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DA-NG lu par APNM G&C

Le Diplôme d’Arme – Nouvelle Génération (DA-NG) lu par l’APNM "Gendarmes et Citoyens"

L’examen national du diplôme d’Arme (DA) reste une épreuve structurante pour la carrière du gendarme mobile ou du garde républicain qui prétend à l’avancement pour occuper des postes à responsabilités supérieures. Cette sélection ambitionne de former des gradés meneurs d’hommes, performants et exemplaires qui constitueront l’ossature des unités. L’arrêté du 24 décembre 2021 modifie une partie de l’existant et intègre dans son cursus des unités d’intervention de la gendarmerie départementale. La formation se densifie et impose le monitorat en intervention professionnelle (MIP) pour chaque aspirant. Cette récente déclinaison imposée par le Directeur Général doit renforcer les termes capacitaires de la gendarmerie sur le terrain de l’opérationnel avec une idée de fond affirmée, être capable de répondre présent en légalité et en efficacité mais toujours en sécurité sur l’ensemble du spectre « paix-crise-guerre ».

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C’est beau, mais dans ce monde d’équilibristes, il faut contextualiser les éléments de manière élargie et politique. Le gendarme ne fait pas de politique ! C’est un soldat de la Loi. Dans les faits, tout n’est que politique et s’en défaire par idéologie naïve est une insulte à l’intelligence des hommes. Les enjeux de sécurité publique à venir imposent l’adaptation des formations. Il faut valoriser l’engagement de la gendarmerie dans ses missions de défense militaires et civiles et se souvenir du triple assassinat de nos camarades de Saint-Just (Puy-de-Dôme) par un forcené le 23 décembre 2020. Les faits divers de droit commun ou terroristes qui s’en sont suivis témoignent de la radicalisation de la criminalité en France et dans les territoires.

C’est la f ragilité de l’autorité d’un État contesté, parfois ridiculisé et incompris avec ces mille-feuilles législatives indigestes, qui met en difficulté le gendarme. Pour renforcer l’Image d’une souveraineté immaculée, il doit agir avec toujours plus d’éthique, de déontologie, de sécurité et dans la légalité. La judiciarisation et la publicité de l’exercice de la force publique sont de plus en plus prégnantes. Cet engagement de jésuite mêle dans une même euphorie, le discernement, la proportionnalité et l’absolue nécessité. Pour éviter la « bavure policière » qui peut déstabiliser un pouvoir plus rapidement qu’un « mur des cons », on doit être irréprochable. Il en va de l’image institutionnelle et de la République. Pour y parvenir, on va former plus et densifier les compétences pour rester dans la course à l’excellence et au positionnement des forces régaliennes dans l’off re de sécurité publique. En cas d’accident, l’employeur pourrait s’exonérer de sa responsabilité en engageant celle de son agent, plaidant la faute personnelle détachable du service, tels une clef de bras non règlementaire, une fouille palpation non conforme, un coup d’arrêt pas assez motivé. Et que dire de ce puriste contemplatif qui contesterait une action en légitime défense par un militaire ? La réaction du gendarme était trop hâtive, son gilet pare-balles pouvant encaisser une balle de 7.5 mm Affaire suivante ! Le culte du pas d’initiative par d’embrouille trouve son terreau dans la conscience naïve des endormis.

Pour l’heure, ce DA-NG qui ne s’adressait qu’aux sous-officiers de la gendarmerie mobile, de la garde républicaine ou encore du groupe d’intervention (GIGN), est ouvert à la filière intervention de la gendarmerie départementale. On veut former plus de personnels aguerris au commandement opérationnel, chose que ne propose pas l’examen d’Officier de Police Judiciaire (OPJ). Si le nombre de candidats GM/GR gonfle de manière conséquente, la part GD reste marginale. Le séisme culturel annoncé et parfois critiqué n’est dans les faits qu’une secousse dans l’existant mais avec des conséquences prévisibles sur la gestion des carrières des prétendants. On peut imaginer, une congestion de l’entonnoir de l’avancement pour ces centaines de jeunes DA-MIP livrés massivement. On peut envisager la farouche volonté de demeurer en unité « d’intervention » toute sa carrière suggérant le risque d’une consanguinité professionnelle. Et puis cette montée en compétence de personnels d’exécution remplis de testostérone peut se heurter à la légitimité d’un encadrement « (pré) historique » titulaire d’autres diplôme à l’instar de l’OPJ ou du DTSIC. Mais dans les Armées, celui qui commande est celui qui en a plus sur les épaulettes ! L’autre écueil est de créer une filière « intervention » de proximité exclusive du travail du quotidien sur le territoire qui va cristalliser la technicité pour de longues périodes. Encore des portes de sortie qui se ferment pour le brigadier. Cela dit, le CEGN va enfin disposer d’une réelle ressource pour encadrer les centaines de stages annuels de formation.

On retient donc que le DA-NG intègre une formation théorique et technique en Région, suivi d’un stage national à Saint-Astier. Celui qui sort du centre d’excellence du maintien de l’ordre doit être titulaire du MIP en plus du DA sous peine de redoublement. Les épreuves physiques constituent le premier socle filtrant avant d’aborder les trois stages portant sur le combat, le maintien de l’ordre public et l’intervention professionnelle. Un enseignement à distance (EAD) et des contrôles de connaissances accompagnent le dispositif.

L’APNM « Gendarmes et Citoyens » suggérait l’idée d’une performance individuelle certifiante mais exclusive de l’avancement avec l’AMIP (aide moniteur en intervention professionnelle) pour TOUS les personnels en unités « d’intervention ». Cette lecture au coût maîtrisé avait l’avantage de produire vite et massivement un socle durci et de proposer aux meilleurs éléments, le monitorat IP (MIP) accessible à l’avancement. La réforme retenue impose à Saint-Astier d’absorber la masse importante de candidats qui va provoquer un report des recyclages des MIP actuels (on parle de 5 à 8 ans) et un ralentissement des séjours à Saint-Astier pour les escadrons (on évoque de 2 à 3,5 ans).