La Russie d'Aujourd'hui

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La BD se découvre un nouveau marché Encore très méconnue en Russie, la BD s’offre un festival qui devrait consacrer le 9ème art. P. 8

Le Lion de Venise pour Sokourov © ap/east news

Quel dictateur se cache derrière le « Faust » de l’hermétique réalisateur ? P. 7

Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu Mardi 27 septembre 2011

Régions

Aménagement Le Kremlin veut relocaliser les grandes institutions politiques hors des murs de la capitale

Moscou va se donner de l’air

L’écotourisme, connaît un essor sans précédent

Le président Dmitri Medvedev souhaite bousculer le train-train des hauts fonctionnaires et désengorger le centre de la capitale. Du coup, Moscou va radicalement s’agrandir. Anton Makhrov

La russie d’aujourd’hui

Les objectifs du président ­tombent sous le sens : « Améliorer le dé­ veloppement de la mégalopole de Moscou et simplement rendre plus facile la vie d’un grand nombre de personnes ». La tâche est pharaonique : construire à partir de zéro une ville de 100 000 à ­500 000 âmes. « Que la ville des fonctionnaires soit modeste, soit, mais elle doit être autonome », estime Mikhaïl Khazanov, vice-président de l’Union des architectes de Moscou. « Les organes supérieurs du pouvoir fédéral, ce ne sont pas uniquement des bureaux. Il faut aussi des logements, une infras­ tructure sociale, des transports et des sociétés de services », poursuit l’architecte. Contrairement aux prévisions, les fonction­naires n’ont pas rouspété. Très peu de temps leur avait pourtant été imparti.

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©AFP/EAST NEWS

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©alamy/photas

Vingt ans après l’ouverture des frontières de l’URSS, les touristes russes se sont lassés du tourisme de masse auquel ils s’étaient jusqu’ici cantonnés. Leurs goûts s’alignent désormais sur les tendances européennes, avec un goût prononcé pour la nature sauvage.

Les différentes administrations visées par le déménagement occupent aujourd’hui tout un quartier dans le voisinage immédiat du Kremlin.

Politique Les femmes sont toujours royalement absente du pouvoir

Photo du mois

Un très discret parfum de féminité

Champions de la kacha

On ne compte aucune femme parmi les personnalités prépondérantes du pouvoir russe. Hormis le speaker du Sénat Valentina Matvienko, dont la réputation laisse à désirer. spécialement pour La russie d’aujourd’hui

©itar-tass

« Chaque cuisinière doit ap­ prendre à gouverner l’État », scandait Lénine. Ce précepte, qui avait permis aux femmes d’êtres représentées dans les organes du pouvoir en URSS, a fait long feu.

Svetlana Jourova s’est révélée loin d’être une simple potiche.

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Catastrophes aériennes en série

Un record Guinness mondial a été battu à Toula, où 865 kilos de flocons d’avoine ont été cuisinés en une seule fois. Soit 235

kilos de plus que le record précédent, établi en Écosse, l’an dernier. Regardez la vidéo sur : larussiedaujourdhui.be/12721.

Trop vieux à 40 ans

La loi entrave la bière

Délices d’antan

La discrimination envers les salariés séniors s’accentue et la course à l’emploi est perdue d’avance passé 40 ans.

Une loi assimiliant la bière aux spiritueux vient d’être adoptée. La hausse de l’alcoolisme juvénile a déclenché des mesures punitives, comme la restriction des ventes et l’interdiction de la publicité.

Le « Musée des saveurs oubliées » à Kolomna a ressuscité de succulentes friandises pré-révolutionnaires comme la pastila, à base de chair de pomme.

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©photoxpress

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Laissez-nous vous présenter la Russie ! www.larussiedaujourdhui.be

La Russie et l’Europe face à l’immigration L’expert russe Vladislav Inozemtsev, qui a longtemps travaillé au Moyen Orient, pointe du doigt les parallèles et les différences entre les politiques migratoires en Europe et en Russie.

©kirill bychkov

Veronika dorman

Dans la Russie du XXIe siècle, la lutte pour la parité en politique est à reprendre à zéro. Dans l’arène politique, les ­grandes dames se comptent sur les doigts d’une main. L’unique politi­cienne d’envergure nationale est Valentina Matvienko, ancienne gouverneure de Saint-Pétersbourg, qui vient d’être nommée présidente de la Chambre haute du parlement russe. « Elle est la seule avec une véritable carrure politique et une vision », assure Olga Krychtanovskaya, sociologue spécia­liste des élites. Selon l’experte, il y a deux types de femmes en poli­ tique actuellement : les jolies poupées dociles et les très rares qui se sont faites une place à la force de leur talent.

Opinions

La Russie détient cette année le record mondial des victimes d’accidents d’avions. La ­presse cherche des explications à ce fléau et s’interroge sur la volonté politique de mettre fin à ce problème. PAGE 6

©lori/legion media

25octo bre


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Politique & Sociéte

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Moscou va se donner de l’air suite de la premiÈre PAGE

EN CHIFFRES

100 millions

de mètres carrés : c’est la surface totale des différentes constructions prévues sur le nouveau territoire.

70 000

euros : c’est le coût estimé du transfert de chaque fonctionnaire dans le nouveau centre d’affaires.

11,5 millions

- c'est la population de Moscou selon le recensement officiel de 2010. Ce chiffre représente 8% de la population russe.

©photoxpress

Afin de préparer les options du « grand déménagement », Medvedev leur a donné moins d’un mois. Des représentants de la municipalité s’étaient plaints d’un délai trop court, mais ils sont néanmoins parvenus à le respecter. Les autorités régionales ont d’ores et déjà accepté de transférer à la ville une zone délimitée par les routes vers Kiev et Varsovie, et par le grand anneau de la voie ferrée de Moscou. Y seront aménagés 105 millions de mètres carrés de sites, dont 45 millions de mètres carrés de bureaux et 60 millions de mètres carrés de logements. C’est à peu près le double du volume annuel de la construction dans toute la Russie. Le maire de Moscou Sergueï Sobianine aura besoin de près d’un an pour résoudre des problèmes que les experts comparent avec ceux rencontrés par d’autres projets similaires ailleurs dans le monde et résolus, comme au Brésil. La capitale actuelle Brasilia a été créée ex-nihilo, le site choisi étant d’ailleurs loin d’être le plus confortable : au beau milieu de la jungle. C’est selon un schéma similaire qu’a opéré le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, lorsque la capitale a été transférée d’Almaty à Astana. Cette démarche permet avant tout de rompre les liens corrompus entre les fonctionnaires et les représentants de diverses ­élites. D’ailleurs, c’est une expérience similaire qu’avait tentée au XVIIIe siècle le tsar réformateur Pierre le Grand, en déplaçant la capitale vers les marais de Saint-Pétersbourg. Un autre dispositif a été mis en place en Birmanie et au Nigéria, où le centre du pouvoir a été implanté à partir de zéro dans un site difficile d’accès. Le remplacement des grands commis de l’État n’était pas à l’ordre du

Le problème de l'engorgement des voies de circulation dans la capitale russe a pris une ampleur sans équivalent en Europe.

La zone d’expansion de Moscou

jour. Au contraire, les autorités cherchaient à protéger les fonctionnaires contre d’éventuels troubles sociaux. Enfin, une troisième option a été utilisée par les autorités de Malaisie où a été fondée une ville ultramoderne réservée aux fonctionnaires, à 20 km de Kuala Lumpur : Putrajaya, le nouveau centre administratif du pays. Dans aucun de ces cas la question d’un renouvellement radical de l’élite ne s’est posée, le processus étant principalement lié à des raisons de commodité et de gestion. À en juger par l’emplacement du nouveau siège du pouvoir russe, l’option de Medvedev semble s’inspirer du modèle malais, car tous les sites proposés sont faciles d’accès. Le chef de projet de la compagnie de gestion immobilière Trinfiko, Artem Tsogoïev, reste mé-

Malgré son coût exorbitant, les promoteurs du projet estiment qu'à terme, les frais seront amortis Cette démarche vise à rompre les liens corrompus entre fonctionnaires et représentants des élites fiant : « Nous faisons face à une situation où les institutions sont nominalement extraites de la ca­ pitale, mais néanmoins chacune d’elles devra conserver, outre le siège en région, une importante filiale à Moscou ». Dans tous les cas, le coût devrait être substantiel, estiment les ex-

perts. « 12 à 15 mètres carrés par fonctionnaire seront nécessaires. La construction et l’équipement reviendront à environ 2 105 euros le mètre carré. Non seulement les fonctionnaires, mais aussi leur personnel ont besoin d’es­ pace. Le coût total du déména­ gement d’un officiel pourrait se situer entre 50 000 et 100 000 dollars (soit entre 35 000 et 70 000 euros) », calcule le partenaire gérant de l’agence immobilière Blackwood, Konstantin Kovalev. Les promoteurs du projet sont pourtant convaincus que ces frais seront rentabilisés. Le ministre des Finances Alexeï Koudrine estime que le transfert permettra de libérer des bâtiments dans le centre-ville. Si la vente en est bien gérée, le coût à long terme du projet pourrait être entièrement amorti.

