Espagne, Madrid 2010-11, Isis RP.

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nement_ rapport d’éton

Isis Roux-Pagès

llegada

en España


Burgos-Madrid 20 août 2010 Cars SUPRA+ de chez Alsa. pas la levure mais un véhicule super luxe avec hôtesse, «croissants», film et wifi. 26€10 pour 3h de trajet. Très chaud, très sec, arrière pays de vacances et éoliennes au loin Je pénètre Madrid par le Nord, ca fait bizarre de rentrer en ville. Les pigeons sont plus moches qu’en France, mais le métro beaucoup plus propre et accessible aux handicapés.


Le Parque del Oeste : ne pas y aller après 7h du soir. Sinon vous rencontrerez sûrement un ou une perver(s) sexuel(le). Ca m’est arrivé deux fois et c’est pas cool quand on veut lire tranquille. Aller checker Simon Bolivar, monté sur ses grands chevaux.

Gran Via : c’est Broadway version latino. avec huile d’olive s’il vous plaît.


h

horaires

Non, ce n’est pas une légende, l’Espagne est globalement décalée de trois heures dans son rythme de vie ! On ne déjeune pas avant 15h, parfois 17h et le dîner est servi à partir de 22h. Mais alors tout le monde se lève à 11h du mat’ ? Non plus ! Les Espagnols se lèvent tôt car les horaires de démarrage du travail sont les mêmes qu’en France : 8h20 pour les cours à l’école d’archi, 9h pour les autres au bureau. Dur dur, en arrivant, de s’y faire. J’ai mis trois mois à prendre le rythme, quand il est normal de rentrer de soirée à 5h du mat... Et bien d’où l’utilité de la sieste nationale ! Les Espagnols se lèvent tôt, se couchent tard, mais dorment entre 15h et 18h, et c’est une pratique extrêmement répandue ! Les commerces et les restaurants sont aussi alignés sur ce rythme et ferment entre 14h et 18h, mais restent ouvert tard. Le Carrefour Market, par exemple, est ouvert jusqu’à 23h, les bars ferment à 4h et la période nocturne «creuse» est entre 5h et 8h du mat’. Même les cours à l’école peuvent finir facilement à 22h. C’est une habitude de vie qui gouverne toute la société et qui a ses formes de rituel : l’apéro dure très tard, la soirée se prolonge et n’en finit plus... J’ai là-dessus d’ailleurs ma théorie : l’Espagne est dans le même fuseau horaire que la France et l’Italie, mais étant le pays le plus à l’ouest, elle reçoit sans doute du jour plus tard. La chaleur et la luminosité estivale aidant, personne ne sort entre 11h et 18h et tout le monde vit le soir.


quelques jours de vacances encore... Madrid est immense et mon quartier tout petit. En bas de chez moi les chinois sont ouverts 16 heures par jour et la nuit à 2h du mat je les entends cuisiner. la cour est toute petite et j’entends une femme pleurer, le voisin essayant de jouer Metallica, les conversations téléphoniques.

La terrasse du Circulo de Bellas Artes. A faire après avoir été voir les expos photos ou design. Supers cycles de cinéma indépendant, ne pas oublier d’aller sur la terrasse : le gardien crame sous les 45°C de l’été madrilène en écoutant «Eyes Of The Tiger». Pittoresque.


Les gens fument beaucoup. Les poubelles sont pleines de choses à récupérer. Un monsieur m’a tenu la porte de mon immeuble pour que j’entre les mains prises par mes sacs de courses. Deux Carrefour, un Simply, un LIDL et un EROSKI forment le paysage supermercantile de mon barrio, Argüelles.

des drogueries à tous les coins de rues, des épiceries qui vendent des Magnum doble chocolate, des cliniques de fotodépilacion et le Corte Inglès, hybride entre le Printemps et le Monoprix. Les moeurs de consommation sont passionantes à observer.


p

pratique

Pour louer un appartement, pas besoin de contrat, de caution ou de garant. Préférer une colocation, «piso compartido», généralement en sous-location. Pour le trouver, regarder sur internet et préférer les «pisos exteriores», qui donnent sur la rue et non sur un minuscule patio sentant le graillon. Le meilleur moyen de trouver étant de déambuler dans le quartier ciblé et viser les annonces «se alquila habitaciones». Appeler immédiatement et arranger une visite avec le concierge. Pas besoin d’ouverture de compte en banque espagnol, ce serait chercher les complications. Avec l’euro, une carte Visa est pratique et personnellement ne m’a coûtée aucun frais supplémentaire. Un numéro de téléphone espagnol est par contre indispensable. Les formules de cartes rechargeables sont très rentables, surtout si c’est pour joindre des contacts sur le même opérateur. Yoigo fait des formules pour les jeunes avantageuses (environ 30e par mois).


