n°27 automne 2013 gratuit
réseau info-ressources musiques actuelles des Pays de la Loire
les espoirs de coronthie Ă©lodie rama von pariahs plaisir
DOSSIERâ: autour de lâauteur
http://tohubohu.trempo.com
En plus de lâannuaire rĂ©gional (qui recense groupes, assos, festivals, labelsâŠ), Les annonces (trouver un musicien, un groupe, une batterieâŠ), Les confĂ©rences du rĂ©seau Ă venirâŠ
ce trimestre, retrouvez onlineââ: Interviews artistes profils Blue Mango Marquees Known as numbers
Kizmiaz Records Le Chat Noir
LES VERSIONS LONGUES (des articles de ce mag) PĂ©pin&Plume
Photoâ: Von Pariahsâ/â Fabien Tijou
Sommaire
Infos
BrĂšves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 04
artistes
Les Espoirs de Coronthie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ălodie Rama. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Von Pariahs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Plaisir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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les membres du réseau présentent
PROJETS
K-Play. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 PĂ©pin&Plume. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
GĂNĂRATION Y Des projets innovants en Pays de la Loire . . . . . . . . 16 THE NEXT BIG THING
Paroles dâacteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
DOSsier
Autour de lâauteur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
le kit de survie administratif en milieu culturel www.lamallette.org
TRACES ET IMPRESSIONS
Livres du moment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Portraitââ: Yohann Robyo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
disques
DerniĂšres sorties musicales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
PlaylistS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Le rĂ©seau Coordinationââ: CĂ©cile Arnouxâ/âT. 02 40 46 66 33â/âcecile@trempo.com CHABADA / JĂ©rĂŽme Kalcha Simonneau Chemin CerclĂšre, Route de Briollay, 49100 Angers T. 02 41 34 93 87/jsimonneau@lechabada.com/www.lechabada.com BEBOP / Julien Martineau 28 avenue Jean-JaurĂšs, 72100 Le Mans T. 02 43 78 92 30/âcrim@bebop-music.com/âwww.oasislemans.fr FUZZâYON / BenoĂźt Devillers 18 rue Sadi-Carnot, 85005 La Roche-sur-Yon Cedex T. 02 51 06 97 70/âben@fuzzyon.com/âwww.fuzzyon.com
Photo couvertureâ: Les Espoirs de Coronthie â Nicolas Maslowski Directeur de la publicationâ: Vincent Priou RĂ©dactrice en chefâ: CĂ©cile Arnoux Chroniqueurs/RĂ©dacteursâ: Lucie Beaudoux-Jastrzebski, Arnaud BĂ©nureau, SĂ©bastien Bertho, Yann Bieuzent, Eddy Bonin, Lucie Brunet, Matthieu Chauveau, Alexis Chevalier, Tanguy Cloarec, BenoĂźt Devillers, Eric Fagnot, Georges Fischer, Marie HĂ©rault, Atum Hood, CĂ©dric Huchet, Etienne Kervella, Damien Le Berre, Yoan Le BlĂ©vec, Johan Legault, Emmanuel Legrand, Gilles Lebreton, Sandrine Martin, Julien Martineau, JĂ©rĂŽme Kalcha Simonneau, Dorine Voyaume. SecrĂ©tariat de rĂ©dactionâ: Benjamin Reverdy, Amandine Rouzeau. Conception graphiqueâ: DeuxPointDeux.com Impressionâ: Imprimerie Chiffoleau Tirageâ: 7â000 exemplaires â Papier PEFC ISSNâ: 2109-0904 DĂ©pĂŽt lĂ©galâ: Ă parution Siretâ: 37992484800011 Tohu Bohu est une publication de Trempolino, 6 bd LĂ©on Bureau â 44200 Nantes, et du rĂ©seau Tohu Bohu, rĂ©seau info-ressources musiques actuelles des Pays de la Loire. Prochaine parutionâ: 20 fĂ©vrier 2014 Bouclageâ: 20 janvier 2014
LE 6PAR4 / Eric Fagnot 177 rue du Vieux St Louis, 53000 Laval T. 02 43 59 77 80/âeric@6par4.com/âwww.6par4.com TREMPOLINO / Lucie Brunet 6 bd LĂ©on-Bureau, 44200 Nantes T. 02 40 46 66 99/âlucie@trempo.com/âwww.trempo.com VIP / Emmanuel Legrand Base sous-marine, bd LĂ©gion dâHonneur, 44600 Saint-Nazaire T. 02 40 22 66 89/âmlegrand@les-escales.com/âwww.les-escales.com
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infos Chez Twin Daisies, ça se fĂȘte en K7. Lâanniversaire du projet nanto-amĂ©ricain 5 Little Elephants voit la version originale de lâalbum bonifiĂ©e de 2 nouveaux morceaux. Sortez les lecteurs cassettesâ! www.twindaisiesrecords.webs.com
En cette fin dâannĂ©e, alors que la premiĂšre version Ă©tait Ă©puisĂ©e, La Fabuleuse histoire du rock nantais de Laurent Charliot est rĂ©Ă©ditĂ©e, 10 ans aprĂšs sa premiĂšre parution. L.charliot@imprimedia.com
Birds in USA : aprĂšs une tournĂ©e estivale Ă travers lâAllemagne, les Birds in Row continuent dâexporter leur post hardcore made in Laval puisquâils entameront en ce dĂ©but dâautomne une nouvelle tournĂ©e amĂ©ricaine. Une tournĂ©e marathon car, plus de 40 dates sont annoncĂ©es Ă travers les Ătats-Unis, en compagnie du groupe amĂ©ricain The Charriot.
51 numĂ©rosâ! Oui oui, Tranzistor en est Ă son 51e numĂ©ro. Un dossier rudement complet sur «âMusique et vidĂ©oâ», des articles sur French Cowboy&The One, LâAutre Radio, chroniques de disques, brĂšves, de belles illustrations. Retrouvez-le lĂ â: www.tranzistor.org
En ce dĂ©but dâautomne, Kizmiaz pointe 22 sorties de disques au compteur, et 5 annĂ©es de fervente passion pour le rockânâroll/garage/blues machin. Une passion qui se fĂȘtera les 29/11 et du 5 au 8/12 prochains au Chien Stupide, Monsieur Machin, CafĂ© du CinĂ©ma, BPM et Lieu Unique avec la crĂšme des genres (Birds Are Alive, Magnetix, Slim Wild Boar...) !
Lâassociation nantaise Tuning Fork rĂ©cupĂšre les instruments de musique dont vous ne vous servez pas, pour les proposer au prĂȘt dans une «âinstrumenthĂšqueâ» solidaire (principe similaire Ă une bibliothĂšque). La pratique de la musique pourra ainsi ĂȘtre accessible Ă tous.
www.facebook.com/kizmiaz.rds
contact.tuningfork@gmail.com
www.lepontsuperieur.eu
www.facebook.com/contact.tuningfork
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Au Tremplin + de Zyc succĂšde PT de Zyc, un tremplin rĂ©servĂ© aux groupes musiques actuelles de lâouest de la Loire-Atlantique, organisĂ© par Quai des Arts et le Point Jeune de Pornichet. Quatre groupes seront sĂ©lectionnĂ©s pour se produire Ă Quai des Arts le vendredi 22 novembre.
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«âTransmetttreâ», voici le thĂšme des JournĂ©es professionnelles de rĂ©flexion et de recherche artistique qui se dĂ©rouleront les 13 et 14 dĂ©cembre prochains (Nantes), Ă lâinitiative du Pont SupĂ©rieur, lâUniversitĂ© de Nantes et du TU.
INFOs Le festival Hip Opsession portĂ© par Pick Up Productions fĂȘtera ses dix ans du 6 fĂ©vrier au 9 mars 2014, on en parlera largement dans le prochain numĂ©ro de Tohu Bohu. En attendant, Pick Up prĂ©sente la finale Buzz Booster le 16 novembre au Chabada (Angers) avec Flynt en tĂȘte dâaffiche. www.pickup-prod.com
Non, Pizmo nâest pas un nouveau groupe de musique pour enfants, câest le titre dâune super compile qui sort sur Fibrr Records/Apo 33/ Metamkine. Câest aussi le nom dâun collectif dâartistes musiciens qui expĂ©rimentent le son et repoussent les frontiĂšres. Pour preuveâ: 53 minutes pour un seul et mĂȘme titre qui vous emmĂšne bien loin.
AprĂšs avoir Ă©trennĂ© les platines dans le 8-5 et sâĂȘtre exportĂ© vers la capitale pour crĂ©er son label Trad Vibe (qui, au passage, ressort actuellement tous les vinyles de Cortex ainsi quâun album inĂ©dit), DJ MOAR est de retour sur Nantes avec dans ses valises deux nouveaux projetsâ: Venice Beach, duo DJ nu disco et surtout un futur LP solo, dans une veine nu soul, avec en feat. la chanteuse australienne Sarsha Simone. Sortie digitale le 8 novembre. www.moar.fr
Couvre Feu passe Ă lâheure dâhiver. 7e du nom, Couvre-toi invite Les Ogres de Barback, Andreas et Nicolas, Kultur Shock et DJ Click le 7 novembre prochain Ă Saint-BrĂ©vin. www.couvrefeu.com
pizmo.free.fr
RĂ©alisĂ©e par Sylvain Fras et Emmanuel Parent, portĂ©e par le PĂŽle de coopĂ©ration des acteurs pour les musiques actuelles en Pays de la Loire, lâĂ©tude La ScĂšne Jazz se veut ĂȘtre une synthĂšse dâune trentaine dâentretiens rĂ©alisĂ©s auprĂšs dâacteurs oeuvrant autour du jazzâ: musiciens, labels, associations, collectifs⊠tĂ©moignant dâune vitalitĂ© mais aussi dâune certaine rĂ©alitĂ© Ă©conomique. www.lepole.asso.fr
LĂ©ger dĂ©calage dans le temps pour Les InouĂŻs du Printemps de Bourges CrĂ©dit Mutuel. Cette annĂ©e, vous pouvez postuler en ligne jusquâau 4 novembre. Le festival, lui, aura lieu du 22 au 27 avril 2014. Inscriptions surâ: www.reseau-printemps.com
Les amateurs de microsillons angevins peuvent dĂ©sormais ajouter une nouvelle adresse Ă leur terrain de chasseâ: dans la rue BaudriĂšre Ă quelques pas de feu Black&Noir, un autre StĂ©phane les accueille dans son Home Wax plein de galettes diverses et variĂ©es (du reggae au post-hardcore), bien dĂ©cidĂ© Ă faire de son Ă©choppe le lieu convivial que tout le monde attendâ! Et les mĂȘmes amateurs qui seraient du cĂŽtĂ© du Mans auront le mĂȘme plaisir en se rendant au 2 ter rue du cirque avec le shop Tritone Vinyl. www.facebook.com/tritonevinyl
Elise Caron, Pierrick Lefranc, Erik Truffaz/Enki Bilal, Roberto Fonseca, Jazz around the bunker, GlĂŒck... autant de beaux noms Ă lâaffiche du festival Jazz Tempo portĂ© par le Collectif de Diffusion Du Jazz. 39 concerts sur toute la rĂ©gion, aussi bien chez lâhabitant, quâen cafĂ©-concert ou salle, 39 occasions dâĂ©couter de belles choses. www.crdj.org
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Artistes
LES ESPOIRS DE CORONTHIE OISEAUX MIGRATEURS
VĂ©ritables stars de la musique traditionnelle mandingue chez eux, en GuinĂ©e, les Espoirs de Coronthie sâexportent aussi avec succĂšs. Pas un hasard donc, si certains des quatorze membres du groupe ont investi lâHexagone pour y vivre et enregistrer rĂ©cemment leur 4e albumâ: «âFougou Fougouâ». Rencontre avec MenguĂ©, chanteur et chef du groupe dĂ©signĂ© par ses pairsâ: un pied Ă Conakry et lâautre en Mayenne. Par Yoan Le BlĂ©vec Photoâ: Nicolas Maslowski
Que sâest-il passĂ© pour le groupe depuis 2008 et la sortie du prĂ©cĂ©dent albumâ: «âTinkhinyiâ»â? On a pas mal voyagĂ©, avec deux ans de tournĂ©es successives un peu partout dans le monde. Lâalbum «âTinkhinyiâ », enregistrĂ© Ă Bamako, a super bien marchĂ©, on a remportĂ© plusieurs trophĂ©es musicaux importants chez nous, comme les DjembĂ©s dâor. Câest aussi la premiĂšre fois quâun de nos albums Ă©tait distribuĂ© en France. Câest au mĂȘme moment que certains dâentre nous se sont installĂ©s en Mayenne. Depuis dâautres sont partis Ă Lyon, mais nous sommes encore trois Ă vivre une partie de lâannĂ©e Ă Lavalâ: le danseur, le percussionniste et moi. On y a fait des rencontres intĂ©ressantes avec des artistes, on a beaucoup dâamis musiciens sur Laval. Câest la premiĂšre ville europĂ©enne oĂč je mâinstalle.
Comment a Ă©tĂ© conçu ce nouvel album, « Fougou Fougouâ»â? On lâa enregistrĂ© Ă Lyon au studio Supadope, le studio du Peuple de lâHerbe. Câest la premiĂšre fois quâon travaillait avec un arrangeur, jusque-lĂ nous avions toujours arrangĂ© nous-mĂȘme nos albums. Sur les prĂ©cĂ©dents, et comme souvent dans les
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musiques traditionnelles, on travaillait notre musique de maniĂšre spontanĂ©e et directe, presque dâune seule prise, tout va trĂšs vite. LĂ on nous a donnĂ© les bons arrangements et des conseils pour que les morceaux soient plus aĂ©rĂ©s, plus peaufinĂ©s. On a aussi travaillĂ© avec un ingĂ©nieur du son, qui connaĂźt bien la musique mandingue, il nous a apportĂ© sa vision. On a intĂ©grĂ©, pour la premiĂšre fois, des instruments traditionnels occidentaux, comme le banjo, la guitare Ă©lectrique, la basse⊠Notre son a vraiment Ă©voluĂ©, on est trĂšs fiers de cet album.
Ă quoi fait rĂ©fĂ©rence le titre de cet albumâ? Au centre culturel que lâon a crĂ©Ă© Ă Conakry en GuinĂ©e, baptisĂ© Fougou Fougou Faga Faga, et qui signifie en langue Soussou «âle dĂ©part des oiseauxâ», le bruit des ailes quand ils sâenvolent. On a crĂ©Ă© cet espace pour que les musiciens des Espoirs, ceux qui ne tournent pas avec nous en dehors de GuinĂ©e, puissent travailler lĂ -bas, organiser des concerts, jouer avec dâautres musiciens. Câest aussi pour accompagner les nouvelles gĂ©nĂ©rations de musiciens, donner de la valeur aux artistes guinĂ©ens, pour quâils puissent sâexprimer aussi en live. On leur propose des sortes de rĂ©sidences, une semaine de travail, ou plus, pour prĂ©parer un spectacle.
Artistes Vous sortez dâailleurs dâune semaine de rĂ©sidence Ă la salle des Ondines Ă ChangĂ©â: sur quoi avez-vous travaillĂ©â? On a beaucoup travaillĂ© sur le plan scĂ©nique, les chorĂ©graphies, la façon de bouger, de se dĂ©placer. Il nous manquait quelque chose de carrĂ© dâun point de vue scĂ©nique. Avec les Espoirs, on a dĂ©jĂ participĂ© Ă des ballets de musiques de danse, on a suivi les grands maĂźtres guinĂ©ens de la danse. On a voulu renforcer tous ces aspects chorĂ©graphiques sur scĂšne. Câest aussi ce que jâaime observer chez des grands artistes comme Salif Keita ou Alpha Blondyâ: comment ils se dĂ©placent et occupent la scĂšne.
Quels sont les thĂšmes abordĂ©s dans ce nouvel albumâ? On parle de la justice, de lâamour, de la vĂ©rité⊠Pourquoi la vĂ©ritĂ©â ? Parce que dans plein de situations, si on ne se dit pas la vĂ©ritĂ©, rien ne peut changer. Un pays sans vĂ©ritĂ© et sans justice ça ne peut pas bouger. Il y a aussi des textes entiĂšrement en français, et ça câest nouveau. On a par exemple le morceau «âFatiguĂ©â», qui parle dâun constat simpleâ: aujourdâhui partout oĂč tu vas, tout le monde est fatiguĂ© par la politique, les politiciens corrompus.
