École Lamartine (Lyon)

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Graines de lecteurs RĂŠcits

École Lamartine - Classe de CM1 de Mme. Bert


Histoires écrites par une classe de CM1 de l’école primaire Lamartine (Lyon) Avec l’aimable collaboration de Irène Cohen-Janca



L’autre histoire de Michka

par Aloïs H., Oscar, Théophile et Salim


Chapitre 1 - Vas-y, raconte-leur ! - Non, non ! - Si, si ! - D’accord. Je m’appelle Michka. Je suis un ours en peluche et je vais raconter mon histoire. Je suis né dans une usine. Un jour, j’ai été livré dans une boutique. J’attendais sagement, comme tous les autres jouets, que l’on m’achète. Je me sentais mis à l’écart des autres car j’avais été fabriqué depuis très longtemps. Tout le monde me regardait comme si j’étais l’intrus du magasin. Dans la boutique, il y avait d’autres jouets : des grands, des petits, des gros, des minces, des longs… J’avais de la peine parce que certains doudous me narguaient. D’autres me réconfortaient quand j’étais triste. Je voyais les gens passer et acheter d’autres jouets que moi. Ils faisaient exprès de vite passer quand ils me voyaient. Ça me rendait malheureux. Les gens me regardaient avec horreur. C’est vrai que je n’étais pas très beau, avec mon air un peu vieillot. Je m’ennuyais vraiment. J’attendais, j’attendais, mais personne ne venait. Parfois, je rêvais que des gens m’achetaient, mais rien ne se passait. J’avais envie de partir,


Chapitre 2 Un jour, tante Pauline ouvre la porte du magasin : - Celui-là ! dit-elle. Et elle pointe du doigt ma boîte et le livre portant mon nom. Elle me fait emballer. Quelque temps plus tard, elle m’offre à une petite fille à son cinquième anniversaire. Et elle raconte comment je suis. - Je l’avais quand j’étais petite. J’espère que tu l’aimeras autant que moi. J’ai aussi acheté le livre. Il a cinquante pages, les lignes sont très grosses. Tu pourras le lire facilement. Joyeux anniversaire ! L’anniversaire était super bien. Tout le monde m’a lancé en l’air. La petite fille pleurait de joie. Vers 19h00, l’heure où elle allait se coucher, elle a regardé derrière mon dos et m’a souhaité une bonne nuit. Le lendemain, je me réveille avec beaucoup de bonheur dans les bras de Nora. Mais je n’avais pas remarqué qu’elle avait un petit frère qui était insupportable. Pendant toute la journée, il m’a secoué dans tous les sens, il a même mordu ma jambe. Un jour, j’ai vu des cartons dans toutes les pièces. Le lendemain matin, il y avait un camion qui nous attendait devant la maison. Deux heures plus tard, nous montions dans le camion. Ah c’est bon, j’avais compris, on déménageait dans une autre maison, dans une nouvelle maison. À la fin de la journée, on serait arrivé. Moi, je me suis endormi en route. Le lendemain, je me suis réveillé encore dans les bras de Nora mais dans un autre lit. Moi, je préférais l’autre maison mais celle-ci, elle était beaucoup plus propre.

Chapitre 3 La mère de Nora n’était plus la même. Nora non plus. Elle ne me parlait presque plus et je ne savais pas du tout pourquoi. Mais au bout de quelque temps, Nora est revenue en marchant lentement et en soupirant : - Maman va avoir un bébé… Moi, j’imaginais déjà le bébé en train de pleurer, criant de plus en plus fort… Nora était dans son lit et elle n’était pas contente. J’avais envie de venir la consoler. Soudain, elle se leva, elle se dirigea vers son bureau et griffonna quelques mots. Elle les découpa et elle me saisit. Elle me fixa de ses yeux et regarda le petit trou sur mon ventre. Elle l’ouvrit et y glissa les papiers :


- Cache-les bien, Michka. Je n’étais pas très content qu’elle fasse ça. Je ne savais pas ce qui était écrit, mais je ne croyais pas que c’était très bien. Puis, elle me prit et elle me cacha quelque part. J’étais dans le noir et je me sentais seul. Nora me manquait déjà. J’avais peur. Je pensais au nouveau bébé. Je pensais à Nora qui ne pourrait plus voir sa mère très occupée avec le bébé. Et Gabriel, lui, qui ne bougerait pas. Je m’ennuyais tellement dans cette espèce de coffre-fort dont j’étais le trésor…

Chapitre 4 Un jour, la maman de Nora, qui faisait du tri, me vit et remarqua quelque chose d’étrange. Je pense qu’elle avait dû voir des bouts de papier blanc qui étaient cachés dans mon ventre. Elle ouvrit mon ventre et vit les messages que Nora avait cachés. Son visage se mit à blêmir. J’avais très peur, car je pensais qu’elle allait déchirer les bouts de papier et mon assemblage de fil avec, et me mettre à la poubelle. Plus tard dans la journée, je l’entendis appeler une association qui donnait les vieux jouets à des familles pauvres. Les agents de l’association arrivèrent en un instant et m’embarquèrent dans leur fourgon tout noir. Dans le camion, il y avait d’autres jouets qui avaient l’air de s’amuser. Moi, j’étais dans mon coin, tout seul. Après quelques minutes, j’entendis un gros « BOUM ! ». C’était la camionnette qui venait de s’arrêter. Nous étions arrivés dans une grosse usine. Les agents nous mirent dans des barquettes et nous posèrent sur des tapis roulants, comme dans les avions. Après, j’arrivai dans une salle où il y avait des doudous tout laids. Sur une plaque et au-dessus, il y avait une machine à coudre. En un rien de temps, je redevins comme neuf. Après, on me donna à une petite fille. Je l’avoue, je trouvais la petite fille très agaçante mais je pouvais quand même la supporter. Elle avait une petite maison, une petite porte, bref un petit appartement. Dans sa chambre, il y avait une petite étagère remplie de peluches. Je crois qu’elle faisait la collection des peluches. J’étais au milieu de peluches qui me ressemblaient.


Chapitre 5 Un jour, la petite fille demanda à sa mère de l’emmener au parc pour jouer. Cette dernière était tête en l’air et me laissa sur l’un des bancs du parc. Nora, qui ces temps-ci, n’allait pas bien du tout, passa par là pour admirer les arbres magnifiques dont les pétales semblaient si jolis. Je pense encore et toujours que cela lui rappelait la gentillesse de tante Pauline. Nora s’assit sur l’un des bancs de la place et vit une peluche. Au début, elle pensait que c’était une hallucination mais quelques instants plus tard, elle n’en crut pas ses yeux : elle m’avait retrouvé. Nora sentait bien que la petite fille était capricieuse. Elle savait d’avance que la fillette n’allait pas me rendre si facilement. Elle s’approcha d’elle et elle lui demanda : - On fait un échange ? Tu me donnes Michka, et moi je te donne ma Barbie qui change de couleur sous l’eau ! La petite fille accepta sans hésiter : après tout, ça ne se refuse pas, une Barbie ! J’étais très content de retrouver Nora. Folle de joie, Nora me ramena chez elle. J’étais si pressé de retrouver la maison et tous mes copains ! Les années ont passé. Nora et moi sommes redevenus amis pour la vie. Nous avons même fait le serment de ne plus jamais nous quitter. Depuis, toutes les choses se sont bien arrangées. Voilà, je vous ai raconté mon histoire. Si vous voulez bien m’excuser… J’ai un câlin du soir qui m’attend.


La maladie d’Emmanuel

par CĂŠleste, Diane, Livia, Lysandre et Sibylle


- Docteur Pim ! Docteur Pim ! Cela fait une heure que Nino cherche Docteur Pim. Avant, Nino n’aimait pas beaucoup Docteur Pim, mais il a appris à le connaitre. Personne. Pourtant, c’est vendredi, le jour des docteurs clowns. Il se rend dans sa chambre. Rien, seulement un petit livre sur son lit. Nino s’aperçoit que c’est un journal intime. Il s’apprête à l’ouvrir quand … clac, clac, clac ! Cruella ! Cruella est la directrice de l’hôpital. Elle veut chasser les docteurs clowns de l’hôpital, alors peut-être que si elle voit le journal intime, elle va s’énerver. Nino cache le journal sous son oreiller et attend le soir pour se plonger dedans.