Posproducciones

en la ETSAM


Il y a des gens qui vivent au -1 dans mon immeuble. Leurs fenêtres donnent sur la cour et ils n’en ont pas côté rue. Parfois, la cour, qui n’est finalement qu’un trou au bout duquel on aperçoit le ciel bleu, se remplit d’une musique criarde. Entre 11h et 14h, les voisins écoutent des chansons traditionnelles mexicaines. Un mélange entre Yma Sumac et Luis Mariano...


nuit du 17 septembre : orage + éclairs. Je ne pensais pas qu’il pleuvrait comme ça à Madrid. Je suis sûre que le tonnerre fait sursauter tous les voisins. La pluie résonne dans le trou de la cour.


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fiesta

Les occasions ne manquent pas, les bars, l’alcool et les compagnons non plus. La fête d’intégration des érasmus de l’ETSAM est un bon départ, même si je ne recommande pas les soirées érasmus tout au long de l’année, et la FIETSAM qui clot l’année scolaire permet de finir en beauté. Quand il fait encore beau et chaud (jusqu’à la mi-octobre), on peut encore faire des botellones, apéro en pleine rue, sur les places du centre. Pas le temps de passer à l’épicerie ? Des dizaines de vendeurs chinois ou pakistanais ne manqueront pas de venir toutes les cinq minutes vous proposer de la cerveza pour un euro. Les bars les plus sympas sont à Huertas, à Malasaña et à Lavapies et depuis que l’interdiction de fumer dans les lieux publics est mise en place, la fête se répand dans la rue. Attention quand même à la police qui rôde, dispersement immédiat puis reconquête du terrain public dix minutes plus tard. Les espagnols sont, dans le sens de leur réputation, de bons fêtards. Rigolards, abordables, gouailleurs, on les entend de loin et son sympathiques d’approche. Mais de là à s’en faire des potes, voire des amis... Il s’agit de les conquérir !


Mon quartier regorge de chantiers et tous les jours, de quoi meubler un appart entier se retrouve dehors, sur le trottoir, à coté de la benne. Tables, armoires, penderies, très «cañi» [kitsch espagnol]. Les gitans récupèrent tout.


o

ordures

Une des choses qui m’a frappée en arrivant. Des bennes débordantes de meubles en bois, matériaux de construction, objets divers. Il paraît qu’avec la crise, l’immobilier s’est arrêté et les gens se rabattent sur la rénovation de leurs biens. Des ouvriers polonais et roumains passent alors leur journée à jeter dans la rue meubles anciens en bois, tapis, tuyauteries et luminaires, tandis que le soir, des gitans à l’origine indéfinissable passent dans les rues récupérer aluminium, cuivre, bois, et autres marchandises revendables. C’est une économie parallèle que complètent nombres de petits vieux qui fouillent les poubelles et recyclent canettes d’alu, métal, carton et je ne sais quoi d’autre encore. Madrid est une ville exceptionnellement propre -toutes les nuits, un ballet humide et fluorescent d’éboueurs fait le nécéssaire-, où des tonnes de déchets sont traités, par la mairie comme par tout plein d’acteurs informels. J’en ai d’ailleurs moi-même profité pour meubler ma chambre : se servir dans la rue au lieu d’aller passer le samedi après-midi à IKEA, quoi de plus pratique ? Le collectif architecturo-artistique BASURAMA a institué le recyclage comme principe fondamental et anime des ateliers de fabrication à partir d’éléments-poubelle.


