Collège Elsa Triolet (Vénissieux)

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Graines de lecteurs Récits

Collège Elsa Triolet - Classe de 6e Samia Aknouche et Laëtitia Mauro


Histoires écrites par une classe de 6e du collège Elsa Triolet (Vénissieux) Avec l’aimable collaboration de Evelyne Brisou-Pellen



Ma vie de vagabond

par les Êlèves de 6e2


C’était au printemps. Je me baladais tranquillement au Paradis quand j’aperçus Saint-Pierre. Je voulus lui parler, mais avant que je puisse ouvrir la bouche, il pointa son doigt sur moi. Il avait un air furieux. Je me réveillai au milieu d’odeurs affreuses. Ça ne sentait pas la rose ! Des choses gluantes collaient à ma peau. Une épluchure de banane, des emballages… Je ne mis pas longtemps à comprendre dans quel pétrin j’étais : Saint-Pierre m’avait réincarné en vagabond ! Je me retrouvais dans une poubelle ! Vous imaginez ! Et je ne vous parle pas de la touffe de poils qui s’était collée à moi : elle me léchait le visage et aboyait. Heureusement , la chance me fit un signe : un homme me jeta au visage une vieille paire de chaussures à moitié trouées. Oui, bon, j’avoue qu’elles étaient vraiment sales. Les semelles moisies sentaient mauvais. Pouah ! Je ne pouvais plus supporter cette odeur. Il était temps de sortir de là. Je mis les vieilles chaussures avec bien du mal, à cause de la couche de crasse sous mes pieds. Je réussis quand même et sortis de la poubelle. Mais j’avais oublié de nouer les lacets. Je tombai et je me cognai la tête contre le trottoir. Boum ! Crac ! Badaboum. L’aventure s’arrêta là. Je mourus. À cause de lacets !


Ma vie de sorcière

par les élèves de 6e2


Quand j’arrivais au paradis tout sale et tout gluant, saint Pierre était tellement énervé qu’il me renvoya sur terre.

J'étais une vilaine sorcière. Le problème, c’est qu’il m’avait doté de pouvoirs sans le savoir. Je pouvais faire tout ce que je voulais... Malheureusement, je ne savais pas vraiment m’en servir, vous allez voir…

J’ouvris une boulangerie pour attirer les petits enfants. Je commençais toujours par offrir des bonbons à mes victimes… et puis ensuite je les faisais cuire en rôti. Mes affaires marchaient bien.

Un jour une femme entra dans le magasin. Elle en avait mangé beaucoup des bonbons, vu ses dents : elle n’en avait plus du tout ! Je lui offris un de mes bonbons empoisonnés, mais elle me le lança au visage en hurlant : « Saleté ! ».

Une énorme flamme sortit de sa bouche. Mes pieds prirent feu et tout mon corps brûla. C’est ainsi que ma vie de sorcière s’acheva. On n’imagine pas mourir plus bêtement.


Ma vie de marchand de glaces

par les Êlèves de 6e2


A la suite de cette catastrophe, Saint-Pierre m’envoya à Marseille. « Tu verras, la mer et le soleil te remettront d’aplomb ! », il m’avait dit. Hum hum. Là-bas je devins marchand de glaces. Le premier jour, je récoltai deux cent cinquante euros ! Je m’offris un massage, des soins chez le podologue et de nouvelles baskets Nike Air multi-sport. Les enfants et les chiens étaient mes meilleurs clients. Le sucre les attirait comme des mouches. Tout leur argent de poche passait dans les deux boules vanille chocolat ! L’autre avantage, c’était que je pouvais rester tranquillement pieds nus dans mes tongs. Les orteils étaient à l’aise. Quel bonheur ! Enfin, un bonheur de courte durée. Le septième jour, la mer se démonta, et les vagues emportèrent ma roulotte à glaces. Devinez la suite… Sans penser à retirer mes tongs et sans savoir nager, je plongeai pour sauver la glacière et l’argent, mais mon pied se prit dans le moteur et je me noyai. A cause d’une tong ! C’est incroyable ! On n’imagine pas mourir plus bêtement.