Le 29 Février 2008 Cher journal, Je te commence aujourd’hui, pour un cas bien particulier. C’est mon anniversaire : 11 ans. Je suis né en 1997. Je ne fête pas souvent mon anniversaire. Et, quand je le fête, mes parents ne sont jamais là. Ma mère travaille à Dijon, elle est maîtresse. Mon papa est directeur d’une entreprise. Ils ont toujours un rendez-vous super important pile le jour de mon anniversaire. Déjà qu’ils ne sont jamais à la maison, mais pour mon anniversaire, c’est quand même un peu exagéré ! Pour ma fête et mon anniversaire, il n’y a que ma chienne Apple, ma baby-sitter et mes grands-parents (je les adore, ces deux-là) mais sinon, ils ne viennent jamais, papi et mamie. Les qualités de mes grands-parents ? Je serai encore là demain ! Ils sont : chouettes, drôles, gentils, doux, intelligents, pleins d’amour… Pleins de qualités quoi ! Je suis super excité car ce soir, j’ouvre mes cadeaux. Je n’en aurai pas beaucoup, mais l’essentiel, c’est les personnes que j’aime qui sont à mes côtés. Exceptés mes parents. Je suis déjà sûr du cadeau de ma chienne Apple. Elle va m’offrir un os, comme tous les quatre ans. Le reste des années, j’ai quand même des cadeaux. Vous allez me dire que ce ne sont pas des cadeaux mais le plus gros cadeau de toutes les années, c’est ma famille. Un jour, mes parents m’ont même dit que la prochaine fois qu’ils iraient en voyage, ils m’emmèneraient avec eux.


12h28 On se rapproche du déjeuner ! Bientôt, nous irons voir mes cousins. Ils sont cool, mes cousins ! Ma tante, elle au moins, n’a pas de rendez-vous le jour de mon anniversaire ! 13h57 Ça y est, nous sommes arrivés ! Tous mes cousins m’attendaient devant le portail de la maison. Soudain, ma tante est arrivée en voiture et elle a failli nous foncer dedans, mais elle a freiné, ouf ! Juste après, « Ouaf, ouaf ! » c’est le chien de mes cousins, Scoot, qui a aboyé sur Apple. C’est tout le temps la même chose ! Ils sont amoureux et Apple aura bientôt des petits chiots. Soit on les donnera, soit on les gardera. Ça dépend combien ils ou elles seront. Ma mère adore les chiens ! Je pense que ça ne causera aucun problème de garder tous les chiots. En plus, elle voulait des bébés chiots. Ça tombe bien, on les aura gratuitement. On vient de finir de déjeuner. On est allé au restaurant. Ils se sont tous cachés et ont éteint les lumières. Au début, je suis sorti car je croyais qu’il y avait une coupure d’électricité. Après, je suis entré et ils sont tous sortis de leur cachette et ils ont fait : « Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Emmanuel, joyeux anniversaire ! » J’ai été très surpris. J’ai même pleuré tellement j’étais content !!! Il y avait plein de cadeaux et je les ai tous ouverts en deux secondes sauf le dernier qui était une photo de ma famille et je me suis remis à pleurer. Je ne pleurais pas de tristesse mais de joie. Je pense que c’était le meilleur anniversaire que j’ai pu fêter et que tout le monde rêve d’avoir un anniversaire comme ça.

Le 3 avril

Le mois dernier, j’ai eu la varicelle. Maman a pris quelques jours de congé ! Comme ma maladie se prolongeait, mes grands-parents sont venus me garder. Nous sommes allés au musée, au cinéma et à la bibliothèque. Nous avons joué à des jeux de société. Evidemment, ma grand-mère et mon grand-père faisaient exprès de perdre, sinon ils me battraient à coup sûr.


Nous sommes allés acheter une gaufre tous les jours pour le goûter et ils m’ont offert un livre de Road Dahl (mon auteur préféré) que j’ai fini en deux jours. Mes boutons me grattaient, j’en avais de partout mais mes grands-parents étaient là, on ne peut pas tout avoir! Quand ils sont repartis, je me suis dit que même si je préfère que mes grands-parents me gardent, maman avait pris des jours de congé, ce qui était exceptionnel… alors, je me suis dit que si je faisais semblant d’être malade, ce serait une bonne idée pour qu’elle s’occupe de moi. Hier, j’ai dû reprendre l’école. Comme je n’avais pas envie d’y aller, j’avais mis au point un stratagème. J’y avais pensé toute la nuit. - Maman, lui ai-je dit, j’ai mal au ventre ! - Ce n’est pas vrai, mon chéri, m’a-t-elle répondu, après la varicelle, tu ne peux pas attraper une autre maladie, quand même ! - Mais j’ai de la fièvre, j’en suis sûr ! ai-je insisté. - Bon, on verra ça ce soir, si ça ne va vraiment pas, dis-le à ton prof, a-t-elle fini par dire. J’ai soupiré, mon plan n’avait pas marché, je devais aller à l’école et personne ne s’occuperait de moi. Ma vie était vraiment pourrie.


A l’école, tout le monde m’a questionné. - Emmanuel, t’étais malade ? m’a demandé un de mes copains, l’air amusé. - Qu’est-ce que t’avais ? m’a questionné Eloïse, la chouchoute des profs. - Pourquoi tu n’étais pas là ? - Tu as raté plein de trucs trop bien. Pourquoi tu n’es pas venu ? On avait cours d’histoire et d’art visuel. Quand je leur ai dit que j’avais eu la varicelle, tout le monde s’est tu et j’ai pu être tranquille pour le reste de la journée. Bon, il faut avouer qu e je me suis bien amusé, on avait de l’histoire et du sport, mes matières préférées. Quand je suis retourné à la maison, maman m’a demandé si j’allais mieux, je lui ai répondu que oui.

Le 10 avril Hier j’ai fait un nouveau plan, il était super ! J’ai fait semblant d’être malade, j’avais mis un thermomètre dans de l’eau bouillante pour faire comme si j’avais de la fièvre et je m’étais fait de gros boutons avec le rouge à lèvres de maman pour faire comme si j’avais une énorme irritation, mais ça n’a pas marché. J’étais tellement en colère contre mes parents que je me suis dit que si mes parents étaient éboueurs ou même au chômage, ce serait bien mieux. Vraiment, j’envie mes cousins. Eux, leur papa surveille les salles dans un musée et leur maman est factrice. Elle fait sa tournée le matin. Leurs parents ne gagnent pas beaucoup d’argent, mais au moins, ils s’occupent d’eux. Ils les aident à faire leurs devoirs, pas comme les miens. En parlant de mes cousins, ils vont venir demain. Eux, ils sont déjà en vacances depuis trois jours, ils ont de la chance! Moi, je dois attendre encore deux semain es.

Le 11 avril, vers 10 h du matin Mes cousins vont arriver dans quelques minutes. Comme ils ne sont jamais à l’heure, j’essaie de ne pas trop me réjouir, mais c’est assez dur. J’entends un bruit de voiture dans la rue. C’est eux ! Je dégringole les escaliers à toute allure et arrive dans le hall d’entrée. Ils sont là. Marion, la plus grande et la plus bête des trois - je précise qu’ils sont tous en pleine crise d’adolescence - me demande (preuve qu’elle n’est vraiment pas intelligente) si je vais mal.


En fait, on est « pires cousins ». Par contre, les autres ils sont hyper sympa, même s’ils sont un peu bêtes. Alexandre et Léa me suivent dans ma chambre. - Tu vas bien, tu ne t’ennuies pas trop tout seul ? me demande mon cousin, qui pense toujours que je m’embête. C’est un peu vrai, mais je n’ai pas envie de le lui dire, à quoi ça servirait ? Et puis même : je lui dirais, ça ne changerait rien. Marion entre à son tour dans la pièce pour nous dire d’aller manger.

Le 11 avril, vers 14 heures Mes cousins sont allés visiter Dijon, la ville où j’habite. Eux, ils habitent à la campagne, donc chaque fois qu’ils viennent chez nous, ils vont au musée (évidemment, il n’y a pas de musée à la campagne). Dring ! Ils sont là. Je ferme mon journal pour rejoindre mes cousins dans le hall d’entrée.

Le 12 avril, vers 10 heures du matin Aujourd’hui, nous allons au ciné voir Star Wars 3, qui est sorti il y a quelques semaines. Léa a insisté pour aller voir Chica Vampiro (c’est une série de vampire et il y a un humain qui veut épouser Daisy, une vampire). C’est vraiment très, très nul. Comme personne ne voulait subir cette horreur, on n’est pas allé le voir. Marion avait envie de regarder un film qui semblait plutôt bien, mais bon…

Le 15 avril Mes cousins sont partis ce matin, ma vie déprimante recommence. Maman est en train de préparer ses cours et papa part en déplacement dans deux jours. Moi, je m’ennuie, comme d’habitude. Mes vacances commencent bientôt mais il faut que j’attende encore une semaine. De toute façon, je ne pense pas que nous partirons. La dernière fois, j’étais allé chez ma tante qui est très sympa, mais là, je ne crois pas que j’aurai autant de chance. Et puis papa m’a dit qu’il pouvait me garder même s’il avait beaucoup de travail. Je suis content que mon père puisse me garder mais s’il a du travail à faire, je risque de m’embêter. Donc je ne pense pas que je vais m’amuser.


