Le Mag' des actives 127

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OBJECTIFS PAGRE

La stratégie du PAGRE visait à répondre, par effet miroir, aux avancées policières en matière de rémunération. L’argument est tactique au lendemain de la grogne interne (2001) qui a déstabilisé la Gendarmerie une nouvelle fois sur ses fondations. Un nouveau mécontentement aurait pu mettre un terme à l’existence même de la vieille dame et rapprocher les entités régaliennes de la sécurité publique sous une seule et même bannière ministérielle, comme ce fût le cas en Belgique. Dans les faits, le gendarme est un policier de statut militaire et le problème réside dans cette double casquette partagée avec les autres Armées. Donc l’idée a été de s’aligner avec la réforme de la police et de contourner la grille salariale des Armées par l’artificialisation de la montée en grade. L’argument politique de vouloir mieux rémunérer le travail et les responsabilités exercées est finalement un mensonge car l’accroissement de l’assiette des gradés a entraîné une dilution des responsabilités individuelles. Par effet mécanique, outre la dévalorisation des grades qui perturbe l’Ego du soldat, la perte de responsabilités entraîne une surcharge de travail des exécutants sur l’effectif desquels est gagée l’inflation des promus. C’est le prix à payer pour ce progrès social {plus d’avancement, pour plus de monde} qui concerne tout le monde et aussi le corps de direction qui s’étoilent grossièrement. Un groupement commandé par un général alors qu’il y a 20 ans de cela l’était par un lieutenant-colonel laisse dubitatif sur la plus-value apportée et l’augmentation du prix de revient fonctionnel. Cette démonstration qui se veut associée à une hausse du pouvoir d’achat liée au grade obtenu, qu’il convient de ne pas négliger, provoque par mimétisme de gestion une mobilité imposée. Et là, le bât blesse, parce que le concept du beurre et de l’argent du beurre devient une réalité de gestion qui aurait pu échapper aux heureux bénéficiaires. Le principe même de l’avancement est perturbé dans le critère de sélectivité qui vise à choisir les meilleurs pour occuper des postes d’encadrement et de commandement. La chaîne hiérarchique forcément dévalorisée dans les esprits de ceux qui ont connu « l’ancien temps » va surfer des années encore sur une image émoussée. Si cette lecture est vraie dans la Gendarmerie, elle l’est aussi dans celle rapportée aux autres armées avec lesquelles elle entretient des relations privilégiées notamment en Opérations extérieures ou intérieures ou sur les bases militaires et civiles sensibles. La lecture vulgarise les perceptions. Quid de ces généraux qui occupent des postes créés sur mesure le temps qui leur reste avant la 2ème section ? Un général en Île-de-France chargé des grands évènements et tel autre chargé des retours d’expériences constituent des exemples frappants

La cause majeure d’une loi à problèmes Le problème c’est cette Loi de 2009 qui mélange la gendarmerie à la police et qui mêle dans un même code de la sécurité intérieure les forces sans ménager leur âme structurante. C’est le manque de courage qui vise à faire sans défaire, à s’engager sans vraiment y aller. Cette danseuse aux pieds d’argile qui sait massacrer ses hommes disciplinairement et qui ne peut affronter de front les enjeux de demain. C’est aussi le frein imposé par des chefs aux mêmes origines, saint-cyriennes, formés aux mêmes écoles, qui entretiennent le culte du réseau et des liaisons équivoques. On s’impose comme gage d’exclusivité une éthique et une déontologie, on massacre sans vergogne au nom de celles-ci des militaires malheureux d’avoir fauté. A défaut de courage on se recherche une virginité fonctionnelle pour conserver un statut militaire qui dévoilé les limites de l’exercice. On ne peut pas reprocher ce choix. En revanche, on regrette le mensonge qui l’accompagne. On nomme cela la démagogie, tellement décriée en formation initiale. Faire ce que je dis et non ce que je fais. Peutêtre fallait-il aller plus fort dans une véritable échelle indiciaire spécifique aux militaires de la Gendarmerie. Le risque de sécession de la grande famille des armées est possible. Tout est dans le jeu d’équilibriste. Le péril réside dans l’énergie des jeunes populations gendarmes qui se voient plus civils que militaires et constatent le peu de différence au quotidien entre leur métier et celui des fonctionnaires de la police nationale. Ce sentiment est renforcé par la défiance envers les chefs qui n’ont pas su accompagner le mouvement, engoncés dans des traditions et des habitudes sclérosées. La suite de l’aventure demeure les choix de Fond et de Forme que personne dans les faits ne maîtrise vraiment. Les organes de consultation institutionnelle ne sont plus fiables par leur analyse issue du sérail et des luttes politiques, dont les avis sont trop souvent téléguidés par la promesse d’un pantouflage assuré. L’avenir appartient à la qualité du Directeur Général actuel et à celui à venir. Un chef qui dispose d’une vraie vision politique, mêlant stratégie et communication interne avec un pouvoir, celui de décider. Décider devant ce parterre de généraux directeurs ou sous-directeurs qui, auréolés du PAGRE, veulent exister sur le devant de la scène au risque de s’isoler de la manœuvre d’ensemble. Il faut se préparer à demain et la remilitarisation interne (densification des PSIG, partenariat avec les Armées, opérations communes, ...) est certainement le signe que cela va encore bouger. A défaut de vexer les uns ou les autres, le ministre pourrait aussi décider de créer de toute pièce une nouvelle entité de sécurité publique s’appuyant sur l’existant et intégrant les forces périphériques que sont les douanes et les polices municipales.

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