Admission Générale

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INTERCOM MAGAZINE 1055 avenue du Séminaire - Université Laval Local 3859 / Case postale : IF-4112 Québec, QC, G1V 0A6 magazineintercom@gmail.com



M OT D’I N T R O – ADMISSION GÉNÉRALE


Mesdames et messieurs, bienvenue. Merci de vous joindre à nous pour cette deuxième édition qui célèbre les 10 ans d’Intercom. Vous avez entre les mains notre magazine « Admission Générale » : libre à vous maintenant de feuilleter, lire et regarder l’œuvre de notre équipe, qui saura certainement vous informer… et vous divertir. La thématique du magazine étant le divertissement dans le domaine des communications, nous avons plus que hâte de vous présenter, sous un angle différent, ce qui anime et égaille le grand public. Prière de lire ce qui vous intéresse, et de partager vos commentaires (nos coordonnées sont à la page précédente) et sur ce, bon spectacle… bonne lecture plutôt ! La deuxième édition de 2018-2019, « Admission Générale » s’est écrite avec assurance et plaisir. En salle de rédaction, l’atmosphère était plus détendue. Fiers de leur premier magazine, les rédacteurs étaient nettement plus confiants et disposés à dénicher un bon sujet et à décrocher une bonne entrevue. Comme rédactrice en chef, j’ai pu constater l’évolution surprenante des rédacteurs : plusieurs ont acquis des réflexes journalistiques efficaces, d’autres ont affiné leur plume. Je crois que ce magazine-ci porte sa thématique au-delà de son contenu. Nous nous sommes divertis à l’écrire. Sur une note plus personnelle, la publication de ce deuxième magazine porte une signification particulière pour l’ensemble de l’équipe. La fin du parcours universitaire pour certains, la réussite de la première année pour d’autres. Une première implication étudiante, une première publication, une première entrevue, un premier ou un dernier article. Le début d’une carrière de journaliste, la fin de cette belle aventure qu’était Intercom 2018-2019. Je lève mon chapeau à nos rédacteurs, nos réviseurs, nos graphistes et à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à « Admission Générale ». Merci ! -  Gabrielle Morissette Rédactrice en chef

On tire une source de satisfaction à découvrir le monde par le spectacle, à apprendre un fait en écoutant la télé ou à syntoniser un son à la radio pour y apprivoiser la culture. On se cultive avec les présentateurs, les journalistes sur les plateaux et les influenceurs qui consolident nos choix par les réseaux sociaux. On a besoin de cette validité professionnelle tout en étant diverti, de la musique qu’on écoute jusqu’aux images qu’on regarde. C’est de là qu’Intercom tire son essence. Un format pratique pour s’informer et se divertir, prendre connaissance des dessous du système de recrutement des artistes et des interviews de personnalités, des impacts du métier de ces gens sur nos manières de suivre l’actualité, mais aussi sur notre façon de l’apprécier. L’équipe du magazine est allée couvrir du terrain pour rapporter en mots l’expérience, jeune ou chevronnée, des professionnelles et professionnels qui œuvrent dans le divertissement et sa culture. Le monde du divertissement est grand. Il se veut rassembleur, tissé de liens entre les personnes qui le fabriquent et qui rendent ce milieu stimulant pour les téméraires qui veulent bien s’y perdre. J’ai pu voir ce qu’une équipe soudée est capable de réaliser lorsqu’elle est passionnée. J’ai compris jusqu’où on peut se rendre pour atteindre l’inatteignable et pour concrétiser tous ces projets ambitieux. On va jusqu’à laisser un peu de soi-même afin d’aller chercher le sourire du public qui juge notre performance. Ce sourire en vaut la peine. Pour tous ceux et celles qui veulent s’initier à cet univers agité, venez, l’admission est générale. -  Xavier Gagnon Rédacteur en chef


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Twitch : un média de prédilection pour les athlètes de jeux vidéos.....................................................              8