La cafète. niveau sonore moyen : 100 db

L’Ecole. Ouvrir Indesign Importer JPEGs de bonne qualité Traduire les mots inconnus et le vocabulaire technique en espagnol Exporter en pdf Être le premier en studio a 19h Attendre les profs jusqu’à 19h45 Se jeter sur l’ordi de la salle et jouer des coudes pour garder sa place dans la file d’attente Introduire la clé USB dans l’ordi et copier le pdf Prendre la parole devant 70 personnes. Ca y est ! C’est prêt ! Dégustez votre première présentation de projet


d

démarches

Toute une galère pour être un étudiant conforme de l’ETSAM. S’inscrire : faire la queue au bureau Erasmus, refaire la queue au bureau Erasmus, refaire la queue... Faire signer son «contratos de estudio». Se voir attribuer un tuteur à l’ETSAM, lui faire signer son «learning agreement». Refaire la queue au bureau Erasmus... La matricula : deux jours d’enregistrement des matières choisies au terme de la première semaine d’essai, au Centro de cálculo, au sous-sol de l’école. Se lever et arriver tôt pour faire la queue -encore !-, au risque qu’il n’y ait plus de place dans les cours choisis. Suivre les étapes. On est inscrit, on a un numéro d’étudiant et un mot de passe pour accéder aux ordinateurs du CDC, mais la carte d’étudiant -puce et porte monnaie électronique- n’arrivera que 5 mois plus tard. Si vous n’avez pas pu vous inscrire dans les cours demandés ou si vous désirez en changer, ça se discute au cas par cas avec les professeurs -bataillez !-, pour ensuite récupérer une «instancia» -disponibles à gauche dans l’entrée du bâtiment principal-, la faire signer par le professeur, refaire la queue au bureau des Erasmus. La bibliothèque : s’inscrire temporairement -jusqu’à l’arrivée de la fameuse carte d’étudiant- au deuxième étage de la bibliothèque. Photo d’identité nécéssaire. La delegación de alumnos : au rez-de-chaussée du bâtiment nouveau, propose des cours d’informatique -payants, mais pas chers-, de photo. C’est ici aussi qu’il faut s’adresser pour avoir un casier. Tout recommencer pour le deuxième semestre -sauf pour les casiers-. Mais c’est plus facile, vous verrez !



30 septembre, 21h38, il fait encore 23°C. L’air est tiède, les familles sont en terrasse, bières, bocadillos y raciones. Les mamas sudaméricaines décortiquent des graines de tournesol sur les bancs, les enfants jouent. Un défilé de vélos paralyse la rue pendant 20 minutes. C’est la Vélorution !


1er octobre, grand beau. J’ai trop chaud en jean. Un chinois me fait crÊdit de 5 centimes. Inattendu.


b

bars

Le Palentino, pour une caña. c/ del Pez, 12. Une légende Le Patio de Maravillas, pour un débat politique. c/ del Pez, 21 La Via Lactea, pour danser. c/ Velarde, 18 Terrasse de l’hôtel De Las Letras, pour une caïpirinha. Gran Vía, 11 Bar du Circulo de Bellas Artes, pour un chocolat chaud. c/ de Alcala, 42 El imperfecto, pour un thé. Plaza Matute, 2 El automatico, pour une bière. c/ Argumosa, 17 Ventorillo Murciano, pour des tapas. c/ Tres Peces, 20 Mercado San Miguel, pour un verre de vin. Plaza San Miguel El Jardin secreto, pour un rendez vous. c/ del Conde Duque, 12 Peyma, pour un hamburger. c/ Embajadores, 39 El 15, pour un mojito. c/ Torrecilla del Leal, 15 La Castela, pour de très bonnes tapas. c/ Del Doctor Castelo, 16


lundi : actions hybrides dans le paysage : art et architecture du XXème siècle lundi : projet. projeter avec la moitié. postprodution mardi : photographie et représentation imprimée de l’architecture mardi : environnement mardi : projet. projeter avec la moitié. postprodution mercredi : design de jardins jeudi : le paysage dans les nouveaux territoires urbains jeudi : bailefunk [c’était en option]


