Collège Jean Renoir

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Graines de lecteurs Récits

Collège Jean Renoir - Classe de 6ème


Histoires écrites par des classes de 6ème de l’école primaire Jean Renoir Avec l’aimable collaboration de Pascal Vatinel



Florilèges

Travail collectif


Dans le cartable de Fleur de Printemps Dans le cartable de Fleur de Printemps Il y a des crayons jetés précipitamment, Un gâteau aux arômes de thé Ecrasé entre ses cahiers emmêlés, Une pierre de jade cachée tout au fond Pour la protéger de tous les démons, Une boîte en bambou qui cache un mystère ... Mais là, je dois me taire !

Dans le sac à dos de Lao Sheng Il y a Une vieille carte toute froissée Qui l’aide à se diriger Une gourde en alu brossé Pour se désaltérer quand il est fatigué Sans oublier ses précieux gâteaux Parfumés à la fleur d’oranger. Dans le sac à dos de Lao Sheng, il y a un pull de soie, Un bol plein de grosses nouilles Et son porte-bonheur en jade. Mais il ne faut pas oublier la théière pour faire du thé, Sa jolie tasse en porcelaine, Et son livre de contes chinois.


Dans le sac à dos de Lao Shen Vous y trouverez : Une vieille carte de la Chine, Pleine d’élégants caractères ; Un petit sac de thé au chrysanthème, Et une tasse en porcelaine ; Une statuette de tigre, Faite dans le jade le plus pur ; Un chapeau de jonc tressé, Contre le soleil c’est plus sûr ; Et enfin un pinceau, des feuilles et de l’encre, Pour écrire des poèmes en haut du mont Taishan.

Dans le sac de Lao Sheng Il y a une boussole Et un joli tapis de sol, Pour découvrir les jardins Aux très douces senteurs de jasmin. Il lit un livre en mandarin, Sur la Muraille près de Pékin, Un petit bol de riz à la main, Il y déguste son festin. Une photo de ses amis Buvant du thé un midi. C’est la fête du nouvel an, On y célèbre le printemps. Parfois il sort son grand dragon Plié en accordéon, Et son appareil photo Pour des souvenirs très beaux.


Dans le sac multicolore, il y a tout un trésor... Un beau tissage en soie Comme à l’époque des empereurs chinois Pour ne pas avoir trop chaud Un grand éventail à pois Quand je m’en sers j’entends parfois Le chant des petits oiseaux Dans le sac multicolore Il y a plein de choses encore... Un service en porcelaine Qui vient d’une île lointaine On y voit des reflets d’or Qui me paraissent un trésor. J’ai aussi différents thés Que je déguste sous les cerisiers.

Et dans le sac d’un écolier français ? Dans mon cartable j’ai : Un sac avec des pétards, Des ballons et des bonbons, Des dessins et des lutins. Mon cartable sent le caramel, Les biscuits et les nuages, Tout ce qui est joli est magique, Beau, fou et merveilleux. J’ai de belles BD, Des bateaux multicolores, Pour le soir m’endormir, en rêvant aux plus beaux cadeaux. Je regarde les merveilleuses cartes postales, Je réfléchis et je lis, Puis je chante ma BD en mimant les lutins !


L’oreiller du bonheur

par Alexandre, Ayoub, Lucas, Noah et Rayan


Il était une fois un jeune garçon de douze ans, surnommé Li Shen. Sa famille était de condition modeste, mais il souhaitait de toutes ses forces offrir un oreiller de jade à sa maman, à l’occasion de son anniversaire, pour qu’elle demeure éternellement jeune. Son frère et sa soeur avaient déjà trouvé leur cadeau, alors que lui n’avait pas encore acheté le sien. Il lui avait été très difficile de réunir la somme nécessaire à son précieux achat, et n’y avait réussi qu’au dernier moment. Il était allé dans le village de Yulong, sachant qu’il y trouverait le cadeau tant recherché. Il acheta le plus bel oreiller, en forme de coeur. Sur le chemin du retour, il alla saluer son papi, Li Wen. Il lui montra son oreiller de jade. Li Wen hésita, mais préféra annoncer à son petit fils qu’il n’était pas de jade. L’objet était constitué de lamelles de fluorine, qui apportait bonheur et harmonie, mais pas la jeunesse éternelle. Li Sheng était déçu, il avait dépensé toutes ses économies et ne pourrait offrir désormais la jeunesse éternelle à sa douce maman. Après quelques hésitations, il décida d’offrir malgré tout l’oreiller, sans dire la vérité. La fête était commencée, sa mère était heureuse d’avoir sa famille rassemblée en son honneur. Elle reçut un magnifique bouquet de fleurs puis un pendentif dragon de jade. Elle fut encore plus heureuse lorsque son garçon lui offrit l’oreiller dont elle rêvait depuis si longtemps. Le remords serrait le coeur de Li Shen, il n’aimait pas le mensonge. Lorsque la vérité serait découverte, il perdrait tout l’amour que sa maman lui prouvait depuis toujours. Cependant, les jours passaient, et le jeune garçon remarquait des changements dans l’attitude de sa maman. Avant, fatiguée par sa longue journée de travail, il lui arrivait parfois de perdre patience. Depuis la fête, elle ne s’était jamais montrée énervée, elle semblait toujours calme, détendue. Bien sûr, les trois enfants l’aidaient plus régulièrement dans les tâches quotidiennes, maintenant qu’ils en avaient l’âge. Mais cela n’expliquait pas tout. Ils pouvaient même aller au village, chercher quelques provisions pour la famille. Li Sheng profita d’une de ces occasions pour retourner dans la boutique où il avait acheté l’oreiller. Lorsqu’il entra, le marchand fut pris de panique. Il pensait que le jeune garçon allait lui réclamer son argent. Mais il avait tort de redouter la colère de Li Sheng. Au contraire, celui-ci le remercia de lui avoir vendu l’oreiller. Il était certain de son pouvoir, celui de rendre heureux quiconque l’utilisait.