©Ria-Novosti

Quand les élections sont devenues libres et que les quotas sovié­tiques ont été annulés, au début des années 1990, les femmes ont disparu de la scène politique. Elles ne présentaient plus leurs candidatures, et dans le même temps, les gens ne voyaient pas de raisons de voter pour le sexe faible, rappelle Krychtanovskaya. la mentalité patriarcale a repris ses droits, comme si 70 ans de communisme n'avaient été qu'une parenthèse anecdotique. Aujourd’hui, le système social se fonde sur une conception très conservatrice des relations ­homme-femme, aggravée par l’obsession croissante, au niveau éta­ tique, d’une démographie désastreuse et de l’urgence de procréer. Il devient plus difficile de cumuler vie professionnelle et maternité à mesure que les crèches et maternelles diminuent en ­nombre et sont plus chères. Les nouvelles lois sur la famille ­orientent la femme davantage vers le foyer. À tout cela s’ajoute un esprit ma-

chiste triomphant. « Une femme, quelles que soient ses qualités, et qui qu’elle soit, suscite toujours la méfiance », affirme Irina Khakamada. Figure emblématique de la femme politique dans la nouvelle Russie postsoviétique et candidate à la présidentielle de 2004, Khakamada s’est retirée des affaires : « Pen­ dant 13 ans, j’ai consacré 70% de mon temps et de mon énergie à prouver que je suis une politi­ cienne égale en droits. Il ne m’en restait plus que 30% pour effec­ tivement passer des lois ». Elle est cependant opposée aux quotas qui ne sont qu’une discrimination positive humiliante pour la femme, et ne constituent pas un véritable progrès. « Il faut ré­ former les esprits et l’environne­ ment ». Dans le système clientéliste actuel, le charisme et les talents réels d’un homme sont moins importants que son allégeance au pouvoir. « Les hommes politiques en Russie sont souvent gris et insi­ gnifiants, parce que le système travaille pour eux. Ils peuvent

La superficie de la municipalité de Moscou après l’expansion sera multipliée par près de deux fois et demi.

Les vedettes

Le (très léger) parfum féminin du système politique russe suite de la Première pAGE

x 2,4

Valentina Matvienko est la seule femme à occuper un poste de premier plan dans le paysage politique.

Elle l'a dit

Larissa Nikovskaïa Docteur en sciences sociales à l'académie des sciences de russie

"

Si les femmes n'inter­ viennent pas davantage en politique, la démocratie qui se construit aujourd'hui dans notre pays sera démocratique... mais sans les femmes et pas pour elles. Ce sera une démocratie patriarcale."

n’avoir aucun intérêt et être pour­ tant des leaders », poursuit Khakamada. « Alors qu’une femme va à contre-courant, elle doit for­ cément se faire remarquer. Elle doit être hors du commun ».

Pour autant, les 12% des députées à la Douma, par exemple, sont loin d’être toutes des su­ perwomen. Souvent, elles y légifèrent plutôt sur la famille, l’enfance, l’éducation, le sport, la santé… « Ce ne sont pas des po­ liticiennes au sens propre, avec une idéologie et une vision large, mais des fonctionnaires profes­ sionnelles », résume Krychtanovskaya. Certaines se détachent néanmoins du lot, comme l’ancienne championne olympique de patinage de vitesse, Svetlana Jourova, vice-speaker de la Douma et membre du comité olympique. « Les femmes sont capables d’al­ ler au compromis et à la coopé­ ration, de s’intéresser aux consé­ quences de leur décision pour une personne concrète », estime-t-elle. Krychtanovskaïa se réjouit : « Au début, on se disait, encore une pimbêche sportive qui va faire

de la figuration. Mais elle a mon­ tré de vrais talents politiques ». Olga Krychtanovskaïa, elle, n’est pas seulement une théoricienne de la place de la jupe dans les arcanes du pouvoir. La sociologue est également une personnalité publique active, membre de Russie unie depuis 2009 et présidente d’une ONG toute neuve, les « Otlichnitsy » (les premières de la classe), dont l’objectif est qu’une femme soit élue présidente en 2018. Et pourquoi pas, en guise de galop d’essai, soutenir la candidature de Matvienko dès 2012. Mais le combat va être difficile. Une étude récente du VTsIOM révèle qu’un quart des Russes trouvent qu’il y a bien assez de femmes en politique comme ça et qu’à qualités égales, le candidat triomphera avec une large avance sur à la candidate.

© Gaia Russo


Politique & Société

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Marché du travail La discrimination contre les seniors est une pratique qui se généralise et intervient de plus en plus tôt

Les plus de 40 ans se retrouvent hors-jeu Pour de nombreux salariés de 40 ans et plus, perdre son emploi signifie une pré-retraite forcée. Les recruteurs refusent de voir en eux des éléments productifs. Sauf cas particuliers.

Statistiques

ALEXEÏ BOÏARSKI KOMMERSANT

Don augue eget arcu blandit sollicitudin. Nulla ante m.

© PHOTOXPRESS

En Russie, l’âge limite pour travailler ne se situe pas autour de 60 ans, mais deux décennies plus tôt. Pour la majorité des emplois, y compris les postes de cadre supérieur, les entreprises ne recrutent en effet qu’en dessous de la barre des 40 ans. La cinquantaine passée, trouver du travail relève de la gageure. « Entreprise recrute directeur général, âge maximum 40 ans... Directeur des ventes, âge maximum 35 ans... ». Dans la base de données du portail de recherche d’emploi Superjob.ru, 54% des offres affichent un âge maximum pour postuler. Selon le chef de projet du site de recrutement Rabota.ru, Evguenia Chatilova, dans 75% des cas, le recruteur indique l’âge souhaité du candidat. Et même quand l’âge n’est pas précisé, la plupart du temps, le critère existe implicitement. « J’ai trois diplômes supérieurs », témoigne Lioudmila. « Actuellement à la recherche d’un emploi, j’ai déjà répondu à 34 offres. Mais je n’indique pas mon âge. 19 employeurs m’ont contacté. En apprenant que j’ai 55 ans, quatorze ont admis qu’ils avaient des restrictions d’âge ». Les rares offres destinées aux 45-50 ans sont pour des postes sans perspective d’évolution. « Les principaux problèmes auxquels se heurte l’ancienne génération : connaissance insuffisante de l’économie moderne, faible connaissance des langues étrangères, difficultés à adopter la culture de l’entreprise moderne et à s’adapter à un nouveau style de management. Par exemple, la limite d’âge pour un cadre moyen de la finance se situe

La recherche d’un emploi se fait surtout par relations

© NIYAZ KARIM

entre 35 et 38 ans. On considère que si le candidat a plus de 40 ans et qu’il n’est pas encore directeur financier, c’est que quelque chose ne tourne pas rond. Soit il n’est pas assez professionnel, soit il manque d’ambition », admet le directeur général des ressources

humaines de l’entreprise Antal Russia, Mikhaïl Germershausen. Autre obstacle : un manque de maturité de la part des jeunes recruteurs qui ont tout simplement peur des seniors : « Ils ne savent pas comment établir les liens, confondent l’activité profession-

tivité où non seulement l’âge ne représente pas un obstacle, mais où être senior peut même constituer un avantage. « Par exemple, un candidat de 50 ans postulant à un poste de gestionnaire d’actifs, avec toute sa clientèle », souligne le directeur général adjoint

nelle avec leurs propres conflits familiaux non résolus... C’est pourquoi il leur est plus facile et plus sûr de s’adresser à des personnes plus jeunes », estime la chef de projet du cabinet de recrutement Consort Group Olga Rybakova. Il reste cependant un secteur d’ac-

1,4 milliards d’euros pour transformer « Moscou plage » GALINA MASTEROVA

LA RUSSE D’AUJOURD’HUI

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Mondialement connu comme propriétaire du club de football anglais de Chelsea, Roman Abramovitch est l’un des hommes les plus riches de Russie. Son dernier projet en date : un investissement dans la région de Tchoukotka (en face de l’Alaska) dont il a été gouverneur. Il peut compter sur ses succès et ses appuis politiques pour le mener à bien. Sa compagne, Daria Joukova, prévoit de déménager à Gorki Park sa célèbre galerie d’art contemporain « Garage ». L'autre projet du couple en cours : l'aménagement de la Nouvelle Hollande, un site en plein coeur de Saint-Pétersbourg.

grands espaces verts du centreville (environ 120 hectares). Une initiative due au milliardaire Roman Abramovitch et soutenue par le maire de Moscou Sergueï Sobianine. C’est un proche collaborateur

© PHOTOXPRESS

Planifié par le célèbre architecte soviétique constructiviste Konstantin Melnikov dans les années 1920, le parc Gorki avait été conçu pour être un lieu de détente, mais aussi de culture, avec un théâtre et un cinéma. Il attirait alors une foule de Moscovites qui, à l’époque, ne disposaient que de peu possibilités de loisirs. Puis, au fil des années, le parc était devenu malade de ses attractions négligées, de ses bouis-bouis illégaux, de ses infrastructures défaillantes et de quelques faits divers criminels, dont le plus retentissant a donné lieu à un livre et un film célèbres (Gorki Parс) : il avait acquis une fort mauvaise réputation. Mais tout va changer grâce au projet de rénovation, chiffré à 1,4 milliards d’euros, de l’un des plus

Chelsea, un parc et Tchoukotka

Article publié dans Kommersant

EN BREF

Loisirs L’oligarque Roman Abramovitch veut recréer la magie du parc Gorki

Le parc Gorki fut longtemps le lieu de promenade favori des habitants de la capitale. Laissé à l’abandon et mal géré depuis 20 ans, il est tombé dans un piteux état. Mais il va renaître...