la banlieue

en Madrid


r

río Manzanares

Toutes les capitales européennes ont leur fleuve. Mais où est la rivière de Madrid, se demande le touriste fraîchement débarqué ? Effectivement, le río traverse la ville en contrebas du plateau central, creusant son lit et créant une cassure urbaine qui a empêché l’extension de Madrid vers l’ouest. Le «fleuve» prend sa source à 2000m, dans la Sierra de Guadarrama, chaîne de montagnes du nord-ouest de la région et se jette plus bas dans le Tage. Il est canalisé dans sa partie intermédiaire et de nombreuses écluses permettent d’y maintenir un niveau relativement haut. Car voilà ! Quand on regarde le Manzanares en contrebas du Palais Royal, on a plutôt l’impression de voir passer un grand égout à ciel ouvert ! L’eau est basse, stagnante et verte... On parle d’un fleuve ! Le grand projet d’aménagement «Madrid Río», dont l’enfouissement de l’autoroute m-30 qui passait à côté a constitué le point de départ, a prévu de créer un gigantesque parc linéaire pour redonner un accès et des usages le long de la rivière. Un projet pharaonique qui a fait venir les tunneliers les plus grands du monde : 6 kilomètres de périphériques ont donc été enterrés (350 000 véhicules par jour), un million de m² de jardins ont été créés, le projet d’une future «plage» promu auprès des citoyens et surtout un corridor urbain et biologique entièrement restructuré. Facture : 4 milliards d’euros dépensés, Madrid endettée sur 50 ans. ¡Típico!


Partout, Madrid a gardé son air de gros village, avec les vieux qui traînent la patte dans les rues et sur les bancs, les mamans qui se rencontrent et se flattent ; un gamin braille, l’épicier sort de son échoppe et lui tend un bonbon à la framboise.


cutre : cheap, populaire meter caña : mettre la pression resaca : gueule de bois boladizo : porte à faux aparato : appareil envase : emballage buzòn : boite aux lettres buzòn de voz : messagerie vocale presupuesto : budget medias : collants estupendo : génial destornillador : tournevis un monton : plein, un tas de locura : folie, délire flipar en color : halluciner grave


m

montagnes

La Sierra de Guadarrama est le massif montagneux au centre de l’Espagne, qui sépare Madrid de Ségovie. Longue d’une centaine de kilomètres, elle s’étire à 60km au nord-ouest de Madrid et culmine à 2430m. C’est une escapade rapide et très agréable depuis la grande ville, et plusieurs bus et lignes de RER y vont. Après une zone de piémont aux paysages vieillots et sec, les montagnes se déclinent en pics érodés. C’est une très vieille chaîne montagneuses, exploitée et habitée depuis longtemps et qui regorge de vestiges historiques. Malheureusement aujourd’hui, les petits villages aux ruelles sèches ont été investis par les riches madrilènes et les anciennes terres de pâturages ont été rattrapées par l’appât du gain immobilier. L’urbanisation de ces villages s’est alors prolongée par des quartiers de maisons en béton toutes pareilles, sans aucun plan d’urbanisme, ce qui a sapé toute l’ambiance reculée de ces zones de piémont.


Petit tour à la périphérie de la ville. Une autoroute passe et après la barrière, derrière la station-essence, des collines d’herbe rase se succèdent. Limite franche, prairie san intérêt. Au delà de l’urbanisation, le rien, le reste. La dichotomie ville/campagne ici n’existe pas. Le paysage, le territoire par-delà le béton n’est pas une jolie nature à préserver, c’est le reste de la ville. Un gros point d’interrogation. Du foncier à conquérir. Un espace en attente, qui n’a que la qualité de son devenir.



Madrid chantier permanent Madrid endettée sur 50 ans Madrid dépense jusqu’à son dernier franc


U

urbanisme

L’urbanisme de la région de Madrid est carré, fonctionnel et minéral. Bien que la ville ait gardé un centre ancien agréable où serpentent et grimpent encore les «calles» et les «plazas», le reste de la ville a adopté très tôt des formes d’organisation rationnelles et efficaces, entres autres pour accompagner la croissance industrielle et urbaine de Madrid. Ayant avalé 23 communes limitrophes dans la période aprèsguerre, Madrid aujourd’hui est une vraie machine à produire de la ville : 6 millions d’habitants, des banlieues qui poussent comme des champignons, des pouvoirs forts conférés aux services d’aménagement, et des millions d’euros (empruntés) investis chaque années. Une sorte de boulimie édificatrice anime la ville, et même si l’on parle de crise immobilière «la crisis del ladrillo», les chantiers fleurissent de partout, reproduisant à l’identique les mêmes immeubles, les mêmes cités, les mêmes alignements d’arbres, tout cela reposant sur une voirie banale et sans âme. Le mode opératoire est aujourd’hui le même partout : achat et viabilisation du foncier, découpage parcellaire, urbanisation. Puis période de latence qui peut parfois n’avoir jamais de fin, jusqu’à la vente des parcelles et le lancement des chantiers d’immeubles. Les logements sont parfois investis alors que rien autour n’existe encore : ni école, ni place, ni commerces. Cette périphérie dure, sauvage, paumée, parfois se retrouve oubliée complètement quand les méga-opérations immobilières font faillite ; on assiste alors à la production de villes-fantômes du XXIème siècle, sortes d’avortons de ruines modernes.