- Je sais que l’oreiller que vous m’avez vendu n’est pas en jade. Mais il a apporté à maman beaucoup de bien être, elle est ravissante. - Tu as raison, mon garçon. La fluorine a différents pouvoirs, selon sa couleur. Verte, elle apporte l’harmonie et la sagesse, donc le bonheur dans la maison. Mais le plus important est aussi de montrer beaucoup d’attention à ta maman, de toujours lui venir en aide et lui prouver combien tu l’aimes. Li Sheng devint un jeune homme, attentif au bien être de sa chère maman. Toujours gaie, elle ne semblait pas vieillir et avait su conserver toute la force de l’harmonie dans sa maison. «Qui garde un rameau vert en son coeur verra venir l’oiseau du bonheur.»


Lanhua et Zhao

par Éva, Léa et Oriana


Lanhua, une jeune villageoise, passait le plus clair de son temps avec son ami Zhao. Ils avaient tous les deux onze ans et s’appréciaient beaucoup. Par un beau jour d’été, alors qu’ils se promenaient dans la proche forêt, ils rencontrèrent un ermite : Langzu. Ils discutèrent un moment ensemble, jusqu’à ce que Langzu les invite chez lui pour qu’ils se rafraîchissent d’une tasse de thé au chrysanthème. Alors qu’ils se reposaient dans la modeste mais confortable cabane, un bruit terrifiant retentit, comme venu des profondeurs de la terre. Zhao se précipita dans un coffre de santal, Langzu eut à peine le temps de se cacher derrière un paravent, tandis que Lanhua se faufila sous le lit. Mais le dragon, car il s’agissait bien de lui, aperçut l’éventail de la jeune fille qui dépassait de la couverture. Il attrapa Lanhua et l’emporta avec lui, certainement dans sa caverne. Zhao, une fois le danger écarté, sortit de sa cachette. Ne voyant plus son amie, il se mit en tête d’aller la sauver. L’ermite l’attrapa par le bras et lui expliqua qu’il devait patienter : il était bien jeune pour partir seul combattre le dragon. Il devait aussi reprendre des forces avant de se lancer dans cette aventure. Langzu et le jeune garçon allèrent se coucher, après avoir avalé, sans grande faim, une soupe de germes de soja. Zhao s’assura que l’ermite dormait profondément et partit à pas feutrés à la recherche de Lanhua. Le lendemain, à son réveil, le vieil homme comprit que Zhao était parti sans lui. Il prit la route, avec, dans un simple baluchon une gourde de thé vert et quelques gâteaux de taro. Il arriva dans un village et rencontra une jeune fille nommée Meihua, qui lui dit avoir vu Zhao. Il allait en direction de la forêt. Langzu suivit ses indications. Il marcha un long moment. Puis il rencontra un jeune paysan, qui lui affirma avoir vu un garçon de taille moyenne. Il devait s’agir de Zhao. Le garçon proposa à Langzu de monter sur son âne. Ainsi, il l’emmènerait rapidement jusqu’à la caverne du dragon Xiangu. Pendant ce temps, Zhao arrivait à la caverne. Il entendit son amie qui appelait à l’aide. Se dirigeant au son de sa voix, il courut à son secours. Mais le dragon sortit de son sommeil et attrapa le jeune téméraire, prêt à le croquer pour en faire son repas. Zhao imaginait déjà le chagrin de Lanhua, celui de ses parents. Comme toujours, il pensait beaucoup plus aux autres qu’à luimême. Sa peur, bien que réelle, n’était rien à côté de la douleur que sa mort allait provoquer dans le coeur de ses proches.


