Russia Beyond the Headlines (Luxembourg)

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JEUDI 3 SEPTEMBRE 2015 Distribué avec

Ce cahier de quatre pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta, qui assume l’entière responsabilité se son contenu PA R M I L E S A U T R E S PA R T E N A I R E S D E D I S T R I B U T I O N : T H E D A I LY T E L E G R A P H , T H E N E W YO R K T I M E S , L E F I G A R O , L A R E P U B B L I C A E TC .

EMBARGO ALIMENTAIRE Bilan d'un an de substitutions des importations occidentales

EN LIGNE SPORT : EN COUPLE DANS LE SPORT COMME À LA VILLE

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Tatiana Volosozhar et Maxim Trankov, les champions des JO 2014, se sont dit 'oui'. Découvrez plus des sportifs en couple ! lu.rbth.com/391037

CULTURE : MATRECHKA, SYMBOLE ÉTERNEL DE LA RUSSIE

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L’histoire de ce jouet, comme la poupée elle-même, recèle de nombreuses surprises. lu.rbth.com/328355

KOMMERSANT

Les hauts et les bas du protectionnisme

duction des sociétés nationales d’industrie lourde, d’aérospatiale et d’aéronaut i qu e c o n s e r v e u n n iv e a u d e compétitivité élevé sur le marché global.

TOURISME : UN MOIS D’AOÛT À L'ÎLE DE SAKHALINE

Lutte contre la contrebande n’existe aucun signe clair que la substitution aux importations stimule la production domestique », affirme le rapport intitulé Global Macro Outlook, publié le 17 août 2015. Le seul secteur sur lequel le programme de substitution ALEXEÏ LOSSAN des importations fonctionne bien est RBTH l’agriculture, note l’agence. La Russie a introduit des contre-sanc- Une étude réalisée par l’Académie Prétions en réponse à celles décrétées à son sidentielle Russe d’Économie Nationale, encontre par l’UE et les États-Unis. l’Institut Gaïdar et le Ministère du DéMoscou a décidé le 6 août 2014 un em- veloppement Économique, montre que bargo sur les produits alimentaires pro- la substitution aux importations a d’ores venant de pays ayant adoptés des sanc- et déjà augmenté les revenus des agriculteurs. tions contre la Russie. « Je considère qu’il est indispensable Au premier trimestre 2015, les bénéd’analyser rapidement les possibilités fices nets des compagnies agricoles de remplacer de façon compétitive les russes atteignaient 91,3 milliards de produits importés dans l’industrie et le roubles (1,27 milliard d’euros), contre secteur agricole. De plus, nous mettrons 32,3 milliards de roubles (442 millions en place tout un système de soutien aux d’euros) l’année passée, soit une mulindustries nationales », annonçait Vla- tiplication par 2,82. Cette augmentation de la production se retrouve sur dimir Poutine en juin 2014. tous les produits alimentaires de base : la viande (6,4%), le lait (0,9%), les œufs Les effets positifs de la (1,7%) par rapport à la même période substitution Selon les analystes de l’agence de no- de l’année dernière. tation Moody’s, la substitution des im- En revanche, la production de certains portations en Russie ne fonctionne que produits diminue. La comparaison des pour la production alimentaire. « Il données de production de viande et de Quelles mutations ont été observées sur le marché russe après une année de sanctions et de l'embargo ? RBTH analyse l'effet sur l'économie russe des mesures prises par les autorités.

lait illustre ceci de façon frappante. D’après les données du Service fédéral russe des statistiques (Rosstat), au premier trimestre 2015, l’importation de viande et de produits à base de viande a diminué de 54% par rapport au premier trimestre 2014, alors que dans l’ensemble, la production importée est remplacée par de la production domestique. Dorénavant, la part de marché des produits à base de viande fabriqués en Russie atteint 97%. À titre de comparaison, sur la même période, la production de lait n’a augmenté que de 34 000 tonnes, ce qui représente moins de 3% du volume des importations interrompues, qui ont chuté de 75%. Cela signifie que l’industrie laitière subit un lourd déficit de matières premières et ne parvient pas à compenser la chute des importations. Les importations de fromage ont été divisées par 9,4 entre juillet 2014 et juillet 2015 pour atteindre 41 000 tonnes, alors que le volume de production nationale n’a crû que de 22,6%. Hormis l’agriculture, d’autres secteurs devraient en principe bénéficier du protectionnisme, soulignent les analystes de Gazprombank. Selon eux, la pro-