Le 14 mai

L’autre matin, j’étais très faible. J’étais dans ma chambre. Il faisait très chaud. - Papa, Maman ! Je veux leur dire que je ne me sens pas bien. - Mon chéri, viens prendre ton petit déj’ ! C’est ma mère devant la télévision. Pendant le petit déjeuner, je profite de l’attention de mes parents pour leur dire que je ne peux pas aller à l’école car je ne me sens pas bien. - Toi ? Il y a trois jours, tu galopais comme un lapin dans le jardin ! Allez, zou, mets tes chaussures et ton manteau ! dit mon père. Je regarde ma montre, 7h58. Je me suis levé à 7h30. Non, je ne rigole pas, j’habite juste à côté du collège. Je pourrais même dire en face. Au collège, je suis arrivé le premier. Dans la classe, pas un chat. Tout le monde est arrivé, mais nous n’avons même pas eu le temps de nous asseoir que la prof nous a parlé. - Sortez votre cahier de français, vous aviez à le faire signer. Evidemment, tout le monde l’avait fait signer, sauf qui ? Sauf moi, Emmanuel. - La cinquième semaine, la cinquième !!!!!! Hop, un mot dans le cahier, plus une punition écrite pour demain. Tu la commenceras chez toi. Dans la cour, je suis dans les toilettes. - Tiens ! Salut, qu’est-ce que tu fais ici ? C’est Thomas, un de mes amis… - On va bientôt rentrer. Tu ne viens pas jouer ? - Non, je ne me sens pas très bien. - Tu veux que je le dise à la surveillante ? Drrring, drrring, drrring ! Arrivé en classe, je ne sais pas ce qui m’a pris, mais « vlouf », je suis tombé par terre. - Mais, Emmanuel, relève-toi ! On aurait dit une petite voix qui ressemblait fortement à celle de la prof. Quand je me suis réveillé, j’étais chez l’infirmière. Je ne l’ai pas su au début, c’est elle qui me l’a dit comme ça, sans me dire bonjour. - Mon petit, tu as fait un malaise. - C’est grave ? - Non, je vais appeler ta maman. Tu connais son numéro ? - 06.27.83.08.29 - Allô ? Oui, c’est l’infirmière du collège. Votre fils a eu un malaise, par conséquent, je vous demande de venir le plus vite possible.


Ma mère n’a même pas répondu, car l’infirmière a raccroché. Mais j’ai espéré que ce soit oui. Apparemment c’était oui, car dix minutes plus tard, elle était là. - Qu’est-ce qui s’est passé ? a demandé ma mère. - Il ne se sentait pas bien ce matin. Il a eu trop chaud ou quelque chose dans le genre. Elles ont parlé toutes les deux. L’infirmière a dit que, tant pis, je raterais les cours et qu’elle allait faire passer le message. Ma mère devait m’emmener chez le médecin. - Nous allons y aller à pied. Ce n’est pas si loin que ça ! a dit ma mère en essayant de rester calme. Arrivés chez le médecin, il n’y avait personne. D’habitude, ma mère dit que c’est parce que les gens sont en vacances mais là, apparemment, c’était parce qu’il travaillait. - Vous aviez pris rendez-vous ? nous a demandé la secrétaire. - Non, mais c’est urgent. - Vous avez un médecin particulier avec lequel vous aimeriez consulter ? - Oui, le docteur Lafouine. La secrétaire est allée le chercher. - Bonjour Emmanuel ! Qu’est-ce qui ne va pas ? m’a demandé le docteur Lafouine. Je lui ai répondu que je n’en savais rien, car je ne me souvenais de rien. Alors, ma mère lui a dit que j’avais fait un malaise à l’école. Ils ont parlé et le médecin a dit qu’il fallait que je fasse des examens plus poussés. Une semaine plus tard, je me suis retrouvé avec mes deux parents chez le médecin. Il m’a fait faire des examens. Ensuite, il a pris mes parents à part pour leur expliquer et m’a envoyé sur la banquette, c’était assez bizarre, je les voyais mais il n’y avait pas de son. J’ai pensé que ça ne devait pas être très grave ! J’ai parlé peut-être un peu trop vite car il y a eu une goutte qui est tombée sur la manche de ma mère. Le docteur est revenu, suivi de mes parents. Mes parents se sont approchés de moi et m’ont fait un câlin. Nous sommes rentrés à la maison à pied, en silence. Un peu comme quand on vient d’apprendre que quelqu’un de la famille a une maladie grave. A la maison, je n’arrêtais pas d’entendre mes parents se dire : « On lui dit, à Emmanuel ? », mais je n’avais pas la moindre idée de ce dont ils pouvaient bien parler. Ils se sont vite décidés, car une minute après, ma mère m’a dit quelque chose dans ce genre : - Mon chéri ? Nous voudrions te dire un ou deux mots pour te parler de quelque chose d’assez important après le dîner. Pendant le repas, cette fois-ci, personne ne parlait (excepté ma chienne Apple, qui aboie sans arrêt !)


Après le repas, ma mère entre dans ma chambre. « Toc, toc, toc ! » - Emmanuel, viens dans le salon. Une fois dans le salon, mon père commence à me parler : - Emmanuel. Tu sais que même si tu as une maladie, tu seras toujours le même. Ta mère et moi avons mis longtemps à nous décider. On ne savait pas si on devait te le dire ou pas. Le docteur nous a dit de te le dire à un moment où tu étais assez agité. Tu as une maladie grave. Leucémie. Il faudra que tu ailles à l’hôpital demain. Ton premier jour. Maintenant tu peux jouer un peu avant d’aller dormir. Bon, maintenant, va dans ta chambre. A demain, mon chou ! Vous venez d’assister au discours de mon père. Je n’ai pas du tout envie d’en parler. Non pas du discours, mais de cette satanée maladie, la leucémie. Je ne sais pas si c’est de la joie ou de la tristesse que je ressens. Je suis juste avachi sur mon oreiller mais ce n’est pas grave, l’important c’est que j’aille bien ! (enfin, quasiment.)

Le 13 mars Cher journal, Ça fait des mois que je n’ai rien écrit. En fait, je ne pouvais pas, je ne me sentais pas bien. Ces médicaments me donnaient envie de vomir tout le temps, et quand ça passait, quelques minutes plus tard, ça revenait en encore pire. Et ces perfusions, n’en parlons pas. C’était tellement fatigant que je m’endormais pour toute la journée. Et quand j’allais mieux, j’ai eu de la visite de toute ma famille et de mes copains. Bon, aujourd’hui, comme d’habitude, je reste au lit. Mais le bon côté des choses, c’est que mes parents ont enfin pris du temps pour moi. Même que ma maman est maintenant enseignante à mi-temps et mon papa vient plus souvent me voir. Papa me raconte des histoires. Bon ce n’est pas le luxe ! Mais il progresse. Petit à petit, il accroche des mots qui forment des phrases qui deviennent des histoires. Comme Arthur et les Minimoys, en beaucoup mieux ! Ou Pirates des caraïbes, en mille fois plus cool ! Puis il a commencé à avoir quelques spectateurs.


C’était la seule joie de l’hôpital. Et un jour, il m’a demandé quel métier je voulais qu’il fasse. Je n’ai pas répondu. Alors, mon père m’a dit qu’il savait que ça n’avait pas été facile pour moi et qu’il avait été égoïste. Qu’il n’avait pas vu que la chose la plus importante au monde, c’était de s’occuper de moi. Puis il m’a proposé tout ce qui lui passait par la tête : joueur de foot, coiffeur, pompier, chanteur, écrivain… Et même clown ! Mais cette idée qui semblait délirante était la meilleure idée au monde. Tiens, je t’explique : si on accroche docteur et clown, ça donne Docteur Clown. Ce n’est pas génial ?! Bon je sais, ça paraît bizarre d’avoir un papa qui devient rigolo alors qu’il y a quelques mois, il était plutôt sérieux et très autoritaire. Maman aussi a changé. On ne peut pas dire que son manque de sens de l’humour s’est volatilisé mais ça a progressé, depuis ma maladie.


