Brochure FIR-A

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EDITO Nous revoici, dans une édition hors-série, pour vous présenter « Une Meute littéraire au FIR-A » Nous avons eu le privilège de faire partie du Forum International du Roman-Algérie, organisé par le magazine L’ivrEscQ où nous avons pu porter notre voix et lui donner écho par le biais d’interventions aux sujets variés. Durant deux jours, « Une Meute littéraire » a tenté de faire preuve de maturité en évoquant des sujets fâcheux tant ils étaient dénonciateurs de l’état fébrile de la scène littéraire algérienne. Pour ce faire, elle a, également, convié de jeunes auteurs débutant une carrière littéraire ou aspirant à le faire, et qui sont intervenus sur la littérature algérienne, la poésie, la censure et autres. Cette brochure a pour but de permettre à ceux qui n’ont pas pu assister aux interventions orales des participants, d’en faire la lecture et de pouvoir rebondir, par un débat ou des questions, sur les points abordés par chacun.

Jeunes auteurs CHAHINEZ FETTAKA MOHAMED WALID GRINE ANIS SAIDOUNE LYES RESKINI DJAWAD ROSTOM TOUATI

Membres d’Une Meute littéraire LYDIA SAIDI MYRIAM NIBOUCHA AZIZ SALHI

Nos vifs remerciements vont à madame Nadia Sebkhi, présidente du Forum et directrice de publication du magazine littéraire L’ivrEscQ, qui a su voir en nous le meilleur et qui nous a donné l’occasion d’intervenir sur un sujet nous tenant à cœur.

LYDIA AB

Bonne lecture !

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SOMMAIRE EDITO……………………………………………………………………………….2 Avis au lecteur………………………………………………………………….4 Interventions des jeunes auteurs………………………………… - Djawad Rostom Touati…………………………………………..5 - Anis Saidoun…………………………………………………………..9 - Lyes Rezkini…………………………………………………………….10 - Chahinez Fettaka…………………………………………………….12 - Mohamed Walid Grine……………………………………………14 Interventions d’Une Meute littéraire……………………………… - Crise de Lecture et jeunes alternatives Lydia Saidi……………18 - Lire avant de traduire Myriam Niboucha…........................20 - Une littérature qui plaisante Aziz Salhi.…………………………….21 - La littérature algérienne avant et maintenant Lydia Ab……23

Bilans,Feedback,Projets………………………………………………….25

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Avis au lecteur, Lorsque nous avons rencontré madame SEBKHI au SILA 2015, nous avions évoqué la nécessité de pallier au manque de manifestations littéraires qui permettraient une vitrine promotionnelle aux écrivains algériens. La littérature algérienne est riche mais peu connue, déjà par nous, algériens, ensuite par le reste du monde. Ce forum avait pour but de finir par lancer un projet de traduction de quelques livres algériens, en espagnol et en anglais. Cela nous a permis, à nous, de nous réunir et de proposer une réflexion sur ce que représente la littérature algérienne à nos

yeux mais aussi de parler des obstacles et des failles qui empêchent cette dernière de s’épanouir. Nous n’avons eu que peu de temps pour développer des points que nous considérions essentiels. Les interventions suivantes sont propres à celui qui les a écrites et nous vous les présentons ici par ordre de passage lors de l’événement. N’hésitez pas à donner votre avis, à développer ce qui a été concis ou à réagir tout simplement sur nos plateformes virtuelles.

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Interventions des jeunes auteurs Intervention de Djawad Rostom Touati, jeune auteur du roman « Un Empereur nommé Désir »

Pourquoi j'écris? Par ce qu'ayant la prétention d'être doué dans la langue de Molière, je veux donner un contrepoids à la littérature que je qualifierai de Mainstream, produite dans les milieux que Michel Clouscard appelle avec dérision les "Culturo-mondains" et à cause de qui l'on est soupçonné d'être un "Hizb França" sitôt qu'on conjugue correctement l'imparfait du subjonctif. Par mainstream, je me limite à une certaine Intelligentsia petite bourgeoise: qu'on n'aille donc pas croire - ou faire mine de croire - que j'englobe, inconsidérément, toute la littérature algérienne d'expression française. Je m'en vais d'ailleurs peindre grâce à deux citations de Gramsci les traits généraux de cette intelligentsia Mainstream. Dans une de ses lettres en prison, Gramsci écrit (remplacez "italien" par "algérien" et vous aurez tout compris) « Que signifie le fait que le peuple italien lit de préférence les écrivains étrangers ! Cela signifie qu'il subit l'hégémonie intellectuelle et morale des intellectuels étrangers, qu'il se sent lié davantage aux intellectuels étrangers qu'à ceux de chez lui, c’est-à-dire qu'il n'y a pas dans

notre pays un bloc national, intellectuel et moral, ni hiérarchisé ni -encore moins- égalitaire. Les intellectuels ne sortent pas du peuple, même si par accident, l'un d'eux est d'origine populaire; ils ne se sentent pas liés au peuple (sauf sous l'angle de la rhétorique), ils n'en connaissent ni n'en éprouvent les besoins, les aspirations, les sentiments diffus; par rapport au peuple ils sont des êtres détachés, assis sur les nuages, c’est-à-dire une caste et non un élément organiquement lié au peuple lui-même. » Plus loin Gramsci constate que « toute la "classe cultivée", avec son activité intellectuelle, est détachée du peuple-nation, non par ce que le peuplenation n'a pas montré ou ne montre pas qu'il s'intéresse à cette activité intellectuelle à tous ses degrés, depuis les plus bas jusqu'aux plus élevés, tant il est vrai que dans ce domaine il recherche les livres étrangers, mais bien par ce que l'élément intellectuel indigène (c’est-à-dire local) est plus étranger que les étrangers aux yeux du peuple-nation » Qu'est-ce qui explique que la littérature locale est plus étrangère que les étrangers aux yeux des algériens? C'est qu'à la lecture, on se retrouve en face d'une vision révoltante, réductrice, psychologisante, caricaturale, bourrée de lieux communs, d'images d'Epinal et de clichés dignes du regard superficiel et ethnicisant que pose un colon sur des indigènes: qu'on tire de ce parallèle les conclusions que l'on voudra. Toujours est-il que lorsqu'une certaine intelligentsia déplore que les algériens ne lisent pas, c'est d'abord et surtout Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 5


Interventions des jeunes auteurs par ce que les algériens ne LES lisent pas; au lieu de postuler comme Gramsci des lacunes dans leur travail d'écriture, ils accusent le peuple, depuis leurs nuages dont parlait Gramsci, de médiocrité, d'inculture, de prédilection pour les fast-food et Facebook plutôt que pour les livres..Etc. D'où vient ce manque de représentativité? Pour répondre à cette question, je vais citer rapidement une phrase de Guy Debord, et en l'analysant, nous dégagerons les causes concrètes de ce hiatus entre "l'élite" culturelle et le peuple. « Thèse 57 de La Société du Spectacle: La société du spectacle ne domine pas seulement par son hégémonie économique les régions sousdéveloppée. Elle les domine EN TANT QUE SOCIETE DU SPECTACLE. Là où LA BASE MATERIELLE est encore absente, la société moderne a déjà envahi spectaculairement la surface sociale de chaque continent. Elle définit le programme d'une classe dirigeante et préside à sa constitution, offre aux révolutionnaires locaux les faux modèles de révolution » Qu'est-ce que ce là signifie? Que là où l'infrastructure est absente (c’est-à-dire là où l'économie est balbutiante), la SUPERSTRUCTURE des sociétés modernes (les mœurs, la doxa, l'idéologie) s'impose à ces pays sousdéveloppés comme causes illusoires de leur prospérité , autrement dit, on tombe dans l'explication psychologisante et essentialiste selon laquelle le développement et la