fuera

de Espa単a


Je prends l’avion comme je prenais le métro à Paris ; sensation étrange de distances condensées. Je fais l’aller/retour en 24h à Paris pour embrasser ma Maman dont c’est l’anniversaire. Au retour, le RER me joue des tours. CDG est plus loin que Barajas.


vida cotidiana

en Arg端elles


On commence à s’y faire, au café qui décolle les gencives...


n

nourriture

Tout le monde s’exclamera en choeur «les tapas !». Les tapas et les pinchos sont en fait des petites portions de plats, accompagnant les apéros interminables espagnols. Outre les traditionnels calamares fritos, patatas bravas, boquerones, croquetas et autres jamon y queso, on trouve aussi des choses plus raffinées : asperges grillées au gros sel, aubergine à la sauce tomate piquante et tartine à la morue panée. C’est très bon, mais tout ça est aussi très riche et très gras. Trouver une salade composée quand on sort manger dehors n’est pas chose facile. J’ai donc rapidement arrêté de m’en remettre aux bars et cafeterias pour me sustenter, la nourriture étant tout simplement trop grasse. Les espagnols consomment de manière générale une quantité d’huile d’olive qui nous semble faramineuse. Mais bien heureusement, faire ses courses est vraiment économique et même si on ne trouve pas tout, il y a suffisamment de légumes, de conserves et surtout de poissons et fruits de mer frais dans les grandes surfaces. Je recommande aussi tous les «petits commerces», encore très vivants à madrid, «frutas y verduras», «panadería», et «pescadería»... Parmi les incontournables, citons tout de même le PAN CON TOMATE, parfait pour un petit-déjeuner typique : râper une ou deux tomates, une gousse d’ail, saler et ajouter de l’huile d’olive. Y tremper son pain suffisamment pour qu’il s’imbibe. On trouvera dans les cervecería des BOCADILLOS, sandwiches au jambon rouge, fromage, tortilla et parfois calamars, ainsi que des MIXTOS, sortes de croque-monsieur. Conseils : aller manger du jambon au «museo del jamon» et de la tortilla au «rey de la tortilla». Ça vaut le coup.


Bokatas est une association d’étudiants qui distribue, deux fois par semaine, des sandwiches et du caldo (bouillon) aux sin techo des quartiers de Madrid. Le soir, dans le froid parfois perçant de décembre, on maraude par groupe de 4 ou 5, toujours la même zone. On discute, on les écoute surtout, nous raconter leurx chemins de vie, on les conseille ou on leur apporte un pull, une couverture ou juste un café. Bientôt Noêl, on pense déjà à planifier una cena de navidad, tradition plus que respectée en Espagne.


Même à Madrid - prononcez Madriz-, l’hiver traîne sa solitude latente et sa boule dans la gorge. Un conseil pour déjouer la déprime : bougez, ne tenez pas en place. Concerts, expositions, conférences, marches, pièces de théatre, tables rondes... Certains soirs on ne sait pas où donner de la tête, c’est à en oublier qu’il fait froid et sombre. Le Matadero m’a maintes fois accueillie dans ses murs intacts et douillets et les vins de son bar me connaissent.


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lieux culturels

Il y en a partout, pour tous les goûts, du classique, du très contemporain, de la peinture, de la photo, de l’archi et du design et plus encore... C’est souvent gratuit et en voici les principaux : museo Reina Sofia, c/ Santa Isabel, 52. Musée d’art contemporain, incontournable. museo del Prado, c/ Ruiz del Alarcon, 23. Une des plus grandes collections de peinture du monde, aller voir et revoir Velasquez, Goya, El Greco et Bosch. Caixa Forum, Paseo del Prado, 36. Dans l’édifice admirable d’Herzog & De Meuron, expositions gratuites de photographie et de peinture. Circulo de Bellas Artes, c/ de Alcala, 42. Le cercle des Beaux Arts fondé sur une iniative privée en 1880 accueille des expositions de peinture, de photographie et d’architecture. Cycles de cinéma d’art et d’essai. El Matadero, Paseo de la Chopera, 14. Dans l’immense site des anciens abbatoirs, ce centre de création contemporaine est à la pointe du design et des arts appliqués expérimentaux. Théatre, workshops et tables rondes. Surveiller la programmation de près. Sala de Arquería, Paseo de la Castellana, 57. Lieu dédié à l’architecture et à l’urbanisme. Patio de las Maravillas, c/ Pez, 21. Centre Social Autogéré, ou squat. Lieu alternatif de militantisme politique mais aussi de rencontres, d’échanges et d’ateliers ouverts : sérigraphie, tango, contes, chorale, photographie, réparation de vélos, boutique gratuite et cours d’anglais et d’espangol La Tabacalera, c/ embajadores, 53. Centre Social Autogéré dans une ancienne fabrique de tabac, édifice magnifique en brique, lieu d’autogestion, de culture libre et d’alternatives solidaires


