LB n°70 : MINUSCULE/

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Sommaire

Art ou bigorneau ? p.4-6

La mini-jupe, une interview p.7-10

Horoscope minuscule p.11-14

Prends-en de la graine ! p.15-18

Quel schtroumpf êtes-vous? p.19-20

Dédale et la fourmi p.21-22

Edito

Bienvenue à vous, curieuses et curieux qui avez décidé, en cette rentrée, de plonger dans les tréfonds du petit ! Puisque la mode est au minuscule, nous allons tenter de faire un édito bref et concis… mais vous, lecteurs, prenez votre temps pour parcourir ce numéro !

La mini-jupe interviewée vous dévoilera d’abord tous ses secrets. Et après une rapide exploration des graines et des grains de beauté, l’horoscope saura percer à jour le petit être qui se cache en vous. On nous informe même dans l’oreillette qu’un conte et une BD vous attendent… Bonne lecture et belle rentrée !

Louvr’Boîte

Quatorzième année

N°68, 0,50€

Directrice de publication : Cassandre Bretaudeau

Rédactrice en chef : Marie

Vuillemin

Maquette : Mélissande Dubos, Lilou Feuilloley, Coralie Gay, Blandine Adam, Noémie Carpentier, Romane Demonet

Couverture : Coralie Gay

Ont contribué à ce numéro : Blandine Adam, Cassandre Bretaudeau, Coralie Gay, Djama Espinola Serrano, Dylan Brune-Armessen, Elio Cuillère, Flora Fief, Johanna Ruyant, Lilou Feuilloley, Lilou Corbet, Louise Gaumé, Lyse Debard, Marie Vuillemin, Mathilde Bailly, Mélissande Dubos, Naïs Ollivier, Noémie Carpentier, Raphaëlle Billerot-Mauduit, Suzanne Gauthier, Suzanne Floc’h, Olivia Valensi.

Ecole du Louvre, Bureau des élèves, Porte Jaujard, Place du Carrousel, 75038 PARIS CEDEX 01.

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ISSN 1969-9611. Imprimé sur les presses de l’Ecole du Louvre (France). Sauf mention contraire, ©Louvr’Boîte et ses auteurs.

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Art ou bigorneau ?

Ou comment un taximan séfarade en vacances devint un immense artiste du coquillage

Parlons peu, parlons coquillages. Les 3A, si vous vous souvenez avec nostalgie de M. Laugier et de ses « coquillages et crustacés » égéens, cet article est fait pour vous. Mais cette fois, nous n’allons pas plonger dans les affres des poulpes sur fond de céramique grecque. Nous allons plutôt explorer l’univers créé par un taximan séfarade parisien qui s’est tourné, à la retraite, vers les joies de l’art brut.

Qui est Paul Amar (1919-2017)?

Né à Alger dans une famille de quatorze enfants, Paul Amar monte à Paris à dix-sept ans, afin d’y apprendre la coiffure. La Seconde Guerre mondiale interrompt ce projet : Amar se retrouve sept ans sous les drapeaux, prisonnier puis évadé, de l’Italie à l’Allemagne. A la fin du conflit, le jeune homme se fait chauffeur de taxis, à Alger puis Marseille. Après quelques années paisibles dans une agence de voyages, notre homme prend finalement sa retraite en 1979… Mais tout ne fait alors que débuter! Il n’y a en effet pas d’âge pour commencer à créer…

Des coquillages ?

A 55 ans, Paul Amar visite une petite boutique de souvenirs vendéenne. C’est alors sa première confrontation avec des objets en coquillage. Si les parents de notre héros étaient respectivement brodeuse et maroquinier d’art, lui n’a jamais songé à créer. Et c’est de la rencontre avec ces petits cendriers ou boîtes pour touristes que tout part ! Dès le lendemain, Amar va sur la plage récolter des coques et berniques. Peu à peu, il métamorphose ses récoltes en de gigantesques tableaux-mondes rayonnants. Il meule et ajoure des moules, ormeaux, huîtres, praires, bigorneaux… mais aussi des coraux, crabes ou étoiles de mer. L’artiste chine même des exemplaires exotiques dans des magasins spécialisés.

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Les coquillages sont peints à l’acrylique, ou même avec les vernis à ongles de sa femme Rose. Puis tout est assemblé avec de la colle et des tiges de fil électrique. Et pour prolonger la magie, les tableaux s’illuminent grâce à des ampoules dissimulées dans des coquilles d’oursin. Les créations d’Amar sont parfois si immenses qu’elles peuvent nécessiter un an de travail !