Ma vie de bébé

par les élèves de 6e2


Retour au point de départ… Je ne comptais plus mes nouvelles vies à présent ! Cette fois, Saint-Pierre m’avait transformé en bébé ! Areu, areu ! J’étais âgé de six mois et je vivais dans une famille d’accueil très gentille. Mais j’aurais préféré être celui que j’étais avant. J’en avais assez qu’on me berce et de tous ces bisous baveux. Pouah ! Et je ne vous raconte pas les berceuses que je devais supporter du matin au soir...Quel cauchemar !

Les humains ont une manière bizarre de se nourrir. Il faut tirer comme un fou pour quelques gouttes blanches. Ce n’est franchement pas un bon système ! Non, la vie de bébé n’était pas drôle. Comme j’étais petit, on ne me voyait pas et, un jour, le chien me poussa contre l’armoire, qui manqua me tomber dessus. Et puis qu’est-ce que j’avais mal aux pieds ! On voulait me faire marcher alors que je n’avais que six mois. S’apercevant de mes douleurs, ma mère décida de me tricoter des petits chaussons en laine. De magnifiques chaussons tout doux. Le problème c’est qu’elle oublia l’aiguille… Celle-ci s’enfonça dans mon pied, la blessure s’infecta, la maladie monta aux genoux, au ventre et au cerveau… Vous devinez la suite ? J’allai retrouver Saint-Pierre qui m’accueillit avec bonté… On n’imagine pas mourir plus bêtement.


Ma vie pieds nus

par les Êlèves de 6e2


Après cette mésaventure, Saint-Pierre pensa qu’il me faisait une fleur en me renvoyant sur terre pieds nus. Oui, je revins au monde sans chaussures ! Vous imaginez comme les gens me regardaient. Quelle honte ! Une dame s’arrêta devant moi et remarqua que je n’avais rien aux pieds. Alors elle me dit : - Vous avez frappé à la bonne porte, jeune homme. Je répare les chaussures comme les vôtres. Je demandai : - Quelle porte ? - Suivez-moi. Pourquoi pas ? Je n’avais rien à perdre. Elle me conduisit dans son atelier de cordonnière. Il y avait des machines étranges : coupe-pieds, tord-orteils, arrachegenoux, pinceongles et tape-chevilles. Brrr… Rien que d’y repenser, j’en ai froid dans le dos... J’étais tombé sur une trafiquante de pieds ! Elle s’occupa bien de moi : elle me fit tester toutes les machines. Aussi, je commençai sans chaussures et je finis… sans pieds. Vivre sans pieds ne valait vraiment pas la peine, aussi je me laissai mourir. Saint-Pierre retrouva mon corps dans un petit appartement parisien. J’avais fait la une des journaux, car on avait cru que c’était mon chien qui, affamé, m’avait mangé les deux pieds ! Non, franchement, on n’imagine pas mourir plus bêtement !


Ma vie de matelot

par les Êlèves de 6e2


1942. À bord du cuirassé Bismark. Je taquinais le commandant et, à la cuisine, les cantiniers m’envoyaient des assiettes en visant mon point faible : mes pieds. Je peux dire que j’étais dans l’embarras et les autres avec moi. Le sergent et le caporal me rappelèrent à l’ordre. Le chien me vengea en les mordant pour leur faire payer leur méchanceté . Moi, vexé, je montai sur le pont du bateau. Manque de chance, le matelot venait de nettoyer le sol. Je glissai, passai par dessus bord, tombai sur l’hélice qui me broya la cheville… Ma mort fut instantanée. On n’imagine pas mourir plus bêtement.