Comment occupes-tu ton temps en Mayenne lorsque tu ne joues pasâ? En dehors des Espoirs, je fabrique des instruments traditionnels guinĂ©ensâ : le gĂ©mbrĂ©, le bolon, le gongoma, la cascagnette⊠Je les vends sur internet ou aprĂšs un concert si on me le demande. Ce sont ces instruments, qui, associĂ©s ensemble, forment la rythmique et le cĆur de la musique mandingue. Câest une musique qui nâest pas propre seulement Ă la GuinĂ©e, mais qui touche toute lâAfrique de lâOuest : le Mali, le SĂ©nĂ©gal, la CĂŽte-dâIvoireâŠ
Quel regard portez-vous sur le public françaisâ? Câest un public trĂšs attentif Ă la musique, il Ă©coute beaucoup, avant de se lĂącher. Les Français sont souvent trĂšs calmes au dĂ©but des concerts, alors que nous, on envoie beaucoup dĂšs le dĂ©partâ! Mais on commence Ă comprendre le public français, son Ă©nergie qui monte progressivement. On sait quâau fil du concert notre musique lâattrapeâ!
Quelle est justement la situation politique en GuinĂ©eâ? Le pays et la capitale Conakry ont beaucoup changĂ© en quinze ans. En 2010, on a eu pour la premiĂšre fois un prĂ©sident Ă©lu dĂ©mocratiquement, Alpha CondĂ©. Le pays est donc plus tranquille, il y a beaucoup de travaux dans les villes, ça bouge. Musicalement aussi, avec beaucoup dâartistes qui ont suivi nos traces. Tout comme on avait pu, avec les Espoirs, ĂȘtre inspirĂ©s au dĂ©but par Les Ătoiles de Boulbinet, un groupe important de la musique mandingue.
Vous retournez souvent en GuinĂ©eâ? Environ une fois par an, pendant quelques mois. Pour voir la famille, mais aussi pour travailler, jouer avec les Espoirs. Quand on revient, on organise chaque week-end un concert, on tourne dans tout le pays. LĂ -bas, les gens connaissent nos chansons et nous saluent dans la rue, surtout depuis le succĂšs du 2e album, «âDunuyia Iguiriâ». On en a vendu 70â000 exemplaires, on a fait cinq fois le tour de la GuinĂ©e. Car on a touchĂ© les quatre rĂ©gions du pays, les grandes villes comme les petits villages. Si en GuinĂ©e tu chantes lâamour et que tu dis la vĂ©ritĂ©, ça touche beaucoup les gens. Si on voit que notre public souffre de quelque chose, on va chanter cette souffrance. On chante aussi contre les politiciens. Le gouvernement a voulu Ă un moment toucher Ă notre centre Fougou Fougou Faga Faga. Mais cet espace appartient Ă tous les GuinĂ©ens, et le public de Conakry sâest mobilisĂ© pour le dĂ©fendre.
LES ESPOIRS DE CORONTHIE
Fougou Fougou
Chapter two Records / Wagram â 2013
Câest lâalbum qui pourrait bien installer, pour de bon, Les Espoirs de Coronthie au rang des plus grands groupes africains de son Ă©poque. Car voilĂ une sorte de classique instantanĂ©, qui fusionne Ă merveille les cultures guinĂ©enne et europĂ©enne, tradition et modernitĂ©. La langue Soussou Ă©pouse les mots français ou anglais au sein de sublimes polyphonies, tandis que percussions effrĂ©nĂ©es et cordes mandingues entament une danse du feu avec la basse et les cuivres. Titres lucides en guise de poings rageurs, appels Ă la fĂȘte Ă©lectrisants ou chansons dâamour belles Ă pleurerâ: le big band de Conakry sait tout faire, jongle avec les registres et dĂ©voile encore de nouvelles Ă©toiles dans leur constellation musicale. Ă ce rythme-lĂ on ne peut plus parler dâespoirs, mais bel et bien de nouveaux maestros.
Yoan Le Blévec
www.lesespoirs.com
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Artistes
Ă©lodie rama LâĂźLE Ă©TRANGE
DĂ©jĂ familiĂšre de scĂšnes consĂ©quentes, aux cĂŽtĂ©s de C2C et Hocus Pocus, ou bien au sein du Blue Apple Quartetâ; styliste et plasticienne, Elodie Rama entend bien se faire un prĂ©nom (son pĂšre, Hilaire Rama, est lui-mĂȘme un musicien rĂ©putĂ©). Depuis deux ans, accompagnĂ©e de ses musiciens, elle alterne concerts intimistes et premiĂšres parties marquantes. Son premier EP VIENT DE SORTIR. Par Emmanuel Legrand Photoââ: Mathieu Renoult
Pourquoi avoir choisi de travailler avec David DarricarrĂšre (Smooth/Dtwice)â? Il faut reprendre toute la chronologie du projet. Jâai commencĂ© par travailler avec Benji Blow (Tribeqa, Wax Taylor, etc.). Il est parti sâinstaller Ă Londres et lĂ les choses se sont avĂ©rĂ©es un petit peu compliquĂ©es. Jâai fait quelques allers/retours de Nantes Ă Londres mais je me suis vite rendu compte que ce nâĂ©tait pas la façon dont moi jâavais envie de travailler. En accord avec Benjamin, jâai rĂ©cupĂ©rĂ© les morceaux. Jâavais en tĂȘte un certain nombre dâimages. Je pense que ça me vient de mon bagage de styliste et de graphiste. Jâavais vraiment des idĂ©es dâambiances, de couleurs. La difficultĂ© a Ă©tĂ© de trouver quelquâun qui puisse me suivre, ce que Benji arrivait Ă faire assez facilement. Jâai rencontrĂ© David DarricarrĂšre au cours du concert dâouverture de Stereolux Ă Nantes en septembre 2011. Il y avait la carte blanche Ă Hocus Pocus oĂč nous Ă©tions tous les deux invitĂ©s. La façon dont il envisageait la musique Ă©tait trĂšs proche de la
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mienne, un peu comme 20Syl (Hocus Pocus, C2C) qui a Ă©galement lui aussi un autre bagage que celui de la musique. On a des vocabulaires qui sont assez similaires. Mais jâavais envie de travailler avec quelquâun dâautre que 20Syl avec qui jâavais dĂ©jĂ beaucoup collaborĂ©. Jâavais envie de quelque chose dâun peu plus risquĂ©. Ăa sâest dĂ©cidĂ© assez vite, jâai fait confiance Ă mon instinct et je me suis dit que David saurait comprendre ma dĂ©marche.
Comment avez-vous dĂ©fini les partis pris artistiques des 5 titres du EPâ? Prenons comme exemple «âCity of hopeâ». Pour ce morceau, jâavais vraiment une envie de percussions, de rythmiques «âup tempoâ» qui correspondent aux battements du cĆur et qui en mĂȘme temps puissent renvoyer Ă mes origines antillaises. Jâavais vraiment envie dâun morceau qui renvoie vers le «âbeleâ», une musique traditionnelle martiniquaise. Le «â beleâ » vient dâune musique et dâune danse française qui sâappelle le «âbel airâ», qui est une sorte de quadrille,
Artistes mĂ©langĂ© Ă des danses africaines avec du tambour et des voix dĂ©clamĂ©es. Sur ce titre, je voulais aller au-delĂ ce que je faisais jusquâĂ prĂ©sent. Dâautant plus que jâavais fait les choses un peu Ă lâenvers. Jâai pas mal tournĂ© avant dâenregistrer et le rendu sur scĂšne nâĂ©tait pas exactement ce que je voulais faire sur disque. Pour «âPresquâĂźleâ», je voulais un morceau super aquatique, qui ait pour rĂ©fĂ©rences les «âEthiopiquesâ » de Mulatu Astatke, avec des sonoritĂ©s de vibraphones. David a donc dĂ» faire un bon boulot dâarrangement et dâassemblage avec toutes mes idĂ©es dâinstruments. «â Strange islandâ» avait Ă©tĂ© quasiment Ă©tĂ© bouclĂ© avec Benji au moment oĂč jâai rencontrĂ© David. Il manquait des choses et câest lui qui a terminĂ© ce morceau-lĂ .
LâidĂ©e dâinsularitĂ© semble traverser la majoritĂ© des titres du EP. Oui câest une sorte de fil rouge. Dans mes rĂ©fĂ©rences, il nây a pas que de la musique. Il y a aussi la littĂ©ratureâ : CĂ©saire et Glissant. Chez Edouard Glissant, un Ă©crivain et philosophe martiniquais, lâidĂ©e de lâĂźle antillaise est une sorte de modĂšle de mĂ©lange de populations pour le reste du monde. MĂȘme si cela a Ă©tĂ© douloureux, ça reste un exemple de mĂ©tissage. LâidĂ©e de lâĂźle correspond Ă quelques-unes de mes obsessions autour de la gĂ©ographie. Je fabrique des Ăźles imaginaires en tant que plasticienne. Câest un vrai fil rouge dans ma dĂ©marche, quâelle soit visuelle ou musicale.
Ă©tapes. Et dans mon projet, je lui ai fait Ă©couter trĂšs rĂ©guliĂšrement des choses. Jâai voulu quâil soit prĂ©sent par un remix, mĂȘme si ce nâĂ©tait pas lĂ sur tout le disque. MĂȘme si je prends un chemin qui est un peu diffĂ©rent dâHocus Pocus, je pense que ça reste trĂšs proche. Je ne pars pas dans du punkâ! Et je reste aussi trĂšs liĂ©e Ă Atom, Greem et Pfel (les comparses de 20Syl dans C2C, NDLR).
Lâavenirâ? Pour lâinstant, je vois Ă court terme. Cette sortie de disque va dĂ©terminer plein de choses. Je ne sais pas encore comment il va ĂȘtre perçu par les mĂ©dias et le public, qui achĂštera le disque ou pas. Depuis peu, jâai un tourneur et on travaille ensemble pour dĂ©velopper le projet sur scĂšne. Le live est en train dâĂ©voluer. On a fait une soixantaine de dates Ă 3 (Ălodie Rama, HervĂ© Godard, Shen Roc) pendant deux ans et lĂ câest une nouvelle Ă©tape, Ă quatre (Ălodie, Shen Roc, Antoine Saint Jean et Julien Vinçonneau). On va faire des concerts de sortie du disque Ă Nantes et Ă Paris. Je ne sais pas encore sâil y aura un album par la suite. Jâaime bien le format EP. Et puis je voudrais me remettre Ă Ă©crire, et peut ĂȘtre dĂ©velopper un label.
Outre les 5 morceaux originaux, il y a 3 remix. Jâai toujours aimĂ© lâidĂ©e de la relecture. Je les vois vĂ©ritablement comme de nouvelles versions. Jâai laissĂ© carte blanche Ă 3 artistes (20Syl, Dtwice et Le Parasite) sur des morceaux quâils ont choisis. Les morceaux sont trĂšs marquĂ©s dans les univers de chacun. La relecture, câest une dĂ©marche que jâai moi-mĂȘme suivi jadis avec le Blue Apple Quartet quand on prenait un standard de jazz qui avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© revu 10â000 fois avec lâespoir dâen faire quelque chose de nouveau, en le confrontant Ă des sonoritĂ©s hip hop ou des rythmiques drumânâbass. Je me suis vu, Ă la fin des concerts, expliquer aux gens que ces morceaux existaient depuis les annĂ©es 40. Et pour moi ça rejoint lâidĂ©e du mĂ©tissage de Glissantâ: on va prendre deux choses diffĂ©rentes et elles vont crĂ©er quelque chose de nouveau.
Tu as Ă©tĂ© trĂšs longtemps associĂ©e Ă la galaxie Hocus Pocus, 20Syl, C2C⊠LĂ , tu prends ton envolâ? Jâassume complĂštement dâĂȘtre rattachĂ©e Ă eux. MĂȘme si 20Syl nâest pas le producteur de ce disque, ça reste vraiment mon «âgrand frĂšreâ». Et mĂȘme sâil nâest pas juste Ă cĂŽtĂ©, il suit toujours ce qui se passe. On reste trĂšs liĂ©s. Quand le disque de C2C Ă©tait en train de se faire, jâai suivi toutes les
eLODIE RAMA
Strange Island
Do You Like Records / Musicast â 2013
En cinq compositions et trois remix, Ălodie Rama nous plonge dans son univers insulaire et onirique. Ceux qui lâont connu en chanteuse jazz ou en side woman hip hop de luxe vont ĂȘtre quelque peu dĂ©sorientĂ©s par la direction prise par cette jeune artiste. EscortĂ©e par David â Dtwice â DarricarrĂšre, Ălodie Rama chante la langueur des archipels lointains et le spleen de nos vies urbaines. Son rĂ©pertoire puise autant au cĆur de ses racines martiniquaises («âCity of hopeâ» et ses percussions tribales) que dans le groove Ă©lectronique orchestral dâun Cinematic Orchestra («â Winter blueâ»). Enfin, on retrouve, parmi les trois remixeurs conviĂ©s, la figure tutĂ©laire de 20Syl (Hocus Pocus, C2C) qui nous propose une version sautillante et malicieuse de «âCity of Hopeâ».
Emmanuel Legrand
www.elodierama.fr
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Artistes
NOUVELLE VAGUE
Ils sont le nouveau nom que les professionnels de la musique se chuchotent Ă lâoreille avec des Ă©toiles plein les yeux. Pas impressionnĂ©s pour autant, les VendĂ©ens de Von Pariahs continuent de faire ce quâils font le mieuxâ: jouer un cold-punk jouissif et classieux, comme sorti de 1979 et en mĂȘme temps rĂ©solument moderne. rencontre avec le guitariste ThĂ©o RadiĂšre, avant que le sextet ne devienne inaccessible. Par Kalcha Photoâ: Fabien Tijou
Il y a trĂšs vite eu une sorte dâengouement des pros vis-Ă -vis de Von Pariahs, plusieurs gros labels vous sollicitaient mĂȘme pour ce premier album. Est-ce que ça a Ă©tĂ© une pression facile Ă gĂ©rerâ? Un engouement des pros, câest pas une pression Ă gĂ©rer, il faut juste savoir reconnaĂźtre ceux qui vont dans ton sens et ceux qui nây vont pas vraiment. Câest une histoire de choix plus que de pression en fait.
JâinterprĂšte sĂ»rement, mais jâavais lâimpression que «âHidden Tensionsâ», le titre du disque, pouvait justement avoir un rapport avec tout çaâ? Je nây avais pas pensĂ©. En fait, ce titre, comme notre musique, fait tout simplement rĂ©fĂ©rence Ă notre quotidienâ ; il nâa aucun rapport particulier avec tel ou tel Ă©vĂšnement de notre histoire de groupe. Mais, tu vois, la preuve que toute interprĂ©tation se vaut câest quâau final, sâengueuler avec des gens qui ne comprennent pas ce que tu crĂ©es comme
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on a pu ĂȘtre amenĂ©s Ă le faire, ça nourrit bien Ă©videmment des tensions. Pour le groupe dĂ©jĂ et mĂȘme personnellement. Mais des moments tendus dans la vie, il y en a plein, ça fait partie de la rĂ©alitĂ©, câest normal. Sâils pouvaient se limiter Ă des nĂ©gociations avec des labels, ce serait plutĂŽt une excellente nouvelleâ! Dâailleurs, pour clore le chapitre des labels, on a fini par trouver une maison de disque indĂ©pendante avec laquelle on peut sâexprimer pleinement parce quâelle a entiĂšrement confiance en nous. Ils sâappellent Yotanka, et ils sont dâAngers.
Vous avez sĂ©duit les gens grĂące Ă vos prestations live. Ăa devient presque lâexception chez les jeunes groupes aujourdâhui qui sortent dĂ©sormais un disque super produit avant mĂȘme dâavoir fait trois concerts... Quelles sensations vous procure la scĂšne (en tant que musiciens, mais aussi en tant que spectateurs)? En tant que spectateur, je dirais quâen live les sensations sont moins constantes, mais plus
Artistes radicales, et du coup, peut-ĂȘtre plus puissantes que sur album. Parce quâen plus de la musique Ă laquelle tu es confrontĂ© en direct, tu as le spectacle vivant. En tant que musicien, câest exceptionnel. En live il se passe des choses vraiment fortes, mais de maniĂšre beaucoup plus rĂ©guliĂšre que quand on est spectateur, parce quâau moins deux facteurs essentiels sont rĂ©unis Ă chaque foisâ: une musique que tu adores, avec des gens que tu adores.