prospérité relatives de l'occident tient à son substrat, à une sorte de valeur intrinsèque, ce qui ouvre d'ailleurs la porte au racisme et au néo-colonialisme et leur corolaire, le complexe du colonisé. D'où ce que René Girard appelle le "désir mimétique": la formation d'une intelligentsia qui appelle de ses vœux l'émulation de cette superstructure, c’est-à-dire, l'alignement sur la doxa et les mœurs de sidi l'gawri, qui va comme par magie nous ouvrir les portes du progrès et de la prospérité, malgré l'infrastructure moribonde car tuée dans l'œuf dès le début des années 80. Or, lorsqu'on examine le postulat de Marx, à savoir que ce sont les conditions matérielles qui déterminent la conscience, que c'est l'infrastructure qui détermine la superstructure, et in fine que le pouvoir en place produit une sous culture à son image, on comprend de manière limpide la vérité concrète de la littérature produite par l'intelligentsia dominante, une littérature à l'image du pouvoir: rentière et compradore. Rentière dans le sens où une minorité d'auteurs, pour la plupart des mêmes cercles, occupent indûment le haut du pavé et ne font, pour certains, que tirer des montures de leurs premières œuvres, et pour d'autres rabâcher jusqu'à la nausée les mêmes thèses psychologisantes, les mêmes obsessions névrotiques. Et compradore dans le sens où elle ne produit rien de local, c’est-à-dire rien qui reflète les sentiments diffus du peuple, mais ne fait qu'importer la doxa occidentale; et tandis qu'ils ne cessent de nous gaver à l'entonnoir de leurs pâmoisons béates devant sidi l'gawri, l'occident n'a cessé de produire son autocritique, depuis Marx au 19ème Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 6


Interventions des jeunes auteurs siècle jusqu'à Graeber au 21ème, en passant par Clouscard et Debord au 20ème, et j'en passe. D'où le ridicule de se prétendre d'avantgarde, d'accuser non seulement le lectorat mais l'ensemble du peuple d'être à la traîne, lorsqu'on est soimême en retard de deux guerres. Et d'où le plus grand ridicule encore d'adopter une posture de l'opposant à un système dont on n'est que le reflet théorique: posture typique du cadet de la bourgeoisie piqué de la fibre artistique ou intellectuelle, fils ingrat qui peste contre papa et l'ordre familial tout en prenant de lui son argent de poche tous les mois, et en définitive, gauchisme petit luxe, décrit notamment, et entre autres, par Paul Nizan dans "La conspiration" Bref ! Nous ne sommes pas là, aujourd'hui, pour déplorer l'état des choses et pleurnicher en se tenant la main, mais afin de réfléchir à des solutions. Quelles solutions pour nous autres jeunes auteurs, qui nous permettraient de proposer une alternative à la sous-culture dominante? 1° L'entrisme: jouer l'idiot utile, adhérer au cliché du jeune transgressif, qui croit naïvement que la révolution s'opère sous la ceinture, souscrire au psychologisme et à la sous-politique de mœurs, pour se faufiler dans la place, se constituer un réseau de connaissance, jusqu'à ce que le copinage soit assez établi pour soutenir nos velléités subversives, autrement dit: "‫"بوس الكلب من فمو‬, c'est le cas de le dire quand on pense à Nizan dans "Les chiens de garde" ! L'inconvénient – en dehors du fait que les chiens ont mauvaise haleine – est de voir s'amenuiser et s'atrophier en soi le

principe créateur : la virilité et la volonté de puissance (au sens nietzschéen du terme). À force de louvoyer, de faire des compromis, d'édulcorer, de mettre du vin dans son eau, on finit par se perdre, par s'habituer à la notoriété, à la présence médiatique, qu'on va quémander et pour laquelle on deviendra prêt à tout, comme un drogué pour sa dose. Certains ont donné des exemples affligeants de ce syndrome. 2° Miser sur la volonté que pourraient avoir certains éditeurs de résister à la pensée unique, à la doxa mondialisée, et produire une CONTRE-CULTURE. Malgré les plaintes incessantes qui justifient leur immobilisme, certains éditeurs se portent comme un charme, financièrement parlant. Nous avons, toutes proportions gardées, nos Gallimard et Grasset locaux. A quand l'émergence d'un Maspero? D'éditeurs militants et qui assumeraient leur militantisme? Quoi qu'il en soit, à notre humble niveau, nous autres écrivains en herbe, nous ne pouvons que ruer dans les brancards et penser, réfléchir, et produire, jusqu'à se faire entendre. Car, comme dit l’adage lénifiant, il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Cela dit, et pour conclure, -enfin!-, il ne s'agit pas non plus de faire l'apologie d'un "jeunisme" béat, qui n'est le plus souvent qu'une manœuvre politicienne et paternaliste pour promouvoir des écervelés comme interlocuteurs malléables et corvéables; si nous mettons l'accent sur la jeunesse, c'est simplement parce qu'on postule que les débutants n'ont pas frayé assez longtemps dans les milieux culturoUne Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 7


Interventions des jeunes auteurs mondains pour connaître les compromissions et les soumissions inhérentes à ces milieux. Ils ont encore trop de candeur pour être cynique et trop d'inexpérience pour être blasés, ce qui nous permet d'espérer que vienne d'eux le grand coup de pied dans la fourmilière de l'immobilisme. Un coup de pied sans doute impétueux et désordonné, mais non moins salubre, car, comme a dit le plus grand homme politique de tous les temps, ce qui importe, ce qui est essentiel, ce qui est PRIMORDIAL, c'est que

"‫"الزم نحركوا المرميطة‬ 1

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Crédit Photo : Logo du Collectif LA MARMITE

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Interventions des jeunes auteurs Intervention d’Anis Saidoun, jeune écrivain de la nouvelle « Avanci l’arrière ! » et d’autres. Note : ce texte a été écrit ultérieurement.

Anis Saidoun, 24 ans, jeune auteur et étudiant en pharmacie (Oui car l’écriture et la pharmacie c’est un peu pareil et écrire c’est comme faire des ordonnances, ça ne guérira certainement pas le cancer mais ça peut guérir le désespoir et c’est déjà ça) L’écriture a donc pour moi une dimension thérapeutique, la catharsis comme dirait Freud. Coucher sur papier les démons avec lesquels on couche chaque soir. Et ces fantômes, ces démons sont légion, mes écrits sont hantés et mes pensées jonchées de cadavres d’espoir étranglés. Les espoirs d’une Algérie meurtrie qui, de charybde en scylla, s’automutile avec la rage d’un détraqué drogué à la mescaline. Et pourtant ! Si nous autres jeunes auteurs arrivons à donner du contenu à cette Algérie nouvelle encore dans les limbes ça sera « Ohhh mamamya , thaoura tha9afiya ! ». En pleins verrouillages politiques, sociologiques et économique, l’écriture et la révolution idéelle s’impose afin de réveiller des cadavres plantureux nommés Algérie aux électrochocs. J’ai appris sur les bancs de l’université qu’une décharge d’adrénaline peut réveiller un malade en salle de réanimation, donc j’ai voulu que mon écriture soit « adrénalinesque », violente, corrosive, acerbe et amère (comme mon anti héros Amer Bouzouer), à l’image de ma réalité . Car je refuse une écriture douillette dans l’Algérie des immolations, des haragas,