Le soutien à la production nationale se fait aussi à travers la lutte contre la contrebande de nourriture en provenance des pays sous embargo. Depuis le 6 août, les autorités russes prennent le taureau par les cornes et n’hésitent pas à détruire les produits confisqués à la frontière et concernés par l’embargo russe. Ces derniers mois, peu de décrets signés par le président russe Vladimir Poutine ont suscité une polémique aussi forte. L’encre du décret n’était pas encore sèche que déjà les bulldozers écrasaient les têtes d’oies et meules de fromage importées clandestinement. Dès que les autorités vétérinaires se sont lancées dans une chasse aux denrées interdites à l’importation, une vague de protestations a grondé sur l’Internet, car certains produits alimentaires détruits étaient autorisés d’un point de vue technique. Mais les autorités se sont montrées intraitables. Lorsque l’Union européenne a décidé de prolonger les sanctions à l’encontre du pays, Moscou a répliqué début août par un renforcement de son embargo. SUITE EN PAGE 2

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C’est le temps idéal pour observer les baleines, camper près de lac chauds et s’adonner aux sports nautiques. lu.rbth.com/393045

SOCIÉTÉ : LES BESOINS ÉTRANGES DES RUSSES

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Louer un chat ou accompagner un ours en peluche à travers Moscou... Les services bizarres recherchés par les Russes. lu.rbth.com/392809

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77 % des lecteurs affirment que le site de RBTH touche tout le monde et non seulement ceux qui s'intéressent particulièrement à la Russie. *Les statistiques sont basées sur un sondage public, effectué le 15 mars 2015 sur le site de RBTH.


Jeudi 3 septembre 2015

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Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Jeudi

ÉCONOMIE

EMBARGO ALIMENTAIRE LES AUTORITÉS RUSSES ONT SOULEVÉ UN DÉBAT À L'ÉCHELLE MONDIALE EN ORDONNANT LA DESTRUCTION DE DENRÉES ALIMENTAIRES. L'EMBARGO RUSSE SUR LES IMPORTATIONS S'AVÈRE COMPLEXE À METTRE EN ŒUVRE

BILAN D’UN AN D’EMBARGO SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

TASS

Des produits mis à l’index et confisqués à la frontière russe - en majorité importés de l’UE - ont été voués à la destruction. C’est ainsi que l’on lutte contre des importations illégales de produits issus des pays frappés par l’embargo. Par la même occasion, l’Albanie, le Monténégro, l’Islande, le Liechtenstein et l’Ukraine ont été ajoutés à la liste des pays dont les exportations sont concernées par ces mesures d’interdiction. En revanche, les particuliers ont toujours le droit d’importer des denrées alimentaires pour leur consommation personnelle. Tous les moyens sont bons pour détruire des chargements entiers de camions, tant que l’on respecte les normes environnementales. Les autorités ne cherchent pas uniquement les denrées prohibées aux frontières du pays, mais aussi sur l’ensemble du territoire russe, jusque dans les hangars et les rayonnages des supermarchés ou des détaillants. D’après les services des douanes russes, 552 tonnes de denrées interdites ont été ainsi détruites par les autorités compétentes au cours du premier semestre 2015. Le vice-Premier ministre russe Arkadi Dvorkovich a fait savoir qu’au cours des derniers mois, on avait officiellement recensés entre 700 et 800 violations de l’embargo sur les denrées alimentaires. Selon lui, 44,8 tonnes de marchandises prohibées ont été confisquées dans les magasins. La destruction des produits d’importation a commencé le 6 août, date d’entrée en vigueur du décret. Elle a touché d’abord une livraison à la frontière russo-ukrainienne, où 10 tonnes de fromage d’origine inconnue furent saisies. Peu de temps après, ce fut le tour d’un camion frigorifique transportant 1,5 tonne de tomates illégales, décou-