Vous avez enregistrĂ© lâalbum au mythique Studio Black Box. Jâimagine que les patrons des lieux ont dĂ» Vous raconter quelques anecdotes sur des groupes qui sont passĂ©s lĂ -bas avant vous ? Vous nous racontez une histoire qui vous a marquĂ©sâ? Les Klaxons qui avaient fait venir un tĂ©lescope pour lire, sur la Lune, les paroles des chansons quâils Ă©taient en train dâenregistrer... Au final, ils nâont jamais pu sortir officiellement lâalbum en question, leur maison de disque lâa jugĂ© beaucoup trop psychĂ©. Mais on peut le trouver sur des plateformes de tĂ©lĂ©chargement illĂ©gal, ils lâont balancĂ©, comme ils ne savaient pas quoi en faire.
pochettes de nos deux premiers EP et de notre double single, a dessinĂ© et dessine toujours notre site internet... Mais chaque idĂ©e est partie dâune envie commune. Pour le logo par exemple, ça nous semblait important de pouvoir ĂȘtre identifiĂ© rapidement avec un signe simple. Parce que nous on aimait bien dessiner les logos des groupes quâon Ă©coutait sur nos trousses ou nos sacs Ă dos Ă cette Ă©poque-lĂ . Je pense quâil nây a pas un seul groupe qui nâait pas passĂ© quelques heures Ă gribouiller des initiales pour essayer dâen tirer un logo qui a de la gueule. Nous, on est tombĂ©s dâaccord sur celui-lĂ avec Adrien. Au dĂ©part dâailleurs il Ă©tait plus Ă©pais. Mais on trouvait ça plus classe dessinĂ© avec un trait plus fin.
On trouve aussi Ă©trangement Justin Timberlake dans les remerciements du disqueâ? Ăa sent lâhistoire drĂŽle, ça, nonâ? Câest juste que nous on pense que câest lâhomme de la situation. AprĂšs, chacun fait comme il veut.
Est-ce quâil y a un ou plusieurs morceaux de ce nouvel album qui te tiennent plus Ă cĆur que les autres (parce que câest le frisson Ă jouer sur scĂšne, parce quâils sont liĂ©s Ă un moment prĂ©cis, etc.)â? Ils sont tous liĂ©s Ă des moments particuliers, et ils nous procurent tous autant de plaisir, mais Ă chaque fois dâune maniĂšre diffĂ©rente. On les aime tous autant les uns que les autres. Câest un peu comme si tu demandais Ă des parents lequel de leurs enfants ils prĂ©fĂšrent, tu vois.
Vous avez dĂ» Ă©couter des groupes comme Joy Division, The Stranglers ou Talking Heads. Y ĂȘtes-vous venus au travers de groupes plus rĂ©centsâ? Ou bien Ă©taient-ce des dĂ©couvertes parmi les vieux disques de vos parents/grand(e)s frĂšres/sĆursâ? Est-ce quâil y a des pans de vos parcours musicaux qui Ă©tonneraient les gens qui aiment votre musiqueâ? On a Ă©coutĂ© beaucoup de groupes, mais celui quâon prĂ©fĂšre, câest Von Pariahs.
MĂȘme votre logo a la classe des visuels du label Factory. Jâai lâimpression que chaque dĂ©tail compte vraiment pour vousâ? Il a Ă©tĂ© dessinĂ© par Adrien Gaillard (aka Mac NĂ©ma), avec qui on travaille depuis les dĂ©buts du groupe. Il a fait presque toutes nos vidĂ©os, a imaginĂ© les
VON PARIAHS
Hidden Tensions
Yotanka / Differ Ant â 2013
Comment six types comme vous et moi â qui nâĂ©taient mĂȘme pas nĂ©s Ă lâĂ©poque â rĂ©ussissent â ils Ă faire revivre instantanĂ©ment les meilleurs moments de Joy Division, The Cure ou The Wakeâ? Mieux encore, comment les Von Pariahs rĂ©ussissent-ils Ă jouer une musique aussi rĂ©fĂ©rencĂ©e sans jamais sonner revivalâ? Y aurait-il une sorte de virus de la cold wave â indestructible et mutant â qui possĂ©derait les corps encore aujourdâhuiâ? Parce que la musique des VendĂ©ens sâadresse bel et bien avant tout Ă votre corps. Impossible de ne pas se dĂ©sarticuler comme un Ă©pileptique en entendant cette guitare tranchante, cette basse toute en rondeur, cette batterie sĂšche comme un coup de trique et ces nappes de synthĂ©s fantomatiques. Les tubes potentiels sâenchainent, la touche «âreplayâ» sâuse, le rimmel se mĂ©lange Ă la sueurâ: on ne sâest plus sentis aussi vivant depuis des lustresâ!
Kalcha
www.vonpariahs.com
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Artistes
plaisir ĂNERGIE BRUTE
Retour en 2011. Deux des ex-membres du groupe indie-rock Powell (Rity Ă la guitare/chant et La Djag Ă la basse) sâentourent dâun nouveau batteur (Paul) et sortent, sous le nom de «âPlaisirâ», leur 1er EP auto-produit intitulĂ© «âTraining Dayâ». 2 ans et quelques concerts plus tard, ils reviennent avec «âMeditation Medicationâ» bien entourĂ©s et prĂȘts Ă en dĂ©coudre avec la scĂšne. Rencontre avec Rity. Par Julien Martineau Photoâ: DR
Que sâest-il passĂ© en 2 ansâ?
Quel est le thĂšme du EPâ?
Pas assez de choses Ă mon goĂ»tâ ! Je pensais quâon allait faire plus de dates que ce que lâon a fait, mais il faut aussi composer avec les vies de chacun, travailler par pĂ©riode, et puis on nâa plus lâĂ©nergie quâon avait Ă 20 piges. On a quand mĂȘme fait notamment une belle date Ă Paris au Point ĂphĂ©mĂšre et une tournĂ©e en Angleterre. ComparĂ© Ă ce que lâon a pu vivre avec Powell, câest peu. Le rĂ©seau, le paysage, la rĂ©alitĂ© Ă©conomique ont beaucoup changĂ© depuis.
LâEP sâappelle «âMeditation Medicationâ»â: on fait le constat quâaujourdâhui, les gens ont besoin de se rĂ©fugier dans des croyances, mĂ©ditation pour les religions... ou mĂ©dication pour les mĂ©dicaments... Il me paraissait intĂ©ressant de questionner chacun sur ce thĂšme... Comment peut-on oublier les difficultĂ©s quâon rencontre aujourdâhuiâ? Soit dans le repli sur soi, dans la rĂ©flexion, soit en Ă©tant adepte de produits qui nous sortent de la rĂ©alitĂ©... Mais on nâa pas cherchĂ© Ă faire un disque complĂštement conceptuel, mĂȘme si on aimerait ĂȘtre dans un truc encore plus tordu... On y aspire en tous cas.
Vous avez aussi prĂ©parĂ© lâEP... Oui, et câest la rencontre avec le label Merci Connasse qui nous a «â boostĂ©â ». On sera leur premiĂšre signature, ils voulaient commencer leur aventure avec nous. Je trouve quâils ont une bonne dĂ©marche, saine et honnĂȘte. Il y a un vrai partage concernant les frais, les retours⊠Chacun dans lâĂ©quipe a ses compĂ©tences... Câest bien de leur filer un coup de main, de dire oui aux jeunes Ă©nergies qui arrivent.
Vous rĂ©pondez presque Ă une commandeâ? Disons que câest arrivĂ© au bon moment. On avait lâintention dâenregistrer carrĂ©ment un album mais on nâavait que 6 titres Ă lâĂ©poque, cela nous permet de passer Ă autre chose au niveau composition et de crĂ©er une actu pour aller jouer.
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Le constat de «âMeditation Medicationâ» est rĂ©centâ? Câest un constat qui date de longtemps, tout le monde demande des comptes, a besoin dâĂȘtre assistĂ© tout le temps. Quand quelque chose ne va pas, on ne se remet pas en question mais on remet lâautre en question... Câest un sentiment que jâaiâ: on nâarrive plus Ă se prendre en main. On retrouve cette prise de conscience dans les petites associations notamment, qui souvent se forment justement pour se prendre en main.
«âMeditation medicationâ»â: te sens-tu dans un de ces casâ? Moi je suis dans les 2â! Mais je pense me prendre en main via ma rĂ©alitĂ© de vieâ: jâai fait le choix de ma
Artistes vie, de mon mĂ©tier... Cela a un coĂ»tâ: câest le prix de la libertĂ©... Un copain mâavait ditâ: «âOn ne gagne pas sa vie, on achĂšte sa libertĂ©â». Cette phrase lĂ je lâai toujours en tĂȘte.
Le premier disque, personnel, respirait la nostalgie du rock indĂ© des 90âs... Celui lĂ rejoint un peu la mouvance dance-rock parfois... Toute cette nouvelle gĂ©nĂ©ration (Papier Tigre, Fordamage...) est hyper bien, jâadore. Nous venons de cette scĂšne des 90âs donc forcĂ©ment lâinfluence est lĂ . Et puis il a fallu du temps pour trouver cette alchimie, mĂȘme si on nâa pas cherchĂ© Ă ressembler Ă cette scĂšne spĂ©cifiquement. Mais ça fait plaisir dâĂȘtre comparĂ© Ă ces gens lĂ . Jâai toujours adorĂ© la scĂšne noise de toute maniĂšre... Ă un moment, il y a eu une pĂ©riode un peu plus pop-rock ou emo, le cĂŽtĂ© mĂ©lodique avait pris le dessus mais la scĂšne noise, via ce nouveau visage, a assimilĂ© lâhistoire du rock certainement grĂące Ă YouTube, toutes ces choses modernes... Câest marrant de voir comment la musique est cyclique et comment les gĂ©nĂ©rations se remettent dans les vieilles choses pour en ressortir des nouvelles. Nous, on est trop marquĂ©s par cette scĂšne indie-rock amĂ©ricaineâ ! Nirvana, Quicksand, Fugazi...
aujourdâhuiâ? Nous on a besoin de crĂ©er, fabriquer... Peu importe le support. Jâaime suerâ! On est plus assez dans le rapport au public mais plutĂŽt dans la rĂ©alitĂ© Ă©conomique. Il y a les gros plateaux, musicaux ou scĂšnes nationales... Puis les salles intermĂ©diaires, puis les MJC⊠Et je tâavoue quâhumainement je prĂ©fĂšre les petites scĂšnes. On ne pense pas quâau remplissage... Il y a de trĂšs bons groupes amateursâ! Et Ă lâinverse, ce nâest pas parce que tu es estampillĂ© «âindĂ©pendantâ» que tu fais de la bonne musique. Mais cela reste trĂšs embryonnaire...â!
Le monde du rock, câĂ©tait mieux avantâ? Il y avait moins dâĂ©changes quâaujourdâhui, en tous cas au Mans... Les groupes se regardaient de travers... Maintenant on sâĂ©change des plans, on discute et câest plutĂŽt riche pour ça. Il y avait moins de groupes et plus de facilitĂ©s pour jouer, plus de lieux. Et tu pouvais enquiller les dates sans trop de problĂšmes. Aujourdâhui il y a moins de lieux, la vie a augmentĂ© aussi... Pour exister, il faut ĂȘtre tout le temps visibleâ: clips, affiches, etc. Je tire mon chapeau aux groupes comme I Am A Curse par exemple... qui ont fait ce choix de ne faire que jouer. Quelle Ă©nergie il fautâ!
Ce qui fait lâunanimitĂ© quand on voit Plaisir, câest votre prĂ©sence scĂ©nique qui est assez folle... Quand je fais de la musique je nâai pas de contrainte de plateauâ: ce nâest pas chorĂ©grahiĂ©. Mais quand tu as lâampli qui te «âpousses au culâ», tu as envie dây aller... Je nâai aucune recette lĂ -dessusâ! Le fait que je sois danseur me donne forcĂ©ment une aisance, dâĂȘtre dans le mouvement avec mon instrument. Jâaime bien transpirerâ!
Comment tu vois Plaisir dans les prochains moisâ? Il y a une envieâ: dĂ©fendre le disque sur scĂšne. On est en train de sâorganiser pour aller jouer, le disque nâĂ©tant pas une finalitĂ© pour nous... Sur scĂšne on joue les morceaux diffĂ©remment, on nâest pas Ă lâabri dâun virage dans un morceau... On nâa pas peur de remettre en question nos compos. On va aussi continuer de composer et on verra bien. Mais le nom du groupe nâest pas innocentâ: on nâa pas envie dâessayer de se professionnaliser parce que ça nous enfermerait dans quelque chose qui consisterait Ă composer pour manger. Câest une vision un peu politique de la musiqueâ: je veux continuer de faire ce que je veux quand je veux avec la musique. Avec Powell, on a fini par se sentir obligĂ©s de faire les choses. On Ă©tait beaucoup plus Ă lâaise sur les petites scĂšnes que les plateaux de SMAC... On a voulu des SMAC mais je trouve quâelles font comme les scĂšnes nationalesâ: elles restent entre elles. Si tu nâas pas de tourneur, tu nâas pas de raison dâexister
PLAISIR
Meditation medication Merci Connasse Records 180gr â 2013
Racines rock-indĂ©, fibre expĂ©rimentaleâ : câest la recette que nous avait servi Plaisir Ă lâoccasion de la sortie de son 1er EPâ: «âTraining Dayâ». Ă vrai dire, cela nous avait un peu laissĂ© sur notre faim. Mais les 2 ans dâattente auront Ă©tĂ© fructueux et le trio, via «âMeditation Medicationâ», est allĂ© chercher au delĂ des inspirations du premier disque tout en gardant les qualitĂ©s quâon lui connaissait. Basse/batterie terriblement efficaces, guitares atmosphĂ©riques et urgence comme ligne directrice, Plaisir navigue en eaux brutes. Le groupe arrive Ă condenser les belles Ă©poques de la musique noise, avec des accents parfois pop, parfois dance ou plus posthardcore... Et une volontĂ© â toujours aussi pure â dâen dĂ©coudre avec le public dans les antres du rock français... et pourquoi pas au-delĂ .
Julien Martineau
www.plaisirband.com
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PROJETS
K-PLAY
K-Play est un collectif dâassos de La Roche-sur-Yon qui a vu le jour Ă lâautomne 2012, pour fĂ©dĂ©rer des associations yonnaises qui, pour les plus anciennes dâentre elles, voyaient leur motivation dĂ©cliner. Objectifsâ: parler dâune seule voix, partager les expĂ©riences, soutenir les initiatives et surtout, contribuer Ă la diffusion de la scĂšne locale et rĂ©gionale. Depuis la disparition de quelques lieux emblĂ©matiques Ă La Roche-sur-Yon (Le GazâBar, Le BibâKornusâŠ), il est devenu compliquĂ© pour des assos motivĂ©es par lâorga de concerts dâinvestir des bars un minimum adaptĂ©s. «âça a Ă©tĂ© la raison de nos premiĂšres rencontresâ», admet Thibaut Herbreteau, membre de Coton-Tiges et prĂ©sident de lâassociation K-Play. «âJâai rencontrĂ© les diffĂ©rentes assos pour voir si elles Ă©taient motivĂ©es par un projet de lieu associatifâ». Un projet initial perdu de vue mais qui aboutit Ă une premiĂšre vraie table ronde en octobre 2012, rĂ©unissant des assos ayant dĂ©jĂ quelques annĂ©es dâexistence, comme Yucundissima, Coton-Tiges, Triple H, Larsen, Humatomik, Domino Panda et de plus rĂ©centes telles que RotaractâYon et VibratâYon (assos Ă©tudiantes). «âLâidĂ©e est de se rassembler, aider et accompagner les plus jeunes, partager nos expĂ©riences, les bĂ©nĂ©voles, le matĂ©rielâŠâ», explique Fabrice Daviet (vice-prĂ©sident de K-Play). «âça permet aussi de rebooster les «âanciensâ». Si on prend Yucundissima dont je fais partie, câest une asso composĂ©e aujourdâhui de trentenaires, avec des centres dâintĂ©rĂȘt qui Ă©voluent, des vies de famille qui se dĂ©veloppent⊠Bref, un dynamisme en dĂ©clin. PlutĂŽt que mourir, le collectif a permis de remotiver les troupesâ». Et cela se concrĂ©tise en avril 2013 par lâorganisation dâun festival. Sur trois joursâ: 14 artistes, groupes ou DJ sur 3 lieux et devant environ 500 personnes.
