LES DOSSIERS P.67 EN SAVOIR PLUS SUR LA VIE
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D'ALTHUSSER, SES COMBATS, SES SOUFFRANCES
P.68
Un meurtre sans mobile, un meurtre sans responsabilité
P.71
Irresponsable… Et la vie après ?
P.73
Les blessures de l’enfance
P.76
Pourquoi avoir rouvert le livre ?
P.78
De quel mal était-il frappé ?
P.80
Je t’aime, moi non plus
P.86
Son slogan : faire bouger les choses !
P.88
École normale supérieure, un temple de l’intelligentsia française
P.89 L'ABBÉ MESLIER, CURÉ ATHÉE,
SOCIALISTE ET RÉVOLUTIONNAIRE
P.90
En Ardenne au XVIIème siècle
P.92
Un ouvrage qui aurait pu disparaître
P.94
Un curé de campagne tout à fait ordinaire
P.96
Les certitudes de l’abbé Meslier
P.97
Un curé contestataire, révolutionnaire, athée dans le secret de son presbytère…
P.100
La bibliothèque de l’abbé Meslier
P.103
La France de Louis XIV
P.105
L’indignation d’un témoin de son temps
LE POÈME 2
LES PETITS CAHIERS DU POÈME 2
révolutionnaire, communiste avant l'heure UN DOSSIER DE CHRISTIAN DRUITTE
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Meslier, curé de campagne athée,
II
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EN ARDENNE AU XVIIÈME SIÈCLE ÉTRANGE DESTINÉE QUE CELLE DE L’ABBÉ MESLIER QUI COMME LE DOCTEUR JEKYLL, LE HÉROS DU CÉLÈBRE ROMAN DE ROBERT LOUIS STEVENSON PUBLIÉ EN 1886, MENAIT UNE DOUBLE VIE ; À LA FOIS, CELLE D’UN BRAVE CURÉ DE PROVINCE, DÉVOT, PIEUX ATTENTIF À SES OUAILLES ET CELLE D’UN IMPITOYABLE POURFENDEUR DES IDÉES QUI LUI AVAIENT ÉTÉ INCULQUÉES AU SÉMINAIRE… Incrédule, anticonformiste, libertaire et révolutionnaire, il laissa, pour après sa mort, un texte manuscrit qu’il avait intitulé : Mémoire des pensées et des sentiments de J. M., Prêtre, curé d’Estrepy et de But. Sur une partie des abus et des erreurs de la conduite et du gouvernement des hommes, LE POÈME 2
ou l’on voit des démonstrations claires et évidentes de la vanité et de la fausseté de toutes des divinités et de toutes les religions du monde pour être adressé à des paroissiens après sa mort et pour leur servir de témoignage de vérité à eux et à tous leurs semblables… Dans une France écrasée par l’absolutisme du pouvoir royal de Louis XIV érigé en mission divine et encadrée par un clergé toutpuissant jaloux de ses prérogatives et gardien féroce de ses dogmes, il y a témérité d’oser dénoncer en ces termes les abus du pouvoir temporel et d’affirmer la vanité et la fausseté des religions. C’est encore l’époque où ceux qui sont convaincus d’impiété ou de blasphème sont impitoyablement pousuivis par les tribunaux et encourent après tortures diverses des peines pouvant aller de l’envoi aux galères à la mort par la
UN LIVRE INDISPENSABLE LIRE JEAN MESLIER
Serge DERUETTE, professeur aux Universités de MonsHainaut est l’auteur de cet ouvrage de référence qui comblera tous ceux qui veulent tout savoir sur le curé Meslier, ses doutes, ses indignatons, ses révoltes, ses reniements et ses parjures.Non content de situer Meslier dans les idées de son temps, l’auteur actualise sa pensée en montrant sa force révolutionnaire prémonitoire et il le définit comme un pré-marxiste. Un des intérêts de cet ouvrage réside dans le fait que Serge Deruette feuillette le « Testament » chapitre par chapitre en faisant la présentation et l’exégèse. Il en permet ainsi une lecture accessible dégagée des lourdeurs d’une réthorique parfois lourde et souvent répétitive qui caractérisent le style du curé Meslier. « Lire Jean Meslier », outre son caractère d’analyse universitaire, est un outil pédagogique indispensable pour tous ceux qui veulent approfondir ou découvrir l’histoire de ce curé hors du temps et annonciateur de bien des révolutions.
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CURÉ ET ATHÉE RÉVOLUTIONNAIRE SERGE DERUETTE, ÉDITIONS ADEN, BRUXELLES (411 PAGES)
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pendaison ou le bûcher. Pour rappel, le supplice du chevalier de la Barre, jeune aristocrate normand qui, accusé de blasphème et de sacrilège fut traîné devant les tribunaux, éxécuté après avoir subi d’horribles supplices quarante ans après la mort de Meslier. C’est vraisemblablement pour échapper à un sort funeste que l’abbé Meslier a tenu secret le fruit de ses réflexions, de ses analyses et de ses révoltes ; six cents pages d’une écriture fine et régulière, rangées dans une enveloppe de papier qui ne seront découvertes qu’à sa mort et seulement diffusées une cinquantaine d’années plus tard dans le milieu des Encyclopédistes. Peut-être parce que son propos est d’une rare violence, parce que ses accusations contre le pouvoir et la religion constituent un véritable appel à la révolte, Meslier, bien que parfois cité, voire même édité en partie par Voltaire, est resté dans la pénombre du siècle des Lumières.
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UN OUVRAGE QUI AURAIT PU DISPARAÎTRE LES TEXTES SULFUREUX DE L’ABBÉ ONT CONNU UN BIEN ÉTRANGE DESTIN… DES COPIES SONT ARRIVÉES À PARIS OÙ ELLES ONT ÉTÉ DISTRIBUÉES SOUS LE MANTEAU. L’un des volumes tombe en 1735 dans les mains de Nicolas-Claude Thiériot qui en avise son ami Voltaire alors en délicatesse avec le pouvoir pour la parution des « Lettres philosophiques » et réfugié au château de Cirey en Champagne. « Quel est donc ce curé de village dont vous me parlez ?, - écrit-il à Thiériot le 16 novembre de la même année -, il faut le faire évêque du diocèse de Saint-Vrain. Comment ? Un curé, un français aussi philosophe que Lock. Ne voulez-vous point m’envoyer le manuscrit, je vous le rendrai très fidèlement. » Ce n’est que 27 ans plus tard, en 1762, que Voltaire donnera une destinée au texte sous la forme d’un LE POÈME 2
opuscule intitulé « Sentiment du curé Meslier ». Il ne s’agit pas d’une édition complète mais d’une sorte de florilège limité aux attaques contre la religion catholique. Cinq mille exemplaires auraient circulé. « Il paraît que le Testament fait grand effet, écrit-il à Dalembert le célèbre encyclopédiste. Tous ceux qui le lisent demeurent coinvaincus ; cet homme discute et prouve. Il parle au moment de la mort, au moment où le menteur dit vrai ; voilà, le plus fort de tous les arguments. Jean Meslier doit convertir la terre. Pourquoi son Évangile est-il en si peu de mains ? Que vous êtes tièdes à Paris ! Vous laissez la lumière sous le boisseau. » Peut-être à cause de sa virulence, ce texte dangereux reste réservé à « l’enfer des bibliothèques ». Et quand il ressurgit, il subit les foudres de la censure. Ainsi, en 1775, le Parlement de Paris décrète sa destruction par le feu et Rome le met à l’Index. Le souffle de liberté de la Révolution de 1789 lui
Ainsi combattue, la pensée de Meslier aurait pu disparaître à jamais si en 1864, Rudolf Charles d’Ablaing van Giessenburg, un libre penseur franc-maçon zélé n’avait découvert un volume arrivé on ne sait comment dans la boutique d’un antiquaire hollandais. Évidemment séduit, et pour cause, par le caractère libertaire du texte, il le fait publier à ses frais, en version intégrale sous le titre Le Testament de Jean Meslier sans toutefois pouvoir le sortir du cercle encore très fermé de la libre pensée.