fuera de Espa単a II


i

infrastructures

Peut-être parce que l’Espagne est un pays «neuf», ses réseaux de transport sont d’une étonnante efficacité. Des autoroutes urbaines parcourent la ville depuis le centre, et trois, voire quatre anneaux périphériques la ceinturent : les fameuses M-30, M-40 et M-50 (on peut aussi en compter une quatrième, la M-20, en fait un anneau de boulevards). Les transports urbains sont neufs, propres, pratiques et accessibles à tous ; l’aéroport est rationnel et rapidement accessible. Les interchangeurs, véritables noeuds multimodaux, sont hallucinants de praticité : quatre niveaux souterrains desservent des plateformes de départ des bus. En plus d’une organisation matérielle très moderne, les pouvoirs aménageurs développent des campagnes et des supports d’information clairs et démocratique pour promouvoir et faciliter l’accès à ces réseaux.


On apprécie d’autant plus son pays et sa culture qu’on revient de l’étranger. Ou pas !


8 janvier : concours rural durable Ardèche. Retrouver l’école de Grenoble et les copains. J’ai plus appris en une semaine de squat à l’ensag qu’en un semestre à l’etsam. Plencher sur un concours, discuter, débattre, comparer. Les voyages ne forment pas que la jeunesse.


Marruecos

e AndalucĂ­a


Les Canaries. Istambul. La Pologne ? Finalement ce sera le Maroc Et le Maroc toute seule. En débarquant à l’aéroport de Fès, c’est déjà le printemps. En effet, la journée on prend des coups de soleil, quand on lézarde pendant trois heures autour d’un thé à la menthe. Mais la nuit il gèle.


Une semaine à Fès, seule. Heureusement l’aventure m’a rattrapée. Jamal, Abdul, un Irlandais, un Français, une Japonaise, de belges Flamandes m’ont fait savourer la Médina et la Ville Nouvelle de Fès. Connaître le foot est un passe-partout international pour rencontrer et parler aux gens. Bon à savoir.


Oscar est Grec. Il est aussi anarchiste. Il a traversé toute l’Europe sur une petite moto pour venir continuer ses études à Grenade. Activiste, il décide d’occuper, avec un anar espagnol, une petite maison dans le quartier de l’Albaicin, quartier arabe ancien très en pente. Une toute petite maison presque troglodyte. Ils ont fait ça bien, sans détruire, en nettoyant tout, en prenant soin de la maison. Il m’a reçue comme une reine alors qu’il n’avait rien. merci Oscar.



V

vocabulaire

¡hombre! : bah alors ! eh bien ? acojonante : génial, terrible, épatant jilipoya : trou du cul basura : poubelle ¡joder! : putain ! bocadillo : sandwich la pasta : le fric, le blé caña : un demi (de bière) ligar con a. : draguer quelqu’un chaval : gamin, mec lío : le bazar, le bordel chungo : craignos, nul lo siento : pardon, je suis désolé/e cojonudo : super majo/a : mignon/ne, gentil/le compi : coloc mechero : briquet coñazo : chiant mixto con huevo : croque-monsieur constipado/a : enrhumé/e ni de coña : jamais de la vie cutre : populaire, kitsch, ringard ¿ola qué tal? : salut ça va ? de buen rollo : sympa ¡hostia! : ostie ! putain ! de la leche : super chouette partido : de futbol. match de foot ¡dios mio! : mon dieu ! perrito caliente : hot dog embarazada : enceinte entregar : rendre, soumettre. entrega : rendu pijo/a : bourge’, friqué/e, BCBG piti : masc. clope féo : laid, moche flipar : halluciner. flipar en color : halluciner grave prácticas : fem. sing. stage ¿si o no? : bien ou bien ? guay : super tío/a : mec/meuf hamburguesa : fem. hamburger ¡vale! : ok ! très bien ! hortera : beauf


charrette

en Madrid


La tête dans le guidon, après avoir vadrouillé à droite à gauche, j’ai oublié que j’avais un projet. J’ai découvert une boîte de musique Balkan juste à côté de chez moi. On y a fêté le départ de Mathias.