Soudain, Zhao sentit que l’étreinte se desserrait, Xiangu semblait comme attiré irrésistiblement par un objet : il fixait du regard l’éventail de Lanhua. Cette dernière comprit ce que voulait le monstre à la langue de feu, elle lui tendit son éventail. Lorsque le dragon eut saisi l’objet, une lumière de jade illumina la caverne, le tonnerre se mit à gronder, le sol à vibrer. Langzu arriva au même moment, il resta à l’entrée de l’antre, comprenant ce qui était en train de se produire. Xiangu avait posé l’éventail sur son cœur, il ne bougeait plus, son regard avait perdu toute colère. Le calme revint peu à peu, seul demeurait l’éclat de jade. Puis Xiangu commença à rapetisser, ses écailles tombèrent une à une, laissant place à une peau bistre, étincelante et fine. Le long museau devint fine bouche, des cheveux d’ébène encadrèrent alors un visage rassurant de jeune homme. Xiangu avait pris apparence humaine. Lanhua et Zhao admirant le prodige, ne pouvaient croire ce qu’ils voyaient. La métamorphose terminée, Langzu put entrer dans la grotte. Il couvrit Xiangu d’une toile de coton qu’il avait pris soin d’emporter puis il raconta aux deux adolescents : - Xiangu était un jeune homme aimable et fort habile, il fabriquait des éventails que toute la cour souhaitait posséder, la fille du chef des armées, Li Baï, plus que quiconque. Elle écrivait des poèmes pour le jeune homme, elle souhaitait qu’un jour il devienne son époux, alors que son père prévoyait pour elle une union remarquable, avec un homme digne de son rang. « Son cœur est comme un cadenas rouillé : incapable de s’ouvrir. » Xiangu prit la parole pour terminer son histoire, la voix brisée par l’émotion : - Jaloux de ma renommée et surtout de l’attachement que sa fille me portait, le chef des armées se mit à la recherche d’un magicien dont il connaissait les pouvoirs. Cet homme pouvait en effet transformer un humain en dragon, si en échange il recevait une belle quantité de jade. L’affaire fut conclue, je fus transformé en créature de feu. Mais c’était sans compter sur l’amour de Li Baï. Elle m’avait demandé de calligraphier l’un de ses poèmes sur un éventail, celui-là même que tu possèdes, Lanhua, sans connaître son histoire. Comment te l’es-tu procuré ? - Je l’ai trouvé dans une boutique, au milieu d’autres bijoux et bibelots. La finesse du trait me l’avait fait préférer à tout autre objet, fût-il précieux. Je comprends maintenant que l’éventail s’est imposé à moi, afin que je participe à ta délivrance. La force de l’amour avait rendu sa forme humaine au jeune homme, maintenant il devait retrouver son aimée.


Lanhua, Zhao, Langzu et Xiangu se mirent en route rapidement. Le chemin leur parut long, sans fin, mais toujours l’espoir de retrouver Li Baï les animait. Ils arrivèrent enfin au palais de l’empereur, espérant que le chef des armées y résidait encore avec sa fille. Ils entendirent une douce voix qui chantait, sur un air mélancolique, des paroles que Xiangu reconnut immédiatement : c’était un des poèmes de Li Baï. Les jeunes amoureux se reconnurent dès le premier regard. Li Baï avait refusé tous les époux que son père lui avait proposés. L’amour paternel étant le plus fort, le chef des armées n’avait pu se résoudre à imposer une union à sa fille, sans son accord. Elle avait attendu son amoureux, certaine de son retour. Sa persévérance était enfin récompensée. C’est ainsi que le mariage fut célébré, dans la joie de toute la cour et surtout celle de Li Baï et Xiangu, enfin réunis, sous le regard attendri du chef des armées. Sans oublier Lanhua et Zhao, qui participèrent à la fête, le cœur empli de bonheur à venir. Quant à Langzu, il présenta ses vœux de longévité aux jeunes mariés et s’en retourna méditer dans sa cabane, dans l’attente de nouveaux voyageurs à aider.


