaque côté de la deuxième travée du chœu r, et l e s ·q ua lre petites baie s en p leiu ' cintre qui ,lais sent fil trer sur .. le tout un jour mystérieux.

Du temps de l'a:bbé Leheuf, on voyait encore dan s l'a nef, sur la sépulture de Jean d ' Athi s , m aîtr e è s art s, p ourvu d ' un bénéfke dans1 le àiocèse d e Laon, u ne splendide pie!'l'e tombale « .d e la forme de c e lle s

du XIIIe s,i è c l e

( 1 ) . ,, ' CeUe d alle, d o nt le t rait j ad i s vigoure u x est maintenant bie n altéré,

a été sciée en deux dan s sa l ongueu r . � peut-être au moment de la R évo­ lution -- et emp l oyée à l a confection d'une marche à l 'entré e d es cha� p elle s de s Fonts Baptî smaux et de la Vlerg.� . On pourrait encore la r e c o nsti tu e r , au moins . par l e d e s s i n, à l 'exception toutefoi s de l ' épita­ phe qui a pre s qUe entièrement disp aru avec la bordure où elle était i n s crit e . Mais il est grand temps de prendre certaine s précautions élé­ m entaires; car, par endroit s , la pierr e a été profondém ent u sée par l e s al,l é e s et venu e s des' fidèles. Le défunt y est r eprésenté s o u s un arc trilobé orné d e fleurs de lis ; il est en co s,tume de diacre, porte la tunique et le m anipule, et tient de s deux mains sur sa poitrine un I�vre fermé. L'inscription, gravée autour du prêtre en lettre s capital e s gothiques, était Ül suivante : H I C JACET MAGISTER JOHES DE ATHE I I S M A G I STEH IN ARTI B U S , QU O N D A M E C C LES IAE DE

. En examinant- l e S' : vie(üC rëgisltres- �tat civil -{le - la P aroisse, o n esl surpri s de constat'e r · lé nOmb r e con s idéi' àbl e d e p ersonne s , d e tou s âges et de toutes q u al it é s ) q u i ;Qi�C _é té>' e nten'êe « dans ['Ié 'glise » au co urs des . s . siècles- ( 1 5 ) . Voici quel ques éhiIf î� e s -: VAUPT ... ESIS LAUD . . . QU I o m I T ANNO . . . T lf O M A E MARTY R I S .

7 9 du 2 2 s'ept emhre 1662 au 2 d é c e mbre 15 9 1 ; 2 0 d u 1 5 s'e ptelJ1bre 1 7 18 a u 6 s eptembrc 1 7 28 ; (1 5) A rch . dép . de S,-e t-O., Etat-Civi l . L'abbé Lebeuf fait rem arquer (t. IV, p. 448) : (( A v an t q u e l'on en fû t ve�u li in h llmer les s im p les bO llrg e o is Oll llU b ifa'n s dans les é(J lises, c'é toit par ün e dis tin ct ion particlllière q ll e q ll elqll es -u'n s l'éto ien t sous le por­ tz q ll e . I l


- 2 16 7 du 28 févTier 1 7 3 1 au 24 avril 1 7 3 7 ; 8 du 1,er août 1 7 5 0' an 6 j anvier 1 7 56.

La situation de la sépulture e st rarement indi-q uée et In o n s n' avons trouvé qu e quatre emplacements p réci s :

1° Le Révérend p è re Duchemin, prêtre de l'Oratoire de P aris, fut ens eveli , le 2 3 septembr e 1 689, « sous le banc de M. Hamelin Sei­ , proche le chœ u r » gneu r du Fief de Chaige s 2 ° - Le Seigneur et Baron ct' Athis, Thibau d d e la Brous s e , décédé l e 15 s'e ptembre 1 7 0 3 , fut e nterré « dans le chœur près de l'autel. » Antoine Ménager, vigneron à Athi s , âgé de 34 an.s, fut inhumé 3° le 12 j anvier 1 7 2 7 « dans la nef. j) Enfin , le corps de Michèll e Coutan , épou s e de Charles Hédiart, 4° vigneron à Athi s , fut placé le 9 ma i 1 7 2 7 « pr o ch e le s fonts. » -

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Comment s e pratiquai ent - ces inhumations -et que sont devenu s tous ces corps' '! Soulevait-on le ,daIlage afin d ' y creuser chaqu e fois une 'nKmveHe tombe ou hieu les cercueH:s étaiemt-ils: déposés da n s cer,t ai n s càv'e aux, . édifi é s depui s t rès l.o ngtemps, puis ret i rés pour l ais sler l a pla ce aux n.o uveaux venu s ? On peut à ce s ujet se demande'r s'il n' existait pas, sous l'église, une crypte où tous ce s p,ersonnages r epos'Cnt encore en paix ; ,et 'q uand on conn aît l'am pleur des s o uterrain s pratiqués dans le sou s-s.o l caI.caire de notre village, une telle idée n'a rien d'absurde . N'y a-t-il point, sous l e corps de bâtimen t principal de l'ancien prieuré , de très vieHl e s c aves à double étage ? P a r aill eurs, il suffit de frapper sur }e carr elage de la deuxi ème travée du chœur pou r se rendre compte combien cet e ndroit « sonn e l e creux . » Où s'e tait donc- située l'entrée de ceUe crypte ? Quand on regarde attentivement l'exté rieur du monument, p l u s préc i s ément la face Ouest d e la petite sacristie, o n y voit avec étonn ement, pres que au ras d u s ol , la trace très neHe, en arc bri s é , du sommet d'une arcature aveu glée a u moyen de pierres m eulières d o n t l a couleur e st d i ffére n te de celles du res'Ï-e de l a con struct ion. San s aucun doute po s sible, une porte était ouverte à cet endroit qu e l'on franchis s ait après avoir descendu qu e;l­ ques marches d'escalier et ,qui condu i sait peut-être à la cry pt e présu­ m ée . Il y a là toute u ne campa gne de fou il l e s à entreprendre, tant à :l' intérieur -q u' à ,J ' extérieur de .l'égli s e , qui, certainement, élargirai ent le champ de nos connai s s a nces sur l'hi s,t oire religieus e de la Commune et n o u s permettraient en tout ca s de répondre rapidement à toutés' l e s que stions posées.

RECO N ST R U CTI O N S E T R E STA U RATIO N S L'égli se d'Athis-Mons u s ubi j usqu'à nos j ours d e nombreu ses répa­ r ation s, consolidations et re staur ations , aHant même j u slqu'à la réédifi­ ,c ation compl ète . Nou s ferons griâc e au lecteur de l ' énumération fasti­ dieuse des retou che s de dét ail pour ne reten.i r que l'-e xa men des grand s travaux. En 1 4 6 7 , lors de la visite faite par l'Archi d iacre de Jo s a s , chef de l a subdivi s i o n ecclésias,tiqu e d u même nom, dont dépen d it l'égli s e pri o ­ l'a l e et p a r o i s si a le d'Athis j u squ'à la Révolution, le Vicaire du prélat ,


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Jean Mouchard, a consigné da ns son registre que « l'église est e n bon était et bien entreten ue ( 16 ) . » Néanmoins, ell e ne rest e pas dans cet état satisfaisant, puisq ue , en 1 5 95 , à propos d'un échange des terrains du cimetière avec le Seigneur Pierre Viole, le Lieutenant au Bailliage, maître FrançO'is Duchemin, explique aux habitants qu'il serait avantageux de céder, sous certaines conditions, une partie de ,Jeur cimetière, « duquel lieu ils pouv a ien t tirer proffict assez pour garantir leur église des ruynes qui [a menassent . et du prix l'en faire r'Qcoustrer ( 1 7) . » M ais 'ces brèves indicaUons ne suffisent p'Oint à cO'mbler - et de beaucO'up - les énO'rmes 'lacunes i mputables au manque ou tO'ut sim p l e­ ment à la non d écO'uverte de documents ; et ce n'est qu'à partir du milieu du X VI I I e siècle q u e l" on peut suivre, d'une façon cO'n stante et avec ass'ez de précision, les divers es mO'difications apportées au mon ument . 1.

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LA RECONSTRUCTION DE LA NEF

( 1 748- 1 749 )

La transformatiO'n la plus importante fut eff'e ctuée s'Ou s l e pri'O'rat de NkO'las Flr ançois Huet, au cours des années 1 74 8 et 1 7 49, et eut p'O ur O'bjet la reconstructiO' n pres'q ue t'O tale de la nef. Il est certain que , pO'ur arriver à prendre une tell e déci sion, il faMait que l'édific'e fôt d ans un état de dégradation i ndescriptible. ' Mai s ceHe enil·epri se nou s p rive à j amais d/:' savoir comment se présentai t l'ancienne égli:s e, avant cette date ! E,t nous n'avons pu relever le moindre indice qui puisse nous éclairer sur l 'allure générale du bâti­ m�nt. C'est à tO'rt que l'abbé d'e GuiIhermy ass'ure, dans u ne étude m anuscrite, que « depuis la description qu'en a fa:Ue l'abbé Lebeut" elle a changé presqu e complè tement de face ( 1 8) . » Car, comme il est prO'uv�, d'une part que la n'O uveHe nef fut achevée en 1 749, d'autre part ,q ue l'e célèbre ouvrage de l'abbé Lebeuf parut en 1 75 7 , il e n résulte qu e cette narrati'O n concerne l'églis e ,que nous vO'yons actuellement. D'aiIleurs , ce grand érudit ne nO'us le dit-il pa:s l ui-m ê me : . « L'édifice es t oblong et sans ailes, le sanctuaire est du XIIIe s iècle; le 'reste e st plus nouveau, excepté la four qui est placée derrière le sanctuaire ( 1 9 ) » ? Même pour un œil peu exercé en a rchitedure, il apparaît tO'ut de suite qu'il exis,te une réeHe dis'proportion, un déséquHibre manifeste entr e les diffé rente s parties de l'égli:se , c e qui a fait dire à l'abbé Guyot, un peu avant la R évolution : « L'église paroissiale d'Athis, dont la tour est fort haute et très ancienne, n'est pas élevée à proportion, mais bien décorée (20) . » Ces travaux, entièrement exécutés aux frais de l'Abbaye de Saint­ Victor, e urent l ieu à l'épO'que où, de son côté, Mademoiselle de Charolais déplO'yait une activité débO'rdante à agrandir et embellir le Domaine qu'elle avait acquis depuis peu . La Dame d'Athis-sur-Orge a-t-elle u sè de sa haute pO'iitio n et de s'O n influence pour prO'voquer cette r-ec'O nstruc­ li on O'u lui i mpO'ser le style du temp s ? On peut répondre sans crain � e par l'affirmative, en sO'ngeant aux pourpaorler s qui furent alors engages ave!c le P.r ieuré Saint-Denis, s oit pour échanger des terrains, sO'it p'Our obtenir l'autO'risati'O n d'édifier une chapelle privée . Tou.i ours �s't -il que la nef fut inaugurée le 25 mai 1 749, selO'n Je témoignage du PrO'cès-verbal rédigé pour commémorer cet évé nement si (1 6) p. 2 8 2 : (1 7) ( 1 8) ( 1 9) (20)

ALLIOT (Abbé J . M .) , Visites arch idiaconales de Josas (Pari s, Picart, 1 902, in'- 8 ° ) , ecclesia I}st i n bon o s tatu et in bona reparatione . Note sur u n e croix. . . , p. 20. Bibl. nat., m s . fr. n. a . 6 1 1 2, page 7 6 . LEBEUF, op. cil., IV, pp. 4 1 4 et 4 1 5 . Bulletil]. d e l a Société Histo�iq u e . . . de Corb eil, 1 9 1 0, p. 1 1 4 .


-. 2 1 8 important : « L'an de N.-S. J.-C. 1 749, le vingt cin q uiè m e jou r de may, jour e t fes te de la pen te.c os te, en con s é q u ence de la permissi�n il nous lI ccol'dée par Monseign e llr l'arch e v e s q ll e de Paris, en datte du vmgt e t un may 1 749, sign é e Chris toph le, A rchevê q u e de Paris, e t plu s bas pair Monseigne ur D elatonche, laqu elle nOlis nomme e t com m e t il l'effe t de faire la bénédic tion de la n o u v e lle églis e, conformém en t au rz tll e l du diocèse, c t de dresser procès.,verba l de la dit e b én édiction pOlI r . ledit procès-verbal ê tl'e déposé dan.� le secrétaria t de l'A rch e v esché de Paris , NOll s , soussign1é, priellr curé d'A thys-s ur-Orge , ( wons procédé il [a. S IlS ­ diie bén édic tion , assis té d e Messir e Théodore,. prestre vicaire d'A thys e t en préSence de Etienn e Jo ueUe, ma ître d'écolle, de Jean Notta, receveur du dixièm e , de .le an D e lano u e Michel LoinéJ m e n ll is ier, de Charles COll­ tan, té m oiÏns ct de plu sieurs a u tres tan t d'A thys q u e de lM ons, . tous de c e tte paroisse . . . ( 1 5 ) . » C'es·t prob a b l e m e nt à ee m o ment -q u'on éleva au s s i l e m u r d e ren ­ forc ement, au f o n d d u s anctuaire ; u n e inscription, gravée d a·n!s l e p'}à�re avec u n i n strume nt d e fortu n e , e n 1 7 76, l e l a i s s e tout au m o i n s s u p ­ po ser : EN 1 7 75 + LE + 27 + xbr-e EST DÉCÉDÉ DE ; . . . . . P IE R R E GUFFLET

D an s son His toire du Danton de LongJu m eau, T h é o d u l e P i n a rd a écrit, sans en i ndi quer l a so urce : « La nef a certain em en t été ré édifiée v ers la fin d u XVIIe siècle. Il n o u s para it difficile d'adm e ttre q u e l'ha1b ile Ph ilippe D elorme en ait été l'architecte (6 ) . » .En c e l a nou s' s o m m e s tout à fait d ' accord avec c e t r,üteur, car Phi,lii bert Delorme , qui é leva l ès Tuileries et l e r emar q u ahl e chlâteau d ' Anet, e st mort en 1 5 7 0 ; ce s era it , par ai1l eu r s , faire i nj u re à ce gran d a rchitecte françai s q u e de l u i attri­ buer u n ouvrage qui, à r: ot re avi s , es t ' tota l e ment dépourvu d ' i n t é r ê t .

Il.

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LA CONSTRUCTION D E LA CHAPELLE S E I G N E U � R IALE

( ve rs

1 749 ) .

En mêm e t e mps que l a nef , ' fut construite la « chap ell e . s'eigneu­ l' i al e )) , qui offre la particularîté d'ê tre absol u m en t i ndépendant e de l'égli s e quoique fai s a nt corps avec eHe ' pour ne former appa r e m m e n t qu'u n seu l et mêm e t o u t . Elle sert , en effet , d'or atoire privé :1U X h.a bi­ tant s d u chlâte a u , d o n t e l l e e s t la propriété ; et c'e tt e sit uation , qui n e fut pas s a n s provo q u e r d e graves c o nflits avec l a Comm u n e , vient u niqu e­ me nt d u fait que S . A . S . M'He d e Charol ai s l ' é d Hia de s es propre s d e nier s , e n 1 748- 1 749, s ur u n t errain lui appartenant 'Pour l' avoir acqu i s par échange d e l ' Abbaye de Saint-Victor (21 ) . • Le s Chanoines R é guli e r s n ' avaient en réalité cédé à la Pri n ee s se, en la prélevant sur u n petit j ardin> dépendant d u Prieu ré et s i t u é n u Nord « a ttenan tes lad. de l' égE s e , q u ' u ne porti on de deux tois es (7 m 2 60) église derrière le banc s eign eurial, au droit .du vitra u . pO lll' y c o n s trll i["{� lln e cHapelle 0/1 tribun e adossée il u,n e crois1ée du chœllr . . . , avec des Oll vertures et grilles co n uenables po u r en tendre comm odém en i le Sl;rvice . div in q u i s e fera a u maître-a u te l (21 ) . » '

M�>.is; profit ant des trava ux d e recb n 'stru ction d e la ne f et ensu ite d 'u n a c t e r apit u l ai r e e n d at e d u 2 G m a i 1 748, c e premier proj et fut aba n­ do n n é et MIl e de Ch a ro l a i s la fit fin a l emen t élever contre c e n o uveau blâtime n t , d a n s d es p roport ions pl u s vas te s (57 m 2 ) et avec autori s ati on de lui don n e r j ou r du côté du 'chœUr par deux arcades' vit r ét's . C'est ai nsi (2 1 ) Arch . nat., S . 20.8 3,

nO

1 2.


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qu'elle s e présente encore actuellement : complètement isolée des autres chapelles , ell e est de jure s an s communication directe avec l a nef rés'er­ vée aux fidèles et a, depuis l'origine, son entrée particuliè're sur ,l a petite place des Tille uIs (22 ) . Vers 1 8 8 5 , le baron Alphon s e de Cou rce! , chlâte­ Iain d'Athi s depu i s 1 88 1 , fit percer une autre pode, à g a uche de l'autel, donnant sur son parc ; et en 1 9 0 1 , après la réfection à nleu f du clocher. il fit é difier u ne galeri e condui sant à la ,cour du chlâteau, en condamnant une porte de service qui existait dans l e coin de la plac e. Depui s 1 7 7 7 , cet orat oire . sert égal'e ment de s épulture à deux mem­ bres des anciennes ·famil l es s eigneuriale s d'Athis' : 1 ° - Mes sire Gui llau m e Mazade de Saint-Bri s son, Seigneur du pay s d ep u i s 1 7 6,0, y fut enseveIi dans un cercu eil: d e plo mb , le 5 mat s 1 7 77 , a u pie d de l'autel. Désirant p réparer u n caveau pour s a famill e, l e nou­ veau Seigneur, M . l e M'a rqu i s de Gourgu es fit ex humer ce corps, le ,6 avril 1 782 , en prés'ence du Pri eu r Jean Robert QuiNet, afin de le placer dans un autr'e endroit de ,l a chapeUe, « à l'eni t rée du côté de l''église (1 5) . » . 2 ° - Dam e Mari e Angélique Pino n, épous e de « très-haut et très­ puissan t Seigneur n , M" Alexi s Françoi s Jos'eph de Gourgue s, décédée l e 5 novembre 1 7 86, à l 'Iâge de 5 7 a n s , fut inhumée l e l endemain dans ce caveau ( 1 5 ) .

HI. - LA CONSTRUCTION D ES CHAPEL(ES ET D E L'ECOLE ( vers 1 749 ) .

A la suite de la chap'e lle seigneuriale et sur l a partie de j ardin qui leur r estait s ur l a face Nord de l'église. les' Chanoines firent aus s itôt

« construire à le.urs frais frois autres ,çhapelles e t une maison pour le ma ître d'éCole de ladite paroisse par ,le sieur Radot, ,c essionnaire de Génier (23) . ))

·Si les chapelles on t touj ours conservé le même a s'P ect , l'école a , par contre, disparu dep u i s 1 8E,9 . Adossée à l a fois à la chapell e des fonts <Ct ft l'ég,l'ise, elle se eomposait d ' u n rez-·�-chaussée avec une « chambre à f eu )) -- la s all e de classe - et deux petit'S cabinets ; d'\,lu pI'C'llli er ét age, avCIC deux autres pièces, dont u n e « à fell » ; et d'un g renier ayant lucarne sur l a façade des chapelles . Con struite en pierres · meulières crépies , cette maiûHl. avait s on entrée sur la plaoee du village, etl près d e la porte, un es calier c onduisait à l ' é tag e supérieur, ai nsi qu'à la tribune de l'église . . Sous ,la Révolution, la « M ai s on d e l'Ecoh� » , COJ.lfisquée au profit d e la Nation et considérée comme n e faisant pa,s partie de · l'églis,e , fut ven­ du e par l'Etat, le 2 3 vendémiaire an V ( 1 4 octobre 1 7 96 ) , au citoyen L ouis Comurteaux, t aill e ur . d'habit s .à Athis , pou r la somme 00 900 francs, avec obligation de « faire boucher à ses fmis en maçonn erie lq jJorte qui coin� . m unii que a vec la tribune (24) . )) En 182 0 , le 1 D novembre, l e M aire d ' Athi s-Mon s , Denis, A,thana se Fournier, en devint acquér'eur pou r l e p,rix de 1 .8 00. francs, avec l 'unique pens ée de « la re/Jendre à la Comm un e aux mêm es charges et condi­ tions » ; mais, pour u ne raison qui . nou s échappe, iJ la céda à son tour. moyennant la somme de 6 . 0 0.0, francs, le 28 décembre 1 8:4 1 , à François . Ribault, batteu r en grange à Athi s . Au ssi, lorsqu'en 1 8 58 l'e nouveau M aire, M . Baudry, apprit sou daine­ ment que l a mai son allait être a dj u gée aux enchères publiqu e s , l e 6 j uin, à la s uite du décès de son propriétai re à l'ho spice de Corbeil , « craign.a n t (22) C ette place f ut a i n sI ba p ti sée p ar M . Alphons e (23) A rch . nat., L . 8 9 6 , n O S 6 1 e t 6 1 bis. (24) Arch. c o rn . d'A this-Mons, Sé ri e A, n ° :51 .

de Coure e ! .


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qu'el le fût oc cupé e par des comm erçants ou qu'il y soit exercé des profes­ sions pouvan t nuire au re cu e ill em en t des fidèles ' » , i l s'en rendit adj udi­

cataiœ p o u r 850 fran c s , avec l' autorisation d u Con s eil Mu n i ci p a l q u i , pour l ' o ccasion, avait s ié gé en p ermanence . Après u n e e n q u ê t e favorahle d e « commodo et inc o mmo d o » , faite le '6 j anvier 1859, uu décret i mp érial du G avril approuva l ' a cqu i s i t i o n , et le C o n s eil , « considéNm t que si l'on voulait u tiliser cette maison soit p OUl'

l'habitation du garde-champêtre, .wit pour la l ocat ion à ,des particu lier:t . une t elle appropriation olfril'Oif de graves incon vénients pou r la sécurité de l'église aussi bien q ue pour les con venances e t la ,d'ig,n it é du culte )) ,

fut d'avis una n i m e, le 2 1 août, de l a réunir puremen.t et simpl ement au bà ti ment paroi ss ial et d e la rem ettre , en con s é q u ence , à l a dis p o sit i on d u l , 1 c uré. " ,' La même a n n é e , gr'â c e à qu eJ.qu es p e t i te s transJorm ation s , l ' an­ cienne école fut étroite m e nt s o u d é e aux autre s chap e l l e s e t l ' égl'i s e se trouva ainsi a grandie d' une s e conde sacristie.

IV. - L ' EG L I SE

PENDANT

LA REVO LUTI O N .

Pendant l a tourmente révolutionnaire, l ' église entra dans l e Domaine Nationa:l e n vertu d ' u n D écret de l ' A s semblée Constitu ant e d e s 2 et 4 sep­ t'Cmbre 1 7 89 ; e t le 20 bru m ai r e an Il ( 1:0 novembre 1 7 9'3) , le c u l t e de l a Ra i son mit fin p o ur qu e lqu e t emp s à fo u te dém on stration reli gieu s e . Le culte de l'Etre SuprêmR, prodamé l e 1 8: flOl'éa:l an I l ( 7 m n i 1 7 94) , s e ' s u b stit u a bient ô t à celu i de la Raison, 'Ct c'est d a n s Je ca lme que l e s habitants v i rent peindr e s u r l ' édifice, en gros c a r a c t è res : « 1� e P eupl e Français reconnaît l'Etre S u p r ême et l'im m o r ta li t é de l'âme . » Certàins documen t s témoignent de l a ri goureu se exactitude avec l aq LJ e l l e fu rent a ppli q uée s à Ath i s l es i n s tr u ctions relativesl à l' établ i s s ement du no uveau culte ; on p eu t m ême s e faire une i d ée des destruction s opérées, en l i s ant le « Jlémoire des ouvrages de m açonnerie fali te au Temple de la Raison e t de l'Etre Suprême en la commune d'A. this-sur-Orge par les ordres de la Municipalité de la dite Commlln e, les "dites o uv ra ges fai tes et fOllrn ies par

Renaux, maçon En treprenellr alldit Lieu d'A this, l'an 2· de la Ré pu bli­ qlle :

POllr avoil' démolie la Croix sur le comble de la girouette ainsi q u e l a Croix du c im e t i èl'e, pO/u c e , e ll égar.d à l a diffic u lt é du s ervice e t .- c h e r té des ouvriers, pour ce . . . 7 livres. P l uz a été employ'r' trois journ é e s de compagnons e t de leurs aides pOUl' faire le descellement des grilles et épitaphe à 7 liures par ;ournée 2 1 li v r es (25) . » .

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Il est 'p robahle a u s si que , d an s un élan p atriotique , la Commune fit

offrand e à la Natio n de s objet s du cult e , des cuivres , d es ferrur es et d e s c l och e s ! Mais l ' A rt i c le 1 2 d u Co nc ordat d u 23 fructidor an IX (9 s e p t e m bre 1 89 0 , déclaré Loi d e l a R épubliqu e lé 18 germi n a l an X ( 7 avr il 1 80 2 ) , remit à nouveau l 'égli s e à la di sposition d e l ' Evêque ; et la fabriqu e d'Athis s'empre sls a d e réparer l e s d ommag e s causés, c omme l ' atte s t e u n « M é m oire d' ou vrage s de maconn er'] fa i te s . . . par moy Girodon, maçon audit lieu, faites an XI". Ladite ' ouvrage commandJ par le citoyen

il n loinne Louvet : Pills a v o ir posez la c r o i.x dessus l'églis e . . . . 4 livres . Dans le Sin1liere, 0/)0;1' fait le mas ife du ,d erni e r gradin en chaux e t sa ble e t reposé l a pierre portan t la ,croix e t raccom m oder la croix qui lé tait cfisséz en plusieurs morceaux, ponr mains d',cClwre e t maUriaux . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 liEN'es 1 0 (25 ) . )) .

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(25) Note sur ,un e croix . . . , pp. 14 et 1 5 .

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La propriété de l ' é d ifice f u t e n s u i t e attrib u é e à lu Co mmune par un A vis du Cons,eÏt d'E,tat d u 2 p l u v io se aw XIII , approuvé par l'Empereur l e 6 d u même moi s (26 j anvier 1 805 ) . v.

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LA CONSOLIDATION D U CLOCH ER

( 1 838 ) .

L' état d'abandon d a n s Ilp q u e l l ' église avait été l ai s s ée durant les année s révolu tionnaires ne fut pas sans avoi r d e f u n e s:t e s c ons é q u e nce s SUl' la sol idité du m o n u m e n t . \'1a l gré q u e l q n e s répara ti o n s sommaires, il fall u t bie n se rendre il l ' é v i de nc e , en 1 8 3 6 , qu e l'on d evait ou ,le consoli­ der au p lu s tôt o u bie n abattre la flè che j u s qn ' a u x c1o chetons et l a rem­ pl acer par u ne co uvertu re en charpente. La Commun e , prét extant qu' ell e faisait construire u n e Maison Com­ mUne et Une Ec ole, hésita t r è s l ongtemp s à prendre u ne d é ci sion qui ris­ q uait d'alourdir considérablement son budget ; d ' autant plus que les A uto­ rités Supérieures se montr a i ent peu di sposées à accord er le moindre petit secour s, parce que le e10ch e r n'était pa s encore c,l a s s.é au. nombre des Monuments Historiqu e s et q u ' i l ne s ervait p a s de tour télégraphique l , Et l e s mois s'écoul nient pendant lesqu els le clocher prenait, cha q ue J O Ul' davantage, l ' allu re de la tou r penchée d e P i s e ; à tel p oint . que M . ROUSSie), l e propriétair e du c hùt e a u . dep u i s 1 8 1 8, crut bon, le 3 n ovem­ bre 1 83 7 ; d'attirer l' attention du. Préfet sur c e tte affaire, e n t erme s assez

vif � :

« D e p u is lo n,g t e m ps le c locher de l'Eglise d'A th i s es t dans un état à e d égra dat i o n q u i aurait bien dû porier l ' A dm in is tm t i o n à s ' e n o ccupe r. JI ne s ' agi t plu s a uj ou r d'hu i de se plaindre ,de l ' in d iffé r e n c e q u e l'on u mis à la conserva tion de ce m o n u m e n t , in flér e ss a n t pal' son an tiq u.ï té, s o n a r ch i te c t u re, sa situa tion e t les souvenirs h is t o r iq u e s qui s'y rattachent; l'(IS c o ns i d éra t i ons p ara i traie n t de peu d�importance, il faut le croire , d 'après les réclamations el les plain t e s si justes e t si b ie n m o tivées qui ont e u lieu de p u is des ann ées e t to uJo urs sans rés ultat. il s 'agi t, Mon s ieul' le Préfet,. avan t d ' avoir r ec o ur s alu G ou v e rn e m en t , de s a v o ir ce qu e dan s vo tre sollicitude ordinaire pour le bien public, /J'ous pouvez faire. Le clocher menace ruine, l e s pro g'rè s son i' visib·les e t . effmuan t.; po ur l e vois ina g e ; IloilO. q ui est. inc o n te s table ! Vannée der­ n ière, l'architecte de l'A rrondissemen t fu t e n vo y é po ur e xam in e r l'état d(J c e t édifi c e ; son avis fut . q u'il fallait s' a b s t e n ir de s o n n er les cloches a IJo l é e , vu l'état de dégrada tion au dit c lo c h er . Depuis ce te mps le danger . . a beaucoup augm enté. .. .. . . D ans les dern'iers ; o u r s d e s ep te m bre, 1l1. le M'Qire, 1"1. le S o u s -P réfe t ont été d e nou veau pr é ven u s des prog rè s du ,mal : le tCloch er es t à sur­ pl o m b de pl u s i e u rs pi eds . . . M. le Sous-Pr1éfet .q u i n'a pas vu le clocher depuis 1 4 o u 15 m o is p e u t très bien vivre en toute s é cu ri t é à C o rb e i l , mais il lui semi t bien difficile de ta faire par tage r aux habitants de fa Comm une . D è s l ' a n n é e dernière, pl u si e urs pi€l' res se son t détachées et on t crevé les t o i tu r e s du v o isinar, e ; ossez récemm ent un én o r m e pM tr as est tom b é d u faite et a illUlfllq u é d e tuer u n animal qu i pâ t u ra i t pr è s . d' un passàge très fréq uenté par des ou vriers. Le scellem ent de la c r o ix es t tom bé dep u is lo ng te m ps ; le b a l alIl c e m e n t que lui fai t éprou ver le ven t augm ente chaque J o ur sa dégrad'l tion ; Wl.,r suite d'un terrible coup de ven t q ue nous (lvons épro u vé cette n u it, elle l'es te penché e ; 4 pi erre s dont 2 da 8 à 10 livres p rié s entent la form e du tl'Ou dans le q ue l la cro ix était placée . . . , D e p u is 6 se ma in es , la p a r tie swpérieure du cl o ch e r p enche visible· m ent, les pierres s'écarten t et celle de gQiuche !./u i s u ppo rte la lucarne fai t déja la ba s c u le . Il n'y a plus moyen a u J o urd" h u i de répar.er le h au t du clocher; il fa u t indispensablem ent en déIfl oli r bea ucoup pour. la COIlserva·

6


- 22 2 -

tion du reste. Voila le résulta t de l'in ertie d e l'autorité locale (26) !

»

En fi n de compte, l 'ad.iudi tation de ces travaux fut consentie, le 30 mars 1 838, à M. Jean B ureall , entrepr,e neur à Es,s onnes , et, en j uin, les ouvriers se mettaient à l 'œuvre, sou s l a direction de l' architede , M. Laro­ che . On s'aperçut bien vite, comme l'avait pl',édit M. Rous s'el , qu'il était nécessaire de d émolir au delà des prévisions , « s i l'on ne voulait ' s'expo­

ser a voir s'écrouler les vieWes cOns tru.c iions par la ,charge ,des nouvel­ les. )) Le résultat . fut des p l u s médiocres, du fait que cette consolidation

t'ut tou j ours placée sou s le si gne d e la plus stride économie et du m a uvai s goùt : au lieu de pierres de ta ille, o n se servit de vulgaires briques de Bou rgogn e ! Aussi, l'abbé de Guilhermy, qui eu t l'oecasion, de v o i r J e clo­ cher en 1 844, a-t-il pu écrire à C e s uj et : « On vien t de le restaurer

maladroitem ent avec de la brique et des pierres sur lesqu elles on n'a pas reproduit les im brications encore visibles sur les port ion s anci en nes .( 2 7) . ))

­

Malgré un retard provoqué p ar l 'obligation de refaire la charpente du beffroi, dont toutes l e s portées étaient pourries, l es travaux furent entièrement achevés ,le 8 septembre 1 838 . Mais' la Commune dut , s'impo­ ser extraordi nai rement, pendant de longues a,nnées, afin de fair'e face à l'énorme dépense qui s'éleva à la somme, importante pour l'époque, ' de 7 .482 francs . V I . - LA RESTA U RATION DE LA FAÇADE

( 1 889 ) .

En 1889, il rés ulta d'une in spection de l a façad e de l'égHse par un architecte de ViUeneuve-Saint-Geor,ge s , M . Simon, que, derrière le ,c répi de plâtre qui la recouvrait , il y avait « un mur tres m a uva is , cOnstruit en

m o ëllons de Paris effr:ités plusieurs siècles. » ,

e t délité s

par le temps, ce

mur

re montan t il

Par mesure de sécurité, l e Maire, M . Valentin de Courcel, fit procéder d 'urgence à ces travaux : aprè s l'adj udication qui eut lieu .le 18 j uiNet, M. Emile Maréehal , 'e ntrepreneur à Montgeron, dut faire un piochement à vit' assez profond du parement et un relancis en pierre et ci m ent . C'est de cette époque qu'e datent l'érection de ,la ,croix en rocht' neuve d'Euvil le, .l 'ornementation des rampants, l e percement du tri lobe à . l a place . d'un petit œil-doe-bœu f et l a restauration complète du porche . Les énor­ me s clous qui hérissent mainte nant le cavet de l'archivolte furent ent'on­ (�és à ce moment , afin que le cim ent puisse adhére r sur le s vieiHes pierre s . Quant aux colonn ette s, ellés fu rent exécutées à neuf par u n artis't e-seulp­ teu r et dotées, ainsi que le précise le Mémoire de maconnerie , de « cJwpi. ' i e à ux go th iques en pierre d ure . »

VII.

-

LA REEDIFICATI O N

DU CLOCH ER ( 1 899- 1 902 ) .

La réfection du clocher, en 1 838, n'avait été qu'un pis-aller. Moins d e

soixante ans aprè s , l e 26 mai 1 89 5 , le Cons'eiI Municipal, sou s J'impul'sion d e son Mail'C, M . de Cource], s� gnalait à nouve au que le clocher pI'és'entait

« des dangers pou.r la sécurité publique par suite de la chllte des pierres qui s'en détaichent . » A la suite d'une inspection ordonnée par l'Administration des Beaux­ Arts, un d evis de 25 . 1 43 francs, dress é par M. Chaine, architecte en chef des Monuments Historiques , fut approuvé l e 1 7 février 1 89 7 , et , l e 13 j ui n

1 899, l 'adj u dication fut confiée à M . M aréchal . Les travaux débutèrent e n octobre 1 899 par l e d émontage, pierre à pierre , de l'a flèche et du deuxième étage de la tou r. M'ais bien peu de ces (26) Arch . cOim. d'A th is-Mons, Série A, n° 1 38 . (27) Bibl. nat" ms. fr. n. a. (>1 1 2, page 7 6 .


- 223 vieilles pierres furent conservées, à l' exception de quel ques' tailloirs ou (' hapiteaux : tout fut presqu e recon struit .à neuf. De même .qu'en 1 8 38, on d pi refaire le beffroi en solide bois de chêne, avec assembl�ag,e à tenons et mortais es ; ce travail, ainsi que le remontage des cloches , fut exéc u té par M . Alphon se Pouyet, entreprenenur de ch arpentes à Savigny. Quant à l'installati o n et au règl age des troi s cloches sur leur touriHon, il fut réalisé par un spécialiste . Le 23 j uin 1 902, les eloches , depui s si longtemps silencieuses, annon­ caient enfin -l'achèvement d'un e laborieuse rèstauration qui marquait,

� com m e d'u.ne pierre blanche, une trentiè m e année de fondions pater­ nellement exercées par le Maire de la Commun e (28) )} et dont la Société Historique de Corbeill don n�it un c ompt e rendu flatteur : « Le curieux clocher de l'église d'_4 th is-Mons, restauré dans son s tu1e primitif ' e t rendu il sa beauté prem ière, pourra m aintenan t défier longtemps ehcore les in}ures du t e m.ps, sinon celles des homm e s qui sOll vent, hlélas ! sont pins meurtrières ( 2 9 ) . »

Notre J ugement sera beaucoup plus nuancé, parceque, autant il est louable de consoli der in telligemm en t. unt' œ u vr'e d' a rt qui menace ruine , autant il est absurtde e t n éfaste d e l a compléter : trop de monuments reslau­ rés sont preSlqu e entièrelnent refait s , c'est-à-dire i rrémédiablement ruiné s au point de vu e de l'ar.c héologue et de l'artiste. Or, c'est bien c e qui s'est passé à l'église d'Athis, où la flèche, l e s dochetoll s et l e second . é tage ont été réédifiés no n s'etüement à neuf, mais encore daill s un s tuie abso­

lum ent différen t

de

celui de l'ouvmge primitif.

L'ancien clocher ét ait moins élevé, plus trapu , plus ru stique ; les clo­ chetons étaient plus simples . Mais la ptus grosse transformation a affe cté l'e s lucarne s , considéra blement enjoaivées par u n architecte des' Monu­ ments Historiques peu scrupu leux : alors que ces ouvertures portaient autrefois un simple fronton triangulai re formé de trois pierres p l ates et à tympan vide , M . Chaine, copiant e xactement u ne maquette dessmée "en 1866 pa:r un de ses prédécesseurs, M. Selmersheim, et publiée dans. les A rchives de la Commission d e s Monuments His toriq ues (3 0 ) , le s édifia dans la forme où elles se trouvent actuelle ment . Inuu.Ie de dire que de te]les re staurati ons sont particu lièrement d é sastreu s'eSl !

LE

STY L E ET L'A G E D U M O N U M E NT

Les chro n iqueurs ne s'e sont jamais sérieusement préocc upés de rechercher la dat e .exacte de la construction du clocher , et la p!upa'l't se sont ,contentés d? affirmer qu'il remontait au XI I e ou au XIII " sdècle ; o� ce problème e st intéress ant à résoudre . Une premièr e m éthode d'investigation s , con sistant à autopsier le monument, pourrait donner de très bonne s indication s non pas sur une date --- car il faut être extrêmement prudent 's ur ce point - mai s sur le s,tyle qui a prés'id é à sa, construction . (28) Réédifica tion du clOcher de Sain t-De;n ys d'A this (Lill e, Danel, 1 9 02, in_4° de 14 pages, pa'p ier vélin, gravures) . (29) Bulletin de . . . Corbeil, 1 9 0 0, pp. 1 40-1 4 1 . (30) Archives d e l a Comm ission des monuments h i s toriq l./!es (P a ri s, I m p . nat., 1 8 9 9 , in-8°) . C atal ogue des relevé s, dess ins et aquarelles, dres sé par A . Perrault-Dabot : Athis­ Mons, Eglis e (clocher) - El évati on de la façade Nord, coupe, plan, détail de l'étage supérieur et autre s détails, p ar Selmersheim , 1 8 6 6 - N ° d'invenlaire : 6 9 5 6 . Ces de' s si n s nous ont servi à composer n o s pl anch,es 1 e! I I .