3 mars Le printemps se fait attendre


Les charrette entre Françaises ont le mérite d’être animées. Je ne veux pas travailler avec des Espagnols, ni de coña !


q

quartiers

Les «barrios» de Madrid sont presque une institution en soi. On en dénombre 129, regroupés en 21 «distritos». Les plus connus sont ceux du centre : SOL le centre touristique et commercial par excellence, coeur de la vie urbaine et politique puisque c’est là que les Indignés se regroupèrent en mai 2011 pour protester. CHUECA le quartier gay et artistique, où les sex shops côtoient les galeries artistiques avant-gardistes, le tout couronné par des bars lounge sur le toit des immeubles. MALASAÑA un de mes quartiers préférés, vivable, vivant, pleins de bars et de friperies vintage, boutiques bobos et squats sociaux. C’est un des meilleurs compromis bourgeois-bohème-authentique. Le soir, les places se remplissent de «botellones», à l’ombre des églises immobiles. LA LATINA le plus vieux quartier de Madrid, abrite ruelles surranées, façades décatis et appartements de rêve. Un peu trop cher pour y vivre ou même y manger, il faut venir le dimanche au Rastro, énorme marché aux puces aux odeurs de calamares, où les flics chassent les vendeurs à la sauvette. LAVAPIES quartier populaire, animé, bruyant, multiculturel par excellence. Ses rues en pente sont toujours pleines ; du marché Anton Martin jusqu’à la Tabacalera, les vieux, les immigrés et les grunge se frottent. Mon quartier préféré. HUERTAS le quartier littéraire, avec une quantité de bars de jazz et flamenco, parfait pour déambuler tous les soirs de la semaine et y déguster de bonnes tapas.


22 mars Le printemps se VRAIMENT fait attendre


25 mars : sensation de lassitude. la fatigue traîne dans mes yeux. la géométrie de ce quotidien est la même, de Grenoble à Madrid. 4 faces : manger, aller à l’école, allumer son ordi, travailler. 6 arêtes pour une pyramide de travail qui ne mène qu’à sa propre satisfaction.


Barcelone

Marseille Madrid y Valdeluz


t

transports

Corollaires de la pensée urbanistique ultra fonctionnelle des Espagnols, à Madrid les transports publics sont les plus performants que j’aie jamais expérimenté. Le réseau de Métro est un des plus étendu au monde, comportant 13 lignes de métro ; les bus urbains sont innombrables et les bus interurbains permettent de relier des villes satellites à plus de 60 km pour quelques euros. Le réseau est entièrement accessible aux PMR et les tarifs sont extrêmement compétitifs, 9,30e pour 10 tickets et seulement 2e pour un aller à l’aéroport de Barajas, lui aussi desservi par le métro -20mn du centre-. Le centre de Madrid étant assez petit, circuler en ville devient vraiment facile, même la nuit et même le week-end. Les plus courageux pourront amener leur bicyclette, et pourront se passer d’aller à la gym ! Seulement quelques convaincus osent aller au travail ou à l’école en vélo, d’une part parce que Madrid présente un sacré dénivelé et d’autre part parce que le concept de développement soutenable n’a pas encore fait son chemin jusqu’aux habitudes quotidiennes des Madrilènes, qui préfèrent aux vélos les 4X4 et autres grosses bagnoles synonymes de richesse. Madrid est vraiment une ville où la voiture est reine et où le piéton y est subordonné. Attention en traversant, en attendant le bus où en rentrant le soir après quelques verres... Pour partir de Madrid le bus est pas cher, fréquent, plutôt rapide et confortable. Deux grands «intercambiadores» accueillent des bus qui désservent pratiquement toutes les villes d’Espagne, du Portugal et même de France. Le «AVE», le TGV espagnol, est très, très cher et peu utilisé. Pour aller plus loin, adressez vous à Easyjet, le nouveau métro Européen...