Ma vie de policier

par les Êlèves de 6e2


Pris de pitié, Saint-Pierre me donna une carte chance pour une nouvelle vie : dans cette vie-là, j’étais policier. Saint-Pierre avait fait attention que mes chaussures soient confortables, mais elles étaient trop lourdes. J’aimais bien mon métier. J’étais le justicier de la ville et je faisais toutes mes missions avec mon berger allemand. J’adorais arrêter les bandits, les voleurs et les criminels. J’étais maladroit, mais mes collègues et surtout mon chien étaient toujours là pour me sortir des galères.

Enfin jusqu’au jour où... On préparait un gros coup. Moi j’étais fatigué par les missions. Mes chaussures pesaient de plus en plus lourd et m’écrasaient les pieds. Ce soir-là en rentrant chez moi, je les enlevai et réglai mon réveil. Mais je tombai dans un sommeil profond et ne me réveillai qu’à midi. J’avais raté la mission ! Je courus jusqu’au poste de police. M. Piéplat, le chef de la brigade anticrime, me renvoya et mit mon berger allemand en prison. Là, les vrais ennuis commencèrent. En sortant du poste de police, je me fis frapper par des voyous. Je ne pus m’échapper à cause de mes chaussures trop lourdes. Ensuite, je dérapai sur une bouteille de bière vide. Le poids de mes chaussures la fit éclater et je tombai sur un bout de verre, qui s’enfonça dans mon pied. La veine était touchée. Je souffrais d’une hémorragie sévère. Toutes mes vies défilèrent dans ma tête jusqu’au dernier souffle. On n’imagine pas mourir plus bêtement.


Ma vie de trappeur

par les Êlèves de 6e2


Cette fois-ci cela devait être la bonne. J'avais prié nuit et jour pour que Saint-Pierre exauce mon vœu de tranquillité. J’espérais juste passer du bon temps avec mon chien. Saint-Pierre m’avait renvoyé sur terre dans un pays glacial, plus précisément en Alaska. Je trouvais de la neige, de la neige, de la neige partout ! C’était très beau, remarquez ! Vous vous rendez compte, là-bas les ours polaires étaient en liberté ! Je menais la belle vie. J’avais une trentaine d’années, j’étais en très bonne santé et j’exerçais le métier de trappeur : je vendais des peaux d’ours polaire. Un jour que j’étais parti au lac gelé pêcher avec mon chien (il fallait bien manger !), je jetai un bâton de dynamite pour détruire la couche de glace qui enfermait les poissons. Mon chien crut que je voulais jouer avec lui et que la dynamite était un bâton en bois. Il courut sur la glace et me la rapporta. À votre avis, que se passa-t-il ? Je ne réussis pas à m’enfuir car la semelle de mes chaussures était restée collée à la glace. Nous avons explosé tous les deux. Un ours polaire s’est régalé avec des morceaux de nous sur la banquise. Je me suis de nouveau retrouvé au paradis. - Ta mort était explosive ! a dit Saint-Pierre pour m’accueillir. Voyons Saint-Pierre, imaginais-tu une mort plus bête ?


Ma vie d’électricien

par les élèves de 6e2


Là, j’osais dire à saint-Pierre que je ne voulais plus d’une autre vie. J’en avais assez. Mais il me rassura : - J’ai une idée ! Et si je te renvoyais dans le futur ? Là-bas tu trouveras chaussure à ton pied. Il ne croyait pas si bien dire… Je répondis : - Très bien ! Et il m’envoya dans le futur. Dans cette vie, j’étais un civil ordinaire. J’étais électricien. Mais visiblement il y avait déjà un problème avec moi : tous les gens me regardaient bizarrement. En fait, ils ne me regardaient pas, ils me fixaient. Je remarquai que j’étais pieds nus. J’allai dans un magasin m’acheter une paire de chaussures. Je les essayai, mais elles me faisaient mal. Le vendeur me dit : - Ce sont des chaussures-robots. Une fois qu’on les met, impossible de les enlever. Mais elles ont plusieurs options. Elles vous conduiront où vous voudrez, sans aucun effort. Les chaussures métalliques me faisaient très mal, mais je les achetai quand même. Quelques jours plus tard je trouvai un travail dans une entreprise de véhicules, et je l’acceptai. Malheureusement, j’étais souvent en retard et un jour, pour éviter d’être renvoyé, j’activai l’option turbo de mes chaussures. J’entendis alors le bruit d’un moteur qui chauffe. L’odeur de brûlé et la fumée venaient des semelles ! Je fus directement propulsé chez Saint-Pierre et explosai à l’entrée du paradis. On n’imagine pas mourir plus bêtement.