-· 224 qu e l qu e s diza i n e s d' années, l'abbé d e Gù i lher m y p ut en « l e clocher d'A this e s t u n e tour roman e don t la cons truc­ fion peut rem on ter a u règn e de L o uis VII (3 1 ) » , s p é c i me n a s-s ez anCIen , p ou rr a it-o n crQire, de ce type d e cllocher s qui d onnera nais sance à notre c l och e r gothique. Mais d ' autres a r c h é o l o g u e s , e n p arUculi'e r d e L a sleyri e , le d a ter a i e n t aussi bien de l a fin d u X I I" si è cl e ou même du début du règne d e Saint L o u i s , attendu que « dans aUCUfl'e partie des églises, là déd u ir e q u e

Il y

a

persis tan c e des tmditions romanes n'a été aussi dura ble q u e dans la con s tru c tion des clochers » ; et i l a j o ute : « Ce fait es t frappan t, non se u ­ lem e n t cn Normandie oiL l'art roman ,a vait j e t é d e trop profondes racin es pour céder sains résistance a u x inn o vations, mais m êm e dans la région où l e dé ve loppemen t de l'art go thiq u e a é té le plus rapide, c'est-à-dire dans l'Ile-de-Framc e, e t on ren contre dans les campagnes de S e ine-'Ct-Ois e et d e l' O is e nom bre de tours. . . q u i appr1rtiennen t à l'épotqu e go thique q uoiq u e leur ordonna n ce,. leurs proportions, leurs baies en ple in c in tre; leurs flèches o ctogonales portées in tér ieurem en t s u r des trompes aien t encore un aspect tou t roman (32) . » Tell e s emble ê tr e l ' o p i n i o n émi s e p a r l ' abbé L ebeu f qui , en é c riv a n t ' que « c e t t e tonr . . . e s t au plus tard d u XII I e s iè cle, s i m ême elle n 'es t pas du XI I" siècle » , n' a c ep en dant vou l u n o u s donner -qu ' u n e appréciation fort gén é r aI e (1 ) . Un e second e m é t ho d e de recherches , b e a u c o u p plu s s û r e , e st C'eUe qui prend sa s ource d a n s l ' examen d e s documents re l a t i fs à, l ' h i s to i re rrligieuse de la Comm u n e ; mai s la d é c ouver te de c e s do c u men ts n ' e st p a s t o u j ou r s chos-e aisée , surtou t pour de s p é riod e s a u s si l ointaines , et

ie facteur « h as ard » y j o u e bien ' souvent u n rùl e consid èr àb l e , de sorte yraiment rare q u ' u n e qu esti on soit définitivement au p o i nt , qu'tm su j e t s o i t c o m pl ètement é p u i s é . C' e s t l e ca s de l'ég li s e d ' At h i s où nous n'ayo n s, pour l ' i n stant, q u e quelques points de r e p è r e , tout au m o i n s en ce -q ui c o n c e r n e so n origi n e et ses premiers' s iè c l e s d '-e x i s t-è n c e . D eux li gnes de l a G a llia Chris tiana l ai s s ent d'abord s u ppo s er qu 'iï exis-t ait déj à u n e é g l i s'e à Athi s -s ur - O rge a u I X" siècle et q u 'e ll e dépendait alors de J'Abbaye de Sainte-Genevi ève (3 3 ) , p u i squ e n o u s voyons , en 845 , l'Abbé d e Saint-Pierre e t Saint-Paul, Egber t ou H e rh e rt , faire transférer les p r é c i e u s e s r el i qu e s de la pa t ron ne de Pari s e n c e l i e u , pour l'e s so u s ­ traire à la profanati on d e s N o rma nd s (34) . C ette c i r co n s t a n c e de l ' Hi s ­ t o i r e est en m ê m e temps l a plu s a n c i e n n e mention d e notre vill �g:e , c e qui fait q u ' A thi s - e s t c onnu de pui s au mo i n s 1 1 0 0 a n s l Il faut attend re près , d e t r o i s s i è c l e s p o u r dispos'er à n ou ve a u d e q u e l qu es -re n s ei gnements. En effet, sOll s.J e règ n e du Roi L o u i s VI le Gros , on a pprend q u e « cette églis e . . . es toit en Patronnage d'un gen tillwm m e , nomm é A lb ert de Ver. e t ,de sa femme A uxnis )) , c ' e st-à-dire q u' e lle était p a ssé e en des mains l aïques . Mais pe u après . la f o n d a t i o n de l ' A bb a y e d e Sai rit- V i c t o r (35) , « la

qu'U est

rem is e e t rétrocessÎon du dit Patronnage fu t faite par c u x' conjoinc te m en t e t leurs enfans au vro f i t des R e ligieux d e Sain ct-Vic tor, entre les m ain'! de l'E ve sq u e de Paris Es tienn e , an e c la grosse e t m en iie dixm e du territoire qu'ils tenaien t inféodées par arrière-fief ,d e R a o u l-le-Bel, q u i en bailla pare il­ leme n t son consen tem en t. avec s on fils llJathierU, en tre les m ains du s usdit E/Jes qll e de Paris Es tienn e l'an 1 1 40 . . . C e q u i fut confirm é par le Pape ( 3 1 ) GUlLHERMY, 0 11 . cit., III, p. 1 50 . (32) LASTEYRIE, L'arch itecture religie use en Fran ce à _ l'époq u e gothiq u e . . . , t . I, p. 5 0 3 . (33) L'Abbaye de Sainte-Geneviève, primitivement appelée Abbaye de Saint-Pierre et Saint-Paul , fut fondée en 508 à Paris pal' Clovis . (34) Gallia Christiana, t. VIi, col. 7 0 4 . (35) L'acte de fondation de l 'Abbaye de Saint-Victor de P aris par le l'oi Louis VI, conservé aux Archives Nation'a les, e st de l'année 1'113; ·


-- 225 Lnn oren t Second l'cm 1 1 4 1 , l e h u ictîe m e des ides de May e t par le Roy Longs S ep t i e s m e l'an 1 1 42 ( 36). » CeUe Congrégation d e Chanoines Régu Hers y ét ab l it aussitôt une p etite colonie de ses m e m b r e s , autrement dit u n « Prie uré )) , qu i subs ista j u squ'à l a Révolution et dans lequel fut « comm is un religie ux pres b tre d ép e n dant de ladite Maison e t A b baye de Mons ieur Sainct- Victor. » nevons-no u s en i nduire qu e ces religieu x firent tout de suite le s frai s d'une r eco ns tructi on d e l 'égli s e ou bien pen s e r qu'ell e existait déj à avant leu r arrivée ? Cette d erni ère s ug gestion e s t à rej eter , parce que le s Cha­ noi n e s de S a i nt-Vict or s o nt qu al i fi é s , dan<; un Ar:r ê t du Parlement de Paris , en date du 23 août 1 6 1 4 , de « P,a tro n fo nda te ur e t dotate ulr 'de ladite égli.s e (:3 7 ) . » Mai s , rien n ' e st moins vrai s1emblable que l a première a s s ertion, du f a i t q u ' a ucun d o c u m e n t n e prouve de façon c atégorique que l ' é d i ficati o n d u bâti m e n t , do n t i l n e re s te mainten ant que le clocher (' i. le chœu r - abstr action faite des re staurations -, ait eu lieu en même t e m p s que la fondation du Prie u r é . C'est pourquoi nou s pou vo n s a ffirmer, en conclusion , que l e s Victo­ rin s so n t b ien l e s a u teurs d e cette e ntr'e pr i s e . Quant à fixer une date, d i sons simplement q u e le clocher e st c on t e m po r ai n d'une ép O'que com­ menç ant en l'an 1 1 40 et d o nt l a fin engl ob e la première moi t i é d u XI I I ' siècle.

LE

PRIEURË

Lor s qu e le P r i e uré e u t éJoé fondé e n 1 1 40, i l y f u t immédiatement é p l u s i e u r s religi eux de l' Abb ay e de Saint-Victor q ui s'établirent d a n s l e s , bât i m e n t s con ti g 1.]s à l ' églis e . N o u s p o s s éd o n s d e no mbreux t émoignage s sur l ' existenc e du « MO'­ n a s tère » . ' A t hi s - s ur- O rg e . On lit, p ar exemp l e, ùans l'ou v r a g e de l 'abbé Lebeuf, que le Prieur-Curé Guillaume d'Auxerre reçut, en 1 27 3 , rhom­ mage rendu par l a veuve d e Guillaume d e Ba li sy « in prio r a t u de A Ns in C lau s t r o Monachorum » , c' e st-à-dire « d an s l e Pri'e uré d' Athis , au Cloitr e de s moin e s )) . D a n s u n a c t e du 26 j u i l le t 1 5 7 5 , il e st fait hom mage d ' u n Fief e t S e i gneurie , d.i t d e la B o u d racque ou de l a Mercadé, as s i s sou s « la toUl' dll m Olls tier d',4 this ( 3 8 ) . » On cite e ncore, à prop o s d ' u n incident s u rvenu entr:e l e S e i g n e u r Pierre Vi ol e et ces r engieux, u n Arrêt du P arle­ men t du 23 août 1 G 1 4 , ré glant le rang que ces de rn i e r s · devaient avoi,., dan s l ' é glis e d'Athi s . C ett e situ ati o n dura, semble-t-il , j u s,qu'au XVII' siè­ cI e ; par l a suite, l a dimi nution d es revenus du Pri euré obIi,gea l e s' moine s à. r é d u i re l e u r efl'e c t if, e t il ne resta p l u s qu e l e Pri euT- Cu ré et s o n , vicaire . La 'prés e n c e de c e s Cha noines n o u s aIde à comprendre certaines par­ t i c u l arités de l ' é g ï s e cl' Âthi s , sayoir l ' a vancée du maÎ't re-autel j u sque dans la nef - c ' était 'sa posi tion norm aJ:e avant q u ' il ne fût mal encon­ treu s ement dép l aeé - et l ' él éyatioll , au fond du sanctù aire, de cett e l11agnrfique arcad e brisée , malh eureu s ement aveu glée en 1 7 4 9 . Le chœur était, e n fait, u n arrière-ehceur, uniquement r é s'ervé aux religieux et ahondumment écl air é par ce tte o u verture, p a rc e que « l' o ffi c e Paroissial :;e c é l é br o i t dans la n ef . e t celui du Frie u ré dans le chœur, s e l o n la cou­ l u m e des Eglis es q u i son t · Priora les e t Paroissi«les (39) . »

e n v oy

d

(36) Bibl. nat., m s . 1 6 .526 . A b brégé de la Paris, s u ccession des a b béz . . . , p ar H , P. Jean abbaye (fol. 427) - D es prie uréz déppen dans diocèse de Paris e t ailleurs (fol . 4 5 7 ) : fol . 458, (37) A rch . nat., L . 896, n ° 5 5 . (38) A rch . nat., P. IV, n° 4 6 . ( 3 9 ) LEIlEUF, o p . c î t., IV, p . 1 3 6.

fo'n dat ion de l'a b b au e de S. Victor lez DE. TH'OULOUSE, p rieur-vi caire de l adite de l ' a b baye Saincf- Victor siz dan s l e p. 5 6 (Pa ri s , 1 640, in-fol., imp.) .


22,6

Il n'es t pa s dans n o s i ntenti o n s de fai re ici l' étude dét aillée du Prieuré et d e s e s transformat i o n s . Ce serait sortir du suj et qu i no us occupé ! Mai s il e st tout de m ê me d e notre devoir de donner un aperçu d e s bâtiments qui j ouèrent un s i g rand rôle dans l a vi e d e l'église d' Athis�Mons, en prés entant s,i mplement la de scription qui en fut faite dans l'acte .le vent e p a s s é au profit du citoye n . Anet D u c ray, l e 18 vendé­ miaire an V (9 octobre 1 796) , aprè s la confis,cati on des biens ecclé si a sti� ques.

du château . SO m

A ce moment, l e Pri e u ré c om prenait :

· 1 · Une cour d'entrée (a) , tenant d'un côté vers le n ord à l a Place et Grande Rue. 2 · Un corp s de logis (h) , composé au rez-de-chaussée d'une pièce à chem inée·, d'un e res serre, d'u n vestibule, d'une autre pièce san s cheminé e et de de'ux petits cabinets ; aU premier étage, d'un'e grande pièce à cheminée., de deux autres pièces, corridor, dans les­ quelles dite s p i èces se trouvent ,un corps d'alcove en m enui s erie, lambri s d 'appuy, garde­ robes elP bois erie, avec gren i er au-dessus, dan s lequel deux chambre s lambri s sées dont une à cheminée. Le dit bâtim ent éclairé sur les deux faces de douze cro i sées, dont trois sur . le j ardin, en carreaux de Bohême avec persienne.s et vonets p ar d errière . D eux porte s d'entrée tant su r la cour que sur le j ardin . Plusieurs caveaux et corridors de toute la l on'g ueur et largeur dudit bâtiment.

3· Un autre ' corps de l ogi s (c) , com,pos é au rez-de-cha u s s ée, d'une cuisine, d'un l'évier, d'une a l cove et de deux p ièces ayant leur entrée sur l'e.s calier ; au premier étage, de deux pi èc e s à che min é es, dont une à chambranl e de m arbre, ave c deux alcoves, deux g a rde-robes, u n corridor condui sant aux dites pièce s, et grenier au-dessu s en tro i s parti es de mêm e s Up erficie ; au bout des dits greniers est une chambre l ambri s s é e a v e c cheminée . Le tout couvert de tuiles de Bourgogn'e en bon . état, la cage de l'escali e r munie d 'une rampe de fer, montant depui s l e rez-de-chaussée j usqu'au greni er.

4 · Un petit bâtiment ado s sé contre ladite cage d'escalier, com p o sé par ba s d'un e t de deux cabin e t s au-dess u s _ avec' grenier perdu appenty ensuite composé d'un cellier avec grenier. Le s bâtiments en retour d'équerre ten ant du levant à la cour d' entrée, com,po sé s au r e,z- de - c h a u s s é e de quatre p e tites écuri e s et d'une rem i s e , avec grenier dessus (d) , 5· Le

j ardin

(e) , ten a nt d'un côté v ers l e Nord aux deux corp s de bâtiment cy-devallt


227 faisant hache s u r l e s econd, d'autre côté vers l e midy a u citoyen Deserre (40) , u n fo ssé entre l e s murs d'alignement des bâtiment s dudit D e s erre et un' d e clôture, d'un b out à l'égl i s e, et d'autre à l a Rue d u Pont d'Athys ; le dit j ardin de 19 toises 3 pied s compensé et pris dan s la d emi-épai s s e ur des ép eron s de l'égli se sur 1 3 tois e s 4 pieds a u s si compensé s et pri s depuis l e m il i eu de la hache du premier bâtiment ; dans lequel j ardin e st un 'p uits, couvert ,g arny d e pompe en bois avec son balancier en fer ; ledit j ardin planté d'arbres fruitiers nains et d'un rideau de huit tilleuls, de treiUe,s en vignes et espaillier au pourtour desdits bâtiments, un méridIen s o l aire . . . (41 ) .

D epu i s c ette époque, l e Prieuré a changé maintes fois d e propriétai­ re s ; mais il con s erve touj o u r s l a dis'po sition qu'il affectait déj à s ous

l'Anci e n Ré gim e , ainsi qUe l e s anci'eus bâtim e n t s c o nvent u e l s . Nous en prar,leron s pl u s lo n guement dans u n e prochaine étude s u r l' His toire reli­

gieuse de

la Paroiss e

d' A th is�1l1 ons .

* **

A u te rme de cett e monographie archéologi q u e , il po urrait Sie dégager l'impression q u e l ' é g l i s,e S a i nt-Denis d ' Athi,s-Mons n'offre, au tO'tal , q u 'u n

intérêt des p l u s r e streints . En f a it , bien qu e l e s p a r ti e s romanes - le ,c locher, le cham r et peut ­ ê t re le porche -- aient été la proie de mauvais r e staurateurs, il n'en reste p a �. mo i n s vrai que c'est gr,âce à l ' é t u d e minu tieuse d e ces p et.ils édifices, remar q u able s par l e u r simplicité et le u r rusticité, que l'on peut s e faire u n e i d é e exacte n on s e u l em ent de l ' archit ecture r urale d ' a utrefoi:s , m a i s e n c o r e d e l'évolution d e l' archi t e cture religieuse e n géné ral. E t si le com­ m u n des visit e u r s ne trouve p a s touj ours dan s c e monument u n e curio­ sité d e grande qualit é , nou s s'avons , quant à n ou s , que ce s vestiges l ég u é s par n o s ancêtres s o n t un produit a n ci e n , et même très a n c i e n , d e n otre chère Ile-de-France. (40) Il s'agit du châtela in, M . Serre s de Prat, prop ri étaire du Domaine d'Athis, d e 1 790 à 1 8 1 8. (41 ) A rch. dép., Série Q, Bie n s Nationaux.


GRIGNY (SEINE-et-qISE)

LES FO U I LLES AR C H É O LO G I QU E S

DAN S LA N ÉCROPOLE BARBARE D E GRIGNY P a r le Dr G. D U R VILLE

Directeu r de l' Institut Naturis t e A n cien Intern e des Hôp itaux de la Sein e D irecte ur des Fo u z lles de Grign y

J

.

viens de terminer, à Gri gny, des fo.uiNes archéo.'lo.giques, do.nt o.U ve u t bi'en d i re qu ' e l l e s so. nt impo.rtant e s . Je rem'erci'e M. L . Brunei de ,l ' i nt ér ê t q u ' i l leur acco.rde . Je vai s essayer d,e dODiner id de mes travaux m o. d e s t e s un c o. u p d 'œil d'ensemMe, p o. u r ren s eigner les ' ,ledeurs du Bulletin de la Société d'Etudes His toriq u es et Géographiqu es. A ceux qui vo. udra ien t plus d e détai l s technique s , je me p ermets de s i g n ale r mo.n livœ « Nos A n cê tres vivaien t-i ls m ieux q u e nous ? Fou illes de la Nécropole de Gr(qny » . E

La Nécropo.le de Gri gnlY u élé d é c o.uve rte e n oc t ob re 1 93 7 par FiUe, Giraud et mo.i-même, à l ' occa sio. n d ' u n e ex p l or a t i o. n p ré hil.s,t o.r i q ue que nou s faisi o. n s d ans le s Sabli è r e s située s le l o.ng de la ro.ute natio.nale N ° 7 , aux enviro n s d e .J u vi sy. Un mo.rce a u d ' os l ong, que m e tendit Fitte, m 'o.bligea à d i r e qu e c"était un d ébris h u m ai n a l1'cien ne pro.venant p a s d 'u n enfo. u i s sement criminel récent. c l an d e stin . . . Pne recherche hâti ve, d ans ],e s abl e vo.i si n. nous mit en pré s ence du crâ n e . S i t ôt ,les auto.ris'a t i o. n s néc e s saire s o.btenues , u ne premièr e c a mp agne de fo. u iH e s f u t entrepr i s e et menée j u s q u ' à fin 1 938. Une d e u xi è me campa­ gne a suivi ; d I e viel1it d e s'e terminer (fin 1 94 9 ) par é p u is e m ent de l'en­ dro.it.

M. Fr u sc a , a déclaré à la

devo.ir de - s ignal er qu'un ébéniste antiquair e , Socié té Préh is torique Française avo. i r tro.uvé l' e n d ro.i t avant no.u s . C'e st là une pr io. r i t é que no.u s vo.u l o.ns bien lui acco.r­ der, to.ut en déplo.rant qu'il s o. i t to.talement inconnlU, de 'l a DirecHo n · de la Sab l ière et d e la M u n ici p a l it é , q u'H n'ait pu pré senter, de l 'endro.it , n i le m o. ndr e os'sement, ni le mo.indre o.bjoet mo.bilier, ,e t qu'il n'ait j amai s ni obtenu , ni même, semble-t-il , dem a nd é œaut ori sationl de fo.uil l e . No.s t r a v a ux o.nf abo.uti à l a ' m i s e à j ou r de 79 s é p u l t u r e s , do.nt l a très gro. s s e m a j o.rité, parfaitement ho. mog è ne e t i nt o.uc h é e , est du type dit barbare, et d u I e' d u I V' s i è c ' e de no.tre ère . Les a u t re s so.nt antérieure s ; el les o.nt é t é b o. u s c ul é e s ; a u s si n 'en tiend rai-j e p a s; c o. m p te dans la p r é s e nte é t u de . Les fo.uill e s o.nt été exécutées uni quememt par le s a r c h é o l o. g u e s, à l'excl u s i o. n d e to.nte m a i n-d'œ u vre o u v r i è r e , sauf pour c'e qu i est d e la d é l i mitat io. n à g r a nde d is t a n c e : cette dernière a été fa ite à la grue d écapeuse, grlâc e à l'o.bli geanc e de l ' Entreprise Parachi n i . . L e s s q u e l e tte s o.nt été rec u e i l l i s avec soi n , non pas seu l ement les crâ nes, m a i s aussi les pet it s o. s s ements des membre s , et :l e s d ents . To.utes Je

cro.is

de

mo. n


- 229 -

(Echell e : 1 / 20.000)

SITUATI ON � GÉOGRAPHIQUE D E LA NÉCRO POLE D E GR I GNY :


- 230 le s pièces o s seu s,es ont été préparée s , reconlstituées et étud iée s anthropo­ logiquement ip ar moi-même. Les ,crâ n e s étaient hahitu eHement écrasé s e n un nombre de morcea ux variant de 1 0 à 4 0. J e l,e s ai refai t s . Les obj ets mobiUers - bou cle s , peig n e s, cou teaux, forces, bij oux, etc . - ont été recherché s avec le p l u s grand soin ; Hs sont actuelle ment soit dans l a coUec,uon p. Noury, soit dans l'a mienne . L e s pierres d',enrt ourage e lles-mêmes d e s sépultu r e s ont é t é mi ses de côté ; nombre d'entre elHe s ont été transportées dans mon j ardin , d'autres confié es au Mair e . El les permettront d e reconst ituer les sépultures; dan s tels M u s ée s q u e l e Ministère de l'Education Nationale m e d é s ignera . , J'ai , SUr le conseil de M. Matherat, Directeur de la Deuxième Circonscription de s Monuments Histori ques , lequel m'a fait l 'honille ur d e m e faire confier la direction des fonUle s , propos'é de cré er, à Grigny même, un peti,t M u s ée où j e r econstitu erai s plu sieurs de s tombes barbares de Grigny. La Municipalité iparaît être d'accord ave c ,} ' Académie pour mettre à ma dis­ position, dans ce but; un e salle dés atIectée de l'école, à la Mairi e . Il est question de confier l a garde de ce M u sée à la Sodét é q u e diri,ge M . BruneI ; j e suis trè s en faveur de cette gémnce. M o n éq u i p e archéologi que a remué environ 40.0 mètres cubes de terre, dont environ 2 0 0 p o ur l'a mi s e à j our des 37 premièr,e s sépu ltures et à peu . près au tant pou r les 42 autres . Je préci�e, pour être j us te avec me s dévou é s collaborateurs , que M. Miuud , Maire de Grigny, m' a aidé en fouHlant avec moi 1 s�p'lJ!liu:re, que Mad . Arnoldy en a fo u iUé 2, M . May 2, le Dr .sutter 8, le Dr Macary 1 1 , M. Giraud 12, M. Guy Gaudron 24, M . Paul Nou ry 3 3 , M . Fitte, 43 , M. Gui­ char'el 5 8 ; moi-même, j'en ai fouil'lé 68. D ' autre part, M . Clau d'e f. , Seha,etIer, alors Con s ervateur adj oint du M usée d e s Antiquité s N ational es , a coI:l'abor é à la fouHle de 3 sépu l,ture so, et M. Pironinj Architecte du Mu s ée des Antiquités Nationales , à la fouille de 3 sép uUures. . * ' **

Le s lecteurs c onnai s s,ent bien ,la charmante 10caHté d e Grigny , VOIsme d e Ris-Orangi s . Quoiqu'il en soit, donnons quCilques détail s g�ographi ques. , Quittons Paris pa,r ;l a P orte d' UaHe et prenons la route nationale N ° 7 qui fil e vers l'e Sud . Arriêt<:)oflIs-nou s j u ste avant Ri s -Orangis, au kil o­ mètre 2 2 ; n ous somme s à Grig ny. A ,gauche d,e la route, u n p,etit re sburant ; ' autrefoi s , i,l s' appelait « Chez Julot » . A droite, des espaces n u s et bas, d'où un e Société, l e s Sablières de la Seine, a extrai,t d u s'able ; contournons, par l'Ouest l e lac artitfi ciel créé par l'e1Ctraction du sable ; cinqu ante mètres à franchir dans les herbes fo1.I e s e t .l es fondrière s ; c' e s t , là qu'a été l'a nécropole . L e cadas­ t re de Grigny désigu:e l ' e nd'roit sou s le nom d e Plaine-Basse�Grigny, et lui a ttribu e l e s N° R 1 00 , 1 0 1 et 1 02 . Sur aucune carte, rée,ente ou anci enne, H n'y a m ention de ci meti èœ à c et endroit ; la nécropole a été perdu e de vu e d ep u i s de nombreux siècl e s . . N'eslt-il pas étrangè d'apprendre qu'en u ne Banlieue de P ari s , à u ne vingt'aine de kil omètre s de Notre-Dame , il peut exister de s endroits de s urface du sol où ' des relique s d'il y a plu s de ,qu inze siècles peuvent encore demeurer intouchées ? Géologiquement, l'endroit e s t une b a s se tel,"rasse ; dont Je ne dirai . rien ici .

LES SEPULTURES

La premlere c a mpagne de fou ille s nou s a livré, ai-j e dit, 37 sépultu­ r e s . De' c e s 3 7 , neuf sont ant érie ures à ,l 'époque premérovingienne ; Iles p l u s a r.oC Îennes d ' entre ,eNes pourrai ent dater de la fin du néolithique ; l:es �1:l au tres con stituent la s érie réce n t e , qui nous intéresse ici .


- 231

Les' 28 r€cenles S'ont toute s prémérovingiennes, du I V' si è cle. EU'es sont toutes, sauf une, orientées de la même façon : Est-Ouest, tête à l'Ouest, et de teUe sorte que le défunt, couché sur le dos, pouvait « voir l'Est » , conformément à une iradi.t ion très ancienne et bien connue ; la la sépuU ure qui fait exception (N " n) ,e st orientée N.-E . - S.-O . ; eHe pour­ rait être une erreu r du fossoyeur. Les 2 8 sépultures réee ntes de l a première campagne sont de deux sortes : - sépu'l tures sans entourag e de pierres ; - s-épultuœs plus ou moins -e n tourées de pierres . . Les sépultures sans -entourag e slOnt au nomhre de 1 4 ; ceHes avec entourage SOllit au nombre de 14 aussi. Les pierres d',e ntourag'e (meulière locale) sont habituel,lement brutes ; cel les des pieds et de tHe peuvent être discrètement travail>lées en danes ; exceptionne:Uement ces dalles- sont gravées de s,tries. La deuxième campagn e de fouNles nou s a livré 42 sépultures. De ces 42 sépultures, quarante sont rigoureusement conformes aux 28 pré-méro­ vingiennes de la première campagn'e ; eUe,s datent du I V ' si ècle, 'e t deux seulement sont antérieures (les N °S sn et 4 1 ) . Les 40 sépultures prémérovingienne-s de la seconde camp'agne sont toutes orientées .à la façon d e celles de la première campagne : Est-Ouest, tête à l'Ouest. Elles sont du même type qu'eUes (type barbare) , avec ou . sans entourage de pIerres ; 26 d'entre elles sont av'e c entourage d e pierres ; I l sont sans entourage. Plu s'ieurs s épultures de la 2me campagne ont montré la présence de pierres sur les squelettes eux-mêmes. .

LES SQ UELETTES Les squeleUes de Grigny ont été trouvés to ù s à l'a même profondeur, à quelques centimètres près (de 7 0 à 80 cm.) . Hs reposlaient sur l e caillou- ­ tis de la Seine, et ils étaient habituellement en très mauvais état. Ils étaient -t ouj our·s couch é s à plat dos, membres allongés ; les mem­ bres supérieurs étaient, habi,tuel'l ement, le ,J ong du corps ; assez souvent, les mains ou un mem br'e, étaien t ramenés sur le bas sin. les,

CrAnes prémérovingiens. Pour l'a première camp agne de foui'l­ -l es -r ésultats de nos recherches sur fln,dice cranien hOrlzon ta'[ sont les suivants : -

Hommes Hy.perdolichocéphales . . . Dolichocéphale-s Sous-dolichocéphaI es . . . MésaticéJ;lhale s . . . . . . . . . Sous-brachycéphales . " . Brachycéphales . . . . . . . .

2 ( 7 1 , 2 8 - 6 7 ,2 3) 1 (7 5 ,40) 1 (79,55) 1 (8 1 ) 1 (84, 1 8 )

Femmes

1 (62,50 ) 1 (75,72) 2 (7 7,41 - 7 7,93) 1 (82,33)

Douteux 1 (72,92) 1 (7 6,42)

Total

4 3 2 1 2 1

La moyenne des Indices horizontaux, pour les hommes ; donne 76, 4 1 ; la moyenne, pour les femmes : 7 5, 1 1 . La moyenne général-e de l'Indice eéph:. liqu e horizontal, pour les prémérovingie:r:!s de Grigny, donne 7 5 , 2 1 . Dans l' excellente étude qu'il a faite d e s· s que l ettes mérovingiens, inti­ t u l ée « Monographie des ossements de J' époque franque " , Royer -e st arrivé, pour le" méroving iens de l'lle-de-France, au chiff re de 7 5 , 5·9 . On p eut done dire que le s chi lIres de Royer et les nôtre s correspondent. Royer t ro uve qu e ses c�:'l11 e s prémérovingiens dolichocéphales 'et sous­ dolichocépha 1 es sont dans une proportion de 7 5 % . Pour les prémérovin­ gi ens de Grigny, l'.OUS trouvons 6 9 , 2 3 % seulement, fait qui me parallt p : aider en faveur de l'idée qu'à l'époque prém éro vingienne, la pénétration


232 -

des dolichocéphale.� · nordiques · n'était pas encore ce qu'elle devait être au siècle suivan t. A u point de vue de l'Indice nasal, la p r e mièr e tranche des fouiJ!les m'a fourni 1 0 nez mensurables d'adultes p rémér o vi'llIg ie ns . Les criânes aux. qu e ls ils app art ie n n e n t se classent de la f aço n s u ivant e : leptorrhiniens 5 Clndic'e entre 43 ,8 et 4 6) mésorrhiniens 2 (lnd i C'e 5 1 et 5 0 ) p'l atyrr hi niens 3 ( I ndi c e 5 5 , 3 - 5 6 et 59) . La prop ort i o n d es le pt orrh i nie n s est 50 % . La moye nn e de l'Indice est 49,86 . ' . Broca, qui a Ltribttait une grande valeur à l'Indice n a s al , HU p oi n t de vue racial, avait ca'lc u l é q u e les cm n es des Francs provena n t de ,C h eHes ont c omm e Indice nasal moyen 48,8 7 et 49, 1 3 , et que les crlâ J1es des Francs de Ch am p li e u ont 4 7 , 56 ; au tre me nt dit , n o t re chiffre est l égère· ment sup é ri eu r à ceu x de B ro c a , ce qui nous paraît trè s normal, puisqne, à Grigny, n ou s sommes a u I V· s i ècle , c' est-à�dir,e avant les .grandes irllv a­ s i ons de grands dol i ch océp hal es leptorrhini enlS qui, au v· siècle, vont affi­ Il er les nez déj à f i ns . . . L'Indice orbitaire d,e s criânes prémérovingiens de Gri g ny nou s a beau­ <;oup i nté res sé , et , dès nos pre mièr'es recherches, nous ne p ara i ss i o'llIs pas etre d'accord avec les idées qu e nou s avions apprises de T opina rd . Top i n ard no u s e n seig n a que :l'orbite est basse (microsème) j u squ' aux mérovi ng i ens ; les p ré méro v i n gie n s devraient, par consé q u ent , s elon lui; être m k r oSlème s . Or, vo id l'es c h i ffre s que n o u s avons trouvés, sur 20 orbites mensura­ bles appartenant à 1 0 adu ltes p ré mér ovi'Illgie n s Hommes Mé!1a sème s (hautes) . . . . \i � sosè � es (in'terméd.) . . ' . Mlcrosemes . . . . . . . . . . . .

8 (94,4 - 1 00-100-1 08) 4 (83 et 85 ,7)

Femmes 4 (1 0 0 et env. 10 0) 4 (80 et 85,7)

Total 12 8 o

Le ,t able a u nous m ont r e qu' il y a 1 2 orbites' h a ut'e s (mégas èmes ) et 8 i nt erméd i ai re s {mésosèmes) , et pas une seule basse (microsème) . Topinard

doit donc s'être trompé : dêjà à

l'époqu e prémérovingienne,

le s orbit es ,des ha bitants des bords de la Seine étai e nt du · type actuel. En étudi ant les travaux des craniologisles qui o n t mensuré des, crâne s fra'Dlcs, j e voi s q u e m a c o n st a t ah o u n'est p a s lo a premièr'e : CoiJlignon, sur 1 3 c�âne s mérovingiens d ' Alsace, a trouvé un Indice orbitaire moyen de 8'6 , 5 3 , sur 8 crânes m é r ovi n gien s de L orra i ne , 8 3 , 3 . Royer, su r 3 5 crân e s masculins d e Cip�y, trouva 8{j , 5 9 , sur 2 7 crâ nes fé minin s 87,04 ; sur des mérovingi ens de Picardie et de No rmand ie 7 3 , 7 8, 8'6 ,39, 86, 7 0 et 86 ,48. Sur des cI4:lill leS francs de l 'Ile -d e - Fr a nc e : 8 1 , 7 5 , 8 1 , 1 2, 7 9, 1 9, 8 5 , 7 5 , 8 1 ,89, 8 0 , 5 6 , 8 1 ,24 e t 97 ,4 0 . Sur de s crâne s de Cham­ pa g ne : 84,88, 8 1 ,90 , 84,40 , 7 5 , 6 0 , 86 ,84, 8 1 , 1 2, 8 1 , 7 3 ,et 7 7 , 9 0 . La question est donc r é g l'ée . Pour l'Indice facial (ou Indice f ac i al su pé ri e ur ) d e s p r ém éro ving i e n s de Gr ig n y j e trouve 83,33 % de faces longues, et u n indic'e moyen de 5 2 , 57 . En fais a nt la moyenne des Indices faci aux étudiés par R o y e r sur les c:rânes de l'Ile�de-France , d' époque méroviulgienne, c'es,t-à- dire p o stérieu rs a ux nôtres, j e tr o uv e l e chiffre de 5 5 ,80i ; autrement d i t les faces se s ont allongé es de l'ép o que prémérovingienne à l ' é p oqu e méro vingi enne , ce qui e st , une fois de plu s , en a c cord avec ['idée qu'au I V' sièd e l a pén é tr a ti on

germanique ( h o m mes à- cnlue long, à nez fi.n et à face longll e ) , n' ét a i t pas enc ore au s si accentuée qu'elle le fut après les gra nde s i nv a s i o n s . L e s Frartc s d e Bel gi q u e o n t fourni à R oy er un Indice facial supérieur aU nôtre (59,3 1 , 5 7 , 7 1 , ô 3 , 60, 6 5 , ( 2 ) , aut re m ent dit le s fa c e s l o ng u e s' étaient


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QUELQU ES SÉPU Ù'U RES DE LA NÉCROPO LE DE GRIGNY Mise en place des 'squeÏettes par le Dr G . DURVILLE

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-- 2 34 -

en Belgique, plus nombreu!\e s que chez mous, ce qui prouve que la péné� tration germaniqtIe étai t plus accentuée en Belgique ; ,et cela est conforme à ce que l"histoire enseigne. . Pour ce qui est du pr og na thism e des prémérovingiens de Grigny, nous avons trouvé le chiffr e moyen de 7 9 , 2 8 pour Il 'angle de Rivet. Il 'e st regrettable que les anatomist,e si qui se sont occupés des crlânes mérovingiens ne nou s aient donné qu'un minimum d e renseignements sur le prognathisme d e ceux-ci . Les seules données que je trouve à C,e suj et �ont fournies par Houzé, pour les Francs de Belgique : cet auteur fixe le chiffre de 8 0 " , très voisin du mien.

CJ'lûn es à c hig no n . - Houzé, étudiant les crânes des F,rancs de Belgi­ que, a, le pr,e mier, j e crois, décrit u n signe qui serait caractéristique des grands dolicliocépha les germaniqu es : une saillie de l'écaiHe d e .J 'occipital, en a'rrière, formant une espèce de « Ichignoni » . Hamy a confirmé la valeur raciale du signe du « chignon » , et assure qu'il peut permettre de suivre ,les Francs, au cours de leur descente à travers la Gaule. J'ai proposé à la Comm ission d'A rchéologie de la Soci é t é Na,turiste (j uin 1 93 8) de d ésigner ,l e signe cranien qui vient d'ètre décrit du nom de . Slgne de Houzé . E,u .-: omp a r a nt les cr,ânes mérovingiens qu'H avait à sa disposition, Royer a cru pouvoir préci ser que la pénétration germanique s' est faite du Nord au Sud, et d 'Ouest à Es t. Je dis bien d'Ouest à Est et non pas d'Est à O ues t , contrairement à ce qu'on pourrait croire, et par ce 'q ue Royer appelle u n « mouvement tournant » : B elgi,que d'abord puis PiJcardie� Normandie, et, . enstÏite seulement provinces 's ituées à l'Est de celles-ci . En somm e, la barrière ,du Rhin aurait toujours été le protecteur naturel et efficace de notre pays) l'obstacle qu'il faill t contourner. Et l'invasion de la B elgique, si ell e est ,le procédé actuel pour pénétrer chez nou s, est aussi le procédé de touj ours . . En Normandie, d'après Royer, les crànes mérovingiens fournissent 65,2,2 % de crânes à chignon. Il n'y en aurait plus que 3 8 , 7 3 % en Ile-de­ Françe, 36 % en Champa gn e et 3 5 % pllI s à Il 'Est. Exami'n'a nt les 12 occipi.t aux, bien intacts, des adultes prémérovin­ giens de Gri,gny , j 'ai 'c om pté :3 crânes à chignon, c'est-à-dire une propor: tion de 25 % . Les crones à chignon sont ,l es N " S 1 7 , 18 et 2 2 . Le crâne 2 2 est un des deux crânes à Os des Incas. Le fait que l' O s des Incas existe sur un 'cnâne à chignon t e n d à m e faire admettre que l'Os des Incas est particu larité germaJlliqu e . .

Taille des prémérovingiens de Grign.y. L'étude des os longs, seIon l e s méthodes de Lacassagne et surtout de Rollet, 'm'a permis d'attri­ buer aux prémérovingiens adultes de Grigny la taill e moyenne de 1 m . 7 1 pour les ho'illilli e s et de 1 m . 6 5 pour' les femmes . . J'ai obt,e nu ces chiffres en fai sant passer dans la série masculine le squelette N ° 3 , que j 'ai étiqueté femme à cause de son bassin de fem'me, m ais q ui paraît êfire un homm e . Manouvrier, avec 24 os masculins e t 9 o s féminin s ayant appartenu à des mérovingiens d'Andrésy, avait trouvé les failles de 1 m . 6 3 pour les hommes et 1 m . 5 2 pour les femmes . Verneau, avec 2 7 os masculins et 23 os féminins de MarelIÎ>l-sur. Uurcq, avait trouvé l ,in . 7 2 et 1 m . 55 . Royer, pour les Fran'cs de Namur, du Hainault et du Brabant, avait trouvé 1 m. 5H pour les femmes ; pour les Francs de BelgiqlH�, 1 m . 74 pour les hommes ; pour ceux de Nor�and��-:Picardié , 1 m . 7 0 . . �


- 235 -

Je m'étonne de la petite taille attribuée aux femmes par M anouvrier, Verneau et Roy,e r ( 1 m. 5 2 , 1 m. 5 5 , l m. 55) . Il est cla'ssique, et j e croi.s H est juste, de ,considérer que la femme qui correspond à 'l 'homme d'une cer,t aine taille, a 1 0 centimètres, de moins que lui. A l'homme de 1 m . 74, par exemp'l e, correspond une femme de 1 m . 64, et pas une femme de l

m.

56.

Je me demande si les auteurs que Je viens de citer, cependan t excel­ 'le'nts anatomistes, ont fait leurs calculs avec des os adultes . Quand on n'a que des. cas isolés - et pas de crânes il' peut être très daffi,cHe d'être certain que les os sont adultes. On trouve un huméru s, par exemp'le ; du fait qu'on a ses épiphyses soudées , on tend à dire qu'i,l ,est adulte, mais pourtant son possess'e ur pouvait n'avoir, à sa mort, que 1 9 ans, autrement dit, il pouvait n'avoir pas sa taille définitive ; dans ce cas, le dit humérus fauss,cra ,la statistique en bai ssant la taille moyenne. Comme, aux époques ancÎennEls, le nomhre des suj ets morts j eunes est considérable, le cas que j e signatle pour l'humérus peut être fréquent. A Grl'Ïgny, j- e n'ai j amais établi une taille par os long sans avoir au ssi le crâne . -

.

