Collège Jean de Verrazane (Lyon)

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Graines de lecteurs Récits

Collège Jean de Verrazane - Classe de 6è - Marie-Laure Floréa


Histoires écrites par une classe de 6ème du coll!ège Jean de Verrazane (Lyon 9e) Avec l’aimable collaboration d’Alex Cousseau



Yefrem & Yanko Episode 1

par Hasma, Nakib, Sarah et Yacin


Aujourd’hui, il m’est arrivé quelque chose de terrible ! Mais il faut que je commence par le début. Je m’appelle Yefrem. Je suis un jeune garçon âgé de onze ans. Je vis avec mes parents adoptifs et avec mon meilleur ami, Yanko. Avant, j’étais un enfant seul, sans ami, solitaire, jusqu’au jour où je l’ai rencontré. J’avais cinq ans et demi, j’étais en train de pêcher pour aider mon père à nourrir notre famille. Soudain, j’ai entendu au loin des gémissements de douleur... Avec mon père, nous nous sommes approchés des cris et nous avons vu un petit renne tout blanc saignant de la patte gauche. J’ai voulu l’aider car il semblait pris dans un piège, mais il avait un peu peur. Petit à petit, j’ai réussi à l’approcher et à le libérer pour le soigner. Ensuite, je l’ai ramené chez moi et je l’ai pansé pour guérir sa blessure : il a commencé à m’aimer et c’est à ce moment-là qu’on s’est rapproché. Je l’ai baptisé Yanko : à partir de ce jour-là, il est devenu mon meilleur et mon seul ami. Avec Yanko, nous habitons en Sibérie, près du delta du fleuve de la Léna. C’est un endroit qui regorge de nature : plusieurs lacs et bras de rivière s’y mélangent, on y trouve toutes les couleurs de l’univers. C’est le plus bel endroit que j’aie jamais vu : à mes yeux, il fait partie des sept merveilles du monde. Depuis cinq ans, Yanko et moi avons vécu diverses et belles aventures. Un jour, nous sommes allés vers la banquise. Là-bas, nous avons pêché des poissons et des phoques qu’on a mangés sur place après les avoir cuits sur un feu qu’on a allumé. Nous avons aussi patiné sur la glace : la banquise c’est amusant pour nous, je monte sur son dos comme sur un cheval !


Le soir, le renne et moi, nous aimons nous coucher à la pleine lune et regarder les étoiles en souriant. On admire les constellations : ma préférée, c’est la petite Ourse, juste au-dessus de nos têtes. Pour me tenir chaud, ma mère a tissé une couverture : je me blottis contre le renne et on s’emmitoufle dedans. Tous les ans, pour fêter notre rencontre, Yanko et moi allons dans notre endroit secret : c’est une cabane, elle est jolie car elle est très lumineuse et tout autour se trouvent de superbes fleurs multicolores. C’est nous deux qui l’avons construite ensemble au bord du fleuve. Chaque année, pour fêter l’anniversaire de notre rencontre, on y pêche des poissons et on en fait un festin ensemble dans la cabane, qu’on décore avec des guirlandes de feuilles : à chaque fois, nous partageons des moments inoubliables !


Yefrem & Yanko Episode 2

par Bruna, Chahine, Geoffroy et NathanaĂŤl


Mais nous y voilà : c’est aujourd’hui qu’il m’est arrivé quelque chose de terrible. Je voulais aller me promener dans la taïga mais mon renne n’a pas voulu m’obéir. C’était la première fois : ce n’était pas à son habitude de ne pas venir se balader, il adorait ça pourtant ! Le soir, j’ai posé de la nourriture à ses pieds, et comme tous les jours, j’ai mangé à côté de lui, mais pour une fois, il n’a pas mangé et ne semblait pas avoir goût à la nourriture. Il devait pourtant avoir le ventre vide ! Le jour a continué, et le lendemain venu, il était fatigué : on aurait dit qu’il n’avait pas dormi. C’est là que j’ai commencé à comprendre qu’il n’allait pas très bien. J’ai décidé de le faire marcher pour lui faire prendre l’air. Ca n’avait pas l’air d’aller mieux, surtout au moment où il a fait un petit malaise. J’ai peur qu’il soit malade. Au bout de quelques jours, mon renne ne voulait toujours pas bouger, alors que d’habitude on va tous les jours faire une balade dans la taïga. J’ai compris qu’il était gravement malade et que quoi que j’y fasse, ça ne changerait rien. Jusqu’à aujourd’hui, je pensais qu’il guérirait, mais j’ai fini par comprendre que ça n’arrivera pas. Finalement, alors que cela faisait plusieurs jours que nous étions restés enfermés, Yanko a réclamé à sortir. Au début, je me suis dit qu’il allait mieux et qu’il était peut-être en train de guérir, mais en le voyant très mal en point, j’ai réalisé qu’il avait en fait décidé d’aller dans la taïga une dernière fois avec moi, pour se rappeler tous nos souvenirs de quand on était plus petit. J’ai repensé à l’époque où on se roulait dans la neige avec mon renne Yanko. J’ai repensé aux moments tristes passés ensemble. J’ai repensé à ses chutes drôles lors de nos après-midis passées sur la banquise. Sous cette neige rayonnante, je ressens un effet de satisfaction à repenser à tous ces souvenirs que nous avons partagés ensemble. Un jour ce sera à moi de partir au ciel, mais je pense que pour l’instant, c’est à lui.


