AR36 Magazine voyageur

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édito — carnet

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la revanche du dromadaire Directeur de la publication Michel Fonovich mfonovich@ar-mag.fr

rédactrice en chef Sandrine Mercier smercier@ar-mag.fr

Direction artistique Florine Synoradzki & Julie Rousset d’après une maquette d’Albéric d’Hardivilliers

grand-Reporter

Numéro 36 mars-avril 2017

michel fonovich

Christophe Migeon cmigeon@ar-mag.fr

Directeur de la Publication

COMMUNITY MANAGER Anne Chabot

C

stagiaire

ertes, le dromadaire demeure cet animal étrange, monté sur des échasses, au cou en bec de théière avec à son extrémité une petite tête à l’expression ronchonne. Certes, il conserve sur le dos, une bosse plus ou moins vaillante. Selon l’individu, elle pointe son sommet arrondi vers le ciel, aussi belle, aussi fière qu’une dune du désert Rub al Khali, ou bien, pendouille lamentablement sur le flanc telle une vieille chaussette. Comme toujours, il blatère et pète, si on tire fort sur l’appendice recouvert d’un poil gros et rude qui lui sert de queue. Cependant, « le dromadaire n’est plus ce qu’il était », vous confieront au détour de la conversation, avec un accent de tristesse dans la voix, les Omanaises et les Omanais. Quoi ? Qu’est-ce à dire ? Gardez votre calme. L’animal a tout simplement perdu de sa superbe depuis qu’il ne part plus en caravane, depuis que les Bédouins on trouvé plus pratique de le remplacer par des 4X4. Depuis, le dromadaire erre. Il souffre aussi. Plus d’emploi, même fictif à se mettre sous la dent. Le « vaisseau du désert » en est réduit à faire tapisserie et

Sofia Colla

Diffusion MLP

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Image de couverture :

il le vit mal. Qu’il est loin, le temps où il transportait de l’encens jusque sur les bords de la Méditerranée en traversant le « désert des déserts ». Plus récemment, pour s’enrichir, le sultanat a trouvé plus facile d’ouvrir le robinet du pétrole. On n’allait quand même pas charger des barils sur le dos de la pauvre bête. En quelque cinquante années, grâce à l’or noir, Oman est passé dans un autre monde, un monde plus bitumé, plus confortable et plus climatisé, et c’est tant mieux. Le risque toutefois serait qu’il en fasse un peu trop. Alors que ses réserves de pétrole s’assèchent, le sultanat qui compte sur le tourisme pour diversifier ses revenus, sait qu’il doit préserver sa culture bédouine et sa nature sauvage. On voit par là que le dromadaire peut envisager l’avenir sereinement. L’heure de la revanche a sonné Oman.

© Kares Leroy

internet:

Illustration : Vivian Jolivet

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carnet — Sommaire

N°36 mars-avril 2017

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Qu’allait-il faire chez le sultan ? D’Oman, on connaît surtout les légendes de Sindbad le marin, et Les Mille et une Nuits, autrement dit pas grand-chose. Coincé entre l’Arabie Saoudite à l’ouest, le Sultanat a prospéré en toute discrétion sous l’égide d’un monarque humaniste. Cette anomalie mérite à elle seule le voyage.

carnet P.62

tours et détours Ayant usé sa folle jeunesse dans les gorges de son Auvergne natale, la Dordogne lève le pied à partir d’Argentat en Corrèze. Ce qu’elle veut désormais : la vie de château sous un ciel toujours bleu ! Il n’y qu’à demander. Comme dans un conte de fée, elle coule de jardins en châteaux, jusque dans le Lot.

Entretien Bertrand Tavernier Actus Shopping Adresses Architecture Livres Musique Micro fiction Le Guide du queutard Sus au prépuce Cinéma On en parle Sur les pas d’Abraham TDCDM Coup de cafard à Madagascar

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Partir

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Les Îles de la Madeleine Attachantes, uniques, elles ont jeté l’ancre à l’embouchure du Saint-Laurent. Ces bribes de terre habitées par des descendants d’Acadiens durs à la peine semblent prêtes à partir à la dérive au premier coup de tabac.