LE CURÉ MESLIER OUBLIÉ ? Certainement en France mais pas en Russie ou il est traduit en 1924 par les soviétiques, parce qu’ils voient en lui un précurseur du socialisme révolutionnaire. À défaut d’avoir été honoré en France, il l’est dans la Russie bolchevique et son nom est gravé sur un obélisque érigé en 1918 dans le parc Gorki à Moscou, à la mémoire des précurseurs du socialisme ; entre autres, Marx, Engel, Liebknecht, Fourier, Jaurès, Proudhon. Aujourd’hui redécouverte, l’œuvre constitue certainement un des textes majeurs de la libre pensée, de l’athéisme, de l’anticléricalisme en même temps qu’elle est l’annonce prémonitoire des profonds bouleversements de société et des révolutions libératrices qui ne manqueront pas de marquer les siècles suivants.
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Obélisque à Moscou
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redonne vie et en 1792, un Décret de la Convention resté sans suite, propose qu’une statue soit érigée en l’honneur de « Jean Meslier, curé d’Étrépigny en Champagne, le premier prêtre qui eu le courage et la bonne foi d’abjurer les erreurs religieuses. » La Restauration et le retour des Bourbons sur le trône de France rend à l’Église les pouvoirs qu’elle avait perdus et l’esprit de censure refait immanquablment surface. L’œuvre de Meslier est maintes fois interdite par des jugements divers ; du Tribunal correctionnel de la Seine en 1824, de la Cour d’assises du Nord en 1835, de la Cour d’appel de Douai en 1837 et la Cour d’assises de la Vienne en 1838.
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UN CURÉ DE CAMPAGNE TOUT À FAIT ORDINAIRE JEAN MESLIER EST NÉ EN 1664 À MAZERNY, UN PETIT VILLAGE DES ARDENNES FRANÇAISES, CANTON DE NOUVION-SUR-MEUSE QUI COMPTE AUJOURD’HUI CENT VINGT-TROIS HABITANTS. Son père Jean était soit petit artisan soit ouvrier dans les métiers de la fabrication du tissu. Il reçoit l’enseignement primaire du curé de la paroisse et comme il apparaît très doué pour l’étude, il est envoyé au séminaire de Reims ; il y est ordonné prêtre en 1688 et envoyé comme curé de paroisse à Étrépigny non loin de Charleville. Selon Voltaire, dont on ignore les sources, sa conduite n’était pas irréprochable… On lui reprochait de choisir des servantes trop jeunes. Sa hiérarchie, par contre, n’appréciait pas qu’il prononce en chaire de vérité des sermons trop LE POÈME 2
agressifs à l’encontre d’un seigneur de l’endroit qui maltraitait les paysans placés à son service. Ces libertés lui valurent plus d’un rappel à l’ordre de la part des autorités ecclésiastiques et une convocation pour remontrance chez l’Archevêque de Reims qui l’obligea à recommander ledit seigneur aux prières de ses paroissiens. Discipliné, du moins en apparence, il s’exécute au cours d’un prêche marqué du mépris éprouvé pour une hiérarchie catholique dominatrice pour les petits et soumise aux grands. « Voilà, dit-il en chaire de vérité, le sort ordinaire des pauvres curés de campagne ; les archevêques qui sont de grands seigneurs ne les écoutent pas ; ils n’ont des oreilles que pour la noblesse. Recommandons donc le seigneur de ce lieu et prions pour lui. »
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Église d'Étrépigny, Wikicommons
Mais dans l’ensemble, il fut un curé de village classique se partageant entre ses obligations sacerdotales, ses lectures saintes ou savantes et la rédaction de son « testament » ; un flot de textes accusateurs, polémiques, passionnés, souvent redondants qui révèle une très grande culture de l’Antiquité, une profonde connaissance des auteurs latins et des penseurs de son époque. Dans sa bibliothèque, la Bible, des textes de Pères de l’Église, des compte-rendus des Conciles,
des auteurs latins dans le texte, mais aussi des ouvrages de Montaigne, de Vanini, de La Bruyère, de Pascal, de La Boétie, de Malebranche et de Fénelon. Il possédait aussi le Dictionnaire philosophique de Pierre Bayle. Ces auteurs qui sont quasi ses contemporains alimenteront bien évidemment son questionnement critique. Humble, charitable et gardant l’essentiel de sa révolte pour son « secret », le curé Meslier vit dens l’austérité et retiré du monde.
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La lecture occupe l’essentiel de son temps libre. Il commence la rédaction du Testament vers la fin de sa vie survenue en 1729. Il est prétendu qu’il se serait laisser mourir suite à ses démêlés avec sa hiérarchie… Pour toutes funérailles, une simple inhumation dans le jardin de la sacristie de son église par deux curés des
environs. Nulle mention de son décès n’est faite au registre de la paroisse dans lequel le dernier texte signé de sa main date du 7 mai 1729. Le texte suivant est de son successeur et est daté du 27 août de la même année…
LES CERTITUDES DE MESLIER, CHAPITRE 96 La lecture du « Testament » est sans conteste ardue et parfois rendue pénible par la longueur et la répétition d’une argumentation parfois confuse, l’abondance des références historiques et bibliques et le manque de clarté de la structure. Pour l’essentiel, Meslier développe sept raisons qui l’amènent à nier l’existence de Dieu, à renier la religion et à contester le pouvoir sous toutes ses formes.
1 - Les religions ne sont que des inventions humaines.
2 - La divinité du Christ, les Évangiles et les miracles, fondements du christianisme relèvent de l’imposture.
3 - Les sacrifices humains ou d’animaux révèlent un Dieu cruel qui ne peut exister puisque un Dieu doit être amour. Donc, il n’existe pas.
4 - Les prophéties divines ne se réalisent pas, donc Dieu n’existe pas.
5 - La Sainte-Trinité est une pure construction mentale car il ne peut exister trois personnes LE POÈME 2
en une. Le sacrement de la communion, - l’hostie corps et sang du Christ, relève de l’idolâtrie.
6 - Le christianisme est une fausse religion car il se fait complice de l’oppression des peuples par les rois, participe à toutes les injustices de la société et empêche les hommes d’être heureux par ses préceptes relatifs a la vie sexuelle.