Le Bonheur de Meihua

par Anaëlle, Clément, Diane, Léa et Lucie


C’est l’histoire d’une jeune fille qui s’appelait Meihua. Elle avait dix ans et vivait à Zhaji, tout près d’une grande forêt de bambous. Elle vivait seule avec son père, car sa maman avait disparu. Depuis, son père la maltraitait. Un jour, alors que Meihua se posait encore et toujours les mêmes questions à propos de la disparition soudaine de sa maman, elle décida d’aller chez son grand-père qui s’était toujours montré tendre avec elle, et à son écoute. Meihua ressemblait tant à sa maman ! Mais elle n’en avait aucun souvenir, elle était trop jeune au moment de sa disparition. Avant d’arriver chez lui, elle devait traverser une sombre forêt de bambous, qui faisait naître en elle les pires frayeurs, presque aussi terribles que celle que lui inspirait son père lorsqu’il se mettait en colère. Elle avançait, à petits pas, attentive à la moindre alerte. Soudain, elle entendit des bruits inhabituels. Elle se mit alors à courir et arriva tout essoufflée chez son grand-père. Ils burent une tasse de thé et mangèrent quelques gâteaux. Meihua pensa que son grand-père pourrait l’aider, mais il avait trop de chagrin. Il était incapable de lui répondre, tant sa voix se confondait dans ses sanglots. Elle dut retourner chez elle, à contre-cœur. Elle était à peine arrivée que son père s’en prit à elle, il entra dans une colère encore plus terrible que d’habitude. Il saisit la baguette de bambou qu’il affectionnait tant, et lui en porta plusieurs coups qui la firent souffrir affreusement. Ensuite, en sanglots, la pauvre petite prépara une soupe de pousses de soja. Ils dînèrent rapidement, sans échanger une parole. Puis elle se réfugia dans sa chambre, après avoir nettoyé et rangé la vaisselle du dîner. Mais elle ne put s’endormir. Elle pensait sans cesse aux bruits qu’elle avait entendus dans la forêt de bambous. Elle avait nettement senti une présence. Amie ou ennemie ? Ne serait-ce pas une bonne idée d’aller le vérifier ? Peutêtre que cette chose ou cette personne pourrait lui venir en aide ? D’ailleurs, elle serait bien mieux n’importe où que dans cette maison ! Elle attendit que son père soit endormi, prit les quelques affaires qui lui appartenaient, sans oublier un dragon de jade que sa maman lui avait offert avant de disparaître. Elle le fixa par une épingle sur le revers de sa veste et sortit sans faire de bruit, traversa le village en faisant attention de ne pas alerter les chiens. Meihua arriva bientôt en lisière de la forêt, avança à tâtons, prudemment. Bientôt, un petit bruit se fit entendre, puis un autre. Le bruit ne cessa de s’amplifier, ressemblant de plus en plus à une plainte, comme des pleurs. S’armant de courage, elle écouta attentivement et réussit à déterminer la direction qu’elle devait prendre. Elle décida de s’approcher de


l’endroit pour venir en aide à la personne qui pleurait ainsi. Ou peut-être était-ce un animal ? Pour en avoir le cœur net, elle n’avait qu’une solution : continuer ! Cette pensée tournait en boucle dans sa tête, son cœur battait à tout rompre, mais elle n’avait plus peur maintenant. Elle découvrit bientôt des traces de pas grâce à la lueur de la pleine lune. Elle les suivit, les bruits se faisaient plus nets, plus forts. Il s’agissait bien d’une plainte, mais plutôt celle d’un animal. Bientôt elle les entendit nettement : elle était tout près ! Rapidement, elle put apercevoir une petite forme velue qui déjà n’avait plus de force. Les pleurs devenaient des gémissements, l’animal ne bougeait presque plus. Elle s’approcha et posa la main sur la douce toison, composée de taches blanches et noires. C’était un petit panda ! Il était pris dans un piège et ne pouvait se libérer. Meihua n’eut aucune peine à le dégager de l’étreinte qui le maintenait, une simple corde qui s’était nouée autour d’une de ses pattes et le serrait fortement. Elle plaça l’animal dans son écharpe qu’elle noua en bandoulière comme le font les mamans avec leur enfant, puis elle reprit son chemin. Elle n’avait fait qu’une centaine de pas lorsqu’elle entendit à nouveau des bruits, comme si quelqu’un marchait à quelques mètres d’elle. Un humain représentait plus de danger qu’un bébé panda. La frayeur s’empara d’elle. La pauvre enfant tenta de trouver une cachette, mais elle était bien gênée avec son fardeau. C’est alors qu’une voix, douce et apeurée, murmura : «Yuan Zai... petit Yuan Zai... Où es-tu ?». Le petit panda remua contre elle et émit un petit cri. La voix reprit : «Yuan Zai... «, cette fois l’angoisse était palpable. Le panda réagit encore. Meihua répéta doucement le nom qu’elle venait d’entendre. Le panda leva les yeux vers elle. Elle en était certaine, Yuan Zai ne pouvait être que le nom de l’animal. Elle répondit alors à voix basse à la personne qu’elle avait entendue. Une femme accourut. Elle avait le visage doux et triste. Un immense sourire se dessina sur ses lèvres dès qu’elle aperçut la toison pelotonnée contre Meihua. Elle tendit ses mains vers Yuan Zai, demanda à Meihua s’il n’était pas blessé. C’est à ce moment qu’elle vit scintiller le dragon de jade que Meihua portait sur sa veste. Elle le reconnut, c’était celui qu’elle avait offert à sa fille le premier jour de sa naissance. Il devait lui porter bonheur. Pourtant, seul le malheur avait surgi dans sa maison. Son mari était devenu d’une jalousie extrême, il ne supportait plus qu’elle parle aux voisins ni aux voisines. Il ne la voulait que cloîtrée dans sa cuisine ou au travail dans la rizière. Jiao, elle s’appelait ainsi, avait fini par s’enfuir, laissant sa fille encore bébé, par crainte qu’elle ne survive pas dans un milieu hostile et sauvage.