Et maintenant, je ne dis pas que je suis content, mais un peu. Parce que maintenant, quand elle rentre après une après-midi à mi-temps, elle ne se défoule plus sur moi mais sur papa. Tiens, j’avais oublié de dire quelque chose de très important, je pars de l’hôpital le 30 juin. Je vais écrire un passage d’une histoire que mon père m’a inventée : « Le monstre allait lui égorger le cou, quand Miss Karly arriva avec son épée magique et sa grande troupe de soldats magiques. Puis elle trancha la tête de l’horrible monstre. Alors que tout le monde était en train de se réjouir en tournant autour de son cadavre, l’animal remua son horrible queue et attrapa toute la troupe de guerriers magiques. Puis vint le tour de Miss Karly qui, même avec son épée magique, ne pouvait rien faire contre le dragon trop puissant. Alors, moi qui avais failli me faire dévorer, je tentai le tout pour le tout pour sauver Miss Karly. Je me dis que de toute façon, tout petit déjà, je rêvais d’être engagé dans l’armée de cette dame. Alors je bondis à son secours. Je l’arrachai des bras du monstre. Mais je ne réussis pas à sauver son bras qui resta dans la bouche de l’animal. Puis j’attrapai son épée magique. Elle était légère comme une plume. Alors, je la jetai comme dans un jeu de fléchettes. Elle s’enfonça dans le cœur du monstre. Quand je me retournai, tout le monde avait les yeux écarquillés. Ils ne pouvaient pas me lâcher de leur regard. Après quelques minutes de silence, elle prit la parole : - Je te félicite, Yionentao, je ne voyais pas ton courage ni ta force. Pour moi, tu étais une personne sans intérêt qui voulait être connue. Je repris la parole : - Oui, c’est vrai. Quand j’étais petit, ce dont je rêvais le plus, c’était de faire partie de votre armée. Et voilà. J’ai fait mes preuves. Karly reprit la parole. - Tu sais, si tu veux, tu peux venir, maintenant. Mais ce rêve qui me paraissait si cher ne comptait plus pour moi. Alors, je répondis sincèrement qu’en fait, je n’avais plus envie de faire partie de cette armée, mais que quelquefois, je pourrais les aider quand ils auraient besoin de moi. Forcément, elle accepta et l’armée tout entière aussi. Alors je repartis dans ma petite maison. »


Voilà, j’ai fini de raconter l’histoire, mais ce qui est dommage, c’est que mon père n’avait pas fini de me la raconter. Dans une heure, mes cousins viennent me voir à l’hôpital. Avec bien sûr Marion la bête, Alexandre qui a toujours peur que je m’ennuie même si c’était vrai avant. Et Léa bien sûr, qui est tout le temps sur les écrans à regarder Chica Vampiro, une de ses séries préférées. Avec Vampire Diaries. En fait, en plus simple, elle ne regarde quasiment que des films qui parlent de vampires. Même que ma tante m’a proposé de venir avec eux manger une glace, j’ai accepté. Et je ne l’ai pas regretté. Marion a pris une glace de trois boules. La première était au café, la deuxième à la barbe à papa et la troisième au citron. Ça ne m’a pas étonné de sa part. Léa, elle, en a pris deux : une à la fraise et l’autre au caramel. Alexandre, il en a pris trois, le gourmand, une au citron comme Marion l’autre au kyus, mais je ne connaissais pas ce goût et la troisième à la framboise et moi une au chocolat. Dommage, ils ne sont restés qu’un jour, je ne saurai jamais pourquoi.

Le 3 mai Aujourd’hui, mon papa m’a dit quelque chose de très important. Il m’a dit qu’il allait changer de métier. Il a dit qu’il allait devenir Docteur Clown !!! Mon papa a pris conscience que passer du temps avec moi et ma famille est plus important que ses déplacements. Ma maladie a été un bouleversement pour lui. On en a parlé. C’est lui qui m’a dit qu’il allait changer de métier. Il m’a dit beaucoup de choses. Maintenant je suis plus heureux. Il s’occupe plus de moi. Il est gentil et me raconte des histoires. Dans quelques semaines, je pourrai sortir de l’hôpital, aller enfin à l’école et jouer avec mes copains. Je vais enfin pouvoir voyager avec mes parents. Mes grands-parents me manquent. Je serai obligé d’attendre. Le temps va passer plus vite puisque mon père est là. J’ai adoré quand il m’a dit qu’il allait changer de métier. C’était très dur de lutter contre cette maladie dangereuse, les traitements sont douloureux. Ça va être difficile de revenir à l’école. Ça fait un an que je suis à l’hôpital. C’est dur mais ça se passe de mieux en mieux. »


Nino referme le journal. Dès qu’il sort de sa chambre, il rencontre Docteur Pim avec une personne à ses côtés. - Bonjour Docteur Pim ! Ça fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus ! Il lui chuchote à l’oreille : - Qui est ce garçon ? - Ha, ha !! Tu es curieux ! Je te présente mon fils Emmanuel. Il a 15 ans. Il était dans un autre service que toi. Il a guéri plus lentement. Après les présentations, tout le monde est allé dehors. Quelle surprise ! La mère de Nino l’attendait dans la voiture. Nino était très triste de laisser Emmanuel et Docteur Pim. - Emmanuel et Nino, venez à l’arrière de la voiture ! Docteur Pim, je vous en prie, montez devant ! dit sa mère. Nous allons dans un restaurant. Nino se demande quand même bien pourquoi Docteur Pim a laissé le journal intime de son fils dans sa chambre. Il le lui demandera quand ils seront un peu à l’écart. - « Biiiip, bipbiiip », mon chéri, dépêche-toi ! C’est sa mère qui l’appelle, il n’est pas encore monté dans la voiture. Il faut qu’il se dépêche. Elle ne va pas attendre plus longtemps.


Le secret de Narayan

par Emmie, Margot, Maria et Philippine


Chapitre 1 Ce matin, Rashmila regarde les informations à la télé. Elle vient d’apprendre qu’il y a eu un tremblement de terre à Katmandou. Elle s’inquiète beaucoup pour Narayan. Cela fait déjà cinq ans qu’elle vit à Lyon, en France. Elle a obtenu une bourse d’études et elle a pu venir étudier la médecine. Rashmila téléphone à ses parents qui vivent encore au Népal. Elle leur demande l’autorisation d’aller à Katmandou. Après avoir raccroché, elle va acheter le dernier journal au magasin. Elle prend son petit déjeuner, elle enfile ses bottes, met son sac à dos et part pour l’école de médecine. C’est la rentrée. Quand elle arrive là-bas, elle rencontre une fille de son âge et commence à sympathiser avec elle. Rashmila lui dit qu’elle vient de Katmandou. La cloche sonne. Elle va dans son cours avec son amie. Puis elle rentre chez elle. Le soir, elle dîne puis elle se met directement à apprendre ses nouvelles leçons. Elle ne réussit pas à se concentrer sur son travail. Elle se souvient de son enfance. Elle repense à toutes ces années où elle était la Kumari, la déesse vivante au Népal. Avant de devenir déesse, il fallait passer une épreuve : la Nuit de l’horreur. Pendant cette nuit passée au milieu d’animaux morts, il ne fallait pas avoir peur, sinon on ne devenait pas déesse. Elle avait réussi l’épreuve. Elle vivait dans un palais à Katmandou. Sa vie était facile. Elle avait des serviteurs. Elle avait deux amis qui s’appelaient Narayan et Anita. Toutes les journées se ressemblaient. Elle devait rester immobile sur le fauteuil doré et recevoir des offrandes. Cela lui plaisait. Il y avait de nombreuses lois à respecter. Il y avait une loi qui disait que si une Kumari saignait, elle serait détrônée. Elle pense à ce qu’a fait Narayan quand elle était déesse. C’est à cause de lui qu’elle a perdu sa place. Son poste de déesse a longtemps manqué à Rashmila. Elle ressentait beaucoup de colère envers Narayan. La jeune fille finit par s’endormir.


Chapitre 2 Quelques mois plus tard, Rashmila arrive à Katmandou. Anita, son ancienne amie, qui travaillait au palais, vient la récupérer à la gare. - Bonjour, Rashmila, dit Anita. - Coucou, répond Rashmila. - Je t’emmène dans ma nouvelle maison, dit Anita. - Ta maison n’a pas été détruite par le tremblement de terre ? demande Rashmila. - Si, elle a été détruite, mais on en a construit une nouvelle. - Ah bon, dit Rashmila, triste pour son amie. Anita emmène Rashmila chez elle. Rashmila dépose ses affaires. Elle dit à Anita qu’elle est très inquiète pour Narayan. Alors, Anita conduit Rashmila vers la maison de ce dernier. En chemin, l’ancienne déesse est impressionnée par ce qu’elle voit : des enfants en pleurs, un orphelinat en train de se construire et son palais détruit. apprenne à écrire, quand elle n’avait pas le droit d’aller à l’école, car une Kumari ne va pas à l’école. Il manque la clé. Rashmila essaie de l’ouvrir mais elle n’y arrive pas. Alors, elle prend une pierre et casse le cadenas rouillé. Elle l’emporte avec elle chez Anita. Elle commence à lire… Rashmila reste muette. La maison de Narayan est toujours là, mais elle est à moitié détruite. Rashmila fouille la maison en faisant très attention de ne pas se faire mal. Elle voit le lit de Narayan. Elle pense qu’il est mort pendant le séisme. Elle frémit d’horreur. Elle regarde sous le lit et elle découvre un petit carnet rouge très poussiéreux et abîmé. C’est un journal intime qui est fermé par un cadenas. Elle se rappelle exactement le jour où Narayan avait acheté le carnet qu’il lui avait offert pour qu’elle apprenne à écrire, quand elle n’avait pas le droit d’aller à l’école, car une Kumari ne va pas à l’école. Il manque la clé. Rashmila essaie de l’ouvrir mais elle n’y arrive pas. Alors, elle prend une pierre et casse le cadenas rouillé. Elle l’emporte avec elle chez Anita. Elle commence à lire…