du développement commercial de la société d’investissement Solid, Alexeï Zaïkine. Dans certains métiers, l’âge est synonyme d’expérience : comme le prouvent les statistiques, on préfère voir des personnes de 35-50 ans à des postes de directeur général, et des ingénieurs en chef de 35-45 ans. Quant aux femmes d’âge mûr, on leur confie volontiers les tâches ménagères et la garde des enfants : mieux vaut avoir entre 30 et 50 ans. « Souvent, la gestion des entreprises étrangères (en particulier allemandes ou japonaises) est confiée à des seniors », indique Mikhaïl Germershausen. « Ainsi, une compagnie internationale a, pour un poste de consultant juridique senior, fixé la limite d’âge minimale à 36 ans ». La directrice des ressources humaines du groupe financier BKS Olga Savosko estime qu’« après 50 ans, il est possible de trouver un bon emploi sous réserve d’une carrière réussie, lorsque vous êtes familier du marché et avez travaillé comme cadre supérieur dans des entreprises de renom. Ou bien lorsque vous êtes expert dans un domaine rare, ou enfin, si vous possédez d’excellentes relations commerciales utiles à l’entreprise. Sinon, les chances de trouver un emploi décent sont minces. À un certain âge, le recrutement s’effectue en général par recommandation ». Or, le modèle d’affaires de nombreuses entreprises est conçu de telle façon qu’il n’y a même pas besoin de recruter de bons professionnels. Au final, le plafond d’expérience pour des postes de subordonnés dans les secteurs les plus divers tourne autour des 30-35 ans. Selon le portail Superjob.ru, la courbe des salaires moyens des différents groupes d’âges en 2011 croît au fur et à mesure que l’âge avance, et atteint un pic aux alentours des 40 ans. Ensuite, les revenus n’augmentent plus, et dans certains secteurs, ils baissent. Si la situation ne change pas, en Russie comme en France, les trentenaires d’aujourd’hui entendront bientôt ce même triste refrain : « Nous voulons former une équipe jeune, vous ne nous convenez pas ».

Le parc Gorki est plus vaste que Hyde Park à Londres.

d’Abramovitch, Sergueï Kapkov qui a été désigné pour diriger la manœuvre. Il a promis de remplacer les attractions foraines décaties par une roue panoramique semblable au London Eye. Un concours sera organisé pour désigner l’architecte chargé de restaurer le parc. Quelques changements symboliques sont déjà perceptibles. L’entrée du parc est désormais gratuite, avec wi-fi disponible sur tout le territoire. Une piste de skateboard a été aménagée, tandis que la surface globale de goudron sera considérablement réduite. Une plage estivale a également été créée, et une longue promenade permettra bientôt de relier le parc Gorki au Mont des Moineaux. Autre nouveauté : un réseau de bars gérés par un collectif très en vogue à Moscou. « Le parc Gorki est plus grand que Hyde Park, et peut-être mieux », fanfaronne Ilya Oskolkov-Tsentsiper, consultant à l’institut d’architecture et de design Strelka, en répétant la citation devenue célèbre de Medvedev. Une chose est certaine : le public du parc va changer. En attirant la jeunesse branchée à solides revenus, les investisseurs se débarrassent aussi des prolétaires accourant aux attractions foraines. Reste une question : le nouveau Gorki saura-t-il parler au cœur des Moscovites ou seulement à une élite ?

Élections en Abkhazie L’ancien vice-président Alexandre Ankvab est devenu fin août le troisième président de la république d’Abkhazie, une région séparatiste ayant déclaré son indépendance de la Géorgie. L'ensemble de la communauté internationale continue à considérer la région comme partie intégrante de la Géorgie, hormis quatre pays, dont la Russie. Moscou y a déployé des bases militaires et lui apporte une aide financière importante.

Durcissement de la loi anti-tabac Selon l’Organisation mondiale de la santé, 40% des Russes fument. Mais dès 2013, les cigarettes devront avoir disparu des kiosques de rue, et leur vente ne sera autorisée que dans les grands magasins. À la place des paquets : des listes de marques et de prix. À partir de 2014, l’interdiction de fumer s’étendra aux transports publics, aux bars et restaurants. Et dans les cages d’escalier, les fumeurs devront obtenir le consentement de tous les habitants de l’immeuble...


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Économie

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Consommation Le président a signé la loi assimilant la bière aux spiritueux

La publicité pour l'alcool léger mise en bière

L’interdiction partielle de la vente et de la publicité pour la bière crée en revanche des opportunités pour les minibrasseries de tradition européenne. Vladimir rouvinsky

la russie d'aujourd'hui

© itar-tass

Jusqu’à présent, cette boisson capiteuse était considérée en Russie comme une simple « denrée alimentaire », et pour cette raison elle se vendait partout sans restriction d'heures, de lieux et d'âge. Au cours des 15 dernières années, la consommation de bière en Russie a été multipliée par ­quatre, selon Dmitri Dobrov, dirigeant de l’Union des fabricants d’alcool. Les Russes ont largement pris l’habitude de boire de la bière à la place d’autres boissons rafraîchissantes, d’autant plus ­qu’elle n’était pas plus chère (autour de 30 roubles soit environ 75 centimes d’euros la bouteille). Les producteurs de bière corrélaient ce processus à la popularité grandissante de la bière auprès de la jeunesse russe. Durant la période de 2000 à 2009, la production de bière, selon les informations de la société de consultance ID Marketing, a doublé et s’est élevée à 1,2 milliard de décalitres. Du coup, en termes de ventes, l’industrie de la bière russe s'est retrouvée propulsée parmi les trois leaders, juste après

La consommation de bière fraîchement brassée devrait connaître un fort développement.

la Chine et les États-Unis. Dans le même temps, la consommation d’alcools forts – de la vodka en premier lieu – n’a pas diminué, comme l’espérait le pouvoir. L’alcoolisme juvénile a fait une apparition remarquée, même s'il est interdit depuis 2005 de ­vendre de la bière aux jeunes de moins de 18 ans. En 2008, la consommation a atteint le taux de 80

l­itres par personne contre 24 ­litres dans les années 1970, époque où la fabrication de la bière atteignit son apogée en URSS. Selon le Docteur Eugène Brioun, pratiquement tous les adolescents âgés entre 15 et 18 ans con­ somment de la bière. Craignant un retour de bâton, les brasseurs ont opté pour la responsabilité sociale. Ils diffusent des publici-

en Chiffres

10%

des Russes se disent prêts à renoncer complètement à la bière à cause de la nouvelle loi sur l'alcool.

tés pour faire respecter l’interdiction de vendre de la bière aux mineurs. Mais c'est bien insuffisant. De nouvelles interdictions qui rentreront en vigueur en 2013 copient en grande partie celles qui s’appliquent en Europe et aux États-Unis. Une stricte prohibition de vendre de la bière dans la rue sera instaurée. Mais la restriction la plus sévère, c’est l’interdiction totale de la publicité pour la bière. Les perdants seront les grands brasseurs et surtout les petits détaillants. Actuellement, les ­ventes de rue représentent près de 25% du total. Les brasseurs affirment que le problème de l’alcoolisme trouve sa cause dans l’insatisfaction des Russes, problème que les nouvelles interdictions ne résoudront pas. Pour Maxime Klia­gine, analyste chez Finam, les nou­velles règles n'auront pas beaucoup d’incidence sur l’industrie de la bière, dont 85% sont contrôlés par cinq grandes compagnies transnationales : Carlsberg, InBev, Heineken, Efes et SABMiller. Le directeur du Centre de re­ cherches sur les marchés ­d’alcool fédéral et régionaux,Vadim Drobize doute que les nouvelles ­règles conduisent à la modération de la consommation de bière. « En Suède et en Finlande, où l’état a instauré son monopole sur le com-

Alcool Inbev progresse sur le marché de la boisson préférée des Russes

Marché difficile, mais stratégie payante

L’année dernière, 16,7% de la bière vendue en Russie ont été produits dans les 10 brasseries russes de Sun Inbev. alexandre Vostrov

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©itar-tass

La société Sun Inbev forme un amalgame improbable. Fondée en 1999 en tant que partenariat entre la société belgo-brésilienne Inbev et le Groupe russe SAN, elle a en outre fusionné avec l'américain Anheuser-Busch et est parvenue à occuper de façon durable la deuxième position sur le marché russe. Ses brasseries se sont implantées à travers tout le territoire russe, y compris la Sibérie. L’analyste Styven Peers souligne l’approche réfléchie et constructive que la société a utilisé pour

résoudre des problèmes surgis lors de sa conquête du marché russe. La Fédération de Russie est un pays difficile pour mener des affaires, confie l’expert. Il est très facile en Russie de se tromper dans les tout petits détails qui entraîneront par la suite une faillite tout comme de perdre en un instant une réputation d’affaires chèrement acquise. Par exemple, la compagnie Campbell's a fait une grosse erreur de stratégie. Dans un pays où la soupe est le principal plat traditionnel, Campbell's a estimé que dépenser dans la promotion était inutile : le produit devait se ­vendre tout seul. Résultat : la société quitte le marché russe après un cuisant échec. Les Russes sont pourtant toujours fascinés et attirés par tout ce qui est étranger.

Les marques locales réussissent.

Ce résidu de complexe soviétique est loin de s'être résorbé. Développer une clientèle loyale envers une marque étrangère sans promotion relève de l’impossible. Sun Inbev y est cependant parvenue.