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Un premier acte pour mettre en avant le projet artistique du collectifâ: le dĂ©veloppement et la diffusion sur La Roche de la scĂšne locale et rĂ©gionale avec une exigence de qualitĂ©. «âChaque asso a une esthĂ©tique qui lui est propre, entre le rock, le funk/ hip hop, lâelectro, le rap, le noiseâŠâ», prĂ©cise Thibaut. «âOn garde tous notre libertĂ© et on croise les genres sur le festival en complĂ©mentaritĂ©â». Lâobjectif est de reconduire le festival en 2014, dâinvestir de nouveaux lieux et faire bouger le public dans la ville sur le principe du festival Nouvelles ScĂšnes Ă Niort. «â La premiĂšre Ă©dition du festival a permis de nous tester, de voir si on Ă©tait en capacitĂ© de sâentendre et de travailler ensemble. Ă nous dĂ©sormais dâasseoir le collectif, dâaffiner notre projet commun⊠Nous sommes en pourparlers avec la Ville de La Roche-sur-Yon pour une aide au fonctionnement, qui nous permettra notamment de pouvoir accĂ©der Ă lâĂ©quipement du FuzzâYon en prenant en charge une bonne partie des frais de production sur quelques dates dans la saison.â» collectifkplay.asso.st
Par BenoĂźt Devillers
PROJETS
pĂpin et plume Du compost et du souffle doublement intĂ©ressant. Ăa apporte une alternative aux trois modes de financements Ă©ventuellement cumulables qui existaient jusquâalorsâ : autoproduction â fonds publics â mĂ©cĂ©nat. Et ça permet de toucher de nouveaux publics. Ceci dit, le crowdfunding gĂ©nĂ©ralise et labellise une forme de souscription que jâavais utilisĂ©e pour produire le premier disque qui servit de carte de visite Ă lâavĂšnement de Yolk en 1999, celui de Quartethnoâ».
Ămanation du saxophoniste nantais Alban Darche, PĂ©pin&Plume vient se rajouter Ă la liste des labels discographiques nantais avec la vertueuse deviseâ: «âFaire pousser des projets pour quâils sâenvolentâ». Quelle mouche a donc piquĂ© ce musicien pour crĂ©er un label dans le contexte de crise Ă©conomique que lâon connaĂźtâ? «âBien-sĂ»r, il nâest pas question de gagner de lâargent, mais en ciblant les publics et en ajustant la fabrication aux dĂ©bouchĂ©s potentiels, on se situe dans une Ă©conomie raisonnable. Nous comprimons au maximum les dĂ©penses, nous nâavons pas le choix si nous voulons continuer Ă vivre de notre mĂ©tier de toute façonâ; que ce soit pour produire des disques ou des concerts, la rĂ©alitĂ© est la mĂȘme, les artistes ne sont jamais rĂ©munĂ©rĂ©s proportionnellement Ă leur investissementâ», rĂ©torque-t-il. Il y a deux mouches, elles sâappellent PĂ©pin&Plume, heu non⊠raison et envieâ! La premiĂšre production de PĂ©pin&Plume se nomme LâOrphicube (cf. chronique page 26). Elle fut rendue possible grĂące Ă une campagne de crowdfunding ou financement participatif via la plate-forme Ulule. Est-ce lâunique façon de financer un disque en 2013â? Ă cette question, Alban rĂ©pond par la nĂ©gative mais y voit des intĂ©rĂȘts. «âJe ne pense pas que ce soit lâunique maniĂšre de financer un disque mais câest
Câest bien la suite numĂ©rique de la gĂ©nĂ©reuse souscription des annĂ©es 80-90 voire 2000 avec quelques atouts pointĂ©s par Alban. «âLe crowdfunding permet de fĂ©dĂ©rer une communautĂ© autour dâun projet. Bien-sĂ»r ceux qui ont rĂ©pondu Ă notre sollicitation sont dâabords nos amis et notre public fidĂšle, mais je compte sur ce biais nouveau pour rameuter des gens nouveaux (âŠ) Sur les plateformes de financement participatif on trouve aussi pas mal de souscripteurs qui sont intĂ©ressĂ©s dâabord par le systĂšme mĂȘme. Ces gens misent sur un projet quâils ont dĂ©couvert seulement parce quâil Ă©tait lĂ et non pas parce quâil relĂšve de telle esthĂ©tique ou tel parti pris. Ensuite, vient le relais mĂ©diatique suite au succĂšs du financement, ça permet de communiquer sur le mode opĂ©ratoire en espĂ©rant toucher lĂ aussi des publics nouveaux.â» Une Ă©tude sur le jazz sortie rĂ©cemment met en exergue un fort vivier en rĂ©gion Pays de la Loire1. Alban souscrit Ă cette rĂ©alitĂ© avec quelques interrogationsâ: «âNous sommes sur une bonne voie de concertation entre pouvoirs publics, diffuseurs et musiciens (âŠ) Je peux quand mĂȘme prĂ©ciser que dâun point de vue personnel, je note une grande prĂ©caritĂ©. Si je ne comptais que sur les apports directs dâargent public liĂ©s au jazz dans la rĂ©gion, je ne pourrais absolument pas en vivreâ». Retrouvez lâintĂ©gralitĂ© de lâinterview sur tohubohu.trempo.com pepinetplume.com FRAS, Sylvain, PARENT, Emmanuel, MARZIN, Vianney (dir.). La scĂšne jazzâ: Ă Nantes & Saint-Nazaire. Nantesâ: Le PĂŽle, 2013. 12 p. En tĂ©lĂ©chargement iciâ: www.lepole.asso.fr/fichiers/donnees/12_pages_jazz_M.pdf
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Par CĂ©cile Arnoux Photoâ: Silvain Joblin Tohu bohu
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Génération y
pixelblogcolors or not pour partager vos Ă©crits et dĂ©couvertes. Wordpress, plateforme de gestion de blogs la plus populaire au monde est celle que je vous conseille. Gratuite, simple et Ă la fois puissante, elle est autant modulable que personnalisable. Deux options sâoffrent Ă vousâ : ĂȘtre hĂ©bergĂ© directement chez Wordpress (vous serez limitĂ©s dans la personnalisation), ou choisir un hĂ©bergement externe qui vous permettra de modifier tout ce que vous voulez. Pour une vingtaine dâeuros par an vous aurez un espace suffisamment consĂ©quent pour dĂ©buter.
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Parlons veille maintenant. Pour pouvoir alimenter votre blog, rĂ©guliĂšrement, il faut avoir de la matiĂšre et pour ça il est indispensable dâorganiser une veille constante et ciblĂ©e sur les styles musicaux qui vous plaisent. Un outil comme Feedly vous permet de rĂ©unir tous les blogs et autres flux dâinformations directement dans une seule et mĂȘme interface. Cet agrĂ©gateur de flux RSS vous permet de ne rater aucune des publications de vos sites favoris, et ainsi dâĂȘtre au courant â en temps rĂ©el â des nouvelles sorties. Ă vous ensuite de dĂ©terminer de quelle façon vous souhaitez bloguer, et quels seront vos angles dâattaque. LâoriginalitĂ© prime, et vu la concurrence fĂ©roce Ă laquelle se livrent les nombreux blogs musicaux câest plus que primordial. Essayez de sortir des sentiers battus et de vous dĂ©marquer en proposant des contenus diffĂ©rents de ce que lâon peut trouver sur la blogosphĂšre. Lâutilisation de plusieurs mĂ©dias est aussi un plus non nĂ©gligeableâ: vidĂ©os, Ă©crits, ou audios⊠Diversifiez vous en gardant toujours une chose en tĂȘte, quâest-ce que mes lecteurs veulent lire, Ă©couter, ou regarder quand ils arrivent sur mon blog. Ces prĂ©-requis indispensables vous permettront de vous lancer corps et Ăąme dans cette aventure, passionnante et enrichissante. Dans lâattente impatiente de vous lire sur la toile, je vous invite Ă consulter mon blog www.pxlcolors.com, Ă commenter et Ă rĂ©agir sur notre page Facebook ou notre compte Twitterâ!
Par Alexis Chevallier Photoâ: Alexis Chevallier
The next big thing
PAROLES DâACTEURS UN CASTING DâACTEURS DE LA RĂGION QUI NOUS CONFIENT CE QUâILS ATTENDENT IMPATIEMMENT POUR CES PROCHAINES SEMAINESâŠ
FRED LUCAS
DELPHINE GASTINEAU
On a hĂąte de jouer aux Trans Musicales, pour montrer les rĂ©sultats de tous ces mois de travail. Câest un peu comme un examen, une sanction (dans le bon sens du terme). Et puis câest surtout un gros kiffâ!âšEn janvier paraĂźtra notre prochain clip, «âBlown awayâ» rĂ©alisĂ© par Bertrand Coulon.
LâAutre Radio va fĂȘter ses 5 premiĂšres annĂ©es dâexistence au mois de dĂ©cembre. Ce sera lâoccasion pour les bĂ©nĂ©voles de participer Ă une semaine radio trĂšs spĂ©ciale au travers de leurs Ă©missions et pour les auditeurs de dĂ©couvrir ou redĂ©couvrir lâhistoire de cette belle aventure radiophonique.
BASSISTE du GROUPE MARQUEES (nantes)
PIERRE TEMPLĂ
ASSOCIATION YAMOY (NANTES), ROUTE DU ROCK (SAINT-MALO)
LâAUTRE RADIO (CHĂTEAU-GONTIER)
RĂ©MI SAVIN
Jâattends avec impatience le festival SOY pour les concerts et pour lâafter, les tournĂ©es des artistes de La Route du Rock booking Ă venir, le dernier Bill Callahan en vinyle sur ma platine, aller manger chez Lulu Rouget (Nantes), le prochain accident nuclĂ©aire, avoir le temps de revoir The Wire en entier, les prochaines vacances dâĂ©tĂ©...
FANFARE AOC (LE MANS)
SIMON BATARDIĂRE
Je voudrais une grande fĂȘte pour les mĂŽmes. Une fĂȘte, Ă©clectique, dĂ©calĂ©e, joyeuse. PlĂ©thore de spectacles, de cinĂ©, dâateliers, dâanimations, dâexpos... Iciâ? demainâ? Un rĂȘve certainement.
ASSOCIATION PLEINS CHAMPS (ANGERS)
Nous attendons de venir Ă lâUniversitĂ© Populaire dâAngers libres et de repartir plus libres encore. Nous attendons de vivre mieux et plus heureux. Mais au final nous nâattendons rien car, au moment oĂč vous lisez ces phrases, nous sommes dĂ©jĂ en train de faire.
FUTURE DUST
groupe (ANGERS)
On attend avec impatience la fin du travail sur notre nouvel EP qui est en cours de prĂ©paration. On attend Ă©galement avec impatience le concert de Von Pariahs et Griefjoy le 12 dĂ©cembre au Chabada, mais surtout le dernier Ă©pisode de la saison 5 de Breaking Badâ!
FLORIAN BĂZIER
GROUPE ADONE IPY (LAVAL)
Et bien..., la sortie de mon premier album «âJe nây suis pour rienâ» mi-octobre, les critiques du grand public et des rĂ©ponses Ă mes mails, mes courriers et mes appels.
Jâattends la 3e saison des «âHero corpâ» et aussi «âClerk 3â», le nouveau film de Jay & Silent Bobâ: en terme de cinĂ©ma alternatif câest trĂšs trĂšs bonâ!
PASCALE
LES 4 JEUDIS (LE MANS)
GHISLAIN CAILLĂ
GROUPE BBC SOUND BOX (LA ROCHE-SUR-YON)
Jâattends la sortie du nouvel EP de BBC SOUND BOX avec le concept «âLabel/brasserieâ», ça rend les choses excitantes. Voir en live «âLa Colonie de Vacancesâ ». Monter un groupe noise. Voir lâĂ©volution de lâasso Los Herbos Crew, ils se bougent tellement ces mecs ici. Et surtout mettre une claque sur scĂšne Ă lâĂ©quipe du FuzzâYon pour notre concert en dĂ©cembreâ!
GASTON DE MAREUIL
DJ DU DUO JUSTESSE (LA ROCHE-SUR-YON)
La programmation des Von Pariahs Ă lâOlympia avec Iggy Pop en premiĂšre partie, que la CNT instaure une commune autogestionnaire Ă lâĂ©chelle du dĂ©partement de la VendĂ©e (ou au pire sur lâIle dâYeu) et que David Ghetto sâĂ©touffe avec sa mĂšche.
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AUTOUR DE LâAUTEUR PROPRIĂTĂ INTELLECTUELLE, DROIT DâAUTEUR, GESTION DES ĆUVRES MUSICALES Dans le domaine de la musique, les questions relatives Ă la propriĂ©tĂ© intellectuelle et au droit dâauteur sâapparentent souvent Ă une jungle impĂ©nĂ©trable. Quelle protection pour les morceauxâ? Quels droits et obligations pour les artistesâ? Quelles prĂ©cautions prendreâ? Voici quelques interrogations auxquelles ce dossier va tenter de rĂ©pondre. Dans un univers en pleine mutation, oĂč la Sacem, la sociĂ©tĂ© de gestion collective des droits dâauteur, fait toujours figure dâacteur incontournable. MalgrĂ© les critiques. Par Damien Le Berre Illustrationsâ: La Casse â www.la-casse.fr La scĂšne se passe au printemps 1847 dans le cafĂ©concert Les Ambassadeurs, Ă proximitĂ© de la place de la Concorde. Trois musiciens sont attablĂ©sâ: Ernest Bourger, Paul Henrion et Victor Parizot. Lâhistoire ne dit pas dans quelle quantitĂ© ils avaient fait honneur aux breuvages de lâendroit, mais le fait est quâau moment de payer lâaddition, ils se rebiffent. Pourquoi en effet devraient-ils rĂ©gler leurs consommations, alors que lâĂ©tablissement dans lequel ils se trouvent joue leurs Ćuvres sans aucune rĂ©tribution en retourâ? Sâensuit un procĂšs, que les trois trublions gagneront. Suite directe de cet incidentâ: la SociĂ©tĂ© des auteurs, compositeurs et Ă©diteurs de musique (Sacem) voit le jour trois ans plus tard.
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«âIl faut rappeler que Mozart nâa jamais vĂ©cu de ses droits dâauteur et a Ă©tĂ© enterrĂ© dans la fosse communeâ», explique Patrick Avril. Le dĂ©lĂ©guĂ© de la Sacem Ă Nantes poursuiâ: «âLe droit dâauteur est un droit rĂ©volutionnaire. Il a fallu une loi contraignante pour que les auteurs soient reconnus au niveau de la propriĂ©tĂ© intellectuelle. Auparavant, câĂ©tait au bon plaisir du roi.â» La loi rĂ©volutionnaire (au sens premier du terme) en question, câest la loi Le Chapelier du 19 janvier 1791 qui introduit pour la premiĂšre fois les principes du droit dâauteur. Revu Ă de nombreuses reprises depuis, il dĂ©pend aujourdâhui du Code de la propriĂ©tĂ© intellectuelle (CPI) de 1992 et dĂ©finit lâensemble des prĂ©rogatives exclusives dont dispose un auteur sur son
DOSSIER Ćuvre. Sans rentrer dans de fastidieuses explications juridiques, on peut distinguer deux grands volets dans le droit dâauteurâ: le droit moral et le droit patrimonial. Dit plus trivialementâ: «âlâespritâ» et «âles sousâ».
Moral(e) et Patrimoine Le droit moral sâattache au respect de la dĂ©marche artistique et intellectuelle de lâauteur. Parmi les points principaux, il faut citer la mention obligatoire du nom de lâauteur et lâinterdiction de toute altĂ©ration de son Ćuvre (un point crucial pour tout ce qui touche aux reprises, voir encadrĂ©) si ce nâest par lui-mĂȘme, puisquâil peut la dĂ©truire. Le droit moral est par ailleurs perpĂ©tuel, ce qui signifie que les hĂ©ritiers peuvent continuer Ă exercer ce droit sur lâĆuvre de lâauteur aprĂšs la mort de ce dernier. Lâautre versant du droit dâauteur, le droit patrimonial, touche Ă lâexploitation de lâĆuvre. Il comprend dâune part le droit de reprĂ©sentation, câest Ă dire «âla communication de lâĆuvre au public, par un procĂ©dĂ© quelconqueâ», comme le dĂ©finit le CPI. Câest le cas des concerts et des diffusions par les mĂ©dias. Et dâautre part le droit de reproduction, soit «âla fixation matĂ©rielle de lâĆuvre par tous procĂ©dĂ©sâ», sur quelque support physique que ce soit. Ces droits sâexercent du vivant de lâauteur et se poursuivent au bĂ©nĂ©fice de ses ayants droit durant une pĂ©riode de 70 ans aprĂšs sa mort. Suite Ă quoi le droit dâexploitation de lâĆuvre (mais pas le droit moral) tombe dans le domaine public.