552 tonnes de denrées alimentaires ont été détruites au premier semestre 2015

vertes dans la région de Pskov, à la frontière occidentale du pays. Un porteparole des autorités de contrôle agricoles a précisé que le plus souvent, les denrées sont incinérées. Certaines marchandises sont transportées dans des décharges pour déchets solides et broyées à l’aide de machinerie lourde. L’analyste en chef de la société d’investissements UFS, Timour Nigmatoulinne, souligne l’impossibilité de mettre en œuvre l’embargo dans son intégralité : « C’est dû aux particularités de la législation supranationale

et aux règlements douaniers en vigueur au sein de l’Union eurasiatique ». Ainsi, le Biélorussie, qui fait partie de l’Union douanière avec la Russie, n’a pris aucune sanction envers l’Union européenne. Or, il n’existe aucun contrôle douanier entre la Russie et ce pays.

À peine le décret signé, et déjà les bulldozers broyaient les meules de fromage importées de l’étranger.

Réaction indignée de l’opinion publique La plupart des Russes ne comprennent pas pourquoi les denrées d’importations doivent être détruites. D’après un sondage du Centre Levada, 48% de la

population est opposée au décret ; seul 40% s’y déclare favorable. 41% des sondés préfèreraient voir les importations clandestines transférées aux orphelinats, aux foyers pour sans-domicile fixe ou encore à des retraités dans le besoin, des personnes handicapées ou des familles nombreuses. 27% des personnes interrogées suggèrent de faire don des marchandises illégales à des œuvres caritatives. 24% des sondés sont quant à eux favorables à l’envoi des denrées confisquées dans le Donbass en proie à un conflit, et 12% proposent de les expédier dans les pays africains souffrant de famine. De fait, l’indignation de la population est palpable. 250 000 personnes ont signé une pétition contre la destruction des produits. À Novossibirsk, capitale de la Sibérie, le parti d’opposition Iabloko a manifesté contre le décret. L’association de défense des consommateurs a même déposé un recours en justice contre la décision gouvernementale auprès de la Cour suprême de Russie. Dans une interview accordée au webzine Gazeta.ru, le directeur des autorités de contrôle agricoles Sergueï Dankvert a répondu fermement qu’une redistribution aux nécessiteux était trop hasardeuse. Selon lui, une telle pratique encouragerait la corruption. Face à ceux qui dénoncent un gaspillage, il répond : « Le système fonctionne comme cela partout dans le monde : si des documents douaniers sont falsifiés ou l’origine des produits est inconnue, il faut détruire ces derniers ». Les dirigeants russes se sont justifiés par un souci sanitaire. Pour Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, « il s’agit de produits de contrebande sans certificats d’authenticité. Personne ne peut garantir que ces denrées ne soient pas nocives pour la santé, même si elles ont l’air délicieux ».

ENTREPRENARIAT Les fermiers optent pour le statut d'entrepreneur individuel pour obtenir un coup de pouce de l'État

Les fermiers entrepreneurs ont le vent en poupe Les sanctions réhaussent le prestige du métier de fermier. Sur fond de restrictions budgétaires généralisées, l'agriculture est l'un des rares secteurs à conserver le même niveau d'aide du gouvernement. MARIA KARNAOUKH POUR RBTH

Youri Orlov, fermier de Mordovie (région de la Volga), possède une exploitation laitière et a obtenu sa première allocation. Le financement d’État lui a permis d’équiper sa ferme de matériel dernier cri et d’acheter quinze vaches de race. Afi n de poursuivre le développement de son entreprise individuelle, il envisage de participer au concours pour l’obtent ion d’a l lo c at ion s au x fe r me s d’élevage. Ce programme du ministère de l’Agriculture accepte les demandes de ceux qui ont déjà obtenu l’allocation « Fermier débutant ». L’État débloque entre 43 000 euros et 100 000 euros pour les fermes « familiales », ce qui per-