Ma vie de clown

par les Êlèves de 6e2


Saint-Pierre avait sûrement voulu se moquer de moi ! Il m’avait envoyé dans un cirque. J’étais clown ! J’avais plein de numéros différents, mais mes tours faisaient peur aux enfants. Le public me sifflait, les spectateurs me jetaient des tomates, les bébés pleuraient. J’étais si malheureux dans mes chaussures trop grandes… Un soir, je fus chassé et dus quitter la piste. Pour me consoler, je me commandai une pizza et m’installai près de la niche du chien pour attendre l’arrivée du livreur. Puis je dévorai ma pizza jusqu’à la dernière bouchée... Il restait encore une olive au fond de la boîte. Je l’attrapai et l’engouffrai... mais je l’avalai de travers ! Je m’étouffai... On n’image pas mourir plus bêtement.


Ma vie de chat

par les Êlèves de 6e2


Bon cette fois j’espérais mener une vie meilleure, car Saint-Pierre m’avait transformé en chat. Oui : en chat ! Je commettais une grave erreur : la vie de chat est loin d’être facile ! Ecoutez plutôt ce qui arriva : ce jour-là, je marchais tranquillement dans une ruelle quand, d’un coup, une femme de ménage surgit d’une porte et me repoussa avec son balai. Là, je m’aperçus que la rue était terrifiante (du moins pour un chat), car c’était la rue des chiens ! Imaginez ma frayeur quand un dogue énorme s’approcha de moi. Je fis un bond et tombai dans les égouts. Or les chats ne savent pas nager... On n’imagine pas mourir plus bêtement. Alors, Saint-Pierre, ça t’amuse de me transformer en chat ?


Ma vie d’esclave

par les élèves de 6e2


La fois suivante, je me retrouvais en Afrique. Il faisait chaud, très chaud, terriblement chaud. Saint-Pierre n’avait rien trouvé d’autre que de faire de moi un esclave. Je n’étais pas libre. Je devais travailler tous les jours jusqu’à la nuit. Toute la journée je portais des sacs de terre que mon maître allait vendre. Lorsque je faisais tomber les sacs, mon maître me fouettait. À la fin, je ne servais plus à rien puisque je ne tenais plus debout. Mes pieds étaient brûlés par la chaleur. Alors je m’enfuis. Je marchai longtemps. Sur le chemin je rencontrai un dromadaire. En voyant mes pieds brûlés, il me laissa monter sur son dos et, là, devint mon compagnon. Nous fîmes un long chemin ensemble dans le désert... et nous mourûmes de soif à un kilomètre de l ’oasis. On n’imagine pas mourir plus bêtement.


Ma vie d’écolier

par les élèves de 6e2


À ma vie suivante, j’avais des chaussures trop petites et du mal à aller jusqu’à l’école. En plus, comme je faisais plein de fautes d’orthographe, ma professeure de français (qui avait les cheveux blancs et un gros chien gris) me mettait beaucoup d’heures de retenue. La seule mat ière que j’aimais était le sport. En cours de gymnastique, on pouvait au moins rester pieds nus. C’était confortable. Seulement voilà... Je m’exerçais sur la poutre, quand le chien me sauta dessus. Je chutai lourdement… On n’imagine pas mourir plus bêtement.