Chapitre 3 Jeudi 14 août Cher Journal, J’ai rencontré Rashmila quand j’étais serviteur au palais. Quand je l’ai vue, je suis tombé fou amoureux. Rashmila est très belle et très intelligente. Elle est très douce et très sympa. Je l’aime, moi. J’ai écrit une poésie pour elle : Ma fleur, Rashmila Quand je te vois, mon cœur bat, Tu es la plus belle des coccinelles Je t’aime comme le monde lui-même Tu as pris mon cœur au piège Mon cœur Mon cœur Mon cœur Bat ! Je pense que c’est une bonne personne et qu’elle ne mérite pas d’être enfermée. Parce que les autres déesses sont enfermées et deviennent bêtes. Son animal c’est le chat, moi c’est le léopard des neiges.


Chapitre 4 Vendredi 15 août Cher journal, Je suis fasciné par le léopard des neiges : c’est mon animal préféré. Cette semaine, j’ai étudié à l’école cet animal majestueux. J’ai parlé à la maîtresse de ma fascination pour cet animal et elle m’en a parlé un peu plus dans les détails. Je lui ai posé cette question : - Etes-vous déjà partie à sa recherche ? - Non, je ne suis pas partie à sa recherche, donc je ne pourrai pas t’en dire plus, m’a répondu la maîtresse. Ça m’a un peu déçu. Pour moi, le léopard des neiges est un animal très important, je sais beaucoup de choses sur lui : le léopard des neiges est aussi appelé « Panthera uncia ». Il fait partie du genre panthera. Sa robe est de couleur gris pâle à gris jaune, constellée de taches pleines de rosettes. La panthère des neiges chasse principalement les ongulés, notamment le grand bharal, mais aussi des petits mammifères et des animaux. Les populations sauvages sont estimées entre 4080 et 6590 individus. Et encore ! Ce n’est que la moitié de ce que je sais.

Mon petit journal chéri,

Samedi 16 août

Je vais te décrire mon rêve : mon rêve est d’épouser Rashmila et qu’on habite dans un mignon petit village. J’allais oublier de te dire que je voulais habiter à la montagne et puis comme métier, je voudrais devenir soit sherpa, soit chercheur de léopards.


Chapitre 5 Samedi 23 août Cher journal, En allant chercher le journal, j’ai profité de ce moment pour demander à un monsieur comment une déesse pouvait être détrônée. Il m’a dit qu’il existe de nombreuses lois et qu’il allait me dire trois d’entre elles : - La première est que si la Kumari touche le sol avec ses pieds, elle est détrônée. - La deuxième est que si la Kumari saigne, elle est détrônée. - La troisième est que si la Kumari rit, elle est détrônée. Aussi, je vais t’expliquer ce qu’est une Kumari et ce que j’en pense, mon journal. C’est une personne qui a le droit de nous juger. Moi je détesterais être déesse, et je vais te donner mes raisons : - La première est que les Kumaris ne peuvent pas profiter de la vie, - La deuxième est qu’on reste toujours enfermé - La troisième est qu’on n’a pas le droit d’avoir des enfants ni d’aller voir sa famille. Ah, j’allais oublier de te raconter cette histoire : Je suis déjà resté une semaine dans le cachot, parce que, quand j’ai servi le plat chaud à la déesse, il était froid. Depuis ce jour, j’essaie de m’appliquer. Et c’est là qu’est venue une idée dans ma tête…

Dimanche 24 août Cher journal, Aujourd’hui, c’est un jour spécial. Je vais te décrire mon plan pour que Rashmila la déesse vive avec les gens de la Terre. Mon plan : il faut la faire saigner avec quelque chose de très coupant ! Pour ça, il me faudra fabriquer un cerfvolant, à fil très coupant. Je volerai au palais un fil très coupant, puis j’irai au marché pour y acheter du tissu. J’appellerai ma grand-mère pour qu’elle me donne du fil et des aiguilles et pour finir, j’irai ramasser du bois dans la forêt d’à côté. J’installerai tout ceci dans ma petite maison. Lundi, vers 17 heures, je rentrerai de l’école et je confectionnerai le tout.


Mercredi, à 15 heures, quand j’entrerai dans sa chambre pour lui faire faire des exercices d’écriture, j’apporterai le cerf-volant, à fil très coupant. Puis, je le lui donnerai avec amour. Elle pensera que c’est un jouet, mais en s’approchant, elle se blessera. Je t’aime, je t’aime, je t’aime Rashmila

Mercredi 3 septembre Cher journal, Mon plan a fonctionné comme prévu : j'ai blessé Rashmila et elle a saigné. Je l'ai blessée pour qu'elle ait une vie normale. Mais je ne m'attendais pas à sa réaction. Je ne pensais pas qu'elle serait aussi triste de ne plus être la Kumari. Je pensais qu'elle serait contente d'être avec moi et de pouvoir étudier. Elle est désespérée. Je n'aime pas la voir comme cela. Si j'ai fait cela, c'est parce que je l'aime. Mais ça, elle ne le sait pas. J'ai dû travailler pour que mon plan réussisse. Si seulement elle comprenait tout cela ! » Rashmila relève la tête. Ses yeux sont remplis de larmes. Narayan est là, debout devant elle. Elle se jette dans ses bras.


Paul : La révélation

par Aloïs R., Arsène et Giulio


Chapitre 1 Le magasin de bonbons de Mine, surnommé « la Mine à bonbecs », était menacé de fermeture. Mine avait trop de dettes. Les enfants du quartier, menés par Abel, se sentaient responsables de la situation car ils avaient l’habitude de voler des bonbons dans la boutique. Alors, ils se sont mis d’accord pour faire des actions et récupérer de l’argent, afin de pouvoir aider la gentille dame. Ils ont fait du porte-à-porte. Ils ont organisé un spectacle de hip-hop. Cela n’a pas suffi. Les enfants étaient très inquiets pour leur amie. Un jour, une équipe de télévision est venue pour faire un reportage et Mine est passée à la télévision, avec son petit chien Zanzibar. Quelques jours plus tard, un homme d’affaires est arrivé par avion, avec une mallette noire remplie de billets. Il a réglé toutes les dettes pour sauver la boutique. Mine ne le reconnaissait pas, alors, il a soulevé son pantalon et a montré une grande cicatrice : Mine a reconnu le petit Paul, qui faisait toujours des bêtises.


Chapitre 2 Abel était intrigué par la cicatrice qu’il avait vue. Il décide d’aller chez Mine pour en savoir plus sur Paul. Abel toque à la porte. Mine vient lui ouvrir et lui dit : - Qu’est-ce que tu veux, mon petit ? - Je voudrais rendre visite à Paul. Où habite-t-il ? - Pourquoi veux-tu l’adresse de Paul ? - Pour savoir comment il s’est fait sa cicatrice. - Tu peux le trouver au 42, rue Napoléon. - Cool, merci, Mine. Tout content, Abel va au 42, rue Napoléon. Quand il arrive à l’adresse indiquée, il voit une somptueuse et grande maison avec un toit rouge, un jardin magnifique et un portail en bronze. Il sonne au portail et un homme vient lui ouvrir. Il est grand, il a les yeux bleus, des cheveux courts et noirs. Abel demande : - Comment vous êtes-vous fait votre cicatrice ?

Chapitre 3 - On doit remonter à lorsque j’avais 9 ans, dit Paul avec la gorge sèche. Mon père était trop dur avec moi depuis la mort de ma mère. - Comment est-elle morte ? dit Abel avec la voix tremblante. - Elle est morte d’une maladie que tu ne connais pas. Je suis né dans la banlieue parisienne, dans un quartier pas trop beau. Après la mort de ma mère, papa a trouvé du travail et on a acheté un appartement dans un quartier plus beau, à Lyon. J’étais triste et content : content de découvrir une nouvelle ville mais triste de partir de Paris. Dans le train, mon père m’a averti que si je n’obtenais pas de bonnes notes, il me donnerait des coups de martinet. Pendant le reste du voyage, nous n’avons pas discuté. Quand nous sommes arrivés, mon père m’a ordonné de décharger les valises. Je savais qu’il ne plaisantait pas quand il me disait qu’il me taperait. Quand nous sommes arrivés dans notre nouvel appartement, mon père m’a dit de poser les bagages dans l’entrée. Enfin, il m’a autorisé à aller dehors. J’ai tout de suite localisé le magasin de bonbons.