de la perdition identitaire, des Chakib Khalil et autres Bedjaoui, et des «yakoulna el hout ou mayakoulnach el doud ». C’est pour cela que ma première nouvelle «Avanci l’arrière » se veut une retranscription du quotidien de l’Algérois que je suis dans toute sa crudité, car l’écriture est avant tout une mise à nue symbolique à défaut de mises à nu réelles récurrentes ( oui oui , la chape de plomb n’aura pas eu raison de moi et je m’offre une liberté totale de dire ce que je veux , insurgé que je suis contre les « sois jeune et tais toi » et autres « cachez moi ce sein que je ne saurais voir »). D’autres nouvelles ont suivi sans se ressembler, quoique , comme dirait un poète fou « on aura toujours l’impression , si on y voit clair , que l’on écrit toujours la même histoire mais différemment » , c’est ainsi que Game Ovaire ( 2013 ) et Le Destin Des Givrés ( 2015) ont suivi , toutes deux primées dans des concours nationaux et internationaux. Pour conclure je dis à cette jeune Algérie qui nait dans une autre en train de mourir ( ellah yerham Kateb Yacine ) , que ça ne sert à rien de nous enterrer parce qu’on sera des graines. Merci donc au forum du roman algérien de nous avoir arrosé allègrement. Anis Saidoun , Alger le 26 Déc 2015 (avant l’indépendance culturelle )

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Interventions des jeunes auteurs Intervention de Lyes Rezkini, membre d’Une Meute littéraire, jeune poète et auteur d’un recueil intitulé « Chroniques érotiques des années ardoises »

« Créer c'est oser, c'est savoir risquer. La magie du verbe n'est point dissociable de l'éclatement du trop bien étalé, de l'amorphe, du passif, du dérèglé outreconscience et de toute aliénation. Créer c'est produire, c'est être; et l'écrivain, ce torturé avec la question "est-il possible d'être en même temps avons-nous le droit d'être. La cité nous ouvre-t-elle ses portes ou nous relèguet-elle au rang de parias, d'incompris et de mort-nés… Votre présence est une garantie de l'avenir. Dans la vie des masses populaires, le poème est une réalité quotidienne… Nous transmettons ce que chacun d'entre nous a pu arracher au mutisme d'un présent torride… Dire, tout dire, face à une technocratie sous-développée, la parole répond à toutes les infidélités. La parole est tentative de prise d'un pouvoir. Pouvoir sur tout. » Youcef Sebti.

Lorsqu'on parle de poésie algérienne, loin de l'épithète glorieuse, tel un sobriquet, derrière lequel on cache l'essence même de matrice poétique, si usant de malice et de distinction l'on arrive à outrepasser ce sentiment grisant, qui vous empourpre comme des prospecteurs du vers à chaque fois que l'on tombe sur un filon qui, par un jeu d'éloquence assez simplet, arrive à nous faire rimer bière et lampadaire, amour et cours toujours… puis, développer une sorte de lucidité remarquable, nous proclamons tel un grillon, un jour d'été : "Baudelaire n'aurait pas fait mieux !". Jeunesse est prétentieuse et c'est bien là sa meilleure qualité. La poésie algérienne fut cette poésie enchanteresse, une œuvre matricielle (comme l'aurait dit Sénac), chanson nourrie de tendresse, d'humour, de pudique détresse, que nos mères, grands-mères, statures intarissables et maintes fois galvaudées de gardiennes de la tradition et du bivouac, nous ont maintes fois contées ou bien ces grands chants insoumis et volcaniques, qui, en arabe ou en berbère, magnifièrent les marches, viennent alors en mémoire les noms de Sidi Boumediene, Ibn Msaïb, Ibn Triki, Ben Sahla, l'Emire Abdelkader, Bouteldja, Keriou, Si Mohand ou M’hand, cheikh Smati et d'autres et d'autres. Puis vint la période de 45-62, représentée comme une fresque de l'oppression, du malheur et de l'espérance tenace. Cette génération allait mettre le verbe au service de la libération du territoire à travers Jean Amrouche, Mohamed Dib, Kateb Yacine, Anna Greki, Mostefa Lechref, Henry Kréa, Nordine Tidafi, Bachir Hadj Ali, Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 10


Interventions des jeunes auteurs Ismail Ait Djafar, Malek Haddad, Djamel Amrani. On a eu souvent tendance à limiter notre poésie à cette seule période et aux thèmes épiques qu'elle suscite. Et puis vinrent les poètes et prosateurs de la génération actuelle...adorateurs zélés et zélateurs adorant l’insipidité recherchée…Merde ! La poésie ne me fait plus bander !

" Moi, jeunesse nationale, à l'ère du superflu et de la toxicomanie poétique globalisée, j'étouffe, alors sautez sur l'occasion pour sortir de ce clivage cyclique : Editez-moi."

Fébrilité émotionnelle qui dogmatise le vers et lui fait prendre cette structure niaise du "tout dit" sans logique ni matrice profonde et de ce fait crée un copinage entre A et B. Du vendeur de légumes crus à la tige trahison, au colporteur de fruits compassionnel à la sauce je t'empourpre et plus si affinités. La poésie doit se raffermir et aller audelà de la révolte individualiste, souvent entachée de mièvrerie, ébranler la stagnation et le conformisme qu'on essaye d'implanter comme faire-valoir à ses scribouillards du vers, à des plumitifs de la strophe, à ces endoctrinés du pathos à grande échelle. Pour ne pas me perdre plus, dans un verbiage théorique et infécond, je m'arrête là, sinon je tomberai dans le vice mondain du poète transgressif et rebelle et pénétré profondément par l'osmose qu'il a développée avec la nature. Maintenant auditoire soumis à ma pseudo insolence préfabriquée dans vos têtes, je proclame:

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Interventions des jeunes auteurs Intervention de Chahinez Fettaka, jeune apprentie-écrivaine. Note : lors du forum, Chahinez a préféré laisser la lecture de ses textes parler d’elle-même, ce texte a été écrit ultérieurement.

Je suis une vingtenaire. Comédienne de théâtre, mastérante en architecture. En dehors du travail, j’esquisse les planches d’une architecture chimérique de mots, des mots suaves, parfois féériques, d’autres incompris, des mots qui ont le pouvoir de résurrection et d’immortalité. Ma venue à l’écriture. A l’âge de huit ans, quand les autres gamins gribouillaient des dessins, j’écrivis mes premiers poèmes en langue arabe. Depuis, j’apprends à vivre avec l’écrivaine en moi, à gérer ses sautes d’humeurs, ses moments d’ermitage et d’inspiration. Les mots sont mon seul refuge. L’écriture est une structure qui ficelle ma vie. Un monde de sublimation, une évasion où j’essaye, par mes outils d’architecte, de rétablir un ordre chaotique, reflet d’une société aussi chaotique, tellement chaotique qu’il faut faire appel aux méthodes

moyenâgeuses. Une tentative de guérir le mal par le mal dans une société qui doit être poussée à ses retranchements pour se relever. La lecture, ma matière première ! Mon éclectisme me pousse toujours à vouloir tout connaitre. J’aime virevolter de fleur en fleur de connaissance, en savourant avec délectation ma perdition dans le monde des idées. Ma ville a fini par m’habiter. J’ai un rapport conflictuel aux villes que je visite. Je ressens leurs tempéraments, leurs lourdeurs. L’oppression des gens, les tumultes assourdissants, les couleurs, les odeurs, tout me berce, tout me plonge dans une profonde mélancolie. Ma ville quant à elle me renvoie à mes rêves d’enfance, Hadjout me materne malgré moi, rien que pour ça je la porte en moi en tous lieux, comme un talisman d’enchantement. « Un pèlerinage De loin j’aspire ces voix qui, au fil des années, sont restées intactes, je guette ces yeux qui me dévorent, ces voix qui devancent les yeux, ces mots qui m’habitent inconsciemment et qui me familiarisent avec l’endroit, des visages défigurés, des lieux transformés, même mes pas me semblent différents, les murs se resserrent, le sol est délavé de leurs sueurs froides, les gens se bousculent, de nouveaux gens, de nouvelles tranches, seuls les fous sont les mêmes fous, qui me regardent ou qui me happent des yeux, les cris des vendeurs qui se baladent, le chahut des voix masculines Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 12