Ma vie en patins à roulettes

par les élèves de 6e2


Et là, Saint-Pierre m’avertit : c’était ma huitième et dernière vie. Il m’envoya en 1984. Je me retrouvai devant une discothèque. J’entrai. Tout le monde dansait sur un air de Madonna « Like a virgin ». Je commençai à danser moi aussi. Ah oui ! J’ai oublié de vous dire que je venais tout juste de m’offrir des chaussures à roulettes . C’était la mode. Tous les jeunes avaient des chaussures à roulettes en 1980. Et tout le monde mâchait du chewinggum Hollywood Chewing-gum et tout le monde écoutait Madonna. Une fille ne quittait pas des yeux mes chaussures à roulettes. Mon chien Tobie ne me quittait pas non plus. Il était très jaloux. Il ne s’ennuyait pas parce qu’il était fan de Madonna lui aussi. Ma tête commençait à tourner. Je voulus m’asseoir, mais mes chaussures à roulettes ne réussirent pas à m’amener jusqu’à une chaise. Je perdis l’équilibre et je tombai la tête la première sur la piste de danse. Ma tête ne supporta pas le choc. Mon chien Tobie et la fille continuaient de se dandiner sans s’apercevoir que j’étais en route pour le paradis. Sûr, on n’imagine pas mourir plus bêtement, mais ma consolation, c’est que ce jour-là, je suis mort sur un air de Madonna.


Les talons aiguilles

par les Êlèves de 6e2


Au début, tout allait bien. Saint-Pierre m’avait envoyé dans une famille princière – un peu spéciale, il faut bien le dire. J’étais fille de roi et… je l’ignorais ! Chaque dimanche ma mère, mes frères et moi allions à la messe. Nous étions toujours assis à côté du roi, mais ce n’était pas vraiment chaleureux. Ce jour-là, après la cérémonie, ma mère m’annonça : – Ma petite, je dois te le dire : tu es la fille du roi. Il est temps pour toi de vivre au palais près de ton père. C’est ainsi que je sus que j’étais une princesse ! Vous parlez d’une nouvelle ! Le problème, c’est que Saint-Pierre ne connaissait pas très bien la Cour du roi. Il pensait que tous les courtisans étaient sympathiques. Au tout début, je n’eus pas à me plaindre de la situation. Les courtisans étaient polis avec moi et me laissaient le passage. C’était vraiment une vie tranquille. C’est un peu plus tard que cela se gâta. Lorsque j’eus dix-huit ans, mon père m’annonça que j’étais assez grande pour me marier. Et comme je devais épouser l’empereur, il voulait que je m’habitue à porter des talons aiguilles. J’étais contente. Je pensais que cela serait élégant et confortable. Jusqu’à ce que je comprenne que porter des talons hauts est compliqué. Je m’habituais quand même peu à peu et, un jour, voulant faire ma coquette, je décidai de mettre les talons les plus hauts de Paris pour aller au bal. Je m’amusai follement...Trop ! Je glissai sur la piste et tombai tête la première. La chute fut fatale. J’étais en colère : tout cela parce qu’une princesse doit porter des talons hauts ! On n’imagine pas mourir plus bêtement. Saint Pierre comprit alors que je n’étais pas faite pour être princesse, ni même peut-être fille.


Ma vie d’inventeur de machines

par les élèves de 6e2


La fois suivante, Saint-Pierre m’expédia d’un grand coup de pied aux fesses jusqu’en 3602 ! Il avait écrit sur son ordinateur et m’avait programmé une vie d’inventeur de machines. Incroyable ! Il y avait des machines et du métal partout, des boutons de métal et des métaux en boutons, des machins métalliques, des manivellesmétal et des musiques-métal. Mais le mieux c’était les chaussures -métal. C’était dur et froid, comme ma vie - car vous savez, j’étais seul avec un grand vide. Du coup, je me fabriquai un chien-robot pour me tenir compagnie et remplir un peu ma vie. Je le promenais dans un jardin près d’un lac pour faire ses besoins. Un chien-robot qui fait pipi ? Les nouvelles technologies ont des limites. Pendant ce temps, j’observais les alentours et les passants, sans me rendre compte que la terre entrait dans mes chaussures-métal. Quand je m’en aperçus, je secouai mes pieds et me dandinai pour la faire sortir. Croyant que je dansais, les gens m’envoyaient des pièces et m’applaudissaient. Hélas, je glissai sur l’urine du chien et tombai dans le lac. Et là, mes chaussures-métal me tirèrent dans le fond de l’eau… Gloup gloup ... On n’imagine pas mourir plus bêtement. Tel un gros filet de poissons frais, je fus immédiatement repêché par Saint-Pierre.