LâAUTRE MODĂLEâ: LE COPYRIGHT BRITANNIQUE ET AMĂRICAIN Que dit la loi en matiĂšre de repriseâ? Tout dâabord quâil existe une premiĂšre distinction entre live et enregistrementâ: sur scĂšne, nâimporte qui peut reprendre nâimporte quoi. Câest quand il sâagit dâenregistrement que les choses se compliquent avec lâintervention du droit moral de lâauteur, qui prĂ©serve lâintĂ©gritĂ© de son Ćuvre. Si la reprise respecte tous les aspects de la crĂ©ation dâorigine (texte, rythmique, harmonie, mĂ©lodie), on est dans le domaine de lâinterprĂ©tation. MĂȘme si cette version donne des boutons Ă lâauteur original ou Ă ses ayants droit, il nâa aucun moyen de sây opposer. En revanche, câest lui qui bĂ©nĂ©ficiera de lâintĂ©gralitĂ© des droits gĂ©nĂ©rĂ©s. Mais si la reprise modifie substantiellement la version originale, que ce soit au niveau des textes (y compris dans la cas dâune adaptation dans une langue diffĂ©rente) ou de la musique, il est nĂ©cessaire dâobtenir lâaccord de lâauteur. Si celui-ci le donne, il faut alors dĂ©poser lâarrangement du morceau, ce qui permet de toucher une petite partie des droits. On se doute bien que la frontiĂšre entre interprĂ©tation fidĂšle et arrangement peut ĂȘtre difficile Ă dĂ©finir. Dans les faits, lâusage est donc de demander lâautorisation avant dâenregistrer une reprise.
Tout auteur peut donc exiger une rĂ©munĂ©ration auprĂšs des diffuseurs de son Ćuvre (radios, tĂ©lĂ©s, internet...). Mais pour lâartiste, comment savoir oĂč, quand et comment est utilisĂ©e sa musiqueâ? Comment procĂ©der au recouvrement de ses droitsâ? Câest lĂ quâinterviennent les sociĂ©tĂ©s de gestion collective des droits, comme la Sacem en France.
Perception et rĂ©partition « Il est important de bien prĂ©ciser que la Sacem nâest pas une sociĂ©tĂ© dâĂtat, mais une sociĂ©tĂ© privĂ©e Ă but non lucratif.
REPRENONS TOUS EN CHĆUR, MAIS PAS NâIMPORTE COMMENT Le droit dâauteur nâest pas le seul modĂšle juridique de protection des Ćuvres de lâesprit. Sâil est majoritaire dans lâUnion europĂ©enne, des pays comme Chypre, lâIrlande, Malte et le Royaume-Uni appliquent de leur cĂŽtĂ© le copyright et son cĂ©lĂšbre ©. Pays auxquels il faut notamment rajouter
lâAustralie, le Canada, lâInde... Et bien entendu les Ătats-Unis. Bien que prĂ©sentant un grand nombre de points communs, le copyright sâattache historiquement plus Ă lâaspect Ă©conomique (les droits patrimoniaux) et nâaccorde quâun droit moral restreint comparĂ© au droit dâauteur. Il faut toutefois
prĂ©ciser que ces diffĂ©rences semblent sâestomper, en raison dâun rapprochement entre les deux modĂšles. Avec, dâun cĂŽtĂ©, le droit dâauteur qui tend Ă renforcer son volet Ă©conomique, et de lâautre le copyright qui intĂšgre de plus en plus largement le droit moral.
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FICHE PRATIQUEâ: LâADHĂSION A LA SACEM, MODE DâEMPLOI Si les modalitĂ©s de fonctionnement de la Sacem ne sont pas toujours simples, les conditions dâadhĂ©sion le sont (relativement). Il fautâ: voir composĂ© ou Ă©crit au moins cinq A Ćuvres (comprenez morceaux, pas albumsâ!) J ustifier dâun dĂ©but dâexploitation de lâune de ces Ćuvres. Que ce soit par la diffusion publique dâune ou plusieurs Ćuvres interprĂ©tĂ©es cinq fois, au cours de cinq sĂ©ances diffĂ©rentes, sur une pĂ©riode supĂ©rieure Ă six mois (il faut alors fournir les attestations de diffusion Ă©tablies par les organisateurs de spectacle, mĂ©dias...) ou par lâenregistrement dâau moins une Ćuvre sur support physique vendu dans le commerce (il faut alors en fournir un exemplaire). emettre un enregistrement sonore, R accompagnĂ© du texte Ă©crit sâil sâagit de chansons.
Elle ne perçoit donc pas de taxe ni dâimpĂŽt, mais des droits, qui sont le salaire des crĂ©ateurs. Quand la taxe va dans les caisses de lâĂtat, les droits dâauteur vont, eux, dans les caisses de la Sacem, pour ĂȘtre ensuite redistribuĂ©s aux auteurs, tient Ă Ă©claircir Patrick Avril. Et ce nâest pas obligatoire dâadhĂ©rer. Il nây a pas de monopole de droit mais un monopole de fait.â» Forte de ses 162 ans dâexistence (câest la plus ancienne sociĂ©tĂ© dâauteurs dans le monde) et de cette position monopolistique, la Sacem est une machine imposante, avec une force de nĂ©gociation certaine. «âIl y a une forme de pression face aux diffuseurs. Que pourrait faire un auteur isolĂ© face Ă Canal+, par exempleâ?â», argumente Patrick Avril. Ce qui permet Ă lâinstitution dâafficher des chiffres pharaoniquesâ: 145â000 membres (dont 17â000 Ă©trangers), 70 millions dâĆuvres protĂ©gĂ©es dans tous
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les genres (de la musique de film Ă la techno), 620â000 diffuseurs payant des droits, pour 800 millions dâeuros perçus sur lâexercice 2012. Il faut dire que le champ de perception est largeâ: de la sonorisation du bal des pompiers Ă la clĂ© USB, en passant par le concert, le numĂ©rique, les supports physiques ou les mĂ©dias classiques TV/radios. Ce sont dâailleurs ces derniers qui apportent la manne la plus consĂ©quente (38â%), suivis de prĂšs par la diffusion publique (concerts, discothĂšques, cinĂ©ma). Le gros quart restant se rĂ©partit entre lâinternational (la Sacem a des accords de rĂ©ciprocitĂ© avec ses homologues Ă lâĂ©tranger), la copie privĂ©e (taxe sur lâachat de supports pouvant stocker de la musique), les droits de reproduction phonographiques (que payent les labels) et ceux issus dâinternet. MĂȘme sâils sont en augmentation, ces derniers ne reprĂ©sentent Ă lâheure actuelle que 2,5â% du total. Ă noter enfin que la Sacem revendique une grande prĂ©cision dans lâidentification des Ćuvres utilisĂ©esâ: 80â% des droits perçus seraient du «âĆuvre par Ćuvreâ», les 20â% restants Ă©tant obtenus par sondage ou en tenant compte des habitudes de consommation. Mais au fait, qui touche quoiâ ? «â Câest simple et mathĂ©matique. Pour une Ćuvre donnĂ©e, câest Ă dire un titre, les droits se rĂ©partissent Ă hauteur de 1/3 chacun entre lâauteur (le texte), le compositeur (la musique) et lâĂ©diteur sâil y en a un (voire plus loin). Sâil nây a pas dâĂ©diteur, câest 50â% pour lâauteur, 50â% pour le compositeur. Dans le cas dâun groupe avec un seul auteur pour les textes et plusieurs musiciens qui composent, lâauteur garde ses 50â% texte, les 50â% musique Ă©tant divisĂ©s entre les compositeurs. Il faut prĂ©ciser que les droits du simple interprĂšte dâune Ćuvre ne relĂšvent pas de la Sacem mais de lâAdami (SociĂ©tĂ© civile pour lâadministration des droits des artistes et musiciens interprĂštes) ou de la Spedidam (SociĂ©tĂ© de perception et de distribution des droits des artistes-interprĂštes de la musique et de la danse.â» LĂ oĂč ça se complique, câest quand il sâagit de savoir quel montant de droits peut espĂ©rer un auteur. «âIl est difficile de rĂ©pondre, avance Patrick Avril. Une diffusion sur des mĂ©dias locaux comme TĂ©lĂ©Nantes, Jet FM ou Prunâ rapporte moins que sur Hitwest, qui elle-mĂȘme rapporte moins que sur France Inter...â»
La prime aux gros Et quand on pose la question Ă des artistes professionnels Ă lâaudience confirmĂ©e â sans ĂȘtre des mastodontes des charts â on obtient souvent la mĂȘme rĂ©ponseâ: certes, ils touchent des droits, mais pas de quoi faire bouillir la marmite. Federico Pellegrini, du groupe rock French Cowboy, annonce la couleurâ: «âDisons que lĂ , jâai deux mois de carence dâintermittence et que les 1â000, 2â000 ou 3â000 euros de droits Sacem que je vais gagner sur lâannĂ©e vont me permettre de joindre les deux bouts.â» Son de cloche Ă peu prĂšs identique chez
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Denis PĂ©an du groupe LoâJo. «âLes cachets reprĂ©sentent la majoritĂ© de mes revenus, mĂȘme si jâai besoin des droits dâauteur pour avoir un niveau de vie correct.â » Arno Gonzalez, artiste Ă©lectro vivant de sa musique depuis une dizaine dâannĂ©es, confirmeâ: «âCela reste anecdotique. Je gagne ma vie en Ă©tant sur scĂšne. Mais jâai un Ă©diteur depuis peu, qui a rĂ©ussi Ă me rĂ©cupĂ©rer les droits de 8 annĂ©es dâimpayĂ©s. Câest une bonne surprise.â» LâĂ©diteur en question, câest Philippe Artero, un indĂ©pendant, en marge des maisons de disques ou des sociĂ©tĂ©s dâaudiovisuel qui possĂšdent leurs propres services Ă©ditoriaux. AprĂšs 27 ans au sein de la Sacem, ce qui lui permet de connaĂźtre parfaitement les rouages de la maisonâ: «âTrĂšs performante pour la perception, moins pour la rĂ©partitionâ». Il a montĂ© Art Sonik, une sociĂ©tĂ© dâĂ©dition qui compte Manu le Malin et donc Arno Gonzalez parmi ses «âpoulainsâ». «âMon mĂ©tier a deux facettes. La premiĂšre est dâaccompagner mes auteurs afin de leur faciliter les dĂ©marches administratives et juridiques dans la gestion de leurs droits. La deuxiĂšme est de les mettre en contact avec tous les professionnels de la musique (tourneurs, programmateurs, rĂ©alisateur de clips...) Ă mĂȘme de favoriser leur dĂ©veloppement. MĂȘme si lâĂ©diteur sâadresse Ă des auteurs qui ont dĂ©jĂ une notoriĂ©tĂ© et gĂ©nĂšrent un certain volume de droits. Lâartiste a un souci premier qui est de faire des disques et de se produire, pas de gĂ©rer son portefeuille dâauteur. Câest lĂ que jâinterviensâ: mon boulot est de booster les droits dâauteurs de mes
LES ANTENNES DE LA SACEM EN PAYS DE LOIRE Angers 5, bis boulevard MarĂ©chal-Foch TĂ©l.â: 02 90 92 21 00 Nantes 29, quai de Versailles TĂ©l.â: 02 90 92 21 10 La Roche-sur-Yon 31, boulevard MarĂ©chal-Ney Telâ: 02 90 92 20 20 Laval 128, Quai AvesniĂšres TĂ©l.â: 02 90 92 21 50 Le Mans 7, rue Boucheries TĂ©l.â: 02 90 92 22 60 Ă noter quâoutre ses fonctions de perception et de rĂ©partition des droits, la Sacem a Ă©galement une mission dâengagement auprĂšs de la crĂ©ation musicale dans sa diversitĂ©, avec 15â000 projets artistiques soutenus ces dix derniĂšres annĂ©es.
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artistes. Avec leur agenda et leurs contrats, je reconstitue leur carriĂšre, jâidentifie les organisateurs, afin dâencaisser les droits prĂ©sents, mais aussi ceux quâils nâont pas touchĂ©s par le passĂ©. Pour faire simple, lâauteur qui sâoccupe tout seul de ses droits va toucher 100â% dâune petite galette. Celui qui a un Ă©diteur faisant bien son travail aura 1/3 de droits en moins, mais sur une galette beaucoup plus grosse.â» Et il est lĂ , le grief principal adressĂ© Ă la Sacemâ: la rĂ©partition des droits favorise Ă outrance les gros. Ainsi, en 2011, deux tiers des sociĂ©taires nâont rien perçu. Et parmi ceux qui ont touchĂ© quelque chose, encore deux tiers ont touchĂ© moins de 1â000 euros sur lâannĂ©e. Dans ces conditions, on peut se poser la question suivanteâ: Ă 127â⏠lâadhĂ©sion (Ă vie, certes) par individu, le jeu en vaut-il la chandelleâ?
LES AUTRES MOYENS DE PROTĂGER SA MUSIQUE MĂȘme si se faire «âvolerâ» son tube relĂšve plus du fantasme que du risque rĂ©el, les plus prĂ©cautionneux disposent, outre le dĂ©pĂŽt Ă la Sacem, de deux autres solutionsâ: l âenvoi Ă soi-mĂȘme de son Ćuvre en recommandĂ© avec accusĂ© de rĂ©ception, le tout dans une enveloppe inviolableâ; penser Ă ne pas lâouvrir sauf devant le juge si procĂšs il y a l e dĂ©pĂŽt auprĂšs du Snac (le Syndicat national des auteurs et compositeurs) sous forme de partitions ou de support enregistrĂ© (35â⏠pour 4 chansons).
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Pour Boris Adamczyk, chargĂ© dâinformation Ă la Fracama (FĂ©dĂ©ration rĂ©gionale des acteurs culturels et associatifs musiques actuelles en RĂ©gion Centre)â: «âCâest une question de timing. Quand le projet commence Ă se professionnaliser, quand le groupe se met Ă remplir des fiches Sacem pour ses concerts et Ă ĂȘtre diffusĂ© en radio, il faut faire lâadhĂ©sion. Sinon, ce serait un manque Ă gagner. Mais pour les groupes en dĂ©but de dĂ©veloppement, on rĂ©pond quâil est inutile dâaller dĂ©penser de lâargent, pour lâinstant.â»
En libre diffusion ? Pour ces groupes en dĂ©but dâactivitĂ©, il prĂŽne les licences libres. «âPour moi, le libre est une vision pragmatique. Je pense quâon peut lâutiliser sans avoir forcĂ©ment un discours militant selon lequel il faut donner sa musique parce que la culture doit ĂȘtre accessible Ă tousâ», poursuit-il. «âCe pour quoi militent les licences libres et notamment les Creative Commons, câest avant tout la reconnaissance de la paternitĂ© de lâĆuvre, la mention BY. AprĂšs, lâauteur dâune Ćuvre peut Ă©galement choisir dâautoriser son utilisation commerciale, quâelle soit samplĂ©e, utilisĂ©e dans une compile... Parce que le souci du groupe nâest gĂ©nĂ©ralement pas de toucher des droits dâauteur, mais de protĂ©ger ses morceaux. Et de toute façon, le nĆud du problĂšme aujourdâhui, câest la diffusion.â» Une vision en partie partagĂ©e par Antoine Moreau. Artiste et enseignant-chercheur en Arts numĂ©riques, il est un militant historique du libre. Et Ă lâinitiative de la rĂ©daction de la licence Art Libre qui autorise la copie, la modification et la transformation des Ćuvres. Elle interdit lâappropriation exclusive de ce qui a Ă©tĂ© ainsi mis en commun. Ce qui est le principe du copyleft. En libĂ©ralisant les droits sur les Ćuvres des auteurs, le libre ne fait, selon lui, que valider des usages qui existent dĂ©jĂ dans la rĂ©alitĂ©, notamment sur internet. «âLa gestion collective des droits dâauteur nâest absolument
DOSSIER pas adaptĂ©e au matĂ©riau numĂ©rique. Cela ne profite quâaux plus gros. Les petits ou les dĂ©butants ont Ă©normĂ©ment de mal Ă prendre leur place financiĂšre.â» Avant de dĂ©velopperâ: «âLes pratiques de lâart sont des pratiques de partage et dâĂ©change. Il ne sâagit pas de nier lâĆuvre matĂ©rielle â cela reste le moment oĂč la crĂ©ation se formalise. Mais force est de constater quâelle est financiĂšrement dĂ©valorisĂ©e Ă cause des usages numĂ©riques. Elle peut donc servir de vecteur dâappel pour le moment de crĂ©ation vivant qui est le concert. Aujourdâhui, les musiciens vivent de la scĂšne.â»
Ă lâEst, du nouveau ? Le libre nâest-il alors quâun moyen de diffuser, partager et faire connaĂźtre sa musique de maniĂšre moins restrictive, en renonçant Ă toucher ses droits dâauteurâ ? Pas sĂ»r, puisquâune nouvelle forme de gestion collective des droits semble sur le point de voir le jour. Certes, cette initiative allemande est pour lâinstant confidentielle. Pour preuve, quand on tape «âC3Sâ» sur Google, on tombe dâabord sur la Contribution sociale de solidaritĂ© des sociĂ©tĂ©sâ?!? La C3S qui nous intĂ©resse signifie, quant Ă elle, Cultural Commons Collecting Society. Et elle vient de terminer avec succĂšs sa campagne internet de financement participatif (voir le dossier du Tohu Bohu n°22). Lâobjectifâ: se poser, dans le domaine des musiques libres, comme une alternative Ă la Gema, la Sacem allemande, avec une vision pan-europĂ©enne sur le long terme. Les reproches adressĂ©s Ă la Gema sont grosso modo les mĂȘmes que ceux faits Ă la Sacemâ: position monopolistique, frais de fonctionnement importants, opacitĂ©, obligations contraignantes pour les sociĂ©taires, rĂ©partition inĂ©galitaire. Et, surtout, non-reconnaissance des droits des artistes ayant choisi dâavoir recours aux licences libres. Tout comme en France, oĂč lâaccord passĂ© en 2010 entre la Sacem et Creative Commons est loin de convaincre tout le monde, dans la mesure oĂč il ne concerne que les morceaux sous licence BY-NC (paternitĂ©-usage noncommercial). Partant de ce constat, la C3S propose des principes de fonctionnement sensiblement diffĂ©rents. Avec un dĂ©pĂŽt des Ćuvres Ă lâunitĂ© (alors que la Sacem oblige au dĂ©pĂŽt de toutes les Ćuvres). Une rĂ©munĂ©ration dĂ©gressive dans le temps et en fonction du nombre de diffusions (les nouveaux et les petits seraient ainsi favorisĂ©s). Ou encore la possibilitĂ© de retirer ses Ćuvres Ă tout moment (contre 3 ans pour la Gema et 10 ans pour la Sacem). Plus de souplesse, un mode de rĂ©partition plus Ă©quitable et plus adaptĂ© aux nouveaux usages du numĂ©riqueâ: la dĂ©marche mĂ©rite dâĂȘtre suivie. MĂȘme si, pour lâinstant, dans le domaine du droit dâauteur sonnant â et plus ou moins trĂ©buchant â les fameuses feuilles jaunes de la Sacem restent un passage incontournable.