Interventions des jeunes auteurs qui s’élève des cafés, ces cafés où j’ai pas le droit de mettre les pieds, ces lieux que je scrute de loin et que je connais sans connaitre, tous ces lieux d’où je suis bannie, tous ces lieux dont je rêve la nuit. . . le bruit des bus qui se frôlent, les voitures qui se croient en course, en course de la vie, en course de la mort, les enfants qui trainent insoucieux, régnants sur le trône abandonné, les arbres qui se serrent les coudes, qui se penchent sur les têtes de ceux qui s’en servent d’appui, les endroits que j’ai côtoyé, et qui semblent me fredonner une berceuse saignante de solitude, le grincement de la petite porte autrefois grande de mon collège, mes pieds qui tâtonnent les lieux du cœur, tous ces bruits, la symphonie qui m’exalte, qui m’inspire, et qui me berce l’esprit. Et c’est ma ville qui a fini par m’habiter.» Une génération perdue. Le flambeau ne se transmet plus. Nos ainés, pensent généralement que nous, jeunes gens, ne sommes qu’une génération perdue, paresseuse, sans but et sans repères. Ça peut être une sorte d’aliénation, d’ordre établi, hiérarchique et asservissant. Nous nous en rebellions, subtilement ou ouvertement, jusqu’à transcender toutes les barrières.

cathartique aux lecteurs, comme à l’écrivain. Purifiante et thérapeutique. La responsabilité d’un écrivain est d’inculquer aux lecteurs l’importance du rêve, de voir grand ; il n’est jamais peu de faire un petit plus. Se surpasser, c’est toujours possible « L’espoir est un voyage. Un voyage aux plus beaux monuments à l’intérieur de soi, un saut vers un autre monde, un monde sans fin. » Un devoir moral. De croire avec force et application au nivèlement vers le haut. Quand on a le talent, on a la lourde responsabilité d’en faire bon usage. C’est à nous, chroniqueurs de cette génération, d’être la mémoire vivante de l’Algérie, de remédier, même un peu, à l’oppression, à la crise identitaire ; d’aider la société à s’identifier, à se reconnaitre et se connaitre. On a aussi le devoir d’aider les autres à accepter le pluralisme culturel, la laïcité, et de semer la paix.

« […] toutes les générations sont perdues par quelque chose et l’ont toujours été et le seront toujours… »2 L’espoir, le placébo qui guérit tous les maux. Ou une drogue douce à consommer sans modération. L’écriture doit être 2 Ernest Hemingway, Paris est une fête, ed. Gallimard, 1964, p.46

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Interventions des jeunes auteurs Intervention de Mohamed Walid Grine, jeune écrivain du recueil de nouvelle « Les autres » Note : Walid a pu développer ce sujet lors de son événement autour de la censure et de l’autocensure. Ce texte a donc été écrit ultérieurement.

Ma rencontre avec Mme. Censure Un jour de septembre 2015, à Alger. Très chaud, humide et bien sûr étouffant. Le genre de temps de merde que j’ « aime » et qui est souvent présent dans mes histoires. Je marche donc dans la rue Chaib Ahmed, à Alger-Centre. Une rue que j’aime parce que populaire et grouillante de vie. Ce jour-l{, j’ai décidé de sortir avec moi-même. C’est-à-dire : seul. Je veux voir « Roma ». Un film italien des années 70. La séance commence à 13h30 à la Cinémathèque. J’ai encore le temps. Il n’est que 13h00. Je m’attable dans un café, rue Chaid Ahmed. Je commande un jus d’orange N’gaous. Mentoudj Bladi. Je sirote mon jus, tranquille. Des gens entrent et sortent. Ça discute à voix haute. Des rires. Des conversations animées.

Soudain, mon téléphone sonne. Je le sors de la poche de mon pantalon et regarde l’écran. Le nom de la responsable en communication de mon éditeur s’affiche. J’espère qu’elle va me dire qu’elle a choisi une bonne couverture pour mon deuxième recueil de nouvelles, en arabe. Je sors du café et je décroche. Après un échange de politesse, je lui demande illico presto qu’en est-il de la couverture de mon livre, prévu de sortir au SILA 2015. Silence radio pendant deux secondes. Puis elle me lance : -Walid, je ne t’appelle pas pour la couverture… » -Ghir el khir ? Rien de grave j’espère ? -Walid, je crains que tu ne doives apporter de grandes modifications à ton livre ! -Quoi ? Comment ça ? Pourquoi donc ? -Je crains que tu ne doives supprimer une nouvelle de ton livre pour qu’il soit publiable. -Quelle nouvelle ?! (D’un ton stupéfait) -L’histoire où tu parles de la frustration sexuelle. C’est très fort. Ça peut choquer les lecteurs !

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Interventions des jeunes auteurs -Choquer ?! Mais pas du tout !!! Je n’ai fait que refléter la réalité et le quotidien de la frustration sexuelle dont souffrent beaucoup de jeunes chez nous. -Oui, je sais, mais le patron ne va jamais accepter de publier une histoire pareille, une histoire où tu décris des fantasmes érotiques. Ça le dérange. -Mais pourquoi ? Où est le mal ? Je ne comprends pas ! Aborder le thème de la sexualité n’est plus tabou dans notre littérature. -Ecoute, Walid ! Je te rappelle plus tard, d’accord ? -Ok. A plus tard nchallah ! Fin de la conversation. Je reste ébahi, au milieu de la rue. Je ne comprends pas. Je pars quand même au ciné voir le film. Y a une dizaine de personnes. Dans la salle, je n’arrive pas à me concentrer. On y voit un encombrement monstre sur une autoroute bondée. On y perçoit le stress, et moi qui suis déjà stressé à cause du coup de fil de la responsable com’ chez mon éditeur, je stresse de plus belle. Au final, ça me fait une belle concentration de stress, Puis changement de décor. On nous montre un spectacle populaire dans un music-hall, à Rome, au moment

où y a des bombes qui pètent dehors. C’est la deuxième guerre mondiale et l’aviation Alliée lance ses bombes sur Rome, capitale { l’époque de l’Italie fasciste de Mussolini, l’ami d’Adolf le nazi. Bref. Ensuite, encore un changement de décor. Une autre histoire. Je ne pige que dalle à ce film. Je commence à taper du pied. Je me dis : « ya chkouppi, c’est quoi ce film ?!!! » Soudain, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je le sors. C’est encore la responsable en communication de mon éditeur. Je ne décroche pas. Je veux regarder le film sans être dérangé. Cinq minutes après, mon téléphone vibre de nouveau. Je regarde l’écran du portable. Encore un appel de la responsable en communication de mon éditeur. Je sors de la salle et décroche. La voix { l’autre bout du fil n’est pas du tout enthousiaste : -Walid ! Voil{…je regrette…mais il n’y a pas moyen de publier ton livre à l’état où il est. Cependant, le patron ne trouverait aucun problème à publier ton ouvrage si tu supprimes ta nouvelle sur la frustration sexuelle. Je sens mes jambes fléchir. Je me sens trompé. Comprenez : le directeur de publication m’avait pourtant rassuré que mon livre sortirait au SILA 2015. Et là, la responsable en communication m’annonce, { un mois et demi du début du SILA, qu’il ne Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 15


Interventions des jeunes auteurs sera pas possible de publier mon livre dans sa version intégrale. Elle me demande d’amputer mon texte. De supprimer toute une histoire du recueil. Pour moi, cela revient à dire de brader mes écrits. Je dis à la responsable en communication :

Je suis abasourdi. J’ai de la peine { croire que mon éditeur refuse de publier mon livre dans sa version intégrale parce qu’il aurait peur de sa famille. C’est dingue ! C’est absurde ! C’est frustrant. Ça m’énerve tout ça. Je dis :

-Mais je ne peux pas supprimer cette nouvelle ! J’ai écrit huit histoires pour ce recueil, et dans mon esprit, il faut que toutes les histoires figurent dans le livre. Je ne peux pas amputer mon livre !