J'ai é.t udié 'les particularités sui­ Partle,u larité des os longs. vantes : troisième trochanter, perforation! de lu cavHé olecranienne, plati­ mérie des fémurs , fél'l:Wrs à ;p ilastres, platycnémie des tibias. Troisième trochanter. Houzé a signalé l',existence d'un troisième trochanter au féillur d e s F�ancs, el cela, dan S' l'énorme proportion de 4 0 % . Royer n'a trouvé ce troisième ,t rochant,er qu'une seule foi s (il ne dit pas combien de squelettes examinés) . Nous ne l'avon!s rencontré sur aucun des 1 8 fémurs· prémérovingiens de Grigny, qui possédaient leur ex!�mité sup érieure intacte. Perforation de la cavité. olécroni�,.ne. Sel'on Royer, les mérovin­ giens de Baye ont ,l a cavité olécran ienlle perforée dans la proportion de 4 1 , 6 % , ceux de Fère et de Normée, dans la. proportion de 9 , 5 % . pour les c hommes , et 50 % 'pour les femmes . Nous n'avons trouvé à Grigny qu'u ne seule cavité olécranienne pe rfo . ré e (Squelette masculin N ° 8) . P:latimérie. On sait qu'on appelle platimérie a'aplati ss,ement des fémurs d'avant en arrière. Verneau a trouvé plati1ll.« iques presique tous les suj ets mérovingiens qu'il a étudiés ; ,l a maj orité avait un indi,ce entre 68,4 et 75: VaHoi s en trouve ,64 % . Par contre, Royer n ' a: trouvé ' la rplati­ mérie qu'une foi s sur dou.ze. A Gri gny, j 'ai trouvé un indice moyen: de 7 6, 1 1 . Si Je compte la plati­ mérie à la façon de Verneau, c'est-à-dire j usqu'à l'indice 7 5 , Je trouve 5 5 , 5 5 % de fémurs platimériques . Si Verneau et Vallois ont raison, et si lIa platimérie des fémurs cst vraiment un caractère germanique, l e chiffre trouvé par nou s apparaît normal. Il ,e st nor1mal, en efIe,t , qu'i,l y ait moins de signes de germanisme au I V' siècle qu'aux siècles suivants . Fémurs à pilas tre . L e s fémurs prémérovingiens de Grigny n e sont 'p as à pilastre. . Platycnémie. La plaiycnémie, aplatissement transversal des tibias, étudiée pa r Houzé sur 8 tibias des Francs d e Belgique, s'est trouvée moyen­ nement positive chez un. A Andrézy, Manouvrier a trouvé une platycnémie yeu prononcée chez 1 2 , 5 % des sujets m asculins, avec indice 6'3 à 70, .e t une platycnémi e mar­ quée, avec indice inférieur à 63 chez 25 % des sujets féminins. A Baye , ' 43 % des tibias sont platycnénüques. -

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- 236 .,.. " A Grigny, nou s avons constaté unie platycnémie mo y e nn e as s ez accen­ tuée : i ndice moyen 7 3,3 7 s u r 2 0 tibias pr émérovingiens adultes . " Sur les 2 0 tibi a s , six s eulement ont un i ndice égal on supérieur à &0 : 90 , 8 0 , , 8 0 , 6 4 . Six i ndiC'e s sont en dessous de 6 5 . Le pl u s bas atteint 61 ,2 9: Si j 'appell.e platycnémiqu e s l e s tibias q u i ont u n indice en dess o u s d e m on chiffr e m o y e n de 7 3 ,37 , je constate qu e 5 0 % Ile sont .

Troubles osseux chez les prémérovingiens de G rigny.

No u s avons trouvé d'as s·ez nombreux troubles o s s'e u x chez l e s prémérovin­ gien s ; ce sont l e s s uivants : 1 ° Ret ard de fermeture de la suture m étopi­ que . - 2 " E xi s t en ce d e fontanelle s anormale s . - 3 " Exi stence d ' u n o s de s uture, dit « O s des l'D iCas )) . - 4 0 Troubles des m' axiUaire s . -- 50 Cades d e ntaire s n o m b re u s es .

R e tard de ferm e t u re (Je la s u t ure inétopiqlle . - On a pp e l l e' suture méto pi qu e ceHe qu i co up e verticalement le front en deux m oitiés, une droite et une gau che. La s u ture métopique doit, normalement, être fermée à un a n . Nous l a trouvons ouverte chez l'enfant de 7 à 9 ans , N ° 1 2 . Nou s Ja trouvon s , également ouver,t c, chez l'enfant de 2 U>ll'S , N ° 3 0 . Au trement dit , sur 27 cl"lâll'e s prémérovingi ens ' à front intact, deux sont attei nts de « métopi sme » . Royer , s u r 1 5 7 criâ n es prémé rovingie n s , c onstat e le métop i s m e s u r 2 1 , sujets ( 8 hom m e s, 9 f,e mme s et 4 cr:âne Si de s e xe i nd ét e r m i n é ) . V a ll o i s , sur 1 2 c rlàn e s de B a y e , con s:tate 2 cas . L'ens embl e Royer et V al l o i s donne 1 3 , 3 7 % de métopi s me ; et ni l'un, ' ni l'autre des deux a u t e u r s n' a de crone d ' e n f ant. A Gr i g ny , la moyenil'e fait 7 ,4 0 % . Si c e sont les Germai ns q ui ont importé chéz nou s cette tare o sseu s e rachitique qu ' e s t ],e m étopi s me ; dIe Ic omme n ç ait à s e répandre au I V " siècl e .

Existence de fon tan e lles anormales . - No u s �vo'ns t rouvé une fonüi­ llêlle l a mb d a ti qu e anormalement placée et non fermée chez . l'enfant pré­ m érovingien N " (3 iàgé de 6 ou 7 ans ; il s ' agit d 'u n troub'le rachitique coÏn­ ridant avec la persistance de la s u ture m étopi,que et av,ec l ' étroites's e an or­ male du m axil l aire , avec un cr[j ne trop gro s e t en carène . . Nous avons trouvé chez l'enfant prémérovingien N ° 1 2, âgé de 7 à 9 ans, deux fontanelles anor m a l e s occipito-pariétales , autre troubl e r achi. tique qui va avec l e métopi sme, l e s cari e s dent aires précoc e s et des trouhles des maxiHaires . II est re gr ett a b l e que le s archéologu e s qui se sont occu pés d e crâI1es mérovi ngi ens n'aient p a s reconstitué les crtânes d'enfant s ; sans doute a uraient-i l s trouvé, eux a u s s i , des ,c u s de fon ta n e l l es anorma}e s . '

L'Os des In cas . - La c u r i o s i té

crani e nne dite

«

O s' d e s Inca s »

n ' a,

à ma çonnai s s ance , j amai s été d écrite chez l e s squ e l e tt e s p rotohisto rique s

d e France. Je l' ai trouvée su r deux crtâ n e s préméroving i e n s voi s i n s l ' un d e l'autre : l a quadragénaire N ° 22 et l 'en f a nt de 4 à 5 an s N ° 2 4 . P e r s onnel­ J ement, je p e n s e Iqu ' il s ' agit l à d ' u n troubJ,e o S's'e ux faisant part ie du bagage 'r achiti qu'e : D ' au t r e part, j ' ai signalé déj à la coexi s tence de l' « O s d es Incas » et du « Chignon » s u r l,e criâne 2 2, c oe x i s t e n c e qui m e p ermet d ' at t ri bu e r à l a noma l i e « Os de s Incas » u n e origine ge rmani qu e . '

J.es m axillaires d e s ,� q i œ lettes prêm éro "ingiens . - Macary, m 'aid ant à étudi e r les m a x ma i r e s des crânes prém érovingi ens infanti l e s d e Grigny,

li trouvé r eux-ci atr é s j é s : chez l 'e n f a nt de 7 ans N° 7, à 'fonfa:D :el I e ,l ambda­ tique a norm a l e (diamètre i nter m ol ai res 16 m m . au lieu de 2 8 mm.) - chez , l'en fant de 5 a il s N° 27 ( d i am èt re 2,5 mm . au lieu de 28 ) . . Ayant me suré tous l e s max,iHahes �ensurables, il les déclare tous, sau f


- 23 7 ..

-0

- ...f

- 2

-4

-s "" UN DES DEUX SPLENDIDES

«

OISEAU X D'OR »

(Etat actuel et recon stitution)

7


-- 238 un, moyenn emenL larges : m és(Jvcs. Celui qui fait cX'ception (crân e 1 7 ) est

do/ichove.

Le maxi l l aire 7 prés ente u ne p etite anomal ie d ' évolution (une dent bu t e s u r sa voisine) ; le 9 manque, congénitalement, d'une, cani ne ; le 1 2 a u ne anomal ie d ' aLYéole s a u x i ncisives s up érieures ; le 20 a u ne anomalie de <l' émail ; le 21 avait de l a pyorrhée a'l véolaire .

Caries den taires . Al ors q u e nous n'avons pu recueillir que 40 dents appartenant 'aux crânes de l a Séri e ancienne, nous en avons! 40 2 de la S érie prémérovingienne. De cette série , il nous manque entre 343 et 350 dents ; disons 345 . (Nous n e p ouvons dire le chiffre rigoureusement ,exact , car pour plusieu rs sujets, nou s ne ,pouvons s'avoir s:ils poss édaient toutes leurs dents de sqg'esse et, pour plu sieurs crânes " très détéri orés , d 'enfants , nous ne pouvons savoir le nombre précis' de dents' qu' U s pouvaient avoir. Nous pouvons affirnier, en tout cas , qu e nous di spo sons de pl u s de la moitié du stock dentaire d e nos 2 7 s que1lette s pl'émérovi ngiens) . Sur no s 4 02 dents (soit définitives, soit provis1oires) , nous 'avons 64 caries, ,dont 4 7 du second degré et 1 7 pénétrantes . Au chiffre ] 7 représen­ tant les car i e s pénétra n tes , il convient d ' aj o uter 24, parce que nous comp­ tons 24 dents qui ont été, soit perdues du vivant, soit extraites chirUI'gica­ ,lement (on " ne perd paS! d e dent s s aines , ou a'lors c'est l!é maxillaire qui n'est p a s normal , 'et, seules, les dents ,cariées sont arrach ées) ; je crois donc pouvoir compter 4 1 caries pén étrantes (ou troubles équival ents ) . Avec les 47 caries du second degré , cela fait 88 ,c aries pour ·102 dent s . L e pourcentage des cari'e s dentaires p ar rapport aux dents saines est d onc, pour les prémérovingiens de Grigny, de 2 1 , 89 % . D'aprè s les travaux df W. M . Krogman, de la \Vestern Reserve Uni­ versity (Etats-Uni s ) , les carie s , à l' époque préhi storique de ,] a pierre laiUée (pa léolithi que) d épassaient 5 % (5 à 2 01 % selon les èndroits et ,l es races cOll!s'id érée s ) . El ' es atteignaient o u dép a ssaient 1 5 % à l ' époque préhisto­ rique plu s récente -- de la pi erre polie ( néolithique) : 1 5 à 45 % selon les pays c onsidérés. Elles augmenteraient ensuite davantage encore . Le chiffre de 21 , 8 9 % q ue nous constat�ns à Grigny parait en accord avec les travaux d.e Krogman . Retenons , en tou t cas , qu'à Grigny, à !l'époque prémérovingienne, il y avait déj à des caries chez le s enfants . Trois cliânes' d " enfants (les N ° ' 1 2 20 et 2 5 ) nous montrent à eux trois , 4 caries , dont une !pénétr ante. Je viens de parler de dents extraites chirurgicalemen t ; ol1' praHq'l1ait donc l'art dentaire S U T les bords de la Se Ïti1'e , au IV· siècle d e notre èl"e ? Nous nous permettons de répondre affirma tivement : Sur le cràne adulte 3 u ne dent a été , Sansl doute possible, extraite du ,'i vant (elle n 'a pu être expu lsée spontanément) ; SUT les 'crlâ·u'es 1 3 , 14, 1 7 et 1 9, même phénomène encore. Sur le crl:1n e 2 1 , tr ois dents ont été extmites ; sur le . ·crlâne 2 2 , deux ; su r le crâne 3 2 , quatre. , Enfin, sur le cr::1 n e 1 8 , il manque, non plu s une, deux, trois ou quatre d ernts , mais dix. 'Là d ' ailleurs, pour être rigoureux , nous devons dire (c'es,t M acary qui pade) « perdu e s 0 11 exlra'i tes du vil1a n t » . Même .ex p1i cation po ur le vieill ard 2 3 concernant qu atre dents absentes . -

-

,

E T UDE, A U TITRE D'EXEMPLE DE DEUX SEPULT URES DE GRIG NY Pour plus de .clarté, }e reprodui s une p artie du plan de la: première tranche des travaux, qui donnera u ne idée de la mise en place des s que­ lettes, de la forme des tombes et de leur ori entatio n . Je donne, d ' a utre p art, reproduction d ' u n fon d de vas e reconstit u é , l e d étai l d ' u n e fibule romaine et d'lin aigle d ' o r .


__ o.

239

J e signale , d e p lus , quelques détails s u r les sépultures N u '

13 et 1 9 .

Le 5 d écembre 1 9 3 7 , p a r u n froid d i m anche, FiUc. Guicharel e t Duni l ' e piO'chent l e I O' n g d u vi eu x ehemin d e terre qui

Sépulture n° 13. d'épée mérovln.glen ne.

-

L' Homme a u crâne fracturé d' u n coup

b orde au Sud l a nécl'Opol e .

A la profO' n d e u r habitu elle i l s re con nai sse nt une c uve funérai r e . La sépulture est gra l�,de ; il s'agit d' llll adu'l t e . L ' O' l'Îen ta tion e s t l a même que c eUe d e s autres prémér ovingie n s : Est-Oue s t . C'e s,t u n e sépult ure entO'urée de que lque s pierres . Une dalle de t ête, e n particulier ; e l l e a 70 cm. de l o n g , 4.0 cm. d e large et 20 cm. d'épai ss em·. Le . squelette gît à plat, comme d'habitu d e . Tous St;s · os sont en connexion anatom i q u e normal e . I l n'a donc j amai s été rem u é . Le crâne est ,é crasé en ga'lette, l'hémicràne gauche étant C<L' con tact avec l'hé micmne droit . Le s membre s i nférieurs sont al}} on g é s , serrés l'un contre l' autre ; l e s me m bres supérieurs l e l ong d u corps , l a m'ai ll gauche r a m e n é e sur l e bas­ sin ; l a drO'ite e st l e l ong d u cO'rp s . U n e substance h l a nch e (chaux '?) t-a pi s s,e l e fo n d de l a sép u i t u re .

Crâlle. - Le prémérO'vingien 1 3 'L'O'u s dO'nne un cl1:tue en 3fi morceaux identifiabl es, plu s d e s m i ette s . P arm i les 3,6 morceaux : 1 mO'rceau d,e la p artie verticale du frontal, 9 appartenant à la p arti e périphériq u e du pariétal g auche, 8 appartenant au pari étal drO'it , 6 mO'rceaux d'écaiHe du temporal, le temporal droit entier désarticu l é , u n e parti e de l'écaille et de la mastO'ïd e du tempO'ral gau che, 1 1 morceaux a p part'enant à l a face. L a plupart des d e n t s , éparpillées dan s l e sO'l, O'nt été retrouvées p ar criblage. En recO' n stitua nt le cràne , j ' ai e u , d e s uite, l ' att e ll!tiO'n attirée p a r u ne cas sure entamant d' ayant en arrière -l a parti e verticale dn frontaL Cette cas sure m'apparai ssai t nettement comme n' étant pas d ue à un éci'asement du fait d u sO'I : les cassure s d'un crâne dans le s O'I s e fO'nt p erp endiculaire­ me'nt à l ' o s . Ici la c a s sure e s t ,t rès obl i q u e . San s .aucun dO'ute pO'ssible, c l l e a été prO'duite par le ·choc très viO'h�nt d'un O'bj et dur et mince . Ce _chO'c a p O' rté d ' avant en arrière sur 1'6s frontal . Il est 'logique d'admettre que -l'épée m érovingi en n e a fait ceUe bl e s su.re . L'épée IO'urde , à deux tran­ c hant s, e s,t faite pO'ur frapper ; dIe p eut fendré un crâne à l a m a n iè re dO'nt a été fend u le crân e 1 3 de Grigny. D ' autre part , le s q u el ette 13 d e Grigny 'e st u n ' hO'mme ; mieux. c' est u n hO'm me jeune à cO'rps yigO'ure u x . TO'ut , dans s e s re ste'l, évoqu e l'idée · d n , s oldat . L'hO' m m e n ' a ]lu s u rvivre à ceUe h l e ssure ; Je n ' ai , d ' a i ll eurs , pas trou.vé trac_e d e la mO'i n dre cicatrisa tiO'n O' s s eu s e . La 111 0 rt n ' a p u qu 'être i m médiate. Exam en e t m ens u ration du crâne . -- Vu en « nO'rrna verticali s » , . le crâne est u n oyO'i n e ::: s s'('z eO'uTt, à grO' s1se extrémité pO'stérieure ; 'e n

norma facial i s )) , il a un fro'nt large, et l e s pommette s s o nt ,l a rges ; en norm:l Iaterali s » , i l prés e nte UIl (' g label l e plat'e et des' arc a d e s sO'urcÏ l iè­ !"C s saill antes. L'indice cranien hO'rizon tal n ' a pu être ca1-c ulé q u ' approximative ment : j 'ai trO'uvé 81 , ce qui le d a s se sou s-brachycép hale ; i nd ice O' rbitaire, 83 ; indice nasal, 5.9, et i n d i ce faci al su périeur , 48. l�e suj-et e st d O' n c m é s os è me , platyrrhin i e n , m é s O'prosO'pe. «

«

14 manquant e s ,

Etude de Il! den tition . 1 3· n 'O' n t pas

-

NO ll'S avO'ns t rO' u v é 18 dents d ' ad u lt e . Sur les été retrouYéeS' et une a été per due du vivant ,

IO'giquement par extracUO'n. Usure dentair e t rè s a ccen t u é e . Ell e atte int 3 miI' imètres aux i ncisive s, · 4 a ux m ol a ires , fa i t que n o u s attribu O' n s à l a présence d e caillO'ux dans le pain de l'épO'que.


- 240 -

par GUY GA UDRON, à l'aide, de morceaux trouvés près du crâne prémérovin'gien infantile N ° 28 La jatte paraît être de la forme 29 d e Dragendorff

RECON STITU TI O N D' U N FOND DE JATTE

Mensuration et indices des os longs. Pour le cubitus, indice de pla­ tol é nie , à droite 1 20 , à gauche 1 2 1 (cubitus non platoléniques) ; pour les f'é murs, indice de platimérie, 73 à droit.e , 75 à gauche ; l'indice pHastrique donne 10 0 à droite ,et à gauche ; les 'tibia s sont en lame de sabre : indice de platycnémie, 63 à gauche, 67 à droite . -

Taille. - D'après la lo ngueur des humérus, l'homme avai t une taille 1 m . 6 9 et 1 m . 7 2 ; d'après ses; fémurs, il aurai t une tail'le entre 1 m . 79 et 1 m . 81 . Les chiffres lue s'accordent 'p as . L'homme aViai,t de petit'!lI bras et de grandes cuisses ; la cui sse j ouant d'ordinaire un rôle plus important dans .l a taill e , i l nou s paraît 'logique d'adopter l e c hi ffr e fourni par l e s fémurs : 1 m . 79 environ . A ge du suj e t au momen t de la mort. L'homme est mort jeune. Ses os longs ont toute,s leurs extrémités soudées ; ceJ.a précise au moin s 20 ans lors de Ia mort. · La dentition recule Il 'âge de la mort : l:es dents' de salg esse ont 4 millimètres d'usure. Le suj et e st mort ver s 25 ans.

en t re

-


Mobilier.

Grigny.

-

-- 2 4 1

�-

Il n ' y avait a ucun mob i�ier dans, ,l a sépulture N° 13 de

-

Sép ulture n° 19. La Femme aux Oisea,ux d' Or. C'est la plus ri'che de nos s épultures a u point de vue mobilier . EU� e s,t occupée p ar un s quelette d e femme, sur l equel nous avons trouvé d es bijoux. Ont fouillé cette sépulture, le 30 j anvier 1 9 3 8, FiUe, Gaudran, Guicha­ rel et l'auteur. Elle est du typ e e n plein e terre, sans l e moindre entourage de pierre . Le squelette 'e st cou ché sur le dos , c omme c'est l ' habitu d e ; le fond de la s épulture est tapissé d ' une subs,t aonce Manche qui paraît être d e l a chaux. Le cr-âne est dans u n état lamentabl e . Nous avons recueilli de lui : 7 morc'e aux app a rten a'Tiit à la partie verticale du fron lal, le pl afond de l'o.r­ bite droite, troi s m orceaux du p ariétal gauch e, 4 morceaux du pariétal perdroit, la pyramide roche u s e gauche et des miet,t e s . Sa reconstitution . met de dire qu'il ét ait d olichocéphale . De la face, nous avons seulement trouvé la parti,e basse des deux maxillair e s supérieur s et le tiers environ du maxillaire inférieur. Tou l e s l:es dents étaient éparpiUées dam. le sol ; de ceHes-ci , nous avons retrouvé 1 9 ; u ne vingtiè'me, l a premi ère molaire inférieure gauche, a été extraite d u vivant. D entition petite, d ' a spect féminin ; ce sont des dents d e j eune adulte . Elle s n' ont pas d'uslUre ; on y compte deux caries : une du deuxième degré, sur u ne prémolaire. La mensuration des os longs donne : indice d e platolénie, 80 ; indice pilastrique, 1 00 ; i ndice d e pl atycnémie, 7 8 . L e suj et n'avait p a s 25 ans ,q u and i l e slt mor't. La dent d e sages se non u s ée paraît devoir abai s ser l'àge de 'l a m ort à environ 2 0> ans.

Mobi lie r . - La sépulture N ° 1 9 nou s a donné : 1 0 - Plu sieurs obj ets qui parai ssent être les' restes d'un sac à main.

loI était - entre l:es genoux du s'queleUe, à proximité des rphala'Tig i es de ·la m ain gauche, laquelle repos'ait sur le fémur gauche . Nou s avons d ' abord trouvé une gro s s e perIe de verre noir ; cette perle p OTte trois i ncrustat � n s ,e n pâte de verre, une en zi � -zag et de �.1X rectili­ gne s ; l e s deux rectIlIgnes s o nt M anches, c e l l e en zlg-zag e st J a une. L a p erle est percée d'u n t r o u central . A côté de ce tte perle, nou s en avons trouvé u n e seconde ; elle est plu s petite que la précéd ente, en verre buNeux iri s é ; eU e est côtelée, percée d · un trou c,entraL A côté encore , deux anneaux de bronz e . 20 Une magnifique pl aqu e de ceinture comprenant boucle et cais­ son Cloisonné. On n e connaî.t qu'u n seul aulre exemplaire de ce bij ou ; i'l est au Mu s ée Cernu schi. La plaqu e de ceinture était sur l e b as,sin , devant l e sacrum . Ell e e s t ,en tôle d e bronze . L'ardill on est en broll1z e, en forme stylis-ée- de tête d'oiseau ; l ' extrémité de fixa,tion fait la queue de l'oi seau. Le c aisson annexé à la boucle es't qua d rangulai re. Il 'e st décoré p'ar des barrettes soudées bord à bord, forma'li't des clo i sonnement s verticaux. II v a 25 compartiments ; dans chaque compartiment, il y a du verre color é. �

!

--

3 0 - U ne b ell e fibule romaine en bronze . E ll e était pl,a cée au-dessus de la plaque de ceinture, 'Sur la 3e ou 4· vertèbre lombaire. EMe pouvait tenir un vêtement bu un linceul ; e t sur la convexi,té de cette fibul e nous avon s même trouvé u n re ste métalIi s é d e U.ssu prémérovingien . 4° Deux splendides ois'eaux s tyli sés recouverts d'or, posés au niveau def' v e rtèbre s cervical e s intérieure s . L e s deu.x oise a u x s o n t en bronze . Le bronze e s t revêtu d'une plaque d'or ; c,el: e-d est ciselée à l ' aile et à la 'queu e ; eUe est repou s s ée au b r c et aux pa.ttes ; ell e sertit un morüe au rouge et plàt de verre, ou de grenat, qui fait l'œil ,

--


- 242 Prè s de ce s d eu x o i s eaux, q u i é t ai ent d es fibu l es , nous avons trouvé perl eis vertes, u ne perle blanche , une perJe gri s� et 1 2 perles oranges. T o u t e s ce s perl e s ont e n vi ron a m m . d e diamètre. d'où l a d i fficulté pou r l e s trouver. L'ensemb l e oi s e a u x et per' e s constit u ait un come r . On voudra bie n temur q u er, s ur ce m ê m e s'q u e leUe , l u pr és enüe d 'une fi b ul e rom ai1nle et d ' un bij o u barbare (d ont -l 'origine est la Sibér i e ) : m é l ange étrange, s'ur les bord s de la Seine , au I V" siècle, d e la c u lture médit.erranéenne et de lIa cu lt ure des s t e p p e s . L ' évol u tion de l a tête de rapace - symbole extrême­ odental de la force armée -, de la Sibérie et l' Ouest Européen , a l on­ guem ent été ét ud i é e dans m o n ouvrage . \(

43

'

PRINCIPA UX OBJE TS MOBILIERS EXHUMES DE GRIGNY Je cro i s d evoir, pour donner u ne idée générale du mobi l i er trouvé dans les sép u lt u re s b arbares de Gri gny, co m m u niqu er un extrait du rap­ port que j ' ai a d re s sé , à c e suj et, a u Mi nistère de l'Education Nationale .

Sépulture

n"

7

1 p i erre gravée de :chevron s . 1 boud e d e c e i n t u r e , en fer, de tradition r om a i n e, c aracté ris·ti q ll e d u prém érovi n gien d e Grigny. 1 t egula .

Sép. 9 1 boude de cei nture en bronze , de

tradition gaHo-romaine .

Sép. 1 7 1 boucle d e c e i n t u r e e n bronz e .

1 anneau d e . fer (trouvé p r è s de l'avant-bras gauche) fermé p ar rap ­ prochement. l anneau d e bI"onz,e ( 1 2 mm . fi de cHan1. intérieu r , 18 mm. d e d i a m . ext . , à seotion carrée ) .

Sép. 1 8

.

1 boucl e de bronze, de cei nture. 1 rivet qui devait être d e l a d ite

ceinture.

(Cf.

1

p . 2 41

bouc l e

ci.-des su s . )

Sép. 22

de

c e i n t u I'e

de

fer .

Triple sépiulture infantile 27, 28 et 29 4 tess o n s d e poterie (N ° 2 7 ) et nom­ b re u x fragments d e pote rïe (N ° 28) . Sép. 34

1 anneau de bron z e .

Sép. 35

1 reste .t rès u sé d ' u n e demi-pièce de mon nai e : « denier à Caron » (dans la bouche) . 1 boude de br o nz e . 2 perl:e s sphéroldes, de 2 cm . d e d iam ètre, e n ve rr e a mbré .

Sép. 37 bracelet de fer .

Sép. 38

1 vase c érmn ique , le premi e r trou­ vé entier d a ns la nécropol e , pl'acé en­ tre les tibias du s qudette ; c 'est u n vas,e Franc. 1 b ouc l e de fer , avec son ardillon , sur le bassi n .

Sép. 39

1 poignard en o s ; il est per c é à

Sép. 19

et

3 rivet s de c einture en b ronze blanc .

l b o u c l e d e c e i nture e n bronze .

1 c m . de son 'ext'r émité large d'un petit trou circu l a i r e . L o ngue u r : 1 9 c m . fi . Il appartie'llit à u ne s épul ­ t u r e d e lI a Série anci enn e et d a t e de ,l a fin d u n é o l ithiq u e .

Sép. 42

1 b o ucl e d'oreHl e de bronze, à l'oreill e ga uche . :3 perlè s au cou , dont u n e en céra.­ m ique, et d eux p l u s gross,es en verre . 1 boucle de ceinture en bronze .


-- 243 -

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,

FIBULE RO MAINE EN BRONZE

(Vu de face, de profil et de do s)

d (�cor

Sép. 44

1 f ra gm e n t de 1 clou d e fer.

fibule.

cérami qu e .

cn

«

S

1 peti t e boucle de f,e r, a v ec a r d i l ­ lo n f e r 1 g r o ss e boucle d,e bronze argent ée ardillon bronze. 1 morceau de céramique, sur le maxiHaire i n fé ri eu r .

.

Sép . 5 1

( Tombe d e chef )

1 p o i g,n'ar d de fer, à 'l a main g au­ che, a l l o n g é l'e l o n g de la cuis,s e g a u che.

.

Cet

ob j et

1 boucle de fer avec ( sur l'épau l e droi �e ) .

S ép . 46

'

)) .

-

1 b r a n ch e d'une forc·e ( an c êt re des cise.aux) .

1 c e i nt u re de fer al'Uculée, genre chaînette, avec r i v e t de fer à bord d en te l é (ceintur e herniaire ) . 1 beau b ij o u harbare à 2 têt e s d'anim al f a n t a s tiq ue reliées pal' u n

so

est un e

n ardi llon

Sé'p. 52

1 boucle de fer oval e , avec ardiHon (s u r l'os i'l iaque droit) . ' 1 a nne a u, de b r o n z e , ressemblan t à u ne bague, mais q u i n'en e s t pas une (dans l a fo s s e iliaque g a uc h e ) . '

'

Sép. 55 1 b oucle de fer en « 8 foss,e il i aque droit e .

»,

sur l a

Sép. 56 1 c o u teau d e fe r , à p ro xi m i té de l'avant bras g a ù ch e 1 b ou cle d e fer de grande t ain e, .au n ivea u de la symphi se p u b ie n n e . .

Sép. 59 b o u de en fer. 1 i u s aÏole.

1 p e ti t e

1 f', r a n d e houele de fer,


- 244 -

en

1 obj e,t en tôle de b r o n ze, pointe haut (fibu·le ?) . 1 bague en bronze, à la m ain droite,

entre les fémurs . 2 oiseaux de bronze, a u c ou (du même type barbar,e que ceux de la S é p . 1 9) . 3 mo rcea ux d e poterie, sur 'l e cr.âne.

Sép. 60 grosse boucle de bronze, avec ardiHo n en b r on z e . 1 p o i gn a r d de fer, très i nc o m plet , à l'extrémité du f é m u r ga u c h e . 1

Sép. 6 1 1 bo uc l e de bronze,

av,ec a r d iU o n argenté. 1 l a m e de p o i gn a r d . 1 pièce de f.er à anneau. 1 lam e d e fer à bout recourbé. Sép. 63

Importants fragments d'une cein­ ture de fer, vrai semblablement b an­ dage herniaire (trouvés autour d u baslsin ) . Sép. 64 1 peHte boucle de ceinture en bron­ ze blanc, avec ardillon de même mé­ taL Sép. 65 2 'petites perIes tubulaires en verre noir (au cou ) . 1 m or c e au de céramique j aunâtre, mal cuite .

( Infantile ) $ép. 66

1 m o rc ea u de (d é b r i s d e t egu1l a) .

céramique épaisse

Sép. 67

1 p a i re de forces sur laquelle repo­

sait, à plat, une pièce allongée en fo rm e d e p oi n ç on. 1 très petite boucle de bronze

blanc, avec son ard illon . 1 moitié d e

Sép. 68

boucl e de c ein tu r e à 5

rivet s, eu br o nz e , avec décor natté de la p l at i ne, anneau évidé, avec ,trois t e n ons de fix ati o n s o u s la p l at ine. Sép. 69

1 grand coutea u de fer, 1 5 cm. e11-

viro11. 1 p ai r e de forces. l 'p et i t e boude d e bro11ze qui pa­ raît avoir fait partie du fou rre au du

� couteau�

1 petite bo uc l e de bronze de clo­ cie, dans 'Ia fosse iliaque gauche. 1 boucle de fer, d ans l'a fos s·e iH a­ que droite. 2 ri v e t s de bronze . 1 t i g � de bronze fine (obj et i ndéter­

mi né ) .

Sép. 70

i bou c l e d e bronze ave c a rdillon br o nz e . 1 autre boucle br o n z e, très petite,

1 couteau .

pl acée

sou s le

couteau ,

Sép.

71

côté m anche .

1 p ai r'e d e fo r·c es . 1 peUt,e l a me de couteau de fer.

D ébri s

cuite.

d e vase en pâte noire mal Sép. 74 ( Infantile )

2 f r ag m e n t s de boucle de fer . Sép.

75

1 p oi n te de f er ( c l ou p r obab lemen t ) .

Sép. 77

1 gr and anne au de fer. Sép.

78

1 moi t i é de forc.e . * **

S i .J e s lecteurs d u d ' a u tres d ét ai'ls sur

Bulletin désirent Grigny, en parti­ culier les schémas des obj ets précités, ils v ou d r o nt b i e n l e s d emander . Je me ferai u n de v o ir de les satis faire. Dr Gaston DURVILLE.


O CC UPA TIO N E T LIBERA TIO N DE VILLEMOISSO N 67 Juin 1.940 - 2 4

Août

1.944)

Par VICTOR CHAUDUN -

L

A

tragédj'e mondiale qui vient d � se ter�i � er e st . el1lCOr � trop près de nous pour que nous nou s crOyIOn s obhge de flaIre reVIVre aux yeux de nos contemporain s l 'état d' esprit qui régna it en 1 9 39 dan s notre pays qui était -en pleine cris e politique et économique et encore bien loin d ' avoir retrouvé l a d ouce tran qui llité que connurent nos pères avant 1 91 4 . La crise économique du rait depui s 1 9 30. Elle était fill e de l a cr i se po li­ iiqu e permanente qu i régnait d epuis la fin d e l a première guerre mon­ di a l e . L'instabilité d e n o s gouvernem ent s , l ' u s u re et l ' incap acité de la plu­ p art d e nos mini st r e s s on t à i'origin,e de l a m auvai s'e p o litiqu e q u i géra pendant ces vingt dernières année s l a maiso n Franc'e , politiqu e faite de m en s onges, de p eur et d 'abandons qui créa -chez les For ançais u n état d'e s'prit d e d é sillusionnés et d e scepti'que sl, qui avait tué chez eux tout dynamisme ' patriotiqu e et m ême tout i d éal . A ce s fil s d e s m orts de Ver­ d u n, qui n'i gnoraimlt p a s 'que leurs pères étaient 'tombés parce qu'on leu r avait d i t « P o u r q u e vos fil s n e connais-sent c e la, p o u r q u e ,cette guerre s oit la dernière, ne lai s sez p a s pa s s er le boche » , pouvait-on demander, quand ils partirent en septembre 1 93 9 pou r ,le nouvel holocau ste, d ' a ll e r au combat l a fleu r au fusi-l e t la chanson aux lèvre s ? Non, l e troupier de 1 93 9 part t parce qu'il I-e fallait, -sans cet é lan q u i est une gr1ande force pour la d-e fense d ' une cause ( 1 ) . A l a courte agitation que cau sa l a p o se de s affi ches appelant c e r­ tains r é servistes au mois de j ui l l e t 1 93 9 suivie du dépar t aux .armée s de J 'ensemble d e s hom m e s mobil i s ables pendant l a première 's,emaine de septembre, succéd èrent les qu e lques s emaines anxieu se s du début de la guerre pendant l e s-quelles on s' al'iendait à tout : déclenchement d' une oJfen sive d ' u n côté ou de l 'autre, bombardement sé rÎ'eux, gaz , mais rien file vint. Les soldats aUendirent, d ' abord l' arme au pied , pui s s ' habituè­ rent à ne rien faire. Ceux d e l ' a rrière prirent ga iem ent l a cho s e, ,ceux, du Rhin et MoseIle se mor fondir'e nt l e s p ied-" dan s la neige, ayant à peu près comme seul ennemi un hiver très IOl1,g et très' rigoureux . . I l nou s app araît que c e fllt u n e grand e faute ' du co m mandemen t francais d'impo ser à ses troupe s ceUe guerre l,a rvée d e l ' hiver l \l3!J.-40 et il" est probable que nou s n ' au rions pas connu la p l u s gran de déroute de notre hi stoire si l ' offen sive a vai t é té gcnéra l i,. s é e avec de puiss'a nts m oyen s d è s septembre 1 93 9 . En avril 1 940, les l ocaux d i sp onibl e s d e ' ViHem oi's son furent occ u p é s par d e s éléments motori sé s , desl j eu n e s gen s p l u s e nel i. n s à lutiner no s

(1 ) Nous exprimons notre sincère gratitude à M . V ict or CHAUDUN q u i n'o u s a obli­ gea m me n t prêté les clichés qui illu strent cet article, extrait de son magnifique ouvrage sur Villemo isson . en Hurepoix .


- 246 fi:lle s q u' à ap prendre le d u r métier de la guerre . Ils no u s quittèrent au de - j u i n p o ur re nforcer l e s troupes q u i c o mbaUaient 'sur l'Aisne et n o u s avons s u , par quelq u. e s re s capé s , qui I1ep as s� rent p a r Ville m oi s son , au moment de l a retraîte, qu 'il s furent décimés dan,s ces ' d erriiers ' com­ bats, l es premiers pour eux. ! Le 1 1 juin, j o u r de l a d éc l aration d e guerre i talienne, l ' exod e , l ' i In­ mens e et p oignant . exode, comm ença s u r no s route s'. Ceu x qui vi rent cet interminable troupeau humai n poussé par la peur hors des m ai s o n s pour . fuir l"ennemi 'Ct conduit par ' la p e ur so u s le feu i n fernal de s avion s aBe­ mands et ita liens tout au long d es c.hemins, ceux qu i vécurent ces heures tragiques , n'o u bl i eront j l uu a i s C'e. n avra nt s pectacl e . A u x déclaratio n s d e P,a ul Re) n a u d , l a i ssant croire q u e P a r i s se,r ai t d é fendu , une véritable paniqu e s ' e mpara de nos po p ul at i on s e t l e s gare s fermèrent leurs port e s . Aprè,s l e s gro ssie s voitures fuyant r ap i dem ent vers l e Su d , vinrent ,l e s c a m ionnette s , p u i s l e s voi t ures, de tourisme , cell e s. à chevaux mêlée s de hicycl ett e s et d e troupes f.ra R ç a i· s.e s ·e n retraite, enfi n lp fou l e d en s e d e s p iétons traînant d e s voitures d ' e nfallit,s ; des brou ettes', des p ou s s ettes, supportant de s infIrmes ou des . maladies, des bagage s q u ' o n abandonnai t lorsque l a fa tigu e ou le c afard vous prenairt . L e soir, tout c e mon d e couchait à l a bene étoile, dans l a garenne, dans la salle c o m m u n ale, à :l a b i scuiterie. Un fait notable était l e grand nombre de chi e n s errants que les A l le­ mands abaUi œnt par la suite . Le 1 3 ju in, p ar u n e après-mid i de fièvre intense , encore a u gmentée par l es ru m eurs d e tout gen r e qui circul aient , on apprenait vers 1 7 heu­ l' e s que l' en n emi était signal é à Pierrefitte , que]:ques instants' plus tard à . Pan Un, puis à D rancy et Noisy-l e�Sec. . Le 1 4 à 5 heqres d u matin , à Sarcelles, d e s n égociateurs frança is renc o ntraient , sut l'i nvitati on enn emie , les délégués du hau t comma nd ement a llemand qu i e xig,eai ent : po ur éviter q ue Paris de,uienne zon e de gu erre , O ll c un e résis tan ce ne sera fa ite ni par {es tro u pe s frança is es, ni par la p o plllaUon dans Paris e t Jusq ll'à la l ign e Saint-GeliITlain- Versames-Jll visU­ Saiii t-1I1all r-des-,;Fossé.ç et encore le m ain t i e n iJe l a poUce m llnicipa le, a b s ­ tention de tOllte des truction de po n t s et in stalla tion s n écessaires à la "ie p ublique s o u s la s u r v,eiHanc e d u préfet d e p()Il,i c,c Laugeron . A 3 h . 40, ,l e pre m ier m otocycliste aUem a nd travers a it l a p l ace Vo l·· ta i re ; 'à .5 h. 35, l e s pr emière,s troup e s aUemande s de scen dJaien t la ru e de Flandre à Pari s ; à 7 h . ;)0, on les signalait patro.uilhmt boulevard Saint­ Michel ; à !J h. 45, l e drapeau à croix gammée était his,sé s u r l' Arc de Triomphe et les troupes m otorisée s enn e m ie s démi:tient aven u e de s Champ s-Elysé es ; à 1 0 heures, l e drapeau a l lemand é tait su r l ' H ôtel de Vme de Pla·r is . P l u s prè s de n o u s , à Anthony, un soldat (r ançais t u a à 9 heure s· un ,s o ldat all emand et s e fit t u,er l u i - même. L'Et at-M a jor et son ,che f S tu d n it z s 'in sta l l èrent d è s 11 h e u res à

déb u t

l ' Hôl e l

CriUon" à

Paris .

A ViHeÏn oisson, p lus de n o uvelles ni de Versailles' ni d,e Corb eil ; l e t é l éphone n e foncti pnnai t plu s . D a'llis c ette aprè s - mi d i , d u 1 4, u n ép ais n u a ge de fu mé e obscu rci ss a it le c iel, v'enant des r é servoir s d ' e s sence de Juvi sy. C'était le si g n e ce rt a i n qu e l'ennemi était proche . Son avance 'était si r ap i d e que les p l',emi ers crép item ent s de m i trailleu s'e s s e firent en t e n­ dre au l o in venan t d e Sa-vi gny ver s 14 h eu res ; P l u s t a r d , nou s avons su q u ' i l s ' a g is s a i t d ' u n engageme n t entre un tank français et u n e a uto· m i t r a iHe us'e a l l e m a nd e, r ue .J e a n -A l l e m a n e à Savigny.