Que représente Paul Amar ?

L’artiste aime dépeindre des fonds marins, des prêtresses, des jardins… Il explore des thèmes éclectiques interprétés dans une veine colorée : du dieu Janus au Moulin Rouge, en passant par la Vierge de Fatima ou le château de Versailles. Le tout baigne dans une esthétique kitsch et merveilleuse, inspirée aussi bien par le baroque que par l’art africain. Amar se lève la nuit pour noter des idées qu’il a vues en rêve, s’intéresse à la religion, passe des mois sur une œuvre dans une discipline monacale. D’aucuns le compareraient à Séraphine de Senlis ou Gertrude O’Brady, autres grandes figures de l’art brut, qui plaçaient une ferveur appliquée et rigoureuse dans chacune de leurs œuvres.

Lorsque Amar commence à être de plus en plus exposé et interviewé, il se plaint d’ailleurs d’être trop sollicité, et de ne plus avoir le temps pour imaginer ses œuvres. Pour le vieil homme, le temps de la création est celui du rêve et de la fantasmagorie.

Où voir ses œuvres aujourd’hui ?

En 1985, une première exposition à la Salle Pleyel permet à Paul Amar de se faire remarquer. Puis c’est Aux frontières de l’art brut, présentée en 1998 à la Halle Saint-Pierre, qui permet à un large public parisien de découvrir ses gigantesques tableaux de coquillages. Aujourd’hui, c’est le musée des Arts Buissonniers, à Saint-Sever-du-Moustier (12), qui conserve la plus importante collection des œuvres de Paul Amar. Mais l’artiste est représenté dans les plus grandes collections d’art brut, telle celle de Lausanne, qui lui a consacré une rétrospective en 2005. Le musée de Zurich ou la Fabuloserie de Dicy ne sont pas en reste : cette dernière expose un immense aquarium avec 150 poissons de coquillages. Amateurs d’art brut, ne passez pas à côté de ces étonnants reliquaires de l’imaginaire !

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Les coquillages n’ont pas attendu Paul Amar pour inspirer : au XVIIIe siècle, la chaumière aux coquillages du château de Rambouillet est entièrement ornée de ces petits mollusques.

Crédit : chatsam via Wikimedia Commons, licence Creative Commons

En Asie aussi, les coquillages ont su fasciner, comme le prouve ce coquillage japonais du musée d’Art Oriental de Venise.

Crédit: Jean-Pierre Dalbéra via Flickr, licence Creative Commons 2.0

Marie Vuillemin

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La mini-jupe : une interview

Objet de fantasme, symbole de la libération sexuelle des sixties, accessoire absolu de la féminité, la mini-jupe habite notre imaginaire à tous. Mais connaissons-nous vraiment ce vêtement ? Votre rubrique mode vous propose d’aller découvrir l’histoire de cette icône de la mode. Rencontre avec la petite sœur de l’ancestrale jupe, qui provoqua le scandale sur le corps des jeunes filles à partir des années 60.

Bonjour mini-jupe, merci de nous accueillir chez vous. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Qu’est-ce qui vous définit en réalité ?

MJ : Merci à vous de vous plonger dans l’historique de ma vie, ça me touche. Je suis un vêtement de la garde-robe féminine et il est vrai qu’on me confond souvent avec mes sœurs ou mes cousines. Pour me repérer c’est simple, moi je suis la petite jupe qui descend MAXIMUM en dessous de la moitié de la cuisse, je suis vraiment à vingt bon centimètres au-dessus des genoux.

Question assez personnelle mais parlons de vos origines, je sais que votre paternité est régulièrement discutée entre la France et l’Angleterre.

MJ : Qui est mon papa ou ma maman ? Eh bien Monsieur André Courrèges, grand nom de la mode française, affirme que c’est lui mon géniteur en 1965. Mais d’après des “tests” plus récents, ma maman serait l’anglaise Mary Quant. Elle m’a conçue au début des années 60 dans le contexte du Swinging London où des quartiers comme Carnaby Street étaient devenus les nouveaux centres de la mode pour la jeunesse.

Et comment expliquez-vous que vous ayez eu un succès aussi rapide ?

MJ : La jeune clientèle de ma maman est devenue absolument fan

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de moi et c’est comme ça que j’ai commencé à voyager dans tout l’Occident. Je pense que j’avais quelque chose de frais et de très transgressif, quelque chose que les adolescentes d’alors recherchaient désespérément. Je suis devenue un moyen d’afficher leur rupture avec la génération précédente.