Je le connais depuis très longtemps, je sais quand quelque chose ne va pas et là je le sens. Je ne m’en remettrai sûrement pas mais je dois profiter de ces derniers moments avec lui. Je suis triste, lui aussi, mais il mourra entouré des plus beaux paysages du monde. Quelques minutes plus tard, mon renne est tombé au sol sans aucun cri. J’ai regardé s’il respirait toujours, mais plus rien. Je me suis mis à pleurer : je venais de comprendre que j’avais perdu mon meilleur ami.


Yefrem & Yanko Episode 3

par Faïza, Moutaz, Ricardo, Sacha et Saïd


En voyant le corps de mon renne étendu à mes pieds, j’ai attrapé machinalement le pendentif que je portais autour du cou. Le sort s’acharne contre moi : déjà j’ai été abandonné par mes parents à ma naissance et en plus de ça, mon meilleur ami meurt sous mes yeux. En observant mon pendentif, je me souviens d’une phrase que m’avait dite ma mère biologique : « Même si tu es loin de moi, mon cœur est avec toi ! ». Depuis l’abandon de mes parents, je tiens à cet objet : un collier de leur seule richesse, fait en diamant, qu’on m’a donné à ma naissance, le seul objet offert en guise de souvenir. Chaque fois que je le regarde, ça me réconforte en quelque sorte. Le pendentif est magnifique, brillant, il me fait penser à de la neige car il est beau et blanc.

Je suis en larmes : abandonné par mes parents biologiques, jeté dans les bras de mes parents adoptifs, je me dis «Pourquoi il est parti quand tout se passait bien, on était heureux ». Tu sais mon renne, tu es mort, mais je t’aime, tu m’as aidé à reprendre confiance en moi, je ne vais pas te décevoir. Comme ma mère biologique me l’a dit, même si tu es loin de moi, mon cœur est avec toi. Oh Yanko, qu’est-ce que tu me manques, personne ne pourra te remplacer car tu es le meilleur et l’unique. Ta peau blanche se sépare de moi, ton cœur et ton âme, mes parents m’ont dit que quand on meurt, il y a une nouvelle étoile qui prouve la présence des morts dans l’au-delà, alors je vais pas te laisser et tous les soirs, je regarderai ton étoile. Oh, Yanko, tu ne bouges pas quand je te parle, mais ta présence est encore en moi, tu seras toujours dans mon cœur. Oh mon ami, nous étions tellement heureux ensemble ! Que vais-je faire sans toi ? Je vais jouer à quoi maintenant ? Et avec qui ? Après les adieux que j’ai faits à Yanko, je rentre chez moi, pensant aux bons moments que nous avons passés ensemble. J’aperçois au loin la yourte familiale faite en feutre par ma mère, et je me réfugie dedans.


