Ecole Picard-Liauthaud (Givors)

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Graines de lecteurs RĂŠcits

École Picard-Liauthaud - Classe de CM1-CM2 - Virginie Masson


Histoires écrites par une classe de CM1-CM2 de l’école primaire Picard-Liauthaud (Givors) Avec l’aimable collaboration d’Alex Cousseau



MaĂŽtresse Kraken


La maîtresse a un gros problème : Diego ! Pour le punir, elle lui fait une mauvaise blague qui va l’amener, malgré elle, à devenir une légende. CHAPITRE 1 UNE MAUVAISE BLAGUE Je m’appelle Virginie et j’ai 31 ans. Je suis tellement petite que je me sens comme une sardine au milieu de l’océan. D’ailleurs, j’ai des lunettes rondes qui me donnent un air de poisson avec des yeux globuleux. J’ai l’impression d’être gentille mais mes élèves me trouvent sévère. Il faut dire qu’ils sont assez agaçants. J’enseigne à Givors. C’est une petite ville au bord du Rhône. J’ai 21 élèves dans ma classe dont un élève qui ne fait que des bêtises : il parle, il joue…Bref, il m’agace ! Diego perturbe toute la classe avec ses blagues bizarres, très bizarres. Tous les jours, il nous enquiquine et même parfois l’école toute entière. Mais ce Diego, plutôt costaud, a un point faible : il a une peur bleue des…POISSONS !!! Alors quand vient le premier avril, le jour des poissons, je ne me prive pas pour taquiner Diego à mon tour, en lui collant des poissons dans le dos. Sauf que cette année, ça a mal tourné. En plus des habituels poissons en papier sur son dos, j’ai osé mettre un vrai poisson dans sa trousse : une petite sardine !!! Pas en papier, pas en boite…non, une véritable sardine !

Quand Diego arrive en classe à 14h, j’essaie de cacher mon sourire. J’ai hâte de voir sa réaction quand il découvrira ma blague. Diego, qui ne se doute de rien, rentre en classe comme d’habitude avec un grand sourire, en faisant du bruit et en imaginant les bêtises qu’il va pouvoir faire.


C’est à ce moment que je demande aux élèves de sortir un stylo de leur trousse. Je regarde Diego fixement. Il ouvre sa trousse et soudain il saute de sa chaise, il propulse le bureau loin de lui, il hurle. La trousse vole et le poisson finit par atterrir sur sa tête. Diego gesticule et s’agite. En riant, je m’approche de lui et lui retire le poisson de la tête. Je lui dis qu’en agissant ainsi il ressemble à un petit kraken. Diego est rouge écarlate de colère, il transpire et il me dit avec un ton agressif : « Et vous, vous ressemblez à un poisson avec vos grosses lunettes. ». De colère, il jette sa trousse à terre et sort en courant de la classe pour aller se plaindre au directeur.

AVANT DE ME TRANSFORMER EN KRAKEN, J’AI ESSAYÉ EN POISSON… En rentrant le soir, en longeant le Rhône, je regarde mon reflet dans l’eau. Je ressemble bien à un poisson. Et je me dis : « Et si j’essayais ? ». Je saute dans l’eau sans réfléchir. Soudain, je ne me sens plus humaine. Tout à coup, je commence à manquer d’air. Je sens mon corps qui tremble, je frissonne. Je vois plein de bulles remonter à la surface, ça va mieux. Je sens mes ongles se détacher un à un, quelle douleur ! Quand j’ouvre les yeux, j’ai des nageoires à la place des bras et des écailles sur tout le corps. Mes os se transforment en arêtes. Je ne vois plus mon nez, mes cheveux tombent, mes sourcils ont disparu. Ma peau devient bleue et mes pieds forment une queue. Je sens des picotements, je suis toute gluante. Mon corps de poisson bleu à peine complété vire petit à petit au rose. Je rétrécis. Je ressemble à une carpe. Mais ce n’est pas fini. Tout à coup, je sens mon corps s’élargir, je prends du poids. Je sens mon instinct