7 - Dieu n’a pas créé le monde. C’est la matière douée de mouvement et capable de se transformer par ellemême qui l’a fait devenir ce qu’il est sans intervention directe.
Pour lui, la religion n’était que « mensonge, erreur et imposture ». Non seulement il doute mais il accuse, pourfend et renie. Cette violente révolte, qu’il ne pouvait évidemment pas proclamer au grand jour, il la consigne dans un manuscrit qui ne sera découvert qu’après sa mort.
Dès les premières lignes, il s’explique sur ce qui aurait pu être interprété comme veulerie, duplicité voire lâcheté ? « Il aurait été trop dangereux et trop fâcheuse conséquence de dire ouvertement, pendant une vie, ce que je pensais de la conduite et du gouvernement des hommes… J’ai résolu de le dire après ma mort… » Tout en demandant pardon pour ne pas avoir affiché publiquement ses convictions, il regrette d’avoir d’avoir été un mauvais prêtre qui préchait le contraire de ce qu’il pensait.
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SANS LE PROCLAMER CAR C’EUT ÉTÉ SACRILÈGE VOIRE MÊME SUICIDAIRE DANS UNE FRANCE CONTRAINTE AU RESPECT DES LOIS, DES PRINCES ET DE LA RELIGION, MESLIER AVAIT TOURNÉ LE DOS À CE QUI ÉTAIT SA RAISON D’ÊTRE SOCIALE.
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UN CURÉ CONTESTATAIRE, RÉVOLUTIONNAIRE, ATHÉE DANS LE SECRET DE SON PRESBYTÈRE…
Pendant plus de six cents pages, l’abbé va déconstruire avec
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« J’ai facilement reconnu non seulement la source et l’origine de tant d’erreurs, de tant de superstitions et de tant de si mauvais gouvernements ; j’ai reconnu encore la raison pourquoi, ceux qui passent pour sages et éclairés dans le monde, ne disent rien contre tant de si détestables désordres, quoiqu’ils connoissent suffisamment les misères des peuples séduits et abusés par tant d’erreurs et opprimés par tant d’injustices ».
Le manuscrit
LE POÈME 2
obstination et fureur tout ce qui constitue la base de la société de son temps : le pouvoir de l’autorité civile dont la monarchie est le symbole le plus absolu ; la toute puissance de l’Église qui aveugle ses fidèles pour mieux les dominer et les contraindre… Mais l’abbé ne s’en tient pas là… Il appelle à la désobéissance, à la révolte, à l’élimination des tyrans et à la construction d’une société égalitaire dans laquelle d’aucuns verront une préfiguration du socialisme utopique et du marxisme.
SPINOZA, LE PRÉCURSEUR
Baruch SPINOZA (1632-1677) théologien hollandais, échappant de peu aux foudres de la répression, dénonçait dans son « Traité de théologie politique (1670) » l’interaction de la religion et du pouvoir et l’asservissement des populations crédules. Il contestait l’explication de Dieu que donnait la religion catholique : un Dieu à visage humain créateur de toutes choses. Refusant de lui donner cette définition anthropomorphique telle que rapportée par les textes bibliques, il le définissait comme la nature toute entière… Pour dire simplement, Dieu était la nature ellemême … Et non son créateur. Les religions n’étaient donc que mensonges et inventions humaines. Meslier écrira la même chose parce qu’il est comme bien d’autres l’interprète d’un questionnement de son temps qui ne prendra toute sa force invincible et libérée que quelques dizaines d’années plus tard dans le siècle des Lumières.
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des poursuites hors des frontières catholiques avaient mis en doute les fondements de la religion catholique, et avaient engagé un débat sur le péché originel, la grâce divine voire l’existence de Dieu telle qu’elle avait été enseignée jusque-là.
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Ce serait grave erreur de croire que la pensée de Meslier est un phénomène unique, exceptionnel ou avantgardiste. Les idées sont toujours le reflet des questionnements de leur temps et pour éclore, comme les fleurs, elles ont besoin d’un terreau nourricier. Ce qui étonne chez Meslier, c’est la force de la chose exprimée ; c’est la passion de dire et de frapper sans retenue ; c’est la hargne à accuser Église et Pouvoir, la violence du propos et l’implacabilité du reniement. Depuis les Grecs anciens, depuis l’Antiquité donc, les hommes se sont interrogés sur le monde et son principe créateur donnant naissance soit à des idolâtries soit à des religions révélées. Il ne faut en tout cas pas perdre de vue que bien avant Meslier, le monde catholique a été traversé par bon nombre de crises et qu’il n’a survécu jusque-là que par son alliance avec des rois ou empereurs. Au début du XVIème siècle, un vent de contestation religieuse s’est élevé sur toute l’Europe. La Réforme voulue par certains esprits éclairés ouvre la porte au protestantisme, une nouvelle religion qui s’appuie sur une lecture libre et personnelle de la Bible, et qui rejette les pratiques cléricales abusives, l’autorité du pape et l’obéissance aux dogmes… Meslier s’inscrit dans cette époque en mouvement et en questionnement. Déjà, bien avant lui, des théologiens, souvent dans le plus grand secret sous des noms d’emprunt ou à l’abri
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LA BIBLIOTHÈQUE DE L’ABBÉ MESLIER LE CURÉ D’ÉTRÉPIGNY EST UN HOMME ÉMINEMMENT CULTIVÉ QUI MULTIPLIE AU FIL DES PAGES DE SON « TESTAMENT », CITATIONS ET RÉFÉRENCES À DES ÉCRIVAINS PHILOSOPHES DONT LES TEXTES SONT ACCESSIBLES ET LARGEMENT DIFFUSÉS GRÂCE À L’INVENTION DE L’IMPRIMERIE QUI A DÉJÀ DEUX SIÈCLES. Il possède des textes des auteurs suivants :
GIULIO CESARE VANINI (1585-1619) Théologien italien entré dans les Ordres et accusé d’athéisme après la publication d’ouvrages proscrits par la Sorbonne. Il est jugé et condamné au bûcher pour panthéisme, blasphèmes, mauvaises mœurs et entretien de relations contre nature. Influencé par le moine italien Giordano Bruno, qui sera lui aussi condamné par l’Inquisition LE POÈME 2
pour avoir dénoncé l’imposture de l’enseignement de l’Église, le dogme de la Sainte-Trinité, la transsubstantiation, (le sang et le corps du Christ présents dans l’hostie), et l’imposture qu’est la prétendue virginité de Marie, mère de Jésus.
ÉTIENNE DE LA BOÉTIE (1530-1563) Écrivain et juriste français auteur du « Discours de la servitude volontaire ou du contr’Un » dans lequel il dresse un réquisitoire contre toute autorité exercée envers les populations dont il déplore les soumissions. Il est en quelque sorte un apôtre de la désobéissance et un pourfendeur de toutes les résignations. Il ne s’oppose pas pour autant à l’Église et il prie Dieu pour qu’il punisse les oppresseurs.
NICOLAS MALEBRANCHE (1530-1563) Prêtre, théologien influencé par la logique cartésienne.
Écrivain, théologien, homme d’Église, membre de la Cour de Louis XIV et précepteur d’enfants princiers. Il tombe en disgrâce après la publication de son roman « Télémaque » dans lequel le roi voit une critique de sa conception du pouvoir et de son autoritarisme.