Effectivement on sait que vous avez été très mal jugée à l’origine, comment est-ce que vous avez vécu cette période de votre vie ?

MJ : Oh je n’étais pas surprise d’avoir à vivre ça sachant que je dévoile très largement les jambes des filles et qu’à cette époque c’était très novateur et surtout hyper indécent. J’ai entendu de tout sur moi et venant de tout le monde vraiment : les vieilles dames comme les messieurs, les mères de famille comme les vétérans. Et je dois vous faire la confidence que les moins tendres étaient des femmes… Vous savez qu’on m’a même refusé l’entrée de la basilique Saint Pierre !? D’ailleurs il paraît que la religieuse en charge de contrôler les tenues a dû se mettre en arrêt maladie tant son travail devenait intense : elle refusait 2000 femmes par jour.

C’est fou !!! En effet, vous avez séduit tellement rapidement les gens qu’aujourd’hui on retrouve votre image partout, dans les publicités, les films, les séries, les clips… Qu’est-ce que ça fait d’être aussi connue ?

MJ : C’est arrivé très tôt dans ma vie et ça dure encore. Je suis très fière d’avoir connu cette popularité dès le début car j’ai pu apprendre à la “maîtriser”, à faire ce que je voulais de mon image, incarner des rôles de femmes plutôt sexy, des super-héroïnes, des versions plus classes, d’autres assez trash… Je n’ai pas une liberté absolue évidemment mais j’aime constater à quel point j’ai traversé les années. Tout le monde a forcément en tête une star ou un personnage de film quand il pense à moi, vous voyez ?

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Oui, tout à fait. Justement, quelles sont les personnalités que vous avez préféré habiller ?

MJ : J’en ai énormément mais pour n’en citer que quelques-unes, je dirais Nancy Sinatra qui incarne la libération sexuelle des années 60 dans le clip de These boots are made for walkin’. J’aime aussi me voir dans Pretty Woman (1990).

Oh oui bien sûr, avec cette fameuse scène où Julia Roberts change de style et vous troque pour une jupe très conventionnelle, en dessous du genou.

MJ : Exactement. J’étais profondément mortifiée par ce choix scénaristique, je la trouvais tellement mieux dans sa tenue sexy…

Depuis les années 90, on vous voit particulièrement dans des productions japonaises, notamment dans le sous-genre des “magical girls” avec les guerrières Sailor dans la franchise Sailor Moon ou encore en Europe, avec les Winx qui ont bercé l’enfance de beaucoup de nos lecteurs. Qu’est-ce que vous retirez de ce succès exceptionnel dans la culture nippone ?

MJ : C’est vrai que de nos jours, on me voit beaucoup dans l’univers manga et anime japonais, notamment en tant que symbole de la jeune écolière en uniforme. Certaines de ces productions m’utilisent comme élément principal du scénario. Dans l’anime Kill la Kill l’héroïne doit porter un uniforme indestructible mais très très court et elle apprend petit à petit à aller au-delà de sa timidité pour combattre ses ennemis. Je trouve que c’est un choix scénaristique intéressant mais mon jugement est sans doute biaisé.

Ce que vous qualifieriez de pire époque pour vous ?

MJ : Les années 2000. Ça a été une descente aux enfers pour moi avec la mode de la taille basse. Comment est-ce qu’on a pu penser une mode aussi désastreuse pour la silhouette féminine sérieusement ??? 20 ans après, le retour de cette atrocité vestimentaire me fait faire des cauchemars la nuit.

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Waaa, quand on vous entend en parler ça sert le coeur… Avant de se quitter : vous disiez tout à l’heure avoir essuyé de nombreuses critiques. Quelle était selon vous la pire ?

MJ : Facile ! Coco Chanel ! Aigrie au possible, elle s’est montrée j’aime bien les mollets, les genoux, les cuisses, je trouve ça génial de les montrer !!! Aujourd’hui, elle doit se retourner dans sa tombe en voyant les collections Chanel depuis 1983 : Karl Lagerfeld m’a justement utilisée pour rajeunir le fameux tailleur de la maison. détestable avec moi. Il faut dire qu’elle avait déjà 86 ans et n’était pas du genre branchée... En 1969, elle a dit de moi que j’étais (je cite) “affreuse” car c’était très moche de “faire voir ces genoux”. Mais moi j’aime bien les mollets, les genoux, les cuisses, je trouve ça génial de les montrer !!! Aujourd’hui, elle doit se retourner dans sa tombe en voyant les collections Chanel depuis 1983 : Karl Lagerfeld m’a justement utilisée pour rajeunir le fameux tailleur de la maison.