The Savoy / Londres Le luxe discret de l’aristocratie Allemagne La tentation bavaroise Oman Quand la mer rencontre le désert Oman Qu’allait-il faire chez le sultan ? Tours et détours Vallée de la Dordogne

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Durable Actu Tendances Le Grand Sentier Olivier, créateur de voyages Le train-train du pélerin Carte postale East Side Story Québec / Canada Les îles de la Madeleine sauce homard

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merci à tous nos Contributeurs :

Pierre Bigorgne / Julien Blanc-Gras / Laure Bonardel / Olivier Caillaud / Thomas Chéné / Laurent Delmas Jean-Luc Eyguesier / Antonio Fischetti / Franck Ferville / Corentin Fohlen / Philippe Fusaro Kares Le Roy / François Mauger / Matthieu Pinon / Tristan Savin / Jeremy Suyker / Albert Zadar

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Portfolio Corentin Fohlen Horoscope infaillible

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carnet L’entretien : Bertrand Tavernier Adresses : New York Architecture : Anvers N°36 mars-avril 2017


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carnet — Shopping

Oreiller autruche Sommeil paradoxal

Étrange oreiller dont le nom fait référence à l’autruche qui face au danger enfouit sa tête dans le sable. Balivernes, car elle préfère, c’est bien connu, s’envoler à tired’aile. Un oreiller qu’on enfile sur la tête quand survient le sommeil au cours d’un long vol. Un véritable refuge contre la lumière et le bruit. Deux ouvertures permettent d’y glisser les mains. Notons que le fabricant, dans le souci d’offrir le maximum de confort aux usagers, a aussi conçu un orifice pour la bouche et le nez. Certes, c’est un détail, mais il a son importance au moment d’inspirer. www.ostrichpillow.com

comme un avion c’est dans l’air Albert Zadar « L’homme d’aujourd’hui ne descend plus du singe mais de l’avion ». Ainsi parlait Alexandre Vialatte depuis sa Montagne à une époque où l’on volait encore en Caravelle. Pas étonnant alors que l’homme d’aujourd’hui porte autour de la taille une ceinture d’avion, dans sa poche un portefeuille en gilet de sauvetage, autour de la tête un oreiller autruche. Et qu’il envoie des cartes postales en forme d’avion. L’homme d’aujourd’hui est déboussolé. Il a besoin d’une carte. Ça tombe bien, il y en a une, mais elle est froissée.

La ceinture d’avion L’amie du pantalon

Depuis qu’elle tient des pantalons, la ceinture d’avion ne déprime plus. Enfin, elle ne dépend plus d’hypothétiques turbulences. Enfin, elle sert à quelque chose. Un boulot stable, y a que ça de vrai ! Pendant les teufs, elle fait même les extras, car elle n’a pas son pareil pour décapsuler les bières. Quelle belle revanche sur la vie ! www.laceinturedavion.com

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Carte postale Décollage immédiat

Pour en finir une bonne fois pour toutes avec l’adage : les paroles s’envolent et les écrits restent. Une carte postale en bois de balsa atterrit dans votre boîte aux lettres. Lecture faite, vous la transformez illico en planeur et la voilà prête à trôner sur un meuble en attendant l’autorisation de décollage. www.packnboard.com

City Map À prendre sans pincettes Voyager pratique Pochette surprise

Les gilets de sauvetage sont comme les yaourts, ils se périment. On pourrait les jeter, au lieu de ça, on leur propose de se réincarner selon leurs mérites icibas : porte-monnaie, étui de passeport, housse de tablette. shopping.airfrance.com

À l’heure de l’implacable Google Maps, comme il est bon de retrouver le plaisir de déplier une carte. Plaisir qui ne sera pas entaché ensuite par l’exécution de manœuvres compliquées pour la replier. Vous pouvez la maltraiter, l’écraser, la malaxer, la rouler en boule, la froisser, elle ne bronche pas. En fait, elle aime ça. www.palomarweb.com


Livres — carnet

Atlas de botanique poétique — Francis Hallé Francis Hallé est docteur en biologie et en botanique ; il n’en est pas moins poète. Dans son atlas pas de vers pourtant (des fourmis, ça oui) mais de la prose pour nous présenter une sélection de plantes « étranges », « bizarres » ou « cocasses » des forêts tropicales.