-Désolé, dans ce cas, je ne peux pas faire publier mon livre chez vous. C’est regrettable, mais je n’ai pas le choix. Toutes les histoires de mon recueil sont importantes et toutes devraient donc paraître.

Une seconde de silence puis j’enchaîne :

Silence { l’autre bout de la ligne. Puis la responsable en communication me dit :

-Mais dis-moi s’il te plait, pourquoi le patron refuserait de publier mon livre parce que j’ai parlé de frustration sexuelle ? Le personnage de l’histoire est un jeune diplômé chômeur, fils d’un quartier populaire d’Alger. Il a des envies, ce qui est banal. La frustration sexuelle le ronge de l’intérieur. Il critique le matérialisme grandissant dans notre société, les parents qui vendent leurs filles. Il dénonce l’hypocrisie sociale et refuse d’être exploité comme travailleur. -Oui, je sais, Walid ! Mais le patron ne voudra pas que cette histoire figure dans ton livre parce qu’il a peur de ses proches et de la réaction de sa famille. D’après lui, ses proches risquent de le critiquer, de le renier. Il risque aussi d’être exclu de sa communauté.

- C’est dommage, Walid ! -Oui, c’est dommage ! Qu’est-ce que tu veux que je te dise d’autre ? Ma ketbetch…merci quand même pour ta réponse. On se dit au revoir et on raccroche. Je suis déçu. Profondément. Je dis : « yekhi censure ta’ chkouppi ! » Je peste tout seul : khra, khra, khra, khraaaaa ! (Merde ! merde ! merde ! meeeeerde !) Malgré ma déception, je reviens à la salle. Je regarde le film jusqu’{ la fin, bien que le film me semble de la merde. It smells like shit spirit ! Le film se termine par un défilé de mode pour des évêques !!! Je sors de la salle énervé. Enervé contre la médiocrité du film (avis Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 16


Interventions des jeunes auteurs perso). Enervé contre la censure dont j’ai été victime. Enervé parce qu’impuissant de supprimer cette censure. Parce que ce n’est pas moi qui détiens les moyens de diffusion de mon ouvrage. Je me sens freiné. Bloqué par mon éditeur. Bon, comme je ne suis pas ingrat, je remercie toujours mon éditeur d’avoir édité mon premier livre. Je lui suis reconnaissant. Mais voilà ! Mon éditeur ne m’a pas censuré quand j’ai écrit en français, mais quand j’ai écrit en arabe avec des dialogues entre les personnages en dardja, j’ai été censuré. Je me retrouve face à une situation que je considère absurde.

me battrai donc pour mes écrits. Je reste aussi confiant et attaché à mes principes et à mes convictions idéologiques. Maintenant, vous qui me lisez, vous savez comment s’est passé ma rencontre avec Madame Censure. Au diable, cette salope ! L’écriture continue…

Dans la rue. Des nuages gris occupent maintenant le ciel. Je peste encore tout seul contre la censure : « yekhi censure ta’ chkouppi ! Censure khra ! Ce qui me dérange et me révolte, c’est la politique du deux poids deux mesures quand il s’agit de la censure dans notre scène littéraire nationale. Si mon livre avait été écrit par un auteur algérien contemporain et célèbre, mon éditeur ne l’aurait sûrement pas censuré. Triste constat. Cependant, je ne baisse pas les bras. Déj{ que j’ai galéré pour voir mon premier livre enfin édité. Donc, je considère cette censure comme un nouveau défi pour moi. Je n’aime pas brader mes écrits ou qu’on touche { ma liberté de créer. Je Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 17


Interventions d’Une Meute littéraire Par Lydia Saidi

Crise de lecture et jeunes alternatives Ce forum aujourd’hui est une occasion d’aborder la question de la littérature chez la jeunesse algérienne, sa réception, la place qu’elle tient, son rôle et sa production. Nous savons aujourd’hui, malheureusement, que chez nous, l’école algérienne manque énormément à son rôle d’insérer dans son programme la littérature (et encore moins la littérature algérienne) comme véhicule de culture nationale et mondiale et comme modèle incitant à la rédaction et à la production littéraire. Bien sûr, une formation « littéraire » ne se limite pas seulement aux portes de l’école. Elle est continue et doit être reprise par des institutions spécialisées dans le domaine. Or, quand on connait les lacunes qu’engendrent le manque d’engagement de l’école d’une part et d’autre part, dans un contexte global, le manque d’intérêt dont souffre la Littérature dans sa confrontation avec d’autres médias, on s’aperçoit très vite que c’est d’un nouveau souffle que l’événementiel littéraire a besoin aujourd’hui. Car en effet, proposer une conférence ou un colloque (à titre d’exemple) à un Jeune qui a déjà été très peu sollicité au cours de sa scolarité

à la lecture semble dérisoire, non seulement à cause du caractère pesant, très peu attirant mais aussi quelque peu élitiste et intimidant parfois. Les questions qu’on se pose de ce fait sont : Quelle ébauche de solution peuton proposer ? Quelles sont les plateformes dont dispose la jeunesse pour pousser la simple expression à des formes plus élaborées et réfléchies, en autres la production littéraire ? Je ne pourrais prétendre répondre à ces questions de façon générale puisqu’elles nécessitent une recherche approfondie sur le terrain sur tout ce qui se fait actuellement en Algérie dans le domaine littéraire et rédactionnel, mais je peux y répondre en relatant des histoires d’ « expériences » personnelles qui ont été menées par de jeunes collectifs. Des solutions pensées par des jeunes adressées à des jeunes. Une action pour la promotion de la lecture et la littérature pourrait être menée sur deux plans : Un plan performance, celui de l’événementiel littéraire, qui favorise la découverte, la rencontre, l’échange, le « live ». Le deuxième est le plan de la production littéraire et rédactionnelle, qui favorise l’acte de l’écriture. Nous allons tenter d’illustrer chaque point avec des exemples de ces « expériences ». La première est l’expérience d’Une Meute littéraire, un collectif d’événementiel littéraire dont je fais partie et dont le but est la promotion de

Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 18


Interventions d’Une Meute littéraire la lecture et de la littérature. Une Meute littéraire est un concept d’événement qui propose une approche (auto)didactique de la littérature. Nous avons divisé la structure de l’événement en 3 parties :

permettant l’épanouissement de jeunes plumes et je pourrai y répondre en évoquant 3 exemples de plateformes existantes, qui offrent cette possibilité. Il s’agit de journaux en ligne à but non lucratif.