La pauvre ne s’était jamais pardonné cette décision, mais elle n’avait pu trouver le courage de rentrer chez elle, par crainte de la réaction de son époux. Depuis, elle vivait cachée, au milieu des pandas qu’elle préservait de son mieux des braconniers. Son époux, de son côté, avait rendu Meihua responsable du départ de Jiao. Sa douleur s’était peu à peu muée en violence envers la pauvre petite. La culpabilité qu’il ressentait après chaque colère accentuait son malheur. Mais cela ne l’empêchait pas de battre toujours l’enfant. Jiao emmena Meihua dans sa petite cabane cachée au fond de la forêt. Toute la nuit, elles se racontèrent leur vie depuis leur séparation. Toute la nuit, elles ne cessèrent d’échanger des sourires et des caresses. Toute la nuit ne fut pas assez longue pour rattraper le temps perdu. Ce n’est qu’au lever du soleil qu’elles décidèrent de rentrer au village. Meihua pénétra la première dans la maison de son père. Il se tenait prostré sur son tabouret, la tête dans les mains, il sanglotait comme un enfant. La fuite de Meihua lui avait fait prendre conscience des douleurs dont il était responsable. Hélas, trop tard ! Puis Jiao fit son entrée, sans faire un bruit. Elle observa longuement celui qui les avait fait souffrir toutes les deux. Il se rendit compte de leur présence, il leva les yeux. Quand il vit son épouse et sa fille de retour, il se leva et s’élança vers elles, les bras ouverts, en signe de bienvenue. Il avait enfin compris son erreur. Il les serra très fort sur son coeur, leurs larmes de joie se mêlèrent à leurs éclats de rires. Il leur demanda mille fois pardon, leur jura de devenir le plus doux des maris et le plus tendre des pères. «Seuls le temps et la patience peuvent changer une feuille de mûrier en bel habit de soie.» Une fête fut organisée. Tout le village était invité, le grand-père de Meihua aussi, bien entendu. Meihua vécut entre ses deux parents, de longues années de bonheur, avant de rencontrer un jeune homme dont elle tomba très amoureuse. Il était très doux, ses parents l’adoraient... Mais ceci est une autre histoire !


Le Dragon malĂŠfique

par Axel, CĂŠdriss, Matthieu, Maxence et Vincent


I L’angoisse avait frappé les habitants de la région, depuis qu’un garçon nommé Yong Fi avait tenté l’ascension de la montagne et n’était jamais revenu. Ils croyaient qu’il s’agissait d’une malédiction. Les uns évoquaient un énorme serpent, d’autres avaient cru voir un ours géant. Un jour, Yong Di, le frère cadet du garçon disparu, partit à la recherche de son aîné. En chemin, il entendit des pas lourds qui résonnaient dans la montagne. Inquiet, il continua malgré tout son chemin, ne pensant qu’à son frère. Soudain, un énorme dragon de pierre surgit devant lui. Il aperçut tout près une grotte et voulut s’y réfugier. Il courut dans sa direction mais se fit assommer avant d’y parvenir . II Yong Di se réveilla dans une sombre et lugubre forêt. Il vit de nombreuses lucioles qui s’illuminaient et lui montraient un chemin de terre battue. Il avança prudemment. Après quelques centaines de pas, il aperçut une cabane. Il toqua à la porte, entendit des bruits, puis la porte s’ouvrit. Un vieil homme apparut, il fit signe à Yong Di de rentrer et de s’asseoir sur un tabouret bancal . Du thé était prêt sur la table basse. Le vieillard prit la parole : - Mais que fais-tu dans cette forêt ? Tu es mon seul visiteur depuis tant d’années ! - Je suis à la recherche de mon frère, Yong Fi. Il avait en tête de faire l’ascension de la Montagne. Je crains qu’il ne revienne jamais, le Dragon Sacré a dû l’attaquer ! - Retiens ta peine, je peux t’aider, je sais où se trouve la grotte du dragon. - Comment cela ? Personne n’est jamais revenu, après l’avoir rencontré, s’étonna Yong Di. - Le dragon les mange tous, lui répondit le vieil homme. Elle se trouve sur la montagne Hua, tu peux y aller à pied en empruntant le chemin de pierre. Mais la route est périlleuse, tu devras te montrer prudent. De suite, Yong Di partit. Il arriva sur le chemin décrit par le vieillard et commença son ascension de la Montagne Sacrée. Il marcha deux jours et deux nuits, malgré la fatigue, ne s’arrêtant que pour se restaurer et récupérer des forces. Jamais il n’eut l’idée de rebrousser chemin, tant son frère était présent à son esprit. Jamais il ne répondit à l’appel de l’abandon. Il progressait, parfois avec peine, toujours avec courage.