Yefrem & Yanko Episode 4

par ChĂŠrine, Elona, Eva et Wassima


Quelques jours après, j’étais tellement triste que j’ai eu l’idée de rendre hommage à mon renne : je me suis dit que j’allais enterrer son corps à côté de notre cabane, en souvenir de tout ce qu’on a partagé ensemble depuis qu’on se connaît. Comme ça, je lui mettrai des fleurs dessus tous les ans pour l’anniversaire de notre rencontre, et il sera toujours à côté de moi. J’ai décidé d’aller en forêt pour récupérer le corps de Yanko, en emportant un traîneau pour l’amener jusqu’à la cabane. J’ai cherché son corps pendant une bonne heure jusqu’à finir par le voir. J’étais tellement triste de voir mon ami mort, mais j’ai trouvé le courage d’aller l’enterrer. En portant son corps sur le traîneau, j’ai vu que son bois s’était détaché, et là il m’est venu une idée : j’ai décidé de graver quelque chose sur le bois de mon renne. Et de jeter le bois dans cette grande étendue gelée sur laquelle nous pêchions si souvent tous les deux. Une fois rentré chez moi, je me suis mis à graver quelque chose sur le bois. J’ai cherché, cherché et cherché encore ce que je pourrais écrire, jusqu’à ce que je me souvienne que mon renne aimait les choses simples, alors j’ai décidé de graver avec un couteau ce message : « Je t’aime, merci pour tous nos bons moments passés ensemble ! ».

Une fois que j’ai gravé le message sur le bois, je me suis mis à chercher à quel endroit je pourrais le jeter. J’ai décidé de le jeter près de chez moi, dans les colonnes de la Léna. Car mon renne adorait jouer là-bas avec moi. Puis j’ai pleuré car j’étais très triste. Mais j’ai vite séché mes larmes et je me suis dit que ce n’était pas le moment de me dégonfler. Je suis sorti de chez moi en direction des colonnes de la Léna. En marchant dans ce paysage rempli de grands arbres, je suis monté vers les colonnes de la Léna.


J’ai respiré un bon coup. Je suis arrivé dans cet endroit magnifique, si grand et si vaste. Ces collines si grandes étaient devant mes yeux. L’eau gelée reflétait le paysage. J’entendais le bruit du vent qui me faisait penser à mon renne. Je suis descendu sur le fleuve gelé, j’ai creusé un trou profond dans la glace afin d’atteindre l’eau, puis j’ai jeté le bois dedans et j’ai crié le nom de mon renne dans toutes les colonnes de la Léna. En pleurant de toute mon âme, je me suis effondré : mon renne était vraiment parti... Je me suis assis puis me ai repensé à tous mes souvenirs : quand je courais avec lui dans la taïga, au bord de la mer, devant chez moi, nos bons repas ensemble, nos siestes...


Yefrem & Yanko Episode 5

par Ikrame, Sofiane et Rania


Cela fait plusieurs mois que tout ça s’est passé. Depuis que c’est arrivé, je me sens mal à cause de mon renne qui est mort, je n’ai plus goût à la vie, je n’ai plus envie de jouer ni de manger ni de dormir ni de RIEN ! La vie est tellement triste sans toi mon renne... Ah, si tu étais là, je pourrais jouer avec toi et dormir près de toi ! Je me promène dans la taïga. Là où mon renne est mort. On aimait bien venir sentir les odeurs dans la taïga. Mais aujourd’hui je suis seul. Je sens le soleil sur mon visage. Je sens les bons parfums de la taïga, tout en pensant à mon renne : ah, si tu étais là, nous pourrions les sentir ensemble ! Dans la taïga, je vois la neige qui commence à fondre, les arbres qui commencent à avoir leurs feuilles, l’odeur des fleurs. Les plantes s’épanouissent : je vois toutes sortes de fleurs qui viennent de naître, des bleues, des rouges, des jaunes des vertes. Le printemps se fait sentir ! La plus fabuleuse, c’est l’edelweiss, elle sent l’odeur de la joie, elle a la forme d’un soleil prêt à nous éblouir ! Les animaux sortent de leur terrier : je vois un renard arctique, il a le pelage tout blanc et se fond dans la neige. Au loin, j’aperçois un enfant qui semble avoir mon âge, marchant dans la taïga. Je sens tout de suite qu’il est spécial. Je ne sais pas pourquoi, quelque chose me pousse à aller vers lui. Je vois quelque chose dans ses mains mais je n’arrive pas à voir ce qu’il tient. Je m’approche, et j’aperçois quelque chose de tout blanc, et plus je m’approche, et mieux j’arrive à le distinguer : c’est un bois de renne et ce bois est gravé de la même écriture que la mienne ! Mais c’est le bois de mon renne !! Je lui arrache des mains en lui disant « Comment tu as eu ça? » et je cours me réfugier dans ma cabane avec le bois.