animal qui se déchaine. Puis j’ai l’impression que mon corps s’étire, s’allonge. Je deviens de plus en plus gluante. Je vois des tentacules pousser partout sur mon corps. Elles se couvrent de petites ventouses. Cela me chatouille. Ma tête grossit et mes yeux deviennent globuleux. Je me sens très lourde. Je crois que je suis…un kraken ! Je suis effrayée, je n’aurai jamais dû faire cette mauvaise blague à Diego. Je regrette tout ce que j’ai fait, je voudrais revenir en arrière. Je décide de me diriger sur la berge pour essayer de me métamorphoser à nouveau. Je veux redevenir humaine ! Je me sers de mes tentacules pour me propulser hors de l’eau. Cela fonctionne bien, elles sont très utiles ! C’est bizarre, je n’arrive plus à respirer à l’air libre. Mais que se passe-t-il ? Mes poumons semblent se serrer…non, je me trompe, je n’ai plus de poumons ! Je suis sur le point de m’évanouir. Quelle horreur ! Il faut que je retourne dans l’eau. Je me jette au fond de l’eau. Je peux respirer à nouveau. J’ai beau tout essayé, je ne pourrai pas redevenir moi-même ! J’ai envie de pleurer. Est-ce que je vais rester un kraken toute ma vie ? Je pense à ma famille qui va s’inquiéter. Peut-être que tout ceci n’est qu’un mauvais rêve ? Mon esprit s’échappe et je m’imagine présenter des excuses à Diego…Mais quand je reviens à moi, je suis toujours énorme, marron, gluante et affreuse. Bref, je suis un kraken ! Une véritable légende ! Plus rien ne sera jamais pareil. Désespérée, je décide de nager et de profiter de cette situation pour voyager. Je veux partir loin, très loin.


CHAPITRE 3 LE KRAKEN TOURISTE Je nage en direction du sud. Quand je sors la première fois la tête de l’eau, je vois que je suis à Vienne. J’observe les ruines du château qui se trouve sur la colline. Je vois le musée gallo-romain que j’ai déjà visité avec mes élèves. Tant de souvenirs… Je replonge dans l’eau et je continue à nager. Je commence à avoir faim. Je décide d’attraper quelques poissons et de les manger. Ce n’est pas très bon. Je poursuis mon périple. Au bout d’un moment, je décide d’essayer de voir où je me trouve. Je sens une odeur très agréable de miel et d’amandes. Cela me rappelle l’odeur des nougats lorsque j’allais chez mes grandsparents. Je dois être à Montélimar. Je m’endors me laissant guider par le courant.

A mon réveil, je sors la tête hors de l’eau et... Aïe, je me cogne contre un pont ! C’est le pont d’Avignon.


Plus tard, j’aperçois au loin des arènes. Je les regarde fixement et soudain je les reconnais. Ce sont les arènes d’Arles.

Je m’ennuie, ce voyage est bien long toute seule.


CHAPITRE 4 VOYAGE GOURMAND

Quand je me réveille, je sens que tout est différent. L’eau n’est pas bonne, elle est très salée. Je suis secouée par les vagues. Pas de doute, je suis arrivée dans la mer Méditerranée. Je repars en nageant jusqu’à ce que j’arrive dans un endroit plus calme. Je sens l’odeur des spaghettis et des pizzas. Je remonte ma tête discrètement. Je vois au loin une tour penchée, je pense que c’est la tour de Pise en Italie. J’ai envie de profiter de l’Italie. Je décide de m’approcher de la côte. J’aperçois une pizzeria sur la plage. Il y a des clients sur la terrasse, les pizzas ont l’air appétissantes. Soudain, je surgis hors de l’eau pour attraper les pizzas. Je vois les clients s’affoler, courir dans tous les sens au moment où j’étends mes tentacules. Les tables volent, les clients hurlent mais moi je m’en fiche, je préfère déguster la multitude de pizzas que j’ai réussi à attraper. J’ai l’impression d’avoir parcouru des milliers de kilomètres. Je continue mon voyage, la bouche toujours pleine de pizzas. C’est un véritable délice. Je replonge la tête sous l’eau. Tous les poissons s’éloignent sur mon passage, ils ont l’air effrayés. De nouveau, je sens le courant m’emporter. Je m’endors. Lorsque je me réveille, après un long voyage, je suis près d’une plage qui n’est pas comme les autres. Cette plage est rouge. Où suis-je ?


CHAPITRE 5 ÉTRANGER Je cherche des indices, je regarde autour de moi, je me tourne et me retourne. Je vois des maisons toutes blanches avec des toits bleus. Ces maisons sont toutes collées les unes aux autres et sont sur des collines. Sur une île, un peu plus loin, j’aperçois un immense volcan. J’entends le bruit de la mer qui me berce quand tout à coup des voix d’hommes me sortent de mon rêve. Je sursaute. Je ne comprends pas cette langue, elle ne m’est pas familière. Je me rapproche lentement du port pour mieux entendre. Il me semble avoir déjà vu l’un des deux hommes… mais je ne m’en souviens pas bien… Dans un recoin sombre, il murmure des paroles à un pêcheur qui semble impatient. Je me laisse ensuite glisser vers une petite plage. Les grains de sable ressemblent à de la cendre. En m’approchant, j’en vois certains rouges comme de la lave. Je me demande d’où ils viennent. L’eau bleue et verte me fait frissonner. Une multitude de petits poulpes se déplacent au fond de l’eau et se cachent dans de gros vases. En sortant la tête de la mer, j’entends des cris de nouveau-nés, l’un est plus fort que l’autre. C’est le début d’une nouvelle aventure…



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