Il arriva sur un plateau rocailleux. Quelques rares traces de végétaux brûlés annonçaient la présence du dragon. Il avança, le coeur serré par l’angoisse de rencontrer à nouveau le monstre. Il ne savait si son frère était encore en vie. Mais il n’y avait qu’un moyen de le savoir : continuer. Il aperçut au loin comme une ouverture béante, tache sombre sur la paroi de la montagne. Il progressa tout doucement, évitant le moindre bruit. C’était l’entrée d’une grotte ! Plus de doute, celle du dragon ! Quand Yong Di entra dans la grotte, il fut émerveillé par tous les joyaux incrustés dans les parois. Il s’avança plus profondément, et finit par trouver une énorme pierre de jade, qu’il voulut observer de plus près. Mais son pied actionna un mécanisme, une porte de pierre s’ouvrit sur une salle. Le jeune homme s’y aventura prudemment. Sa vue s’habitua à l’obscurité, il aperçut alors son frère, Yong Fi, endormi. Il s’approcha de lui et le réveilla doucement. C’est à ce moment que le dragon surgit. Les deux frères n’eurent que le temps de s’enfuir, poursuivis par le dragon. La grotte s’emplit des cris de la créature, qui lançait des langues de feu pour tenter de stopper leur fuite. Yong Fi reprenait peu à peu ses esprits. Son jeune frère, Yong Di le tenait toujours par le bras, l’entraînant dans une course folle. L’amour fraternel décuplait leur instinct de survie. Le cadet vit une épée dont le vieillard lui avait parlé. Il s’en saisit, se rua sur le dragon et réussit à l’atteindre en plein coeur. Cette arme était la seule à pouvoir vaincre le dragon de pierre. III Yong Di et Yong Fi rentrèrent au village. Ils furent accueillis comme des héros par les villageois. Même l’Empereur de Jade s’était déplacé pour les remercier d’avoir sauvé la région. Il les récompensa en leur offrant à chacun un magnifique domaine dans la montagne, pour qu’ils en soient les gardiens et les protecteurs. Un banquet avait été organisé en leur honneur. Les villageois avaient préparé de nombreux plats raffinés, thé vert et nids d’hirondelle furent servis en abondance. Il fallait bien cela pour remercier les sauveurs du pays !