Dans les coulisses du Festival du cinéma de la ville de Québec...........................................................  10 La messe de l’infodivertissement au Québec — Tout le monde en parle..............................................     12 Web et télévision : deux mondes rassemblant un grand public...............................................................     14 Occupation Double et son impact au temps des réseaux sociaux.........................................................     16

Quand les influenceurs « influencent » les festivals.................................................................................     18 Karl-Emmanuel Picard, le pionnier de la scène musicale à Québec....................................................     20 Briser les tabous par la littérature.................................................................................................................     22 L’ambition et le plaisir de Nova Film..............................................................................................................     24

JOURNALISME La fièvre du hockey : une tendance vieille d’un siècle................................................................................     26 À l’écoute du journalisme culturel.................................................................................................................     28 La diversité des radios communautaires.....................................................................................................     30 La Presse+ : un média entre deux formats....................................................................................................     32

MATI Photojournalisme : le fardeau des mots, le choc des photos....................................................................     34


TABLE DES IÈRES


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T WITCH : UN MÉDIA DE PRÉDILECTION POUR LES AT H L È T E S D E JEUX VIDÉOS É C R I T PA R C H A R L E S N A D E A U -T H I B A U LT E n vo i e d ’ê t re re c o n n u e t re s p e c t é c o m m e u n s p o r t à p a r t e n t i è re , l e s j e u x v i d é o s’imposent comme étant plus qu’un simple d i ve r t i s s e m e n t , m a i s c o m m e u n m é t i e r t o u t à f a i t e nv i s a g e a b l e . O u t re l e s c o m p é t i t i o n s , l e s a t h l è t e s d e s e - s p o r t s d é c o u v re n t , p a r l ’ i n t e r m é d i a i re d e l a p l a t e f o r m e Tw i t c h , u n e f a ç o n l u c ra t i ve d e v i v re d e l e u r p a s s i o n e n s e p ré s e n t a n t c o m m e d e s i n f l u e n c e u r s , d e s p ro m o t e u r s d e n o u ve a u t é s e t d e s c o m m u n i c a t e u r s p ro f e s s i o n n e l s . S t é p h a n i e H a r ve y, a l i a s m i s s h a r ve y, c h a m p i o n n e d u m o n d e d u j e u C o u n t e r - S t r i ke e t a m b a s s a d r i c e d u p ro g a m i n g f é m i n i n , c o n s i d è re Tw i t c h c o m m e u n m é d i a social où les artisans du domaine partagent leurs connaissances et leur passion tout en a n i m a n t u n e c o m m u n a u t é d ’a m a t e u r s .

Selon missharvey, les sports professionnels en 2019 ne trouvent plus leur essence seulement dans les activités physiques. Ils consistent en un assemblage de divertissement et de routines professionnelles. Ils permettent aux athlètes de se maintenir en forme avec des séances d’entraînement en vue d’une préparation à un tournoi, mais surtout de s’impliquer en dehors des heures de pratique dans le domaine des jeux vidéo et au sein de la communauté. C’est souvent par le biais de Twitch que l’on voit cette face cachée du sport électronique. Twitch constitue en quelque sorte un média social de prédilection pour y arriver. Il crée un lien fort entre les amateurs et les spécialistes du divertissement virtuel. Stéphanie Harvey explique : « Twitch, c’est une façon de se connecter avec ma communauté, de créer du contenu, d’être présente pour eux dans leur quotidien. Ça crée des liens énormément forts, plus forts que n’importe quoi que je puisse faire sur d’autres plateformes ».


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LA COMMUNAUTÉ

LE PODCAST DES JEUX VIDÉO

Outre la promotion, la communauté se montre souvent reconnaissante envers leurs idoles en leur versant des dons. Ils aident ainsi les streamers à perfectionner leur équipement ou à les encourager dans leurs projets.