LA BRUYÈRE (JEAN DE) (1533-1592) Écrivain, moraliste et avocat auteur de « Les Caractères et les mœurs de ce siècle ». Il s’y montre critique des abus de la société de son temps tout en étant respectueux des Institutions. Dans le « Dialogue sur le Quiétisme » il s’attaque à cette doctrine mystique notamment défendue par Fénelon.
MONTAIGNE (MICHEL DE) (1533-1592) Philosophe, moraliste de la Renaissance auteur des « Essais », longue série de réflexions sur la morale, le monde et la vie avec pour but d’apprendre à se connaître soi-même. Catholique, il admet l’existence de Dieu mais n’accorde pas grande place à la Foi. « Ce n’est pas par réflexion ou par notre intelligence que nous avons reçu notre religion, c’est par voie d’autorité et par ordre étranger … » (Essais, tome II) « Je me résigne aux malheurs qui me frappent personnellement et pour me plaindre à moi, je considère non
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FÉNELON (FRANÇOIS DE SALIGNAC DE LA MOTHE) (1651-1715)
LE QUIÉTISME Doctrine mystique qui vise à la perfection chrétienne avec un désir continuel de présence et d’amour à Dieu qui est le seul but de la vie. Une véritable union mystique qui permet à l’homme de vivre dans une pieuse béatitude. Cette union affranchit l’âme de toute règle et l’autorise à s’abandonner au péché. Cette « déviance » est évidemment violemment attaquée par l’Église catholique et condamnée par une bulle du pape Innocent XII en 1699.
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La « pensée », c’est l’Être et puisque l’homme est capable de penser, c’est qu’il fait partie de l’être et que Dieu existe renfermant en lui la perfection de tous les êtres.
tant ce qu’on m’a enlevé que ce qui me reste … » (Essais, tome III)
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PASCAL (BLAISE) (1623-1662) Esprit prolixe, mathématicien, inventeur, philosophe et théologien. On lui doit notamment des recherches sur la mécanique des fluides, la géométrie, l’approche du calcul des probabilités et diverses inventions dont la première machine à calculer. Un de ses textes majeurs « Les Provinciales » constitue un apport à la philosophie sous forme de lettres publiées entre 1656 et 1657. Il y entre dans le débat sur le Jansénisme qui oppose les tenants de l’abbaye de Port Royal aux Jésuites et aux Dominicains jugés trop laxistes dans leur conception de la vie religieuse mais aussi, in fine, au roi Louis XIV. En 1661 l’abbaye est fermée par ordre du roi ; les Jansénistes sont décrétés hérétiques. Mystique et contemplatif, Pascal base sa foi sur le pari de l’existence de Dieu.
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LE JANSÉNISME Doctrine religieuse qui se développe notamment en France au cours du XVIIème siècle et qui s’oppose à la doctrine de l’Église catholique et au pouvoir royal. Ce courant ouvre le débat sur la grâce qui est, pour les Jansénistes, une nécessaire négation de la liberté des hommes pour les conduire au salut éternel. Rigoristes, ils s’opposent aux Jésuites et aux Dominicains qu’ils accusent de laxisme. Les Jansénistes dénoncent également la collusion entre l’Église et le pouvoir royal pour mieux dominer la société.
L’ENVIRONNEMENT SOCIOPOLITIQUE DANS LEQUEL A VÉCU LE CURÉ MESLIER PEUT EXPLIQUER BON NOMBRE DE SES INDIGNATIONS ET LES ACCUSATIONS QU’IL PORTE À L’ENCONTRE DES ABUS DE LA RELIGION ET DE L’ABSOLUTISME OUTRANCIER DU POUVOIR TEMPOREL. LE MONDE DE MESLIER, C’EST LA FRANCE DE LOUIS XIV.
absolu et prétendu de droit divin sur des territoires qu’il ne cessera de vouloir agrandir sous prétexte de les conforter au prix de guerres permanentes aux frontières ; au nord après une période d’alliance, contre les Provinces Unies (future Hollande), à l’est contre le Saint Empire germanique, les Habsbourg et au sud contre l’Espagne.
CONFLITS AUX FRONTIÈRES
Louis XIV poursuit de sa hargne tout mouvement susceptible de lui porter ombrage ou de contester son autorité.
CONFLITS INTÉRIEURS Depuis son accession au trône en 1654, celui qui se fera appeler le « Roi Soleil » exerce un pouvoir
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LA FRANCE DE LOUIS XIV
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Sous la couronne d’un roi chargé d’une mission divine, la France est un état catholique mais jaloux de son indépendance à l’égard du Vatican. On attribue à Louis XIV la formule, « l’État c’est Moi » ; on aurait pu lui faire dire: « l’Église, c’est moi aussi… » Et comme il ne peut exister qu’une seule Église, le roi réprime les différents courants de pensée qui voient le jour dans le classicisme naissant : les Libertins, les adeptes du Quiétisme et aussi, les Protestants qui depuis l’Édit de Nantes concédé par Henri IV en 1598, pouvaient pratiquer leur religion en toute liberté.
INTOLÉRANCE RELIGIEUSE Louis XIV qui ne tolère évidemment pas deux églises dans son royaume finit par abolir le texte de l’Édit, fait pratiquer la conversion forcée des protestants, les encourage à l’exil quand il ne lance pas ses sbires dans les campagnes du Midi pour multiplier à leur encontre les actes d’intimidation les plus odieux : viols, pillages, incendies de leurs biens et parfois exécutions… Expéditions passées à la postérité sous l’appellation de « dragonnades ». L’absolutisme LE POÈME 2
royal, la violence de son temps et l’intolérance religieuse sont incontestablement à la base des indignations, des reniements et des appels à la révolte que le curé Meslier consignera dans le secret de son presbytère sur plus de six cents pages soigneusement cachées.
Son questionnement philosophique, - l’existence de Dieu et le rôle des religions -, s’explique tout naturellement par les études de théologie qu’il a faites au séminaire de Reims. Il y a appris l’histoire de l’Antiquité, et celle des religions, approché les grands auteurs de son époque et vécu les soubresauts d’une Église en proie aux luttes internes entre les Jésuites reputés laxistes et les Jansénistes, les tenants de la rigueur, que le roi fera taire en fermant l’abbaye de Port Royal,
foyer de la rigoureuse pensée contestataire. Sans que cela fasse partie du programme des cours, Meslier a sûrement appris les chemins d’une réflexion dégagée de tout dogmatisme. Mais sa révolte n’est pas qu’opposition religieuse. Il est un homme de son temps et son indignation désigne tout naturellement les tenants du pouvoir, le clergé et la royauté qui, comme larrons en foire, font peser une chape de plomb sur une société muselée.
AU MILIEU DU MALHEUR ET DE L’INJUSTICE Meslier vit au sein d’une région pauvre située aux confins des royaumes de France et des PaysBas espagnols qui se livrent depuis des décennies des luttes incessantes dont les petites gens finissent toujours par être les victimes. Même s’ils ne participent pas aux combats, les paysans de l’endroit ont vu passer et repasser
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COMMENT EXPLIQUER QUE L’ABBÉ MESLIER, MODESTE CURÉ D’UN PETIT VILLAGE ARDENNAIS, LOIN DES CENTRES MONDAINS OÙ SOUFFLE L’ESPRIT DU GRAND SIÈCLE, AIT PU ÊTRE LE PORTEUR D’UNE RÉFLEXION AUSSI POINTUE SUR LA SOCIÉTÉ DE SON TEMPS ?