J’ai regardé si j’avais un ou deux francs dans ma poche. Le magasin était tout peint en rose avec des motifs de bonbons. A l’intérieur, il y avait des vitrines remplies de bonbons, il y avait des tas et des tas de bonbons. C’était un véritable paradis. Les odeurs de bonbons étaient partout dans la pièce. Le magasin appartenait à la mère de Mine. - Alors c’est pour ça que Mine tient un magasin de bonbons ! - Oui et non : oui, c’est ce qui l’a inspirée, mais elle avait déjà envie de le faire. Alors je continue mon histoire. C’est là que j’ai rencontré Mine. Elle était en train de ranger des caisses de bonbons. C’est là que je suis allé lui demander si elle voulait que je l’aide à ranger. Elle m’a dit oui. Du coup, tous les mardis, je l’aidais à ranger le magasin. Je venais de plus en plus souvent, ça devenait un véritable refuge. Quand mon père me frappait, je me réfugiais directement chez Mine. Je n’aimais pas travailler à l’école. Alors, je prenais des coups en plus des punitions de la maîtresse. Je me retrouvais de plus en plus souvent chez Mine. - Mais il fallait travailler en classe ! - Je sais mais…Comme je te l’ai dit, je préférais faire des avions en papier que de travailler. Je suppose que tu veux savoir les bêtises que j’ai faites. - Oui. Paul soupire. Chapitre 4 A cette époque, j’ai connu ton père et celui de Barnabé. Lui, il avait des lunettes alors que ton père n’avait pas de lunettes comme aujourd’hui, mais il a eu un accident pendant une bêtise. - Laquelle ? - Bah… Ensemble, on faisait beaucoup de bêtises : on enfermait la maîtresse dans les toilettes, on allait au tabac et on demandait des croissants, puis chez le boulanger et on demandait le journal ; on mettait des frites dans la glace, on faisait sonner l’alarme de l’incendie à l’école ou on sautait des leçons en allant aux toilettes,… Parfois, on revenait de l’école avec des punitions, et là, ce n’était pas beau ! Mais un jour, on a fait une farce à notre professeur. On voulait casser sa moto, mais l’acide de la batterie est allé dans les yeux de ton père et…


Il s’arrête un moment. - Je ne l’ai pas revu depuis ce jour-là… Entre ses mains, ça se voit qu’il pleure. Abel cherche à le consoler, mais ça ne sert à rien. - Alors, à demain ! Abel, sur le chemin, pense à la suite de l’histoire. Qu’est-ce qui s’est passé après ? Il a continué à faire des bêtises ? Chapitre 5 Le lendemain, après l’école, Abel retourne chez Paul. Arrivé devant la porte, il toque. Toc toc ! Quand la porte s’ouvre, il se retrouve devant une femme avec un t-shirt rose et un pantalon gris. - Entre, dit une voix venant de derrière la femme. Je te présente : Rosetta, ma femme de ménage. Abel entre lentement. - Tu peux jeter ton cartable où tu veux. - Ok. Bon, on continue ? demande Abel, impatient. - J’ai fait une autre bêtise aussi, j’ai lâché Zanzibar dans la classe !!! - Quoi ! Il y avait déjà Zanzibar ? - Oui, tu sais il est très vieux ! Il a …heu…ah ! Il a 49 ans. Bah…où en étais-je ? Ah oui ! La maîtresse nous a donné des heures de colle à tous ! Après l’école, toute la classe m’a couru après. Je suis passé devant la boulangerie et les odeurs des croissants m’ont envahi le nez, mais après une dizaine de mètres, je suis tombé. Heureusement, j’avais de l’avance sur les autres. Le vent me soufflait sur le visage. Quand je suis arrivé devant la piscine municipale, j’ai sauté par-dessus le portail ! Tout autour de la piscine, il y avait de l’herbe haute d’au moins un mètre. Je sentais mon cœur qui battait. Ma jambe était blessée. Grâce au ciel, Zanzibar est allé appeler Mine ! Mine a appelé son frère, un policier, qui a ouvert le portail de la piscine. Mine cherchait à tout prix à convaincre le directeur de ne pas me renvoyer de l’école. Elle a pris rendez-vous avec lui. Après une dizaine de minutes, elle a tiré de sa poche un paquet de bonbons et… le directeur a accepté de ne pas me renvoyer ! - Grâce aux bonbons ? - Oui !


Chapitre 6 J’ai changé après cette énorme bêtise. J’ai décidé de me mettre à travailler à l’école pour ne pas décevoir Mine et le directeur, parce qu’ils m’avaient laissé une deuxième chance. Je vais te raconter comment j’ai changé. - Chouette, ça a l’air intéressant ! - Après cette bêtise dangereuse, je suis allé à l’hôpital. C’était horrible ! Quinze points de suture sans anesthésie. J’ai hurlé. Et c’est là que tout a changé. Je suis devenu plus sage. Après, mes études ont continué à être très ennuyeuses, surtout en français et en orthographe, mais les maths étaient amusantes et j’ai eu de très bonnes notes ensuite. J’ai réussi mes études. Mine a été très importante tout au long de ma vie et Zanzibar aussi. Elle m’a sauvé de six énormes punitions et Zanzibar m’a sauvé de cette énorme bêtise. Mine me donnait des bonbons pour me réconforter des coups de martinet de mon père. Elle m’aidait à faire mes devoirs pour les éviter. Un jour, j’ai vu Mine passer à la télé elle a dit : « Je dois fermer le magasin de bonbons, je n’ai pas assez d’argent pour payer mes dettes. » Quand j’ai entendu ça, j’ai pris ma mallette pleine d’argent et je suis allée chez Mine aussi vite que possible. Voilà, tu connais toute l’histoire. » Abel remercia Paul de sa confiance et repartit chez lui, encore plus fier d’avoir Mine pour amie.


Raconte-moi, Muche

par Abigaëlle, Emie, Esdras, Joséphine et Luciana


Chapitre 1 - Entre, ma chérie ! Marie pousse la porte. Elle entre chez Muche, sa grand-mère. Elle aime aller chez elle, car elle s'y sent bien : la maison n'est pas très grande, mais elle est très accueillante, comme Muche ! Sa tapisserie est pleine de fleurs, tout est couleur pêche, les meubles sont anciens, tout en bois. Certains ont des vitrines et on peut y voir des belles assiettes toutes fines, blanches avec des petites fleurs colorées. Ça sent bon la mirabelle. Dans un placard, il y a des bocaux remplis de mirabelles. Marie adore le jardin de Muche : dans le potager, sa grand-mère cultive toutes sortes de légumes et de fruits. Le potager est presque aussi grand que la maison. Muche s’en occupe beaucoup : elle enfile son petit tablier et ses bottes à fleurs et elle prend son arrosoir et son râteau, pour gratter la terre. Elle bêche... Elle a toujours des légumes frais.


Au fond du jardin, elle a un cabanon en bois où elle entrepose les fruits qu'elle récolte dans des petits paniers. Ça sent les fruits, on se croirait dans un magasin de bonbons ! Ce que Marie aime, quand elle va chez sa grand- mère, c'est quand elle lui prépare des gâteaux aux fruits. Ses préférés, ce sont les tartes à l'abricot et à la poudre d'amandes. Muche est vraiment une pâtissière extraordinaire ! C’est grâce à sa grand-mère que Marie a pu réaliser son rêve: devenir majorette.   Chapitre 2 Aujourd’hui, Marie vient voir sa grand-mère car elle a trouvé chez elle une photo étrange. La photo d’une petite fille devant une grande grille noire. Marie aimerait comprendre. - Ma chérie, je vais t’expliquer. Cette photo a été prise quand j’étais à l’orphelinat. Mes deux parents sont morts pendant la guerre. J’avais quatre ans quand ils sont morts. Ce que je me rappelle d’eux, c’est qu’ils s’occupaient bien de moi. Maman était jeune. Elle portait toujours des jupes blanches. Elle avait de beaux yeux bleus et elle avait toujours un chignon. Ensemble, on adorait manger des glaces et compter les voitures qui passaient sur la route. Papa était très gentil. Il lavait des vitres. On s’amusait beaucoup, tous les deux. Quand il lavait la voiture avec le tuyau d’arrosage, il m’aspergeait à chaque fois. Un jour, la guerre a éclaté et une bombe a explosé à côté de chez nous et ça les a tués tous les deux. Je suis allée chez une voisine pendant un an, puis une dame est venue me chercher pour m’emmener dans un orphelinat. C’était un endroit très grand. Il y avait des petits lits en fer avec des barreaux. On dormait à vingt dans un dortoir. Il y avait plein d’araignées ! A l’orphelinat, j’avais plusieurs amis : Stéphane, Diego, Lucie, Lisa, Luka, et ma meilleure amie Emma. A la cantine, il y avait des repas dégoûtants. Les bonnes sœurs étaient sévères et méchantes, elles me tapaient, et elles me tiraient les oreilles. L’orphelinat, c’était l’enfer. Certains de mes amis ont été adoptés mais pas moi. J’étais très douée à l’école, mais je n’ai pas pu faire d’études parce que, à cette époque, les filles rentraient souvent dans des écoles ménagères. J’ai été obligée d’arrêter après le certificat d’études, pour faire cette école ménagère. Mon rêve le plus cher était de devenir pâtissière, une pâtissière connue dans le monde entier.