- 2 4 7 - --

Vers 1 5 h . 3 0, un premier bombardement eut lieu s u r le pont de .Juvisy et l e parc de Savigny qui mit le feu au château et détériora p l u s on moin s cen t v i ngt-ct-un i m m euble s de Savigny, bèaucoup de maisons à Morsan g , quelques- u n e s à Epinay et Sai�te-Gell'eviève. Plu­ s ieurs obu s écl atèrent s a n s d o m m a ge dans l e blüs Bruneau près' de l ' égli se de Villemoi s son d ans l a n u it d u 1 4 a u 1 5 et l e 1 5 vers 2 2 heures . A partir de fi h 'J O , l e H i j uin. hombardement p a r l es Al'leman ds d u pont-route de Juvi sy ( B elle s-Fontaines ) et de l a viNe, causant des perte s aux hommes du 29" R . 1 . On signalait qu'il n'y avaH plus d'eau, de gaz e t d'électricité . Vers 10 h. :'10, à son tour l 'artill erie française , installée d an s l a pl aine d e Montlhéry, bomhardait l e pont des Bel'les-Font1aiues où circulaient des rassembl em ent s importants ennemis . Ces bombardements conti nuèrent à 1 4 heu,res, les proj ecti l e s passant au-des s u s de Villemoi sson . Les princ i p a u x c a r i'efou rs d u pays étaien t tenus par des équipes de .

fusiIiers-mitTaiIleurs, p a rti cul i è r ement aux Franchis e s 'et a u Boi s , tout a u oloTIlg de la route de Corbe i l . L à était p l acé, face au n ° 6 , un post e tenu par des h ommes du 89" R. 1 . . A 16 h . 30, un duel ùe mitrailleurs avait lieu 'entr e .les Alilemands établis vers les « Six Chêne s » ct des Françai s' se trouvant sur la route de Corh ei l . U n Italie n habitant l a commune, Emilio L u isiana, lâ gé d e tren t'e -cinq ans, père de deux enfants, se rendant à son travail de ca,rrier, en fut la vi ctime . Le 1 6 au m ati n , sou s l e tir d es ll ütrameuse s et le bom bardement , l es cürps de deux S'ol d a t s françai s furent déc�uvert s par Mme Favel . C' étai t ceu x d e Parizot André , né l e 1 4 novembre à Sens, pupill e de l a Nation, tué route de Corbeil , au coin d e l'avenue d es R o s e s , et de Stocky Auguste, né l e 15 maÎ � 9 1 4 à Strasbourg , soldat au C.I .D . 1'6 , 4" C. R . du 89" R . 1 . , t u é aussi route d e Corbei l . en face du garage Lépinoi s . Un autre corps d e m ilitaire, en décomposition, f u t t rouvé pa r de s personnes d e ViUemois­ son dan s l e p a rc d,e Bea u s éj o u r -et auss i u lle main violemm!eut a'1'l'achée , portant une plaqu e d'ide n tité . Les militaires P arizot et Stocky furen t enterrés dignement au cimetière ; deux -soldat s allemands assistaient, p robablement p a r ordre , à c ette i n h u m ation . D ev a n t ,Ie « M a noi r o e s Troi s-E'au x » , u n e ba rri c ad e était i n s t a l'l é e - - i l Y ,e n ava it u n e a utr e face à l 'orpheli nat - gardée par t roi s s o l d a t s du 8 9 " R . 1 . o o nt d eu x très j eu n e s . extrêmemen t fa tigué ,,' et (!t'mora li s é s . s c pl aignaien t . Le t ro i s i è me , pl u s âgé, excédé de l eu r s prd i n tes, leur dH brutal ement : A l l ez ·you s-en, puisque vous êtes bons à rien , j ' attendrai l es boches tout seul. )) Ce sol d a t attendit seul lia pr1emière voiture a ll e­ mande. une torpédo découve rte dans l aqu e l l e étaient plusieurs gradés" parais sant en état d'ébri été , e;t tira u n e rafaIe de 'son F . M. Un officier fut tué. Ses camarade s firent demi-Lour l ai s sant l e cad avr,e . dans les orti e s du chemin o e t erre devan t l a bou l a n.gerie Rohert. L e :s ol da t français di s parut à son tour. Le lende main 1 7, l,e s premiers Allemands de p a s'sage, d écouvrant l e mort et croyant que l eu r {'amarade avait été tué p a r des ci vHs . firent per'quisitionner d a n s tous les immeubles pour y trouver l e s arm e s ct l e s hommes cachés . L'autopsie du cadavre révéla par la su it e que ,l 'offi ci e r avait é t é L u é par une b a ll e de fusil de g u erre. L e 1 8 juin, e ntr e 8 et 9 heure s , u n h omm e caché dans l e « Vieux L ()f�is » , probablement sUl'pri s p a r l 'arrivée inopinée d e s A llema l� d s , sor­ tit e n courant de ('eHe propriété et fut a battu à coup s de fu s i l d evan t le n ° 2 de l' avenue d u Boi s . Sur I.e trottoir , mort,e llement bl es s é , i l s e p l aignait et demand a pendant longtemps qu'on l ' aehevàt. Un Al l e m and mi t H n à sOl). martyre p ar un coup d e révol v e r . C ' était A l phoJ1 s'c Vall i er. nati f d e Rimou ( l\I e- et-VHaine ) , âgé de trente-,s ert a n s , venant d e Cou r ­ h e \'o i e . Les Al ' e m a n ds l' e n t errèrent, aprè s J ' avoir dépou i l l é , d a n s l e p arc _


248 du châtea u . Une dizaine de j ours apr è s le départ de s premièr,e s troupes d'occupation, l e corps fut m i s en biè r e et transféré au cimet ière com­ munal. Au moment de . l' arrivée des AHemands , à peu près tou t le pers onnel municipal et l'ensemble de nos édiles étaient absents : l e m aire, M . B ou­ t on, malade ; le , premier adj oint, Marcel Girard, mobilis é ; le second, M . Lenfant, avait es s ayé de mettr e sa personne en sécu rité , mai,s les t'onseiller s Durudaud et Bazzuri sie trouvaient dans la co,mmune avec le l'antonl!ier Bouché et le garde-mes sier Giron. , Réunis à l a Mairie avec quel ques habitants dans la matin ée d u 1 5 j u in, il s formèren t un c on s'e il d e gérance communale : Michel Durudaud en étant le pré sident. Le premier s oin d u cons eil fut de s'occup er du ravitaill ement de l a populatio n présente qui dem a;n dait à grands cris d u pn.in. Dans la matinée du 1 7, o n put avec de l a farine oMe n ue à Epinay faIre cuire des miches san s levain et cela dura plu sieurs j ours . Pendant la Journée du 18, un l ie utenant allemand conduisant quel­ ques cavaliers s e pré senta à la Mairie où l e garde-messier Giron les reçut . Aprè s avo i r demandé ,le maire, ils visitèrent d'une façon a s sez sérieuse les locaux et récole en demandant p lusieu r s fois' à Giron s'il connaissai t des commu ni'sle s dans l a commun e . Le lieutenant lui nomma plusieurs ne nos concitoyens inscrits sur l a li s te qu'il po ssédai,t , mais n'in:si sta pas o u t re mesure à l a r épo n s e négative de Giron. Ce détachement l ogea quelques temps dans l a saUe communale et dans la propriét é Fleuranc eau et fit faire pendant la nuit des rondes sur l e territoire d e l a commune pa r " un homme acco mpagné d'un soldat a lle­ man d . Pendant ces premiers j ou rs d e l'occupation, on signala maints pilJ age�� dans le s pavill ons ahandonnés par leurs propriétai r e s . Les pil­ lards se trouvaient dans l'immense fou ],e des fuyards reg agnant leurs de meures, mais aussi parmi les villemoi:s sonDtais restés au pa.ys .

RÉSUMÉ DES OPÉRATIONS DE S 1 3e ET 1 6" DANS NOTRE RÉG ION EN J U I N 1 940

D. 1.

L a 1S' D. J . qui comprenait les 60" R . 1., 2 1 e R . 1 . et Sc R . T. M . sta­ tionnée en AI'saçe avant l e 1 0 mai 1 940, était l e 9 j uin à Persan-Beaumont pour e ss ayer d' empêcher l e paSlS ag'e de l 'Oi s e à l ' ennemi, l e 12 à l ' Isle­ Ad am, d'où l e général comm andant reçut l'ordre de se replier sur Epinay­ ,sur, Orge Le 1:J, la divi sion étai t ratt achée au 25e C . A. et reçut COmme mi s'si on de s' ét ab l ir s ur 'l'YveUe entre Longj umeau et Epinay ilncIus . Le 1 4 juin, quelqu e s contact s av,ec l'ennemi eurent lieu mai s l a divi­ sion efl'eetua s o n mouvemen t sur la ligne fixée. P u i s l'embouteillage consi­ dérable des ,r outes ,gêna tout e manœuvre et toute lia iso n . L a divi,sion était encadrée à droite p ar la l'W D. J . (89" R . 1 . ) vers J:uvisy ert à gauche par h' 24 1 " R. L Découverte à sa .g a u che, ell e dut s e r.eplier ver s 'l 'Orge entre Arpaj o n et VHlemoisson, po sition confirmée par un ordre du général commandant le 25° C. A. La divi sion rési sta sur p � ace et fournit l'appui de son 'a rtillerie ain si que ses munitions à l a 1 6" D. 1 . �pour défendre Juvisy. Le s 1 5-16 juin , l a situation d evenant critrque, n'ayant 'pl u s de l iai­ son à gauche et se trouva nt séparée de l a 16' D . 1 . , elle fut mise aux ordres du général Bazelaire qui constitua un nouveau group eme;nt sur l a Juine, à la Fert é-A'l a i s, et s e retira à partir de 2 01 h . 30 , le 1 6 jltz n, sur la rive Sud .de l'a Loir e , L a 1 3e D . I . était command ée par le général Baudoin d o n t l e chef d'Eta t-Maj o r étai t P . Philipp . . La 1 G" D. 1. comprenait les 2 9" R . 1 . , 5 G" R . 1 . , 89' R . 1 . et 2 3 7 " R . A . D . du 1 0" C. A., 5e armée, ,c ommandée par .I e général Mordan d . Le 89" R . 1 .


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(ancien Royal Suédois dont le Prince de Suède esi caporal honoraire) était commandé par Ie lieutenant-colonel Baudelle et venait lui au s.si de l'A'l saee et était les 8-9 juin 1 94 0 sur la rive gauche de l'Oise pour défen­ dr,e Beaumont-sur-Oi8e. Le 10 Juin , le 10" C . A. passa aux ordres de l'armée de Paris et s'ins­ taUa sur l'Oise avec ordre de tenir ferme. Le 1 2 , la D . 1. passa aux ordres du XXV· C. A. Bombardée dans la journée avec des pertes sensible s malgré la réaction de l' artillerie du 23 7" R . A . à 2 0 h . 1 5 , elle reçut l'or­ dre de se replier. depui s l'Oise j usqu'aux lisières nord de ,l a banlieue qu'eUe gagna, trè s affaiblie, mais toujours organisée, sur l'a ligne DraneyBobigny. , Le 1 3, à 16 h . 3 0 , l e XXV" C. A . ordonna le repli génér. a l sur les CO"\lirs de l'Yvette, de l'Orge et de l 'Yerres . Protégé e par le G. R . D . laissé en couverture, la division 'se décrocha la nuit pour gagner Juvisy par les boulevards extérieurs-Est. D es ca mions transportaient onze cents éclopés . Le P . C. fut établi , à 22 heures, à F'leury-Mérogis. La 1 3" D . 1 . s e replia en même temps sur l'Yvette en liaison avec le 8 9� R. I . Le passage . de l'Orge devait être gardé sans esprit de re cul pour per­ m ettre le's embarquements du te r C. A . I.Je 14, l 'instaUation se fit sur l a l i gne de c ette rivière-Savigny , Epinay exc lu et Morsang inclus, à pa'l"tÎ'r de 8 heures. Le P . C. du 819" R. 1 . était la mairie de Morsang (capitaine Duzeu , commandant la C. D . T.) . A 1 1 heures, le ·capitaine Charpin alla à la mairie de Sainte-Geneviève auprès du colonel du 56" R . J . ,ét apprit que, par suite de la pression ennemie sur Arpaj on, l'a 1 3," D. 1. aUait se replier: Le général comm a n dant !a D . 1 . pres\crivit immédiatement l a mise " en plare d un crochet défensif le long de la route principale de Sainte­ Geneviève constitu é par la 2è compa gnie . du C. I. D . et la l�" compagnie du 89". Le 2 9-" R . 1. d éfendait alors la coupure entr e la Seine et Juvisy inclus, le 56" étant à Savigny, l'e 89" à Morsang. L'appui d'artillerie était de dix canons de 75 et de douze d'e 1 5 5 C . La divi!s ion était chargée de la destruction des ponts entr,e Al fortvi lle et Juvisy. Le pont de Choi sy-Ie­ Roi sauta à 14 h . 3,0 , celui de Villeneuve-Saint-Georges à 16 h . 45, eeux de Juvisy ve,r s 20 h. 4 5 . La destruction de c�lui de Cha'I"Ienton fut inter­ dite par le gouverneur militaire de Paris (ordr'e du général commandant la brigade mixte du Génie) . C'est l,e 1 4 juin, dans l'après-mi di , que partout s'établit le contact avec l'ennemi à Savigny, occupé par des éléments motorisés et de l'in­ fanterie, et à Juvisy. Vers 1 5, h . 30 , l'ennemi , au contact de la P . R., bom� harda le pont de Juvisy .e t le parc de Savigny. Vers 1 8 heures , une atta­ que d'auto-mitrailleuses et de cava liers fut repou ssée par l'action de la première section de l'école des chars .et la 2" section du 1 2" 'b ataillon de chars (R. 3,5 ) mis1es à l'a disposition du 2 9 R. J . qui eurent des pertes 'sérieuses . La C. 1. D . était à l'ouest du 809" dont le l'H bat'aillon était à l'est de M()rsang. A 1 4 heures, à la prise de contact, deux sol dats aIle... mands du 1 1 6" R . 1 . , montant une auto-mitrailleus,e fra'mçaise, furent faits prisonniers . La nuit du 1 4 au 1 .5 fut calme, mais la division ét'ait en flèehe. A partir de 6 h . 30 l'ennemi bombarda l'e pont des BeHes�Ftontaines, et les éléments Il égers ennemis cherchaient à s'infiltrer au ce ntre de la D . I . 0'0. signala la prés1ence d'ennemi s vers 22 heures à Arpajon . Par ordr e général 1 0 5/3 S du 25" C. A , du 1 3 j uin, six canons et . soi�antè hommes des corps francs du 2 1 " R . J . avaient été mis à la dÏ08 po­ sWon de la D . 1. dès le début de l'après-midi du 1 5 . Le 1 .5 J uin, à 1 0 h. 3 0 , l,e s 1 3' et Hie D . 1 . con,centrèrent le tir d e leur artillerie jusqu'à 1 5 heures sur· l e ' pont des BeBes-Fontaines où passaient le� colonnes ennemies . Aux même heures, des éléments aHemançls étaient "


- 2.)0 -

signalé s à Liers à 1 .5 00 mètres du P . C . A droite , la 4'< D. 1 . C. se repliait à Ris-Orangis 'pend ant que la 1 9" D. 1. tenait Corbeil. A 1 7 heures, ordre. de repli sous l a protect i on de bouchons d'une section insta' l ée aux pri n­ cipaux carrefoul's (appelés croûtes d' in{an lerie ) , appuyés par deux sec­ Hons de chars, avec m ission de te n ir j u s qu'à 22 heures . . D è s son débouché à Morsang, la compagnie de tête du 1'< " bataill o n ( capitaine Guyennot ) était s éri e u sement aCCI·oché e . Le ba taillon, se repliant s u r Balrlancourt, arriva vers 23 heur,e s au Bouchet . Le repli des croMes eut lieu vers 21 heures, vers Mennecy. Le's bozicIlOns lai s s é s à l\[orsang et à Sainte-Genevièv,e n'ayant pas rej oint (ainsi, que le C. I . D . ) , l'adj udant-chef Castras reçut l'ordre d'attendre ces é l éments' j u squ'à 3 heures, mais ces derniers ne pur,e nt rej oindre. Le commandant Berger, du 89", capturé et interrogé par un officier supérieur de la 1 0< Panzel'division , s'entendit d ire par cet oHicier : « .le puis vous dire, la guerre étant fini e l)our vous , qUe vou s pouvez partir l a tête haute pour la captivité : votre division est la première qui , depuis l e début de la guerre, nou s ait fai t d u mal . Vous avez bien travaillé po u r l'Angle terr e ! ))

. L'OCCU PATI ON A LLEMA N D E Elle fut, comme dans toutes le:s communes environnantes , suppor­ table parce qu'el le ne se concréti sa pas par la prés'ence de l 'ennemi . Cette présenc.e fut réduit e au minimum : de temp s à autre , trois ou quatre fois en tout, un détachement réqtlÎlsHionnait quelques loca ux ; ainsi , l e 1 2 f'é lJri er 1 .94 'J, troi s offkiers, quatre hommes, une auto, douze chevaux furent logés fm chiflteau, cinqua n te hommes couchèrent sur la paiP e chez . M. F1l,e uranceau, route de Corbeil . Vi l lemoisson, traversé par l'i mportante li gne felTovia i r e de Paris­ Orléa ns, supportée par un port de cinq arches d'un intérêt primordial pour son exploitatio n, ,situé à mi-chemin des camps d'aviation d'Orly et d e Brétigny, à s ix k Ï'l omètres de l a grande gare de J uvisy, cowrait à f'S plu s grands risques de surnr les à-co u p s des bombardements qui n e m an­ qu eraient p a s de se produire. Par miracle, nous en fûmes q uittes pour la }J,e ur, une très grande peur, il es t vrai, ca r nos concitoye n s n e sont pas près d'oubl'i er l'atroce nuit du 1 8 a m'il 1 94 4 , quand , d e 1 1 h . à 1 1 h : 5 5 , 4 . 000 bombes furent rléyersées sur cene malheu reuse cité de J uvisy, après u ne averse intent­ pestive de fu sées (;clairante s sur no tre locali té. Pendant plu sieurs j ours, ee fut le déchirement de l 'air par l'éclat,e ment des bombes à retardement qui rendit très d a ngereux le d évouement des saùveteurs : dames' de la Croix-R oug,e , pompiers, j eune s gens, qu i recherchaien t l e s victi m es sou s l e s ruines . La hantise du bombardement ét'a it telle que l a plu s grande partie de la population passait les nuits s ans dormir, sorta nt des immeu­ bles dè s l'audition d'un moteur, .ct Dieu seu l sait Ie nombre d'avions qu i pa ssèrent dan s notre ciel. Cette peur fut entretenue par les pass ages massifs des es·cadriHes allant bombarder Vill el:euve-Saint-Georges et La Chapelle, lai ssant touj ours quelques-uns d t leurs appareil s à la dérive, touchés par les projectiles de l a Fluck. C'es t ainsi que d e s . bo m bes tombè­ rent prè s du carrefour des Six-Chênes au bois , à vinq-cinq mètres de la gare d ' Epi n ay, près du pont s'ur l'Yvette, près de la d irecti on de Vau­ cluse, sans toutrefois écorner l e territoire de ViHemoi sson . Pendant la période des bombardements intensifs qui précéda le déharquement anglo-saxon e n Normandie, à peu près tous les hom mes valides des communes environnant le c a m p d'aviation d e Brétigny furent . réqu isitionnés sur appd i ndivid uel , pour e combler les trous d:e bombes ..


-�

25 1 -

qui r endaient inutili sabl es les pistes du camp. A tour de rôle, ,l a plup ar t Ils travaill aient peu, touchai'ent 1 00 francs par j ournée de tr avail, mai s ne prisaient guère cette corvé e qui l e s obligeait à subir le tir des mitrailleuses de s avions alliés arrosant l e camp. Il n ' y eut heure�lsement p a s de vi cti mes parmi l es villeinoi sson-

de nos concitoyens s'y rendirent .

na i s .

,

Plu s tard, en j uHle t-aoùt, quand l' ava nce de nos libérateurs s' accen­ tua, quelques-uns des nôtres fur e n ,t ainsi mobili s é s pour creuser des trous individuels le long des routes départementales. Ces trous, espac é s de vingt-ci nq mètres, servaient à abriter les chaufIeurs des camions aIle­ mand, s circul anl en convoi , lorsque les avions les mitraillaient . Renseignés par la radio a n gl'aise sur l e progrès des troupes' améri­ cai nes, n o s populations étaient au courant de l a délivrance du Mans, de Chartres, de Ramboui Het et attendaient sans aucune appréhension les premièrres divisi ons blindées alJi.é es.

LA LI BÉRATION

tfj a o û t 1 9 4-4 . Dan s l a DUit du 1'6 au 1 7 , de fortes explo sion s, accompagnées d'incendie , s e fir,ent entendre : l'es Allem and s brùlaient leurs réserve s e n mu.nitions et vivres tou t autour de nou s . Le dernier train p ou r Pari s passla à Epinay à 7 h. 3 0 . 1 7 a o û t . - Les habitants des Franchi'ses racontai,ent que l,e s châ­ �-

teaux de Lormoy, Charaimtru et Fleury, qui servaient de locaux d'hahi­ t ation ou de magasin au.x troupes d' occupation, étaient en feu . Blli fait, ' Fleury : �bandonné ,étai,t intact, m ai s livré au pillage populair,e ainsi que Charaintru qui avait subi u n commencem,ent d 'incendie. Dans ce dernier château, un stock de ci garette s . ayallit été v olé , l'ennemi prit des otage s qu'il menaça de fusiller si l,es cigarettes n'étaient pas rendue s . Cette pri se d ' otages mal interprêlée et déformée p ar la :rumeur publique donna Heu à une pariique dans toute . notre r é gion. Tous l e,s hommes en éta t de porter les armes quittèrent les lieux habités po u r s� cacher dans les bois , les c ar rières - ou l'es bords maréeageux de l 'Orge, pendant tout e ceHe . journée du 1 7 . A Sainte-Geneviè've , l 'école communale sise à l'ancien bourg, servan t d e réserve de vivre s aux Allemands, fut incendiée 'e,t le feu 4teint par le s pompi ers, pillée par l e s hèlbitants en m ê m e temp s que le mobilier des in stitut'e urs. En fin de j ournée, de,s cyclÏl>{es rapportaient que l e s Am éricain s étaient à Arpaj on. . .

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1 8 ao ût. Les AI,lemands commencère'nt l eurs destructions d'inté­ rêt strictemel'It milit airre . A midi 1 0 , le pont « d e s Cin q Ar1ches )) fut miné ; mais l'ouvrage était coriace, il fallut -quatre charges succes sives pour le mettre à mal . La foule navrée assistaH à l'opération . L es e,xplo­ &ions ébranlèrent les mai sons avoi sinantes en découvrant la plupart des toits . Très tard dans l a soirée, le pont SUir l'Yvett e 'sauta à son tour. --

19 août. Toute la j ourné e et toute Ia nuit J.e s destructions conti­ nuèrent, les gerbes d'étinceUes et les Tougeoiements d'incendi,es n.a is­ li aient et s'éteignaient partout à l'horizon , surtout du côté de Pari s . Comme l e s installations du camp de Brétigny avai'ent é t é incendi ée s .e t p illées dans l a nuit du 1 6 au 1 7 celles d u calnp d'Orly le furent dans œlle d u 1 8 au 1 9 et on voyait de ViHemoi s son monter le s colonnes d'e fumée très noir e . �

Le dimanche 2 0 fu l une Jou rnée as sez calm e , coupée de bruits loin­ t ains : mine s ou canon ?


252 -

21 août. - A 1 0 he ures, le bruit de la canonnade s' affi rmait vetrs Arpaj on pour dèvenir un roulement conti nu . 1 1 n'y avait p lu s d,e doute , les Américains arriyai ent, mais personn e ne les avait vus. On parl ait d'Egly ! L'artillerie du camp d'Orly vers Vi l l eneuve-le-Roi tirait, ,r,t s e s obu s pas saient au-d es'su s de nou s . Elle se tut très vi't e. A son Hr succéda uni autre plus lointain et, à 1 9 heures, des gro s s e s pièc'e s étab l i e s vers Mor­ sang firent trembler no s vitres,. C'étaie'mt des .ur s de harcè lement sur les appontements de la Seine , vers Corbeil , et les carrefo urls importants de l a route d'Orléans. Quand l e canon se taisait a u c u n bruit n e s e fai sait entendre et on Ile décehüt aucun roulement (:j,e voitune blindée , aucun passage de troupe all emande .

DESTR U CT I O N DU PONT DES

«

CINQ ARCHES » ( 1 8 AOUT 1 944)

22 ao ût. A u réveil , plus de ca nonnade . V,e rs 8 h . 1 5, qü,elques coUpS brutaux dans la mê m e direction que la veille, puis' à nouveau le silence. D e-ci , de-là, surtout sur 1<a route de Corbeil, on l"iCncontrait des éléments i solé s d e la "Vermacht, aux traits tiré s , le visage couvert de pou s sière, demandant leu r chemin, général,c ment Corbeil. Us ' ressem­ blaient à no s soldat s de 1 940, moins débraillés peut-être, cons ervant j a lousement leurs arm e s . A 1 3 heures , l a canonnade était continue v,e r s Mennecy-Corbeil et o n entendait di stinctement le crépitement des mitraill euse s . A 14 heures , le s pvemiers é l ément s américains étaient signalés à Saint-Michel. A 1 6 he ures, i l s s e tmll vaient au donj on d e Sainte-Geneviève . I l s'a gi s sait d'un tank léger et de quatre j eune s hommes , très fatigués . Ils furent bientôt l' n,t ourés d'une foule nombreuse, m ai s calme venue à bicycle tte d e 'Ville­ moi sson, Epinay et d e plus loin encore. Les derni ers AHemands traversèrent les Franchises en camion vers 18 hemes, mais o n en signal ait pou rtant à Epinay et route de Corbeil où, fac,e au Mano ir-des- Trois-Eaux, ils firent sauter des arbre s pour obstruer l a route . -


-- 25 3 L e s pièces ell ll e m i e s l' l a i e n t e n c o r e cl a n s l e s envit·on s-. Lie s 7 7 de l a p yr a mi de d e Juvi s v L i r a i e n t ve r s Fle u ry, il 2 2 he tl l"e s . Pt:j1d ant la 'Duit, u l1 e pièc e de 38 0 mm. s i t u é e à Br unoy, uru e Ide s Grès , i,!ll u mi nait :1,e ciel à i nt e l'vaUes r é � u Hers et Li mit en d i l"e d i o l1 du S u d , p a r a ll è l e m e n t à l a S e i ne, probablemen t s u r d r s appontem e n t s a u x p a s s a ge s du fl e u v e .

2.'1 a o li t . - - A u m a l i n , le c a l me règn a i l. D e L e m p s il au L œ , y uelques c o u p s d e c a n on s de d i v e r s ca l ib r e s , t o u j o u r s v e r s l'e S u d . O n e'elLendait l e roule m e n L de s voihwe s bli ndées s u r l es r o u tes d ' Orl éans et de Corbeil . A 1 2 h. 3 0 , la r a d i o angl a i s e a n n o n <:ai t q u e Pa r i s venait d ' ê tr e libéré par les - F . F. l. et donnait l e ct u r e de l'ordre du j ou r du général Koeni g . E l l e _ anno n ç ait a u s s i l a p r i s e d e Grenob' l' e t l' a r r i v é e à Borde aux d es A m éricaÏ'llis . D a n s l'après-mid i_ d e s éléments a ll c m a n d s é L a i e n t encor e s'i gnalés dans hi région : 'S u r l a route d e V i ll i e rs , à ?\I orsang, à la gare d e Sainte­ Genevièv'Û où i l s fu rent a tta q u é s par l e s F . F . I . D e u x de l e u r s ble sls é s t raver sèrent Vil l e m oi ss o n . La can onn ad e vers Evry-neti t-Bourg et Corbeil avait c e s's é . La n u H f u t t l'(' S ca lme , c o u p é e J):1r u n - fo r L o r a g e vers 2 3 heu ­ l"l:� s 1' 1 l e matin du 24, au l' é v e i l , la p l u i e t o m b a i t .

24 a o û t . -- V er s 8 he u re s , un gro l lp e d e se p L A llem ands pa s sait, n ll ant vers Morsang. A 10 h e u r e s , l e tac-tac des m i t r ailleus e s i n stallées v e r s Grigny sie répeœutait sour de m e n t , d' autre,s plu s rapprochéesl vers B aHai nviBie r s et u n tir d ' a rtillerie s'e dée ].encfl ait à 1 0 h. 1'5 , provenant de pièces d e 2,1 0 m m . , situées d a n s l a p la i ne au-des s u s d 'Epi n ay . Un nid de r é s ista n ce e m: e nüe était i n st allé entre L ongj umeau , B al­ l ainvi llier s , Epinay et ViIIiers (cent ci n q u a n t e hom m e s ) . Le combat au F. M . et à l a m itr�� iHeusle se p OlH',suivH avec u n'e c'(,l'ta i ne vi o lence p e n­ d a nt u ne heure et d e mie , et on vOY'��i t n ett e m e n t d (' s F r a n c h i s e s l e s: Ichars d u gr o u p e BiIlo tLe de l a d ivi siOl1i Lec l e l'c avancer de part C'l d ' autre de la r o u t e de Mo ntll iéry ver s., le ci metière d ' Epinay . L ' i n f a nt e r i e s u i vait i nuné ­ d i ate mc n t . On d i s ti n g u a i t l,e s t i rai l'leu r s évoluant sur l e s pente s . A 1 1 h . 3 0 , la r é s i stance l' es s ùi t . Dans la grande ru e d ' Epinay , un chef d e char d e m and a à q u e l J e dista nce il était de PariS'. Rens eigné , i l d i t : f: Nou s seron s d a l' s l a capitak vers 1 0 heu r e s » . Le s gars de L eclerc tin­ � ('nt paro l e . Pendant l e combat, quelques pièces de 1 5 0 mm. tiraient ver s Bal lain­ v il l iers d 'où f,'éleva it u n e c o l o n ne de fumée, is s u'e d e m e u l'e s d e paille, : n cendi ée s pàr l e s obu s , d a n s I p s'queH e s s ' ô tal en t réfugiés d e s A lle m a nd's . A m i d i , d'autr e s c o u p s s e fi rient entend re v e r s L o n gj u m e a u et a us s i quel­ q u e s ra fale s d e mi tr:l i l l e u s e s . D e 8 ft I l h. 30, la pl ui e n'avait c e s s é de t if t omber. A l a fÏ'u d u l'muba t , n o s p o p u l atio n s s e diri gèrent ve r s Epi nay, à la rencoutr,e de s troupes de Lec l:erc qui y stationnèrent fort peu de t e m p s , e t , d a n s l'après-mi d i , l e s F . F . I . s 'i n s t all èren t U ll X princ.ipaux .ca r refou r s c': a u x m airi e s . A l' Hôte l ( l e V i ll e d ' Epi n a y, u n e foule d e ns e , j oy e u se , trieolori s ée s'était massée pour atte ndre l e s bli n dés améric a i n s e l a s s i ster à l a ton l e d e s fem m e s qu i avai ent e u de s fai b l e s s es p o u r l ' o ccupant. Les blindé s s e firer,t attendre j ll s q u 'à 1 8 he u r e s . Ils a rrivèœ n t � n m êm e t e m p s que d e s Fra nçais du m a. ll i l i s de l a forêt d' O rl é a n s , c omhattant d e p u i s la prise d e cdl,e viHe . Un lrès j e u ne et sym pathi q ue Améri c a i n , de lointai ne origin e fran­ ç a i s e, n om m é D a q ui n , n o u s d it q u ' i l avait q ui tté s on é l oignèe p atrie, l a No uvelle-Orléans, ft l a m i -j a n v i e r 1 944. L e s char s cantonnèrent d a n s l a prairi,e , face nu lIfano ir-des- Tro is -Eaux et dans un champ , r o u le d e Corh ei l . L e général Ya l i n e l sen E t a L- ;\laj o l' p a s s a n t il V i l l e m o i s s o n s ' y anê­ tèrent et participèr'ent a u l u n ch d o n n (' à hl Mairi e , à 18 heur e s , en _son 8


- 254

honneul'. I l nw téria l i s a son p a s sage p a r s a s ilg n a t u r e apposé e s u r l e Re g i s t r e d e s d é er e t s m u n i c i p a u x . Dans l a nuit d u :211 a u ,'2 5, n u u s ll s s i sllà me s à d e s tirs d ' artill er i e , il l u ­ m i n ant l e ciel d u c ô t é d e P a l a i s,eau. Oett e n u i t e u t l i eu aus s i ,l e bomba r­ d e ment d e P a r i s pa r l'avi a ti o n a llemande. - I l e s t à p e n prè s certain q Uè des éléments pro-al'l em a n d s avaient d énoncé à l ' e nnemi la présence du gro upe Bil lotte d e la d i v i s ion L e c l erc d a n s le Jard i n d es Pl antes, caf ce l u i-c i fut encerclé de points de c h u te de bom be s e x p l osi v e s et i ncen­ d i a ires s an s , du r e s t e , fair e le moindr e mal à no s l i bé ra t e u r s .

A U TOGllAPHE D U GÉNÉllAL VAUN C'e s t le passage i nin t'e rromp u de s h l i n d é s et de l' i nfan­ 25 août. lt;rie portée �lln érica i n e sous les vivats de la f o u l e : q ui lelu ' lance des fle u rs et de s fruit s . D a n s la j ou rné e , arre st ati o n d e t reize habita n t s de notre comm u ne a ya n t collaboré avec l ' e n n e m i . I l s furent 'e nfer m é s au cht'lteau. �

2 (; a o û t . - Lie pas's age des trou p e s continu a entre l e s m a i s on s p a vo i ­ sée s . On ent'e n daiL toujo urs le cano n au l oi n " vers Or,ly, Ch o i sy -l e- R o i , la forêt de Sén a r t . On disait que Paris était entièremen t libéré, m a i s il n'y avait p l u s de courant é l e ctri q ue et pas de nouvelle s .

L a nuit d u 2(] au 2 7 f u t ca l me . Se ul e , b l ait l� s i l en c e a u-delà de Mo r s a n g .

ime pi èc e d e gros calibre trou­

Le s 26 et 2 7 amU, un fort détachement d ' arti l l erie bli n d é e campa d a n s l � Garenne . Le dimanche aprè s -m i di , l a route qHi travers,e c e boi s était d e ven u e un b o u levard et l e boi s l ui -mêm e u n s quare rempü d'une f o u l e mou vante et t u m u ' t u e u s e . On se press1ait s urtout auprès d es cui s,i­ n e s . A 18 h. 3 0 , un F. F . I . vint prévenir l e chef d u détache m ent améri­ c ai n de la présence d'un group e d'allem ands décidés à se dHendre aux ,c nvi r on s de l' étang d c Piketty, à Gri gny. U n e voiture écl aireur parti t

a ussitôt.

Dan s l a nuit d u s amedi a u d i m a n c h e , la s eIitineHe d ' u n , détache­ m e nt am éricain f u t tuée de trois b a l l e s d e mitrail l ette, tirées p ar trois civil s , allemand s ou m i l iciens ? D illl S l e m ê m e temp s', u n s o : d a t m o u r ut dan s la Garen n e . L e 2 9 , de s g r oup e s d e p ri s o,L lni er s alilemullds so<lidem�n t ,e nca d'J:és par le s F . F . 1. p a rc o u r u r e n t Ie pay s . . On entendait touj ours l e canon du côté du Bomget . L e 1"" n o vem brl' tfJ 44 , en souve ni r d e ces place Li s fr a n c , l'a rbre de la Libération.

sur l'a

j ours

h eu reux, fu t planté


VIE UX NOELS D'ILE�DE �FRA NCE .<

MES

B O UR GEO YSES

DE

CHASTRES . . .

P a r L O U I S BRUNEL OEL !

Moment à p art d a n s 'la s uite d u temps , nui t u nique . ct a t te n t e et d ' e sp oi r . La p l us heEc d e s fètes, la p lu s d o u c e , l a s e u le qui réconcil ie l ' huma nité entière p o u r quelques i n s t a nts et que les in­ c royant s eux-mêmes célèbrent à -l eur manière . Noël ! · Ce fut p e n d an t l o n gt e mp s , à l'époque de n o s premiers Roi s , le c r i d 'allégressle, l'acclamation la plus ré­ pandue en Franc e . P a squier ne dit-il pas q u e « le Peuple n'avoit moyen

N .

plus ouvert pour déno ter S(1 joie que de criel' en lieu public « Nouel » quand il vo uloit congrat uler à un Prince ( 1 ) �) ? NoëlI La fête des t o ut p et it s , ce l l e qui

doit �eur a p p o rt e r les j o u é h dont il s r ê v ent depuis des mois, véritable s tré­ sors q u ' ill s s'att e n de nt à trouver a cc'f O ­ ché s au sapinr ,ébl ouissant de l u m ière ou bien débordant d'un mignon soulier Plus vivant,e que j amais l a F ête de la Na ti vité a trav e r s é les siè c l e s e t a firii p a r s e mêler tellement à la v i e des hommes q ue chaque v i n e , ch aq ue province, chaque pays a aj outé à la tn! dit i o n chrétie n n e univer selle s e s traditions locales ; et si son i nfluence s'e f ai t slentir d ans de s coutume s pro­ fo n d é m e n t enracinées et p i eus e me nt tra nsmis e s de g énér a t i o n en génér'a­ t i o n , e lle n ' a surtout po i n t c e s s é d'ins ­ pirer la littératUl'e, l'ico n o gl' ap h i'e et la m u siqu e . Q u e de vieux conles ont c é l éb ré la nai s sance d e l ' Enfant-Di'e u ! Que de canti q u e s ont e s s ayé d ' e xpri me r c e tte j oie s u b lim e ! ( 1 ) PASQUIER, :R echerches (l 5 6<0, in-fo1 .) , p . 2 0 7 .

de

la

France

A u Moyen-Age, l e s c h a n t s d e Noël

rité con s i dérabl e s, du fa i t que Joe peu ­ p " e ép r o uva it a lo r s u n c h a r m e parti­ c u l ier à tout ce qui était m ys t éri e ux . D u V t' r d i er, d a n s sa Biblio thèque française ( 1 5 e. 5 ) fait j u st eme n t re­ m arq u e r qu' « il lJ a ell pillsieurs

c o n n u r e n t un s u c c è s e t une po p u!l a­

livres de Noël imp.rimés, e t de m ain­ tes sortes, e t infinis autres qui ne fu­ rent oncqu es i mprim és, et desquels les auteurs sont en grand Ilombre,. cal' JI ' Y (1 en France paroisse où l'aIl n'en fass e, pOlir les chan ter tous les an s aux fètes d e Noël. )) * **

Toutes les pr o vi n c e s d e France e u ­ rr nt ainsi l e grand p riv il è g e d e pos­ s é der leur Bible des Noë,ls . Nou s cite ­ r o n s à titr e d',exemple l e s Noëls bour­ guignons de Ln M o nn oye (Noëi bor­

guignon de G ui Bar6zai) , les Noëls languedociens d e Goudoli n . o u b ie n l'e s Noëls de l'A uvergne, recu eillis pa r l' abbé Th. P a tuv a l . n ' avoi r Si l ' ne - d e - Fra noe s emble

j ou é q u ' u n rôle œlativement restreint dans ce genre d e producti on , c ' e s t qu'il n'est j amai s paru de Bible qq i lui s oi t p r o p r e ; a u s si , le s Noëls qu i o n t é t é c o m po s é s dans notre Province s e trouvent-i l s d is pe rs é s dans d e mu l ­ t ipl e s r-e cuei l s et p u bl i és bi en S'ouvent s o u s le co u vert de l ' anonvmat. U n d e s p1u s connus ce endant p ar l e s érudits Iocaux est le c a nti q ue

p

« Tous les Bourgeois ' de Châtres

»,

d o n t o n ignorait d' ailleurs l ' auteur, l a d a te et même le s p ar o l e s o ri g i ne l ­ l e s , tant il a été c o p i é, imit é et défi-


- 256 -

"Mes Bourgeoyses de Chastres ... " �Jt:-c�;g:

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Nous m isme à jo u er, il ll OUS v ill t m a l apoill t .


I II

Il M es

bourgeoyses

E t de Mont le

de

Chastres '

Héry,

Menez toutes grant joye Ceste journée icy 1 Que

nasquist

De la

M arie,

Paissant

gardoient

en

près de la,

Si beàulx

tanières

de

Les resveurs Cuydans

Et

la

Boissy

Les

C haussée,

avoir

n'estoyent

pas

la s :

ouy

Estoient

A

bon marchéz, '

Voyez, ceste journée

Et

Sainçt

Bas

Clémet1s,

des

hymnes

IX a

joué

Alors un nommé Corbon Faisoit de bon brouet,

Firent bien leur devoir

De son beau tabourin,

De faire �ss�oir les gens Qui venoient veoir leur roy.

Car il estoit loué A ceulx de Sa inct

G è rma in.

j oseph les reme"rcye

La

aU

Et aussi faict la. mère ;

N e fut

La eussiez veu dancer,

Ratisson

grant

boutei ll e

A la souppe à l'ongncin Cepandant Lappins

vin,

Canars

rebec

jouet

Chanter,

En faisant tous grant chère.

Ceste

Avecques eulx

Messire

x

rostyes,

et

Billet

cormorans,

Badault porta,

La, ,la ,

la,

La, j ournée.

digne

la,

A J oseph et

Mar i e.

XI

estoit

Un du pays d' amont,

Le

Qui

j ehan

vicaire

dançoit.

perdreaulx

Puans,

Car avec eulx alla,

Et mener grant· soulas,

qu'on

et

Allouettes

pas oubl iée. du

là ;

aussi les perchettes.