Seul sur Ionix

par les élèves de 6e2


Pensant se débarrasser de moi, Saint-Pierre prit la décision de m'éloigner quelque temps. Il m'envoya loin, très loin. Je franchis les années à la vitesse de la lumière et me retrouvai sur Ionix. Je me plaisais énormément au milieu de tous ces robots et de ces machines volantes. Wahou ! C'était incroyable ! Le seul problème c’est que saint Pierre ne savait pas que j’étais le seul être humain dans ce monde. Au tout début, je n’eus pas à m’en plaindre, car personne ne me parlait ; tout le monde avait peur de moi. C’était une vie sans personne qui vous embête, bien qu’un peu solitaire, il faut bien le dire. C’est un peu plus tard que cela se gâta, le jour où on m’annonça que je devais quitter le futur parce que j’étais peut-être une menace pour Ionix : en effet, je n’étais pas comme tout le monde ; je ne ressemblais pas du tout aux habitants de Ionix. C’était horrible pour moi car j’adorais ma vie dans cette galaxie. J’étais si déprimé de devoir quitter le futur, que j’allai me promener le long du canal galactique pour me changer les idées. Et là, je croisai des Martiens. Brrr. Ils avaient l’air agressif. Je m’approchai doucement de l’un d’entre eux pour les rassurer, mais il jeta un gros caillou pour donner l’alerte. Car c’est comme ça que les Ionixiens se protègent quand ils se sentent menacés. La pierre atterrit sur mon pied. Le malheureux comprit qu’il faisait une erreur m’entendant hurler de douleur. Pour se faire pardonner, il m’embarqua à bord de son vaisseau et m’emmena à l’hôpital pour me faire soigner. Malheureusement, le médecin qui m’ausculta n’ayant jamais vu un pied de sa vie ne pouvait pas faire grand chose. Il voulut essayer le rayon laser... et me brûla le pied. J’attrapai une infection... On n’imagine pas mourir plus bêtement.


Une chasse au mammouth

par les Êlèves de 6e2


Quand je rouvris les yeux, deux énergumènes étaient penchés sur moi. Mon père et ma mère attendaient mon réveil. À leurs vêtements en peaux de bêtes déchirés et à leurs cheveux ébouriffés, je compris que j’étais revenu à la préhistoire. Le seul problème c’est que Saint-Pierre avait oublié un petit détail : on ne porte pas de chaussures à l’époque préhistorique. Au début je n’eus pas à m’en plaindre et c’était même plutôt agréable de marcher pieds nus. Un jour mon père m’emmena à la chasse. Nous étions sur la trace des mammouths et espérions bien en capturer un : la trib u aurait à manger pour un mois ! La partie de chasse vira au cauchemar ! Un mammouth comprit notre manège et nous chargea. Mon père eut le réflexe de lui planter sa lance dans la patte, ce qui fit reculer l’animal dans un hurlement de douleur. Ouf ! Nous étions sauvés ! C’est un peu plus tard que cela se gâta. Car un jour, la tribu recroisa le mammouth. L’animal nous reconnut, mon père et moi ! Sa fureur remonta, et il nous poursuivit. Sauf qui peut ! Mon père s’enfuit à toute allure, me laissant me débrouiller tout seul. Je courus derrière lui mais j’étais moins rapide et je fus rattrapé par le monstre qui stoppa ma course. La bête savoura sa vengeance en m’écrabouillant de sa grosse patte... hélas guérie. On n’imagine pas mourir plus bêtement.