Mathilde Bailly, intervieweuse de vêtement à ses heures perdues

Merci beaucoup, mini-jupe, pour ces précieuses capsules de vie et d’histoire de la mode. Au plaisir !
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Prends-en d’la graine !

Pour venir au monde, presque toutes les plantes poussent à partir d’une graine. Mais réenchantons donc notre perception de ces minuscules grains qui ne sont pas si banals qu’il y paraît et qui détiennent des records à couper le souffle…

1. Un record nutritionnel

Les oiseaux et rongeurs ont tout compris car ils nous mangent, nous sommes riches en fibres, en protéines, en antioxydants et en graisses bonnes pour la santé, qui sommes-nous ?

• La graine de tournesol est source de folates et de vitamine B et E. Elle protège le système immunitaire et apporte des antioxydants à notre corps.

• La graine de sésame dispense, en plus des antioxydants, du zinc, du calcium et un certain nombre de vitamines. Aha ! des concurrentes ?...

• Je vois que la graine de citrouille s’empresse de lever la main : source de protéines (les végétariens lui disent merci), de magnésium, de fer, de zinc et de vitamine B, celle-ci dispose de quelques acides aminés, bons pour diminuer le stress.

• Le chanvre fait partie aussi des champions de cette catégorie, avec des oméga 3 et 6, des fibres pour la digestion et des phytostérols, contre le cholestérol. Un indispensable pour mieux digérer la dinde de Noël ! Dans le même registre, prendre 15 mL de graines de lin par jour pourrait faciliter notre transit ;-)

• Et puis un petit top 5 des autres graines à la mode (plus onéreuses, mais toutes plus bonnes pour la santé les unes que les autres): les graines de chia, de quinoa, d’épeautre, de sarrasin et d’avoine.

Bref, en plus de créer assez rapidement un effet de satiété, ces graines apportent plein de bonnes choses à notre organisme.

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2. Voyage, voyage !

Tout le monde connaît le si poétique taraxacum officinalis (ou pissenlit), mis à l’honneur par le plasticien franco-vietnamien Duy Anh Nhan Duc au musée Guimet l’an dernier pour faire vivre aux visiteurs le voyage initiatique de ces graines fragiles, symboles de l’enfance. Nul n’ignore que les pépins des fruits, une fois mangés par les animaux et ingérés, pourront coloniser un nouveau continent. Mais passons la seconde pour évoquer des voyages autrement plus rapides et palpitants : les plantes qui explosent ! Pour propulser leurs graines, les plantes concurrencent le Schtroumpf farceur :

• Le baguenaudier : Cette plante a tant égayé les promenades des enfants dans le Midi qu’on a inventé à partir de son nom le verbe “baguenauder” ! A vous de faire éclater ces petites cosses (amusement et contribution à la biodiversité garantis) !

• Le genêt d’Espagne : les 2 moitiés de la gousse se tire-bouchonnent puis éclatent sous l’effet de la chaleur pour nous faire un petit lancer de graines à 3 mètres. Mais ce n’est rien si on le mesure au hura crepitans, un arbre poussant en Amérique sous un climat tropical, qui projette carrément à 70 mètres par seconde les morceaux de son fruit à 25 mètres de distance.

• La version “lama” avec le concombre d’âne : la plante crache sur le museau des herbivores un liquide auquel elle mêle ses graines. En broutant d’un air courroucé, l’herbivore outré par ce manque de savoir-vivre ne manquera pas de disperser les précieuses graines.

• Enfin, de nombreuses autres plantes à cosses permettent de produire mille et une nuances d’explosions : du crépitement des cosses de bourrache au claquement des gousses de glycine, que de bruits satisfaisants !!

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3. Germinons en Germinal

Germinal, c’est le mois qui commence le premier jour du printemps dans le calendrier révolutionnaire. C’est le temps de se laisser surprendre par la force et la résilience de ces petites graines !

Après plusieurs mois de dormance pour les graines, c’est la germination : l’enveloppe de la graine est altérée par des alternances de chaud et de froid (finalement, ça sert à quelque chose les giboulées de mars !) et par certains micro-organismes, ce qui rend la graine perméable à l’eau et fait sortir de terre nos petites pousses.