L’année dernière, la production des exploitations individuelles a pour la première fois atteint 51,4% du marché russe

met à ces dernières d’augmenter leurs capacités de production. Natalia Zvereva, directrice de la fondation de programmes régionaux sociaux « Notre avenir », note qu’à l’heure actuelle, de nombreux propriétaires d’enclos individuels enregistrent ceux-ci comme entreprises individuelles afi n de pouvoir participer au concours à l’allocation « Fermier débutant ». Selon les informations du Service fiscal de Russie, le nombre d’entrepreneurs dans le secteur agricole a augmenté de 4 670 rien qu’u cours du premier trimestre de l’année. Le nombre de nouvelles entreprises agricoles n’avait pas dépassé les 3 000 pour toute l’année 2014. La présidente du Parti agraire de Russie, Olga Bachmachnikova, note que ce programme existe depuis 2012, mais qu’il bénéficie d’un intérêt accru cette année. L’allocation s’élève à environ 22 000 euros. Parmi les candidats, on trouve 60% de fermes d’élevage et 40% d’agriculture (dont 25% d’exploitations céréalières).

22 000 euros qui font la différence Selon les estimations des fermiers interrogés par RBTH, cette allocation constitue une aide significative pour le démarrage d’une exploitation. Elena Chtcherbakova, avicultrice dans l’Altaï (Sibérie), a enregistré son entreprise individuelle le 15 juillet dernier. « Mon objectif est de présenter une demande pour l’allocation du ministère de l’Agriculture, a-t-elle indiqué. Pour nous c’est une chance de toucher des ressources afin d’obtenir ce que nous ne pouvons pas acheter nous-mêmes : des couveuses, notamment industrielles, qui coûtent 8 000 euros pièce ». Aujourd’hui, les affaires dans le monde agricole ont le vent en poupe, sur fond de croissance de la demande des consommateurs russes générée par les contre-sanctions. « L’embargo a libéré de la place sur les rayons des supermarchés pour les entrepreneurs russes. Nous constatons une augmentation considérable de la de-

En chiffres

47 252 exploitations agricoles et fermières sont désormais enregistrées sur le territoire russe.

mande pour les produits russes », souligne Mikhaïl Nikolaïev, partenaire gérant de l’entreprise Nikolaïev & fils et de la propriété viticole Lefkadia. D’après lui, le nombre de Russes achetant les fromages du pays a augmenté de 40% au cours de cette année. À la fi n de l’année dernière, ses entreprises ont augmenté leurs capacités afin de répondre à la forte croissance de la demande.

53,2

Le financement ira croissant

milliards d’euros c’est la valeur de la production agricole en Russie en 2014.

Selon les experts, la Russie possède près de 40 millions d’hectares de terres arables inexploitées. L’année dernière, la production des fermes et des exploitations individuelles a constitué 51,4% du marché russe, selon les données de l’Association des exploitations paysannes et des coop é r at ive s a g r ic ole s de Ru s s ie (AKKOR). Des fermiers reconnaissent la possibilité d’accroître cet indicateur, mais font remarquer qu’il faut pour cela augmenter le financement et préser-

LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX : • LE JEUDI, TAGEBLATT, LUXEMBOURG • LE SOIR, BELGIQUE • LE FIGARO, FRANCE • HANDELSBLATT, ALLEMAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE • THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES, INTERNATIONAL NEW YORK TIMES, FOREIGN POLICY ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • EL PAÍS, ESPAGNE, CHILI, MEXIQUE • EL OBSERVADOR, URUGUAY • LA NACION, ARGENTINE • EL PERUANO, PÉROU • FOLHA DE S. PAOLO, BRÉSIL • NEDELJNIK, GEOPOLITIKA, SERBIE • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • HUANQIU SHIBAO, CHINE • THE ECONOMIC TIMES, INDE • NATION, PHUKET GAZETT, THAÏLANDE. EMAIL : LU@RBTH.COM. POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ LU.RBTH.COM.