Chaque marque « de proue » a son public cible. Les jeunes ­boivent de la bière Klinskoïe, devenue un symbole de réussite, dans les boîtes de nuit on s’ar­ rose à la Brahma, la jet set et les intellos raffinés boivent de la Hoegaarden, alors que la Bud est généralement consommée par les adolescents attardés qui, même à plus de 40 ans, refusent de se séparer de leur X Box. Une autre raison du succès de la société Inbev sur le marché russe réside dans ses relations « stables et pacifiques » avec les autorités lo­ cales. Tout le monde se souvient du scandale soulevé par la publication du livre écrit par le directeur d’IKEA. Ce livre qui expliquait à quel point il est difficile de faire des affaires en Russie, a dissuadé bien des investisseurs

potentiels. Pourtant, Sun Inbev sait parler aux municipalités, non en leur proposant des pots de vin, mais en construisant des sites d’épuration des eaux ou en organisant des œuvres de bien­faisance. La seule chose qui menace l’avenir du géant de la bière est la récente décision d’interdire la vente de bière dans les kiosques (lire l'article ci-dessus). Mais les experts de la compagnie planchent sur des solutions. Ils prévoient de compenser le manque à gagner par l’organisation de points de vente stationnaires où l'on ­vendra de la bière au détail ou encore par l’implantation de beer markets. La flexibilité de Sun Inbev est son meilleur atout dans la résolution des problèmes posés par une législation russe très com­ plexe.

merce de détail, les interdictions de la sorte ne font rien pour ­d iminuer la consommation ­d’alcool ». Pourtant, avec la loi assimilant la bière à l’alcool, 10% des Russes se disent prêts à renoncer complètement à la bière et 17% ont l’intention de réduire leur consommation, selon un sondage mené par la holding de recherches Romir. Kliagine pense que les seuls bénéficiaires potentiels de la nouvelle loi sont les mini-brasseries, qui se développent rapidement. Or, les grandes brasseries qui dominent le marché produisent de la bière en bouteille, qui ren­ferme des agents de conservation dont l’influence sur l’organisme humain est « toxique », selon Eugène Brioun. À contrario, en Allemagne ou en Tchéquie, on consomme majoritairement la bière fraîchement brassée. Les Russes n'ont que récemment commencé à goûter à la bière fraîchement brassée, remarque Kliagine, et la demande pour celle-ci devrait augmenter. Mais le marché de la bière ­fraîche est largement dépendant de restaurants-brasseries qui sont à l'état embryonnaire en Russie. Il va se développer à mesure qu'augmenteront les revenus de la population, dont seule une petite minorité fréquente les bars et les restaurants, souligne l’analyste de Finam.

Affaires à suivre Mission économique Belgo-Luxembourgeoise À Nijni Novgorod du 4 AU 8 OCTOBRE, NIJNI-NOVGOROD

Cette année au programme de la Mission économique belgoluxembourgeoise : séminaires et discussions sur le potentiel du développement de communication, fibre élastique et chimie, pétrole et gaz ; des confé­rences et tables rondes ; visites organisées de deux entreprises clés de la région ; le tout avec la participation de personnalitésclés comme le Gouverneur, des ­maires des villes, ministres, représentants officiels et cadres dirigeants des compagnies russes. ›› www.ccblr.org Tous les détails sur notre site

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Énergie Le gazoduc de la Baltique entre en service, tandis que son pair de la Mer Noire se rapproche de la phase de construction

Moscou ouvre de nouvelles capacités gazières

Le premier tube du gazoduc Nord Stream est prêt à livrer le gaz russe en Europe du Nord. Deux grands groupes européens rejoignent South Stream. NIKITA DULNEV

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Achevé début septembre, le gazoduc Nord Stream transportera du gaz russe vers l’Allemagne, la France, la Hollande, le Danemark et le Royaume-Uni. L’Union européenne (UE) voit avec soulagement diminuer les risques d’interruption du transit de pétrole et de gaz, car la Biélorussie et l’Ukraine auront moins de moyens de pression sur Moscou. Nord Stream acheminera 55 milliards

de mètres cubes de gaz vers l’Europe - environ 36% du gaz que les pays de l’UE achètent à la Russie. Afin de mieux satisfaire la demande croissante de l’Occident, celle-ci envisage de construire le gazoduc South Stream à travers la mer Noire, via l’Italie, afin de livrer 65 milliards de mètres cubes de gaz aux pays d’Europe méridionale d’ici 2014. Mais le troisième paquet énergie de l’Union européenne, un en­ semble de règlements qui ré­ gissent le prix et la fourniture de gaz vers l’Europe, récemment entré en vigueur, suscite la controverse en raison du contrôle qu’il offre aux pays se trouvant sur l’itinéraire du transport. Certains experts estiment qu’à moins qu’une

exception au troisième paquet ne soit accordée pour le projet South Stream, le gazoduc ne sera pas construit. « Le gazoduc South Stream n’ira de l’avant que s’il obtient le statut de projet prioritaire », ex­plique l’analysteVitaly Kryukov. Cela n'a toutefois pas gêné les groupes Wintershall et EDF de rejoindre Gazprom et ENI à la mi-sep­ tembre. Les quatre sociétés ­doivent finaliser le montage financier au premier semestre 2012. Certains officiels européens, à l'instar du commissaire à l'énergie Günther Oettinger, estiment que South Stream rendra l'Europe trop dépendante de la Russie.

Les gazoducs South, Nord Stream et Nabucco

© Gaia Russo


Régions

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Tourisme Rien n'est plus en vogue que de partir pour l'aventure en territoire sauvage Voir notre diaporama sur larussiedaujourdhui.be

Sortir des sentiers battus « Hit Bag » contre un sac à dos, mini-jupe contre un jeans. La direction de la compagnie offre à ses employés, un séjour écotouristique dans la Taïga afin d’améliorer l’esprit d’équipe. DARIA GONZALEZ

LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Macha Guerassimova est de retour dans son appartement moscovite après deux semaines passées près du lac Baïkal. La direction du cabinet de conseil pour lequel elle travaille a offert à tous les employés un séjour écotouristique dans la Taïga afin de renforcer l’esprit d’équipe. Pour rester dans le coup, Macha a troqué son « Hit Bag » contre un sac à dos, sa mini-jupe contre un jeans

confortable, et son fond de teint contre une crème anti-moustique. Mais elle n’a pas pu abandonner ses chaussures à talons. Dans le fond de son sac, ses Manolo Blahnik l’ont accompagné sur les rives du Baïkal. À son retour à Moscou, tentant de se recoiffer, Macha déclare soudain, rêveuse: « La prochaine fois, je m’envole pour le Kamtchatka... Et tu sais qui il y aura ? Que des brunes ! ». Macha, sa collègue comptable, et une dizaine de spécialistes des ventes ont expérimenté le voyage à Tankhoï, dans la région de Kabansk, en Bouriatie. Un lieu qui fera bientôt partie de la « Grande Route du Baïkal », la seule écorandonnée qui fait tout le tour du lac Baïkal, unifiant en une

Quelques parcs nationaux incontournables En Russie, les parcs nationaux sont une forme relativement récente de protection de l’environnement et de conservation du patrimoine culturel. Leur création sur le territoire russe a commencé au début des années 1980. Aujourd’hui, le pays compte 35 parcs nationaux d’une superficie totale de 6 925 696 hectares (soit 0,4% du territoire). Situé sur la presqu’île de Courlande, Kourchskaya kosa, dans la région de Kaliningrad, est le plus occidental des parcs nationaux. L’Isthme de Courlande (le plus long du monde), est un cordon littoral sablonneux de 98 km de long, et qui s’étire en arc étroit (0,35 à 3,8 km), reliant la ville de Zelenogradska, au nord de Kaliningrad, au port de Klaipèda, en Lituanie. L’Alkhanaï, le plus jeune parc national du pays, se trouve en Sibérie. La curiosité principale du parc est le monument de la nature de la montagne Alkhanaï. C’est une relique bouddhiste du peuple bouriate. Près de sa base, se trouve le temple de Grand Bien. Le plus intéressant est la grotte naturelle dans la voûte de laquelle on peut voir une fissure allant jusqu'au fond du roc. L’eau qui coule de cette fissure est considérée comme curative. Le parc est situé à la jonction des steppes, des forêts et des montagnes. Ici, cohabitent plus de 340 espèces

végétales, dont près de 180 sont utilisées dans la médecine officielle et/ou populaire (notamment tibétaine). Sont également enregistrées plus de 120 espèces vertébrées terrestres, 165 espèces d’insectes, 2 espèces d’amphibiens, 4 espèces de reptiles et 17 espèces de poissons. Le Parc National de Sotchi est le plus ancien du pays. Près de 40 rivières et ruisseaux le traversent pour se jeter dans la Mer Noire. Un récent décret a annulé l'entrée payante sur son territoire. YugydVa, le parc national le plus vaste de Russie (Oural). Sa superficie totale est de 1 891 701 hectares, dont 21 421 hectares d’aires marines. Vodlozero, le plus grand parc national d’Europe. Il compte aussi le plus grand lac d’Europe du Nord, qui porte le même nom que le parc,Vodlozero, long de 36,2 km et large de 15,9 km. Les rives du lac comptent 196 îles. ll s’agit d’un lac peu profond, d’origine glaciaire, avec 18 mètres de profondeur maximale, et seulement 4,2 mètres de profondeur en moyenne. Le parc recèle également des éléments uniques de l’histoire de notre Terre, notamment la présence de roches basaltiques, sédimentaires et volcaniques vieilles de 3,4 milliards d’années. D. G.

seule route plusieurs territoires protégés de la région du lac Baïkal. Les bénévoles et le personnel de la réserve du Baïkal ont déjà équipé, par leurs propres moyens, près de deux cent mètres de sentier adaptés aux personnes en fauteuil roulant (et même à celles chaussées de talons aiguilles, qui sait ?). Dans l’avenir, le sentier devrait atteindre 2,5 kilomètres. Mais quand ? Pour le moment, personne n’en sait rien. Les financements publics dans ce domaine n’en sont encore qu’à leurs débuts. Lors d’un récent sommet interministériel, Vladimir Poutine a décidé de soutenir le financement complet des programmes d’installation des zones protégées pour la période de 2013 à 2020, sélectionnant 12 territoires prioritaires, dont 10 réserves naturelles et 2 parcs nationaux. Ce plan devrait permettre d’augmenter sensiblement le nombre de visiteurs, passant de 6,5 millions à 12 millions par an dès 2013. « Éco-tourisme » et « randonnée », ces mots évoquent pour les Russes les années 80 de l’URSS : sac à dos de cinquante kilos, tente à même le sol sur une fourmilière, et chansons autour d’un feu de camp sur fond de guitare. Pas très glamour, pour tout dire. En fait, le tourisme d’aventure est depuis longtemps devenus une tendance forte en Occident. En sortant des