Une fois dans mon refuge, je pleure en pensant à mon renne qui est mort, je pense à toutes les choses que j’ai faites avec lui. Sans mon ami Yanko, je n’ai plus goût à la vie. C’était mon seul ami. Je suis en colère contre cet enfant, qui m’a volé le bois de mon renne, que j’avais jeté dans le fleuve pour lui rendre hommage. Je regarde le bois de mon renne pour vérifier que c’est bien lui : pas de doute, c’est le même !


Yefrem & Yanko Episode 6

par Bilel, Rayan, Tomas et Slimane


Au fur et à mesure, je me rends compte que j’ai fait une bêtise : je lui ai arraché des mains sans lui demander où et comment il l’a trouvé, j’ai réagi puérilement. Mais qu’est-ce qui m’a pris ? Mais... Serait-ce peutêtre un signe ? Un message de mon renne de l’au-delà, me disant qu’il faut passer à une autre étape, tourner la page, et me faire d’autres amis, peut-être même ce garçon, qui si ça se trouve est gentil ? C’est peut-être Yanko qui l’a guidé jusqu’ici et l’a mis sur mon chemin pour qu’on devienne amis. Ah, il a dû ne pas comprendre ce qui se passait, je me sens horriblement gêné... Ah mon renne, que devrais-je faire ?... Quelques minutes passent et j’essaie de retrouver le garçon, je cherche partout sans rien trouver. Je pense que c’est peine perdue. Et alors que je pensais ne plus jamais le trouver, soudain, je le vois discuter avec mes parents : je le rejoins tout de suite : « Excuse-moi ! -? - Excuse-moi de t’avoir bousculé. - Ce n’est pas grave, je ne t’en veux pas, mais pourquoi avoir fait ça ?! - Je... J’ai réagi instinctivement, à cause de quelque chose. Après des minutes de discussion, on comprend que le bois que j’ai jeté dans la Léna a traversé tout l’océan pour arriver chez ce garçon, au pôle Sud. Ce n’est pas un hasard tout ça! C’est forcément Yanko qui m’a envoyé ce garçon pour que je passe à autre chose et que je puisse retrouver goût à la vie et retrouver le sourire ! Personne ne pourra jamais remplacer Y anko, mais ce garçon pourrait devenir mon ami. avec lui, comme on faisait avec Yanko. Soudain, j’aperçois une étoile briller : c’est l’étoile de mon renne qui essaie de communiquer avec moi ! Ah, Yanko, je la trouve belle, ton étoile, petite et blanche. Tu es là parmi toutes les autres et tu veilles sur moi et sur ma nouvelle amitié. Je regarde mon pendentif : mes parents biologiques sont là eux aussi pour veiller sur moi, et cette pensée me réconforte pendant que je parle avec mon nouvel ami et qu’on échange nos souvenirs : on a beaucoup de choses à partager lui et moi ! - De quoi ? - Je... Mon renne est mort, un animal si doux, si innocent... C’était comme mon frère, la seule personne que j’aimais. - Je te comprends !


- Et quand je t’ai vu avec le bois de mon renne, j’ai... j’ai... j’ai réagi sans réfléchir. - Comment ça, c’était le bois de ton renne ?? » Après des minutes de discussion, on comprend que le bois que j’ai jeté dans la Léna a traversé tout l’océan pour arriver chez ce garçon, au pôle Sud. Ce n’est pas un hasard tout ça! C’est forcément Yanko qui m’a envoyé ce garçon pour que je passe à autre chose et que je puisse retrouver goût à la vie et retrouver le sourire ! Personne ne pourra jamais remplacer Y anko, mais ce garçon pourrait devenir mon ami. Pour se réconcilier, je propose à mon nouvel ami d’aller regarder les étoiles avec lui, comme on faisait avec Yanko. Soudain, j’aperçois une étoile briller : c’est l’étoile de mon renne qui essaie de communiquer avec moi ! Ah, Yanko, je la trouve belle, ton étoile, petite et blanche. Tu es là parmi toutes les autres et tu veilles sur moi et sur ma nouvelle amitié. Je regarde mon pendentif : mes parents biologiques sont là eux aussi pour veiller sur moi, et cette pensée me réconforte pendant que je parle avec mon nouvel ami et qu’on échange nos souvenirs : on a beaucoup de choses à partager lui et moi !



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