Baignade mortelle

par les Êlèves de 6e2


Saint-Pierre ne jugeait pas toujours utile de me demander mon avis et, cette fois-là, il fit de moi un footballeur sur Mars. Et comme c’est une planète où on passe son temps à jouer au football, Saint-Pierre avait prévu des chaussures à crampons pour me protéger des blessures et me rendre immortel. Mais pendant un de ces matchs inoubliables, je me fis tacler à la cheville et je finis à l’hôpital. On m’opéra, et je dus attendre de long mois avantque l’on ne m’enlève les bandages. Je compris alors que je ne pourrai plus jamais faire de football… Vous ne devinerez jamais pourquoi ! Mes pieds avaient rapetissé ! Les choses se gâtèrent encore quand on me greffa des adaptateurs électriques dans les deux jambes. Comme je souffrais beaucoup, je voulus aller consulter un podologue intergalactique. Le médecin me recommanda quatre bains chauds sur Uranus, trois douches froides sur Neptune et huit bains tièdes sur la Lune. Bien sûr, je ne devais enaucun cas me mouiller les pieds. Quand j’y pense, cette consultation n’était vraiment pas une bonne idée. De retour sur Mars, je découvris avec surprise que mes pieds étaient devenus des palmes ! Fou de joie, j’allai à la mer pour les tester. Pauvre naïf ! Je plongeai avec plaisir dans l’eau turquoise... Seulement, une fois encore, Saint-Pierre avait oublié un petit détail : dans cette vie, je ne savais pas nager... On n’imagine pas mourir plus bêtement ! J’arrivai trempé et couvert de vase chez Saint-Pierre qui mit longtemps avant de reconnaître son petit protégé.


Victime de démangeaisons

par les élèves de 6e2


Je vous préviens : ma vie sur Mars fut un échec. Saint Pierre m’avait vu arborant un tee-shirt de la Nasa au Paradis. Pour me plaire, il me fit tester la vie sur la Lune. Ingénieur sur la Lune, voilà ce qu’il avait prévu pour moi ! Là-bas au moins je ne touchais pas le sol et je ne risquais aucune blessure aux pieds. Quelle bonne idée il avait eue, vous ne trouvez pas ? Le paysage était un peu morne, c’est vrai, mais j’oubliai vite ce petit inconvénient. Je n’eus pas non plus à me plaindre des extra-terrestres mais ils parlaient un drôle de langage, mais nous arrivions à nous comprendre. Oui , cette fois c’était la plus belle, la plus paisible, la plus intéressante des vies que m’offrait Saint-Pierre. C’est un peu plus tard que je compris ma douleur... quand j’eus l’irrésistible envie de me gratter les pieds. Me tenant à un poteau, je frottai énergiquement mes orteils. Les extraterrestres pensèrent que je les provoquais, car sur la Lune, se gratter les pieds équivaut à une menace de mort ! Alors ils sortirent tous leurs armes XFile34575 pour me tirer dans les pieds ! Et c’est comme ça que je mourus… À cause de mes démangeaisons aux pieds, vous vous rendez compte ! On n’imagine pas mourir plus bêtement !


Pieds tordus

par les Êlèves de 6e2


À la longue, tout finit par aller mal. J'étais un pauvre esclave à la merci de Pharaon. Mes parents ayant été tués par l’armée égyptienne peu après ma naissance, j’étais orphelin. Et, en plus, j’étais né avec les pieds tordus. Que voulez-vous,,ce sont des choses qui arrivent ! Heureusement, la fille de Pharaon remarqua mon beau visage et me fit élever par ses servantes. Le seul problème, c’est que Saint-Pierre n’était pas bien renseigné sur les coutumes égyptiennes. Il les confondait avec les moeurs chinoises : il pensait que les Egyptiens se bandaient les pieds et que personne ne remarquerait mon petit défaut… Au début, personne ne se rendit compte de rien. Non seulement on me trouvait mignon, mais en plus on me laissait la liberté de ne rien faire de mes journées. C’est un peu plus tard que cela se gâta. Lorsque j’eus onze ans, on m’annonça que j’étais assez fort pour construire des pyramides. Mais quand l’architecte remarqua mes pieds, il alla prévenir Pharaon. Un homme aux pieds tordus est un présage de mort pour Pharaon - un homme très superstitieux. Il fallait donc me faire disparaître au plus tôt. Et c’est ce qui se produisit. On ordonna une mise à mort immédiate. Parce que j’avais les pieds tordus... On n’imagine pas mourir plus bêtement. Saint-Pierre lui-même fut choqué de ce manque de politesse et de tolérance à mon égard. Il jura de ne plus jamais m’envoyer en Egypte et promit de m’offrir quelques mois de vacances, loin des pyramides et des pharaons.


