VU DE FLANDRE Brigitte de Biolley, une vie dédiée aux chevaux

Brigitte de Biolley et sa petite-fille

Nous visitons Brigitte de Biolley et sa fille Stéphanie De Sadeleer au milieu de cet été pluvieux. Les chevaux sont à l’intérieur, vu que les orages se succèdent. Il y a quelques jours seulement, les deux dames ont grimpé sur le toit : il fallait réparer et déboucher une corniche. Nous constatons pourtant que le toit en question est à une hauteur considérable. Mais aucun toit n’est inaccessible pour les Biolley. Courageuses et entreprenantes… Les parfaites représentantes du « girl power » au sens propre du mot.

Tania van het Wintershof (p. Codex x Landadel) et Lanciana Lady Cavalor (p. Lanciano) étaient à la base de l’élevage de Brigitte de Biolley. « Mais au fond c’est Dolce Vita Biolley (p. Florestan I) qui a vraiment donné un boost considérable à notre élevage. Et on peut en dire autant de Bellissima Biolley (p. Argentinus) », précise notre hôtesse. Florestan I et Argentinus étaient des géniteurs des plus remarquables qui produisaient des chevaux de grande qualité aussi bien pour l’obstacle que pour le dressage. « C’est Argentinus qui améliora l’élasticité du dos dans les produits de Tania, qualité indispensable pour chaque discipline sportive ». Les étalons admis qui ont fait la renommée de Biolley Horses sont BAILAMOS BIOLLEY (p. Sir Donnerhall et Dolce Vita Biolley par Florestan I) et GALLIANI BIOLLEY (p. Sir Donnerhall et Lanciana Lady Cavalor par Lanciano). Nous visitons les deux messieurs, une quinzaine d’années après un reportage précédent pour le Studbook SBS. Les mots manquent pour exprimer l’émotion partagée avec les éleveuses!

La souplesse que le grand géniteur Argentinus apporta à Tania van het

Galliani Biolley à l’entraînement avec Julie

Sutherland (©MB Paarden Fotografie)

Wintershof donna la jument Bellissima Biolley. Brigitte n’hésita pas de lui donner Chacco Blue comme partenaire. De cette union naquit Chacco Me Biolley. « J’ai vu Chacco Blue à 3 ans et je me suis dit qu’il me le fallait pour mon élevage. Juments de dressage ou destinées à l’option obstacle? La question ne se posa même pas », nous apprend Brigitte. « La diversification devient difficile dans l’élevage des chevaux de dressage. Les lignées des étalons n’offrent plus rien de nouveau. Pour moi la solution au problème est l’utilisation bien réfléchie du sang d’obstacle pour ‘rafraîchir’ et améliorer les souches dites de dressage ».

Nous sommes donc allés à la rencontre des trois seigneurs Biolley dans l’écurie. Galliani et Bailamos profitent de l’attention qu’on leur accorde. « Ils ont vraiment tout donné dans l’élevage et dans le sport pour mériter la belle retraite qu’on leur accorde maintenant », confie l’éleveuse. Le père de Galliani et Bailamos est donc Sir Donnerhall (Sandro Hit x Donnerhall). Brigitte de Biolley n’a jamais hésité à l’utiliser pour son élevage, malgré la méfiance de pas mal d’éleveurs en Belgique pour ce ‘prototype’ du cheval de dressage moderne. Chez Biolley Horses, on assume ses choix. Ce fut également le même coup de foudre pour ce qui est de Totilas, le père de l’étalon admis THORGAL BIOLLEY. « Totilas était tout comme Chacco Blue un étalon qu’il me fallait absolument. Mon intuition fit son travail une fois de plus. Avec de beaux résultats car les propriétaires de la quarantaine de poulains que Thorgal

(SIR DONNERHALL X LANCIANA LADY CAVALOR PAR LANCIANO) ©MB Paarden Fotografie

(TOTILAS X DOLCE VITA BIOLLEY PAR FLORESTAN I) ©MB Paarden Fotografie

a produit, sont enchantés du caractère facile et du tempérament agréable de leurs poulains». Brigitte et Stéphanie sont seules à la base du choix des étalons pour leurs juments.

« Si on désire produire des chevaux pour les vendre, il faut choisir des lignées que le marché recherche. Voilà pourquoi les éleveurs de chevaux de dressage se sont souvent dirigés vers les Pays-Bas et l’Allemagne. Il faut prendre le temps pour faire son choix, aller voir les étalons et – surtout - regarder les vidéos de présentation. Une vidéo qu’on peut regarder plusieurs fois chez soi est indispensable ». Les noms des poulains de l’élevage ont souvent des noms enchanteurs, parfois artistiques. « Chez nous les poulains n’ont pas de nom à

©Laurence Verheijen

leur naissance. Nous prenons le temps pour leur en attribuer un. Leur nom dépendra de leur attitude et de leur caractère lors des premiers mois de leur vie ».

Les poulains sont également au box avec leur mère en cette journée pluvieuse et sombre. Après avoir accordé à Thorgal l’attention qu’il réclamait, nous entrons dans l’écurie des poulains. PALPATINE BIOLLEY, pouliche par Cornet’s Prinz et Kiss Blue Biolley par Chacco Me Biolley, nous regarde d’un oeil curieux. Nous nous attardons longtemps chez POLIAKOV ICE BIOLLEY. Le petit mâle charmant adore la compagnie, ce qui le rend d’autant plus irrésistible. Poliakov est né par Dancier Gold et Gallartica Biolley par Galliani Biolley. « Les poulains nés chez nous sont tellement abordables et habitués au contact humain, que même les petits-enfants peuvent les dorloter », confie Brigitte.

Les Ballets Russes seraient enchantées à la vue de ces deux jeunes “danseurs” de 2 ans! Noureiev Biolley est un fils de Secret et de Fiorentina Biolley par Converter. Nijinski a comme père Springbank II VH hors de Tania van het Wintershof par Codex. Les deux mâles ont grandi ensemble et les qualités athlétiques sont omniprésentes. Leur attitude respectueuse est remarquable. « Voici un mix exemplaire de sang de dressage et d’obstacle », stipule Stéphanie. Tout est dit !

Patricia Borgenon Brigitte de Biolley fut une représentante internationale en dressage pour la Belgique entre 1971 et 1992. Son agenda, d’année en année, la faisait voyager entre Aix-la-Chapelle, Rotterdam, Dortmund, Berlin… « Je me souviens du stress. La même procédure, répétée chaque fois : embarquer les chevaux, les installer au concours, les travailler… L’euphorie et la déception... J’ai toujours participé avec mon propre cheval... Mon partenaire dans le premier GP était un cheval d’origine russe… C’est la vie qui m’a fait oublier la scène sportive. Un concours, on doit le ressentir au plus profond de soi. Le jour où je ne le sentais plus, j’ai arrêté ! »