Missharvey n’ose pas associer Twitch à un réseau professionnel de sport comme RDS ou TVA Sports. Elle considère Twitch comme une plateforme unique à cause de son interactivité : les diffuseurs se trouvent dans leur salon, au naturel, et les gens clavardent en direct avec leurs idoles. Twitch se compare davantage à un podcast du jeu vidéo dans lequel on promeut les nouveautés, on partage des connaissances, des trucs et des manières d’améliorer ses aptitudes individuelles.

Grâce au noyau fort, les athlètes des e-sports peuvent vivre de leur passion. Stéphanie Harvey nous explique que la communauté sur Twitch se divise en trois principaux publics : les joueurs amateurs, les visionneurs et les acheteurs potentiels. Mme Harvey précise que certaines personnes n’aiment pas nécessairement jouer, mais adorent regarder les professionnels en action par pur divertissement. De plus, plusieurs tournois connus sont diffusés sur Twitch comme Fortnite, Overwatch, League of Legend ou Counter-Strike. Conséquemment, les amateurs peuvent suivre leurs idoles lors d’événements de renom dans le sport électronique.

Cependant, cette plateforme diffuse énormément de contenus commandités. Les influenceurs qui l’utilisent testent les nouveautés pour ensuite partager leur expérience aux abonnés. C’est d’ailleurs l’une des façons, pour les personnalités connues sur Twitch, de gagner un salaire. Lorsque le nombre d’adeptes atteint un seuil élevé, plusieurs créateurs de jeux vidéo passent par ces influenceurs du milieu pour promouvoir leurs produits.

LA PLACE DES FEMMES SUR TWITCH Dans le domaine des jeux vidéo, certaines personnes discriminent encore la femme en 2019. Mme Harvey évoque que « la femme est traitée différemment, que ça soit en se faisant [sic] flirter ou en se faisant dire qu’elle n’est pas bonne. En fait, le problème c’est que ta différence est pointée du doigt, ce qui te fait devenir la cible d’attaques. Ça peut devenir vraiment lourd rapidement lorsqu’on joue à des jeux multi-joueurs ». Ce problème se transpose sur Twitch. La plupart des femmes qui s’enregistrent reçoivent des commentaires désobligeants. D’ailleurs, lorsqu’un commentaire négatif survient, missharvey n’hésite jamais à le supprimer et à bannir la personne l’ayant écrit. Elle n’accepte aucune forme de sexisme ou de manque de respect sur son réseau, ce qui permet d’assurer l’harmonie sur la plateforme.

« Twitch, c’est une façon de se connecter

avec ma communauté, de créer du contenu, d’être présent pour eux dans leur quotidien.

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Crédit photo - Courtoisie


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DANS LES COULISSES DU FESTIVAL DU CINÉMA DE LA VILLE DE QUÉBEC É C R I T PA R L A U R E N C E B O U I L L O N L a 9 e é d i t i o n d u Fe s t i va l d e c i n é m a d e l a v i l l e d e Q u é b e c s e t i e n d ra d u 1 2 a u 2 1 s e p t e m b re p ro c h a i n s e n p l e i n c e n t re - v i l l e d e l a C a p i t a l e . A u p ro g ra m m e , 2 3 0 f i l m s p ré s e n t é s d a n s d e s s a l l e s d e c i n é m a t e m p o ra i re s a m é n a g é e s p a r l e s o r g a n i s a t e u r s , d u Pa l a i s M o n t c a l m a u T h é â t re d u C o n s e r va t o i re , e n p a s s a n t p a r l e M u s é e n a t i o n a l d e s b e a u x - a r t s . Ave c a u t a n t d ’œ u v re s à d i f f u s e r, l ’ h o ra i re d e p ro j e c t i o n s ’e n c h a î n e à u n r y t h m e e f f ré n é  : c i n q s a l l e s a ve c c h a c u n e c i n q p l a g e s h o ra i re s p a r j o u r, l e c i n é p h i l e e n q u ê t e d e d é c o u ve r t e a d e q u o i ê t re s a t i s f a i t . To u t e f o i s , u n é vè n e m e n t d ’ u n e t e l l e a m p l e u r re q u i e r t u n e g ra n d e o r g a n i s a t i o n , ex p l i q u e f i è re m e n t O l i v i e r B i l o d e a u , c o f o n d a t e u r e t p ro g ra m m a t e u r d u f e s t i va l .