Ça y est c’est la fin de l’année. C’est la fin parce qu’on peut compter. Ça fait comme une boule d’angoisse dans le ventre. Très vite, profiter, avaler, tout faire, tout voir...


Mon couchsurfeur de Tanger, Hassan, est mort.

C’est drôle, je toruve que les Catalans, qu’on dit plus froids, sont en définitive plus abordables, plus sympas que les Espagnols. En tout cas les amis que j’y garde seront des amis pour toujours.


Le ciel est blanc et la lumière rentre enfin dans ma chambre. La chaleur du printemps est enfin arrivée, entraînant ses pieds nus, ses bourgeons, ses «bottellones». Je ne sais pourquoi les Madrilènes restent en jupe et collants opaques quand moi je marche en tongs...


5 avril : ça y est j’ai mangé ma première fraise de l’année bien que ça fasse un mois et demi qu’elles sont sorties dans les bacs, elle était tendre et sucrée.


C’est aussi le moment de se gaver d’avocats, de tomates et de courgettes.


Effervescence finale

à l’ETSAM


Le Patio de Maravillas, à la suite de problèmes, n’ouvre plus que jusqu’à 23h. Les touristes commencent à débarquer. Le Retiro se remplit tous les jours maintenant.


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sports

Des joggeurs le long des trottoirs à toutes les heures du jour, des pratiquants de qi-gong et des boxeurs sur les pelouses du Retiro, des footballeurs dans les stades urbains et même des golfeurs en plein centre de Madrid, les Espagnols sont beaucoup plus disposés à suer que nous. De très nombreux équipements modernes, «polideportivos» publics ou privés, accueillent les gens de tous âges et ce n’est pas étonnant que votre coloc ou votre collègue fréquente la salle de sport trois fois par semaine, en plus de se servir des compléments protéinés. Les Espagnols font attention à leur corps, à leur muscles et à leur apparence, et peut-être, pour les hommes, cultivent leur virilité à la salle de sports... Ou peut-être est-ce une ènième façon de sociabiliser et de changer d’air ? Les jeunes ont l’air de tenir aux bienfaits de l’exercice physique, surtout pour contraster avec des études éxigeantes. En cela, le campus de Moncloa offre, au travers de toutes les écoles et universités, une multitude de sports et autres loisirs physiques -yoga, danses, arts martiaux-. L’ETSAM ne fait pas exception et l’association sportive de l’école programme des cours de danse, de self defense, de kick boxing, de football et de basketball, et ce dans ses propres installations sportives ! Il ne manque évidemment plus qu’une piscine pour les après midi où il fait tellement chaud que travailler son projet devient inenvisageable. En termes de piscine, d’ailleurs, Madrid manque cruellement de pataugeoires, que les habitants réclament depuis des années à grands cris.



La foule des Indignés nous avait surprises, il y avait des gens même dès la place Jacinto Benavente. Nous comprîmes un peu plus tard que les gens se rassemblaient pour les grandes AG à Sol, mais «exportaient» les réunions sur des thèmes spécifiques ailleurs dans les rues adjacentes. Le respect de la parole et de l’avis de chacun était impressionnant, les temps de parole tournaient, les gens s’écoutaient, tout ça dans le brouhaha et le bordel de la rue. Nous avons fait un tour de la place, ébahies. Nous sommes tombées sur nos culs sans plus savoir quoi dire. A l’intérieur de moi quelquechose me disait que Mai 1968 avait du ressembler à ça, sans arriver à définir si je voulais en être ou pas. Au premier coup de minuit, la foule s’est tue. Puis la foule s’est assise en tailleur sur la plaza del Sol. La foule a levé les mains en l’air et les a agité dans un petit bruissement de feuilles silencieux. Minute éternelle, énergie contenue, lutte acharnée, moment d’Histoire.


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Le 12 Juin, je m’envole pour Los Angeles, vers une autre terre, une autre lange, d’autres espagnols, encore des projets mais d’autres méthodes. Teddy Cruz me prend en stage à San Diego pour deux mois. Je suis alors une des premières à partir de Madrid merci à tous les gens que j’ai croisé, embrassé, aimé, à qui je me suis livrée, avec qui j’ai débattu, avec qui je me suis engueulée. merci vraiment.


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