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L’INDIGNATION D’UN TÉMOIN DE SON TEMPS
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des hordes de soldats, souvent voleurs, violeurs et pillards ; semant terreur et mort sur leur passage.
Un but : détricoter la conspiration du pouvoir. D’abord contester l’autorité des rois et des princes parce qu’ils oppriment.
Pour sa plus grande gloire, Louis XIV ne cesse de faire parler les armes. Même s’il n’en a pas été l’exact contemporain, l’abbé sait que sa région a durement souffert des soubresauts de l’histoire. La population d’Étrépigny a été massacrée en 1589… Le village voisin, Balaives, réduit en cendres en 1653… Il sait aussi le prix que l’intolérance royale fait payer aux protestants depuis la révocation de l’Édit de Nantes. Abjurations forcées, déportations voire mise à mort. Il connaît la misère dans laquelle vivent ses paroissiens pour la plupart gens de la terre mais aussi ouvriers des forges ou des filatures. Avec eux, il a connu des hivers terribles de 1704 à 1709 avec leurs dramatiques conséquences ; privations, famines et épidémies de peste. Il sait que le petit peuple souffre… Il sait qu’il lui promet un paradis auquel il ne croit pas lui-même… Et dans le secret de son « poêle » il trace les chemins de la révolte.
Les princes et les rois gouvernent avec l’appui de l’Église qui les soutient et les protège. Il faut donc abattre l’Église.
Ni dieu, ni maître, ni tyran LE POÈME 2
L’Église n’a de fondement que la religion qu’elle enseigne et prêche ; il faut donc abattre la religion… Et comme la religion se fonde sur la parole de Dieu, il faut abattre Dieu. Car Dieu n’est pas et n’est créateur de rien. Il n’y a pas eu de création mais c’est la matière dotée du pouvoir d’évolution et de transformation qui a donné naissance à toute chose. Libre-penseur, révolutionnaire, voire pré-marxiste, tel fut le curé d’Étrépigny que Voltaire aurait voulu faire évêque de Saint-Vrain.
LE TESTAMENT DU CURÉ MESLIER AU FIL DES CHAPITRES À LIRE SUR WWW.THEATREPOEME.BE/ TESTAMENT-DU-CURE-MESLIER.PDF
TEXTE DE CHRISTIAN DRUITTE
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Le Testament au fil des idées et des chapitres
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CHAPITRES 1
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APRÈS S’ÊTRE EXCUSÉ D’AVOIR ÉTÉ UN MAUVAIS PRÊTRE QUI CACHAIT SES CONVICTIONS PROFONDES ET QUI PRÊCHAIT UNE RELIGION À LAQUELLE IL NE CROYAIT PLUS, L’ABBÉ ATTRIBUE TOUS LES MALHEURS DE L’HUMANITÉ À CEUX QUI LA GOUVERNE ; LES GENS DE POUVOIR, LES SEIGNEURS, LES PRINCES, LES ROIS ET L’ÉGLISE PARCE QU’ILS SE PRÉVALENT TOUS DE LA RELIGION POUR ASSURER LEUR AUTORITÉ. Des tenants du pouvoir temporel, il dit : « Sous prétexte de jouir de leurs droits et de leur autorité, il vous foulent et vous maltraitent, vous pillent, vous ravissent ce que vous avez de meilleur… » Des tenants du pouvoir religieux, il dénonce la manipulation faite aux fidèles : « Sous prétexte de vous conduire au ciel et vous y procurer le bonheur éternel, ils vous empêchent de jouir tranquillement d’aucune véritable félicité sur la terre … qui sous prétexte d’une vie éternelle qui n’est que mensonge, vous réduisent à souffrir dans cette vie qui est la seule que vous ayez à prétendre, les peines réelles d’un véritable enfer. » L’essentiel est dit… Les puissants sont dénoncés et la religion est réduite à une supercherie qui endort les hommes au nom d’une LE POÈME 2
vaine espérance de salut... Le temporel et le spirituel sont dès lors décrits comme des alliés dans un exercice d’oppression. Et Meslier déplore que personne, soit par couardise, soit par intérêt ne s’indigne ni se révolte. Les mots sont durs ; l’analyse est implacable : « … les prêtres sont les plus grands abuseurs du peuple … Tout est illusion, l’excellence de la sainteté, les prétendus miracles, les châtiments de l’enfer » Parce qu’il craignait de s’exposer à « l’indignation des prêtres et à la cruauté des tyrans » l’abbé a choisi de laisser à la postérité le soin de découvrir ses confessions et ses indignations.
« Les religions sont erreur, illusion et imposture »
CHAPITRE 3
buisson ardent … Jésus, fils de Moïse, surnommé le Christ, chef de la secte et religion chrétienne, que nous professons, assurait à ses disciples qu’il n’était point venu de lui-même mais qu’il avait été envoyé par Dieu son père … »
Il dénie à ceux qu’il appelle les « christicoles romains » le droit de se dire les zélateurs de l’unique religion catholique en dehors de laquelle il n’est point de salut. Les innombrables cultes qui se sont développés dans l’histoire de l’Humanité ont été inventés par des dirigeants qui les accommodaient aux attentes des peuples qu’ils voulaient tromper. « Moïse, législateur des Juifs publie aussi ses lois sous le nom d’un Dieu qui lui était apparu dans un LES PETITS CAHIERS DU POÈME 2 | N°12 | 2016
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Elles ne sont pas des émanations divines mais le simple produit d’inventions humaines. Elles ne pourraient s’entredéchirer comme elles le font si elles émanaient de la volonté du seul Dieu.