VI I I

VI I

XI I Puis

Guyot,

il en vint

Lesquelz

d ' Esglis

lut

resonnoit

Apporta tout plain pot

très be Iles

chansons.

d'ung

à

guardons,

La, la,

D'une très grosse armée.

De mener bonne vie.

poisson ;

barbeau lx et

La , la,

la,

Brétigny,

du

Anguilles et carpettes,

aussi les d ébas,

Et

ceulx de

Apportans

Le bruyt,

de

remercye. VI

tous estourdis,

. j oyeulx,

La,

les

Tous ceulx de Sa inct Yon

Que

ceulx

j ésus

endormis,

pas

d'ls

Passèrent

Lors

Luy donnant des joyaulx

N ' estoyent

Puis la doulce armonye,

La,

l'enfant

gent,

Puis eussiez veu venir

Quasi

Lesquelz

chantant,

joyeuse vie,

Bruyère

PO,ur

les pasteurs

chàmps,

Les farseurs de Sortirent

, Et ouvrent le son,

ch alumeaulx

Sainct Clément,

V

l'enfançon,

troppeaulx,

les

dançant,

Si

J ésus le fruict de vie.

procession,

faisoient

Vindrent

Pour visi ter

Partirent bien matin, trouver

moutons

don,

IV

Tous

leurs

Et droit à

leurs

La, la,

Puis ceulx de Sainct-Germain, •

Prindrent

Disant que le mignon, Estoit né

g

pa rmy

Menant

Don,

la , En une ber èrie.

leurs

Paissans sur la prairie,

don,

Entre lesquelz coucha : La,

Une belle chanson Aux pa s teurs et bergiers Qui

Vu le beuf et l'asnon, Don,

Laissèrent

. De celle région,

j ésuchrist

Vierge

Les anges ont chanté

trois

n'estoient

Qui

dedans une firent

Du vin de son logis.

Luy

Messieurs les escolliers

j ésus si

estoit là

Menoient

Toute icelle nuyctée,

Qui

regardoit

Se sont prins

chanter

Le

sol,

Les dresseurs en tata,

les

grant

eschevins

rusterie ;

menoyent,

les

Ut,

ré,

mi, La,

don, A

En belle compaignie.

gorge

fa,

sont

prins

à

la,

La,

desployée.

j oseph

la ,

XIV dancer,

Nous

prirons tous M arie,

De si bonne façon,

Et aussi son cher filz , Qu'ilz nous donnent leur gloire,

gentil ratisson,

Lequel

le trouva bon,

Lassus en paradis. Après qu'arens vescu

Comme nous fist ac:roire :

En ce mortel

Puis

Qu'ilz

demanda Très La,

J ésus

aussi

pardon

bon,

Et si mercya,

la,

la, sa

faire passa,

en ' voulut boire.

Et ,puis en ont faict boire Au

le

Coulla, la,

XI I I Ce

ypocras.

morveulx

De hait :

Portoient Trompettes et clairons, Don,

à

las,

chausse

De Chastres les mignons

De

aultres,

pas

nous

garder

D ' a ller, Tous en enfer la La,

mère.

repaire

vueill·ent bas,

la,

L

En tourment et en misère. Amen. Y.

C R ESTOT, Presbyter.


- 258 gure au cours de s siè c l e s . Le moin s q u e l'on p u i ss e e n dire est qu'il e st mainten ant totaleine nt t ombé d a ns l'oub li, p o u r l'a bon ne ra ison q u e l a p roxi mi té d e l a Ca p i ta le a co n.tribué à faire t able r a s e de tout c e qui était s entim e n t naturel , expressions naïves et tradition s . E n re ch e rc h a nt l'origine d e ü e N oë l , nous en avon s fort heu r e u s ement dé­ co u v er t la pr e m i è re ve rsion rlans un volumineux cahi e r d e c'e nt s oix.ant e p a ge s , i n cl u s J u i " m ê m e d a n s u n ou­ vrage p l u s épais l'enfermant u n nom­ bre impres sionn ant d e pie ux c anti­ q u e s et port a n t l e titre « Noëls Go­ thi q u e s » s u r la couvert u re (2) . Ce vénérable recu eil s e , trouve m al'­ h eureu s e men t amputé de s neu fs pre­ miers feuill èt s ; mai s porte au colo­ phon (p o CLX) de préciell'ses indica ­ tion s qui nou s p e rm ettent de situ er l ' é dition dans le t emp s : « Cy fin en t l e s grans Noëls n Oll vellement im pri­ m éz à Paris pO Ill' J e h an Bonlons, de­ m o uran t en la R u e NeulJ e No.�tre­ Dame à l'enseignr- S,ainc t-Nicola s . » Par ra pp roc h e ment avec d ' a u t,r e s pu­ bLicati o n s . du m ê m e J eha n Bonfons, on peut l e dater approximativement de l'an 1 5 5 0 . A u haut du r e c,t o de chaqu e feu i l let, on lit « Noëlz n ou­ lJeaux )) , et a u bas d u co mm e ncem ent de cha q u e c a h ier « L G. N. » ,(L es Grq.ns No ëlz ) . . A cô t é d ' tIlle gran de quantité d e Noëls a no nyme s, on en trouve , fait extrêmement rare, quelques--un s por­ t a n.t la m e n t i on de l ' a u teu r . D 'aucuns sont signé s par Jehan Daniel, orga­ niste de Sa i n t - Ma u r ice et ch apel ain de Sain t-Pi erre d'Angers (J. Danielus, organis ta ) ; pl u si eu r s autres s ont d ' u n certai n Y. L . Cres to t , pres b y t er, c ' est­ à-d ire prêt re die son état. On voit, e n effet, cette s,ign at u r e , à l a fin d e Noël s qui se rencontrent a s s ez s ouvent da ns les rec ll'e il s du t e m ps , et q u e n o u s p ubl i e r on s dan s le s B ull e t i n s d e l a Soci é t é , te l s q u e : Fault il q u e j e vou s chante Encore u n e aultre foys . . .

OU

b i en :

F a y s o n s à tou s gran! chière �Jon t rès loyal amy p a stour .. .

( 2 ) Bibl. llul . • H é serve Ye 2684 (2) .

ou encore

Celle d i gn'e acouchée Qui de Dieu fi st p ortée Neuf moys ent ièrem ent. ..

Mais , ce q u i ·es t pour n o u s u ne im­ portante rév é l a t i o n , c ' e st (T u 'on l a i ro uve au bas de ce Noël d ' Arpa j on que n()u s déno mmons à t ort « Tou s le.� Bou�geois de Chlâ tres » , et do nt l e véri ta ble i nlCÏ pit est en fait « Mes BOllrgeoyses de Chastres )) . D a n s c e Noël , qui s ent si bon -le Terr oi r , l 'abbé Y. L . Cr e stot , proba­ h lement curé d e l' é gli s.e Saint-Clé­ m ent d ' Ar p aj on , r eprésente , sans' s ' in-­ qui èt er d e l'ordre des temp s et des lieux, }.e s habitants d e Châtres - c ' ét a it l" � nci en nom . d ' Arpajon avec J.e s h abl t an ts d es bourgs et villa­ ges voi sins (Montl héry, Saint-Ger­ ' m ain-le s-Arpa j o n., Bruy ères-le-Chiâ teI , Boissy-s . - Sain t -Yon , Salrit-Yon, Bréti­ gny, Egly) , à J' ètabl.e d e Bethl é em où i l s s o n t venus f a ir e l eurs offra n­ des. l.Ol·s'que l e p oè te rima c e s versi­ cu}oets , i l ne prit point l a peine de créer u ne mélodi e n o uv e He et les ad apta tout s i mpl eme nt au timbre de la c h an so n, profane « No u.s m ism e à ,;ouel', il n o ns oin t mal a poin t » , h él a s inconn u e . . Quelques recueil s de Noël s avec musique, en partic ulier « La C lé du C(Weall » (N ° 564) , in diqu e nt cet air à quatre temps ; Ie sîx-huit e s t b e au-. coup p l u s rare et pourtant il s emble q ue c e soit ]a vraie mes ure ( 3 ) � Le s n ot ations à qu afre t emp s o n t p o u r eff·et d'alou rdir con sidérable ment la m é lodie et obligent à la chanter d ' u n e f 2. ç o n l a TIigui s s ante, ,cadrant ma l a.vec la j oyeus e a t mos'p hè re qu i s e d é gage de ces ver s ; l e s i x- h uit , a u contraire. b i en qu' H t ra ns f o r me notre' Noël e n un véritable a i r de cha s's e , donne le rythme et la vi gu e u r qu i convi ennent au d é r ou l ement des mu ltiple s réj o u is­ sances· qui s a l uent ici l a n a i s sance du Christ . (3) L'a il' est également noté dan's : (1) BAL­ Clef des Chans onn iers (tome' II, pp. 46 et 47) ; b) PELLEGRIN, Chan ts des Noëls a n ­ den s (ail' 9, pp. 8 et 9) . Ce Noël a été adapté pour l'orgue et pour l e cl avecin par M . Dan­ drieu , prêtre et organ i ste de Saint-Barthè­ l émy (Bibl. n al ., Vm'. 1 8 39 , pp. 5 9 à 6 1 ) . LARD,


L e s parol e s so n t, e n g é né r a l , b i e n ad ap t ée s à la m u s i q u e et l'on a rare­ m e n t b e so i n d ' aj o ut e r par endroits u ne n o t'e o u encore d'en réunir deux par une syl l a be . II est i nut i l e d e chercher h e a uc o u p de p o é s i e d a ns c e s l o n g s co uplet s dont l a v e r s i fica tion e s t d e s pl u s mé­ d i o cr e s ; m ai s i l s o n t l ' im m e n s e avan­ t ag e d ' é vo q u e r avec b e au c oup d e p it ­ tOJ'(' s qll e , d a p,s ce c h a r mant décor d e l a va llée d e l' O r ge les a m u s e m e n t s ' , et l e s v e ll'é i t é s de rêverie pieuse d e n o s, viHageoi s p e n d a n t la nuit de l a N at i vit é. De t e l s c h a n t s , p a r leur s i mp li c i t é et l e u r facil ité , ne pouvai,ent que plai­ re aux gens d e l a campag n e . qui y l etrouvaient la d esc ri p t i o n détaillée ùe l e u r s habit u de s , de }oe ur s' a p tit ude s et s urto ut de ce j ou r d e fête où l ' o n m a n g e a i t toute s sortes de mets déli­ cieux, où l'on buva i t du bon vin 'et de l'ypocl'ClS (4) , et où l 'o n riait et s ' a mu s a it « en m enan,t gran t soulas )) � Il faut a d mettre qu e l es pa r o i s s i e n s de Sai nt - C l é m e n t s a v a i e nt bien rece­ voir l e u . r s c o n v i ve s', venus de s 'e n v i ­ r o n s en troupes j oy e u s e s , et que l'on p r at i qua tt d éj à avec fa ste l'aimabl e cout u m e du r é v e ill on : c " e s t tou te la t ruc ul ence f r a n ç a i s e qui s e donne l ib r e cou rs a u long d e c e s q u at orz e e O Hp l e t s . To u t e foi s l ' abbé Grest ot, q u i invite ses b o urgeoys es à l'a réj oui s's a n c e en t e r m e s si al 1 ée h a n ts , n ' o u bl i e poi n t q u e c ett e ,Fiête a p o u r o b j e t la c élé­ bration d e l a N a t i v i t é ; et c'est pour­ q uoi l e canti que se termine par un toucha nt appel à J é s u s et à l a Vierge Marie, où tous l e s acteurs , uni s pal' un sentiment de g r a nd e piété, deman­ dent humbl ement d 'être reçus au Pa­ r a d i s , « n:près q u ' a l'o n s V P S C II C i l ce m ortel r epa ire » .

(4) L'hypocras, surtout e stimé au Moyen Age, s e servait dan s les grand s festin s, et . l 'on regardait alors comme une m erveIlle d'avoir réunï l a f o rce du v i n à l a douceur du m ie l et a u p arfum de s a romat0s. Voici comment on fabrique c ett e boi s s on t o n i que : on broie au mort i er 8 g r a m m e s d e cannelle, 4 de girofl e et ] 5 de v an i l l e ; o n méla n g e. il 60 ·oT. de sucre blanc pu! v ér i s é et l' o n '" d é l a y e J e t o u t dan s 3 l it r es de v i n blanc léger. A p r ès ]5 j ou r s d e contact, on f i l t re à l a cha u s se ct l'on met en bout c,ille s .

U ne s tr o p he du Noël d'Arpaj on, la a pe r m i s à l'auteur d ' u n Mém oire s u r « Brétigni-s . -MontIhéry, C ap it a l e du Pays d e H ur epo ix , dan s l e Gouvernement de l ' I s le-de-Fr ance, Parlement, Intendance et Dio c è se ,

sixième,

El ection d e Paris " , d'a�firmer qu'il

e x i stait autrefo i s , en ce lieu, un va'Ste étang où abondaient b a r be a u x , gar­ d o n s , an guill e s , carpes et p e rche s', p u i squ e notre eccl é s i a s ti au e-poète en fait a p port e r a u x h a b it a n ,t s de c c pay s ( 5 ) :

« Ce lieu, écrit l 'hi storien, est situé sur la R i vière d' Orge ; le vi llag e est b'iti dans un fond arrosé de plwâeurs petits Ruisseaux et Fon taines, et c'es t sans dou te de cette disposition natu­ relle du Lieu qu e s' es t formé son nom Francois. > ' En ellet « Bray um » , terme de la l' f1.s. se Latinité, et « B ra y " ou « Bré » en vieux Gaulois, signifiaient « Ma ­ l'éca.ge » , et on (! donné c e nom de « Bray » à beauc o up de Lieux maré­ cageux, ou situés -auprès de quelque . Rivière ou Etang.. . C e tt e étim o l o gie ,du nom de Bréti­ g n i e s t d'all tant pills vraisemb1able, q u e suivan t la tradition dll pays, il y y avoit ancie nnemen t au-d, essous d� cc villcige un assés grand dang, qlll deplÛs a Ir' té détruit et ,dont le lit est actllellem ent un Pré ; o n e n vo i t mêm e e n core la challssée derrière le l-:etit Ham eau de S. A n toine, don t la Fontain e a l loit se rendre dan s ce t drwy, c'est d e l à qu e c e pl'P se nom ­ m e encore a présen t « l e Pré de l'Etang » . On trouve une autre prell ve qu'il y Ci eu au trefois un é tang en c e t endroit, et q ll ' il étoit 1'enormmé pour être très­ poissonneux, c'est dans la grande Bi­ ble des Noëls, O/wragc fort ancien, dons lequ el il y (I un cantique assés connu, qui co,mm e n ce par ces mots " ,( les B o u rgeois de Chas tl'e's et de J'JI!on t -1 e-Héri . » . Dans qu elques n o u v e ll e s Edi tions, faites depuis 1 720, on a mis « les BOllrgeoi.� d'A r:pa jon )) ail l i e ll des (5) :\r . A . G . B .D . A . A .P., Mém o ir e his tori q u e concern an t le village de Bré tign i sn·us Mont­ lhérll (Extrait d u Mercure de Fra n c ', .i a n ­ vi el' 1 7 3 7 , p p . 43 il 4 5 ) .


- 260 -

Bourgeois de Chas tres » , IL callse Marqllis d'A rpajon, qlli de ce lieà, avoit obtenu des Lettres Patentes Fm mois d'octo­ bre 1 720, confirm ées par .d'au tres le t­ tres du .� may 1 72B, q lli ont é r ig é la v ine de Chastres avec quelques terres voisines, sous la dénom ination ,de « Marq ll isa:t d'A rpajon )) ( 6 ) .

On a m a i n te s f oi s p ubl i é ces q ue l ­ q ues ver s ; m ais nou s d evo ns à n o tr e éminent Archivi ste ' départementa,l , M . Henri Lemoine , d ' a voi r ret rouv é , en c l a s s ant les p apiers d u P r i e u r é d e Sa i l' it-El oi d e Longj um eau ( Série ,1 H) , l e texte e x ad et c on te m po ra i n de c e t t e petite ch an s on .( 7 ) , à l a fin de laqueUe o n remarque" la n ote « 50

q ll e tell 111 . le é toit Seign eur «

Un a u t r c fait h is toriq u e es t à men ­ tionner à propos d u N o ë l d 'Ar p a j o n . En 1 70 0 , Phili ppe le Je u ne , duc d'An­ j ou, p etit-fils d e L oui s XIV, ét a it re­ connu roi d ' Esp a g ne s ous le nom de Phi l i p p e V. ,En rejoignant son nou­ veau royauiffiiC , i l p a sse la nuit d u sa­ medi 4 décempre à ChJâ t f e s , avec tou­ te son escorte. Le l end em a i n m at i n , i l se r e n d il l ' égli s e Saint�Clém ent pour entendre hl m e s se . Là, l e li e u t e n a n t du baillia­ ge d'Etamp e s , Fra nçois de Di n a n , lui fit des complime Illt s a mp o u l é s . Qu a n t a u curé, l'abbé L e Gastelicr; il Se c on­ tt:nta de l u i c h a nt e r le p r e m i e r cou­ plet d u Noël J o c a l , mo d ifi é pou r la o

circonstance.

HARANG U E

DU

CURE

DE

C HATR E S

Comm e j e scay, Sire, il y a longtemps, qU2 l es longues harangues sont .ennuieus es et que le s pl u s peti t e s s o n t l e s mci l l e·ures, ain s i , j e me cont ent eray dl' d i re à V. M . que de­ puis son arrivée e n cet t e v i l J e AU

R O Y D ' ESPAGN E

Les Bourgeois de Châtres E t ceux de Montlhéry Viennent tous à grand e haste Vous chanter

aujourd'huy :

Pet i t - f i l s de Louys Que D ieu vous accompagne.

pis toles

.

)) ' .

pre uv e

que

roya lcment réc o mpe n s é ! La tra d i t i o n

popu l a i r e

le

cu ré

fu t

Ph i l ipVe , anmsé, cri a : Bis ! L e cu ré �.'exécll.ta , ma is q u a n d ,l e r oi l u i re !11Ï l son obole, i l c ri a : bis ! à s o n tou r . Et l 'obol e fut d o ubl é e sur le ch am p ! aj o u t e

que

* ,* *

Le Noël d ' Arpaj on a été mainte s et mn inles fois tran s formé d e p u i s lé X V I " s i èc l e , et il 'e x i s t e des variantes p l us réce ntes , d o nt l à plus rép a nd u e , que l 'o n p e u t su i v re dep u i s la R évo­ l u t i on, a été r é ce m m ent publiée p ar Paul Arma dans son r e c u e i l " Noël ! Chantons Noël! » (8) . E ll e finit é gal1e ment su r l e d ernier c o up l e t de l ' ori ginal quel q ue. peu re­ manié, m a is en s'upprime totalement p l u sieurs autres , 'e n p artic u lier l e s c o u p l e t s V, VI, VII, V I I I , X I I et XI I I . On s ' est bo r né à contracter, o n , a d i s ­ p o s é d'mitr e manière le s é l é me n t s c o n s er,vé s c t o n a p a r f o i s inventé des d étai l s qu i s u r pr e n n e n t , t e l s l ' a pp ar i ­ t i o n i nso l ite d ' u n e montagne, l a tra n s·· formation de . cett e ferUIe r égion e n l a nde ou bien l a pr é s e nc e d ' u n habi­ t a nt de Never s ! Lés circonstances de l a v e r si o n orL ginelle y s ont c,e pe n da n t répétées, c onnn e on p'e u t en j u gc l'

Et qu'un prince s i bon. Bon, bon, Cent ans et par del a . L a ; la,

510 p istol es .

Règne dans les Espagnes. 'l'4'

Tous les bourgeois d e Châtres E t ceux de Montlhéry, S 'en al laient quatre à quatre En chassant J e souc i ; Cette

(6) C'est le m arqui s Jean-Baptiste du D e·f­ fand qui bapt i s a Châtres du nom d' Arp aj on, . terre qu'il p o s s é d a i t da n s lc Rouergue . La tradition rapport e qu e, pour habituer rapi­ dement les habitant s il l ' u sage du nom nou­ vean, i l f a i s a i t di stribuer d e· l ' argent à ceux qui l'e m p l o y a i e n t et d o n n t:'r l a bastonnade à ceux qui , ]l a I' habit u de, pers i st a i ent il sc s ervir rlc J ' a n'deu .

journée

ici.

Q u e l a V i erge M arie,

(7) LEMOINE (HenrI) , La Chanson du Cu ré de Ch astres (i n Revu e d e l'Histoire de Ver­ s a illes e t de S . -e t-O . , 1 9 3 1 , pp . 232-233) . (8) ARMA (P a u l ) , INoël ! Chan tons Noël !. (Paris, Les Edit i o n s Ouvr i ères, 1 942, pp . 2 0 6 207) .


- 26 1 --Près le bœuf et t'ânon, don, don, De Jésus accoucha, la, la,

Sur tous les tons divers, Mê lant Avec A

Des Anges de

sa

chanterie

De trompette et cla iron, don, don ,

Dans une bergerie.

l'Alleluia ,

Joseph

et

la,

la,

Marie .

lumières

Ont chanté divers tons, Aux bergers, aux bergères

Tous

Qui gardaient leurs moutons Parm i

Et

tous - ces cantons,

Tout alentour de

Disant que ce m ignon, d on, don, là,

la,

la,

Pour le . salut du monde .

Dedans Ce

l e Parad is ;

qu' ils

Et puis

leur

qui de

leurs houlettes

Tout droit à Saint-C lément A travers la montagne, Etant tous réjouis, ravis, D'aller voir cet enfant naissant, Joseph et sa compagne.

01

la bande,

Vint en procession, Et traversa l a lande, Sans fa ire station, Ni la collation, l 'harmonie

Que faisa ient les pasteurs, chanteurs, Lesquels n 'étaient pas las, la, De

faire

la,

symphonie.

Jean,

M essire

vicaire

De

l'église

d 'Egl is,

Fit

porter , pour m ieux braire,

Du vin de son logis ; Les

écoliers

Toute

garnis,

cette

nuitée,

Se sont mis Ut, re, A

à chanter, crier

mi, fa, sol ,

gorge

la,

la,

déployée. ,

6

Lorsqu'on v i d a i t Un

la,

la

coupe,

nommé des Aveaux,

Faisa,it de bonne soupe Avec

force

Poulets Pour Outre

naveaux,

gr ande

et pigeonneaux,

faire des

chère :

hallebrans,

faisans,

Qu'apporta J ean Badot, point sot, A Jésus et sa mère.

7

Comme on était , à

'

un

Chanta

luth mille

table,

agréable, beaux

L e Noël d'Arp aj on de l ' abbé Cres­ t o t n' est p lus guère ch a nt é lors d e la veillée d e décembre ; et c'est vraiment d o mmag e , c ar peu nombreux s o n t l e s c a n ti q u e s qui o n t un c a ra ct è r e l o c a l a u s si n èttement marqué. L'abbé .Jean Lebeuf en fai s a i t déj à la rem arqu e en 1 7 3 7 et m ett a i t en r'e� l i e f l ' avantage q u ' o n t eu ces' quelques bourgs et viJolag e s de l'Ile-de-F rancè « d'être célébrés par un auteur aussi qra/Je ,q u e c e lui de ces Noëls, fa i ts a u temps de n o s tl'Ïs ayeu ls ( 9 ) . » . D e nos j ours, si o n connaît encore l e t i mb re « TO/ls les BOl1rg e o is d e ChMres » , on a p a r contre , complète­ m ent oubli é les p a ro l,e s a n cienne s . Et l ' on chante a l o rs un ean t i q u e a b s o l u ­ me nt di ft'éTeni, d o n L l ' a u Leul' serai t. François-Eustache Du Ca urroy ( 1 5491 6 0 9 ) , reçu Maître d e mu sique de l a chapelle d e s Rois d e France en 1 5 6 8 . N ou s l' a v o ns re cop i é s u r u n m a­ n u scrit d e la Bi b l i o t h è q u e N ation a­ l c ( 1 0) . L e voici : Le F ils du Roi de gloire Est descendu des cieux ! Que nos chants

de

victoire

Résonnent

ces

li eux ;

dans

Il

dompte les enfers ,

Il

calme nos alarmes ;

Il tire l 'univers des fers Et

pour

jamais

lui rend la

paix :

Ne versons plus de larmes.

. U n garçon de N evers , Sur

la , la,

! * **

Et s'en vont promptement

à

là,

E n faisant bonne fête.

Leurs hautbois, leurs musettes '

Dansant

prom is ;

D'aller vers son canton, don, don,

Avec empressement,

De Sa int�Germain,

ont

chacun s'apprête

Qui de ci, I ls prennent

de grâce,

De leur faire une place

l'onde,

Eta it né près de

prièrent

l a mère et l e Fils,

airs,

(9) J. L. D., Supplément au Mém oire His to­ riq ue concern ant. . . Brétigni . . . (Extra i t d u Mercure de ]?mll c e, -m l u's 1 7:1 7 , p. 47:1) . ( 1 0) B i b . n a t . , m s . fI'. 1 4.985 (p. 1 1 9> '


-- 262 -

2

Vains honneurs Je

veux

Le

Maître

Vient De Je

vous

de

vos

de

J 'obé irài sans cesse.

oublier :

du tonnerre

4.

s'hum i l ier.

trompeurs

saurai

Ne .portons plus nos yeux q u ' a ux cieux A votre loi, céleste Roi,

la terre,

me

L'amour seul l ' a fait naître

appas

Pour l e sa l u t de tous.

défendre ;

Il fait par l à connaître

A l lez, n'arrêtez pas mes pas :

Ce q u ' i l

Monde fl atteur, monde enchanteur,

attend de

nous ;

Un cœur brûlant d'amour

J e ne veux plus t 'entendre.

Est l e p l us bel hommage. Faisons- l u i

tour à

tour

la cour,

Dès aujourd'hui n ' a im ons que l u i : Qu ' i l soit mon seul pa rtage.

Régnez seul e n mon âme, o mon d i v i n

Epoux !

Qu'il nous s oit permis d'esp'érer que beau Noël local repr'enne dans nos chants la p l ace qui lui est incontesta­ blement due.

N 'y souffrez point de f l a m m e

Qui

ce

ne brû le, pour vous.

Que voi t-on dans ces

l ieux

Que m i sère et bassesse?

TEMPS PASSÉ

FRIANDISES DU Par L o UI S

BRUNEL

ÉSAI:t disait (mec raison qu'il ff/Ilt

se défir�r d'Iln homme qu i ne boit pas et qlli compte s e s m orr:eallX: c'est presque t o ujours un traître. Celui qui s aban do n ne tout e n ti er aux plai s irs de la taMe n'a rien à cac h er ; il salit qu'il parlera : qu'importe ! Il peut s'ou vrir à tolUS. C'es t bien dans cette catégorie de gens hautement s y m pa thiques qu'il nous fau i ranger le grand orig in a l que fll t A lexandre Baltlhaziur 'Lauren t' Grimod de la Reynière, Seign eur de Villiers-sllr-Orge, à qui TlOlUS devons lln livre non moins curieux. l' « A lm anach des Gourmrmt1s, O ll Calendrier nlutritif, servan t de gu id e ,dans les mouens de faire eX1c'e,zzente chère )) . Nous avons pensé qll' il serait agréable à nos S,iJdétaires, ,de lire qu el­ qu e s extraits de cet ollvl'age, qui a le m érite ,de mppeler la faveur dont jouir en t autrefois certaines fr ia ndis e s propres à notre Terroir et qui connut après l a Révollltion u n e vogu e extraor.dinaire, com m e le fait mali ­ cieusem ent ressortir un poèm e de l'époque :

C

'

Quel écrit parmi n o u s a le plu s de l ect eurs ? L'Alm an ach d e s Gourman d s ; sa vogue est gélléral i.'.. L e public, en ce point, prouve mieux sa MoraI e Qu'en se plai s a nt à voir des j ournaux virul en s Insulte r au mérite et honnir l e s t a l Bn s . Le · succès d e s Gourm a n d s est beaucoup p l u s dans l 'ordre ; Car il vaut mieux n'ourrÎr l e s gens que de l e s m ordre !


-- 2'B3 -

Crème

L es Fromages à la d e Viry

O n e st sûr d ' e n trouver là à toutes les he ur e s du j ou r et de l a nuit, car i l en reçoit d e frais troi s foi s par se­ ma ine . Il s' y en fai t u n pro d i gi eu x débi t, et le s g o u rmet s n'ont poi n t o u ­ b l i é c ette a d r'e s s e . »

,

« Lors que nou s d i s o ns q u e le Fro­ m a�e est le bi'scui,t d e s ivrog n e s , il est c l air q u e cel a ne doit s 'e'nt'endre que des F roma g es s a l é s , q u i ,c omme ceux de G ru yè re , R oq u efort , Sa ss enage, Gé­ rardmér . . . pr ovo q u ent l a s oif ,et fo n t trou ver bon tout vin m é d i Û c re .

Les Cerises blan ches de Vi llebousin

.

'

« Que l fruit p lus s'ain, plus abou­ dant , p l u s g én ér a lem ent r épandu que la Cerise ? Ses espè,c es sont i uno mhra-, bles, et depuis l c Gros Gobet de Mon t­ morency j us q u ' a u plu s petit Bigar­ r e au il existe une foule ' d'intermé­ di'aires qui mviss ent n o s yeux p ar leur éclat et notre pal ai s p a r l eur s a­ veur. C' est un d e s d éj eu ne rs l e s plus s ains q u 'on pui s s e faire, et ,l e fruit dont l ' e x c è s 'e st l e moi n s d a nge r e u x lorsqu 'il e st bien mûr. Les meill e u r e s Ceri'ses viennent à P a r i s de l a Val l ée d e Mon tmore n cy ; m a i s on rem arque que de pui s q u el ­ q u e s ann é e s :) a honn e espèc e es,t s'en­ sibtement moins abO'lldante. O n a planté heauco up de cerisi ers dits an� gl ais , qui donnent des Cer s es pI �tôt hrunes qu e rou g e s ; pl u t ot ameres qu 'acides, et q u i n'ont ni la dou ce ur , ni la délic ate s se de ceHe s connues sous le nom d e Gobets à courte queue, que l e s amat'elHs l eur préfère r o n t . touj our s . . N o u s devon s dÎl'e u n mot de s CerI ­ ses blanche s- de Villebouzin , sit ué à une .lieu e de Lonj umea u , s ur l a route .d'Orléans . CeUe t erre d e p ro­ mi,ssi on, où crois sent dans un sitre en­ chanteur d'excellents fruits de .toute nature, appartient à l 'aimable M.

Dans cette nomen c l ature , nou s n' a­ vons poi nt fait entrer les petits Fro­ m a g es qui n o u s ar rivent , le m ercredi de chaque semain e , de Neuc hr.ite l e n No rm a n die . C'est u n man g e r ass ez agréable, surtout l ors qn' i l s sont -b i e n choi sis , gra·s, onctueux, et d'une cou ­ l e u r tirant u n p eu s u r celle du beurre . En hiver nou s mangeons à Paris, diversés s o ; t es de pr ép a r at ions caseu ­ ses et hutire u s es , plu s ou m oins agréa­ b l e s , et, pour ne p ar l er que de ceHe,s dans l ' é d ul coratiou d es quel l e s .on fait (mtrer le SUCl"e, ;1 est peu de de ssert où l'on ne tro u ve un Flroma g e d e Viry et où l 'o n n' admire un Fromage à l'a crème, fouetté et mi-glacé , au citron , à la v a nille , à l a ros e à la fleu r d ''Û­ range, o u bien p a n ac h é , que Madame l a Veuve Lamb ert, pl a c e Royale, p eut v o n s envoyer fra ncs de port par ] a p eti te po s fe .

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L e s ex c e l le nts F ro m ag e s de Viry , si on ctue ux , quoiqu e fermes , et qui rap ­ pellent, sou s p lu s d ' u n r apport, l a d é ­ l i ci e u s e crème d e SoUevilIe, que nou s n e pouvons j am a i s rec evoi r �s � ez fra îc he à P aris p our en apprecler t o ute la fine s s e , sont de crème pur.e, solide s et d 'u n goût déli c i eu x . On les d é l ay e avec un p e u de lait , si on veut J.e s ren d r e p l us maUéa ble s , et' l ' on y a j out e du sucre en poudre. Ce s From a g e s- de V iry étaÎ,e nt au­ t r e f o i s vivement recherché s'. L a Révo­ l ut io n l e s a fait ]O'llg temps perdre de \lIe ; l ' o n y revient aujourd'hui com­ m e il pres ue tous l � s ancie n. s u sages, rt l' o n s e n trouve bIen QU'ÛIque pas� s �l ble m en t i nd i gestes, un gran d d e s ­ � ( r t n e sau r a i t ètl'e c omplet s a n s l e u r p r t' s p n c p . , Le dépôt d e s vér itabl es e s t te n u à P a r i s p a r :\1 . D el a i s s e , épi.c ier , Rue de la M o nn oi e , N ° 7, près d e Pont-Neu f.

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.

CIIa-got .

cês Cer i s e s , dont l a pea u est d'un b l anc j a unâtre , nuancé de cou);e u r de rose, cb a rm e n t l'œH d'abord pa r cette vari é té ; m a i s ce n ' est pas là leur u n i que a vant a g e , e lle s ont u n goùt qui . I J o u r ne ress,embler en r i e n à ce lu i de t o u t e s l e s e s p è ce s d e Cer i se s c o n n u e s , ' n ' en es t pas moin s exceI l ent. I l s e r a i t t r è s d i ffi c i le d e d é,finir cette s a veu r q u i t ie n t tout à la foi s d e ceHe du Ilw . s l' a l , d e la pèch e et de ',a r e i n e­

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( l n u de ; I e n r

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pul p e est beaucou p plus


- 2064 s ucrée que ce lle des Geris'e s rouges, sans cepe ndant avoir le goût fade de la Guigne. EUes embaument le palais d'un e manièœ dé licieuse et la titilla­ tion qu'eUes produisent sur les houp­ pes n erveuses et s'en s itiv e s de cet or­ gane du goût, cau s e une sensation qu'il e st vraiment impo s sible d'-expri­

Les C e r i s e s h l a n ehes s o n t -eneore fort l'ares à Par i s , et l' on n ' en trouve que chez l e s gros f rui tier s d e l a H a l l e , mais en trè s pe t i t e q ua n t i t é ; ell e s ont l'avantage, après a v o i r été cuei llies, de se cons erver bo nnes beaucoup plu s lo ngt-em ps que l e s autres ; e t au bout de huit j our s , eUes sont exceltlenltes . »

mer.

L es

Pêches de Corbeil e t de Mon treu il

Les pëches sont jugées comme le fruit le dll S beau e t le pills dis tingllé q u e produise notre climat. A il mOlJen­ âae, celles de Corbeil étaien t particu ­ lièremen t es tim ées,_ ainsi q u'en témoi­ gn ent les réc i ts de certains chroni­ q u eurs (His toire ,de Corbe il, par de la Barre, p . 1 5 7 ) ou de vieux « c ris de P aris » : Beaux chapelet s ! ' Couronne royalle ! De b e-au x coings ! Pêches de Corbet ! Beaux p o ireau x ! Gro s n av ets de h a l l e ! Beaux hou<j u e t s ! Qui veut d u h a n l ait ?

A u XV I I " siècle, le ur réputation a,vait déja bea l l c o up baissé, s oi t que l a cu lture e û t dlégénéré, soit plu tôt para qu' el les avaient été rempla­ cées po.r des variétés supérieures ; et {inalem en t, ell�s furen t supplantées p a r celles d.e Bagnole t 0 /1 d e Mon-' treuil, où l' on pratiq ua, il l'origine, une nouvelle m an ière de 'm u ltiplier les p êch es e t de les faire m û rir pm· une conceutration de chalellr il l'ai­ de de m ll.rs et .d e con tre-m urs. Gri­ mod de la RelJuière rapporte à ce s uJet : « Le village de �ontreui l est en p o s se s sion de nou s envoyer les m eil ­

leures Pêches qui se m an gent en France, et probahleme r t en Europe. L ' i ndus t r i e de ses hab i taIü.s s' est i n u r n é e pre s !f U excl u si v e me n t ver s � r--- - -

ce genre d e culture " e t l ' a p or té à s a d e rnière perfection . La Mignone est la première Pê­ c h e qui paraît à P,aris , ordinaire­ ment vers l a fin de j uillet ; mai sl celle connue sous l e nom de T ét on de Vé­ n l/s, q u i m û rit vers la fi n d 'août, est regardée à bon droit comme la mei l­ leure,. de toutes . A u c u n fruit n'es.t com parable à la Pècbe, pour la b e a u t é d e ses fo r m e s , l a fi nesse d e s a , peau, l a d é li e ate s s c d e s a chair, l e p a r f u m ( l e s o n j us , et s a s a l u b r it é . Ell e a d e p l u s l ' avan ta­ ge d' offrir avec · une j olie fem·lne un grand nombn' de si militudes .

En considérant avec attention un eJe ce s fruits de la plus gross'e e spè­ ce, on reconnaît ' aisément ' dan s ses formes arrondi es ceJ,j.es qui plaisent le plu s à un Œil amoureux . Sa p eau douC'C e't vermeille, veloutée, diaprée de mille couleurs dont t o u tesl les nll ance s sont fo ndues av ec u n e ha r·· monie que l 'art ne sau rai t imiter, est ' le por trait fidèl'e d 'un tei nt, t e l qu' i l sort à quinze a n s d e s mai n s die la Nature.

La pulpe, fraîche, b l anche, et fer · qUDique j uteu se , nou s rappell e ces carnation s si s édui s'antes et si hell e s , ce s chairs- que re couvre une p e a u douce et tran sparente, qui d o ll­ ble le prix d e s a ppas mêine qu 'elle sont u n cl e f; s emhle voil el·, et q u i c harmes les p l u s attrayants d é l a j eune s se Ulüe à la beau t é . me

de

Enfin, il n'est pas j u s qu ' au noyau ' la P êche, qui ne pui s se fournir:

e nco r e des termes à -ce Ue Hnaeréon­ t i que comparai sl(m . I l -e st la v i vante i m a ge du Clt'Pur de ces femmes insen­ s ibles q u e rien ne saura it émouvoir et qui n' on t jamai s r e s s enti le doux besoin d ' a i mer .

Il est donc bien d émontré qu'une b elle Pèche nou s donne la plus par­ faitle idée d'une femme charmante. Mai s si la P ê che a tout l ' éel at de la beauté , elle en a aussi toute la fragi,. lit é ; et cet é clat qu-e nou s admirons, que nous envioÙls , que nous app étons , qui nous ravit, nou s attire et nou s charme, pa s se plus vi t e encore que , c elui d 'u n e ,jolie fem m e ! ')

- - - - ��--___

.


LA FONTAINE DES - GENOUX BLANCS

Légenèle

de l' {fn pa",

C

'EST

1 433

{f1Ju,;,t

dans un coin perd u de c ette Forêt de Séquigny qu'on nom­ me maintenant Forêt d e Ste­ Geneviève, à qu el q u es m i l le pas' d e la F on t ai ne de Saint-Genouf, l e pieux ermite qui vécut en ces lieu x vers ·le VI" siède, qu'un pauvr e l é p r e u x du nom ,de J e h an Fortin vivait comme u n loup a vec s o n t e rribl e m a l . Ancien bûcheron et tailleur d'ima­ ges , il avait quitté logis, femme et enf a nt pour co u rir s u s à l' A n g l a is quand J e h a n n e la P ucell e me n ait s'e s troupes victorieuses ver s Paris . Mais sous les m ll r s de cette ville, i l avait été fait pr isonn ier et gardé de l o n g s moi s è s pr i s on s a n g,l a i s'e s avec maints autres m i sérable s . Qu and enfin i l put �.' é v ade r après R o u en , il 's' aperçut qu'u n m a l i nconnu l e minait j u squ'aux mo elle s . De re t o ur dans s'a fO'l'êt, il ne re­ trouva ni sa femme ni son e nf ant et pe n s a m ourir d e chagri n e t d e misè­ r e . La ' s a i so n froide étant venue, il rebâtit sa h n tte d e terre et de bra n­ c h ages et put u n j o u r , sou s c e chaud et modeste ab ri , a ll um e r un feu d'her­ hes et de bois s e c . Quand la nam me d a nsa SUl' le s t i so n s , il en .ap procha

�eClU;1lie el a"",angee ,

_

Clumdwt ses p auv r e s d o i gt s g l a c é s, gonflés , ul­ cérés et rogneux , u n e foi s , deux fois , tr o i s foi s et ne sentit p oi n t l a b r ûl u ­ re . Il é c art a ses vê tem e n t s : ses ge­ no u x, ses coude s, s es' poignet s étaient noirs , liv i d es , s q u ameux e t comme m o i s i s . H comprit . Ce qu'il avait pris p o u r l a N a s s e d e s p r i SIO n s et l ' effet des pri v a t i o ns n ' était autre q ue le mal des l adl"e s : il n' é ta i t donc plus qu'un l é pre u x , n n mort vivant. I l s e l a i ssa tomber sur l a pierr e q u i , Iui s ervait de siè'ge et pleu r a l o n gueme n t . Au m at i n s u ivant q u i était l a v eille de Noël, il éprouva de n o uV'eau s e s d oi gt s dans la flamme et la flamme ne les mordit poi n t . Il i mplora Di'eu et t o u s les Saints du P a r adis et Ma­ dame l a Vierge de Longpon.t et ' Mad a­ me S ainte Geneviève et le bon Saint Genou f et las de g é m i r , il s'affais sa sur le sol . Et voilà que s o u da i n i l releva la tête et é co u ta : l e s sons menu s et ai­ grelet s d'une cornelIDus'e arrivaient j u s q u ' à lui e t u n e voix d'hom m e c ha n ta i t u n air pop u l aire où le mot lad re revenait comme un écho 'et l e -

ehnnt

dres sa,

rap prochai t . Le l épreux s e s o rti t et d'arbre e n arbr e, en

se


-- 266 se cachant , p ar v in t près du

s

e n t i er

q ue su i v a it un vioeillard à lon g ue har­

c o r ne m u s e 'sous u n bra s , long bâ­ Lon s o u s l'autre el q u i s e croyan t seul répétait po u r les oiseaux ou l es ange s ù u ciel . s a naïve c a nHl è ne de p è l er i n . Et c l ai I"Cment, J ehan Fortin e nlendit :

he,

En la n uit de Nouel Toute bl a nche de n eige A la fontaine vint, , Lava son mal maling Et vi st ses gen'o uils b lan c s Com m e ceux d'un enfant Lors cria : suis gary, Bon sain c t Genouf, m ercy.