1° Apprendre : la Meute est souvent thématique, et les participants ne sont pas toujours forcément bien informés sur chaque thème que nous traitons, nous faisons donc en sorte que toute personne assistant à l’événement puisse sortir avec une idée du thème abordé,

Le premier est le journal de la Meute, qui accueille des écrits libres de tous les horizons avec pour objectif de réunir les loups. Il est imprimé et photocopié par ses membres et distribué pendant les événements de la Meute. Aujourd’hui, il compte deux parties. Une partie de productions libres et une autre travaillée et structurée qui offre une documentation sur les thèmes de chaque édition.

2° Se divertir : et ceux à travers des jeux littéraires, des montages poétiques, des scénettes, on sort un peu du moule carré pour jouer avec les mots, avec les auteurs, avec les livres. Et enfin 3° produire : ça peut prendre la forme de petits ateliers d’écriture mais aussi des débats, il s’agit donc vers la fin d’une production orale ou écrite par rapport au thème traité. Nous avons eu souvent bien des surprises, dans la mesure où beaucoup de participants qui ignoraient tout des sujets traités pendant les Meutes finissaient vers la fin par débattre et promettaient d’écrire. Il y a aussi le côté esthétique de la Meute, dont le but est d’attirer les jeunes vers une littérature qui les interpelle. Parce que la Littérature aime la beauté et la fraicheur. Ceci est donc le plan performance. Sur le plan de la production, nous nous étions posés la question plus haut sur les plateformes aujourd’hui disponibles

Le deuxième exemple est un magazine germanophone en ligne qui s’appelle : Germanisten Magazin. C’est un magazine fait par des étudiants de langue et littérature allemande mais pas seulement. Il compte 5 numéros et il devient aujourd’hui principalement un site accueillant des contributions libres en langue allemande mais aussi en français et ouvre le champ par là-même aux apprentis traducteurs pour permettre d’ouvrir le champ vers des échanges multiculturels. Le Germanisten Magazin active aussi à travers des événements culturels tel qu’un concert de rock allemand qu’il a dernièrement organisé. Le dernier exemple est celui d’un magazine en ligne anglophone cette fois, basé surtout à l’université d’Alger II et qui a pour nom «Beez Magazine ». L.S Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 19


Interventions d’Une Meute littéraire Par Myriam Niboucha

Lire avant de traduire Il est donc question du roman Algérien et de sa traduction. Avant d’entrer dans le vif du sujet et aborder le thème de la traduction littéraire, il est nécessaire de faire le point sur la lecture et son importance au sein de la société mais aussi auprès des jeunes étudiants en traduction. Il me semble qu’avant de vouloir traduire notre littérature et l’exporter, il faudrait déjà la faire connaitre encore plus ici et en faire la promotion auprès des jeunes et rendre la lecture plus attrayante car parmi ces jeunes-là, il y en a qui seront traducteurs, et sans lecture que serait un traducteur ? Car un bon traducteur est avant tout un lecteur. Et je peux vous dire que les étudiants en traduction, ne sont pas de si grands lecteurs, ou du moins du temps où je faisais mes études, il était rare de voir un étudiant se promenant un livre à la main. Beaucoup ne lisent pas car ils ont une image faussée de la lecture. Pour beaucoup c’est une perte de temps. Une obligation de laquelle il faudrait échapper. Alors pourquoi ne pas rendre la lecture plus attrayante et moins effrayante ? Rendre le livre une source de distraction. Et pour cela pourquoi ne pas présenter le livre comme un objet illicite et l’interdire ?! De quoi inciter les esprits rabat-joie à s’intéresser de plus près à la lecture.

Donc, la première étape est de rendre la lecture plus polaire et accessible, d’une part. D’autre part, qu’en est-il des études en traduction ?! Je dois confesser qu’étudier la traduction fut l’une de mes plus grandes désillusions, et cela, pour diverses raisons : déjà parce que j’idéalisais le milieu de la traduction, dans ma tête j’allais étudier en français, on ne serait pas tout un troupeau d’étudiants face à des professeurs démunis qui eux-mêmes, pour la plupart, n’étaient pas arabophones, il y aurait un programme clair et net, on aurait accès à des labos de pros et surtout, on ferait des traductions littéraires. Mais en fait, non, ce n’était pas cela du tout. J’aurais surtout traduit des bouts d’articles de journaux. Avec le temps, et bien après avoir fini mes études en traduction, j’aurais compris que soit on est traducteur soit on ne l’est pas, et si on a en nous la fibre traductrice, il faut la nourrir de lecture. La traduction est avant tout un acte d’amour et en traduction littéraire, il est indispensable d’aimer ce qu’on traduit ; c’est une vocation. Enfin, j’aimerais en venir à la traduction de la littérature Algérienne. C’est à qui de la traduire ? Je dirai : toute personne qui s’y intéresse et qui est passionnée par elle. Pas mal d’auteurs algériens sont déjà traduits, par exemple, vers la langue espagnole, comme Anouar Benmalek, Assia Djebar, et tout récemment Kaouther Adimi. Le seul hic Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 20


Interventions d’Une Meute littéraire que je pourrais émettre est qu’il semble que si ces auteurs sont traduits c’est parce qu’ils ont déjà une visibilité à l’étranger. Un auteur connu et édité qu’en Algérie aura du mal à se faire traduire à l’étranger. Un traducteur algérien peut-il faire voyager une œuvre au-delà des frontières géographiques ? Quelle aide a-t-il ? Combien sont-ils, ces traducteurs littéraires ? Quel statut ontils ? Qu’ils se manifestent ! Que les tisseurs de mots, écrivains-géniteurs et écrivains-traducteurs-accoucheurs se mettent à travailler conjointement et cela peu importe leurs nationalités et langues et qu’ils se mettent à construire des ponts de compréhension menant à la sagesse. M.N

Par Aziz Salhi

Une littérature qui plaisante Alors qu'on la qualifie souvent de provocatrice, de militante, de sensuelle et de subversive, et qu'elle comprend dans ses œuvres -on l'aura deviné, il ne s'agit pas d'une femme- une écriture qui s'inscrit dans un registre critique, la littérature algérienne -voilà ! C’est elle !dénote une absence manifeste d'humour. Si la société algérienne, dans sa grande diversité culturelle et panache historique, est d'une nature qui oscille entre tragique et burlesque, on peut se demander pourquoi, dans sa littérature, le poids est d'un seul côté de la balance. Il n'est pas là, question de faire l'apologie d'une conception en faisant la diatribe sur une autre mais, simplement, de faire le constat d'un vide. S'il est vrai que les tragédies se succèdent depuis des siècles en Algérie, la littérature algérienne aussi est une littérature du tragique, du désenchantement. On a vu naître durant la sombre décennie une écriture de la violence, de l'horreur et de la peur comme réponses instinctives au chaos et à l'inhumanité qui gangrénaient la société. Difficile, il est vrai, de prendre du recul dans ce contexte et faire des plaisanteries. Pourtant, ceux qui ont vécu à cette époque se souviennent aussi des rires partagés entre amis ou avec des membres de la famille, chez soi ou dans la rue. Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 21


Interventions d’Une Meute littéraire On n'a pas cessé, même dans le gouffre des tourmentes, de se raconter des blagues et de regarder, par exemple, des sketchs. Comme si la société retrouvait, à chaque fois, dans ses tourbillons, son équilibre naturel. Il ne fallait pas plus d'arguments : il y a dans le rire un instinct de survie qui permet de surmonter la gravité de la situation. Comme si l'on prenait en paraphrase Abderrahmane Lounès, qui demanda radicalement à un homme de ne pas prendre sa vie trop au sérieux parce que, de toute façon, il ne va pas s'en sortir vivant. Tourner les choses en dérision. Soupape. Dépassement.