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LE CURÉ MESLIER S’ATTAQUE À TOUTES LES RELIGIONS, Y COMPRIS À CELLE QU’IL PRÊCHE. POUR LUI, LES RELIGIONS NE SONT QUE MENSONGES ET IMPOSTURE ; L’ENFER
« Raison pourquoi les politiques se servent des erreurs et des abus des religions »
CHAPITRES
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Dossier Meslier
5, 6, 7 ET 8 DEPUIS LA NUIT DES TEMPS, LES TYRANS SE SONT SERVIS DU PRÉTEXTE DE LA RELIGION ET DE LA PAROLE DIVINE POUR DIRIGER ET AVEUGLER LEURS SUJETS. BEAUCOUP PRÉTENDAIENT AVOIR REÇU DES INSTRUCTIONS DES DIEUX. D’autres se sont déifiés comme Caligula qui, dans les temples, a fait remplaçer les statues de Jupiter par la sienne afin qu’un culte lui soit rendu. La déification du tyran était monnaie courante ; la flatterie, l’intérêt des courtisans et l’ignorance des hommes ont permis de telles dérives. « Toutes les religions qui sont ou qui ont été dans le monde ne sont et n’ont jamais été que des inventions des humains ; mais elles nous font clairement voir que les divinités qu’on y adore ne sont que de la fabrique et de l’invention des hommes. »
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Les religions sont des inventions humaines et un dieu infiniment bon et miséricordieux ne pourrait tolérer leurs excès
Bien qu’incapables d’apporter la moindre preuve de leur essence divine, les religions accusent de crime de lèse-majesté tous ceux qui leur demandent des preuves de ce qu’elles enseignent. Même sans preuves, elles exigent une croyance aveugle à ce qu’elles imposent au nom de Dieu. Elles deviennent ainsi source de conflit entre les hommes qui considèrent que toute religion autre que la leur est à combattre et qui n’hésitent pas à risquer leur vie pour imposer leurs convictions à ceux qui ne partagent pas leur foi. À l’appui de sa thèse, Meslier cite Montaigne : « Notre zèle fait
merveille quand il va suivant notre pente vers la haine, la cruauté, l’ambition, l’avarice, la destruction, la rebellion … Notre religion est faite pour extirper les vices, mais elle les caresse, les nourrit et les incite… » Rappelant que les guerres de religion sont les plus cruelles, il estime impensable que Dieu toutpuissant, Dieu de paix, d’amour et de miséricorde puisse tolérer que la religion qui se revendique de lui puisse provoquer de telles infamies. Meslier conclut qu’une religion qui se livre à de tels excès ne peut avoir été instituée par Dieu… Et ne peut donc être vraie.
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AUCUNE RELIGION AU MONDE NE PEUT PROUVER QU’ELLE EST D’INSPIRATION DIVINE… DÈS LORS, LES RELIGIONS NE PEUVENT ÊTRE QUE DES INVENTIONS HUMAINES ET LA FOI QUI LES SOUTIENT N’EST QU’UN ENSEMBLE D’ERREURS, D’ILLUSIONS ET D’IMPOSTURES.
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CHAPITRES 9, 10, 11
De la fausseté des miracles et du manque de crédibilité des évangiles
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CHAPITRES 12 À 17 LE CURÉ MESLIER CONSACRE UNE SÉRIE DE CHAPITRES À LA DOUBLE PROBLÉMATIQUE DE LA CRÉDIBILITÉ DES MIRACLES ET DES ÉVANGILES QUI SONT DES COMPOSANTES MAJEURES DE L’ÉTABLISSEMENT DE LA FOI CATHOLIQUE. Il rappelle qu’il existe des miracles dans toutes les religions, même dans celles que ceux qu’il appelle les « christicoles » réfutent comme fausses. À l’appui de sa thèse, il cite Montaigne, qu’il semble avoir lu avec attention : « Toutes les apparences sont communes à toutes les religions : espérance, confiance, événements, cérémonies, pénitences, martyrs… Dieu recevant et prenant en bonne part l’honneur et la révérence que les humains lui rendent, sous quelque visage, sous quelque nom et en quelconque manière que ce fut … Toutes les polices ont tiré fruit de leur dévotion… » S’appuyant sur une solide connaissance de l’Antiquité classique, il passe en revue LE POÈME 2
une série de manifestations surnaturelles propres à toutes les religions anciennes. Les oracles du temple d’Apollon à Delphes ; ceux d’Aesculape, le dieu de la médecine à qui on attribuait des prévisions d’épidémies et des guérisons miraculeuses. Les fausses religions du paganisme abondent de manifestations surnaturelles comme, par exemple, les miracles attribués à certains empereurs romains. La religion des « christicoles » se fonde aussi sur des récits surnaturels : la main de Dieu qui écarte les flots de la Mer Rouge pour libérer le peuple juif de ses poursuivants… Plus près, le Nouveau Testament évoque les
Pour Meslier, les faiseurs de miracles ne sont que des illusionnistes plus habiles les uns que les autres et les prodiges qui leur sont attribués ne prouvent en aucun cas l’intervention de la main divine. Quand l’Église dénonce les faux miracles des autres religions elle doit dans la même logique invalider ceux qu’elle considère comme vrais. Même ceux attribués à Jésus-Christ qui n’est pour Meslier qu’un insensé fanatique. Les miracles ne peuvent donc en aucun cas être considérés comme la preuve de la volonté divine encore moins de son existence. Ce sont des récits légendaires portés au fil des siècles par des gens LES PETITS CAHIERS DU POÈME 2 | N°12 | 2016
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crédules qui, au fil du temps, ont falsifié les faits qu’ils colportaient.
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miracles accomplis par Jésus et depuis tous ceux effectués par la plupart les Saints.
Mise en doute de l’existence de dieu
CHAPITRE 19
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MESLIER AFFIRME QUE SI UN DIEU INFINIMENT BON ET PARFAIT EXISTAIT, IL SERAIT LE DIEU DE TOUS LES HOMMES. Or, dans l’Ancien Testament, il se définit comme le Dieu des Juifs au point de sceller une alliance avec le peuple d’Israël et d’en faire un peuple élu. Meslier estime qu’un Dieu qui se définit comme bon et parfait ne peut sceller pareil pacte avec une minorité des hommes, tout comme il ne pourrait pas faire de miracles qui ne profitent qu’à ceux qu’il a choisis parmi les hommes. Ce faisant, Dieu apparaît comme un être cruel… Sur base de l’espérance en un dieu infiniment bon, il déduit formellement et logiquement qu’il n’existe donc pas.
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Les erreurs de la religion la sainte-trinité ne peut exister le christ ne peut être le fils de dieu il entretient de fausses espérances
« S’il est vrai de dire qu’il n’y a qu’un seul Dieu, il est faux de dire qu’il y en a trois qui sont également Dieu puisque un et trois ne peut se dire d’une même chose… » Il est tout aussi expéditif pour affirmer que Jésus n’est pas le fils de Dieu et qu’il n’est qu’un commun parmi les mortels.
sauveur qui n’a pu se sauver luimême du supplice de la croix. »
« Les christicoles attribuent la divinité à cet homme du néant qui n’avait ni talent, ni esprit, ni science, ni adresse et qui était méprisé … un fou, un insensé, un misérable fanatique, un malheureux perdant … c’est un tel personnage que les prêtres font adorer comme un divin LES PETITS CAHIERS DU POÈME 2 | N°12 | 2016
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LA CONTESTATION DU DOGME DE LA SAINTE-TRINITÉ, TROIS DIEUX EN UN SEUL, - DIEU LE PÈRE, LE FILS ET LE SAINTESPRIT -, EST EXPÉDIÉE EN QUELQUES LIGNES PAR MESLIER.