L'URSS était en pointe Le tourisme de randonnée était très développé du temps de l'URSS, au même titre qu'en Occident. En 1989, ce type de tourisme séduisait près de 20 millions de Russes, dont les jeunes (écoliers comme étudiants) et autres groupes d’individus aux revenus modestes. Après 1990, l'intérêt des loisirs et des voyages à l’intérieur du pays a fortement diminué, tandis que le tourisme vers l’étranger a littéralement explosé. Plusieurs facteurs expliquent ce désamour. L'un des principales raisons à la baisse soudaine du tourisme domestique fut l’arrêt brutal du financement public de ce secteur dans les années 90. Ces dernières années, le gouvernement cherche à rattraper le temps

perdu en encourageant les investissements privés dans le secteur. Au cours de sa visite dans la péninsule du Kamchatka en 2010, le Premier ministre Vladimir Poutine a soulevé la question du développement de l’écotourisme en Russie. Le 29 août dernier, s’est tenue une réunion entre le Premier ministre et le ministre des ressources naturelles et de l’écologie, à l’issue de laquelle 1,5 milliard de roubles (35,7 millions d'euros) ont été débloqués pour l’aménagement de 12 aires protégées prioritaires. La question du prolongement du financement de ce programme a également posée, avec un accord intergouvernemental prévoyant un versement de 800 millions d’euros jusqu’en 2020.

sentiers battus, les Russes ne font que suivre les Occidentaux ! Selon l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT), le chiffre d’affaire du secteur touristique dépasse le trillion d’euros par an. L’éco-tourisme représente 10 à 20% du marché mondial du tourisme, et enregistre la croissance la plus dynamique parmi les secteurs de l’industrie touristique. En Russie, la nature offre un immense potentiel pour le dévelop-

pement du tourisme écologique. Pour de nombreuses régions, c’est le seul moyen de résoudre des vieux problèmes, comme concilier intérêts des hommes et de la nature. En Russie, si la nature est protégée, c'est que personne n'y vit. Le second problème, c’est l’éloignement. La distance qui sépare la beauté sauvage de la nature russe des endroits potentiels d’un complexe éco-touristique, comptent quatre, voire cinq chif-

© ALAMY/LEGION MEDIA

EN CHIFFRES

0,4%

du territoire russe sont occupés par 35 parcs nationaux. Ils constituent des zones protégées où la biodiversité est préservée.

2976

zones protégées naturelles nationales ont été créées, soit 67,8 millions d'hectares.

96

euros par mois, c'est le salaire moyen d'un inspecteur de réserve naturelle dans la partie européenne de la Russie.

fres. Bien sûr, il y a des exceptions : les îles Sakhaline et les îles Kouriles sont proches du Japon et de la Corée du Sud, la Carélie est voisine de la Finlande, et l’Isthme de Courlande se situe quasiment au centre de l’Europe. Mais les prix sont souvent exorbitants à cause du manque d'infrastructure, surtout au Kamtchatka ou en Yakoutie, où le principal moyen de transport reste l’hélicoptère.

Les zones vertes en Russie

© GAIA RUSSO


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Opinions

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des problématiques migratoires communes

Konstantin von Eggert

Spécialement pour La Russie d’Aujourd’hui

Vladislav Inozemtsev

P

SpÉcialement pour la russie d'aujourd'hui

J

usqu’où peut on comparer les problèmes rencontrés par Moscou et Bruxelles dans la formation de sociétés polyethniques ? L’intensification des flux migratoires est l’un des signes de la mondialisation. Dans certains cas, ce processus est stimulé par les États ­eux-mêmes ou par des formations méta-étatiques. Il est alors vu comme l’un des éléments de la formation d’une nouvelle identité. Tel était le cas en URSS, où l’on rêvait d’un peuple soviétique conçu comme « une nouvelle communauté historique », et c’est ce qui se passe aujourd’hui au sein de l’Union européenne qui a doté les États membres d’un espace économique et législatif commun. Toutefois, la migration procède beaucoup plus souvent d’un choix individuel effectué par des personnes désireuses d’améliorer leurs conditions de vie et/ou de fuir la violence. Ces deux processus mènent à la formation de sociétés multiculturelles. De ce point de vue, la Russie et les pays de l’Union européenne d’aujourd’hui se ressemblent sur bien des plans. Au sein de la Fédération de Russie, les Russes, nationaux en titre, constituent 80% de la population, sans compter près de 3% de per­sonnes issues de peuples slaves proches. Depuis plusieurs années, la Russie accueille jusqu’à 600 000 mig­ rants par an. Leur nombre total atteint, selon les différentes estimations, de 7 à 12 millions de personnes, soit 5 à 8% de la population du pays. Dans les grands pays de l’UE, on compte 80 à 86% de nationaux, 2 à 4% de résidents provenant d’autres pays européens et 6 à 10% d’immigrants venant de de pays hors Union euro­péenne. En Russie comme en Europe, une part significative des migrants vient de pays et de régions qui diffèrent sensiblement du point de vue ethnique et confessionnel, ce qui provoque parfois de sé­ rieuses tensions sociales. Bien évidemment, cela engendre de nombreux problèmes, en Russie comme dans l’Union euro­ péenne. Du point de vue économique, il s’agit surtout du caractère illégal d’une partie de l’immigration, une clandestinité qui réduit la collecte d’impôts et offre un terrain favorable à la corruption. Du point de vue social, c’est l’émergence de diasporas et de communautés fermées assorties de liens interpersonnels spé-

révolutions arabes ratées

cifiques et un rapport parfois dédaigneux aux lois et traditions locales. Du point de vue poli­tique, le problème se traduit par le caractère ethnique et religieux des conflits sociaux. Tout ceci, en somme, conduit à l'augmentation de l'agressivité de la société visà-vis des migrants en particulier et envers les représentants des groupes ethniques étrangers en général, à une plus grande influence des partis nationalistes et extrémistes, à l'exacerbation des penchants violents de la société. Les événements de décembre 2010 sur la place Manezhnaïa à Moscou, comme la fusillade massive de citoyens paisibles en Norvège en juillet 2011, font partie de ce genre de manifestations. En Russie, « l’ État social » est

beaucoup moins développé que dans l’UE. L’immigration y revêt donc un caractère plus temporaire. En règle générale, les mig­ rants rentrent dans leurs pays après une période de travail en Russie puisque les perspectives d’obtention de la nationalité russe sont très limitées et les aides sociales inexistantes. De surcroît, le statut légal d’un migrant est le plus souvent très précaire, et le taux d’extorsions de la part des forces de l’ordre envers les migrants est élevé. Dans l’UE, les mouvements migratoires sont au contraire orientés vers l’ancrage et vers le regroupement familial. Plus de 45% des arrivants en France (et seulement 7% des migrants aux États-Unis), se font enregistrer en tant que chômeurs ou font enregistrer des membres de leur famille au bout de la première année de résidence légale. En outre, une partie importante des migrants diffère sensiblement des autochtones par son identité religieuse. Par conséquent, les aides économiques de l’ État et le refus de respecter les traditions et les institutions du pays d’accueil provoquent une tension sociale importante, plus visible au sein de l’Union européenne qu’en Russie. Cela s’explique partiellement aussi par le fait que la Russie et l’Union soviétique, pendant des décennies, se développaient « par nature » comme des pays multinationaux, alors que dans l’UE, les États se sont formés sur

Vladislav Inozemtsev est docteur des sciences économiques, chef de la Direction exécutive du Forum politique mondial.

catastrophe ordinaire

Des têtes doivent tomber

la sécurité dans deux mois

gazeta.ru

kommersant fm

vedomosti

Medvedev a chargé le gouver­ nement d’élaborer d’ici le 15 no­ vembre une série de mesures pour limiter l’activité des « com­ pagnies incapables d’assurer la sécurité des passagers ». Toutes les catas­trophes de cette année ont impliqué des avions de petits transporteurs, sur des lignes lo­ cales, ou des charters. Medvedev a annoncé la création d’un réseau moderne de compagnies qui cou­ vriraient le pays entier en subven­ tionnant les lignes intérieures et régio­nales. Les directives du pré­ sident ­attirent aussi l’attention sur le personnel navigant comme fac­ teur clé de la sécurité des vols, sur sa formation et son niveau de qualification.

Quand est-ce que le ministre des Transports sera limogé ? Je n’ai rien contre lui, c’est sûrement un type bien, un bon père de famille. Mais si nous voulons, comme le ré­ pète souvent notre président, de­ venir un état de droit et une so­ ciété civile, nous devons élaborer quelques règles de bienséance. En premier lieu, un code de compor­ tement des fonctionnaires. Il faut absolument qu’il y ait des licencie­ ments, car c’est un indicateur de la responsabilité de l’État face au peuple. Dans une société normale, le ministre de la Sécurité donne sa démission après une série d’atten­ tats. Chez nous, il reçoit une mé­ daille et se rapproche encore des cimes du pouvoir.