D’ailleurs, celles-ci ne sortent pas de nulle part, car la rencontre du pollen et de l’ovule, à l’origine de la formation de la graine, a déjà engendré un embryon - ou plantule-, avec le kit de démarrage mini racines + mini tige + mini feuilles (que l’on nomme les cotylédons). La plantule a également à disposition un bon garde-manger pour ses premiers jours, d’où la richesse nutritive des graines. Maintenant, c’est le moment émotion : de nombreuses graines, chaque année, ne survivent pas. Parce qu’elles pourrissent, sont consommées ou parce qu’elles atterrissent un jour au mauvais endroit, l’aventure s’arrête là pour nos amies.

Afin d’éviter tout débat sur la fin de vie, les inégalités des chances de germer et la dignité graminée, passons vite à la rubrique suivante…

4. Art et graines

J’ai vu perler une petite larme au coin de votre œil quand j’évoquais le destin tragique de tant de consœurs graines, alors voici de quoi leur rendre hommage.

• Emerveillez-vous devant l’histoire de Jacques et le haricot magique et sa réécriture par Michel Butor (parce qu’on aimerait tous que les graines à maison existent), ou bien découvrez les mythes qui entourent les masques Ciwara en forme d’antilope, mais aussi de graine en train de germer.

• Contemplez les photographies à couper le souffle de Paul Starosta, où vous retrouverez vos artistes préférés concurrencés (et bien souvent dépassés) par les graines aux tournures de statuettes d’Afrique de l’ouest, de médailles napoléoniennes, de vases Art nouveau, de sculptures cubistes ou de specific objects minimalistes.

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Visionnez et revisionnez les vidéos de germinations accélérées et d’explosions ralenties des cosses, notamment celles de la chaîne du Smithsonian. C’est tellement beau et satisfaisant !

• Parez-vous de vos plus beaux atours en graine de larme de Job, d’acai, de réglisse, d’abrus precatorius, de toloman…

• Graines que vous retrouverez d’ailleurs en très grandes quantités au Musée du Quai Branly, composant les jetons du jeu de l’awale (apparu vers le Ve siècle de notre ère en Ethiopie), incorporées à des masques ejumba (Afrique de l’Ouest), montées pour servir de talisman en Thaïlande,

Comme quoi les graines, malgré leur petite taille, ont frappé l’imagination de nombreux artistes dans le monde, ont pulvérisé de nombreux records et rendent la nature pleinement nourricière.

Blandine

Sources :

- Collections numérisées sur le site du Musée du Quai Branly

- Site du musée Guimet

- Site du Smithonian Institute

- Sites de Santé Magazine et de Noovomoi

- myriad-online.com/resources/docs/awale/francais/background.htm

- Les plantes qui puent, qui pètent et qui piquent, A. Pontoppidan et L. Hignard, éd. Gulf Stream, 2009.

- L’Almanach de la nature. 12 mois d’observations et de découvertes, Catherine Perrin, éd. Delachaux et Niestlé, 2005.

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Dédale et la fourmi

Dédale était un athénien de bonne famille. Il était un incroyable forgeron, architecte, sculpteur et inventeur. C’était également un esprit très vif, débordant d’idées et de stratagèmes ; un génie.

Cependant, accusé du meurtre de l’un de ses élèves, Talos, il fut traduit en justice et banni de la grande cité. Il se réfugia en Crète en la demeure du tristement célèbre Minos. Il construisit pour ce roi le labyrinthe pour y enfermer le Minotaure et ainsi piéger les Athéniens et Athéniennes qui y étaient envoyés. Mais peut-être rongé par le remords ou ému par les déboires d'Ariane et Thésée, il les aida à se débarrasser du Minotaure et à sortir sains et saufs du labyrinthe pour rejoindre Athènes.

Minos en s ’apercevant de la fuite de sa fille et de son amant comprit immédiatement qui les avait aidés, connaissant bien le génie de Dédale. Pour le punir, il l’enferma lui et son fils Icare dans le labyrinthe, condamnant le créateur à mourir de sa propre création car même l’Athénien ne pouvait sortir du labyrinthe sans indication. Pourtant Dédale ne se laissa pas abattre et il trouva une solution pour quitter cet endroit. Il fabriqua deux paires d’ailes pour son fils et lui et ils s ’envolèrent au-dessus de la Crète.