BIBLIO EXPRESS
ĂlaborĂ©e par Sandrine Martin
ChargĂ©e du fonds documentaire au Centre informations-ressources Pays de la Loire â Trempolino AXEL, Philippe. BY-NC-ND, droits dâauteur et Internetâ: la solutionâ?â: Plaidoyer pour lâintĂ©gration du principe des licences Creative commons BY-NC-ND par les filiĂšres culturelles. Parisâ: Lulu.com, 2011. 95 p. ERGER, Virginie. Quelle est la diffĂ©rence B entre droit dâauteur et copyrightâ? [en ligne]. Inâ: Donât believe the Hype Save The Music, Not The Industry. Disponible surâ: goo.gl/fi1WE (consultĂ© le 10/10/2013). OUVERY, Pierre-Marie. Les contrats B de la musique. Parisâ: IRMA, 2008. 346 p. Coll. MĂ©tiers de la musique. DâO, Constance, Ălodie. Dossierâ: Streaming C et TĂ©lĂ©chargementâ: les dessous de la musique en ligne. Le Transistor, 2013, no36, p. 16-19. HIRACHE, Emmanuel. Coversâ: une histoire C de la reprise dans le rock. Marseilleâ: Le mot et le reste, 2008. 205 p. Coll. Formes. cran Total Musique Infoâ: lâhebdomadaire E des professionnels du cinĂ©ma, de lâaudiovisuel et de la musique. Sous la dir. de Florence Bonvoisin. Clichyâ: LariviĂšre, 2012. Revue hebdomadaire. ISSN 1165-8045. GAU BERTI, Annabelle. DiffĂ©rences entre adaptations musicales, arrangements, sampling et leurs droitsâ! [en ligne]. Inâ: Donât believe the Hype Save The Music, Not The Industry. Disponible surâ: goo.gl/nZHRLX (consultĂ© le 10/10/2013). UINTYN, Olivier, BATTISTI, MichĂšle. Q Dossierâ: copier/crĂ©er. De ligne en ligne, 2013, n°11, p. 13-18. LTFESTIVAL. [26 mars 2009]. «âMashupâ: TI Quelle crĂ©ation pour quels Droitsâ?â» â Partie 2 LĂ©gislation [vidĂ©o en ligne]. Inâ: YouTube. Disponible surâ: goo.gl/U4oQmr (consultĂ© le 10/10/2013). OURNIER, Jean-Loup. Vivre de sa musique T avec la Sacem. Parisâ: Rocher, 2006. 356 p. INCENT, Jean. Droits dâauteur et droits V voisinsâ: propriĂ©tĂ©, titularitĂ©, cession. Parisâ: Weka, 2009. 118 p. Coll. Action culturelle. olumeâ!â: La reprise Bis. Saint-AmantV Tallendeâ: MĂ©lanie SĂ©teun, fĂ©vrier 2010, n°7-2. ISSN 1634-5495.
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traces et impressions GREAT BLACK MUSIC Philippe Robert, Ăditions Le Mot et le Reste â 2008 â par Kalcha Ce nâest pas le premier livre de Philippe Robert dont on vous parle dans nos pages (on lâavait mĂȘme interviewĂ© pour son itinĂ©raire folk il y a quelques numĂ©ros), et cette rĂ©Ă©dition de son «âGreat Black Musicâ» recevra autant dâĂ©loges que ses congĂ©nĂšres. Le journaliste sây attache Ă prĂ©senter 110 albums dans des styles a priori trĂšs diffĂ©rents (du free jazz au rap, en passant par le dub, le hardcore ou lâafro-funk) mais qui constituent finalement une seule et mĂȘme grande entitĂ©, la Great Black Music. Entendez par lĂ les vellĂ©itĂ©s avant-gardistes et progressistes des musiciens issus de la communautĂ© noire de crĂ©er une sorte de «âmusique classique noireâ» (et par consĂ©quent plus simplement de divertissement). Profitez donc de lâĂ©rudition de Philippe Robert et (re)dĂ©couvrez tous ces trĂ©sors signĂ©s Nina Simone, LKJ, The Art Ensemble of Chicago, Madvillain, The Meters ou Bad Brains. Lâauteur, comme Ă son habitude, dose avec intelligence les classiques, les dĂ©couvertes et les raretĂ©s. Chacun peut donc commencer le livre Ă son niveau.
JAZZ DANS LE NEW-YORK DES ANNĂES FOLLES Robert Nippoldt, Hans-JĂŒrgen Schaal, Ădition Taschen â 2013 â par Kalcha Comme Ă leur accoutumĂ©e, les Ăditions Taschen sortent un magnifique livre illustrĂ© (+ CD) sur une pĂ©riode primordiale de lâhistoire de la musique. On se retrouve en effet au dĂ©but des annĂ©es 20, Ă errer de club en club dans les nuits de Harlem, Ă la rencontre des futurs grands noms du jazz (Jelly Roll Morton, Fats Waller, Coleman Hawkins, Bessie Smith, Louis Armstrong, Benny Goodman, Glenn Miller, Duke Ellington, Sydney Bechet, Cab Calloway et beaucoup dâautres qui sont passĂ©s Ă cĂŽtĂ© de la postĂ©ritĂ©) pour essayer de saisir ce frisson nouveau qui sâemparait alors de la Big Apple et qui influencerait toutes les musiques du siĂšcle Ă venir. On apprend dâailleurs au grĂ© des nombreuses anecdotes de lâouvrage que le jazz aurait trĂšs bien pu rester confinĂ© Ă la NouvelleOrlĂ©ans si des parasites qui ravageaient les plantations de coton au dĂ©but du siĂšcle nâavaient pas obligĂ© la communautĂ© noire a Ă©migrer massivement vers les villes du Nord (New-York, Chicago, Detroit...) pour y trouver du travail, emportant avec elle ce drĂŽle de blues qui swingue. On ne les en remerciera jamais assezâ! Photo : Copyright Robert Nippoldt
BOB MARLEY & THE WAILERSâ: 1973-1976 Lee Jaffe, JĂ©rĂ©mie Kroubo Dagnini, Ăditions Camion Blanc â 2013 â par Kalcha Je vois dâici votre mine dĂ©confite. Quoiâ? Encore un livre sur Bob Marleyâ??? On connaĂźt dĂ©jĂ tout de son histoire... Mouais, pas si sĂ»r. Combien savaient par exemple que parmi les Wailers se trouvait un harmoniciste amĂ©ricain blancâ? TrĂšs proche de Marley, Lee Jaffe vivra dans sa maison de Hope Road pendant des annĂ©es et sera Ă ses cĂŽtĂ©s lorsque plusieurs des morceaux les plus emblĂ©matiques du Rasta seront composĂ©s. Plus tard, il produira mĂȘme quelques disques mythiques de Peter Tosh dans des conditions dâailleurs pas toujours trĂšs lĂ©gales. Autant vous dire que vous vivrez les choses de lâintĂ©rieur et racontĂ©es sans complaisance ni langue de bois. Le journaliste français JĂ©rĂ©mie Kroubo Dagnini pousse mĂȘme parfois lâAmĂ©ricain dans ses retranchements et permet ainsi Ă cet entretien Ă bĂątons rompus de mieux comprendre lâHistoire sans se faire parasiter par la lĂ©gende. Mafia, trafics en tout genre, spiritualitĂ©, business, seconds couteaux oubliĂ©s et gros spliffs de ganja rythment ce rĂ©cit passionnant sur un des musiciens les plus importants du 20e siĂšcle.
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traces & impressions
LA DISCOTHĂQUE IDĂALE DETOURNĂE Robyo & Meurie, AutoĂ©dition â 2012 â par Kalcha Si vous connaissez des vendeurs aux rayons disque des supermarchĂ©s culturels (enfin, ceux qui restent), vous devez dĂ©jĂ avoir entendu leurs anecdotes hilarantes de clients qui Ă©corchent â pour ne pas dire qui charcutent â les noms de leurs artistes prĂ©fĂ©rĂ©s, surtout si ces derniers sont anglophones. Le dessinateur Robyo, vendeur Ă la FNAC dâAngers, en connaĂźt des centaines plus drĂŽles les unes que les autres. Ăa a mĂȘme fini par lui donner envie de crĂ©er ses propres personnages improbables, comme Lemmy Winehouse, Coeur de Picrate, Ugly Kidjo, Black Eyed Keys ou 15Cent, dont il raconte les existences complĂštement loufoques dans son blog «âLa DiscothĂšque IdĂ©ale DĂ©tournĂ©eâ». Parodiant les pochettes vĂ©ritables, lâAngevin sâen donne Ă cĆur-joie et laisse libre cours Ă son sens de lâhumour absurde et irrĂ©vĂ©rencieux, dans la lignĂ©e des Monty Pythons, Dupontel ou la «âRubrique-Ă Bracâ» de Gotlib. Ce premier livre autoĂ©ditĂ© compile donc ses meilleures trouvailles. Ă sortir Ă lâheure du digestif entre potes pour se payer une bonne tranche de rireâ! Pour savoir oĂč vous procurer le livre en rĂ©gion, contactez Robyoâ: did.robyo@gmail.com discothequedetournee.blogspot.fr
QUâEST-CE QUI CRĂE LâĂTINCELLE DE DĂPARTâ? UNE SIMILITUDE GRAPHIQUEâ? UNE RESSEMBLANCE PHONĂTIQUEâ?
ROBYO QUAND DES ARTISTES MYTHIQUES SE FONT MASH-UPER PAR UN DESSINATEUR A LâHUMOUR CORROSIF, ĂA DONNE UN BLOG â ET MAINTENANT UN LIVRE â QUI APPORTE UN PEU DE DĂRISION A UN MILIEU QUI NâAIME RIEN TANT QUE SE PRENDRE AU SĂRIEUX. COMMENT EST VENUE LâIDĂE DE CETTE «âDISCOTHĂQUE DĂTOURNĂEâ»â? CâĂ©tait un peu la consĂ©quence naturelle de trois facettes de ma personnalitĂ©â: jâai toujours dessinĂ© pour moi depuis que je suis tout gosseâ; jâadore dĂ©tourner, trouver des surnoms aux gensâ; je suis fan de musique depuis toujours. En 2008, on mâa offert un carnet en forme de vinyle et je me suis surpris Ă parodier des pochettes de disques... De fil en aiguille, on mâa incitĂ© Ă faire un blog. Comme je suis nul en coloriage, jâai demandĂ© Ă une copine infographiste, Meurie, de mettre en couleurs mes dessins. Elle a vite apportĂ© bien plus que ça au projet, en recrĂ©ant par exemple les bonnes typographies des disques, lâidĂ©e du vinyle qui sort de sa pochette, etc. Du coup, tout ça mâa donnĂ© envie de pousser le concept en Ă©crivant une sorte de biographie improbable des nouveaux artistes quâon crĂ©ait. «âLa DiscothĂšque IdĂ©ale DĂ©tournĂ©eâ» Ă©tait nĂ©e.
Il nây a pas fonciĂšrement de rĂšgle. Câest souvent le hasard dâune situation qui entraine le gag. Pour Lemmy Winehouse par exemple, câest simplement venu parce que jâĂ©tais en train de ranger des disques de Motörhead et Amy Winehouse au boulot, et que lâidĂ©e dâassocier ces deux artistes si Ă©loignĂ©s et en mĂȘme temps si proches mâa fait marrer. Sur le blog, je fais parfois un simple mash-up de deux pochettes, sans forcĂ©ment Ă©crire de biographie si jâai pas lâinspiration. Je veux pas faire de remplissage. Il y a des tas de pochettes qui ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© lâobjet de parodies comme celles des Beatles ou des Stones, donc je ne veux pas mây atteler sans idĂ©e vraiment originale. Pareil pour des trucs un peu nazes dont il serait facile de se moquer mĂ©chamment. Je vois pas trop lâutilitĂ© du truc...
ET JUSTEMENT, EST-CE QUâIL Y A DES DISQUES POUR LESQUELS TU AS DES IDĂES MAIS QUE TU NâAS PAS ENCORE RĂUSSI Ă CONCRĂTISERâ? Jâen ai bien une douzaine encore dans les cartons. Soit câest le dessin qui pose problĂšme, soit câest lâhistoire... Par exemple, jâaimerais bien faire un truc sur Gotham Project, un mix entre Gotan Project et Gotham City (la ville de Batman). Je visualise bien ce que je voudrais atteindre, mais je galĂšre sur le dessin. Parfois, y a des trucs qui se font super vite, en deux/trois semaines, et dâautres trucs qui trainent pendant des mois. Et il suffit dâune fulgurance pour que tout se dĂ©clenche.