Chapitre 3 Je suis devenue femme de ménage et j’étais employée dans plusieurs familles. La première famille était dure. J’étais traitée comme Cendrillon, et puis je travaillais toujours tard, et sans être payée plus. Je ne pouvais rien faire en fait, je dis ça, parce que moi, je n’aimais pas faire le ménage. La deuxième famille, c’était une dame vieille et seule qui était gourmande. Elle s’appelait Martine. Un jour, Martine m’a sorti un livre de pâtisserie puis elle m’a demandé : - Aimes-tu la pâtisserie, Muche ? Et je lui ai répondu que oui, alors elle m’a tendu le livre de pâtisserie et elle m’a dit : - Fais-moi de bonnes pâtisseries ! Je lui ai fait un signe de tête et je lui ai répondu qu’elle serait épatée. J’espérais qu’il expliquait bien, son livre de pâtisserie, parce que moi, en vrai, je ne savais pas faire. Je n’avais jamais eu l’occasion d’apprendre. Je n’avais jamais eu assez d’argent pour prendre des cours de pâtisserie. Chaque semaine, je lui faisais un gros gâteau. Soit au chocolat, soit à la fraise, soit à la vanille, soit au nougat, à la crème, au caramel mou, soit tout simplement nature aux amandes. Grâce à tous ses livres de pâtisserie, j’ai appris à me servir du rouleau à pâtisserie. Moi qui croyais que ça servait à chasser les voyous, comme dans tous les dessins animés en noir et blanc. - Mais Muche, les dessins animés, c’est pas en noir et blanc ! - Marie, à l’époque, il n’y avait pas de couleur ! Muche poursuit : - J’ai aussi appris à me servir du fouet. Pas le fouet pour fouetter, non ! Le fouet à pâtisserie. Martine m’a appris une super astuce : le chalumeau. Quand le gâteau colle, hop ! Chalumeau ! On passe un coup en-dessous et voilà, ça ne colle plus. Il y avait aussi la poche à douille. C’est formidable : on met le chocolat ou même la crème au nougat et quand on appuie dessus, ça fait une sorte de fleur ! Pendant ces années chez Martine, j’ai aussi appris à faire des confitures, des charlottes, des petits biscuits et des tartelettes à la mirabelle et surtout j’ai appris à doser à la cuillère.

Avec cette dame, on était des meilleures amies inséparables. On se racontait des histoires de princesses et de princes et parfois elle me racontait sa jeunesse, ce quelle faisait. Elle me disait qu’elle aussi, elle aimait la pâtisserie et m’expliquait qui lui avait appris tout ça.


Je lui demandais aussi à quoi elle jouait quand elle était enfant. Elle me répondait souvent que tous ses jouets, elle les inventait. J’étais impressionnée par tout ce quelle faisait. - Mais Muche, pas besoin d’inventer ! On va dans les magasins, on va au rayon « jouets » et on l’achète. - Tu sais Marie, à l’époque, les magasins de jouets n’existaient pas, donc on était obligé de les inventer, nos jouets. Elle était douce et attentionnée, mais malgré tout, elle était stressée. A chaque fois que je me faisais mal ou que je tombais, elle venait en courant, toute pâle, avec un tissu blanc dans la main et un énorme verre d’eau. A chaque fois quelle se penchait, j’avais l’impression qu’elle allait s’évanouir. Mais malgré ces défauts, elle avait quand même des qualités : elle était une très bonne conteuse. Elle savait aussi rassurer les gens. Par exemple, un matin, je suis arrivée en pleurant : « Martine ! Demain, je vais travailler chez Monsieur et Madame Dupot, je n’ai pas envie, ils sont méchants avec moi, ils me prennent pour Cendrillon ! Moi, je m’en fiche, je n’y vais pas ! » Elle m’a dit : « Tu sais, Muche, plus tu y vas, plus tu vas t’en débarrasser vite ! ». Et elle avait raison. Elle savait tout faire, alors je la surnommais « Martine-bonne-en-tout » !

Chapitre 4 Un jour, je suis rentrée pour faire le ménage à la maison. J’ai pris le double des clefs qui était caché dans le pot de fleurs préféré de Martine. Je suis entrée. Il n’y avait personne. J’ai crié : « Martine ! » Toujours personne. Je suis allée dans sa chambre : encore personne ! J’ai regardé partout. Sauf dans la cuisine. Il y avait le bar qui cachait Martine. Je la vois par terre. Je crie : « Ah ! Mon Dieu ! ». Elle était morte. Et tout de suite, j’ai compris pourquoi elle ne se sentait pas bien pendant tous ces jours. J’étais très triste. Mais j’étais obligée de changer de famille. Je ne pouvais pas rester sans travail. Un jour, une famille m’accueille, d’ailleurs, pas sympathique, la famille. Tous les jours, le ménage, même pas de pause. Enfin, si, mais cinq minutes ! Ça faisait peur, chez eux. C’était une maison blanche. Un jour, la propriétaire a reçu une lettre. Du haut des escaliers, j’ai vu que c’était à mon nom. Quand la dame est allée faire les courses, je me suis précipitée sur la lettre. Il était écrit que Martine me donnait en héritage sa maison et tout ce qui lui appartenait.


Chapitre 5 J’ai vendu le plus grand collier de Martine à un bijoutier anglais. Grâce à la somme que j’ai gagnée, j’ai pu reprendre les études. Je me suis inscrite au plus vite dans une école de pâtisserie. Je me sentais seule car tous les autres élèves étaient plus jeunes que moi. Mais je me suis fait des amies quand je suis arrivée dans cette école. J’étais tellement contente de réaliser mon rêve. Puis quelques mois plus tard, j’ai loué une petite maison pour une semaine en Italie. Ma maison était jaune. Tous les matins, je prenais mon petit déjeuner à la « Grotta Azzura ». Le serveur était très gentil avec moi. Il s’appelait Anthony. Il m’a invitée à sortir. Bien sûr, j’ai dit oui. A 22h00, comme prévu, je vais sur la Piazza Roncas. Je m’assois sur un banc. Quelques minutes plus tard, un monsieur s’assoit à côté de moi. Il commence à me regarder. Je me retourne. C’est le coup de foudre. La personne, c’était Anthony. Dès qu’on s’est levé, on s’est embrassé. Je lui ai annoncé que je partais le lendemain en France. Je lui ai proposé de venir avec moi. Il m’a dit non. Un mois plus tard, je lui ai téléphoné car j’étais enceinte. Puis neuf mois plus tard, j’ai accouché ! Tu vois, Marie, c’est comme ça que j’ai eu ta maman. Sans Martine, ma vie aurait été un enfer. C’est pour cela que je voulais absolument que toi aussi, tu réalises ton rêve. - Merci Martine ! dit Marie. - Tu viens Marie, dit Muche, je te fais des tartelettes à la mirabelle.


Sembéké, le guerrier comptable

par Augusto, Blanche, Flore, Laszlo, Maxime et Myriam


Chapitre 1 Le jeune Massaï - Asseyez-vous, les enfants. Je vais vous raconter une histoire. - Mais grand sorcier, quelle histoire ? - Aaahh, mon garçon, j'étais sûr que tu allais me poser cette question. C'est l'histoire de Sembéké. Nous sommes au temps où le gouvernement Arc-enciel arrive au pouvoir au Kenya. Sembéké peut donc aller à l'école. Un jour, une personne du ministère arrive au village et dit : - L'école est gratuite pour les gens qui veulent y aller pour apprendre. Sembéké profite de l'offre et va à l'école. Pour lui, l'école est un palace et ça le change beaucoup des petites maisons en terre de son village. Le jour de la rentrée, Sembéké se fait beaucoup d’amis. Il découvre qu’il adore compter et il a de très bonnes notes. Un jour, alors qu’il est tout content à l’école (il a toujours 20 sur 20 en maths), son père vient le chercher à Tsévo et lui dit : - Sembéké, le village a besoin de toi, tu vas devenir guerrier. Sembéké commence à protester mais son père le menace d’une punition. Le soir, il réfléchit : - Si je deviens guerrier, je ne pourrai pas devenir comptable.