Le Dragon aux ĂŠcailles de jade

par GaĂŤtan, Nolan, Paul, Romain et Tom


Yong Mi, un jeune garçon, avait une mère et une soeur, les plus douces et les plus gentilles du pays. Son père, au contraire, était très sévère. Un jour, celuici l’envoya cueillir des fleurs de lotus pour une importante réception qu’il préparait. Yong Mi ne pouvait discuter cet ordre, sous peine d’une punition sévère. Il courut vers le lac, près de son village, où il trouverait des lotus magnifiques. C’est à ce moment que, dans un nuage de fumée, apparut un dragon vert. Cette étrange créature lui dit : - Ne cueille pas ces fleurs... Je suis le dragon de la Végétation, mon rôle est de protéger les plantes et les fleurs. Je devrai te lancer une malédiction, si jamais tu me désobéissais. Yong Mi avait beaucoup plus peur de son père que du dragon, il cueillit la plus belle fleur entre ses doigts délicats. Les pupilles du dragon de la Végétation devinrent flamboyantes. La créature aux écailles de jade, auparavant si calme et si paisible, grandit, grandit... Il était gigantesque à présent. Le dragon de la Végétation cria à Yong Mi, d’une voix terrifiante : - Tu m’as désobéi, prépare-toi à subir une cruelle punition ! Il s’approcha de Yong Mi et lui souffla une fumée verte comme le jade sur le visage. Yong Mi tomba dans un profond sommeil. Quand il se réveilla, le soleil était déjà couché. Fatigué, il ne pouvait faire un pas sans tituber. Il rassembla ses dernières forces pour rentrer chez lui, à pied, il imaginait l’inquiétude de sa maman qui ne le voyait pas revenir. Il avait terriblement mal à la tête, ressentait des douleurs, comme des griffures, sur tout le corps. Il faisait nuit noire quand il arriva chez lui, les ruelles étaient désertes. Sa maman l’attendait, elle avait gardé un bol de soupe de soja bien chaud au coin du feu. Son père lui reprocha de n’avoir pas ramené de fleurs de lotus. Il saisit une baguette de bambou qu’il affectionnait pour corriger son fils, lorsque la colère le prenait, mais sa mère s’interposa et l’empêcha de frapper Yong Mi. Furieux, il quitta la maison et partit dans son atelier, où il passa la nuit à la préparation de la réception. Le pauvre garçon expliqua qu’il s’était égaré dans la campagne, pour que sa mère ne lui pose pas trop de questions. Il avala son repas d’un trait, embrassa sa douce maman adorée, puis alla se coucher. Il ne tarda pas à s’endormir, mais son sommeil fut agité. Il se réveilla enfin, après une nuit très longue, avec une impression de malaise. Ses mouvements étaient gauches, inutiles, douloureux même. Il réussit enfin à se mettre debout et il aperçut son reflet dans un éclat de


miroir : un visage couvert d’écailles vertes et jaunes, des moustaches fines et pendantes, des yeux rouges, flamboyants. Sa sœur, Shi Jing, entra dans la pièce attirée par le vacarme. Elle fut apeurée de découvrir un dragon. Elle osa une question, ne sachant si la créature comprendrait. - Qui es-tu ? Que fais-tu là ? demanda-t-elle, d’une voix tremblante. - C’est moi, ton frère, Yong Mi. Tu ne me reconnais pas ? - C... C’est bien toi ? Mais que t’est-il arrivé ? - Je ne sais pas, je me souviens d’un nuage de fumée, puis me voici ! Yong Mi et sa famille s’habituèrent tant bien que mal à cette nouvelle apparence, sauf son père, qui détestait encore plus son fils qu’auparavant. Yong Mi, le garçon-dragon aux écailles de jade, ne sortait plus que la nuit, avec sa sœur. Un soir, ils décidèrent de se rendre auprès du lac où Yong Mi avait cueilli la fleur de lotus. L’eau aux mille reflets jetait des éclats de jade dans le ciel étoilé. Shi Jing aperçut une source de lumière, plus vive que les autres. Elle entraîna son frère dans cette direction, ils découvrirent un dragon épuisé, affaibli : le dragon de la Végétation. Tous les souvenirs de la sinistre journée revinrent en mémoire à Yong Mi. Les remords ne se firent pas attendre. Le dragon s’adressa à Yong Mi, qu’il avait reconnu : - Te voici de retour, toi qui as tué une fleur de lotus, il y a de cela de nombreuses lunes. Cherches-tu encore à cueillir des belles fleurs, des êtres vivants ? - Non ! Autrefois, mon père, très sévère, me l’avait imposé. J’avais peur de lui plus que de toi ! - Je vois que tout n’était pas de ta faute, alors je te pardonne, la punition t’afflige, je vais te redonner ta forme humaine. La métamorphose s’opéra tout en douceur. Seule demeurait une lumière dans les yeux du garçon, elle rappelait l’éclat du jade. Yong Mi fut si heureux, sa mère et sa soeur également, qu’ils décidèrent de construire un temple pour le dragon, en face du lac. Le temple de la Végétation rappelait à tous les passants l’histoire du garçon aux écailles de jade. Après de longues années, le père de Yong Mi pardonna enfin à son fils, et apprit avec lui à protéger et à aimer la nature.