un œil sur ce qui pourrait, sans l'ombre d'un doute, constituer l'embryon d'une nouvelle tendance. L'écriture humoristique comme thérapie sociale. Un mouvement émancipateur d’un type nouveau, un domaine à cultiver. A.S

Sérieuse, la littérature algérienne l'a de tout temps été. On lit, c'est beau, on est ému, indigné, on veut sortir dans la rue, courir avec des drapeaux, faire la guerre, l'amour ou, dans un délire existentiel, interroger le divin, etc... Mais si l'humour existe, il est de surcroit, une transgression de style. L'ensemble prend le dessus. L’humour est un intrus et on ne rit, alors, que par accident. On voit aujourd'hui apparaître sur les réseaux sociaux une panoplie de plumes les unes aussi originales que les autres. Les amateurs du web connaissent certainement El-Manchar, une page satirique à laquelle sont abonnés, à l’heure actuelle, des dizaines de milliers d'internautes. On peut entendre un aveu dans le nombre croissant, l'appel implicitement exprimé d'une collectivité. Les critiques devraient jeter Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 22


Interventions d’Une Meute littéraire Par Lydia Ab

La littérature algérienne, avant et maintenant Si nous devions faire l'exégèse de la littérature algérienne, nous ne saurions en parler sans citer des noms ayant marqué l'histoire littéraire de l'Algérie, je pense à Jean Amrouche, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri ou encore Assia Djebbar et Rachid Boudjedra et bien d’autres encore, ceci n’étant pas une liste exhaustive. Nous pouvons dire qu'ils sont des classiques car leur écriture a traversé le siècle en cours en apportant un témoignage du vécu de leur temps. Avec talent, ils ont su transmettre un témoignage historique, social et culturel qui est une base conséquente à notre patrimoine littéraire. Certains, si ce n'est tous, ne sont plus à présenter, leurs ouvrages sont accessibles à tous et souvent dans plusieurs langues, ce qui permet d'avoir un lectorat de différents horizons linguistiques. De nos jours (et c'est ce volet que nous voulons traiter aujourd'hui), il y a une nouvelle écriture qui voit le jour, nous avons du mal à la classifier, lui trouver un genre tant les écrivains actuels ont un style différent. Ils se rejoignent cependant sur un fait, celui de "raconter des histoires" qu'ils supposent générales, du moins, c'est ce que donnent comme impression leurs écrits. Je juge avant tout l’œuvre littéraire qui est souvent plus de l’ordre du journal

intime que de la littérature proprement dite. Si nous sommes réunis au forum aujourd’hui, ce ne devrait pas être pour promouvoir l’état statique des choses mais afin de pointer du doigt une faille que beaucoup voient. Certains écrivains actuels, en donnant l’impression de dénoncer, tombent dans l’injure et l’insulte. Pourtant l’intellectuel ou celui qui se prétend l’être se doit de respecter son lectorat en lui apportant des récits où l’analyse y est présente et où il tente de répondre à certaines questions de faits sociaux. Par exemple, au lieu de vociférer hystériquement contre l’intégrisme, il serait judicieux de faire une œuvre explicative et exhaustive sur les raisons qui ont conduit notre pays à l’impensable et produire une analyse sociologique qui embrasse le phénomène social dans sa totalité, sans réduction psychologisante et confortable ; que l’on produise du concept et non plus du pathos dont nous sommes submergés à chaque fois que cette question est évoquée. Tandis que les générations ayant vécu la guerre ou la décennie noire pouvaient plus ou moins se reconnaitre dans les écrits de leurs temps, pouvons-nous en dire autant des nouvelles écritures de nos jours? Je ne suis pas certaine que ce soit le cas, personnellement, je ne me reconnais pas dans un livre qui ne parle que de l'auteur lui-même, même sous forme romancée car j’ai souvent cette impression qu’ils veulent faire d’un drame personnel une réalité générale, cette prétention m’empêche d’apprécier l’écriture dite « moderne ». Pourtant j'ai remarqué et je ne suis pas la seule, que la scène médiatique est Une Meute littéraire au FIR-A, Déc.2016 23


Interventions d’Une Meute littéraire monopolisée par ces mêmes noms qui ne me représentent ni moi, ni ma société, tombant dans les lieux communs ou les encourageant. Autour de notre groupe « Une Meute littéraire » gravitent de jeunes écrivains qui débutent et qui ont la capacité de bouleverser les choses car ils ont pris conscience que s'ils ne se reconnaissaient pas dans l'écriture des autres, ils devaient combler cette lacune en faisant de leur production littéraire une œuvre globale et non plus personnelle. Nous avons pu voir qu'ils avaient du mal à "percer". Bien sûr, il est d’ordinaire qu'un auteur puisse connaitre des aléas à ses débuts mais s'agit-il réellement d'aléas légitimes? Je m'explique, Nous avons constaté que le marché du livre algérien n’est pas si bien équilibré et que d'un point de vue économique, le livre est devenu une marchandise, ce qui nous a amené à nous demander si les éditeurs ne pensaient plus la littérature qu’en matière de rentabilité et non plus forcément en matière de qualité. Les éditeurs paraissent méfiants envers les écrivains débutants, par exemple pour publier un recueil de poésie, l’argument que le genre risque de ne pas marcher revient souvent. Celui du budget bouclé aussi, pourtant ils acceptent immédiatement lorsqu’il s’agit d’une édition à « compte d’auteur ». Les défaillances dans le circuit du livre sont nombreuses, je citerai la mauvaise gestion de la distribution qui empêche

les maisons d'éditions d'écouler leurs stocks et les librairies qui ne sont pas non plus nombreuses cherchant, elles aussi la rentabilité. Qui pourrait leur en vouloir, il s'agit d'un gagne-pain qu'ils ne voudraient pas risquer. A vrai dire, plus on observe la nouvelle scène littéraire algérienne et plus on est tenté de croire et d'induire qu'il y a une certaine mainmise de quelques personnes auto-proclamées « nouvelle élite » algérienne et qui conduit, par conséquent, à un étouffement d’une jeunesse qui ne souscrirait pas forcément aux mêmes diktats et qui refuse de s’aligner sur la doxa mondialisée que l’on nous présente, qui est que le « progrès » soit l’unique alternative au marasme actuel. La scène algérienne est encore vierge et pourrait accueillir de nouvelles plumes aux œuvres conséquentes qui pourraient marquer, à leur tour, la littérature algérienne. Nous avons la responsabilité d’agir et en attendant que les choses s'améliorent, nous ne restons pas les bras croisées, nous avons constitué un groupe qui tente de promouvoir la littérature et la lecture au sein de la société en organisant des événements littéraires ou des rencontres avec les auteurs, nous ne sommes pas seuls à vouloir faire entendre qu'il y a une différence entre la littérature et le bavardage et que pour être un écrivain, il y va de prendre conscience d'une responsabilité envers son lectorat et envers son action culturelle au sein de la société. L.A