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Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Jeudi

Jeudi 3 septembre 2015

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ENTRETIEN OLEG PROZOROV

Les gagnants et les perdants de l’embargo alimentaire

Pas de répit pour les affaires Le directeur du bureau moscovite de la Chambre de Commerce BelgoLuxembourgeoise en Russie s'est confié à RBTH à propos de l'impact des sanctions sur les relations entre la Russie et le Grand-Duché. E. IVANOVA, E. TCHIPOURENKO RBTH

Aliments concernés par l’embargo

Plus d’un an s’est déjà écoulé depuis l’introduction par l’UE et d’autres pays s’y étant joints de sanctions contre la Russie, ainsi que la mise en place en réponse d’un embargo sur les produits alimentaires par la Russie. Dans quelle mesure ces sanctions ont-elles impacté les relations d’affaires russo-luxembourgeoises ? On parle beaucoup de conséquences, des pertes, et très peu de l’aspect pratique de la question. Par exemple, si l’on observe la situation, le spectre des sanctions inclut des institutions financières et industrielles strictement définies. Il est important de bien comprendre que le simple fait qu’un produit importé se trouve sur la liste des sanctions ne signifie pas automatiquement qu’il est interdit de l’importer ou de l’utiliser en Russie. Dans de nombreux cas, en suivant les procédures légales et en déclarant clairement l’usage final du produit, on peut recevoir une autorisation de l’importer en Russie. Dans les secteurs concernés par les sanctions, la coopération selon les schémas habituels a évidemment nettement baissé. En l’occurrence, la Chambre recommande aux entreprises de rediriger leurs intérêts vers des secteurs dans lesquels la coopération est autorisée et offre d’excellentes perspectives, comme le secteur agricole.

Baisse des importations de produits

GAIA RUSSO

En ligne

Décourvez plus des article sur l’embargo sur notre site. Les Français initient des Russes à l’art de la fabrication du fromage lu.rbth.com/390673 Embargo russe : qui sont les perdants ? lu.rbth.com/390161 300 tonnes de produits détruits lu.rbth.com/382545

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ver l’emba rgo su r les produ its alimentaires. Olga Bachmachnikova explique que pour le moment, les subventions de l’État ne sont pas suffisantes pour soutenir tous les fermiers en herbe. Or, le financement du programme d’allocations a été élargi cette année pour passer de 27 millions à 46 millions d’euros. « Cette année, les demandes d’allo-

cation en provenance de toutes les régions de Russie se montent à plus de 360 millions d’euros. Nous comptons entre sept et dix candidats pour chacune, en fonction des régions », poursuit-elle. Le ministère de l’Agriculture promet de débloquer ces cinq prochaines années environ 30 milliards d’euros pour le soutien de l’agriculture.

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70% des Russes contre toute concession au nom de la levée des sanctions lu.rbth.com/167937

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Le monde des affaires luxembourgeois démontre-t-il le même intérêt à travailler en Russie ? Ces trois dernières années, le Luxembourg est régulièrement membre du trio des plus grands investisseurs directs en Russie. Selon les données de l’année dernière, en 2014, le volume d’investissements directs était d’environ 50 milliards de dollars [44,5 milliards d’euros, ndlr]. Et même malgré la crise, en 2015, nous constatons un intérêt accru pour le marché russe parmi les entreprises luxembourgeoises. Par exemple, le secteur du comme rce en l ig ne se développe activement. Comment se portent les compagnies russes au Luxembourg ? Les compagnies continuent leur développement. Hélas, bien entendu, elles sont en butte à des difficultés régulières. Par exemple, beaucoup sont confrontées à une méconnaissance et une incompréhension de l’objet des sanctions, ce qui cause des erreurs et des délais dans les opérations bancaires. Mais la position du Luxembourg est extrêmement loyale et s’efforce dans la mesure du possible de séparer les affaires de la politique. Y-a-t-il des exemples de nouveaux modes de coopération entre les sociétés russes et luxembourgeoises, par exemple la localisation de compagnies sur le territoire russe ? Il me semble que la localisation sur le territoire russe n’est pas une nouveauté. Nous avons des exemples de membres luxembourgeois de notre Chambre, qui ont construit des usines en Russie il y a quelques années, dans les districts de Iaroslavl, Moscou et Samara. Il existe aussi des exemples de