Le matériel aéronautique russe est dans un état moribond. Après cha­ que catastrophe, les fonctionnaires répètent les mêmes for­mules de circonstance sur la sécurité, la mo­ dernisation et le développement du parc aéronautique. Mais les dé­ clarations sur la nécessité de mo­ derniser ne sont pas suivies d’ef­ fet. L’état des ­routes, des avions, des hôpitaux ou des centrales élec­ triques est tel que le pays vit en permanence au bord de la catas­ trophe, devenue ordinaire. Le pou­ voir doit radicalement changer sa manière de gérer la vie du pays, qui ressemble dangereusement à un avion fatigué et obligé d’atterrir d’urgence, avec des conséquences imprévisibles.

Les migrants en Russie sont temporaires : ils n’ont presque aucune chance de recevoir la nationalité russe

La Russie est « par nature » multinationale à la différence de nombreux États de l'UE

une communauté d’histoire, de culture, de langue et de traditions. En son sein, l’immigration massive venant de l’extérieur du continent est un phénomène encore récent. La Russie et l’Europe unifiée sont obligées de rechercher de nouvelles formules pour résoudre le prob­lème des mouvements migratoires. Ce problème s’aggrave du fait qu’il existe depuis longtemps en Russie des régions (les républiques du Nord-Caucase) ayant des populations musulmanes prédominantes envers lesquelles les habitants des métropoles gardent certains préjugés et, en ce qui concerne l’Europe, de telles zones apparaîtront inéluctablement (la Bosnie-Herzégovine, l’Albanie voire la Turquie). C’est pourquoi le problème de la construction d’une société polyethnique stable en Russie et en Europe ne se réduit pas aux défis engendrés par l’immigration. La Russie et l’UE devront faire de gros efforts en faveur du dépassement des préjugés nationalistes, ce qui n’est réalisable que dans le cadre d’un équilibre équitable entre les droits et les responsabilités des citoyens et des résidents, se conjuguant raisonnablement avec l’affirmation de l’État laïque au service d’une nation unifiée.

ourquoi le Kremlin commet-il une si grossière erreur de jugement, menant à une humiliation aussi visible ? Dès le moment où la Russie a choisi de ne pas opposer son veto à la résolution 1973 du Conseil de sécurité, Kadhafi était fichu. Il avait la plus puissante alliance militaire du monde sur le dos et pratiquement aucun soutien, même parmi ses confrères arabes. L'abstention a laissé à la Russie les mains libres afin d'ajuster son attitude jusqu'au bout. Il était clair dès le début que la résolution 1973 donnait le feu vert aux alliés afin de renverser le régime de Kadhafi. Au lieu d'être cohérente et de conserver ses distances, Moscou s'est immédiatement empressée de condamner l'opération menée par l'OTAN, soutenant implicitement Kadhafi. Les Russes se sont rapidement trouvés dans une situation inconfortable : le dictateur libyen avait perdu confiance en la Russie suite à l'abstention à l'ONU, et les rebelles pensaient que Moscou manoeuvrait contre eux. Le représentant spécial du président Medvedev, Mikhaïl Marguelov, a rendu visite au Conseil national de transition à Benghazi en juin. Malheureusement, les dirigeants russes n'ont pas fait suivre cette mission de mesures con­crètes. Se livrant à une marche arrière humiliante, Moscou a dû recon­ naître, sur le tard, que les re­belles étaient le gouvernement légitime de la Libye. Alors pourquoi Medvedev, Poutine et leurs conseillers de politique étrangère font-il un mauvais calcul ? Les racines de cette erreur sont à rechercher dans la mentalité russe. Les humiliations de l'après-guerre froide, certaines réelles, d'autres fantasmées, ont créé une idéologie basée sur des postures antioccidentales, ainsi que le refus d'admettre que les valeurs et les idées, par opposition aux purs intérêts, jouent un rôle quelconque dans les relations internationales. Par valeurs entendez « valeurs occidentales ». Les décideurs de Moscou et l'opinion publique russe voient la politique mondiale comme un jeu à somme nulle, où le gain de

quelqu'un est toujours la perte d'un autre. Un tel état d'esprit est à la fois la conséquence et la cause de la transition postcommuniste particulière et tortueuse de la Russie. Le pays est dans un entre-deux, il n'est plus l'empire soviétique ni une superpuissance mondiale, mais pas encore un État-nation à part entière. Cela rend les Russes instables et les place sur la défensive. Ils vénèrent la souveraineté - comprise comme une sorte de droit des gouvernements à faire ce qu'ils veulent dans leurs frontières nationales, comme avant la Première Guerre mondiale - parce qu'ils ont vu leur propre pays, l'Union soviétique, disparaître du jour au lendemain. Les concepts d'« intervention humanitaire » et de « responsabilité de protéger » leur semblent par principe hypo­crites. Résultat : la Russie se trouve régulièrement du mauvais côté de l'histoire, s'efforçant de sauver les

Les dirigeants et l'opinion publique russe voient la politique mondiale comme un jeu à somme nulle pires dictateurs. Milosevic, Hussein, Kadhafi et aujourd'hui Bachar el-Assad. La politique mondiale est aujourd'hui une interaction entre intérêts et valeurs, opportunisme et idéalisme. Les Russes croient que tout événement sur lequel ils n'ont aucun contrôle - tels que les révolutions arabes - est par défaut une si­ nistre conspiration, généralement occidentale et liée au pétrole. Cette croyance n'est pas un phénomène exclusivement russe. Mais il n'y a qu'en Russie où de telles attitudes soient aussi systéma­ tiques parmi les dirigeants. Il ­faudra encore du temps pour s'adapter à la réalité du XXIe ­siècle. Les dirigeants russes sont en mesure d'accélérer ce pro­ cessus, mais peuvent aussi continuer à freiner de toutes leurs ­forces. Konstantin von Eggert est un ancien correspondant au Moyen Orient.

lu dans la presse la colère après une série de catastrophes aériennes En quatre mois, quatre avions se sont écrasés en Russie, en faisant des dizaines de morts. À chaque fois, des appareils de conception soviétique. Après le crash du Yak-42 dans lequel ont péri 43 joueurs de hockey de haut niveau, le président Medvedev a exigé des mesures radicales. Mais les médias doutent de plus en plus de la capacité et des paroles du gouvernement.

Préparé par Veronika Dorman

Éditorial

Stanislav Koutcher

Anastasia Dagaeva

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Culture

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CHRONIQUE LITTÉRAIRE

Art contemporain Les spectateurs auront-ils leur part de création ?

Une interactivité encore factice

© GALLÉRIE TRIUMPH

Vernissage de l'exposition Dada Moscow à la galerie ArtPlay et Allegoria Sacra, une installation vidéo du célèbre collectif russe AES+F.

© KOMMERSANT

La IVe Biennale d’art contemporain de Moscou ouvre ses portes fin septembre sous le signe de la "réécriture des mondes" et d'une popularité grandissante. MARIA MAZALOVA, SERGUEI KHODNEV KOMMERSANT VLAST

Quand une ville, pour une raison ou une autre, commence à se considérer comme le centre du monde, elle se met à organiser des biennales. Or, les véritables leaders économiques et culturels n’ont pas besoin de ce genre d'évé-

nements pompeux. Londres et New York s’en passent. Mais pas Moscou. À écouter les artistes et galéristes, l’art contemporain n’est pas apprécié à sa juste valeur en Russie. Néanmoins, depuis 2005, toute la communauté artistique, dans un élan collectif, s’inscrit dans la programmation parallèle de la Biennale de Moscou et prépare les meilleures expositions de la saison. L’évolution de la Biennale va à contre courant du reste de la société. L'édition 2007 était morose, alors que les artistes avaient eu

L’évolution de la Biennale semble délibérément aller à contre courant du reste de la société droit à un lieu prestigieux, la Tour de la Fédération, alors encore en construction. En 2009, alors que la crise avait failli enterrer tout le marché de l’art russe, des sommets de popularité ont été atteints. Le centre d’art « Garage » exposait le très réussit projet « Contre

l’exclusion », du curateur français Jean-Hubert Martin. Cette année, le projet principal du curateur Peter Weibel sera exposé au TsOuM et au centre ArtPlay et sera intitulé « En réécrivant les mondes ». Selon Weibel, nous sommes au seuil d’une nouvelle renaissance, grâce à l’interactivité : le spectateur de l’ère du Web 2.0 passe aisément du coté du créateur et en revient, ce qui veut dire que notre avenir, c’est un essor de la créativité. Très attendus seront les oeuvres du dissident chinois Ai Weiwei, le lauréat du Lion d’or de la Biennale de Venise Christoph Schlingensief et les intérieurs sophistiqués et bourrés de technologie de la Russe Taïssia Korotkova.

Quel dictateur se cache sous les traits de Faust? Faust, le film très attendu, tourné en allemand, d’Alexandre Sokourov, qui vient d’être couronné à la Mostra, avait été spontanément et bizarrement soutenu par les autorités russes. GALINA MASTEROVA

Si Sokourov est allé à Venise, ce n’était pas par goût de l’agitation autour des grands festivals. « Je n’aime pas y être. Je n’aime pas le système de compétition », nous déclarait avant coup le réalisateur, 60 ans, dans un parc à proximité de son domicile de SaintPé t e r s b o u r g . « C o m m e n t pouvez-vous affirmer que je suis meilleur qu’un autre ? Les cinéastes qui se sont déjà fait un nom ne devraient pas rivaliser avec les jeunes », estime-t-il. « Nous devons faire place aux jeunes ». Le franc-parler de Sokourov concernant le festival n’a rien d’étonnant : le cinéaste est connu pour ne pas avoir la langue

Article publié dans Kommersant

tine a manifesté son soutien au tournage de Faust. La raison en reste un mystère pour Sokourov. « Je ne sais pas s’il [le film] va l’intéresser, bien que la culture allemande lui soit chère, explique-til. Je ne comprends pas pourquoi une telle aide m’a été accordée, car je ne suis pas de ceux qui soutiennent la culture politique russe ». D’ailleurs, Sokourov, qui a longtemps milité pour la préservation du patrimoine architectural historique de sa ville, a été un adversaire féroce des autorités de Saint-Pétersbourg, ce qui lui a valu l’annulation de la représentation d’un opéra. Il n’avait pas hâte de parler de Faust aux critiques à Venise : « Personne n’est plus dur que moi-même dans la critique de mes films. Je sais mieux que quiconque ce que je voulais faire et ce qui n’a pas fonctionné. Une fois que je commence à parler des défauts de ‘Faust’, il est impossible de m’arrêter ». Le jury en a décidé autrement.