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Bilans, Feedback, Projets Bilans des deux jours au FIR-A : 1ère journée au FIR-A: "Une Meute littéraire" devait intervenir lors de la session 3 qui se déroulait de 14h à 16h au niveau de la BN d'El Hamma. A la suite des diverses interventions rendant hommage au traducteur émérite Marcel Bois, il était déjà 15h45. Lorsque la parole nous a, enfin, été donnée, "Une Meute littéraire" n'a pas pu aller au bout de son intervention. Cependant, nous estimons que c'est un mal pour un bien car demain, le Mardi 15 Décembre, entre 14h et 16h30 à la Villa Dar Abdellatif (siège de l'AARC) , "Une Meute littéraire" reprendra là où elle a dû s'arrêter et laissera à son tour la parole aux auteurs l'accompagnant. Toujours dans un souci de promotion de la littérature au sein de la société, le groupe fera en sorte de poser un constat et de se questionner sur la scène littéraire algérienne. Nous comptons sur votre présence, chers membres. 2ème et dernière journée: "Une Meute littéraire" était aujourd'hui, Mardi 15 Décembre 2015, à 15h, à la Villa Dar Abdellatif, dans le cadre du Forum International du Roman-Algérie. -Une première partie a été consacrée à la "crise de lecture et jeunes alternatives" qui a consisté à souligner le manque de moyens mis en œuvre par les structures officielles afin de promouvoir la lecture et son ancrage dans notre société mais aussi, à parler des actions menées par divers groupes ou collectifs afin de combler cette lacune: "Une Meute littéraire", "Germanisten Magazin" ou encore

"Beez Magazine" ont été cités à titre d'exemples. Cette première partie a mis l'accent, également, sur la traduction et son application localement, le constat que les traducteurs littéraires algériens ne sont pas présents sur la scène littéraire a été posé. -Une seconde partie a permis de donner la parole à des écrivains en herbe: Lyes Rezkini, Anis Saidoun, Chahinez Fettaka, Walid Mohamed Grine et Djawad Rostom Touati. Chacun, à tour de rôle, sont intervenus sur leurs expériences pour certains et ont fait une critique de la scène littéraire algérienne actuelle pour d'autres. "Une Meute littéraire" est fière d'avoir pu s'exprimer sur la littérature algérienne, d'avoir su et pu, parler des réels obstacles que rencontre cette jeune génération, aux capacités et potentiel grandissant. Nous ne saurions clôturer ce récapitulatif sans remercier Madame Nadia Sebkhi, présidente du FIR-A, qui a su voir en nous le meilleur en nous incluant deux jours de suite dans son programme. Nous remercions les présents, fidèles au poste et tous ceux qui se sont déplacés pour nous écouter. Ce fut une expérience enrichissante et pour garder une empreinte de ce qui a été dit dans les diverses interventions, nous publierons ultérieurement une brochure les résumant. "Une Meute littéraire" et Point de lecture-Algérie- vous donnent rendezvous prochainement pour de nouveaux événements.

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Bilans, Feedback, Projets Feedback d’Anis Ababsia Parce que les retours, c'est important. La meute n'a eu, en tout et pour tout, qu'une brève heure pour faire passer l'ensemble de ses intervenants. Pour cause, une organisation jumelée avec un autre événement, qui, certes, vous a bouffé du temps, mais a permis, en contrepartie, un bel échange intergénérationnel. La première partie, consacrée à "la crise de lecture et jeunes alternatives" aurait fait un parfait sujet de table ronde. Les problématiques soulevées, notamment par Lydia sur le rôle de l'école dans la sensibilisation des jeunes à la lecture, mais aussi celle sur les traductions littéraires supposées, quasi-absentes, suscitent débat, et nécessitent échange. Je vous encourage à organiser des événements futurs uniquement consacrées à ces thématiques-ci, à condition que ce soit de manière plus interactive, moins frustrante. Les interventions, en soi, auraient pu être plus structurées, plus méthodologiques, plus chirurgicales. J'aurais mieux vu Aziz dans la deuxième partie (Excellent texte au passage), j'aurais préféré une Lydia plus fluide, moins linéaire et frôlant la lecture oralisée, et surtout, je déplore un excès de Pathos chez Myriam, qui aurait pu traiter de la question avec plus de distance, plus de recul.

Deuxième partie, dédiée aux écrivains en herbe : Chapeau pour Djawad Rostom ; Intervention des plus pertinente, traitant d'un sujet abyssal de la manière la plus concise qui soit. Fluide, Drôle, accrocheur. Deux mots : Brio et Maestria, tant sur le fond que sur l'intervention même. Concernant Anis, je crois que son plus grand mérite a été aujourd'hui, de ne pas s'étaler, et à ma bonne surprise, c'est à une intervention brève et non moins intéressante à laquelle j'ai eu droit. Lyes, un magma de talent et de grossièreté, LA découverte : Bravo ! Enfin, un Mohammed Walid beaucoup plus dans l'échange, qui a bien su conclure, mais dont l'intervention appelait à un écho-sourd ; Là encore, l'absence d'interaction a fait tache. Heureusement, le coup est sauvé par l'événement3 qu'il organise, s'inscrivant dans la continuité de la thématique qu'il a abordé. En somme, je dirais que, malgré les circonstances, vous vous êtes très bien débrouillé. Je vois une meute plus professionnelle, plus experte, plus mature, qui quitte bel et bien l'amateurisme. Pour conclure, je vous encourage et vous invite à organiser plus de rencontres, au-delà des événements officiels. Merci à vous tous, organisateurs et intervenants. Evénement réussi, ce fut un plaisir.

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Café littéraire sur "La censure et l'autocensure dans l'écriture" organisé par Mayhem Cop

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Bilans, Feedback, Projets Projets d’Une Meute littéraire : Ceux qui ont l’habitude de venir à nos événements peuvent témoigner de la diversité des thèmes ayant été traités tout au long de ces deux années d’existence. De péripéties en réussites, l’équipe d’Une Meute littéraire a toujours fait ce qu’elle pensait de mieux afin de sensibiliser le plus de personnes à la lecture et à la littérature. Des défis ont été relevés et avec les moyens du bord, c’est-à-dire aucun moyen – sauf celui d’un travail acharné, de demandes de salles et de nos tirelires cassées-, nous avons tenté tant bien que mal de vous offrir des événements littéraires. Une Meute littéraire compte bien continuer sur sa lancée et réserve à son public, fidèle et toujours présent, une série d’événements aux thèmes tout aussi variés. L’année 2016 promet d’être une année de folie avec « Une Meute littéraire,10èmeédition » autour du même thème, c’està-dire « La folie » dès la rentrée et notre participation au « Printemps des poètes »

qui est d’ores et déjà programmée pour le mois d’avril prochain. Nous projetons pour la nouvelle année de mieux nous pencher sur la littérature algérienne, la décortiquer et tenter de faire un travail de fond sur la scène littéraire algérienne. Les membres changent mais l’esprit reste le même : tenter d’ancrer le goût de la littérature et de la culture autour de nous, à Alger – puisque la plupart des membres y viventmais aussi dans les autres wilayas. Nous comptons sur nos nouvelles rencontres afin de faire voyager notre concept ailleurs que sur la capitale. Les « Flashs-Meutes » vont revenir de plus belle, également, afin de toucher aux autres cercles, tel que l’économie, la peinture, la musique ou encore le cinéma et bien d’autres. Au-delà des événements officiels, il serait intéressant d’organiser des rencontres afin d’échanger autour de thèmes divers. Et comme une meute évoque les loups, nous comptons toujours sur la participation des personnes qui nous suivent de près afin d’obtenir des conseils, des suggestions, des propositions, des commentaires, des critiques, des collaborations ou des contributions. Pour finir, je dirai que nous avons tous une responsabilité, celle d’agir, que sans celle-ci, rien ne risque de changer. C’est moins « changer le monde » qui importe que celui de changer nos habitudes, de prendre conscience que nous sommes matraqués par les appels à la consommation et que nous oublions, pour la plupart d’entre tous, de produire. Une Meute littéraire vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année et vous donne rendez-vous très prochainement, sans oublier de vous remercier pour votre présence et votre fidélité.

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Des souvenirs en images

Une Meute littĂŠraire au FIR-A, DĂŠc.2016 28


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