Une rencontre inoubliable

par Charlyne, Faustine, Ikram, LĂŠane et Romain


Il était une fois, une jeune femme nommée Aïko, à la peau très douce. Elle savait manier les éventails mieux que personne. Son époux s’appelait Han Wei, ils avaient trois enfants : Yeng, Yang et Yong. Ils avaient quitté Shanghaï quelques années auparavant pour s’installer à Pékin. Un grand oncle de Han Wei leur avait légué son magasin, ils avaient donc décidé d’étendre leur commerce d’éventails à la capitale. Un beau jour de printemps, Aïko et Han Wei eurent envie de visiter le palais d’été avec leurs enfants. En arrivant sur place, Aïko proposa à tous une tasse de thé vert et un gâteau de lime, pour reprendre des forces après cette longue route. Les enfants avaient surtout besoin de s’amuser librement. Ils commencèrent une partie de ballon, s’éloignant de leurs parents de quelques mètres. C’est alors que Yong donna un grand coup de pied dans le ballon, qui atterrit parmi des bambous. Il fallait le récupérer, malgré les recommandations d’Aïko, qui leur interdisait de se trouver hors de son champ de vision. Yong s’approcha dans un premier temps en lisière des bambous, mais il n’aperçut pas son ballon. «Lorsque le serpent s’est glissé dans un morceau de bambou, il ne peut plus reculer», le garçon s’avança plus encore dans la végétation, suivi par ses frères qui l’avaient rejoint. A ce moment précis, la voix d’Aïko retentit, elle appelait ses enfants, il était temps de commencer la visite. Mais personne ne répondit à son appel. Inquiète, elle prévint Han Wei. Ils partirent à la recherche de leurs enfants. Pendant ce temps, les trois garçons s’aventuraient dans la forêt de bambous. Ils aperçurent une ombre menaçante venir vers eux à pas feutrés. Intrépides à cause de leur jeune âge, ils ignorèrent le danger et attendirent, sans faire de bruit, tapis dans l’ombre des bambous. Ce n’est que lorsqu’ils virent la gueule du tigre qu’ils se mirent à courir, en hurlant à l’aide. Les cœurs cognaient dans les poitrines, leurs pas résonnaient sur le sol de terre sèche. Leurs cris retentissaient dans la campagne. La lisière de la forêt apparut quelques mètres devant eux. C’est alors qu’une forte voix d’homme les appela : - Eh, les garçons, que se passe-t-il ? Ils stoppèrent leur course folle et tournèrent la tête, ils virent un paysan qui coupait des bambous. Ils ne savaient que faire : se sauver ou répondre à l’homme. Le tigre sortit des bambous, calmement, ils ne comprenaient plus rien. Puis il s’approcha de l’homme, vint frotter son énorme tête contre ses jambes et se coucha à ses pieds, dans un mouvement attendrissant. - Calme, mon beau, tout doux Nai, ce ne sont que des gamins qui s’amusent.


Le paysan leur raconta sa rencontre avec l’animal. - Il y a plusieurs années de cela, j’ai découvert ce tigre. Il était encore tout petit, à peine sevré. Il se pelotonnait contre les flancs de sa mère, que des braconniers avaient blessée. J’ai tenté de la sauver, mais il était trop tard. Je ne pus que ramener chez moi le petit, qui est resté mon ami. Maintenant, il a retrouvé sa liberté. - Et les braconniers, ont-ils été punis ? c’est horrible ce qu’ils font ! - Ils n’ont pas été retrouvés. Mais Nai ne s’éloigne jamais de mes plantations ni de ma maison. Il me défend et se protège aussi de ces hommes en restant près de moi. Il me fait confiance. - Pouvons-nous le caresser ? il est si beau ! - Il reste malgré tout un animal sauvage, admirez-le, approchez doucement en lui parlant, s’il ne bouge pas, cela veut dire qu’il a confiance en vous. Yeng, Yang et Yong firent ce que le paysan leur avait conseillé. Le tigre ne broncha pas, il avait vraiment l’air d’un très gros chat qui attendait les caresses. Les enfants profitèrent de ce moment de douceur. Mais ils devaient retrouver leurs parents. Avant qu’ils ne partent, ils promirent de ne jamais parler à quiconque de la présence du tigre. Les braconniers ne devaient pas savoir qu’il avait survécu et qu’il vivait en ce lieu. Le paysan leur rendit leur ballon qui avait tout simplement roulé dans ses plantations. Ils se saluèrent, les trois garçons partirent, le cœur plein de bonheur de cette magnifique rencontre. Ils entendirent leurs parents qui les appelaient, accompagnés de gardes. Aïko et Han Wei ne savaient s’ils devaient les serrer fort ou les sermonner de s’être ainsi éloignés. La visite put enfin avoir lieu, mais rien ne pourrait égaler ce qu’ils venaient de vivre. Ce qui est sûr, c’est que jamais Yeng, Yang et Yong ne brisèrent le secret. D’ailleurs, aujourd’hui encore, alors qu’ils sont de jeunes adultes, ils reviennent régulièrement voir le paysan et le tigre, qui sont devenus leurs amis.


16 classes de CM1, CM2 et 6è ont lu, rencontré et écrit avec : A4-cmjn-VECTO.indd 1

Guillaume Guéraud Yves Grevet Pascal Vatinel Hervé Walbecq

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