Pris au piège

par les élèves de 6e2


Saint-Pierre m'accueillit une fois encore, l'air un peu contrarié quand même. Il tapota quelques instants sur son ordinateur. Un message d'erreur s'afficha. L'écran s'éteignit. J'ignore ce qui se passa réellement ce jour-là. Quand je m'éveillai, j'étais dans la forêt et j’avais faim. Je cueillis des framboises pour me caler l’estomac, mais je compris rapidement que, dans cette vie-là, j’aurais d’autres problèmes à résoudre pour rester en vie. Car Saint-Pierre n’était pas encore bien renseigné sur la Préhistoire ou bien il vieillissait et devenait amnésique. Comment pouvait-il encore croire qu’il est possible de survivre sans rien à se mettre aux pieds ? Au début je n’eus pas à me plaindre. Je pensais que c’était vraiment une vie facile. Lorsque j’eus vingt ans, on me dit que j’avais enfin l’âge de chasser. On m’enseigna la manière de tuer le mammouth. Comme je devais faire beaucoup de chemin et que personne ne nettoyait jamais la forêt, j’avais tout le temps les pieds blessés par les pierres et les épines, et je hurlais souvent de douleur. Evidemment, ce n’était pas la peine de songer à courir. Un jour, je fus sur le point de tuer un mammouth... quand je tombai dans mon propre piège. Mes pieds s’empalèrent sur les piques… On n’imagine pas mourir plus bêtement. Je revins auprès de Saint-Pierre plus désespéré


Le jour où je devins ermite

par les élèves de 6e2


Dans cette nouvelle vie, tout allait bien. J’étais marchand ambulant en fauteuil roulant. Je gagnais beaucoup d’argent. Les gens me prenaient en pitié et m'achetaient tout ce que j'essayais de leur vendre. Ils pensaient sûrement que cela leur porterait bonheur… Vous savez comme sont les gens... Ma femme et nos douze enfants étaient les plus heureux. Ils avaient tout ce qu’ils désiraient. Je les couvrais de cadeaux du matin au soir. C’est ainsi que je me crus le plus heureux des hommes. Le seul problème, c’est que saint Pierre ignorait que l’argent ne fait pas le bonheur. Au début je n’eus pas à me plaindre de son ignorance. C’est un peu plus tard que cela se gâta. Un jour, par malheur, ma maison brûla avec tout ce qu’il y avait dedans, y compris mon argent. Pour me renflouer, j’avais toujours mon métier, mais mes enfants avaient été si gâtés qu’ils ne supportèrent pas que je ne leur fasse plus de cadeaux. Ils s’éloignèrent de moi, et ma femme me quitta. Je pensai que si je retrouvais l’usage de mes jambes tout redeviendrait comme avant. Je passais plusieurs heures quotidiennes à faire de la gymnastique et pus quitter mon fauteuil roulant. Hélas ! Cela ne changea rien. Ma femme et mes enfants ne revinrent jamais. Fou de chagrin, je partis vivre seul au fond des bois. Les animaux devinrent des compagnons et, peu à peu, les années effacèrent ma peine. Savez-vous que je vis encore ici à présent ? C’est ici que je mourrai sans doute. On n’imagine pas mourir plus heureusement !



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