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llustré de croquis, cet atlas fait irrésistiblement penser à nos anciens cahiers de poésie d’école primaire : le texte sur la feuille de gauche à grands

carreaux et l’illustration sur la page blanche de droite, où l’on pouvait laisser libre cours à son imagination. Selon l’auteur, le dessin botanique crée une émotion particulière, c’est pourquoi il l’a préféré à la photographie pour nous faire découvrir, entre autres, les arbres souterrains qui se protègent des feux de forêt ; la plante chinoise qui danse, on ne sait pourquoi ; la mousse espagnole, amie des oiseaux ; l’arbre-fontaine, qui fait littéralement pleuvoir ; l’arbre de l’adultère qui abrite des fourmis comme l’anémone de mer abrite les poissonsclown ; ou encore l’aquarium suspendu. Quoi de plus poétique ? Outre les explications botaniques, Francis Hallé relate son dialogue avec les plantes qu’il qualifie d’« aliens », et surtout évoque les

Sibérie Olivier Rolin Verdier poche « Aimer la Sibérie, ça ne se fait pas », avoue d’emblée Olivier Rolin dans ce recueil de chroniques, cependant, lui, ne peut s’empêcher de le faire. Ainsi, son amour a un petit goût de péché et de bizarrerie. N’est-ce pas mieux comme ça ? Quel plaisir de le suivre à Irkoutsk, à Vladivostok, à Magadan sur les traces de Chalamov, l’auteur des Récits de la Kolyma qui témoignent de l’enfer du goulag, ou à travers la toundra parcourue à bord du Transsibérien, le long des fleuves immenses, etc. ! On l’imagine ours solitaire, un brin boudeur, mais à l’écoute des voix des hommes et des femmes qu’il rencontre, du vent dans les grands espaces et des poètes qu’il lit et relit. Sa langue est belle, précise, songeuse. « Sibérie, ça sonne bien, vaste, comme Sahara. J’y entends tinter le fer, j’y vois briller la fourrure des zibelines. J’y vois une étoile fondre tel du sel dans l’eau noire, comme dans un poème de Mandelstam : Et plus pure la mort, plus âcre le malheur/ Et la terre plus cruelle et plus vraie. » Et pour ceux qui souhaitent prolonger ce voyage, les éditions Paulsen viennent de publier du même auteur Baïkal-Amour. Philippe Fusaro

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questions qu’elles continuent de poser aux scientifiques. La poésie de la nature et tout ce qu’elle a encore à nous apprendre, voilà deux bonnes raisons de protéger les forêts tropicales et un joli recueil pour nous le rappeler. Laure Bonardel

Atlas de botanique poétique Francis Hallé Arthaud

Tour de France des villes incomprises Vincent Noyoux Éditions du Trésor On croit s’embarquer pour un voyage au bout de l’ennui, mais que nenni. Sur les pas de Vincent Noyoux, on visite 12 cités remarquablement banales telles Mulhouse, Cholet, Vesoul, Vierzon ou Draguignan…, « 12 lieux où l’on irait jamais passer un week-end ». Mais tout vilain petit canard n’a-t-il pas le potentiel d’un cygne ? Sous la plume tendre et ironique de l’auteur, la lointaine Cergy prend des allures bucoliques, la tragique Verdun resplendit sous le soleil. Justice est rendue à Vesoul et Maubeuge, moquées par Jacques Brel et Bourvil. Cholet s’en sort plutôt bien sans ses mouchoirs, Mulhouse s’avère délirante… Certes ces villes ne s’offrent pas aux premiers venus, mais les rencontres avec les habitants font tout leur intérêt. Car, après tout, « un lieu n’est insipide que lorsqu’on l’a décidé ». Après ce Tour de France des villes incomprises, on se surprend à rêver de prendre un A/R pour Guéret, Châtel-Guyon ou Saint-Nazaire. Ces bourgades maltraitées sont comme la famille Addams : affreusement attachantes. Sandrine Mercier

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carnet — Musique

Roberto Fonseca — Cuba Le pianiste cubain, qui fait presque chaque été rugir de plaisir les spectateurs de Jazz in Marciac, en est déjà à son neuvième album. Tant mieux : Abuc (Cuba à l’envers) lui permet de remonter le cours du temps, de la contredanse au boléro, en passant par le mambo… Ce nouvel album est une traversée d’un siècle de musique cubaine. Pourquoi avoir entrepris ce voyage ?

Parmi vos nombreux invités, deux – Eliades Ochoa et Manuel Mirabal – ont figuré, comme vous, dans les rangs du Buena Vista Social Club. Cet orchestre a beaucoup compté pour vous ?

ou de devenir célèbre. J’étais incroyablement heureux quand j’ai rejoint l’orchestre parce que je savais que c’était la meilleure façon d’apprendre à jouer la musique de mon pays. Regarder Ibrahim Ferrer ou Eliades Ochoa chanter m’a apporté des connaissances inouïes. Beaucoup de musiciens, aujourd’hui, veulent jouer pour gagner plus d’argent. Eux jouaient parce qu’ils croyaient à la musique.