LES POUCHKINE UN COUPLE BELGE RAVI DE POPULARISER LEUR ANCÊTRE

©ITAR-TASS

LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

dans sa poche. Ses premiers films ont été interdits par les autorités soviétiques. Sokourov affirme que son obsession pour les dictateurs, comme Faust lui-même, qui constitue l’aboutissement d’un quadriptyque de films, remonte à 30 ans. « C’est incroyable qu’on accorde si peu d’attention à «Faust», déclare-t-il. Si n’importe quel politicien lit «Faust», tout y est. C’est comme si cela avait été écrit au XXIe siècle, pas au XIXe ». Mais sans dire quel personnage réel est visé... De nombreuses recherches historiques ont été intégrées au film, qui a été tourné en Espagne et en Islande, où le réalisateur a fait construire des répliques de villes allemandes du début du XIXe siècle (son Faust emprunte à celui de Goethe et au Doctor Faustus de Thomas Mann). Sokourov n’a demandé aucune subvention pour produire son film. Mais l’argent est apparu après que le Premier ministreVladimir Pou-

« Garage » offrira à la manifestation un invité spécial, l’artiste sud-africain William Kentridge, dont les vidéos sur les motifs du Nez de Gogol qui ressemblent aux collages de Rodtchenko, étaient déjà présentes à la dernière Biennale. Parmi les invités, il y aura aussi des Moscovites de souche, le peintre Semen Faïbissovitch et Irina Nakhova avec ses installations. Le programme spécial, comme d’habitude, est imprévisible. La galerie Tretiakov exposera les « Otages du vide », c'est-à-dire les artistes de l’éphémère. Les fruits de la collaboration entre les employés de l’institut Kourtchatovski (institut atomique) et les chefs de file de la scène artistique moscovite seront exposés dans le cadre de « Mise en œuvre » au Laboratoria Art & Science Space. La fusion entre la bohème et les artistes de gauche avec l’immobilier de luxe aura lieu pendant le festival « Art Squat Forum ». Cette année encore, les nombreuses soirées branchées menacent d’éclipser l’ensemble. La seule chose qui manque, ce sont des applications pour Smartphones qui permettraient aux spectateurs de composer eux-mêmes des projets et réécrire ceux qui veulent réécrire les mondes.

EN BREF

Cinéma Sokourov a remporté le Lion d’Or de Venise

Maria et Alexandre Pouchkine forment un couple belge pas comme les autres : ils sont les unique descendants directs de l’écrivain russe Alexandre Pouchkine. « Nous allons bientôt revenir en Russie pour l’anniversaire du Lycée Pouchkine. C'est un grand plaisir pour nous d'y revenir ». Inauguré en 1811 par l’empereur Alexandre I, le Lycée Impérial, est devenu plus qu’une école supérieure privilégiée, mais aussi un

nid de toute une pléiade d’illustres hommes de lettres, parmi lesquels Alexandre Pouchkine dont le lycée porte aujourd’hui le nom. Témoin du siècle d’or de la littérature russe, le Lycée, situé en plein coeur de Tsarskoe selo dans un des plus beaux sites dans les alentours de Saint-Pétersbourg accueillera le 19 octobre des festivités en l’honneur de son bicentenaire en présence des descendants de la famille de l’écrivain.

À L’AFFICHE

© SERVICE DE PRESSE

Sokourov en bref

YOURI BASHMET EN CONCERT À IXELLES LE 28 OCTOBRE IXELLES

tique opprimant pour l’autre. Leur musique est, tout comme pour Schubert, une échappée vers un bonheur à jamais chimérique… › www.flagey.be

© RIA-NOVOSTI

Avec Faust, Sokourov clôt sa tétralogie sur les dictateurs. Moloch (Hitler), Taurus (Lénine) et Le Soleil (Hirohito) lui ont valu une renommée mondiale. Son film l’Arche russe, tourné à l’Ermitage, est le seul long métrage fait sans montage.

Sokourov n’en revient pas que Faust ait reçu le soutien de Poutine.

Dans les délices de Grinzing, attablé dans un estaminet où résonne le cithare, devant un verre de Spritz, Schubert, fiévreusement, décoche ses notes sur des feuillets jaunis. Il ne se préoccupe sûrement pas de postérité. Il compose pour payer son loyer et son vin. Plus tard Tchaikovsky ne fera qu’amplifier ces désarrois. Et Shostakovitch en révélera les outrances. L’un et l’autre sont enfermés dans une situation dramatique : l’amour impossible pour l’un, un régime poli-

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LA SAISON RUSSE EN PAYS D’AIX DU 1 OCTOBRE AU 16 DÉCEMBRE AIX EN PROVENCE

Festival annuel la Saison Russe en Pays d’Aix : concerts de chants, expositions, conferences, des ateliers et spectacles.

Le voyou de la rentrée littéraire

TITRE : LIMONOV ÉDITION : P.O.L. AUTEUR : EMMANUEL CARRÈRE

Stupéfaction chez les lecteurs russes de Limonov : à quoi bon publier la biographie d’un personnage qui ne fait qu’écrire des autobiographies depuis 30 ans ? Mais pour les Français, c’est autre chose. C’est la saga d’un aventurier si extravagant qu’à la fin, peu importe s’il existe vraiment : Limonov, le nouveau livre d’Emmanuel Carrère, s’appellerait Le Rouge et le Noir, les Français n’y verraient que du feu chez ce Julien Sorel « parachuté dans la jungle avec sa bite et son couteau » tel que le décrit le romancier français. Limonov acquiesce : « Il n’y a pas si longtemps, il y a eu, en France, des écrivains de mon type : Camus ou Genet. Je suis donc un type facilement identifiable pour les Français, « l’homme révolté ». Le politiquement correct stérile qui est de rigueur aujourd’hui en France a supprimé jusqu’à la possibilité même que de revoir de tels héros.Voilà pourquoi les Français ont choisi un étranger ». Au-delà d’un roman d’apprentissage, les lecteurs trouvent dans Limonov un récit sur la Russie des derniers 60 ans. Carrère se met à la place de ceux qui ne savent rien de l’histoire russe. Des parallèles viennent relier les lieux et personnages avec leurs alter egos français : Kasparov devient ainsi « une sorte de François Bayrou », tandis que deux semaines avec Limonov, c’est comme si on était venu « interviewer à la fois Houellebecq, Lou Reed et CohnBendit ». « C’est parfois bienveillant, parfois hostile. On sent que l’auteur est un intellectuel et un bourgeois », écrit Limonov. Et note que « les intellectuels français ont toujours eu un penchant pour les voyous ». Le livre, il dit – non sans coquetterie – ne l’avoir que feuilleté. Limonov n’est pourtant pas insensible à sa nouvelle gloire puisqu’il répertorie sur son blog les critiques du livre et avoue qu’il « s’amuserait bien » si sa « biographie » par « un célèbre écrivain français » trouvait un éditeur en Russie. Le succès de Carrère, il aimerait bien le faire sien. Limonov est surtout connu en Russie comme le leader d’un parti national-bolchévique en perte de vitesse, pointé du doigt pour son influence néfaste sur ses jeunes adhérents, mais il reste néanmoins l’une des figures les plus flamboyantes, le seul en qui on ressent une force réelle, des convictions, et peut être le souffle d’une biographie. Daria Moudroliubova

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Loisirs

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RECETTE

Gastronomie Un musée des environs de Moscou ressuscite une friandise d’antan

À la redécouverte des délices pré-révolutionnaires

Croquettes Pojarski : sauvées par le Tsar !

C’est en Russie que la pomme – le fruit défendu par excellence – a connu sa sublimation la plus réussie sous forme de pastila.