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Biographie

Oleg Prozorov Diplômé de l’Université russe d’économie Plekhanov et de l’Université catholique de Louvain, il a travaillé comme conseiller des entreprises belges, luxembourgeoises et suisses sur les marchés russes et européens. Il a occupé des postes supérieurs au MB INVEST, STELLA Atlux SA (Luxembourg), NOBLE PARTNERS SA (Luxembourg), etc.

construction de nouvelles usines et de projets fructueux ayant lieu aujourd’hui. Le business ne fait pas de surplace et, une fois adapté aux nouvelles conditions, développera des formes de coopération confortables et rentables. La Chambre, en coopération avec des organisations de soutien aux affaires et avec les pouvoirs publics, parvient-elle à résoudre les problèmes des entreprises luxembourgeoises en Russie ? Nous avons de nombreux accords et mémorandums avec des régions et des structures fédérales. Leur but est de créer une infrastructure efficace pour les membres de la Chambre . Par exemple, les questions de législation migratoire, le régime des visas, les spécificités du droit fiscal russe, le déroulement des procédures douanières, et de bien les autres encore. Nous avons également, très récemment, élargi de façon significative notre coopération avec la Chambre de Commerce du Grand-Duché et d’autres organisations de soutien aux affaires en UE. Quelle est l’état d’esprit des milieux d’affaires luxembourgeois vis-à-vis des sanctions et contre-sanctions mises en place ? Les milieux d’affaires ne peuvent pas avoir une attitude positive envers des mesures restrictives concernant leur activité. D’une position très inconfortable l’année dernière, le monde des affaires a réalisé l’importance de poursuivre son développement dans les difficiles conditions actuelles. Quel est l’avantage du Luxembourg comme centre financier pour les entreprises russes ? Situé au centre même de l’Europe, le Luxembourg est un centre fi nancier mondial largement reconnu, offrant traditionnellement un haut degré de compétence et de sécurité économique. Le gouvernement du Luxembourg améliore sa législation en permanence et a conclu un accord de non-imposition mutuel avec la Russie.

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Jeudi 3 septembre 2015

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Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Jeudi

ÉCONOMIE

GASTRONOMIE Les astuces des chefs moscovites confrontés à l’embargo alimentaire

Le marmiton et les sanctions Les contre-sanctions russes privent les chefs russes de très nombreux ingrédients importés. Plusieurs d'entre eux nous ont raconté la manière dont ils adaptent leurs menus. MARINA OBRAZKOVA RBTH

1. Aziz Saffar restaurant français « Le Restaurant » Bien sûr, les contre-sanctions russes ont eu un effet sur mon travail. C’est la vie ! Il serait faux de dire que j’ai été obligé de changer complètement certains plats ou de les retirer du menu : j’ai trouvé des produits de remplacement équivalents aux ingrédients que j’utilisais avant. Je me suis intéressé aux produits locaux et, à mon grand étonnement, j’ai découvert beaucoup d’ingrédients intéressants : du bœuf, du veau, de l’agneau de Briansk et de Voronej, des oies, des canards et des cailles, des chanterelles et des trompettes de la mort de fermes des alentours de Moscou, des crabes de Kamchatka, du poisson nordique (flétan) de Mourmansk, des fruits de saisons, des légumes et des herbes de Krasnodar. Mais ma plus grande découverte sont les truffes de Crimée, qui n’ont rien à envier en qualité aux truffes françaises.

2. Sergueï Erochenko restaurants de cuisine russe et fusion « Tchestnaya Kukhnya » et « Fédia, ditch ! » Mes projets étaient dès le départ basés sur l’utilisation exclusive de produits locaux : du gibier, des poissons nordiques, de la viande et de la volaille fermière, des légumes, des fruits et des baies de saison. Bien entendu, aujourd’hui, la demande en produits russes a considérablement augmenté. Je vois que d’autres chefs, travaillant également dans des restaurants en Russie, ont commencé à rechercher des nouveaux produits, à adapter leur menus aux conditions actuelles. Evidemment, certains ont du mal à surmonter de l’embargo alimentaire russe. Il s’agit principalement des restaurants gastronomiques servant de la cuisine italienne, méditerranéenne ou française, car ils justifiaient autrefois leurs prix élevés par l’utilisation de produits exclusifs, dont la majeure partie est désormais visée par les contresanctions russes.