Obispo. On y rencontre de nombreux groupes qui jouent de la musique cubaine. Si vous voulez danser, allez à la Casa de la Música, où vous trouverez des groupes de salsa ou de reggaeton. En dehors de La Havane, allez à Santiago, où vous entendrez plus de musique traditionnelle. N’hésitez pas, allez à Cuba, vous tomberez amoureux de l’île. Propos recueillis par François Mauger

Quel conseil donneriez-vous à un voyageur qui viendrait à Cuba pour écouter de la musique ?

Cet orchestre a été mon école. Je m’intéressais énormément à la façon dont ces musiciens jouaient et pensaient. Mon objectif n’était pas de gagner de l’argent

Tout dépend de la musique qu’il veut entendre. Si vous voulez entendre de la musique à La Havane, allez Boulevard de San Rafael ou, surtout, Boulevard de

Orchestre Poly-Rythmo Madjafalao Because

Anthologie du khöömi mongol Buda Musique

Baba Zula XX Glitterbeat

Le groupe phare des nuits béninoises s’affuble depuis près de 50 ans de l’épithète « tout-puissant » et il le mérite amplement. Malgré quelques décès, il est toujours emmené par certains des musiciens qui l’ont fondé à la croisée des années 60 et 70 et, dès les premières notes du disque, il est évident que l’énergie de l’ensemble est intacte. Une voix crie « One, two » puis un riff de cuivres explose et s’impose sur une rythmique raffinée. C’est parti pour près d’une heure de ritournelles éclatantes. FM

Certains disques de musiques du monde promettent des voyages confortables, d’autres de bringuebalants hors-pistes au pays de l’inouï. Cette exploration du chant diphonique mongol, bourlingue clairement dans le second camp. Des râles, des sifflements, des résonances caverneuses… C’est une steppe battue par les vents ou une montagne zébrée de torrents qu’évoquent tous ces chanteurs capables de produire plusieurs sons en même temps. L’aventure est encore au coin du disque ! FM

Déjà vingt ans que les truculents membres de Baba Zula réinventent le psychédélisme turc. De leur improbable collision d’instruments naît un fascinant dub oriental, que, sur scène, ces chamanes à moustaches étirent à l’infini. Une première rondelle tente de capturer un peu de leur folie, partagée avec l’Argentine La Yegros ou les Japonais de l’Oki Dub Ainu Band. Sur la seconde, les versions instrumentales surpassent les originaux en excentricité. Mais qu’ont-ils mis dans le narguilé ? FM

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Roberto Fonseca Abuc (Impulse)

Photo : © Arien Chang Castan

Abuc est un album très différent des précédents. J’ai essayé d’aller au-delà de la musique, de dévoiler l’histoire de Cuba. En écoutant le disque et en feuillettant le livret, l’auditeur trouve de nombreuses explications. Mon but est d’informer sur la culture cubaine. Pour cela, j’ai dû revenir aux racines puis glisser jusqu’à aujourd’hui et entrevoir l’avenir.


partir Allemagne : La tentation bavaroise Oman : Quand la mer rencontre le désert Vallée de la Dordogne : Tours et détours

Photo : © Jeremy Suyker

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The Savoy / Londres — PARTIR

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Le luxe discret de l’aristocratie The Savoy / Londres

Il y a palace et palace. Alors que les multinationales de l’hébergement pour (très) riches multiplient les ouvertures, certains établissements peuvent se prévaloir de ce qui ne peut pas s’acheter : le temps, l’Histoire. Le Savoy de Londres fait partie de ce club fermé.

Texte

Jean-Luc Eyguesier

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LA TENTATION BAVAROISE Allemagne

Aux confins de l’Autriche et de la Tchéquie, le Sud-Est bavarois recèle des villages bien sages, des clochers d’églises aux bulbes rutilants, de vastes pans de forêt sauvage, des montagnes aux dents blanches, des lacs aux eaux pures. On y porte aussi la culotte de cuir avec un art consommé. Et les serveuses à la terrasse des tavernes ont de beaux tabliers. Tout cela est bien tentant… N’attendez pas l’Oktoberfest. Voici nos cinq recommandations pour vivre à fond l’aventure bavaroise.

Texte et photos

Christophe Migeon


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Quand la mer rencontre le désert — Oman  —

À l’abri de la folie des grandeurs de ses voisins de la péninsule arabique, les Omanais sont entrés dans le xxie siècle tranquillement ; un peu à l’image de ces boutres en bois qui continuent de glisser sur les eaux du port de Sour depuis que le pays commerce avec le reste du monde. Au carrefour des routes maritimes entre l’Afrique et l’Asie, Oman conserve ses traditions qui sont nées entre le désert et la mer.