Et moi a u s si, par S ai nt Genouf, d emain serai, gu ary, cria en son D :cur l e pauvre l a d re , et de m e s mains ferai belles i m a i ges pour son honneur et mon me rc y ! . Fort de son vœu, de s,a foi et de son espérance, J ehan Fortin, l'âme en lies s e , rega g n a sa h u tte . Mais, dè s que la nuit se ·fit noire el étoi'l ée, com­ me sied à u n ,e n u i t de Noël, il prit son bâton et s' en vint à p et i t s pa s j u s­ qu' à l a Font a i ne de S a i n t Genouf qu 'il connais's ait bien, l à-ba s vers l e

village d e Vill e m oi sson . Un épai s ri­ deau de hrouss aiUes et de liane s ca­ chait aux regards la n i c he el la m ar ­ g e l l e d e vi eHl es pi er r es et les eaux bruis santes d e l'antique fontaine qui , depu is des s i èC l es peut-être, n'avait

plus guéri .

Sans hésitation comme san s fris'" son , le l adr e s 'y lav a de l a tête aux pieds, pu is r even u chez l u i , se jeta sur la cou che d e . f.euilles et s ' endor­ mit dan s un rêve jusqu ' a u lever du s o le i l . D è s so n réveil, il ouvrit de nouveau s'es vêt e ment et vit que S e s geno ux étaient blancs Comme eeux d'un enfant.

eL

II

fi t

j aill i r la fl a m m e d e

S'Ûll

foyer

d a n s la fl a m me l ança ses doigls devenus rouges et l a fl am m e mordH comme e n c h ai r v i v e . A l ors , comme l e ' l adr'e de l a cantilène, il s ' éc r i a j oyeux : Sui s guary, suis guary, Bon sainet Gen o uf, m ercy.

Le miracle de l a nuit de Noël fit gr and b ruit aux al,e ntours, car du

coup, J'e han Fortin ne se cacha plus et raconta à qui vou l a i t l 'e ntendre l'hi s toire véri d i q ue de. s o n mal et de sa guérison 'e t au s s i l a vertu des eaux ù e l'anHque ' F ontaine du Saint Er- ·

m ite.

l e co ut'el et t ai l l a avec am our d a n s' les vi e ux buis de la f orê t de s i m ages de

Sel on son vœu , il reprit la gouge e,t

Saint G e nou f , son biénfaiteur , i m age s q u ' il vendit en grand nombre aux pè­ lerins de Lo ng.pon t et au t res sanctu­ aireS du voi sinage.

Et tant vinrent de p a rt ou t l adr:es . d évôts à Sai n t Genouf et tant firent

de genoux blancs l'es eaux de sa fon­ t aine qu'en peu d'années furent vi ­ dées lies ma l adre ri e s de J u v i s'y , Long­ j umea u et Miont l h ér y et q u e j u sq u ' à -no s j ours l a Fon t a in e de Saint­ Genou f est re sté e pour le pays l a Fontaine des Genoux Bl anc s (1 ) . - Et quel est , me direz-vous, l e derni er miracle d e l a F:o ntaine des Genoux Blanc s ? - Il 'e s t notoire, braves g,ens , c'e st le miracle de S'a survivance au miUeu d e l a l'èpre des d é va s t a tions qui l ' e n. lourent. (1 ) Cette légende est extraite du l ivr e de M. V. CHAUDUN sur Villem oisson en Hure ­ poix.

At

ENQUETE FOLKLOR IQU E

D ans no tre dernier BuIletin , M . R og er Lecotté, S e c rét a i r e Génréral de ,l a Fédération Folklori q u e d'Ile-de-France, avait présenté une longue é t ude sur u n e a musante c ou t ume de notre région : l e « brùlement » du fauteuil de l a mariée à J uvisy-sur-Orge . II a.vait, en o utre, d ans son i n t ro d u c t ion , vi ve ment i r ,sisté sur Joe fait que, s'i l ' o n e st to ujou r s à même d'effectu er des foui l l e s ou de d é c r ire un site, un terrain ou un monument.


- 267 i l n'en est pas ahlsi des traditions qu'H faut se hâ t er de rec u:e iHir de la bouche des « Andens )) avant 'q u'elles ne soient perd ues à j amais . Le grand intérêt q u e I: OS ledeurs ont porté à cet article nou s a donné l'idée d'organ i ser u n e vast e Enquête Folk loriq ue et c'est pourquoi nous venons solliciter l'ai.de de lou s nos Soeiétaires dans les recherches que la S.E. S.A.M. fait actuellement s u r l es mœurs , coutumcs et traditions de la . Banlieue Sud de Paris. Afin de -guider noS' informateurs bénévole s, dont les travaux seront d'aiUeurs imprim é s à leur .n om, nous publierons en trois fois . un long questionnaire rédigé par l a Fédération F(jlklorique d'Ile de France, d'après la méthode in stituée pm' M. Arnold Van Gennep dans son Manuel . du Folklore Contemporain . -

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QUESTIONNAIRE Ne pas oublier d e préciser pour chaque fait : l e lieu, l a date et les circonstances , et de mentionner surtout s'il existe touiours ou bien ' s'il a, au contraire, disparu (à quelle époque et pour quelles causes ? ) . Si l'on tient le fait d'une autre personne, ne pas manquer de donner le plus de détails possible sur cet informateur ( ami ' ou parent âe;é, artisan, etc . . . ) ; ces détails concernant l'âe;e, l'origine, le métier, le lieu d'habitation, etc. . . sont, en effet, autant d'éléments à l'appui du fait relaté. Enfin, si l'on peut ai outer à ces indications : des photographies, des images, des articles découp és dans la presse locale, des program­ mes, des cartes postales (même écrites ) concernant : les pèlerinages, les petits métiers, les coutumes, les costumes, les types de maisons, de fer­ mes, etc. . . ; des dessins, des croquis ( même imparfaits ) et des notations musicales (même simplifiées, p our les chants et les cris de métiers ) , on aura augmenté considérablement la valeur de son témoignage. 1.

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LA VIE HUMA I N E

A : Avant : Prières , pèlerinages ou pratiques supers­ 1 0 NAIS SANCE. titieuses pour avoir des enfants' ou n'en avoir pas. - Enfants voués a u blanc et au bleu ou à Sainte Geneviè;ye. - Prédi'C tions sur le sexe de l'enfant (div inatio n, influenc e luna ire, dictons) . - Envies et dé­ L'e trou sseau. - Avortements goûts (l eur influence 's ur l'enfant) . (prat iques et médecine popu laires) . B : pendant : TradHions d'accouchement (sage-femme, m1édecin, rôle des voisins) . Influ enc e du jour et de l'heure s'Ur l,a de stinée de l'en­ fant . - Le premier al. -. Ress emhlanc e . de l'enfant avec les ascendants . C : après : An nonce faite au père, aux parents et aux relations. Rel eva iUes. - ObJets protecteurs (médailles, cordons, am u lettes, col­ lier ,d 'am bre, hochet) . - Premiers vêtements. - Forme et garniture du berceau et de l'a voiture. 2 ° BAPTEME. - Ondoiement (sur quelle partie du corps ?) . Choix des prénoms , Prénoms en vogue. - Choix des Parrains et Marraines . Ordre du cortège (aUer et retour) . - Cérémonie du baptême (croyan­ Les sOl11nerie,s . ces s ur les réactions du bébé il l' eau et au sel) . L'e s dragées j etées ou offertes . - Les sou s' jetés . - Les rétributions données. Cérémonies familiales ,(repas, plaic es il tab le, décor, gâ teaux) . Rapports er.tre Parrains et Marraines (présents et fu tur.� ) . - Leur rô le uU �rieur vi s à vi s de l'enfant (Première Communion , -

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-. � (j 8 --

ser/JÎcc m i l i t a i rl' , marillge . ) -- P a rra i n a ge s exce p lionne l s (Chef d e l'Etoi ou p r é la t pO lll' 7" enfant, cadeaux�) . 3 " ENFA NCE (j u s q u ' à 1 3 an s ) . - Co u t u me s p O LI r a p jJl' e n d r t' :\ l ' e n f a n t : 8, p a rler , à J1w rcher, à ê tr e . p ro p r e . - Le premier m o t prononcé . Remi'de s pop u hl i r e s et pèlerinages p o u r enfants · la r d i f's (HI m al a d e s , - La p r e m i è r e dent ( c (u/ c a u li la m è r e ) . - Le s ba i s ers . --- Le sevrage . (médecin e po p u la ire pour la pa s sé e du la i t) . - - Les prem} ers . a lÏIn e n rt s . Moye n s d'amadouer o u d ' effrayer les enfants (fées, marchan d de s a b l e ; di abl e , lo up-g a r ou , c r o quem i t a in e ,. ogre, v er g e s de Noël, lt� n ez q u i rem ue, le p e t i t doigt l' a dit, les corn e.� , les oreilles d'ân e ) . -- Ge s­ - -­

t e s et lpantomi m e pour fa h"e rire les enfants'. - Corr,e ct i o n s (fessée, aspersion d'eau, martin e t ) . - - H éeompens e s ( bon bons ) . - Bai s er la terre . - F ê t e s el1fa nitin e s . - Accorda il l e s e nfantine s . - L a vic sco­ laire Chons-poin ts, images , ' croix, t a !Jl e a ll d'honneur, MUets" retenues, pi q u e t, .... ,ign es ) . -- La Pre m i èr e Commun i o n ( h ab i ll e m e n t , cadeaux, c ér é m on ies , repas, gâ teaux' traditionnels ) . - F ête s fa m i l i al e s. - L e Certi'fieat d ' E tu d e s (vœ ux' à Sa in t-Ex'pédit et Sa'in i-SélJ{}rin , s uper.ç ti­ tions d ' e xa m e n , l e diplôm e , la rà: om p en s e ) .

4 ° ADOLESCENCE. - Le pr'emier pa ntalo n r long. -- Distractio n s f a v oriL e s ( j eux, s p o r ts , prom enades) . -- Les premières fréq u entation s . -- - L a mue d e l a voix. - L ' é ma nc i p a t i on (rem ise de la cle:f du logis ) . - Le d écouchag e ( r é a c ti o n ,des pa,r en ts) . - La vie estudi antine ( E xam e n s ) .

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F IANÇAILLES. -- F l euretage . - Moyen s de se faire aimer (fol'm u l e t ­ t e s, ca r t e s p o s t a l e s , pa pi e r à lettre, c oq u e tt e rie , prés e n t s " gages' d'am our, bals, sorties champêtrès ) . --- Présages de mariage (os de poule t, feuille de laul'ier tom bl.Je du ra go û t , dern ière go u t t e de la b ou t e il le . . . ) . - Act e s ou d i ct o n s retardant l e nw ri a ge ( fe ui lle s de salade to m b ,,l e s h ol'S du sa�adier, dire « ll!/ a d a m e » il une d e m o is e lle ) . - Per s o nnes, sociétés e t j o urn alX fa v o r i sant le mariage. - Pèlerina ges e t foire a u x fi a n cé s . Pr atiq u e s révé l a n t l ' a s'pect ou l e prénom de l'être a i mé (m il' o i r dans la fontaine ou sous le tJ'a vel'sin, ép l uch u l'e s de fru i ts jetées, jellx .di v e r s ) . - A c c ordaille s d è s l ' e n fa nce . - Pr,ésent a tion aux pa rent s . - Hepa s de fiançaille s . - Bag u e ou aut res cadeaux . - Fixation d e l a d a t e du maria g e . - Enterr ement d e l a v i e de garço n , o u d e fille .

MAHIAGE. - I n terdictions p o p u l aires, relatives a u m ariage (Pal'en té, C a l'ê m e , m o is d e m a i , h or.9 pa ro is s e ) . - Ban s . - hwitation s . - Ca­ d eaux reçu s . -- Trou sseau . � Co stumes (mariée, ,marié et a u t r es, tra­ ditions pOUl' l' h ab i l lag e ) . - Ordre du c ortège (aux divers m oments ) . -­ Ga r c o n s et demoi s eHe s d 'h on n e u r . - Déductionsi des k1vité s s u'!' l a ma ­ nièl;� d e d i r e l e « ou i » o u' de mettre l'anneau . - M u si q u e s . -- Clo­ che s. - H éflexio n s d u populaire à la s o rtie de l'Egli s e . � Véhic u le s (fleuris ) utilisés (présen tem en t ; d e for tune) . - Photographe s . - P r é ­ s ages d'heur o u d e malheu r (c onv oi fun è bre, pl u i e ) . - A l a mairi'e . -­ B anq u et Cplac e s à ta b le , décor floral, menu , gâte a u x tradïtionn e ls, menu aclll e l) . - Co utumes Cp a r ta'ge : /Joile, jarre tière, c our o nn e , bou­ quet) . - Ba l . - Cha n s on s . - Promenad e s (à Robinson) . - F u i t � e t re cherc he des mariés ( bouillon apporté) . - Lendemain d e n o c c s . Vi sites d e noc e s . VI E

DE

FA M I L L E. -- Annive rsair es

( ca dea u x, gâteau li b o ugi e s , a u tre s ,des enfa\nts, s urp ri ses ) . -

pratiq u es ) . -- Fête s (cadea u;r, c omp lim e n t

N o c e s d 'arge n t, d ' o r ,

de diamant . - F amiUes nombre u s e s (prh:) .

t; " M O H T . - Pré s a l.!es de mor t. -- Coutume s d'enseve]i,s s e m c n t. - G l a s . - " Deuil d e s ohje'ts ( m iro i r s /Jo ilés, pendu:les arr ê t é es ) . - Attitude d e s v o i s i. n s (ZIJllsiqlle arrêtée, couronn e offe rte) . -- Rôle d e l a c o n c i er g e . -- D é eor f u nèbre d e l a m a ison (intérieul' e t extériezzr) . -- Couyoi · (cro­ que-morts, .corbillard) . - Cérémoni e à l'églis·e ( c h a n t r e s, c.oTldQléan-


-- - :26 9 -- -

.

' ces ) . -- - Au C i m e t iè r e (fle llrs ou terre J e té e sur le cercueil, eau bénite, pourboires au:!: fos.w yeuI's, condoléances, em blèm es,. épifa ph es couron­ nes ) . - Sortie du cimetière : repas fun é r a i re l(établisseme n ts spéciali­ sés ) . Deui l et sorti e de d e u i l . --- �cuvaine et bou t de l'An. j

-

I l.

FETES ET C ER EM O N I E S PER I O D I Q U ES

A . CYCLES S A I S ON N I E R S . F ê t e s d e la M i C a r ê m e (les Corporat i ons, ln Rrine . des -

--

-

t ·, C\H:>IAVAL et C A H Ê M E . - Bœuf g r a s . R e in es de Paris , des arrondissem ents, des reines, cortèqe, coualcade, chars, masques, '

confetti et articles de cotillon uendus ; caldemZ:I: . du chef de l'Etait aux R e in e s) . R a m e a u x (uente du buis près des églises, bonimen1ts ; 2 ° PAQU ES. D é p art et retour des cloches . - Ca­ toilette e t buisage d e s tom bes) . d e a u x offer t s a u x e n fa n t s (œufs en su cre et en ,chocolat) . - Etalages ' fleUrI S des b o uc h e r s le Ven dredi -Saint . Aut'l'es coutum es' du Ven­ (Eu f s d u rs co l o l'<� s . - La M o r u e . dredi- S ain t ( uisites a i l tombeau}. Exo d e de P a ri s i e n s vers l a b a n li e u e . -- La c u ei lieUe d e s « coucpu . s " (fO l ê t de Sénart,. cyc listes {leliris ) . 3 ° MAI. Le ll\fug U et p or t e b o n h e u r . La vent e d a n s le s r ue s : L a cu eillette d a n s l e s forêts v o i s i n e s . - - F ête d u trava i l . Mois de M a ri e . 4 ° SAINT-J E A N . - Les feux de la S ai nLle a n . - Autres coutumes. [. 0 T O U S SA I N T et FÊTE DE�. M O R T S . - Visite e t to i l ett e d e s tombe s ( �h rys(mth ém es , eX-/Joto : « p our sa toussain t )) ; Visite dans les c ime­ tl.ères) . -- Cé ré m o n i e s d i v e rs e . EtalagES de N oël (charcu­ 6 ° LES D O V Z E .J O V H S (de Noël aux Roi s ) . tiers, pf dissiers ) . -- C r è c h e - Arbre:; de Noël (publics e t familiaux, Mes se de mi­ marchés WIX (iJ'bl'es, décoru tions) . - Les pastorale s . n ui t . -- Souliers dans l a cheminé e . -- S p e c t a c l e s et réveiHons de Noël Veillé e s (Radio) . - t e r j a nvi e r (coutumes, et d e la Sai nt-Sylvestre. étrennes .' famill e ct é trang e rs, lJo!J.�ux, compliments dits o u écrits par Marchands die les enlo:n is, curtes de visite, le tires décorées, visite s ) . gl1.i. Galette d e s Rois (fam iliales ou offertes par les boulangers, fèves et baign eurs) . --" Choix d u R oi ou de I n R e i ne ( le urs redevances,. le roi boit) . La p art du pauvre . . . -

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--

-

'

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" . .

--

.

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--

B . F ETES E T CEREMON I E S A DATES V A R I ABL E S . 1 " CÉ R É M ON I E S A G R A I R ES . � Vendanges. - E x p o s i t i o n s florales (A za1ées, C h rysanthè ­ Fêtes agra i r e s ( la p as s ée des fraises à Bièvre, m es , fête des UO sl's) . des haricots à A rpa}on, et e . . . ) . �

-

--

2 ". V E I U ÉE S - Séances de nain j a u n e e t a u t r e s - Entendre l a Radio. - Veill ées d a n s les cafés. .

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.

,

C.

CEREMONIES P O P U L A I R ES A D A TE CALEN D A I R E FIXE. - 1 · CHAN D E I . E V R (al/gen t en po.r.fhe ou dans la main ) . -- Ci erge s bénits . D i c ton s .

2 0 1er A V R I L (poissons .. cartes postales, mystifications ) . 3 " FÊTE D IEt: (l'ep osoir dans e t !l o1'S des églises) . . .

9

LA -­


-- : n o 4 " A S S O M PTION (congé) . 5 " D IVERSES.

D . CEREMONIES CALEN D A I RES. des) . .

2 " CULTE DE

SAINTE VIERGE.

1 " CU L TE D I VIN

il " C U LTE DES S A I N T S (Pè lerinages il S a i n t e peUes is o lées, s tatues dans les im meubles ou LA

CHRONIQ UE �� � HERA L DIQ llE C O RB E I L

(pè lerinage, ma la-

Gene viève et (/ u t re s ; sur les façade s ) . (A suivre . )

clza­

I l convi en t d l' s i g n a l e r que dillé­ d es cr ipti on s héraldi'q ues du bla s o n i nd iq u e n t : « D?aZlll' au c œ u r de g u e u l e s c1wl'yé d' ulle f le u r de lis d'al'. » Ce qui constitue un b l a s o n dit « à . enquerre )) en i nf ra cti on avec 'l e s règles d alte r n a nc e des métaux et d e s é m a px.

rentes

'

Nou s a v o n s d éj à pr é s e n t é l e s ar­ mOITIeS d e la viH e de Corbeil dams notre B u I : e tin N ° 4 . Il e st c epe nd a n t util e d'y aj outer l'intéres sante notice · do M. Rob ert Louis , membre de la '

Commission d'Hùaldique de S . - e t- O . , L e Figaro ( d é ce m,b re

publi é e . dan s 1 94 9 ) .

d'Héro.ldiqu e de Ce blason, san s mo d i fi er d 'origine f ort a nc i e nn e , a c ep e nd a nt rectifié cette erreur en d éfi nis s a n t « au naturel » la cou l eur du cœur du h J a son de Corb e i l .

La

Comm iss ion

S . - c t-O . ,

V I LLEM O I SS O N

Corbeil, fondée ve r s l e XIe sièc l e f ü t souvent la rési dence des Capé­ ti e n s . L a v i l l e f u t a s siégé e en vain par le du c de B o ur go g n e et , en 1 5 62 , p a r l e s Calvi n i st e s . ,

Ce tte d evi s e : « Cor b ello paceque ' » (c œu r fi d è l e d a nts la guerre comme dans la paix), inscrite sur u n li stel soutenant l'écu c o m p l è t e l 'im alg e de s o n b l a s on : « D ' a z u r au cœur au

f id u m

no turel chargé d' un e fleur de lis d'or. » Ell e si,gnifi e q u e l es habitants ont l e cœu r · bel (annes parl antes) et l oyal et qu'ils furent fid è l e s et affec­ tion né s au service du r o i et à la cou­

' l'onne de Fra rtc e . L ori gi n e d e cet écu et s'a devise se p e r d dans la nuit des temps ; J'ean de la B arre, prévôt de Co r b e i l au X VI I e s i è cl e , écrivit qu e les hist o r ie n s ava i e nt la preuve q u ' e n 1 4 1 8 ils é t a ie nt bro d é s s u r l e d rap e a u . de l a C o m p a g n i e de l'Arquebu s e iroyal e d e la c it é . Cette société fut d i s s o ut e par '

.

d ôcret du 1 7 j u in 1 7 9 0 .

Villemoisson ne p o s s &dait pas de marqu e. symb oEqv. e j u s'q u'à c e s der­ 'n tière s années . MM. V . >Ct A. Chaud un , en a c c o r d avec la Com m ission d'IIé­ m ldique, ont r u s s emb�é les s ym bol e s l e s plus caractéri stiques de l ' h i stoi r e de l eur Com mu ne ; et le s armoi>l'Îes ain si compos ées furent présentées le 29 j uillet 1 945 à l ' o c ca s i o n d'u n e belle fêt e donn é e en l'honneur du cé­ I t'� b re C onv e n t i o n n e l .Jean-Marie Hé­ rault d e SécheHes ( 1 7 5 9- 1 7 9 4 ) , au­ t e u r d e l a « D é clar a t i o n d e s D roits de T'Ho mme et d u Citoyen )) . L e che f r a pp e lle l e s armes d es Hé·­ r a u It et la pointe cel l e s des B a s som­ pierre d e L o r r a i n e , aIliciens prop,rié­ ta ires d u château d e Villemoi s son, connu p r é c é de mm e n t sou s l ' app eHa ­ tion « F i ef de Beaumont )) . Le fais'an év o q ue 'en outre l' antique fo rêt d e Séq u i g n y rendez-vous de cha s s e d e s r o is d e Fr a n c e . I f s ' é n o nce a i n s i : <� D 'azur a u che­ ,

Vl'on accom pagné en chef de deux (' foHes, en p o in te d'un faisan, le to u t


,." . 2 7 1 -

d'ur, au chef d'arg e n t chargé de irois crmes de sable b e cquées e t m em brées (j'ur » .

mune et d'en po ursuivre la r éa l isa ­ tion » ( A rt . 1"" d es statuts) . Dans ce t ordre d ' idées , l e S . 1 . orga­ ni se c eU e anBlée plu si e u r s mani festa­ tions qui s e dé r oul ero n t aux dates suivantes : 25 et 26 Mars : Ex p o s i t i on d e peintllTe , organisée par un de nos So­ ciétaires, Mè mbr e d u Cor p s ensei. gnant, M . Goujon. 30 Mars au 3 Avril : Foire Commerciale. 3 J u i n : El e ct i o n de la Reine d e s Reines, avec ba1 e t m u l t i p le s attr a c ­ t i on s . 18 J ui n :

Fê te

défilé de Cha r s .

des

Fleurs

avec

30 J u illet : Fête d e s Sports. Lü Bu r e au est composé comme su;t : l''l'ésîden t ; M . M o re l . Vic e-Présidents . M . L e t o r e y ; M. Raufast. Se,cl'étail'e Gén!é ral . M. J anvier. '

'

L E LYCtf D t: SAVJGNY

SAV I G N Y

Un p ro j e t d'armoü:ies pour l a Go m ­ mun e de S avigny-sur-Orge est actu e l ­ l e m ent à l 'é t ud e . L e s armes .du Ma ré­ chal Davout, Prince d'Eckmühl , en seraie n t le prind pal él é m e n t. L. B .

CA

ET

LA

u: SYNDICAT D'I� ITl f\T1VfS Of SAVIGN V-SUR-ORGE

Sous l ' i m pu l si o n

de M . Robert Le­ Mail"e�Adjoint , un Syndicat d'Initia tives a été créé à Sa­ vigny-sur-Orge . Son but principal est d' « étudier

torey,

premier

les m esures qui peu ven t tendre il aug­ men ter d'une m anière génér(l:fe la prospérité et l'agr ém ent de la Com.

Nou s somm e s heureux d'appren­ à nos Sociétaires 'q ue l'Annexe du L y c ée Lakan al à Savigny ouvri-. ra l e l'"" Octobre 1 95 0 une première tranche d e c l a ss es ·qu i c o mp r end r a des : dre

, . Sixièmes Classiques et Moder­ nes ; Secon des Mo dernes.

Les de m a n d e s de renseignements d oivent être adre s s é e s au S ec ré tari at du L y c ée LaJ<anal à S ce a ux l\ous r a p pelo n s que, depui s le 3 J uille t 1 9 4 8 , te Ministère de l'Educa­ tion Nationale s'est r e n d u acquéreur d u Châtea u de S,avigny et de t o n t e l a parHe d u Parc s itu é e sur la r i v e gauche de l ' Orge, afin d e cons­ truire ce Lycée qui, l or s q u' i l sera ter­ miné, sera l'lm d es pl u s i m portants de la Banlieue Sud . J u s'qu'à maintenant, l' établiss ement secondaire le plus p r o ch e ét ait celui d e Montg'e ron, Annexe du vieux Lyc é e H e nri-I V ; miUi s i l avaH l'inconvénient d'être a s sez éloigné de l'Aggloméra­ Lio�1 Juvisienne e t - nous nou s fai.


-�

272 -

sons l'écho du j ugement de nombreux parents d'élèves - d'appliquer les fameu.s'fs « méthodes nouvelles )) . LE TROLLEYBUS

«

1 S6

gn rai son de l'i mportance croissan­ t e de l' Aéroport �Iondial d'Orly, une l igne de trolleybu.s (N ° 1 86) , reli ant povisoirement la Porte d'Ita l ie à Vil­ l ej uif et au Cimetière de Thiais, en­ trera en service dans' le courant de l'année. Le s n ouveaux véhicules con­ tier:dront une soixantaine de places. LE PRIX

AU1'IALE

S . O . 6.000 « Triton » , des d e Havil­ l and « Vampire " de la base de Bré­ tigny, u n Haw:ker à ailes en flèche, celuHà même qui, la veille, batht le record Paris-Londres en effectuant ·I e traj et en 2 1 m . 2 7 s . 4/5 .

L'Académie des Sciences a décerné à Mme C �; m ille Flammarion le Prix A umale, d'une valeur de 5 . 0 0.0 francs . Cette somme peut paraHre bien fai­ ble, en comparraison du montant ha­ bituel des: prix, IiUérail"'es ou sCienti­ fiques, que l'o.n di stribue as,sez ,raci­ lement de nos j ours . Mais il 'possède une immense va­ l eu.!" de sym bole. Par C'e g·e ste, l'Ins­ titut, qui n'est guère riche, a voulu rendre hommage à la toucha nte acti­ vité de Mme F : ammarion qui, depuis la mort du grand astronome en 1 925, poursuit, seule, l'ceuvre c ommencée à deux. D ans nos prochains volumès, nou s donnerons chaque fois un compte­ rendu détaillé des travaux de l'Obser­ vatoire Fl ammarion dé Juvi,sy-sur'" Orge. LE CARROUSEL AtRIEN D'ORLY

Le Samedi 1 4 mai 1 949 a eu lieu, dans le ciel de l'Aéroport d'Orly, un carrousel aérien monstre, le preluier depui s l a fin de la guerre. Il s'agissait non point d 'une manifestation aéro­ nautiqu e à grand effet, mais d e l a présentation un à u n de muHiples appareHs, afin que le public puisse niveau atteint se 'r endre compte du par l'aviation française. Malgré un plafond très bas et une mauvai s,e visibilité, une quarantaine d'avions différents purent être admi­ rés par la foule des spectaleurs. Ci­ ton s parmi eux, le Dassault 4 5 0 « Ou­ ragan » , avion de chas se à turbo-réac­ t è u r , l e S . O. 6020 « Espadon )) , le

9n vit aussi l e long-courrier qua­ , drImoteur S. E. 2 0 1 0 , prévu pour 80 pass'agers et volant à 5,50 km. à l'heu ­ re, ainsi que le décollage de la « Tor­ t u e Trucul ente )' , - détenant le re­ eord du monde de di stance avec 1 8 . 083 km. - à l'aide de fusées à poudre « J ato » . Ce fut, au total, une manifestation fort intéressante. Mais à l a vue de (Cs avions ultra-rapides, d'une ma­ niabilité extraordinaire, O D ' ne peut s'empêcher de pen ser que, i l y a exac­ tement quarante ans, �e déroula dans notre région, à « Port-Aviation » , le grand meeting aérien d e « l a Quin­ zaine de Paris » où près de 3 00 . 010 0 personnes virent évo luer, pour :l a première fois, les ancêtres de c es' ma­ gnMiques engins . L. B . LA fOIRE La

AUX

HARICOTS D'ARPAJON

célèbre Foire aux Haricots d'A r­ a connu, pour la se conde fois depuis la guerl'e e t pour l'a 1 7" fois dans son Histoire, un succès éclatant. C'est par un temps magnifique qné, le Samedi 24 Sep,t embre après-midi, M. Ziwès, Préfet de Seine-etOise, accom­ pagné de - nombreu ses personnalités, a procédé à ·l'inauguration de cette importante manifestatior.. régionale. - Créée en 1 922 par un Arpaj onnais, M. Albert Lejeune, Directeur de La Gazette de Seine-e t- O ise, elle fut com­ plétée dès 1 924 par de s concours agri­ coles, principalement de haricots sur

pajon


Les U<eilh�ltes U<aisoJts de l'��lottWuJ:iof1, JtWi-siehM C ONTRE LA

HAUSSE

DES TRANSPORTS . . .

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.. . 2n pied, qui eurent pour obj et d 'encou­ r agElr l e s cultivateurs à developper et a méliorer leur production. Une espèce d e haricot, le « Che­ vrier ) ) à grains verts , parure indis­ pens'able du gigot familial, y e st tont particulièrement à l'ho n neur. Décou­ vert par u n modeste cultivateur d e Brétigny-sur-Orge, Gahriel ChevrÏer ( 1 824- 189'4 ) , el mondialement appré­ d é des güurmet s , son histoire e st tel­ lement curieuse q u 'il con.v ient de la rapporter. Nou s l ' empruntons d'ail­ leurs a u j ournal local « Le Républi­ cain )) qui a présenté l es déclarations de Mme Carbonnel, petite - tille de « l'inventeur )) : « Un 101Il', il avait ar raché des

pieds .d e flageolets a vant leur matu­ rité et il les avait placés sous la paille, avec l'in tention d' en faire du fllm i e r. Longtemps après, il les dé­ cou vrit encore verts. To u t 'é tonné, il les fait cuire et les tro u v e ucellents ; leur goût es t m èm e beuucoll p plus fin . La récolte s u ii1Un te, il nOI'm a'lise ce q.u e le pur lwsŒrd lui avait enseigné, e t le flageolet vert ains i obten u de­ vint le Chevrier. »

Au.tour de cette « délicieuse l égu­ mine us'c papilioTIlac ée » , o n trouve , bien entendu, t o u s l e s' produits de la culture m araîchère. Les constructeurs ci e m achines agricole s et les m ar­ chands d'engrais y tiennent aussi u ne beHe place . Bref, on voit tout ce qui se rattache de très p r è s . . . et m ême de très loin à l a ·culture. L'exposition ,se complète par u ne grande fêt e foraine et de nomhreus es attraction s . Le dimanche matin, une deseente e n parachute préluda aux réj ouissances, suivie au ssitôt par un ra llye-cycliste. Pendant ce tem p s , l e s (5 6 conCUll'rents de l a cour s'Ü à pied P ari's-Arpaj on p r enaient le départ à la Porte d'Orléans : après une pour­ suite disputée, l'épreuve fut gagnée par Rochel qui ·c ouvrit oles 3 0 km. en 2 h . 23 In. 5 0 s . L'après-mid i , u n défi l é de s groupes folkloriques d es Provinces françai s e s , de s concerts. u ni feu d'artifice et d e s bals prolongèrent l a f ê t e tll'è s a v a n t dan s l a nuit . Le l u ndi, une démonstration d e

.

lll c t C(;ulture, avec la partidpation de toutes les grandes' maisons, mit fin à la Foire dont la réussite fut complèt e . Un s e u l p oint noir à l'horizon : c'est que l'anDée H l49 n'a guère été favo­ rah: e à la culture des haricnt s e n rn ison de l a sècheres se q u i s' est pro­ l o ngée implacablement pendant tout l.'été, L. B .

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I

Ste-GENEVIf:VE-DES-BOIS EN 1 7 1 7

�ainte-Geneviève- d es-B ô i s e s t ac­ tl1'c Hem en t l' une d es Co mm unè s l e s plus i rn p orta f'ltes de l a Banlieue Sud . Mai s il n'en a p a s touj ours été ainsi ct, gr.âc e à un oocument extrait de s A rchiv e s Nationale s, nous en avons, pour l' an 1 7 1 7 , une description peut­ {:�re co urte, mais étonna m m ent pré­ cise.

Mémoire Parti�ulièr des détails de la Paroisse et Coll e cte de Ste-Cenneviève- des- B o i s

Article premier. � Cette paroi s s e s e nom m e Ste-Gen n,èviève-dc s-Bois : c 'e s t un ViIage. 2. - Elle e s!t du Diocèze de Pari s . 3. - Sous l a Juridiction de Mont­ lh éry. 4. - C'est une s i m p le Seigneurie . 5. - C' e s t M. le �I:arquts de Noailles qui en est l e Seigneur. 6 . - Sa ·s eit u ation est à 6 lieüe s de Par i s , partie en plaine e t partie . dans un fond . 7. - Son Es tendüe e st de 26.3 8 arpens 6 0 perche s . 8. - So n Terain produit d es bled s , avoines, autres menus grai ns , foi n s et boi s t a r I i s . r.'e5'l un terain fcrt i n ­

grat. 9.

- Le n.ombre total des m a i­ sons e s t de 29 y co inpri s le pre sbi­ h � i r e . (.4 celfe époq ll e , il y (iVait .58


� 2 74

maisons il Juvisy,. 49 il A this-sllr-Orge e f 25 il Mons ) .

10. - Le nombre de s famil le,s e s t de 25 qui n'ont pres-qu e point augm entée s ny d imi nuées d.e puis

l6 80. I l.

I l n'y a d'autre commerc e qu'un marchand de boi s et un caba­ retier . 1 2. - La taille de 1 7 1 7 e st de 400 livlres . Elle es-toit de 800 livres en 1 7 16 . Cette paroi ss e en redoit beaucoup d ' antien n,es par raport à la misère des temps et qu e le s années }!récé dentes, les fermes ont été sans fe:rmi ers et occup éz par les ' propriét aires . 13. III n'y , a ny a b bayez, ny convents , ny bénéfici-e r s . 1 4. - I l n'y a d' ecclesia stiques dans cette paroi s's e qu' u n vicaire qui y fait les fondions du CnTé qui ré­ s ide à Mors a n g qui donne à ce vicaire environ 200 livres par an . 15. - Il y a encore dans le Chà-· teau un chapelain fondé par M adam e La Maréchalle de Noaill e s . 1 6. - Il n'y demeure aucu n No­ ble. 1 7. - III n'y demeure point d'exempt s ny d e privilégiéz. 1 8. - Le nombre des Taillables est de 2 5 , s'Ça voi r un marchand de bois, un cabaretier, 5 laboureur s , 2 marchands de vache s , u n j ardinier, un charpentier et 14 j ourna liers . 19. Les terres et a utres fond s a par,t ena n s à l'Egiis-e contiennent en total 3 0 arp . 2 5 perches , dont l e re­ venu annuel pal' estimation peu t m onter à 146 livr e s . 20. - Le s terre s et autre s fo nds a artenan s à ' la Noble s-s e contiennent t:n tot,al 1 5 20 arp . 5 0 perches, d ont le revenu annuel par estima,t ion peut monter à 3 7 2 0 livre s 1 7 sols 6 de­ nier1s . 21: Les terre s et a utres fo nds aparte nlans au x Privil égiéz contien­ nent en total 853 arp . 49 perches , dont le ,r evenu annuel par estimation peut monter à 1 9 04 1. 2 s , 6 d . 22. L es terres ct antres fonds apartenans a ux T ail labl es- contien­ n e nt e n total 74 arp. 36 perche s , d ont le revenu a n nuel par e stimation peut mont er à 430 l. 16 s . -

-

-

p

-

-

23. -, I l Y a 16,0 arp. d e terres vaine s et vagu e s qui Is ervent de Com­ lll u n es e s tant devenü e s Bruières et Lan d e s par le longtem p s qu 'i l y a qu'elles sont en friche s . 24. - Il n 'y a point d 'autres Commun e s . ,25. - I l n 'y a p o i n t d'auÎlre s fo nds aband onnéz ny de d omaines vacan s . 26. - Il y a 1 2 8'1 a r p . 75 perches ci e Boi s t aill i s dont le revenu annue l peut monter p a r estimation à 25 0 9 1 . 10

s.

27. -

I l n ' y a point de vignes .

Il Y a la quantité de 1 8 arp. 7 5 perches de préz, dont le reve­ nu annuel par 'e sti m ation peut mon­ ter à 305 livre s . ' 29. - Il nl y a point de moulins il vent ny d ' autres héritages de pa­ reille nature.

28.

-

30. 31. -

La

Il

' ny

a point d'Et angs . Commu nauté n'a ny revenus ny dettes . L. B .

BOR�E OU A

STtLE ATBIS-MONS

1

Pre squ e à , l a sortie d'Athis ·Mon s . en s e di'r igeant v er s P a ri s , on voit en­ core, su r le c ôté gau che de la Roule Nationale N ° 7 , u n e borne qui semble marqLcr l a sëparation e nlt re les Corn­ m u,n e s d ' Athis-Mon s et d e Paray­ Vieille-Poste. En fait, cette pierre est une stèle qui porte cette curieuse i nscri p tion : A LA MÉMOIRE DE ROBIN ARSÈNE ÉCRASÉ PAR SA VOITURE LE 3 FÉVH IER 1 8 9 1 A L'AGE D E 2 7 ANS SES CAMARADES ET AMIS HECONNAISSANTS El l e m e sure 89 cm. de hauteur (hors du s o l) , 4 4 d e lon gueur et 2 8 d e largeur. L. B .


-- - 2 7 5 A JUVISY EN 1 870

LENDENAIN D'r;LECTION

Gràee à « L'intermédiaire delS Ch er� e heurs e t Curieux » (XLVIe vol . , 1 0 octobre 1 9 02 , 38e année, colonne 560 du fascicule 982) , nous pou vons pu­ blier une a-m usante circulaire, électo­ r a le et publicitaire à la fois, autogra­ phiée pair l'imprimeur Harmant, 8B, Rue Saint-Martin à PariS', l aquelle fut adress ée en août 1.8 7 0 p ar M . Fro­ mage, ex-conlseiller municipal, aux l,lee,t eur s de Juvisy, au l endemain d'une consu ltation peu favorabl e :

--�

Trois li stes étaient en présence : d' Unl i on Répub licaine e t R és is­ tante et de Défense des in térêts Com­ ni lW a li:!' (Communistes et apparen­ tés) - L i s t e dll Parti Socialiste S. F. J. O . - Lis te du Rassem b le m en t Ré­ p ll b licain et Sociall (groupant tous les autres, partis ) . Les résultats, proclamés par M . Midol, président du Bureau central de vote de l'Assemblée Electorale, fu­ rent l e s s uivant s : Eledeur,s inscrits . . . . . 5 .859 Nombre des votants . . . . 4 . 6 6 2 Bulletinsi nul s . . . . . . . . . 1 03 Suffrages exprimés . . . . 4 . 55 9

Liste

.