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CHAPITRE 30 ET SUIVANTS
Dieu n’est pas présent dans l’eucharistie la négation de la transsubstantiation
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CHAPITRES 35 ET 36 MESLIER AFFIRME QUE LE CHRISTIANISME EST IDOLÂTRE CAR IL FABRIQUE DES DIEUX DE PÂTE ET DE FARINE, - LES HOSTIES -, TOUT COMME LES RELIGIONS DU PAGANISME ADORAIENT DES STATUES DE BOIS, DE CUIVRE OU D’OR. Après avoir rappelé les condamnations du paganisme et de l’idolâtrie, il attribue le même comportement à la religion catholique qui fait croire à ses fidèles que le corps et sang du Christ sont présents dans les hosties offertes lors de la communion. « Nos christicoles blâment et condamnent les païens de ce qu’ils adorent des idoles de bois, de pierre, de cuivre, de bronze … en trouvant que c’est grande folie. Mais dès lors pourquoi donc sont-ils donc si fous de faire la même chose et d’adorer des images de pâte qu’ils font cuire entre deux fers, qu’ils consacrent ensuite et qu’ils mangent tous les jours les adorant comme leur vrai Dieu. » LE POÈME 2
Le christianisme est une religion de répression
CHAPITRE 40
Il exprime son aversion à ces principes par une formule qui encourage à la désobéissance : « Il est naturel de haïr ceux qui vous font du mal … Les maximes de la morale chrétienne vont directement contre tous ces droits naturels et par conséquent elles sont fausses et c’est erreur de vouloir les enseigner et les pratiquer … »
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Il lui reproche d’instaurer une morale de la privation, de la frustration et de la résignation par : • l’assimilation de la vertu à la recherche de la douleur • la condamnation de la vie sexuelle avant le mariage • l’encouragement à la soumission, à la résignation et à la souffrance
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À PARTIR DU CHAPITRE QUARANTE, MESLIER QUITTE L’ANALYSE THÉOLOGIQUE PROPREMENT DITE POUR ABORDER LE RÔLE DE L’ÉGLISE DANS LA SOCIÉTÉ.
La religion soutient ceux qui oppriment le peuple
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CHAPITRE 41 MESLIER REPROCHE À LA RELIGION DE CONFORTER LA DOMINATION DES ROIS ET LES INJUSTICES QUI SONT OPÉRÉES PAR LE POUVOIR CIVIL AVEC LA COMPLICITÉ DE L’ÉGLISE. « Une religion qui autorise les abus contraires au bon gouvernement des hommes et qui autorise la tyrannie ne saurait être d’institution divine … (Si elle l’était) … elle blâmerait et condamnerait tout ce qui serait contraire à la justice et au bon gouvernement des hommes … Or, la religion chrétienne approuve et autorise plusieurs abus qui sont contraires à la justice, vexations injustes, tyrannie des rois et des grands au préjudice des peuples qui gémissent et sont malheureux et misérables. »
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De l’inégalité sociale comme injustice
Cette distinction est d’autant plus injuste qu’elle ne repose pas sur le mérite alors que tous les hommes sont égaux en droits, principe que la religion chrétienne ne défend pas. Et s’adressant au peuple, comme s’il voulait le pousser à la révolte, il écrit : « Vous n’avez ni de plus méchant ennemi et adversaire que les grands et nobles et les riches de la terre … qui vous oppriment et vous tourmentent. »
« C’est un abus de souffrir que des gens qui ne font rien et qui ne veulent rien faire soient entièrement à charge du public… »
Il reproche également au clergé d’encourager la mendicité au nom de la charité chrétienne et d’entretenir ainsi bon nombre de pauvres qui n’ont aucune utilité sociale :
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LA RELIGION CHRÉTIENNE APPORTE SON APPUI AUX PUISSANTS ET NE REMET PAS EN QUESTION UNE SOCIÉTÉ OÙ « LES UNS SEMBLENT ÊTRE NÉS POUR DOMINER TYRANNIQUEMENT … ET OÙ LES AUTRES SEMBLENT N’ÊTRE NÉS QUE POUR ÊTRE DE VILS, DE MISÉRABLES ET DE MALHEUREUX ESCLAVES. »
Dossier Meslier
CHAPITRES 42, 43, 44
Le partage des richesses l’indissolubilité du mariage la désobéissance
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CHAPITRES 48, 49, 50, 51 MESLIER EN ARRIVE À ÉBAUCHER LE PORTRAIT D’UNE SOCIÉTÉ ÉGALITAIRE OÙ LES HOMMES SERAIENT FRÈRES, VIVRAIENT EN COMMUN, PARTAGEANT ÉQUITABLEMENT BIENS, LOGEMENT ET NOURRITURE ET S’APPLIQUANT CHACUN SELON SES POSSIBILITÉS À ŒUVRER AU BIEN COLLECTIF. « sous la conduite … non pas de tyrans … mais de ceux qui seraient les plus sages et les plus attentionnés pour l’avancement et le maintien du bien public. » Faute de ce type de réforme, la société restera livrée aux brigandages, aux rapines, aux meurtres et aux assassinats. Outre de se définir comme un socialiste avant l’heure, Meslier plaide pour libérer hommes et femmes des liens indissolubles du mariage imposés par la religion. « Ce serait bien mieux fait d’eux de posséder tout en commun et de jouir paisiblement tous en commun de la vie et tout cela sous la conduite et la direction des plus sages » LE POÈME 2
À peine voilé, un appel à la désobéissance : « Les puissants n’auraient pas plus de richesses que vous si vous ne leur donniez pas les vôtres et, enfin, ils n’auraient pas plus de puissance et d’autorité que vous si vous ne vouliez pas vous soumettre à leurs lois et à leurs volontés … »
De la tyrannie des rois et la complicité des hommes d’église
CHAPITRES 53 À 58
Les hommes d’Église qui auraient du être les défenseurs de la vérité et de la justice et les plus fidèles
protecteurs des peuples contre d’injustes vexations sont ceux qui les flattent le plus et « … qui trahissent le plus indignement leur ministère… » Meslier accuse les membres du Clergé d’hypocrisie quand ils dénoncent les vices avec zèle et « … qu’ils sont des chiens muets à l’égard des vices et des dérèglements abominables des princes et des rois de la terre … qu’ils souffrent, approuvent et autorisent » Sa conclusion l’amène à dire qu’une religion qui commet des erreurs de doctrine et qui autorise de tels abus ne peut être une religion d’inspiration divine.
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Et quand ils font la guerre, c’est aux dépens des peuples et ils exigent d’eux que leur soit remis hommes, argent, et nourriture. « Ce sont là les effets ordinaires de la cruauté et de la tyrannie des princes et des rois de la terre, et particulièrement, de celle de nos derniers rois de France car il n’y en a point qui ait poussé aussi loin l’autorité absolue et rendu les gens si pauvres … Le dernier roi défunt, Louis XIV, surnommé le Grand non seulement pour ses bonnes actions mais aussi pour ses grandes injustices, ses grandes veuleries, ses usurpations, ses grands carnages d’hommes qu’il a fait faire de tous côtés tant sur terre que sur mer… »
Dossier Meslier
LES ROIS DOMINENT LA SOCIÉTÉ AVEC UNE PUISSANCE ABSOLUE ET MAINTIENNENT LE PEUPLE DANS UN ÉTAT DE PAUVRETÉ TOTALE POUR AGGRAVER LEUR SOUMISSION.