3. Christian Lorenzini restaurant de la cuisine d’auteur « Christian » et restaurant italien « Buono » À mon avis la situation ne s’est pas encore éclaircie, il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Mais bien sûr, en tant que chef, je sais d’avance qu’elle ne me plaira pas. Je manque beaucoup de fromage, de charcuterie, de produits laitiers importés, de bonne crème fraîche, de viande, de quelques genres de poissons et de coquillages. Par exemple, nous ne servons plus de foie gras. Les prix certains produits se sont immédiatement envolés, et certains autres ont totalement disparu. La politique nous oblige à revoir notre

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menu et à chercher des remplacements aux produits importés. Pour l’instant, notre solution est tout d’abord, évidemment, de rechercher des analogues locaux permettant de remplacer les produits étrangers dans nos plats existants par des produits russes ou bien, si nous voyons qu’il n’existe pas d’équivalent de qualité à l’un ou l’autre des produits, nous retirons le plat du menu. Ce qui est qualité ne doit en aucun cas souffrir.

4. Alexandre Katchinski restaurant australien « Glenuill » et buffet italien « Zupperia » À cause des contre-sanctions, notre menus a rétréci. Nous avons été forcés de retirer tous ce que nous n’avons pas pu remplacer. Avant, nous achetions de la viande australienne, maintenant nous la faisons

NAVIGATION SIMPLE

venir de Briansk et de Voronej. Heureusement, nous avons pu trouver de la viande de bonne qualité, mais nous n’avons pas réussi à remplacer les fromages. Par exemple, nous n’avons rien trouvé pour remplacer la mozzarella en Russie. Nous avons également eu des difficultés avec les fruits de mer, le poulpe et les crevettes royales. Nous achetons maintenant notre saumon à Mourmansk, mais nous avons dû remplacer les crevettes royales par des crevettes tigrées, parce que ce qui se trouve légalement sur le marché est devenu très cher. En valeur absolue, l’assortiment revient 40% plus cher.

5. Chen Yongjian restaurant chinois « Soluxe club » Le choix des fournisseurs de produits

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est, à mon sens, l’une des tâches les plus importantes et prioritaires d’un chef cuisinier. Nous faisons venir de Chine beaucoup d’ingrédients rares et convoités, par exemple des nids d’hirondelles, des œufs de canard fermentés, des sauces et des épices. Mes sous-chefs contrôlent tous les jours les livraisons de produits. Je ne peux pas dire que les contre-sanctions nous aient particulièrement touchés, car nous n’utilisons pratiquement pas les produits interdits : une cuisine chinoise authentique suppose des produits exclusivement chinois. En revanche, le facteur économique, la hausse du dollar et de l’euro nous a touché : les produits sont déjà plus chers de 20%, et les prix dans les restaurants augmentent avec eux.

6. Maxime Goriatchev restaurant fusion « Kousotchki » La première vague de contre-sanctions russes nous a appris à nous adapter, et pas seulement nous, mais également les producteurs locaux, qui profitent de l’occasion pour augmenter la qualité de leur produit au niveau des produits européens. C’est vrai, le niveau des prix a nettement augmenté. Cependant, le bœuf marbré de Voronej, auquel beaucoup se convertissent aujourd’hui, est meilleur au goût et moins cher que le bœuf importé. Nos fromages du Caucase sont une alternative aux fromages étrangers. Ils sont nettement moins chers que les fromages importés, mais bien sûr, leur goût est différent. Pour le moment, c’est l’été, donc les fruits et légumes sont locaux.

L U . R B T H . C O M / M U LT I M E D I A SCANNEZ LE QR POUR VOIR LA VIDÉO D’INTRODUCTION.


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