Chapitre 2 L’explication Alors, Sembéké est obligé d’arrêter l’école en plein milieu d’année scolaire. Il est vraiment content d’avoir pu découvrir les mathématiques et le plaisir de réfléchir. Il retourne donc dans son village. Rien n’a changé : toujours ces petites maisons ovales faites de bouse de vache, encore ces vêtements rouges de pauvres et son père toujours aussi sévère que d’habitude. Sembéké décide d’aller rendre visite au sorcier du village. - Bonjour, Sembéké, dit Sankeï. Tout de suite, Sembéké lui raconte ce que son père lui a dit. - Mon père veut que je devienne guerrier, dit-il. Et moi je ne veux pas. Je veux devenir comptable. - Tu dois d’abord me saluer, Sembéké, dit Sankeï. - Bonjour, dit Sembéké. - Ecoute : je vais préparer une potion avec différentes herbes et de la poudre de défense d’éléphant, dit le vieux sorcier. - Je peux aller chercher les herbes, dit Sembéké. Dis-moi seulement ce que tu veux. Le sorcier explique ce dont il a besoin. Sembéké court le plus vite possible. - Qu’est-ce que tu fais ? lui demande son père. - Quelque chose, répond Sembéké. - Mais quoi ? demande son père. - Je dois aider Sankeï, répond l’enfant, un peu énervé. - Je vais t’aider aussi. Sembéké et son père vont cueillir tous les ingrédients dont Sankeï a besoin. Quand ils reviennent au village, toute une assemblée de Massaïs armés arrive pour demander à Sembéké comment ça s’est passé à Tsévo. - Raconte-nous ! dit un Massaï. - Les maisons sont plus riches, dit Sembéké. - Et ? dit le même Massaï. - Les vêtements aussi, dit Sembéké.


Pendant qu’il parle avec les guerriers, son père, qui se doute de quelque chose, détruit tous les ingrédients. On entend des « Ahh ! » et après, des applaudissements. Un guerrier dit : - L’année prochaine, tu iras de nouveau à Tsévo ! - Non, il va devenir guerrier, intervient le père de Sembéké. Demain, il passera l’Epreuve.


Chapitre 3 Le prédateur sauvage Alors, Sembéké doit subir l’Epreuve. C’est une épreuve dangereuse qui consiste à tuer un lion. Il part avec son père. C’est beau le Kenya : des baobabs, le chaud, l’herbe jaune, le ciel bleu, des animaux, la plaine, et le Kilimandjaro. Ils partent à la chasse et trouvent un lion qui les aperçoit. Comme le lion est très féroce, il les chasse de son territoire. Sembéké et son père n’ont qu’une lance. Ils réussissent quand même à le toucher mais ils ne le tuent pas complètement. Soudain, le lion bondit sur le père de Sembéké. Il lui fait mal, mais le père de Sembéké réussit à se dégager des griffes du félin. Soudain, un troupeau de gazelles surgit de la brousse. Les gazelles intéressent plus le prédateur. Il s’en va, après avoir donné un dernier coup de griffe à Sembéké.

Le père de Sembéké saigne de la jambe. Il dit à son fils : - Trouve un endroit pour nous mettre en sécurité. - D’accord, je vais essayer. Sembéké part puis disparaît au loin. Il n’arrive pas à marcher mais il arrive un peu à ramper, jusqu’à ce qu’il trouve une grotte qui ferait un abri pour se reposer la nuit. Il retourne vers son père.


- Père ! J’ai trouvé une grotte. Elle n’est pas loin. Je vais t’aider à y aller. - Ah bon ! Tu as trouvé une entrée ? C’est bien Sembéké, je te félicite ! - Merci Père ! Allez, viens, maintenant on y va ! - D’accord ! Sembéké aide son père mais il a mal. Son père aussi a très mal mais il tient le coup. Ils arrivent à la grotte. Sembéké lui fait un lit pour qu’il se sente mieux. Son père lui dit : - Va dans la savane et va chercher du secours, mon petit !

Sembéké va dans la savane mais il hésite. Il tourne en rond à l’entrée de la grotte. Soudain, il aperçoit par terre un caillou brillant. Il s’en saisit, et finalement, il retourne à la grotte. Son père lui demande : - Alors comme ça, tu n’obéis pas à ton père ? - Je croyais que je devais veiller sur toi, Père. Je ne te laisserai jamais tomber. - Il faut que je puisse être soigné, mon fils. Va chercher des renforts ! Surtout, ne te blesse pas. Sembéké est déjà parti. Il a du mal à avancer car il souffre beaucoup.


Chapitre 4 Les sauveurs Tout à coup, des touristes étrangers qui admiraient une découverte archéologique, trouvent des traces de sang et ils les suivent. Celles-ci les mènent jusqu’à la grotte. Quand ils arrivent, ils voient un petit enfant et son père. Le père de l’enfant est blessé, il a sa jambe gauche en train de saigner. L’enfant est choqué mais il ne pleure pas. Les touristes les accompagnent en jeep au grand hôpital de Tsévo pour que le père puisse être soigné. Ils emmènent aussi le petit garçon car ils pensent qu’il veut rester avec son père. Une fois à l’hôpital, un dialogue s’engage entre Sembéké et son père. - Père, il faut qu’on parle. - Qu’est-ce que tu veux bien me dire ? - Je ne veux pas du tout être guerrier. - Tu es obligé de devenir guerrier. Les Massaïs ont besoin de toi. - Mais imagine que je meure. Je ne suis pas à la hauteur. Je suis incapable de combattre. - Oui, mais tu es très intelligent, c’est même ta maîtresse qui me l’a dit. Tu pourras être le futur chef de notre village. - Si tu penses que je suis intelligent, laisse-moi reprendre l’école. - Tu ne peux pas. La tradition veut que le fils du chef du village lui succède. - Oui mais moi, je veux être comptable, pas chef du village ni guerrier. - Je te comprends mais tu n’es pas le seul à ne pas vouloir. Quand j’étais petit, c’était pareil. - Moi, ce n’est pas pareil. Un long silence suit. - Es-tu vraiment sûr de ton choix ? - Oui, Père. Le lendemain, Sembéké se rend à son ancienne école pour parler à sa maîtresse. La maitresse, surprise, lui demande : - Sembéké, que fais-tu ici ? Je ne t’ai pas vu depuis longtemps ! Il lui répond alors d’un air triste : - Je suis venu vous voir car j’ai besoin que vous m’aidiez ! Je veux reprendre les études. Mais mon père ne veut pas. De toute façon, comment pourrais-je faire pour les payer ?


Soudain, une énorme pierre tombe de sa poche. La maîtresse lui dit : - Mais ce diamant, où l’as-tu trouvé ? Tu pourrais le vendre ! Il doit coûter une grande fortune ! Il lui répond : - Ça ? Un diamant ? Mais je n’ai jamais vu de diamant ! Il est si beau ! Pourquoi le vendre ? Elle dit : - Sembéké, sincèrement, tu devrais vendre ce diamant…si tu veux faire tes études de comptable ! Sembéké regarde le gros diamant dans ses mains et il dit fièrement : - C’est vrai que je devrais vendre cette grosse pierre brillante pour mes études. Il demande à sa maîtresse si elle peut l’emmener à l’hôpital pour rejoindre son père. La maitresse accepte et lui sourit. Ils vont à l’hôpital en Jeep. Quand ils arrivent, Sembéké retrouve son père. Il dit : - Père, je suis content de te voir ! J’ai une grande nouvelle à t’annoncer. Je pourrai financer mes études car j’ai trouvé un diamant. Ma maîtresse dit que je pourrai le vendre très cher. Son père est surpris. Il attend un long moment avant de répondre. - Ecoute, mon fils. Tu m’as montré ce que tu étais capable de faire pour devenir comptable. Alors je te donne l’autorisation de faire ce métier. Sembéké, bouche bée, lui répond : - Mais je croyais que tu voulais que je devienne guerrier ! Le père dit tristement : Le grand sorcier se tait. Tous les enfants sont émus. - Est-ce que c’était une histoire vraie, grand sorcier ? - Oui, entièrement vraie. Alors vous, les enfants, n’oubliez pas qu’on peut toujours choisir sa vie. - Je voulais que tu deviennes guerrier mais je ne m’étais pas rendu compte que c’était si douloureux pour toi de renoncer à ton rêve.


16 classes de CM1, CM2 et 6è ont lu, rencontré et écrit avec :

Irène Cohen-Janca, Hervé Walbecq, Erik L’homme, Jean-Claude Mourlevat

Retrouvez les histoires intégrales sur www.villagillet.net Avec les éditions Célestines : http://petitslivres.free.fr Avec le soutien des éditions école des loisirs, Gallimard Jeunesse et Rouergue


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