Preuve de la fausseté de l’opinion des hommes concernant l’existence des dieux
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Dossier Meslier
CHAPITRE 59 DANS LES CHAPITRES PRÉCÉDENTS, MESLIER AVAIT VOULU DÉMONTRER L’INEXISTENCE DE DIEU PAR LA DÉNONCIATION DES CROYANCES, DES ERREURS DE LA RELIGION ET PAR L’EXISTENCE DES INÉGALITÉS. Il entre à présent dans une argumentation à caractère matérialiste. Dieu ne peut exister. Dieu a été inventé par Moïse pour donner du poids et du crédit aux lois qu’il voulait imposer au peuple juif. Les Commandements de Dieu sont une supercherie…
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De la vanité et de la fausseté des religions tirée de la fausseté même de l’opinion des hommes touchant la prétendue existence des dieux dieu n’existe pas … seule la matière est
Selon la tradition de l’Ancien Testament, Dieu avait une forme humaine, parlait et se déplaçait dans le jardin d’Éden sans toutefois montrer son visage. Il n’était donc qu’un homme qui voulait se faire passer pour Dieu et faute de pouvoir le rencontrer, il fut admis qu’il était devenu invisible, incorporel et immatériel. Son existence était pour d’aucun prouvée par le spectacle grandiose de la nature, fruit de la création.
Cette explication-là qui fait autorité à son époque ne convainc absolument pas Meslier qui va s’efforcer de la démonter.
Meslier cite Fénelon : « Je ne puis ouvrir les yeux sans admirer l’art qui éclate dans la nature ; le moindre coup d’œil suffit pour apercevoir l’art de la main qui l’a faite … »
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MESLIER PRÉCURSEUR DES THÈSES ÉVOLUTIONNISTES ? À LE LIRE, ON POURRAIT LE DÉDUIRE.
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CHAPITRE 59
La matière s’est créée ellemême, elle est l’être…
CHAPITRE 64
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Dossier Meslier
IL CONSIDÈRE QUE LA BEAUTÉ DE LA NATURE N’IMPLIQUE PAS L’INTERVENTION DE LA MAIN D’UN OUVRIER… QUAND BIEN MÊME, « L’OUVRIER » EUT-IL EXISTÉ, IL AURAIT DU L’ÊTRE AUSSI… Se créerait ainsi une filiation qui remonterait à l’infini. Pour Meslier, il n’est pas impensable d’imaginer que le monde s’est créé lui-même sans intervention divine… Voilà donc une vision bien moderniste de la genèse du monde énoncée bien des siècles avant l’explication par le « Big Bang ». « Pourquoi donc ne pas vouloir supposer d’abord que la matière est effectivement d’elle-même ce qu’elle est et pourquoi vouloir recourir pour la faire exister à un être inconnu et à un mystère incompréhensible de création … Car l’idée d’une seule matière universelle qui se meut en divers sens et peut se modifier en mille sortes de manières différentes nous fait clairement voir que tout ce qu’il y a dans la nature se peut faire par des lois naturelles du LE POÈME 2
mouvement et par la modification de parties de la matière … ? » Évidemment, il s’agit d’une « géniale » intuition que Meslier ne peut démontrer, mais son talent de dialecticien l’amène à conclure : « L’impuissance que l’on a de démontrer par raison que la matière a par elle-même, la force de se mouvoir, n’est pas la preuve qu’elle ne l’ait pas. »
Les désordres du monde sont la preuve de l’inexistence de dieu
Il a longuement décrit dans les nombreuses pages qui précèdent tout ce que le monde pouvait comporter d’erreurs, d’horreurs et d’injustice. Il est donc impossible qu’un être infiniment bon et infiniment parfait ait pu concevoir autant d’imperfections. Sa conclusion : Dieu n’existe pas. « Le monde est presque tout rempli de maux et de misères. Les hommes y sont tous pleins de vices, d’erreurs et de méchancetés, leurs gouvernements sont pleins d’injustice et de tyrannie … »
resterait pas dans l’ombre ; il ferait connaître ses intentions et ses volontés. Et plus loin : « On ne voit point Dieu qui fasse cesser les funestes divisions, ni les horribles troubles ni qui se mette en devoir de mettre la paix entre les hommes en se faisant manifestement connaître. »
De manière plus générale, il affirme que si Dieu existait, il ne pourrait tolérer la multiplication des religions et l’adoration d’innombrables divinités ; il ne LES PETITS CAHIERS DU POÈME 2 | N°12 | 2016
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ALORS QUE FÉNELON EXPLIQUAIT LA CRÉATION DIVINE PAR LA PERFECTION DE LA NATURE, MESLIER TIRE LA CONCLUSION CONTRAIRE PARCE QUE LE MONDE N’A DE PERFECTION QUE L’APPARENCE.
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CHAPITRE 74
L’appel à la révolte ou le révolutionnaire pré-marxiste
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CHAPITRE 96 MESLIER TERMINE SON TESTAMENT AVEC DES TEXTES AUX ACCENTS RÉVOLUTIONNAIRES. PROPOS D’UNE ÉTONNANTE MODERNITÉ OÙ LE THÉOLOGIEN SE TRANSFORME EN TRIBUN POLITIQUE. ON PEUT ICI COMPRENDRE QUE LES SOVIÉTIQUES LUI AIENT FAIT UNE PLACE DE CHOIX DANS LEUR FIRMAMENT POUR AVOIR ÉCRIT : « Où sont les généreux meurtriers des tyrans que l’on a vus dans les siècles passés ? ... Où sont les généreux défenseurs de la liberté publique qui chassaient les rois et les tyrans de leur pays ? Que ne vivent-ils encore pour assommer ou poignarder tous ces détestables monstres ennemis du genre humain …
… Vous serez malheureux tant que vous souffrirez la domination des princes et des rois de la terre … … Vous serez malheureux tant que vous suivrez les erreurs de la religion et que vous vous assujettirez aux fables superstitieuses …
… Que ne vivent-ils encore pour opprimer les oppresseurs et rendre la liberté au peuple …
… Tâchez de vous unir tous, tant que vous êtes, vous et tous vos semblables pour secouer le joug et la tyrannique domination de nos rois …
… La religion et la politique s’unissent de concert pour vous tenir toujours captifs sous leurs tyranniques lois …
… Unissez-vous donc peuples si vous êtes sages …
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… Unissez-vous si vous avez du cœur pour vous délivrer de toutes vos misères communes … … Répandez partout des écrits semblables, par exemple, à celuici qui fassent connaître à tout le monde la vanité des erreurs et des superstitions de la religion et qui rendent odieux, partout, le gouvernement tyrannique des princes et des rois de la terre … … Vous serez misérables et malheureux tant que vous ne posséderez pas et ne jouirez pas tous en commun des biens de la terre ... »
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LES PETITS CAHIERS DU POÈME 2 | N°12 | 2016
PB- PP
BELGIE(N) - BELGIQUE
LES PETITS CAHIERS DU POÈME 2
N°12 JAN. DÉC. 2016
PRIX DES SPECTACLES Tarif normal : 15,00 € Seniors : 10,00 € Demandeurs d’emplois : 7,00 € Professionnels des Arts de la Scène : 7,00 € Étudiants : 5,00 euros Étudiants en Arts du spectacle : 3,00 € Article 27 : 1,25 euros Film : 7,00 € / 5,00 € tarif réduit POSSIBILITÉ D'ABONNEMENT POUR 3 SPECTACLES À UN TARIF PRÉFÉRENTIEL PAIEMENT CASH, BANCONTACT, VISA À L’ACCUEIL
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