Par Kalcha Photoâ: DR Tohu bohu
n°27
automne 2013
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Disques ROTTERS DAMN
CIRCUS AND TRAINS
AP â 2013 www.rottersdamn.tumblr.com
«âCircus and Trainsâ» est un voyage Ă part entiĂšre. Nous sommes transportĂ©s dans une atmosphĂšre folk grĂące Ă lâitinĂ©rance dâun groupe dâartistes supposĂ©s saltimbanques. Dâune ambiance feutrĂ©e et bohĂšme, la musique de Rotters Damn â le jeu de mots est subtil â nâest pas sans rappeler un feu de camp nocturne prĂšs duquel une diseuse de bonne aventure nous Ă©pie mystĂ©rieusement. En fermant les yeux, TimothĂ©e Gigan Sanchez et son envoĂ»tante voix rauque et un poil chevrotante nous attire vers son monde forain des annĂ©es 1930. Lâinterlude musical relie parfaitement les quatre autres morceaux comme le train soude les villes et la pochette de lâEP est aussi lĂ pour nous le prouver. «âCircus and Trainsâ», une ode au pĂšlerinage Ă la saveur dĂ©licieusement vintage. Lucie Beaudoux Jastrzebski
FAUNE
EP#001
AP â 2013 www.faune.tv
Entre pop renversante et musique de film Ă©pique, Faune aime brouiller les pistes. Ces trois morceaux en sont la parfaite illustration. Les mĂ©lodies sont entrainantes et enjouĂ©es, accompagnant parfaitement les textes du groupe. SublimĂ©s par leurs multiples influences qui se ressentent dans leurs compositions, le trio nous fait voyager dans plusieurs dimensions, Ă la ferveur dâun Django Django français. La Faune qui nous entoure semble danser autour de nous et fĂȘter cet hymne Ă la nature dĂ©clamĂ© dâune voix douce et rĂȘveuse. La force de ce trio est de nous embarquer dans leur vision dâune musique puissante, planante, et onirique. La poĂ©sie quâil nous offrent est comme une dĂ©claration dâamour Ă la vie, Ă lâamour, et Ă toutes les composantes de lâhumain. Laissez les prendre le contrĂŽle sur vos Ă©motions, vous les remercierez. Alexis Chevallier
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Tohu bohu
n°24
hiver 2013
MOUSTACHE MUSEUM ON THE RUN
OuichâEaters Records â 2013 moustachemuseumbandcamp.com
Passons rapidement sur le nom de ce groupe mixte qui nous envoie promener sur une fausse pisteâ: une bande de faux jeunes surfant sur la mode de la chemise Ă carreaux et de la barbe fournie. Les Nantais de Moustache Museum ne sont pas des suiveurs. La preuve avec la sortie de ce deuxiĂšme EP, «âOn the runâ», Ă©tonnant de bout en bout. Alors que cette quinte royale et folk rock sâouvre avec un Flaws se prĂ©sentant Ă nous trop bien sapĂ©, Moustache Museum le dĂ©braille en lui faisant enfiler, Ă mi-parcours, une Ă©nergie rock. «âOn the runâ» nâest donc pas la carte postale dâun Ouest amĂ©ricain artificiel, mais une invitation Ă dĂ©couvrir un univers multiple oĂč la mĂ©lancolie se mĂȘle au ravissement. On y entend le Herman DĂŒne de la grande Ă©poque. Mais la force de Moustache Museum est dâavoir rendue discrĂštes leurs diffĂ©rentes influences. Arnaud BĂ©nureau
LâORPHICUBE S /T
PĂ©pin&Plume Records â 2013 www.pepinetplume.com
Alban Darche, ou le John Zorn nantaisâ? Comme son homologue new-yorkais, Darche est un sax alto, compositeur hyper-prolifique Ă la riche actu discographique, qui, via son label, arpente les diffĂ©rents sillons dâun jazz pointu et dĂ©jantĂ©. Si ce disque nâest pas une production Yolk, il en possĂšde nĂ©anmoins les traits principaux. Les tĂȘtes sont connues (Ripoche, Donarier, BoisseauâŠ), et cette nouvelle aventure sâinscrit dans la continuitĂ© du travail du nantais chez Yolk. On y retrouve le goĂ»t dâAlban Darche pour les choses faussement simples, qui donnent des crampes aux neurones des musiciens sans pour autant laisser sur le trottoir les bĂ©otiens. Voici une petite-grande-formation Ă gĂ©omĂ©trie variable, aussi folklorique que symphonique. Et pour finir en trois mots : comme dirait lâautre, «âPutain, ça joueâ!â». SĂ©bastien Bertho
disques
ELEPHANZ
TIME FOR A CHANGE
NaĂŻve / Warner / TSK Music â 2013 www.elephanz.com
Connu comme le loup blanc, le quatuor nantais ne lâest pas. Pas encore. Avec des textes qui ont du chien, un flow qui file la chair de poule et des mĂ©lodies qui font mouche, passer Ă cĂŽtĂ© de ce groupe, ce serait lâart dâignorer lâElephanz qui est dans le salonâ! Car en bons pachydermes, les frangins et consorts envoient du lourd avec leur musique Ă facettes. Loin dâune pop cupcake trop sucrĂ©e, la leur est plurielle et mue au fil des morceaux. Chatouillant tantĂŽt le rock ou enlaçant un folk option carrousel, tantĂŽt se lovant dans des airs un poil chamallow ou sâagitant sur un son carrĂ©ment plus dancefloor, elle est une vĂ©ritable ode au changement. Une invitation Ă©galement lancĂ©e en son Ă©poque par un illustre David et dont Elephanz partage apparemment plus que le goĂ»t de la rĂ©verbâ. «âCh-ch-ch-ch-changesâ», pour vous mettre la puce Ă lâoreille... Ne faites pas ces yeux de merlan frit, Ă©coutez plutĂŽtâ! Atum Hood
JULIEN VINĂONNEAU QUARTET FĂNE
AP â 2013 jvquartet.bandcamp.com
En quatre titres et une vingtaine de minutes, le quartet de Julien Vinçonneau (guitare) dĂ©montre ici toute lâĂ©tendue de son art. Impeccablement entourĂ© de Florian Chaigne (batterie), Xavier Normand (contrebasse) et dâElie Dalibert (sax alto) dĂ©bauchĂ© de Sidony Box pour lâoccasion, Julien Vinçonneau soigne son jeu de guitare bipolaire (tantĂŽt doux, tantĂŽt franc du collier) et aussi ses arrangements. Les standards de Wayne Shorter et Joe Henderson, entre cool jazz et post-bop, sont parfaitement interprĂ©tĂ©s mais ce sont surtout Föne, une composition originale et Redemption Song/Evolution, une reprise de... Bob Marley qui impressionnent. Ouvertement moderne dans sa volontĂ© de brouiller les frontiĂšres entre jazz mĂ©lodique, rĂ©miniscences de free et rythmiques plus binaires (le final quasi-heavy de la chanson de Marley), le quartet a dĂ©jĂ sa place au sein de la scĂšne jazz nantaise la plus prometteuse. Matthieu Chauveau
GUILLAUME BOUST SAISONS ROUGES
MouftâArt â 2013 www.guillaumeboust.fr
Comme on aimerait que tous les chanteurs «âĂ textesâ » aient le courage de lâaventure musicale que mĂšne Guillaume Boust et ses compagnonsâ! Les textes, Guillaume Boust les Ă©crit sur des mĂštres et avec une syntaxe classique. Peu dâellipses mais du sens, plutĂŽt rouge, plutĂŽt loquace contre les ennemis du peuple et pour protĂ©ger nos vies minuscules et fiĂšres. De sa voix ample, il scande, parfois Ă contre-mots, un parler-chanter dĂ©clamatoire et vibrant soutenu par la guitare versatile de Didier Dayot posĂ©e sur le soubassement dâune contrebasse boisĂ©e et dâun drumming fin et Ă©nergique. Quant au format des chansons, il laisse la place Ă la musique et ne se fait pas dâillusion sur ses chances dans les radios commercialesâ: six minutes, vous vous rendez compteâ! Une mention spĂ©ciale pour sa Ă©niĂšme version du «âTemps des Cerisesâ» qui bouscule ce classique jusquâau chorus fiĂ©vreux du sax dâEwan Dayot. Un disque prometteur pour ce jeune artiste dĂ©terminĂ©. Georges Fischer
BLUE MANGO ĂBAĂBAĂO
Menkali â 2013 www.bluemango-music.com
VoilĂ un album qui ne cache pas son jeu et oĂč la couleur mĂ©tissĂ©e est clairement annoncĂ©eâ: il sâagit lĂ dâun vĂ©ritable travail sur la voix sous toutes ses formesâ: harmonies, rythmiques, slam, rap⊠Line Tafomat, Marianne Jagut et CĂ©line Honorine â les trois chanteuses de Blue Mango â font de leur voix un instrument Ă par entiĂšre sur des mĂ©lodies Ă©purĂ©es et directes. Elles proposent un disque sensuel et trĂšs fĂ©minin, qui nâest pas sans rappeler la french soul des Nubians (la pochette dâĂbaĂ©baĂŻo serait-elle dâailleurs un clin dâĆil Ă leur album One Step Forwardâ?) oĂč chaque mot et chaque expression semblent ciselĂ©s et dĂ©licatement choisis. Textes engagĂ©s, chroniques fĂ©minines ou contes, hommages aux femmes de la planĂšte ou questionnements, le maloya y cĂŽtoie la soul et le breakbeat se frotte au jazz. On se promĂšne de continents en pays au grĂ© dâune musique libre et dâinfluences bien assumĂ©es. Marie HĂ©rault
Tohu bohu
n°24
hiver 2013
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disques
PHILIPPE MENARD
Mayday
AP â 2013 www.philippemenard.com
YES
Kythibong / La Baleine â 2013 binidu.bandcamp.com
FidĂšle et toujours renouvelĂ©, Ă©corchĂ© et toujours Ă©nergique, Philippe MĂ©nard nous surprend encore par la richesse des compositions de ce 9e album aux accents rock. FidĂšle, car on retrouve ses thĂšmes habituels autour des rĂ©fĂ©rences du blues (la femme, le looser...) Ă©crits avec la sobriĂ©tĂ©, la poĂ©sie du quotidien, support naturel du genre. RenouvelĂ©, car les mĂ©lodies des guitares sont encore lĂ , imaginatives, inspirĂ©es, transcendant la magie du blues. Ănergique, cela devient un lieu commun de le dire tellement Philippe MĂ©nard nous transporte par sa fougue Ă jouer, par le mordant un peu sauvage de ses amorces de riffs Ă©voquant ces lĂ©gendes tels Son House, Johnny Winter. Philippe MĂ©nard nâinterprĂšte pas le blues, il lâincarne, le digĂšre, lui donne chair, câest le partage de la vie (il nous invite au cafĂ© de La Perle dans un superbe «âDown at the Pearly CafĂ©â» Ă la simplicitĂ© volontaire). VĂ©ritable sacerdoce rock pour ne pas sombrer dans un trou dâairâ: May Day. Gilles Lebreton
Quâest-ce qui a bien pu conduire ces 3 lĂ Ă ce mariage inattenduâ? Sâil est vrai que Vincent Dupas navigue depuis longtemps dans les eaux mĂ©lancoliques de My Name Is Nobody et les torrents dĂ©vastateurs de Fordamage, Pneu est quant Ă lui identifiĂ© dans les tumultes dâun math noise dĂ©complexĂ©. Et pourtant, en dehors peut-ĂȘtre de la voix haut perchĂ© du premier, peu de choses trahit lâidentitĂ© de ces trois lascars. Ce premier essai en 7 titres regorge en effet dâorchestration colorĂ©es, de folk lumineux, dâenvolĂ©es presque glorieuses, dont les reliefs ne sont pas sans rappeler quelques grands noms dâAmĂ©rique du Nord. Mais câest Ă une patte bien locale que lâon doit ces ritournelles entĂȘtantes. Tour Ă tour empreint dâune certaine frĂ©nĂ©sie, toujours Ă lâaise dans une Ă©criture mĂ©lodique complexe, la batterie et les 2 guitares sâaccordent Ă coups dâembardĂ©es harmoniques, oĂč guetter lâascension finale devient une obsession. Mariage inattenduâ? Oui, mais mariage rĂ©ussi, prononcĂ© en bonne et due forme par Kythibong... Ăvidemment. CĂ©dric Huchet
BIRDS ARE ALIVE
SIEUR ET DAME
MONSTRE NĂ
Kizmiaz Records â 2013 www.birdsarealive.fr
Les oiseaux nantais sont bien vivants, et bien vivaces. Pondre un disque tel que «âMonstre NĂ©â» est une belle preuve dâamour du rock nâroll authentique, celui qui grince, qui suinte et qui sue. Entre garage, post-punk et blues, la musique de Birds Are Alive rĂ©sonne et fait ressurgir parfois les fantĂŽmes dâElvis (par la voix notamment) ou des Clash, ajoutant une touche de mĂ©lancolie dans ce mouvement nonchalant, dĂ©senchantĂ© mais heureux. Nous voilĂ tapant du pied avec entrain, apprĂ©ciant quelques chĆurs popisants entre deux riffs souples ou nerveux, parfois les deux simultanĂ©ment. ArrivĂ©s Ă la fin des 10 pistes, on rĂ©alise lâampleur du talent de Birds Are Alive, faisant preuve dâun feeling dâun autre temps et dĂ©poussiĂ©rant le rock 60âs par des inspirations nouvelles. Le travail sonore est dâailleurs effarant de crĂ©dibilitĂ©, profondĂ©ment organique, Ă©quilibrĂ©. «âMonstre NĂ©â» est avant tout une vraie grosse claque rythmique et mĂ©lodique flanquĂ©e dâun visuel hyper classe. On nâespĂ©rait pas mieux. Tanguy Cloarec
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BINIDU
Tohu bohu
n°27
automne 2013
AMOUR ET PAPOUASIE
Kythibong / LâAutre Distribution â 2013 www.sieuretdame.fr
TimorĂ©s dâĂ©motions trop intenses, passez direct votre cheminâ ! «âAmour et Papouasieâ » possĂšde ce pouvoir de libĂ©rer la bĂȘte ou la folie qui sommeille en nous. Tour Ă tour rassurant, inquiĂ©tant, enjoliveur et agitĂ©, lâalbum nous pousse dans nos retranchements. Le voyage sâouvre avec une berceuse insidieuse «âChaleur Malheurâ» pour mieux nous bousculer ensuite. Le lyrisme de Claire Grupallo et la voix perverse dâEtienne Anclin nous guident durant cette expĂ©rience hors du commun et sensorielle, façon rite chamanique. Lâalchimie de ces deux ĂȘtres Ă©tant soutenue par le talentueux Jonathan Seilman, «âAmour et Papouasieâ» est une pure merveille. «âLibera Meâ» avant-dernier morceau clĂŽture en toute dĂ©licatesse ce rĂȘve Ă©veillĂ©. Dans un tout autre registre, la derniĂšre fois que je me suis laissĂ©e aller Ă ce type dâexpĂ©rience, câĂ©tait lors de lâĂ©coute de «âMy God Is Blueâ» de SĂ©bastien Tellier⊠Lâunivers aurait-il plusieurs Dieuxâ? Dorine Voyaume
disques
TITI ZARO
POĂME DE ZOREOL
Tata Zora Productionsâ/ LâAutre Distribution â 2013 www.titizaro.com
ZorĂ©ol, masculin, contraction de «â zoreilleâ » et de «âcrĂ©oleâ»â: enfant nĂ© dâune union entre un(e) zoreille et un(e) crĂ©ole. Lâalbum de Titi Zaro, PoĂšme de ZorĂ©ol, est avant tout un mĂ©lange dâinfluences. La musique est douce, reposante et revĂȘt une profondeur mĂ©lancolique qui nous invite Ă la prendre au sĂ©rieux. Elle rappelle Camille dans ses meilleures inspirations ou de lointains Ă©chos des chĆurs de LoâJo, mais lâon trouve vite une identitĂ© propre Ă ce duo fĂ©minin qui fait du bien au corps tout entier. Si vous aimez la finesse â mais se peut-il que vous ne lâaimiez pasâ? â alors il vous faut prendre le temps dâĂ©couter ça. Tout est mĂ©lodique chez Titi Zaro, la musique certes, mais aussi les textes, crĂ©oles ou français, qui dĂ©gagent des sonoritĂ©s si plaisantes quâon en oublierait presque dâen capter le sens. Ne commettez pas cette erreur car Ă la forme, Titi Zano ajoute le fonds. Lâalbum la lĂ© bon, fo Ă©coutĂ© çaâ! Johann LĂ©gault
KNOWN AS NUMBERS MANGIN
AP â 2013 knownasnumbers.bandcamp.com/