Texte et photos

Kares Le Roy n°36 / mars-avril 2017



qu’allait-il faire chez le sultan ? Oman

D’Oman, on connaît surtout les légendes de Sindbad le marin, de la reine de Saba et Les Mille et une Nuits, autrement dit pas grand-chose. Coincé entre l’Arabie Saoudite à l’ouest, le Yémen au sud et l’Iran au nord juste de l’autre côté du détroit d’Ormuz, une zone que d’aucuns qualifieraient d’explosive, le Sultanat a prospéré en toute discrétion sous l’égide d’un monarque humaniste. Cette anomalie mérite à elle seule le voyage.

Texte et photos

Jeremy suyker


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partir — Oman

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Oman — partir

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tours et détours Vallée de la Dordogne – Lot et Corrèze –

Ayant usé sa folle jeunesse dans les gorges de son Auvergne natale, la Dordogne lève le pied à partir d’Argentat en Corrèze. Ce qu’elle veut désormais : la vie de château sous un ciel toujours bleu ! Il n’y a qu’à demander. Comme dans un conte de fée, elle coule de jardins en châteaux, jusque dans le Lot. Il était une fois dans la vallée de la Dordogne…

Texte

michel fonovich Photos

franck ferville


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PARTIR — Vallée de la Dordogne

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Vallée de la Dordogne — PARTIR

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escale élégiaque Carennac (Lot)

Après Loubressac, Carennac. Tous ces « ac » qui fleurissent dans la vallée, d’où viennent-ils ? D’assez loin. Pour être précis, de l’époque gallo-romaine. Le suffixe acum servait à indiquer l’appartenance d’un lieu à une personne. On l’ajoutait au patronyme. Avec le temps acum s’est transformé en ac. À l’abri d’une imposante enceinte, le village a conservé un remarquable ensemble architectural : église romane, cloître et château des Doyens. Un saumon sculpté sur le tympan de l’église rappelle qu’au Moyen Âge la Dordogne toute proche en était pleine. Chaque jour, la pêche était miraculeuse et les moines de se plaindre de trop manger de saumons. François de Salignac de la Mothe-Fénelon, Fénelon pour faire court, fut pendant 14 ans le prieur de Carennac. C’est ici qu’il écrivit ses fameuses Aventures de Télémaque qui déplurent tant à Louis XIV. Tombé en disgrâce, exilé à Cambrai, l’écrivain n’oublia jamais son si charmant village comme en témoigne ce vers de L’ode à Carennac : « En quelque climat que j’erre, plus que tous les autres lieux, cet heureux coin de terre me plaît et rit à mes yeux. »

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LES ÎLES de la madeleine à LA SAUCE homard Québec / Canada Attachantes, uniques, les Îles de la Madeleine ont jeté l’ancre à l’embouchure du Saint-Laurent. Ces bribes de terre habitées par des descendants d’Acadiens durs à la peine semblent prêtes à partir à la dérive au premier coup de tabac.

Texte et photos

Christophe Migeon



Corentin Fohlen — portfolio

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Portfolio numéro 36

CORENTIN FOHLEN Karnaval

— Jacmel / Haïti — Raconter Haïti loin des poncifs sur la pauvreté, la violence et les catastrophes naturelles, telle est l’ambition de Corentin Fohlen qui s’est déjà rendu 19 fois dans ce pays depuis le tremblement de terre de 2010. À Jacmel, ville sur la côte sud, réputée pour son carnaval haut en couleur, le photographe a tiré le portrait des noceurs affublés des déguisements les plus délirants, les plus fantastiques. Les masques en papier mâché représentent des animaux sauvages (tigre, lion, zèbre, léopard, oiseaux...), des divinités du vaudou, des zombies et j’en passe. L’imagination est sans limites. « On a installé un studio dans la rue sur le lieu du départ avant que débute le carnaval. Toujours le même dispositif avec un tissu noir tendu. Deux amis haïtiens m’ont servi d’assistants. L’un allait recruter les modèles, l’autre tenait le flash déporté. Et on a photographié toute la journée. » Quand le cadre s’élargit, on aperçoit une rue en plein chaos. Jacmel, qui possède le plus riche patrimoine de maisons coloniales du pays, a subi des dommages lors du séisme de 2010, mais la rénovation est en cours. Corentin n’a pas épuisé son sujet Haïti, il compte y retourner encore et encore. Pour sûr, il est devenu un peu haïtien. « C’est une histoire d’amour qui n’est pas près de finir. »

www.corentinfohlen.com n°36 / mars-avril 2017


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