.

.

M.

Voici l e nombre m aximum de voix Monsi e ur Fr omage, propriétaire et apicult e ur de Ju vis y, donne connais­ obtenu par un représ'enlt ant de chacu­ s,ance à M1IJ. les Electeurs de la com­ ne ' de ces listes, ainsi que le nombre mune, qu e pendant 1 0 années ayan t de si èges : l'em pli les fonctions de conseiller san s Commun. 1 . 9 7 9 (Bl aize) 12 a voÎ!' fa il a u cunes sottises à la com­ S. F . 1 . O. 3 63 1 (Rosier) m une que des générosités, seu lement 12 Rassemb. 1 . 985 (Cordier) ayant changé des En trepreneurs qui A bsten t. 1 . 1 9 7 ( + de 20 % ) m 'avaien t trompé, n e voulan t plus Après un ac è ord intervenu entre qu'ils profiten t du bon m al'ché de ]·es lis,t es de la S. F . 1 . O . et du Ras­ mes pl'oduits . o Ne m'ayan t pas trou vé assez capa- , semb lement, M . Alexandre R sier, retraité, ' né en 1 887 à Saint-Germain ble po ur me nommer conseiller m uni­ cipal c e t te année et m oi je me trouve Beaupré {Creu s e) , e s,t élu Maire en tres capable de les fourn ir de ma ré­ remplacemeJ1lt d e M. Lucien Midol, colte de mie l, cidre, poires, pomm es Député du Parti Commu niste Fran­ et chasse laIS, mais je m e ferais un çais, né en '1 8R3 à Château-Chalon (J ura) . La place de Premier Adjoint p la i s ir d'élu u tile à tous m e s amis, est aU<ribuée à M . Marcel Vallet, chef a u x femm es, vellves e t. indigens de la Commercial , né en 1 8-9 2 ù .P aris, atjfi­ Comm une. lié au M . R . P . (Démocrate Chrétien) e t Ve uillez agl'éer, i1'/ mes sincè� têt e - d e l i ste du Rass emb l ement . l'es salu tations. L . B. FROM AGE. Juvisy, le 9 ao û t 1 870. =

.

.

.

.

.

Cette circulaire, d'une naïve,t é a s sez piquante, d énote toutefois un état d'esprit que l ' on n e voit plu s guère auj ourd'hui . L. B . A ATHIS-NONS EN

1 947

L' E T A T

G

D E N O S M O N U M E NTS

LES ELECTIONS NUNICIPALES

L'EGLISE DE ' VILLENEUVE-LE-ROI

Le 1 9 Octobre 1 94 7 , les Electeurs d'Ath i s-Mons furent invités à é lire, d e m ême que cl a n s' toutes Jes Commu ­ Il e s d e F,'r :lnce, l es 2 7 Membres du n o uve a u COll se i l .\f u n i ci p a l .

L'égli s e S aint-Pieme et Saint-Paul de Vil leneuve-le-Roi (Haut-Pays) e st bâtie sur d'anciens vestiges gaI lo­ romains . Sa part i e l a plus :incienne est l e cloc he!', à l n base d u quel e st accolée


allègrement l e chemin qui ' le s conduit loin des bruits et de l' air vicié d e la v i U e, d ans les campagnes , au bord de re�u ou dans le s forê t s . D au ls n o t r e r é gi o n, beaucoup d'en­ tre eux s e dirigent v ers la F orêt de Sénart ou m i eux vers la Forêt d e Fo ntainehl eau , dont le s sit'es ' merveil­ leux 'et sauvages con.vienhent parti­ c u lièrement à ceux qui désirent vivre pe ndant quelque s te mps à la manière d e Robi n s o h Cruso é . . . à la c ondition to utEfo i s de se trouver en, règle avec l ' A d mi nistrati on des Eaux-et-Forêt s .

u n e tout e petite chapelle, premier sanctuaire de f a ntiquité ,catholi que, servant actuellem ent de cage au m é ­ canisme d e l'horlog e . m onu­ curi'eux ce Auj o urd 'hui, ment a besoi n d e réparations urgen­ t es' ; u ne c'reva s s e , qui s ' était m a n i fes­ t é e i l y a q u elques années du haut en ' ba s d e s a face Est , vie n t de s ' élargir d'une manière inquiéta'nite, nécess itant l'arrêt de la sonnerie d e s cloches et rendant i m m inente l a chute d e pier­ , res sur la voi e publique . Bién que d es m e s u r e s aient été pri­ ,ses pour évi t e r l e s accid'e n l s', l e s tra­ vaux sont en ce mom ent i nterrom­ pus,' c ertaines formalités administra­ ' tive s n'étant p a s termin é e s . Nous attirons l ' attention des Auto­ rité s compétentes sur cet édifiœ ' qui, il y a encor e moins d ' un s iè cl e , a été l'obj et de l ' é t u d e minutieus'e des sa­ vants , parce q u 'iI s erait souhaitable ,que sa r e staurati on pui ss e être entre­ p'rise sans tarder. Paul CSERY. LA BORNE MILLIAIRE

cou r s

Au

DE

SAVIGNY

p remiers

des

moi s

de

gny-sur-Orge, a fait transporter dans Ia cour du Centr� Administrati f, la borne milli aire N° 1 0 , cias's é e a u nom� bre d e s Monu m e nt,s Histo riqu e s de­ pu i s le 1 2 j anvier 1 93 1 . L e transfert d e cette pierre, ornée d'un bonnet au aup aravant phrygien ' et situ é e bord d u Chemin d e G. C. N ° 25, au­ rai,t été motivé par son enfoncement progres sif dans l a terre . Erigée a u m il'ieu d ' u n pàrterre d e fleu r s , l a borne a été blanchie à la , chaux, tandi s .que le numéro et le bo unet phrygien ont été peints en rouge vif . J . - A . JANVIEH.

1 94 9, M . R ené Leglro s , Maire de Savi­

-

sous

N

LA

CAM PI NG

E

beaux

TENTE EN

En effet, à l a suite d'i ncidents sur... ve nus en Forêt de Fontaineble au eu­ tr e d e s campeurs d e , notre So ciété et des Garde s-Fores,u e r s, M. l e Président du « TO.ll ring Clu b ,d e Franc e » a b ien voulu nous donner le s précisi o D is sui­ vant e s .

FORET

même t emp's qu e , fl eu ris s ent dans l e S' bois le s « cou cou s )) et l e m u g u e t , annonciate urs de s j ou r s , l e s campeurs repren n e n t

D a n s toutes les Forê t s D o maniales, l e Camping n ' e st autori s é qu'aux seuls emplacements désigné s par l'Ad­ Eaux-et-Forêts et minish'ation des a pr è s avoi,r d emandé sur p l ace l 'auto­ risation du Garde-Fore stie r . Pour ob­ te nir eette autorisation, qui no'est j a­ Iu a i s du e et qui peut être r etiré� s a n s que l'Admi nistration ait à en don ner l es rai sons, il est indispensable d ' être p o s s e s s� u r d ' une li cence de Camp eu r . Cette p i è c e e s t tou jours néce ssai:re pour pouvoir camper en F orêt Doma ­ n i a l e , mais elle ne p ermet pas' à son ti tulaire , du s e u l fait qu ' i l en, e st dé­ lenteur, d e s'inst a ll e r où bon lui s em ­ bl e s a ns autorisation préal able .

Cette pièce, que le .Campeur e st obligé de dép o se r entr e les mains du Garde d è s s o n arrivé e , représente d'a­ bord u n e cauti o n donné e par l e Club e n faveur d e s o n Sociétaire . Si celui­ c i montre u ne conduite répréhen,si­ hl e, la lic�nce peu t n e lui êtr e pas r e ndue à s on départ, mais retournée au Club ave e l e motif d e retrait ; celui-c i prend alor s la sanction qui s 'impos e et qui peu t àller s uivant l a gravit é d u délit j usqu' au retrait d éfi­ niti f avec notifiçation à tous l e s Clubs m embres d e l a Fédération . De plu s� e s,t attaché e à cette pièce u n e as sur ance garantiss ant :l a R e spon­ s abilité Civile du Campe u r contr e l es r e c o u r s d e s t ier s , en c a s d'Incendi e j u s q u ' à 1 . 00 0 . 0 0 0 d e frs; en c a s d'ac-


- - 277

cident matéri el j u squ 'à 5 00 . 0 0 0 frs et Q uestion n° 1 . - Quelle est la cas d'accident corporel. · jusqu'à composition de la « Sauce Orly » et 2 . 0 00 . 0 00 de f!rancs. d'où vient cette dénomination ? Ces avantnges inhérents à la licen­ Quest. 2. _ Qui éta it Etienne­ c e d e Campeur expliquent la faveur Lebeau, rom que porte une rue de. que lui attachent l'Admini strati o n. l'ancien village d'Athis '( des Eaux-et-Forêts et, de plus en plu s , Quest. 3. - A -t -il fallu vingt les propriétaire s d� terrains' de Cam­ :J ns pour cons' t ruire le Pont d e s Bel­ ping. Nou s tenons même à préciser les-Fontaines, c om m e l'e mentionne que c'est le T . C . l" . qui a été l 'i nitia­ une carte po stale imprimée à .Juvisy ? tcur de l a licence de Campeur et qu i Quest. 4. - Depuis quand la l e premiei' obtint de l'Admini stration Ccmmune de Paray s'appeHe-t-elle des Eaux-et-Forêt s la possibilit é de « Paray-Vieille-Poste )) ? La « Vieil1e� camp er pour les titulaires de cette Poste » ne se "trouvait-eUe pas sur le pièce. Mai s nous insi ston s pm;ticu liè­ territoire de Vil'leneuve-le-Roi ? rement sur le fait que celle-ci ne s au ­ rait dispenser de l'autorisatio n! préa­ Quest. 5. - Rouget de Lisle, q ui lable à obtenir avant toute i nstalla­ compo sa La Marseillaise, n'est-il pas tion. mort à Choisy-'l e-Roi ? Q uest. 6. - D'où vient l'expres­ Voilà donc d e préeieux conseils qui l'vi,t eront a ux j eunes gen s de se voir . sion : « Le v i n de Brétigny fait dan s el' les chèvres » ? dresser procès-verbal et de payer une lowrde amende . Quest. 7. - La vallée - de Che­ ' vlr eus'e n'est-elle pas le « royaume > L. B. de la frai s e ? · Quest. 8. - La p remière fabri­ que d e ve'rmiUon ne fut-elle pas éta­ blie à Ablon ? en

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Les répon ses ' et de nouveHe s ques­ tions seront publi ées' dans notre Vo­ l ume 1 95 0 �

Il arrive bien souvent que le cour­ rier nOllS apporte de précieuses sllgges ­ tians: De même, nombreux sont les lecteurs qui demandent des précisions Sllr lln dé tail d'w'ch éologie, d'histoire ou d e géographie. C'est pourquOi nous organiserons désormais une ru­ briq ue où rios amis pourront exposer les poin ts sur lesq uels ils désirent o Ue,n ir lln éclaircissement. TOll S nos Sociétaires pOlluant ré­ pondre , à ces qu estions s'ils sont en m eSllre de le faire) car les dirigeants de la S.E.S.A .M. ne prétenden t pas être omniscien ts : nO llS nOllS ferons ainsi un p laisir dé servir de trait d'union entre les « C u ri c l1;r )) et les « Chercheurs » .

ENTRE NOUS NOM INATION A la suite de s e s nombreuses étu­ des sur l e « milieu local » en Ban­ lieue Sud, le Jeune animateur de no­ tre Société , M. Louis Brunei; Profes­ seur d'His,toire au Lycée Jacques-De­ c our, a été nommé, p a r Arrêt é Pré­ fedoral, Membre de l a Commis,s ion Déprtl'tcmentale d e s Antiqu i t é s et des Arts de SeÏll !e -et-Ois e . D a n s la m ê m e promotion, nous re­ levons les nom s d e MM. Kle in , archi­ vi ste-bibliothécaire de la Société His­ torique de ViHiers-sur-Marne, Perris­ sin et R e thoré, Président et .Mem­ bre du Con seil d'Adm i n i stration du


-- 278 - -

� Vieil Argenteuil )) . Nous leur expri­ mons nos félicitatiollis les plu s cor­ diales. DISTINCTIONS HONOR IF I Q U ES

,M.

Hen d

LEM OlNE

1\"ou s avons l e grand plaisir d'ap­ prendre la promotion dans l'Ordre d e la Lég ion d'Honneur, au grade de Chevalier, par Décret du 4 février 1 95 0 , d e .211 . Henri Lemoine, Archi­ viste en chef du Département et Vice-

Président de la Commis sion de s Anti­ quités et des Arts de Seine-et-Oise. C'est la digne récompense d 'une œuvre vaste dans le domaine de l'éru­ dition, ainsi que danls celui de l'orga­ nisation des Archives D épartementa­ les. M . Lemoine dirige, en efIet, cet important servic e depuis vingt et u n ans et il peut se flatter d'y avoir tou­ j ours fait régner, en coI� aboration avec Mlle Bouyssié, archi'v ist e adj oin­ te, une atmosphère de parfaite cor­ dialité, parliculiè.rement agréabl e aux chercheurs. La Société udresse à son éminent PrésidèiJ.lt d'Honneu r ses félicitations les pl us sincères , pour cette distinc'· tion bien méritée. L'érudIt historien local d e Sainte­ Geneviève-des-Bois, M. L o u is Mour­ g eon, et M. Henri W in ter, bien connu ponr s a grande activité au sein de diverses Sociétés d 'Athis-Mon s , ont été respectivement nommés, par A,r ­ rêté du Ministre de l 'Educationl Na­ tionale, Of,ficier de l'Instruction Pu­ blique et Officiel' d'Académie, pour services rendus aux œuvres " ,scolaires ou post-scolaires. Nou s sommes heureux d'exprimer nos cOmpliments à ce s deux Membres Bienfaiteurs de notre Soc ié t é .

i l l l l l l l t l l l ! l l l l l l l l l l l t l l l l l l l l l l l l l t l l l l l l l l l l l l l l l l l l l lÎl l l l l l l l I I t l l l l U I i1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

LA

S. E. S

A.

M.

et les

SOCIÈTÉS

DE L'ILE-DE -FRA NCE

SA VA N TES

P a r M . LEROY Président de la S .E.S .A .M. Directeur Honoraire d'Ecole Publique 1

-

LE VIEIL ARGENTEUIL

Le dimanche 9 octobre 1 949, la Société historique et a rchéol ogique du " Vieil A r­ genteuil " tenait une séance solennelle à l'occasion du Centena ire de Louis B oucher ct p ro cédait a u Mus é e du Vieil A rgenteui l ,

dan s l a Sall e q ui désorm a i s p orte l e s n'om s de L o n i s Boucher et J. Mignon, à l ' inaugu­ ration des nouvell e s vitri n e s de Préhistoire dont l'installation avait été confiée à M . Gi­ raud, correspon dant du Mini stère de l'Edu­ cation Nationah ;, attaché an Musé e Carn a. valet, à Pari s .


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36, R ue des Plantes - Tél . : 1 &4


-. 2 7 9

M . A ndré Lesort, animateur de l a Fédé­ ration de s Sociétés Savantes d-e P aris et de l'Ile-de-France, a s s i sté entre autres d e M. Lemoine, Archivist e départemental d e Seine-et-Oise, e t de M . de Terline, Con ser­ vateur du Musée de Saint-Germain-en-Laye, présidait ceUe cérém onie du souveni r au cours de l aquelle il prononça l'élog e de Louis Boucher, cet anEien D irecteur de l'Ecole de l a Rue de l'Abbé-Fleury' pendant 38 ann'ées (de 1 8 7 8 à 1 9 1 6) , qui c on sacra ses heures de l o isir à des recherche s h istori­ ques et archéologiques sur l a vill e et la région, et dont les travaux furent à l'oO ri­ gine' de la fondation de l a Société d'Etudes Sav.antes , d'Argenteuil . Après avoir évoqué en terme s émouvants la 'figure et le s qual ités du disparu, aussi mode st e qu'érudit, i l tint à rendre hommage à un autre Membre d6 la Société dont il avait été pendant de longues ann'ées le dé­ voué Président actif : l'Abbé Jacques Las­ s a illy. Malgré son départ d'Argenteuil pour l a cure d'Ablon, ' il était resté très attaché à sa, chère Société dont il était devenu le Président d'Honneur. A sa m ort, surven ue en novembre 1 9 48, l'Abbé Las sailly - sa figure symp athique restera longtemp s . vi­ vante à Argenteuil - avait l égué sa ' beHe bibli othèque, maintenant in stallé e au Musée, où lâ Gal erie des Tableaux - Gravure s por­ tera dorénavant s o n n o m . A cefte occasion, M . Jules Toutain, Maître de Conférences à l'Université de Paris et Directeur- de s Fouilles d'Alésia, a' tracé, dans une Plaquette- Souvenir éditée p a r les soin s de cette Société, une remarquable b i ographie de l'ancien Prési dent d'Honneur. Pour n:ous, com m e pour l e Vieil Argen­ teuil, l a d i spariti o n de' ce savant affabl e et modeste, dont les qualité s de cœur et d'es­ prit s'alliai ent à une vaste érud ition, lai sse un vide immen s e . Et nous con servons, nous aus si, l e s o u ­ venir de celui q u i , l ors de l a création d e l a S . E . S . A . M . , s'in scrivit l ' u n des premiers parm i s e s fondateurs et nou s prodigua sans compter les con s e-i l s l e s plu s averti s et les encouragements l e s pl u s soutenus dans les débuts difficile s que nous rencontrions' alors, regrettant par dessu s tout que son âge, se s travaux p ersonnels qu' i l t enait à men'er à bonn e fin et son « Vieil Ar.ll ente uil » ne lui permissent point de prendre une part plus active à nos p remiers travaux. 1 * * *

Nous sommes p articulièrement heureux de trouver, dans l a cérém'onie d'Argenteuil, l'occa sion de m anïfester auj ourd'hui encore publiguement n o s sentiments de gratitude envers sa mémoire..

Il

LA SO CllT� DE CORBEIL

D' ETAMPES ET D U HUREPOIX L'As semblée Général e de la « Socié té His­ toriq u e et A rch éologiq u e de Corbeil, d'Etam­ . pes e t du Hurepo ix » s'e st tenue le d i m anche 13 novembre- 1 949, à 15 heures, à la Biblio­ thèque Historique - d e la Ville de Paris, � u e . de Sévigné, n° 3 1 , Paris (IVe) , SOUS la presI­ dence de M . A ndré L e sort. La S . E. S . A. M . était r epré s entée par son Président ; p ar M M . L . BruneI, s ecrétaire-gé­ néral ; J . .Tacquart, notre délégué à M orangi s, et par une sociétaire, Mlle J . Laurent. Après l'exposé du Compte-rendu financier pa r M. A. Cro s, l e Préai d ent de cette vieille Société, M . R. de Courcel, se voit obligé d e « tirer la s-o nnette d'alarme » en raiso n des difficultés de toutes sorte s , en particulier ' � diminution du nombre d e s Sociétaires, qUi limitenl l e s activités de ce Groupement et l'empêchent, cett e année, de publier son remarquabIe Bulletin . L'ordre du j ou r étant épuisé, M. de: Cour­ ccl donne la parole aux SoO ciétaires qui s o nt ,inscrits pour faire des commun ications. C' est d'abord M l l e P . N arget, Diplômée· de l'Ecole des Chart e s, qui résume sa' savante étude sur " Les Prév ô ts' de Corbeil » . Pui s M . Le­ s-ort qui parle des " Trappistes e t Trappis­ tin es à Yllrres et à Valen ton sous le Prem i e r Empire » . Cette réunion, empreinte d'un'e' gravité exce s sive, était honorée de la présence d'u n , auditoire cho isi, mai s mal he·ureu sement peu nombreux,

LES AMIS DU HUREPOIX

III ET

DES ARTS D E L'YVELIN E

Riches de l 'ardeur et de la foi de leurs Membres - ce qui est déj à énorm e ! - les « A m i s d u Hurepoix et des Arts de l ' Yv e­ lin e » o nt ronéotyp é, ayt)c une extraordi­ naire patience, une Brochure de 55 pag e s q u e l ' o n p eut trouver à Dourdan, 68, r ue d e· Chartres . Elle contient u n e coOpieus e documentation d'histoire locale sous l a plume de MM. Page, Yvon, :Auv,ray, Te ssier, Bern et et Chan s o n .

IV

-

LA UDlRATION FOLKLORIQUE D'ILE-DE-FRANCE

Le d i manche 13 novembre 1 9 49, le Vil le C ongrès de la " Fédérat ion Folklorique d'lle-de-France » a eu l i eu à Sceaux, dans la SaBe d e l'àncienne M airie. On y entendit différente·s communi cations, suivies de comm entaire s parfoi s trè s. ani­ més, entre autre s ceI l e de notre j eune


280 -

s 'avérai e'n l in suffi­ s ecrétaire-général, M. Louis B runei, pour­ ' notablement rel evées, s ante s p OUl' m a intenir da n's l eur budget u n tant €·xtrêmement fatigué, sur " Un e vieille c o u tu m e v ifLneronn e de l'lle-dc-Franl;e : le , . équilibre à tout prix nécessaire . Que l s que f u s s ent donc et leur im portance Baccarat ' de 'Drav eil e t de Clwmpro's ay » . La S. E. S . A . M. était représ entée, en outre, l't l e' nombre ou la valeur des documents et par �I. J . Janvi er, délégué à Savigüy-sur­ mémoires à diffuser parmi leurs M embres, force fut donc à t ou te s dc s'inclin er devant Orge, ol pa r dix Sociétaires . l a rigueur de l'inflexib l e adage : Nécessité fait l o i, et d e l imiter, en conséquence, l eurs V L A F E D ' RAT I O N DES Bul letin s dans le temp s et dan's leur contenu . C'est pour remédier en p artie aux effet s 50CI'T'5 SAVANTES désa streux de cette cri s e' que l'anci en bu­ D E PARIS ET D E L ' I t. E -D E-FRA N C E reau de l'organisme créé en 1 9 2 4 a proposé aux Soci étés convoquées de régulariser une L e 2 0 m a i 1 9 49, répondant à une ch'cu­ s ituation de fait et de placer l a F édération laire du 15 mai précédent, lancée p ar M. An­ sous l e régim e d e la l o i de' 1 90 1 sur . l e s dré Lesort, l es repré sentants d'une vingtaine A s s o ciation s, en procédant à la di s cussion de Sociétés H i storique s et Archéologiques, et au vote de ses statuts, à l'élection de son tant de Paris que de Banlieu e - dont ceux bureau et à l a décl aration prescrite p ar de l a S. E. S. A . M. - se réu n i s saient dans cette l o i . uu'e d e s salles de l a B ibliothèque H i storiqu e Cette reconn'a i ssance, légal e p ermettra it à de la Ville de Paris à l'effet de donner un e l 'avenir l 'o ctroi de subvention s par des forme légale à un organ i s m e déj à ancien orga n i s m e s qu i, comm e l a Cais se d e l a Re­ do�t l e Ille Congrès de s ' Sociétés H i storiques cherche Scientifique, réservent exclus i v ement et Archéologique� de P ari s et de l'Ile- , de­ leur aide aux Fédérations régionales . France avait en 1 9 2 4 décidé l a création . ' La reconstitution l égale de la Fédération Les congressistes d'alors, s o u s le signe, a été décidée à l'unanimit é de s représen­ de la cordialité et du commun désir d e tants des Sociétés présentes a u cours de la s ervir l e s progrès de s travaux historique s, séance du 2 0 ma i 1 9 49 . avaient s urtout voulu, tout en cons ervant Le Bureau de la Fédération' a été cons­ aux Sociétés adhérentes leur indépendance titué comme snit : Prés iden t, M . Les ort ; complète, établir entre l eurs Membres de s Yic e-préliiden ts, :\l � L Lecomte et Renau d ; contacts p ersonnel s et fréquent s dont leurs Secrétaire, M. de Saint-Rémy ; Secrétaire­ recherches devaient tirer largement profit adjoin te, Mlle D escha mps ; Trésorier, M. Mo. .ct p ermettre ainsi l ' él aboration et la publi­ rel d'Arleux . cation de travaux collectifs oonc'ern ant ' -0toute l a rég i on P ari sienne. . Réun i on du Con seil d'Administration du patro­ e l sous effet, cet à 38, De 1 9 2 6 à 1 9 1 9 juillet 1 9 4 9 . S é an ce ouverte à 10 h . 3 0 . nage de cet organisme san's c aractère offi­ Le Président, M . L es ort, , annonce qu'une ciel, s'étaient, deux fois' par an, tenue s d e s p étition adressée au ' lendemain de la con s­ réun i o n s t r è s intére ssantes, tantôt à P aris, titution de la Fédération au Conseil Mun i­ tantôt da ns une de s local i t é s de 1 a Banlieu e cipal de Paris et au Conseil Général de la prochc ou lointaine. S e i n e a été accuei l l i e avec bienveillance par P u i s la guerre survint, interrompant à l a les deux A s s emblée s, et qu'eUes ont é m i s f o i s l e's réun'ions et l' activité de l a Fédéra­ deux v o t e s favorabl e s à l 'octroi ' d e deux tion qui l es proxoquait. La libération du subventions dont le m ontant ' s'élèverait à pay s supprima les entrave s apportées par 350.000 fran cs. l ' occupation . Depuis, les Sociétés Hi storique s et Archéologiques ont bien recouvré quel­ Il y a don'c l i e'u de procéder à la désigna­ que vital ité, quelqu es-u n es m ême s e sont con stituée's, m a i s toutes, anci e nne s et j eunes, t i o n de,s Membre s de l a Com m i s s i on de Publication qui doit choi sir les travaux eurent, durant l es quel que s années qui s u s ceptibl e s de figurer dan s l e Volume de viennent d e s'écoul er, à supporter et à vain­ Mémoires à paraître en 1950. cre des difficulté s redoutables 'p our leur IJropre existen c e . Conform é ment aux statuts, l e ' Conseil En effet, tandis que l e u r s dépenses sub i s ­ désigne pour faire partie de cette' Commis­ saient . un ac(�ro i s s ement ra�i de et continu sion avec l e Président et le Secrét aire d e la ' Fédération' : M . , S a m aran, m em bre de l'Ins­ dû à l 'augmentation incess ante d u coût de titll t, d irecte u r h anoraire des A rch i v es de la vie, par contre · lc,s donations. de s généreux France ; M. P outhas, prafesse u r à la Sor­ m é cèn'es qui l es soutenaient autrefois de b onne ; M. D ebidou r, s :,cré taire de la Com ­ leur aide p récieuse, s e faisa�ent plus rares, m iss ian du Yi e ux Paris ; M. de la Monn eraye, les subventions des col lectivité s et des. orga­ ch ef du Service des Tra vaux h istariqu es de n i sme s publics on privé s - de t o utes p arts la v ille de Paris, et M ll e Terroine, du Cen tre sollicités en rai son des circonstances - ain s i National de la Rech erch e Scien tifi q ll e , q u e les cotisations in dividu ell es pourtant


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r u clairement q u e, si la pll b li c � t i on du B ll lle tin était la c h e ­ nille ess e n t i e l l e de n o s al C iivit'és et p e r m e t tai t I I n e liais o n e fficace en tre les 1ll e m bres, il é tait pourtan t nécessaire de s u s citer au plu.s t ô t , vo ire de m u ltiplier l e s oc casions de n o u s r e n c on t r e r, d e nous mi eux con­ n a Ure , b re f , d ' in sllffle r plus de vitalité à " notre Gro u p e m en t. D'aucuns p e n s è r e n t a lors q u ' il fa llait a u an t to u t me t t re sllr pi ed des d'fw tres c royaien t, (l'Il c o n t raire, q ue c e t te dernière c o n fé r e n c e s en sa lle ; fo rm u le , loin d'être c o m p lè temen t r e j e tée , prés e n tait lll l ce rtain côté rébar­ b a tif e t pench aien t dl' pré f éren c e p O lir la m is e (// 1 p oin t d ' lin progra m m e de Promenades-Conf ér e n ces o u d 'Exc u rs ions en au tocllr. C'est cette idé e q u e nous avons exploitée, e t l' expéri e n ce ten tée c e tte année a pa rf a i tem e n t réussi, q u o i qu e n o tre proqramm e ait li té des plus modes tes, du fait q ue la préparation d'une excu rsion est une œuvre qui exige beaucoup de temps, de démarch es e t d' é tudes précis es. Van pro c h a i n " t r è s certain em e n t, ce sys tème s e ra encore perfe c tionn é ; e t i l l e s era d'ail tan t p lus Cf u e to us les Sésam ois a u ron t à cœUr de n o us pro ­ d igu e r leurs conseils e t de n O li s o ffr i r le u r c o n c o u rs . N O li S savon s , en I�ftet, q u e cette initia tive e s t l o i n d'élu pa rfaite ; mais nos So.cié laires n e doiven t e t ne d wront jam ais p e r dr e de vu e q u e les O nganÏsateurs de t e s m a nif es t a t i on s n ' en tire n t a u c u n a v a n t a g e ou b én éf i c e e t q u ' ils fon t ainsi pour la c o llectivité ac t e de cié v o U f'ln en t a b s o l ume n t désin té ressé p OUl' l e que l ils o n t d r o i t sin o n il de la reconnaissance, du moins â de l' indwl­

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flcHe e .

1.

ET

EXCU RS I O N EN VALLE E D E C H EVREUSE G RAN D E F ETE DE N U IT DE VERSA I LLES

-

( ;Dimanche, 3 J umet 1949 )

La p r e m i è r e exc u r s i o n q u e nous avo n s c o n d u it e l e D i m anche 3 j umet, a u nom de l a S . E. S . A . M . , a connu un succ è s considérable : limitée à u n certa i n n ombre de places po u r u n e s imp l e r a i s o n d'horaire , · e ll e a réuni q u a t r e -vingt deux partici pants . d o n t

l ' i n s c ri ption fut s i r api d e qu ' i l fallut cl ôt urer l a l i sie dès le 9 j uin . L a p l ac e n o u s m a nqee p our re l a­ t er i c i , dans les moindres détai l s , les mu l t i p l e ... a spect s d e l a r é g i o n et d e s lll() IlU m c n t s y i s it é s , ainsi q u e l a vi ve i m p r e s'si on res sentie à l a su ite 10


- �.

282 --

du sp ectacle vi�ri lablement féérique qu' e s t l a Grand e F ête d e Nuit de Vl'rsai!les ; nous évoquerons seule­ menl q u e l q u e s -u n s d e s épisodes de cette {'harmanle s o rt i e afi n q ue le souvenir e ll d e m e u re plus vivace dans l ' e sprit de c e u x qui y étaient pré­ ,

sen L s .

l a pas serel le de l'ancien pont-levis u ne foi s franchie, i l ne reste plus qu'à �;'arlll er d e courage pour gravir les 1:i2 marches permettant d ' alteindre ll' f a it e de la tour.

:YIi d i � . . . A l'he u re où, d'ordinaire, l ' O Ui s'apprête à faire u n bon repas ,

no,s Membres attendent déj à, sou s u n s oleil éclata nt, l ' arrivée des cars, aux difl'érent s l ieux d e ras semblement prévus pur les organi sateurs à Paray, Athis , J u vi sy et Savi gny . Le départ a lieu du D é pôt des Transports Chenu, à Paray-Vieille -Poste, et, bi en qu'un p etit m a lentendu ait provoqu é dè s l e début u n certain retard, d'aUleurs co mb!é en cours de route, tout le monde a vit e fait de se caser au mieux d e s e s désir s . Bientôt, dams les confortables autocars, de bruyantes conversations s 'engagent entr e le,s Sé­ samois, et l e s chants fu s ent mème de tous côté s . n v a vrai m ent d e l ' amb i ance ! .

Après q l\lel q u es minute s d' un .i oyeux traj et, n o u s qui ttons IC's d er­ nières mais ons des lotis sements et nous voici à Lon,gpont, o ù nou s nous borno n s à efl'ectuer u ne boucl e slUr la p l ace, j u ste le temps d' admirer la fa­ t:ade de l' églis,e ahbatiale dont les sta ­ tu e s ont malheureuse ment été victi­ m e du vandalisme révolutionnaire . Les deux voiture s ment m ainte­ nant à travers les cultures m ar aîchè­ res et florales, ,qui sont la principale riche s se de l a région , et se dirigent tout dro,it sur l ' i mp o sante Tour de Montlhéry, s e profil a nt haut dans un ciel immacu l é . A 12 h . 45 exacte­ m ent, nous descendons sur la Place d u Marché et preno n s l e chemin d e l a collin e en j etant au pas'sage u n coup d \pil s u r l a vieil le église, ainsi q u e sur la Porte de Linas ou P orte Baudry dont les mur's , d 'une ép ais­ s eur de quatre mètr e s , portent une i nscription rappelan,t s'On I:ti stoire . dl' , l a « m ot t e » s u r l aquel l e 'e s,t a s s i s l e donj on qui fit trembler l,es Rois ;

Un boqueteau c e i nture le sommet

UN G R O U P E DE SÉSA M O I S S U R LA T O U R D E M o ", 'nHÉRY

L'importanc e des ru ine s et l a po s'i­ tion exceptionnell e qu' elles occupent suffi'sent à n o u s convaincre qu'exis­ tait autrefois en c e lieu u n e d e s plus p uis santes pl aces fortes de l ' Ile-d e ­ France. Ce f u t verS' l'an 1 0 1 5 q u ' u n nommé Thibaut , surnommé File­ Etoup e à cau se de s'es cheveux blonds, fit édi,fi er cette forteress e ; son fils Guy continua le s travaux et, en outre, f onda, à que lqu e distance de là, conj ointement avec son épouse Hodierne, l e P rieuré d e Lon gpont. Par la suite et j u squ'à Louis XI, elle fut le rempa:rt le plu s redoutable der­ rière lequel s' abritèrent l e s v a s s'a ux ; mai s en r ébelli o n c ontre l a rovauté ' C I: R oi s ' en e mp ara et fit a battre tou­ tes le s bretèche s , fortificatio n s et mu­ railles, ne réserv ant uniquemen1t que l a tour, à l'égard de laqu elle Boileau s.'est montré si inj u st e dan s son poè­ me héroï-comique du L u trin . On peut d ' ailleurs à -l oisir reconsti­ tuer par la pensée l e s différentes e n ­ c eintes du ch:ât'e au dont ell e était l e dernie,r refuge , et ,l 'on comprend alor s facilement quell e résista n c e des hom­ m e s résolus pouvai en.t oppos'er à tou­ te une arm é e . Mais s urtout, à l a faveur d e s 1 7 0 m . d'altitude, i l n e faut point ma n­ quer de r a s s a s i e r 's o n r egard du ma­ gnifique p aysage qui s'é tale à no s


-- 283 pieds et nou S' dédommage a mple ment du l é g e r e s s ou ffle m en t p rovoq u é pal' l a montée : au N . P a r i s , dont on dis ­ t i ngu e la Tour Eiffel, enveloppée d 'un voile d e brume ; à l ' E . , t o u t près de n ou s , Longpont el s o n é g li s e , a in s i q u e 1 e château d e Lorm o y ; p l u s l o i n , i l' v a l l o n de l'Org e s u r les flancs d u ­ q u e l s'étagent les premières maisons d e t'Agglom érati on J uvi. s ienne, alors qu ' à 'l'horizon l es vertes frondaisons d e l a f o r ê t d e Sénart forment une tâ­ che p l u s s ombre ; dan s la d i rection d e M e lu n., l e s pylones de l a station de au S.-E . , T . S . F . de Sainte- A,s'si s e ; da n s le ] oi niaim , l a f o r ê t d e 'F!o ntaine1 , l ea u ; au S . , la p l ai n e d ' A rp a j o n d d'Etampes ; à l ' O . enfi n , so u s nos y eux , l e s coteaux d u Hurepoix, l ' u ne d e S! l i g n e s e s se ntielle s d u r e l ie f d e llotr� p ays .

l ,oint <l' arr€- t de n otre exc ursion. P C l1 (l a n t qu e les v é h i c u l es s'O nt ga­ r l� s S U l' l a Pl a c e d e s H a l ' e s , centre de l e s - Chevreus e . . .

el Chen' e u s e , s econd

ï':' n e Î t' ll h o u rg forl ifi{', n O li s e sc al a ­ d o n s l e s p e n t e s boi s é e s q u i condui­

s e n t a u Château de la Madeleine, l ' u n des p l u s beaux spéçimens q U I

n o u s aient été c on s e rvés d e l ' architec ­ ture féodal e . Sur un m u r d e la forte­ r es se, u n e pla q u e, sur l a quelle est gravé un quatra i n de Racine, j al onne le c h e m i n q u e suivait le j l' u n e poète , lors q u e , élève d e s S o litaires de Port­ Royal, il v en ai t à Chevr e u s e voir son cousi n N i c o l a s Vitard , i nt endant ciu n u e d t' L uynes .

Plartioulièlr ement vi sible d e notre belvé dère, cet accident, assez considé­ rabl e pour u n pays de p l a i Dle s , se pré­ sente sous la forme d ' u n talus bien m a rq u é e t b o i s é , de 80 à tOo m . de comm andem ent. Bordant la p etite frange de plateaux, dits du H u repoix, c e s coteau x m a r q u ent avant tout la s ép a r a t i o n e ntre l es p la i n e s de Brie e t d e B e a u c e e t offr e nt u n tmcé ty piq ue en dents de scie , montr ant l ' i mpor­ tance d u travail d ' affou i l l e me r: ,t et de dé c oupag e effe c t u é p a r l e s' rivière s aftl u e ntes et sous- afflu ente s d e la Seine : Bièvre, Yv ette, Orge et J u i n e .

On v o ud rait pouvoir j ou i r d avan­ tage d e cette v u e panoramique remar­ q u abl e ; mai s l ' h e u r e tourne . . . et nous d e s C' C ndo n s à r e gret, car il reste tant de choses à voir ! P eu après , p ar l a p etite percé e d e la Sail mouille , o n s'élève l'e ntemen t sur l e s plateaux dont n o u s venons de parl er. La rout e e st alors droite , s a n ,s' a u c u n accident de terrain. Les moteurs tournent bien, et l e s qu e l q u e s kil omèt re s q u i sé p arent d ' Or s ay et d e l a cé lèbre v a r é e d e Chevre u s e sont franchis en u n c l i n d ' œ i l . Nou s r o u l o n s à présent en t re d e u x coleaux agre ste s q ue l es lot i s S'f m e n t s , malgré la prés,ence du « �l étro )) , n'on t p a s en core partout d é shonoré s . L'Yvette y coule douce­ ment, éga i e d e s j a r d i r,s et s ' a t tard e dans des v i l l ages heureux : Orsay, Bure s , Gi f, C o u r ce l l e s , Sa i nt-Hémy-

Comm e l e s m a nlants de j adis, c'e s t p a r l a premi è'l'e baille ou b a s s e-cour que nous p én étrons dans le chàteau­ fort, ber c e a u de l a fa mill e de Che­ vreuse ; nou s so m m e s atti r é s tou t de suite par la tour du N .-O., solide construction faite par P i e rre de Che­ v r e u s e à l a fi n du X I V" s i è c l e . Haute de 1 !) m., e ll e s e c ompose à chacun de s e s q u atr e étag e s d ' u n e bel l e s a l l e circulaire, avec u n élégant pilier c e n­ i r aI et hui t n e rvu r e s' trilobée s . A s o n sommet, qu' o n atteint par u n e s c ali e r étroit, traître e t terribl e­ m ent incommode , o n goùte m i e u x q ue p rlirt o u t :l'me u r s ces vesVi g,els d ' u n e autre époqu e , en partic u l i er le vi eux donj on , t e l l em e nt défiguré <l u 'o n d i ra i t u ll e grange, I l' p u it s à m argel l e p r o l o n d d e 80 m . , les anti-


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28J

q u. e s lll u r a i l l e s e l l e s t o u r s , encapu­ chonné è s de lierre, l ' ensemble domi­ n a n t u r.,e agréab l e c i t é dont le char­ m e s ' a u g m e n t E' eneorE' d u panora ma III fT H' i ll c lI S C I1I C ll ! o r d o n n é s u r l a val­ I l' l' d e C h e \T C U S e e l

ses

e n v i r on s ,

--- - �

grand l ' i ntérêt qu' eNes présentent. C'est pourquoi , nou s nous conten­ tons d e p rendre un rapide contact :l yec l e « Pa ssage de s Ca scade s l i : l it , I l' nù d e s Vaux s e prélasse s o u s d ' é p a i s o m h r a g es, d �, n s u n e gorge

LE CHATEAU DE D A M PIERRE C o mm e n t a l o r s ne point a p préci e r J' harmonie e t l ' a U r a i t d e c e tte vision e t répéter à son to u r l e s' ver s qu'ins­ pirèrent à Racine l a bea u t é de ce ca­ dre incompara b l e : Qu e j e me p lai s sur ces m ontagn e s Qui s'élevant j u s qu'aux ci eux, D'un diadème gracieux Couronneut c e s b e·lI e s camp agnes .