Ă une Ă©poque oĂč tant dâartistes semblent se copier les uns les autres avec empressement au point de devenir quasi-interchangeables, la musique de Known as Numbers fait plaisir Ă entendre. Les quatre Nantais ralentissent la cadence et osent les coups dâoeil dans le rĂ©tro, notamment vers le slowcore hantĂ© des 90âs, mais pas seulement. Ces chansons sombres, sâapparentant au folk dans leur construction, au rock dans la tension qui Ă©mane de leurs finals en crescendo, et surtout, la voix grave et rĂ©signĂ©e de Lukas Wiedner se sont pas sans rappeler un groupe pour le coup bien contemporainâ: The National. Avoir un son identifiable entre mille, câest bien, avoir des chansons mĂ©morables, câest encore mieux. Ăcoutez donc encore et encore le titre «âShiverâ» modĂšle de songwriting classique, pour comprendre que Known as Numbers nâest pas un groupe de plus, qui ne fait que passer, malgrĂ© son nom modeste. Matthieu Chauveau
AERIS
TEMPLE
Ex-tension â 2013 www.facebook.com/AERISTEMPLE
Post-mĂ©tal, rock-prog ou autres Ă©tiquettes me semblent bien superflues pour dĂ©crire la musique de ce groupe. Aeris câest une main de velours dans un gant de fer. On sait que Manu Adnot (Sidony Box) affectionne les riffs rentrededans et les unissions de shreader, on (re)dĂ©couvre lĂ que câest Ă©galement un compositeur qui aime donner du temps Ă ses idĂ©es, et laisser planer des ambiances. Avec ses quatre musiciens techniquement implacables, Aeris se dote dâune artillerie lourde et se donne les moyens de ses ambitions. Que dâĂ©volutions depuis la premiĂšre mouture de ce groupe. Les compos sont plus abouties, le son de groupe plus ample et puissant et les nouveaux arrivĂ©s dans le groupe (Emerson Paris et Louis Godart) apportent avec eux leurs expĂ©riences. Belle rĂ©compense, qui plus est, dâĂȘtre signĂ© par un label appartenant Ă lâunivers du groupe Magmaâ! SĂ©bastien Bertho
ROMERO GROOVE BAND BLUE HIP FUNKZZ HOP
Vivier Prod â 2013 www.romerogrooveband.com
Romero Groove Band, câest du funk qui donne envie de claquer des doigts. Ce deuxiĂšme album, «âBlue Hip Funkzz Hopâ», Ă la structure funk disaiton, invite Ă peu prĂšs tous les courants musicaux amĂ©ricains Ă sa table. Les platines de lâexcellent DJ Slade (toujours dans les bons coups) cĂŽtoient les riffs jazzy ou bluesy mais toujours bien sentis des guitares de StĂ©phane Ramin, les envolĂ©es «âsaxophoniquesâ» de François Babin, ou les inspirations synthĂ©tiques de Florent Landreau, le tout sur une base rythmique qui sert de lieu de rencontre Ă toutes ces influences. Tout est bon, rien Ă jeter, dans cet album Ă©quilibrĂ©, dâune grande maturitĂ© oĂč chaque instrument trouve sa place. Si la qualitĂ© scĂ©nique de la formation est Ă la hauteur de ce que laisse prĂ©sager lâalbum, alors on peut sâattendre Ă vivre de grands moments de bonheur, fusionnels sans doute avec Romero Groove Band, un groupe Ă suivre, assurĂ©ment. Johann LĂ©gault
Tohu bohu
n°27
automne 2013
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disques
BENJAMIN PIAT
BOĂTE A MUSIQUE
La Fabrik Acoustik 2013 www.benjaminpiat.sitew.com
En France, câest connu, on nâa pas de pĂ©trole mais on a des idĂ©es. Benjamin Piat, lui, nâa pas beaucoup dâargent mais il a du talent. Et ça lui a suffi pour donner envie Ă Pierre Lebas (exchanteur de La Ruda), Seb Martel (ex-guitariste de -M-), B-Roy (ex-accordĂ©oniste de Manu Chao) ou Richard Pauvert (ex-guitariste de La Ruda) de lâaccompagner â dâune maniĂšre ou dâune autre â sur ce premier disque sous son vĂ©ritable Ă©tat civil (Benjamin a dĂ©jĂ sorti quelques dĂ©mos sous le nom de Benouzz). Dans sa «âBoĂźte Ă Musiqueâ», Piat digĂšre donc lâinfluence des groupes prĂ©citĂ©s grĂące Ă des idĂ©es arrangement pertinentes. Cuivres, xylophone ou piano agrĂ©mentent ainsi ses jolies ritournelles, crĂ©ant souvent le petit plus qui marque lâesprit et colle la mĂ©lodie dans le ciboulot. Dans un titre du disque, lâAngevin chante «âLa vie est faite de dĂ©tails importantsâ». La musique Ă©galement. Kalcha
COSMOFAMILLE
Warner â 2013 www.moongai.com
Ă lâimage dâune nature en pleine mue automnale, MoongaĂŻ se dĂ©robe enfin de sa nymphe. Ici, pas de feuilles venant mourir au sol, mais un premier album qui Ă©clĂŽt avec la promesse dâune exode saisissante. Le dandy geek et la poupĂ©e choucroutĂ©e cultivent en effet une fascination certaine pour lâastre lunaire, dont le reflet se devine jusque dans leur nom. Chacun nourri de son bagage musical, ils sondent ensemble les trĂ©fonds dâun Ă©lectro-folk magnĂ©tique habitĂ© dâune folie douce. Ă une exception prĂšs, le duo conjugue le verbe en français pour nous conter des histoires de zombies, de dĂ©boires culinaires ou de scaphandre. Les trajectoires sonores, aussi lunatiques que cosmiques, trahissent leur appartenance Ă une lignĂ©e de poĂštes aussi allumĂ©s quâeux (Björk, Radiohead). Les matiĂšres Ă©lectroniques enrobent cuivres, cordes et chĆurs, la dualitĂ© est prĂ©gnante. Vous ne rĂȘvez pas, vous ĂȘtes en orbite. Atum Hood
DEAD HIPPIES
SLURP BB
Kshantu / LâAutre Distribution â 2013 www.facebook.com/deadhippiesdead
Flux Productions / Cie DTC â 2013 www.slurpbb.com
KILL ME SWEETY
Alors quâil remet le couvert cet hiver avec Hint, Arnaud Fournier prĂ©sente son nouveau projet, une formation de 4 guitaristes devant un mur dâampli. Beats Ă©lectro, basses sourdes, lâalbum dĂ©bute tambour battant par un «âRide Awayâ» aux relents indus, au chant inquiĂ©tant et entĂȘtant, avant de nous embarquer sur son terrain favoriâ: une noise ultra dansante, aux rythmiques synthĂ©tiques. Câest ce que le groupe dĂ©veloppe tout au long de lâalbumâ: une musique sous tension aux guitares saturĂ©es sur des rythmiques dancefloor, tout en se permettant quelques incursions dans dâautres styles. Car Dead Hippies dĂ©montre aussi une vraie capacitĂ© Ă captiver son auditoire sur des plages plus cinĂ©matographiques, en dĂ©veloppant un post-rock aĂ©rien, nous immergeant dans un dĂ©cor western ou encore en proposant une reprise dâun morceau du Velvet Underground. DH propose un premier album complet et rĂ©ussi. Reste Ă confronter ce projet instrumental Ă lâĂ©preuve de la scĂšne oĂč le manque de batterie pourrait sâavĂ©rer un vrai handicap. Yann Bieuzent
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MOONGAĂ
Tohu bohu
n°27
automne 2013
INJUNS
ComposĂ© dâanciens de la fanfare ZĂ©phyrologie, Slurp BB sĂ©vit depuis 2005 autour du rĂ©pertoire des second lines de la Nouvelle-OrlĂ©ans. InspirĂ© par le Dirty Dozen Brass Band et le Rebirth Brass Band, et par toute la musique nĂ©o-orlĂ©anaise en gĂ©nĂ©ral, ce collectif mouvant prĂ©sente ici «âInjunsâ» (terme dâargot amĂ©ricain dĂ©signant les amĂ©rindiens, ou Native Americans), nĂ© dâune rencontre de 2011 entre ses crĂ©ateurs (X. Thibaut et P. Gelebart) et J. Hills, R. Skipper, W. Harris, R. Williams, ou encore Kirk et Charles Joseph. Ce disque est constituĂ© de deux lineupâ: le sextet fondateur, et une formation de 9 musiciens, ajoutant caisse claire, grosse caisse et deux cuivres en plus. Ces derniers dansent et sâentremĂȘlent, portĂ©s par une section rythmique inventive et variĂ©e, le tout enregistrĂ© live, au plus prĂšs du son de la rue. Slurp BB sâapparente finalement Ă un dĂ©licieux bonbon funk-jazz, adoptant la forme dâune fanfare dynamique et ingĂ©nieuse. Ăa joue simplement sans ĂȘtre simpliste, dans une bonne humeur irradiante. Indispensable pour garder la banane. Tanguy Cloarec
disques
ORGANIC SOUL
OUT OF CONTROL
AP â 2013 organicsoul.bandcamp.com
Pas facile de cataloguer la musique dâOrganic Soul. Les Nantais balancent en effet dans leur marmite afrobeat, hip hop, dub, nu-soul, reggaeton et jazz-funk quâils font ensuite cuire Ă gros bouillons. Du coup, plutĂŽt quâaux habituels tĂ©nors du genre (Antibalas, The Souljazz Orchestra, Seun Kuti...), on penserait davantage Ă une version afro-latine de The Herbaliser ou bien encore Belleruche. Les amateurs de grooves cuivrĂ©s devraient donc y trouver facilement leur bonheur. Pour notre part, il nous a peut-ĂȘtre manquĂ© un petit je-ne-sais-quoi dans la production (un son trop propreâ?) pour dĂ©finitivement nous embarquer. Ce chipotage mis Ă part, on reconnaĂźt sans peine au trio dâavoir trouvĂ© un Ă©quilibre cohĂ©rent entre ses divers ingrĂ©dients et signĂ© un premier album tout Ă fait recommandable. Et qui doit probablement prendre toute sa dimension sur scĂšne... Kalcha
PEPSO STAVINSKY VOIR LA LUNE
AP â 2013 soundcloud.com/pepso-stavinsky
Il y a soixante-dix ans, Saint-ExupĂ©ry envoyait le Petit Prince dans les Ă©toiles. Quelques temps plus tard, un AmĂ©ricain dĂ©guisĂ© en bonhomme Michelin flanque ses sabots sur la Lune et aujourdâhui câest un Angevin qui investit les lieux. «âVoir la luneâ», premier album solo fait lâeffet dâune bombe, lâarriĂšre-train vissĂ© sur siĂšges Ă©jectablesâ! Respectant Ă la fois les codes classiques du «âboom bapâ», câest pourtant sans gĂšne quâil les emmerde tel un taulard en cavale et un soiffard de libertĂ©. Lâopus est riche de sens, câest rien de le dire, lâauteur a cueilli ses plus belles roses pour vous offrir un bouquet de rimes indomptables. Il est un artisan des plus doux voyages imaginaires tout comme il dĂ©verse de lâacide sur la fausse confrĂ©rie du rapâ: «â...Ăradiquez tous vos rappeurs pĂ©dophiles, qui visent un public dâenfants mĂȘme pas poilus...â». On chronique ce boulot comme on lâĂ©coute, en totale apesanteur. Les gens ne savent pas mais trĂšs vite, ils sauront... Etienne Kervella
ADONE IPY
JE NâY SUIS POUR RIEN
AP â 2013 www.facebook.com/Adoneipy
Je sais que commencer une chronique parâ: «âLes influences sont palpables et Ă©videntes (Miossec, Delerm, Gainsbourg, Biolay, Furnon...)â», câest pas bienâ! Tout de suite, on pense quâil sâagit dâune Ă©niĂšme copie dâun Nouvel artiste de la Nouvelle Chanson Française actuelle... et blablabla. Eh bien lĂ ce nâest pas le cas. Il semble mĂȘme sâen dĂ©fendre dans le titre de cet album 13 titres «âJe nây suis pour rienâ». Tout dâabord percussionniste, pianiste et un peu guitariste (comme il le dit), cet artiste mayennais a seulement commencĂ© Ă composer textes et musiques il y a 3 ans et son 1er concert ne date que de quelques mois. Ă 25 ans, Adone Ipy sort enfin lâalbum de la maturitĂ©. Pas mal pour un 1er album me direz-vousâ! Par contre AI (tu permets que je tâappelle AIâ?), si tu ne connais pas lâexcellent «âOlive et Moiâ», je te conseille de le dĂ©couvrir au plus vite, tu ne devrais pas y ĂȘtre allergique. Eddy Bonin
MICHEL & JEAN-GUY ART BRUT
Le Mouton Vert â 2013 www.micheletjeanguy.com
Michel et Jean-Guy, oui dâaccord. Des frĂšres jumeauxâ? Un duo dâhumoristesâ? Les associĂ©s dâune boĂźte dâinformatique qui se risquent Ă sortir un disque pour le funâ? Fun assurĂ©mentâ! Mais non, Michel et Jean-Guy ne sont pas frĂšres mais comme deux tĂȘtes sous le mĂȘme bonnet, et quelque part un peu humoristes. Façon Deschiens dans le look et le propos, façon Philippe Katerine (avec lequel ils partagent les mĂȘmes origines gĂ©ographiques) ou encore Kazero dans lâinterprĂ©tation, le duo use du second degrĂ©. Les deux plaisantins Ă©voquent des histoires de dĂ©panneuse, de ferry, dâun hĂŽtel normand, Jefferson Airplane... CĂŽtĂ© musique, le propos lorgne vers le rockânâroll, le garage pop avec un brin de chanson façon Jorge Bernstein & The Pioupioufuckers (chroniquĂ© dans ces pages pour le Tohu Bohu N°26), et une parenthĂšse afro («âSoap songâ»). Accords de guitare assez simples, tempo classique, rien dâextraordinaire pourtant. Et pourtant, on aime. La simplicitĂ©, lâhumour, le dĂ©calĂ©... comme Katerine. CĂ©cile Arnoux
Tohu bohu
n°27
automne 2013
31
PLAYLISTS les espoirs de coronthie â groupe SEKOUBA BAMBINO, SINIKAN, SYLLART PRODUCTIONS â 2010 (MANDINGUE)
Les arrangements modernes de cet album Ă©taient vraiment novateurs en GuinĂ©e, et ce chanteur est considĂ©rĂ© comme lâun des plus grands du pays Ă ce jour.
DABY TOURE, DIAM, VIRGIN â 2005 (MANDINGUE)
Les Espoirs ont dĂ©couvert cet artiste peu de temps aprĂšs leur arrivĂ©e en Europe, et cet album nous a accompagnĂ©s trĂšs trĂšs souvent sur nos longs trajets de tournĂ©e (2010). Dâailleurs le disque est tout rayĂ©, tellement il a Ă©tĂ© manipulĂ©â!
MAD LENOIR, BEREMIAN, AP â 2010 (MANDINGUE)
Le seul artiste africain (Burkina Faso) en Mayenne avant lâarrivĂ©e des Espoirs. Câest une Ă©vidence pour le groupe de parler de Madou ici.
ALBAN DARCHE â RESPONSABLE LABEL PĂPIN ET PLUME THEO BLECKMANN + KNEEBODY, TWELVE SONGS BY CHARLES IVES, WINTER & WINTER â 2008 (JAZZ)
KNEEBODY est un des rares groupes de jazz actuels dont la musique me sĂ©duit totalement. Leur collaboration avec le magnifique chanteur Theo Bleckman (fidĂšle des projets de John Hollenbeck avec qui nous avons un quartet) donne une relecture sublimĂ©e et actuelle des mĂ©lodies de Charles Ives. Jâadore.
WITOLD LUTOSLAWSKI, TWENTY POLISH CHRISTMAS CAROLS, NAXOS â 1946 (MUSIQUE CLASSIQUE)
Parmi les reprises et rĂ©inventions des folklores de NoĂ«l, les Polish Christmas Carols de LutosĆawski sont dans les plus prĂ©gnantes et Ă©mouvantes que je connaisse. Ce disque ne paraĂźt pas de saison pourtant il fait Ă©cho Ă mon travail actuel puisque je prĂ©pare la sortie et les concerts de «âMy Xmas traXâ» pour dĂ©cembre 2013.
JEREZ LE CAM QUARTET, OFOFOF, MANANA â 2012 (JAZZ TANGO)
On est amis depuis longtemps avec Gerardo et jâai participĂ© cet Ă©tĂ© Ă un de ses enregistrements pour le thĂ©Ăątre, avec notamment Iacob Maciuca qui joue aussi dans mon groupe STRINGED. Je me suis Ă lâoccasion replongĂ© avec bonheur dans sa musique, belle et vivante. Et ce disque est un magnifique objet de dĂ©coupages en 3D, Ă ne pas confier Ă un enfant de moins de 3 ansâ!
YOHANN ROBYO â AUTEUR HAR, MAR SUPERSTAR, BYE BYE 17, CULT RECORDS â 2013 (SOUL)
On croirait entendre une pĂ©pite 60âs sortie de chez Motown, mais non, ce trentenaire (faux) sosie de Danny DeVito a juste la Soul dans le sangâ!
ASG, BLOOD DRIVE, RELAPSE â 2013 (PUNK STONER)
Le stoner psyché des américains ravira les fans de Fu manchu, Kyuss, Baby Woodrose et autres Queens Of The Stone Age.
DJAK, LIGHTS / SHADOWS // SHADOWS / LIGHTS, AP â 2012 (ROCK)
Ce six-titre, vĂ©ritable machine Ă tubes, montre les Angevins sous un jour plus electro-pop. On attend juste, comme le sous-entend le titre de lâEP, quâils sortent de lâombre pour ĂȘtre dans la lumiĂšre.