Icare que le pouvoir de voler avait grisé, pensa pouvoir s’élever aussi haut que les dieux et le paya de sa vie lorsque la cire attachant ses ailes à son dos fondit à l’approche du soleil, l’engloutissant dans la mer. Désormais seul, Dédale continua sa fuite vers l’ouest. Il s ’arrêta à Camicos en Sicile et se fondit parmi ses habitants en continuant d’exercer ses nombreux talents. Pendant ce temps, Minos, furieux d’avoir perdu Dédale, lança toute sa flotte pour le retrouver. Il avait élaboré un brillant stratagème pour découvrir où ce dernier se cachait. Partout où il allait, le roi de Crète proposait une forte récompense pour qui saurait passer un fil à travers les spirales d’une coquille d’escargot (ou un coquillage selon les variantes). Minos savait que seul le génie de Dédale serait capable de résoudre ce problème.

L'heure du conte
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Lorsqu’il arriva enfin à Camicos, il exposa son défi au roi Cocalos qui, intéressé par la récompense promise, lança un appel à son peuple pour trouver la solution. Bien évidemment ce fut Dédale qui découvrit le moyen de réaliser cet exploit. Il perça un trou à l’extrémité de la coquille et enduit les bords opposés de miel. Puis il attacha le fil à une fourmi et l’introduisit dans les spirales de la coquille. Attirée par la récompense sucrée, l’insecte traversa toutes les spirales emmenant le fil avec elle à sa suite. Lorsqu’elle ressortit, Dédale la libéra et transmit la coquille suspendue au fil au roi Cocalos qui la remit à Minos.

Ce dernier, sûr d’avoir trouvé le repère de Dédale, ordonna qu ’ on lui amène l’homme mais le roi Cocalos refusa au nom de l’hospitalité, une règle que l’on ne prenait pas à la légère en Grèce ancienne. Les filles du roi de Camicos qui appréciaient Dédale et ses constructions ludiques imaginèrent donc avec lui un complot pour se débarrasser du roi de Crète qui tourmentait le génie. Ils détournèrent un tuyau dans le plafond au-dessus du bain de Minos et lorsque celui-ci s ’ y prélassa ils le tuèrent avec de l’eau bouillante qu’ils laissèrent couler. Le roi Cocalos qui ne souhaitait pas d’ennui avec la Crète, renvoya le corps en inventant une excuse pour la mort du souverain qui fut enterré en grande pompe, laissant ainsi Dédale en paix pour continuer à construire toutes sortes d’inventions et bâtiments.

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Parce qu’on peut être dans le thème jusqu’au bout des polices, voici un petit brin d’article écrit en minuscules caractères, juste pour le plaisir duprankillusionniste. Lecteur, nous n’écrirons ici rien de bien sérieux, car nous avons pitié de tes yeux. Permets-nous juste de te partager une étymologie aussi minuscule que ton studio d’étudiant un soir de fête… L’adjectif rikiki, tout gentil et bon enfant, serait issu du nom d’une liqueur éponyme, le Rikiki, que l’on ne consomme qu’en toute petite quantité.

Bon, si vous êtes en spé Orient, il y a aussi une explication moins sexy mais plus akkadienne : le radical *rik-, issu de cette langue, exprimerait la petitesse. Personnellement, je préfère l’explication alcoolique, mais toujours avec modération. J’espère que toi aussi, lecteur, tu bois des verres aussi minuscules que cet article lors de tes soirées estudiantines…

Un grain de beauté, dans ce monde de brutes

Des points, faut-il les compter, dans le but d’obtenir un score ?

Des graines éparses de sésame brun sur une chair de velours, Qu’ouvrez-vous ? Qu’offrez-vous à voir ?

Nul doute, vous êtes une de celles qui papillonnent, qui Enjouées se posent délicatement dans le creux d’un sourire ; Discrètes stationnent sur le menton ; Ou assassines, piétinent près du bord de l’œil ;

Généreuses, effleurent les reliefs supérieurs du buste ; Effrontées, prospectent les abords du nez. Naïs

Cf. Les mouches, en réalité grains de beauté ajoutées ou utilisés par les femmes galantes au XVIII siècle pour mieux séduire par l’élégance et la grâce. Tout un langage y est associé, assez ludique à lire.

CECI EST UN ARTICLE MINUSCULE
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MARIE ***

créditS

Couverture : @Coralie Morales

p.7-10 : @Blandine Adam

p.15-18 : @Blandine Adam

p.19-20 : @Coralie Morales

p.21-22 : @Blandine Adam

p.23-24 : @Naïs Ollivier

p.26 : @Djama Espinola

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