H é l a s � l ' h e u r e n' e s t pas au rêve ei i l l' s i t em p s d e d é y a l e r la pente pour remonter d a n s l e s cars . D e Chevre u s e , la r o u t e d e Rambou.illet franchit l'Yvette et l onge , à traver s bo i s, le vallon de Choiseu l, au fond duquel se b� ottit le r ustique village du m ême nom. Sans même ralentir en traver­ san1 Cernay-'l a- Vill e , nou s brûlon s les kilomètres j usqu'au site s auvag e et p ittor e s q u e des Vaux-de-Cernay. Dans cette solitude, en effet , s 'était fondée, e Tii 1 1 1 8 , u n e abbay e d'hom­ m e s , soumi se à l a règle ci stercienne ; a bandonnés à la R évolu tion, les bâti­ ments qui su.b sistaie nt furent achetés en 1 8 7 3 par la famille de ' Rotschi l d . JI e st regrettable que l e nouveau pro­ p r i ét a ir e n' a it point a ccordé Ia per­ mission de vi siter c es ruines , tant est

fl a n c s l' o u v e r t s dl' g r o s h l oc s gr é ­ �, e u x . Certa i n s d ' e n tr e e u x se sont m ême écrou lés dans l e lil du nlÏ s'se­ l et, e.t l e s fré m i s s emen t s d ' eau qu'ils provo quent. tout frar,gés d ' écuffi'e tl anche, constituent p l'écis'ément les chutes minu s c u le s appelées Cascaw tell es ou Bouill o ns de Cernay. D 'ailleur s , l ' endroit e s t loin d 'être a u s s i r avi s s ant qu'on l e prétend et ne m ér i t e p a s , à n o t r e avi s, l ' en goûment dont il esi l ' obj et d e la part du pu­ blic : l e tapis h erbeux a disparu c omplè tem ent, p i é t i n é p a r l a foule des vi sit eurs , le fil et d'eau est bien c h étif, les cas cades so nt presque illlvi ­ sible s , 'et l'e s nombreux p apiers gras qui ém ai llent ce parterre dénudé o nt tendanc e à l ai ss e r une i mpre s s ion q u e l q u e peu p e s s i miste, fort heureu­ se ment di,s sip é e p a r l' apparition, q u a­ i re kilomètres pIns l o i n , du d élicieux Ch âtea u de Damp i,erre, l 'u n des plus jolis de l a R é gion Parisienne. Bâti e vers 1 5 3 5 , cette demeure princière fut t o t alement réédifiée par ,J ul e s Hardou i n-Man,s art pour Char­ les Honon\ d ' A lbert de Luynes, Duc d e Ch evr e u s e , gendre dl' C olb e r t , et resLau rée e n 1 84 0 p a r D u b a n L' édi-

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fice , o ll s e mari ent s ans heurt l e noir é clatant de s ardoi s e s , l e rouge amorti de l a hrique et le gri s plu s o u moins aocentué de l a pierre , s e c ompo s e e n façad e d ' u n corp s principall d e logis entouré de douves et coupé par un é l é ga n t p a v illon à d o u b l e ran g de co­ l o nnes , surmonté d ' u n fronto n ; deux p avi l l o n s en reto ur , fl anqu é s d e tou­ l'eUes, limiten t b cour d'honneur que ferm e u n e g r i l l e de l' é p oque Régence, a lors q u e {l e rri ère Ie ehâteau u n mer­ veilleu x j ar d i n françai s , dessiné par Le Nôtre, allonge ses p l ates-bande s a u x harmonieux dess i n s au m ilieu d e s canaux et des pièces d' eau . Il n oll. S faut aUend re au m o i n s u ne demi-heur e avant qu e le premier gro u p e puis s e pénétrer à l ' i ntérieur o ù , sous la conduite d ' u n guide , n o u s contemp l o n s le s objets d ' art e t l es tableaux d e maître qu i garni s sent l e1s moi nd r e s re-c oins , en particulier l e « L o u i s X I I I a dolescent » , e n argent , che f d\ruvre de R u d e , l e Christ e n i voire d e B ouc hardoI' I, ou b i e n la re­ ]J l'O due tion conj ectu ral e de la Miner­ ve dl'. P arthénon , e n or, ivo i r e e t a r ­ /!,ent, pfŒ Simart . Avant de reprendre la route , I a b a nd e j oyeu s e s ' ép arpille parmi l e s baraq u e s' foraines, ,car c'est l a f ê t e au village, ou bien d a n s l e s c a f é s alen­ tour, pour é t ancher u ne soif p ar trop t e n a c e . A 1 ��, h. 3 0 , chacun reprend sa p l a c e el le conyoi s ' éhrHllIle à nou­ v eau , gri m pe la côte d e s 1 7 touTnant� e t n o u s eonduit en -q u e lque s minu­ t e s tout prè s de l ' a ncienne Abbaye

Le p ays age qu ' on a sou s l es yeux est particulièrement émouvant, car i l envel o p p e d e s souvenirs d e ,reH­ g i o n, de l i ttérature, de philo sophie e t d'art q u i s ont parmi les pl u s vénéra­ b l e s de notre tradition nlutionaIe ­ L' a bbaye d e Port-Royal est s u rto u t c é lèbre p a r s a parti cip ation à l a que­ l'cll e du j an s-é n i s m e , à l a suite de l a­ quel l e la com m unauté fut di s soute, les hâtim ent s détruits et l e s corp s qUI a vaient été enter,ré s d a n s l e s cimetiè­ rtS exhu m é s, pa.r ordre de L ou i s X I V . De s avants sol i taires, l e s « M e s ­ s i e u r s d e Port-Ro.{ill » , s ' étai e n t l'l't i ­ r é s il proximité paI:' go ù t de l a m éd i ­ ' tation : Arnau ld , N i c o le , L e M a i stre, L a n c elot, composèrent Hamon , y

de Port- Royal.

cl' c'Cct> lIent s ouvrages d ' e n s eignement . Pascal, q u i y s éj ourna p a r inter mit­ tence, y ré d ige a une de s es Provincia­ i e s . R ac i ne qui y avait S'a grand'mère, f; a grand' tante, son oncl e, u n e cousiPro­ 1 H ' , y fut élevé. C'est s u r l a « menad e de P ort-Royal )) qu'il a é crit s e s premiers vers ; c ' e st à Port-Royal q u ' il voulut s e faire ent e rrer .

L ' O H A TO I H E M O DEH N E D E P O I{T-ROYAL-DES-CHAMPS

Il reste maint'e na n.t bien peu de cho s e s , dans c e ravin l'étréci entre deux cro u p e s b o i s é e s : à l' e m p l a ce­ me n t du chœ u r d e l ' ancienne égl i s e , u n p e t i t ora toire moderne l'-enferme u n m u s'é e d e souveni rs j ansé nistes, ( l 'A ngus tin u s de Janséni u s , d e s vues a nciennes d e l ' �thbaye, l e t e stament de Raci ne, le s m a s q ii e s m o r t u a i r e s d e Pascal et d e l a m è r e A ngéliqu e ) ; de s a l l ées de tilleuls marquent l e s divi­ sions du cloitr e et d u cimetière . D an s le pe t it b o i s tout proche , sur le sen­ t ier d u retou r , u n e croix i n dique le l ie u o ù I c s rel i gi e u s e s s ' a s s e m hlai ent p O l i t' t r a y a i l l t 'J' el p r i er . . . ::: :;:

L e s c l i ché s n o u s o n t ét.é a i m a h l e m en t prê­ tés p a l' l e S. I . d e Ch evreu s e .


-- 280(\ -Nou s S OIn m e s arnves I C I a u terme d e notre ra ndonn é e en I 1 e - d e-France, et c'est avec u n e i mp at i e n c e sans c e s s e gra nd i ss a e,te q ue n o u s n o u s d i ­ ri g e o n s vers' l e chef-lieu du d é par t e ­ ment, où n o u s atten d le clou d e c e tt e s o r t i� , à savoir l a p a rt i c ipat i o n à la

G ra n de Fête dé N u it de Ver­ sailles, s p e c t acl e exceptionnel par s a qualité et s a b e a u t é . D è s q u e l a n u i t es t tombée, le s dif­ férents t a b l e au x se ,su ccède nt a u s si m agnifiqu e s l e s u n s' que l e s a ut r e s . Ce sont d'abord q u ell e su,rpri se i natt e nd ue l e s « Petits Chanteur s d e S ai nt -J u l i e n » d o n t l e s voix mer­ veille u s e m ent pur e s nous f9 n t enten­ dre l'Hymne à la nu it d e R ame au , Charmante n llit de Lull i , et A la clai­ �

P u i s c e S'ont les ha lle t s anci'eus et exé c u t é s a v ec u ne g râc e sans pareill e par l e s D a n s e u se s Etoi­ le s de l ' Op ér a . La fête S'e termin e par l e s grandes e au x l u m i n e u s e s , l 'embra sement des

re fon tain e . modernes

bo s q u e t s' e t u n f eu d ' a r ti fi ce g i g a nt e s ­ q u e . Bref, l'ens embl e est tellement c a p t i v a n t e t enchanteur q u ' il es t pr e s ­ q u e i m p o s s ibl e d e fair e partager au l ecteur l e s s e n s a tions q u i vou s é t r e i ­ gnent pendan t toute la s o i n\ e . * **

Minuit 1 . . . U DI p e u fati gués p a r un e .i o u r n ée si bi en remplie, ma i s com­ bi en d iverti s s a nt'e , l e s Sé samoisi rega­ gnent mai ntenant les cars sitati onnés sur la Place d ' Ar m e s , dev a nt l e Châ­ te a u . D a ns u ne heure, ils p o u rr o n t rêve r à l o i sir à to ut e s l e s belles cho­ s e,s q u ' i l s ont vues a u co ur s' d e cette pr em i è r e excursion, o r ga ni sé e parr la S . E . S . A . M . , d o nt l e com p t'e rendu n e s'e rait p as c o m pl e t si l ' o n n' évoqu ait p oi n t le b leu limpide du c i e l , le r ay o n­ n e m e n t pr inta nie r et l ' a rdeur d ' un sol e il dont l a l um i è r e éclatante fai­ sait dav a n t a ge ressortir la beauté de nos chèr e s campagnes de l'Ile-de­

France.

I l. - « L'A RT ET LA V I E » A J UVISY Promena de - Conférence du 4 Septembre 1949

Le D im a nch e 4 S eptemb r e , n o u s avons eu l e p l a i sk d e r e c ev o i r , au n o m d e l a S .E . S . A . M . , p lu s de cin... qu a n t e S o ci é t a i re s d e ,« L ' A RT ET LA

accompagnés de l e ur

gu é pr é s i d ent , M . Y ung. L e r t' IHl ez- v o u s avait été fixé à J u ­ v i sy, à 1 4 h . 45, face à la Gare Cen­ t rale, et no s aimables v i s iteur s firen t successivem'e n t co n n a i s s a n c e , sous u n soleil de pl o m b , avec l e t ri a g e , l a nouvelle église, l e p o n t d e s Belles­ Fontaine s' (dont l e s abords m érite­ rai ent d ' être un tant s o it p eu aména­ gés ! ) , l e château de B el - F o n ta i n e , l ' o b s e r va t o ir e F la m ma r i o n , l ' a n c i e n p a r c s e i g n e l ' r i a l , le s p l e n di d e p a n o ­ r a m a s u.r la v a H é e d e l a S e i n e et, en­ fi n, l a P y r a m i d e de Ca s s i n i . Tard d �! n s l'aprè s-midi, no s invitét-. r e p r e n a i e n t l e ch e m i n d e Pari s p a r

VIE

)) ,

di stin­

l ' A u t ob u s « 2 8 5 )) , h e u re u x d ' ayo i r Y ll p r i n c i p a u x a spects ' hi s t o r i q u es . gi� o g raphi q ll e s rt é c o n o m i q u e s' de c e tte i lll p o r t a d e Com m u n e de la B a n l i e u r Sud .

les

R a p p e: o ns qu e « L ' A r t et la V i e » . d o nt l a r é pu t a tion n ' e s t p l u s à f a ir e , e s t llne A ssociation Parisienne d e P r o p ag a n d e A,rti stique et de V ul g a ri­ sation Sci enti.fiqu e et L i tt é r a ir e , p la ­ c é e s o u s 1 (' Haut P a.l r o n a g e du Mini s ­ tère d e l' I n struc t i o n P uh l iq u e e t d e la D irection d e s B e aux-Art s , e t h ono­ rée d'une ,M é d aUle d'Or de la Renais­ san,ce Fr a n ç a i s e .


Plu s i e u r s foi s par an, cette Société envoie à ses Adhérents u n Bulletin contenant, outr'e u n aperçu des m anÏ ­ festations arti stiqu es à venir, u n pro­ gramme calendaire copieux et éclecti­ que d e ses visites qui , comme on l e sait, abordent tous les domaine s d e l'activité humaine.

L e s coti sations (Membre actif : 2 0.0 Frs Membre bienfaiteur : 1 . 0 00 Frs) et l es d e m a ndes de ren s eigne­ me nts doi vent être envoyées 2 , rue Brown-Séquard, Paris (XV") - Tél . : Ségur iJ 9 2 9 à M . Yung. --

-

NOS EXCU RSIONS EN 1 9 50 Par Mll e DEN I S E L AYGUE

Professeur au C . C . de Juvisy

Pour les beaux j ours de l'année

1 95 0 , notre dévoué Secrétai,r e Général

préparé

avait

un

m agnifi que

gramme d'IE�cursions, li e r à Fontaineble au,

en

pro­

particu­

R ambouillet , Chartres et Anet. Malheureusement, M . BruneI, qui, à Ia suite d e sa longue déportation en Allemagne, éprouvait déj à de sérieu­ ses di fficultés à marcher lors de la sortie du 3 j u ill e t , a dû inter,r ompre toutes ses activit é s depuis le 26 No­ vembre afin de suivre u n traitement énergique, et il est peu probable qu'il soit eomplètement rétabli avant l'été, m algré tou s nos vo:mx de prompte guériso n . C' e st pour ceUe uni que raison qu'il nous e st absolum ent i mpos,s ible de p r é c i s e r une d ate ou m ê m e d'affirm er <[u e c e s Excu rsions auront lieu : une convocation sera 'e nvoyée, en temps voulu, à nos Adhérents ,r égulièrem ent i n scrits en 1 94 9 . '

* **

Cependant, e n raison d u succès considérable obtenu pa r notre sortie ft l a Grande Fête de Nuit de Versail­ l c s - 2 :�') i n scriptions pour 82 pla­ ces i l a été décidé que l e s Sés'u ­ moi s pourront ft nouveau, cette a n ­ n ée, ass i ster à cette merveilleu se ma­ I l i !'e " l a t i (l!'o régionale : - .

I,e Dimanche 2 J u Ulet

L e (\ èpa l ' l r! 1 7 h" ct,

aura l i e u entre p o nr permettre

l H h. 30 a u x par-

Li cipants de s e trouver peu éloignés de l eur domicil e, il est prévu , dans l e s Comm unes d e Paray, Athi,s­ :\10ns, Juvi sy, Savigny, Viry-Châtil­ lon, Abl on, ViHeneuve-le-Roi et Orly, différents lieux de ra ssembl em ent auxqu els ils seront ramenés après la Fête. Les' places , strictement limitées, sont l'és,e rvées par priorité aux mem­ hre s d e l a S .E .S . A .M . ; leurs parcllits ou amis pourront toutefois se faire inscrire danS' l a mesure d e s places di sponible s . L e prix - comprenant le v oyag e en autocar, l e pourboi re du chaufl'eur e t le droit d'entrée à l a Fête a v e c p l acc a s si se e s t fi x é il .

_-

Sociétaires . . . . . . . . Non sociétaires . . . . .

630 frs 670 frs

Les inscription s , reçue s dès main­ tenant au Secrétariat de ,l a S. E . S. A . M . ( 9 , Rue d e s GraviHiers à Athis­ Mons - Tél . : Belle-Epine 4 8-4 1 C. C, P . PARIS 6946-92) j u squ'à épuisement des places, ne seront re­ tenues que si eHes sont accom p a g nées d u montant de la cotisation. D e s i n st l' llct i o n s d é tail lèf' s seroll t ( n Y()�' é e s à e h : ! lf ll C p a l'Ucipant une s uu a i n e a v a n t. l a d a t e p r é \' lH ' .

N o u s Lenons à p reCIser (fue la S. E. S . A. M. n e retire aucun hénéfice d e ces excu rsions, pu isque l e total


- - �88 d e s frais e s t divisé par le nombre total des p articip ants. En consé­ quence, toute personne se trouvant empêchée de p artir pour une raison quelconque devra en aviser l e Secré­ tariat au moins 8 i ours avant la s o rtie ; passé ce délai, elle sera dans l'obligation de se chercher un rem­ plaçant ou d'aban donner à la S ociété le montant de l a s omme versée. Par ailleurs, si Je nombre des p artants n'était pas suffisant, l a So­ ciété se réserve le droit de supprimer l'excursion ; dans ce cas, le Secré­ tariat rembourserait les sommes perçues, se libérant ainsi de tout engagement. :-:

� :-:

PR06RAMMf

«

1 . Concert Symphonique. 2. Trom.p es de Chasse R allye

q u and

même

» .

a) b) c) d) e) f) g)

dnns

d'œuvre Pyrotechni q u e , :\1a i,s on R u ggieri .

tiré

par

la

8. G randes Eaux lumineuses. 9. Embrasement des Bos­ q uets. AVI S

I MPORTA.NT

Nous prions nos Sociétaires de ne pas atten dl'ie le dernier moment pour s' inscrire.

Le « Syndi c a t d ' Initiativ e s - F êtes Ver s aillai s e s » nou s a communiq u é l es d a t e s des F ê t e s q u i s e d érouleront dans le cadr e du P alrc de Versa ille s ; nou s l e s p ortons à l a c o n n a i s s a nce d e n o s Sociétaire s : G ran des Eaux dans le Parc :

du

4. Ballets Lum i neux av'ec ma­ Deek,

Eaux. 7. G ra n d Feu d'Artifice, Chef­

7 Mai , 4 et 25 J uin, 2 et 16 .T uillet, 6 ct 2 7 Aoùt, 3 Septembre et tH O ct o­

3. Danses Ancien'nes avec ma­ dame �Ion etli (Maîtr e s s e de B a B et Pr.e mièr e d a n se u s e travest i e de l a GaUr Lyri que) , M l l e �Ia ury ( p r e m i ère d a n s e u s e éto i l e de l' O p é r a d e N i e e) et le Cor ps de B al l e t . demois e l l e Vivia ne fi gures suivant e s :

6 . E,c lairage Artistiq ue du B a s ­ s i n d e Neptu n e et Coloration des

l e's

L(' Voile Magique. Le Grand Volub ili s . Parterre· F l euri . Spiral e . E s s a i Sur le Prél u d e de R a chm a n i n off. Sorcellerie. Phalènes .

5. Ballet Romantique avec m a­ d a m e Mouetti, Mlle D e l eplanqu e (pre­ mière d a n seus e étoil e de l ' O p éra) , M . Andr éani (pre m i e r d an se u r d e l 'Opé­ r a ) , M ll e Maury et l e C o r p s d e B a l l e t .

bre .

G ra n des Eaux à Tria non : 2 1

:\1ai, 1 8 Juin , 1 6 J u i l l et , 2 0 Aoùt , Septembre .

17

Fêtes de N u it : 4 .Tuin, 2 J u i l ­ l e t , 6 Aoùt e t 3 Septe m b r e . U n e F ê t e de Nu it s u p p l ém e ntaire aura san s dO ll l e l i eu le Sam e d i l e ,' J u i ll et {J o u r c' ôturel' la Grand e Semai n e d ,' V'('I'­ sailles ( Sem a i ne d e la p i n s B e l l e France) . Monsieur le Président du S . 1 . a b ien voulu tenir compte de n o s sug­ gestions ·qu a nt à la hauteur d e l ' e s­ trade sur l aquelle évoluent le s balle­ rines : « NOLIS prenons bonne n o te de

rem'a rq lles /Jos con cernan t n o tre es trade e t ne manq ll erons pas de voir très prochainem en t n o tre en tre­ preneur afin q ll e désormais les Fêtes pllissent ê tre Pil es d'une manière parfaite par tous les s pectatellrs. ))

Nou s l ' e n r e mercion s' ment.

bien

sincère­


t5J-J-o dl!coiel! -

1I111111111111111111111!1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 STATION DE GR A I S S AGE

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A TRAVE RS

IL Il II{ lE Par

de nomb. i lI u sL Romainville, Tes­ sier, 1 9 4 9 . P u b l ié sous les auspices de l a M u n i c i p a l i t é . Frs : 6 0 0 ) .

D an s c e fort j ol i vo lnme., illnstré p ar un arti ste vill emoissonnai s, M . CHAUDUN nous raconte plais amment et ave c une gran'de éru­ dition la belle hi stoire de ce village d e la Banlieue Sud de Paris. Lo l i v re, surtout hi storique, fournit de précieux renseigne­ ments non s e nl em ent snr l e milieu local, mais e ncore sur d e nombreux suj ots étudiés à l'échelle régionale o u mêmê -nationale. Nous recommandon s à tous n'o s lecteurs d e pren dre conn ai ssance de c ette magnifique m o n ographie, qui expose longuement l'his­ toire de Villem o i s son , m a i s au ss i celle d e s C ommunes voisines (Epin ay, Sainto-Geneviè­ ve-des-B o i s, Morsang, Savigny) . Voici l e sommaire : Préface - Poème d e B. Lesecq - Sol, s ite et gen s (Avant l'hom­ m e, Préhistoire, A n a ly s e s des terros, Noms de personnes, Lieux-dits, Chemi n s et rues, Généal ogies familial e s) - Climat - His­ toire (Préhi stoire, les Bomains, le s Carolin­ giens) - Seigneurs - Châtel a in s - Bour­ g e o i s - Seigneurie et fiefs - Armoiries de Villem o i s son - Chro n i qu e de la Municipa­ l ité - Villem o i s s o n moderne - Bonde de Villem o i s s o n avec m u s i q u e, - Trois guerres, trois in'vasions - L'égli s e ct l e s curé s L'école et l e s i n stituteur s - L a forêt de Séquigny - Cnlture s ct récol t e s au temps de la vieille France - Fa its-divers i ntére'ssants - Coutume s - La fontain e de s Genoux Bl ancs - S ources b ibliographique s .

Vol.

.Jacques

de

(Jean)

Mon

premier

Dravichewy - Jean

II{ If § lU IE §

Mme L . BRUNEL

l �! . CHA U D U N ( Vi d o r ) : Fill e m o is ­ s on CIl Hu repoix. (Un v o l . in-8 u de ;�:34 p . s'Ur beau pa pier couch é, avec

1 3 . VIOLAIN

!!!!!!

Violai n

littérature -, q u i fit s e s débuts de pi­ lote à « Port-A viation > l (Vi ry-Châtillon) , vic,n t d e recevoir d e l ' A s sociation A m éri­ caine Wom e n 's In te rn a tional A.ssOcÎation of A eron a u tics In e. l a récomp en s e qu'ell e des­ tine à la France : une médaill e d e pl atine. I! est né à Gori, dan s l e C a u ca s e, c' est-à-dire a u même endroit que l e M aréchal Stal i n e ! Con damné à la pendabon en 1 9 0 5, il s e réfugie en' France. I! a a l o r s vingt a n s . Il étudie la géol ogie à la S o rbonne, l ave des carreaux, vend des bonbon s . M a i s un j our, une conférence sur l e s plus légers que l'air l'enth o u s i a s m e et lui montre s a véritable v oie : l'aviat i o n . En 1 9 08, à Viry, il tral"aillc comme aide­ mécanicien dans l a petite équipe d'intré­ pide s qu'a formée le Cap itain e Ferber. Ge sont les prem i ère s j o i es, m a i s a u s si l e s e s s a i s malhenreux de' cette équipe que ra­ con't e l'auteur. ' P i l ote grièvement blessé pendant la Gnerre d e 1 9 1 4- 1 9 1 8, . J ean de Dravich ewy est décoré de· la Légion d'Hon­ n eur c·t de l a Médaille M i l itaire (Extrait du j ourn a l L e R ép u blicain) . en

G.) N o s A ncêtres se por ta ien t-ils mie ux que n o u s ? (Un vol . in-BQ de 3 7 6 pages , avec d e nomb. iI'l ust . P a r i s , « Natu _ rism e » , 1 9 4 0 . E n vente à l 'In s ti t u t Naturis te, 1 5 bis, Ru e Cimaros a, Paris XV!", au pr i x de 8 0'Ü F r s ) .

1 4 . D U R VILLE ( D r

C'est une minutieu s e étud e d'a rchéologi e préhistorique sur l e s s q u elette s de fouille trouvés dans l a n écrop o l e de Grigny, accom­ pagnée de concl u s i o ns sur J',âge· auquel on m o urait au début de l'ère chrétienne et d'un G u ide d u Préh is t orie n pour découvrir, exhu­ mer correctem ent et mesurer l es o s s e m ents ancien s . 1 5 . BALLAND

(Robert)

L'année


- - 2HO 1 848

cn S('in e-et-()i,� e. CThès>e com­

p l ém c n L airr e i n é di t e . ) Paris, l e

L'a u t e u r m ontre q u e, de

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proximité

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o u vr i er s

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de

de la c r i s e é c o n"o m i q u e de p r o ducteurs ruraux.

q u e l'appel

m i lieux

ré s e r v e,

s p é c i f i q u e m ent

po saient p a s

C ap i t a l e et pour

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probl è m e s

les

m a lgré l a

dé p a r t (' Ill l'IJt r e s s e n ti t l a S €{� o u s s e

du

parisien

Hi.

LEYRITZ C A . ) : VIle-de-France . Sa géographie, son histoir e . (paris, Charle s et Lavauzelle, 1�48, 5 6 p . Hl . in-B Q , F r s : 1 1 0 ) .

17.

BESNIER (Charles) : Paris, capi­ tale de la France. Son His toire et ses Monumen ts . ( P aris, Charl e s et Lavau�eHe, 1 948, 244 p . ill . in-S .

Frs : 2 2 5 . )

1 8 . GODIER C A . ) : L ' é t ude du milieu local. {Pari s , Gedalge, 1 94 8 , 7 2 p . m . in-4 ° . ) Cahier

de

travaux

d'élaborer

prati q u e s,

conçu

i n g é­

n i e u sement p o u r p e rm ettre aux é l è v e s d'âge llloyen phie

géograph i q u e

eux-m ê m e s ou

la

h i storique

monogra­ de

s' i l y a lieu ; o r , 'e l les n c l e sont, pour a i n si dire, j a mai s ! Ainsi , qu antit é de trou v a i H e s , d ' u n i. n t é r ê t parfoi s consid érabl e , S O l1lt d é ­ tru i te s o u p a s s ent i na p erc ; u e.s ; c \ o n a p pren d g é n é r a l emenL l e s aut r e s q u a n d i l e s t trop t a r d pour l e s s a u · ve r ou p ou r en Lirer un p a rti s c i e n t i ­ fi q u e . Nous a l t i r o n s p arti� u l i èr e m e n t l ' at · ( ention de s propriétai r e s o u diri­ geants de t o u t e s le s « Sabl i è r e s » sur e e Com muni,q u é, c ar c ' e s t pre squ e tou j ours d a n s l e s ternl s s>e s d e l a Sei ne qu è l' o n t r ou\'(:' l e s plus b el l e s pièce s (ar m e s , poteri e s , m é d a i l l e s , bij oux, o s s e m e n t s , sépul t u r e s ) . I l e st évi dent q u e la d é c laration de ce s d écouvertes n e p o r t E' n u ll e m e n t atteihte a u x d r oi tS' de p ropriété de l ' i nventeur . '

Nous prio n s l e s spéci al i st e s d e l ' é poque gallo-romaine ou bien les ama­ teurs éclairé s attirés vers ell e , capa­ ble s d'effect u e r de s fouille s m éthodi­ q u es dans ce domain e , d e s ' a dre s s e r �\ u Siège d e l a Société.

l eur

C O llllll u n e .

ANT I Q U ITES H I STORI Q U ES Découvertes et Fio uiUes A la suite de recommandations qui nous ont été fai,t e s p a r M . G. Mathe­ rat, Dit- edeur de la 2" CircoTIiscription Arché o logi que et Historique ( Sein e , Seine-et- O i se , Sei ne-et- M a r n e, Oise ) , n o u s demandons i n stamment à t o u s n o s l ecteUir s d ' avoir l 'obligeanc e de n o u s avi s e r des découvertes' fortuit e s , concernant l e s Antiqu i t é s Historiques , q u ' i J.s pourraie nt faire ou qui parvien ­ draient éve u rt u e ll ement à l e u r connais­ !< anc e .

Confor m é m e n t à la Loi, toutes le s d écouvertes doivent, eri effet, être i m m é d i at ement s i g n a l é e s aux Maires par les i n v en t e u rs , d e façon à ce que ù e s s p é ci a l i s,te s soient a u ssitôt alertés

LES SOUTER'RA I N S Découverte e t exploration

Au tem p s' j ad i s , nos ancêtres avaient l a manie d e creuser s o u s terr e de multiples gale r i e s , pour de s raisons q u e nou s donnerons d ans un prochain arti c l e d u B ulletin ; c ' e st a Î n s i , p ar exe m n l e , q u e l e sous-sol du vieux villag e d'Athi s est l ittéralem ent t ruffé d'e souterr n i n s , dont on utilise e n co r e quel q u e s s ection s , l a p lup art du temps transform é e s en cave s . Aux dires d ' inform a t e u r s q u i l ' au­ raient exploré en p a rt i e après l a pr e­ mière Guerre Mondial e , l ' u n d e s plus imp ortants de t o ut e l a r é gion aurait son entrée aux « Grr otte s )) de. l ' an­ cien Parc Seigneuri a l de .J uvi sy ou à proximité ( entr e l e s « Grott e s » et l e s « Grands Escaliei"s » ) et aboutirait, soit a u château de Montlhérv, soit au château d' Athi s ou e n d'autï: e s li e u x . D e s {ouilles sont act u e ll e m ent e n ­ L r epr i s e s p a r des j e u ne s gen s affilié s à l a S.E.S.A.M . : afin de l e s' aider e t , le l e s guider d a n s l eu r s recherches nous serions re c o n r;ai s sants à toutts


.....

2� 1

{;c d e t el s souterr ains ou en a ur aient

p e rso nnes q u i con naîtraient l ' existen­ s i mp' e ment entendu p arle,r , de hien vouloir n o u s e n i n former. Chaque foi s q u 'i l s e r a pos sib l e, i n ­ situation, d i q u er av ec prée i s i o D : o rie n t a tion , profond e u r , dimensions , formes , m o d e s d c constru ctio n s et éboulement s .

EN Q U ETE S U R �' ERE,M IT'I SM E M . J . S ain s a u l i eu , D i recteur de la Bibli o thèq l1 e d'His toire des R e ligi o n s de la Faol1 lté des L e ttre s de P a ri s, propose a u x Sociét é s Savantes , pour l' a nné e 1 95 0 , u n e vaste enquête s ur u n s u j et très original, i ntéres sant l ' Histoire Soci ale autanrt: qne Il 'His­ toire Religieuse : l' Erémitisme en

France.

D an s ce but, nou s fai,sons appel à l ' é r udition et à l' o bligeance de n,os Sociétaire s pour nous com m u niquer au p l u s tôt tou s l es rens'eignements q u. ' i l s pourraient pos séd'e r, à l ' é cheUe l o cale , sur : 1° Les Ermites : n om , â g e , épo­

q u e, l' é sidence, origine, costnme, a s ­ cèse , réputatio n , occupation, r essour­ c e s, déplacements , pratiques religieu­ s e s, charg es et u s'ages , rapports avec les confrèr e s , avec l e d ergé, la com­ m u ne, l 'évêque, la j u sti ce et l e s sei­ gOieurs . forme, dime n s i ons et sort.

2" Les Ermitages :

d ate,

site,

L e princip e de l ' érémiti sme chré­ tien étant une mystiqu e d e la soli­ t u de plu s q u ' un sit e ou un habitat particulier, il convient d' ent,endre p a r ermite ou a s-si mil é « tou t p e rs onn ag e , soit de 1' l1n ou l'a l1 t re c ler'gé, soit laïc de l' l1n O LI taLI tre sexe, qui s'est retiré p O LI r p l l1 s ,d'l1n an il l' é car t de la vie sociale e t fa m ilia l e, d a n s LIn e inten­ tion péniten te OLI con templa tive, m ê­ me s'il s' en est en fa i t d épar ti . » Tou t ' e n e s s ayant d e combler une l acune Ae l ' Hi stoi re Ecdé siasüque , :\f. Saiusaulieu souhait e aiguiller a i nsi nombre d e chercheurs' vers d es tr{�sOl' s SOnV l'llt i n c o nn u s de spi rit u a ­ l i t é locale .

A titre d'exemple, il n ous e st agr é a­ b l e de mentionner que Athi's-sur­ Or g e a j ad i s donné a s i l e à f un de ces héro s , d o n t l'hi slt o i re vaut bi'e n l a Ié­ gem]e. Vo i c i e e q u ' e n d i t l ' abb é Le­ beuf, d a n s s o n His to ire d u Diocèse de Paris ,' « proch e [ d u château ] étoit ll n h e r m i t ag e blà ti par l'un [ d es en­ fants du P résident V i o l:e , Sei gneur du l i en ] , l e q u e l s'y é t o i t ret iré et y m e­ no i t la vie des Pères de la Mort q l1i étaient in.� titl1lés dep l1 is p e u p O l1l' pur­

ger les ma isons infectées de peste. L 'habillem ent de ces r e ligieux é t ait noir, e t S l1 r le l/l' col é t oit figurée LIne t ê te de mort. » I l n e r este plus q n 'à se m e ttre à J 'u�uvre : l e s rés u lt ats de cette enqu.êt e s eront publiés d ans n otre prochain v o l u m e .

H ISTO I RE D E L' OCC U PAT I O N D E LA RES I STANCE ET DE LA L I B ERAT I O N recul s u ffisant p o u r es sayer d ' écrire u ne His toire locale de l' Oc c up a tion , de la R és i s ta n ce et de la Libération .

Nou s

.i o ui ssons

maintena n.t

d'un

C'est pourquoi nous l ançonis un pres­ sant appel aux membr e s de s r é s eanx de ren s ei gnements et d e s monvements de R é s-i st a n c e , aux anciens combat­ t a nts F . F . I . et F . T . P . , aux résis t ants indivi d u e l s , aux déportés -et, d ' u ne façon génér a l e , à tou s ceux qui, p ar leurs t émo i gnages et l e ur s document s , permettront de retracer c laireme nt le s évé TIl ements d e c e tt e p é r i o d e troubl é e d e notre H i s t o i r e , p o u r q u ' il s veuil­ lent bien nous communiquer leurs d o s s i e r s e t l e u rs souvenir s . N o u s leu r en s'crons reconnai ssanrt s . Afi n de termin e r l u relation d u terribl e bombardem en t qui e u t lieu dans la nuit du 1 8 avril 1 9 44 su r Athi s-Mo n s et J uvisy, un de nos So­ ciétaires aurait-il J'obl i g e a nlce de n o u s prêter u n exemplair e d u tract j eté quelque s j ou r s p l u s tard par la R . A . F . et montrant l a G a r e d e Juvisy avant et [[p rè s l e bombar d em en.t ?

C OT I SAT I O N S 1 950 N o u s prio n s Îns lanuncnt n o s Adhé­ re n t s d'effectu er, dès ré ception de ce


. ...-- ,, ' V"

I\J 0

B u l le tin, le v ers em ent de l e u r cotisalion pour 1 9 5 0 :

Membre titulaire . . . . Membre Bienfaiteur

200 frs 300 frs

Ils pourront , s o i t s ' a d r e s s e r d i rec­ te me n t a u x D é l é g u e s o u a u x Mem­ bres D i r ect eur s de l a S . E . S . A . M . , soit emp l oyer la form ul e de versement a u Co m p te Postal d e l a .

Société d' Etudes Savantes 9 , Rue de s GraviUiers C. C. P. Paris 6946-92 Ces tarifs étant m i nimum, il

n'est pas inte>rdit, bien entendu, de les majorer suiV)ant les pos­ sibiUtés de chacun. ASSEMB LEE G EN ERALE

L e s Soci é t air e s' s ont i nvités à as sis­ qui G é nérale l'A s semblée à Dimanche 1 1 J ui n, aura lieu le à 1 4 h . 30 préci s es dans la s alle de s Fêtes d e l a M a i r i e Annexe d ' A thi s Mons, Rne Eti enne -Lebeau .

ter

­

L'm'rdre dll }o u r sera d ' un

nouvel

B r u neI , le Vol u m e 1 95 0 paraîtra " certainement avec b e a u c o u p d e l'\ o u s n o u s e n excu s o n s' au près So ci é t a i r e s .

PROPAGAND,E la

N o u s n o u s permettons d e rapp L >é c e s s i t é pou r chacun des b r e s de faire u n e a ct iv e en fa v e ur de l a S . E . S . A . activi t é s et de son Bulletin. C'est l ement à c e tt e c on d iti o n que p a r vie nd r o n s à s urmo nt e r les tés t echniq ue s e t m atérielles te s à la situ atio n é c o n o m iq ue actu

>

,

d'ATH I S - M O N S

é l e c t ion

-

le sll ivan t : A r chiv i s te en

Son gez a u résultat que o btien d rait si seulell1 en t de nos Sociétaires rious a m un n ouvel a dhérent o u i n ses amis à acheter notre me ! Si notre Bulle ti n v o u s intére s s e si vou s désirez q u ' il ' devienne j ours p l u s important, c ' e s t ain si vou s agir ez : c e s e r a l e moye n d'accroître n o s po ssi b i l i tés de n o u s aider à p a r f a ire notre '

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rempl démi Const des C. A , t rav bora curs

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à Grigny. CHABRUT, Maiso n de la Dame à Juvisy. GIMALAC, 14, rue paul·Marais y. Juvis à Rue de Gran 39, IER, SOUL Ont .do,nné 300 fra ncs

:

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Monttessuy à Juvisy. Caron à Athis. rue 78, BASKINE, teur Desbordes à Draveil. BOISSÉ, 11. tue du Doc de Bel'lechasse à Paris (7') . COURCEL (R. de), 47, rue à Athis..Mons. Rue e d . DUF OUR, 119, Gran . Fontainebleau à Athi�- Mo ns de te rou , 1()11 , ENc FAR . ons is-M à Ath i Mid Hu BER, rue du . 5, rue Petit à' Juvisy. LAMARQUE, Dir. d'Ecole, rrier à Savigny. Bou teur Doc du rue 65, LASCROUX, his-Mons. LAURENT (abbé), curé d'At à Laig.J.e (Orne). vray Rou du 5, rue , LEBLANC Régnier à Paris (15e). n huri Mat LEROY (A.), 37, rue illiers à Athis-M'ami. LEROY (J.), 14, rue des Grav on à Paris (15e). venti Con la e d' MARIE, 19, rue orde à Athis-Mons. MARTINOT, 98, rue de la Conc à Ste-Geneviève-des-Bois. eil Corb de e rout N, MOUROEO eau à Juvis'Y. ainebl Font MOUTHON, 33, route de sy. Juvi à lois Gau des rue bis, 37 NÉE, Athis-Mons. POISSY. avenue Jules-Vallès à cel Sembat à AthÏ's..Mon'S. PHILIP PO;', 85, ave nue Mar à Juvisy. les RAFFARD, 36, rue des Cail à Juvisy. Paix la de rue 8, R, RIVALI.IE sseaux à Draveil. Mou des ue Vn.LERMET, 29, aven Leclerc à Athis-Mons. éral Gén du rue 12, TER, WIN

AUGIER, 15,

MEMBR�S ACTIFS J.), AMIOT, BESSUARDr ARBILLOT, \ ANDELIN (Frèr·e V TON, BOUCHAUD, BRE ARDy B.\RRÉ, BORREI., BU.L Y, CSER N, COSTES, CASSIER, CHAUDU E, DIEu DOUCET (abbé). DELHAY, DARRICARRÈR SIN, GA R:'o/I ER, FURElx, ;PUMEY, GENDREL, GAUS VARD (Université GILBER1', GRAND, H.o\lTTY, HAR , LESAULT, AGNE LASS QUART, KERGOAT, LF-RÉ, D , MAYER, INAU L\ND � . .!1--:: �:.:. �� A!.L��� .. r....""" PALEWSKI, PONCELET, SIMON, THIBOUT, VAN DEN e J

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"� , DELA HAYE, FORTIN, LA. IJt1_CIl �1I4l." �. Yvo R. M. A. et LAMARE, LASSIEUR, Lo

la responsabi:Ji.té

de leurs (),JtQlra ...


MEDIATHEQUES SONNE LES PORTES DE L'ES

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