L’un des honneurs les plus rares que nous décernions aux hommes est de baptiser un mets de leur nom. En Russie, les plats portent souvent les noms des riches et/ou des puissants : le bœuf du comte Stroganoff, le veau du comte Orlov, ou la pâtisserie de meringue et de fruit de la danseuse étoile Anna Pavlova. J’avais tout cela à l’esprit en commençant mes recherches sur les croquettes de gibier Pojarski. Je me suis dit qu’elles avaient été nommées en l’honneur du prince Dmitri Pojarski de Souzdal, l’un des héros de la révolte patriotique contre les Polonais au XVIIème siècle. Ça m’apprendra à mal connaître mon Pouchkine ! Il y a quatre siècles, le poète adoré des Russes a donné à un copain ce précieux conseil de cuisine et de voyage :

PAUL DUVERNET

LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

SPÉCIALEMENT POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

©FLORA MOUSSA(2)

La pastila était un secret mieux gardé que les sous-marins nucléaires soviétiques. Tenez-vous bien : les Russes nous avaient caché qu'ils préparaient des desserts à base de pommes aussi exquis que raffinés. Heureusement, les touristes étrangers, comme les espions, sont désormais les bienvenus au « Musée des saveurs oubliées », situé dans la pittoresque ville de Kolomna, à une heure de route de Moscou. Ce musée est consacré à la pastila, cette fameuse friandise qui a autrefois enchanté des papilles aussi illustres que celles d'Ivan le Terrible, de Catherine II, de Fiodor Dostoïevski et de Léon Tolstoï. La pastila consiste en une pâte préparée à partir de chair de pomme. À cette pâte sont ajoutés divers ingrédients comme du miel, des noix ou des baies locales. Il existe au total une cinquantaine de recettes différentes de la pastila. Leurs aspects, couleurs et consistances varient suivant les ingrédients utilisés. La pastila évoque tantôt les pâtes de fruit françaises, tantôt les fruits confits, voire de petites pâtisseries. Une fois en contact avec le palais, en revanche, leur originalité ne fait plus de doute. Cette friandise ravira les amateurs de produits

« bio » ou diététiques. Il est riche en fibres et en pectine et se prépare exclusivement à base d'ingrédients naturels. La pastila est non seulement pauvre en calories, mais dispose en outre d'avantages qui sont très semblables à ceux du lait. Mais n'espérez pas désintoxiquer vos gamins épris de cochonneries chimiques avec la pastila, car cette dernière est produite dans une modeste fabrique artisanale fonctionnant en binôme avec le musée des saveurs oubliées. Une visite s'impose donc, d'autant que le musée voit plus loin que le simple plaisir gustatif. « Il s'agit pour nous de recréer la culture de galanterie qui existait aux 18 et 19ème siècles », explique la jeune guide Irina, vêtue en costume d'époque. Le musée est abrité dans une charmante maison en bois non loin de la rivière Oka. Dans toutes les pièces flotte une appétissante odeur de pomme et de cannelle. On vous y servira un thé dont la légère amertume pondère idéalement la douceur des sept sortes de pastila. Suivant la saison, vous savourerez soit en terrasse, soit dans une vaste pièce joliment décorée les mets tout en écoutant l'histoire de la ville racontée par la guide. Les plus fanatiques de la pomme pourront arroser leur pastila de cidre fran-

Jennifer Eremeeva

Le salon où vous sont servis les pastila avec du thé.

Au-delà du simple plaisir gustatif, il s'agit de recréer la culture de galanterie qui existait aux 18ème siècle çais. Si vous avez l'heur de passer un samedi, vous aurez droit à la représentation d'une pièce de théâtre jouée par les guides du musée. Mais comment et pourquoi a-ton ressuscité la pastila, s'interroge le visiteur subjugué par la découverte de ce mets ? Irina retrace pour nous cette curieuse histoire. Chargée en 2008 d'accueillir un événement sportif international, la municipalité de Kolomna a cherché dans son patrimoine historique quelque chose qui puisse la distinguer des autres

villes russes. C'est ainsi que la pastila a refait surface. Historiquement, la pastila doit sans doute son apparition locale au fait que Kolomna a toujours croulé sous les pommes en automne et qu'il fallait trouver un moyen de les conserver pour tout le reste de l'année. En outre, le sucre était une denrée chère et rare dans le passé. La pastila répondit avantageusement à ses impératifs, jusqu'à ce que les bolcheviks fassent couler cet artisanat florissant. Après de longues années, les artisans de ce complot anti gourmets ont échoué. La pastila dispose désormais de solides atouts pour détrôner la vodka, le borchtch et les blinis au titre de sommet culinaire russe.

Fais une pause pour déjeuner Chez Pojarski à Torjok Goûte les croquettes frites Et reprends la route léger. « Chez Pojarski » était une taverne réputée, tenue par un homme ambitieux du même nom, dans la ville marchande de Torjok, stratégiquement située le long de la « route impériale »,

entre Moscou et Saint-Pétersbourg. L’histoire veut que le tsar Nicolas Ier se soit présenté à l’improviste chez Pojarski pour goûter ses fameuses croquettes de veau. Le patron ayant reçu beaucoup de monde ce jour-là, les croquettes étaient épuisées, le garde-manger vidé. Pojarski aurait concocté à la va-vite des croquettes avec ce qu’il lui restait sous la main de volaille et de gibier. Quand le tsar appela Pojarski, l’aubergiste baissa la tête, craignant le courroux royal. Mais le tsar, d’humeur généreuse après un excellent repas, le récompensa et inclut les croquettes Pojarski au menu impérial. L’astucieux Pojarski s’est présenté depuis comme le « Fournisseur de la Cour impériale ». Plus d’un siècle plus tard, les croquettes Pojarski sont toujours à la fête en Russie. On a tout à gagner à remplacer la volaille par du gibier : dinde, perdrix, tétras ou lapin ajoutent des nuances de saveur intéressantes et s’allient parfaitement avec l’accompagnement traditionnel que sont les champignons sautés et les pommes de terre frites. La recette originale de Pojarski a disparu, comme sa taverne, et la polémique fait désormais rage entre les partisans de l’ajout de vin de Madère, de vodka, de gin et de vin blanc sec. On vous laisse juge !

Pour en savoir plus : www.gorodmuz.ru/pastila

Festival Une manifestation tente de faire sortir la bande dessinée de son anonymat

La BD à l'aube de la gloire

©ALAMY/LEGION MEDIA

Ingrédients :

La bande dessinée reste une discipline méconnue en Russie. Tintin et Lucky Luke y sont de grands inconnus. Mais cette automne Corto Maltese pourrait laisser une marque indélébile. ALEXANDRA KHAZINA

LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI © SERVICE DE PRESSE

Depuis quelques années une poignée de pionniers mènent un combat pour la reconnaissance de la BD en Russie où le public reste encore clairsemé. DmitriYakovlev, directeur et fondateur du festival de la BD à Saint-Pétersbourg, est sûr que l’avenir de la bande dessinée en Russie est radieux. « Il y a huit ans, la littérature française m’a fait découvrir la BD. J’ai été frappé de voir qu’en France la BD était si populaire, qu’elle faisait partie du patrimoine culturel ». Depuis, le festival Boomfest et la Maison d’edition Boomkniga ont lancé une campagne de promotion du neuvième art. « Nous avons de la chance d’avoir formé pendant ces 5 ans un public permanent », explique Dmitri.

De gauche à droite : Couple par Olga Manulina, Corto Maltese par Hugo Pratt et Maria par Miguel Gallardo.

Ce n’est pas juste un nouveau loisir occidental qui s’implante en Russie. « La BD existait même à l’époque soviétique sous forme des « Histoires en images » publiés dans les journaux. Mais l’image était séparée du texte, sans bulles. La BD contemporaine est totalement différente. Le régime chassait toute influence occidentale », explique Viktoria Lomasko, intervenante au festival. Pour Dmitri la BD permet d’aborder n’importe quel sujet, y compris sérieux. Le festival rend ainsi

hommage au reportage graphique avec Le Monde diplomatique en bande dessinée et « L’Art Interdit » (Viktoria Lomasko et Anton Nikolaev), reportage sur le procès contre les organisateurs d'une exposition artistique censurée en 2010. Une partie considérable du festival est accordé à la BD russe : « Elle est très variée, mais malheureusement, plusieurs auteurs ne font que calquer les styles des grands dessinateurs ou les mangas », - explique Dmitri

qui organise chaque année un concours de bande dessinée. Сette année Boomfest profite de l’année croisée Italie-Russie pour présenter Corto Maltese, œuvre immortelle de Hugo Pratt, et une série d’auteurs italiens au public russe. Des tables rondes, des conférences et des séances cinéma, toute la panoplie est déployée pour accrocher la jeunesse. Voir notre diaporama sur larussiedaujourdhui.be

• Un pain blanc un peu rassis sans la croûte, coupé en cubes • 100 ml de crème fraîche épaisse • Un petit oignon • 750 g de volaille ou gibier (poulet, dinde, tétras, perdrix, etc) • 500 g de veau • 250 g de beurre salé • 1 botte d’aneth frais (ou thym ou persil) • 4 gros œufs • Sel et poivre • 30 ml de vin de Madère ou de Marsala • 300 g de panure • 60 ml d’huile végétale

Préparation :

Placez les cubes de pain rassis dans un plat peu profond, recouvrez de crème fraîche. Laissez reposer 15 min, puis égouttez le pain et gardez la crème de côté. Séparez les jaunes des blancs de deux œufs, conservez un blanc. Mélangez toute la viande, les cubes de pain trempé, les oignons ou ciboulette, les deux jaunes d’œufs, sel, poivre, aneth, vin, et 50 g de beurre dans un mixeur. Mixez quatre fois pour bien mélanger et versez dans un saladier. Battez le blanc d’œuf en neige puis incorporez à la viande. Couvrez le mélange et réfrigérez deux heures.

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b S’a

r e n on

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Pendant ce temps, faites fondre le beurre. Quand le beurre est fondu, enlevez le film blanc opaque à la surface. Quand le beurre se divise, décantez le liquide jaune transparent dans un récipient séparé et jetez le résidu crémeux. Pour l’assemblage des croquettes, placez un bol d’eau froide à côté d’une plaque de cuisson. Versez la panure dans une assiette plate et battez l’œuf restant et les 50 ml de crème dans un bol. Façonnez la mixture de viande en une croquette de 10-12 cm de long. Trempez la croquette dans la mixture d’œuf et crème, puis roulez dans la panure. Réchauffez 1/3 du beurre clarifié dans une grande poêle et ajoutez 20 ml d’huile. Faites frire les croquettes 12-15 minutes jusqu’à ce qu’elles soient dorées. Enlevezles et placez dans un plat dans un four un peu chaud. Nettoyez la poêle et recommencez jusqu’à ce que toutes les croquettes soient cuites. Accompagnez de champignons sautés ou pommes de terre frites. Autres recettes sur larussiedaujourdhui.be

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