Dès sa création, le FCVQ s’est donné pour mission d’offrir à la ville de Québec un festival d’envergure présentant du cinéma national et international, puisqu’aucun évènement de la sorte n’existait à l’époque. « Il y a des sous-objectifs au festival comme être la vitrine du cinéma d’ici, c’est très important pour nous d’être le porte-étendard de ce qui se fait ici », rajoute le fondateur, pour qui la promotion du septième art est primordiale.

Avoir un but précis est une chose, mais quand vient le temps de mettre sur pied un festival, rien n’est possible sans leur équipe du département de communication et du marketing, dont les membres sont chargés du développement des publics. Pour s’assurer de la popularité des films projetés, il faut « cibler les gens que ça intéresse et ainsi faire la publicité en conséquence », souligne M. Bilodeau.

Par ailleurs, le festival engage des relationnistes de presse de chez Pointcomm, une boîte externe dont le travail est de « faire le lien entre l’information que le FCVQ veut transmettre à la population via les médias ». Cela laisse le temps à l’équipe du festival de s’occuper de ses médias sociaux, qui sont tous gérés à l’interne.

Crédit photo - Laurence Bouillon


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PROGRAMMATEUR : UN RÔLE TEINTÉ D’ÉVÈNEMENTIEL En tant que programmateur, Olivier Bilodeau fait venir à Québec des films de partout dans le monde. Pour ce faire, deux méthodes sont employées : la soumission et la prospection. La première consiste à passer un appel à films, pour laisser savoir aux artisans du cinéma que le Festival est en période de sélection et qu’il récolte les inscriptions. La prospection, quant à elle, augure lorsque M. Bilodeau voyage dans d’autres festivals. « La semaine dernière, j’étais à Berlin et la semaine d’avant j’étais à Clermont-Ferrand en France. On va dans d’autres festivals où il y a des marchés réservés aux professionnels du milieu. Je vais voir les ayants droit et je leur dis que j’aimerais avoir leur film pour le FCVQ », ajoute-t-il.

Une fois les films visionnés et sélectionnés, la partie la plus ardue du travail se met en branle pour le comité de programmation. « C’est bien beau regarder les films et les choisir, mais après il y a toute la logistique qui vient avec. Il faut avoir la copie de projection, la faire sous-titrer en français et accueillir des invités », énumère le directeur du comité. Une fois les invités transportés et logés, il faut procéder au paiement des droits pour les films présentés, monter le programme pour décider quelle œuvre sera diffusée où et à quel moment… Au final, le programmateur en chef affirme que toute cette logistique prend beaucoup plus de temps que la sélection des films en elle-même : le processus complet prend un total de sept à huit mois pour 10 jours de festival. En somme, décider des films à projeter a beau être au cœur du rôle de programmateur, lorsqu’on organise un festival, M. Bilodeau confirme qu’on ne peut s’en sortir sans toucher à l’évènementiel.

UN DÉFI PUBLICITAIRE Au sujet des obstacles rencontrés lors de l’organisation du festival, le fondateur précise que comme il est bien rodé, « le défi n’est pas tant au niveau de l’organisation de l’évènement, il est plus spécifique au monde du cinéma. On a un gros défi, c’est d’attirer les gens en salles à l’ère du numérique… C’est le défi du cinéma mondialement ». Une difficulté qui se dresse surtout devant ceux qui gèrent la publicité de l’évènement puisque c’est à eux d’aller chercher le public et de susciter leur intérêt. Avec son expérience de fondateur, Olivier Bilodeau croit que le meilleur conseil pour quelqu’un qui rêve de lancer son propre festival est de s’assurer de cibler un manque à combler : « Nous, quand on a créé le festival, il y avait une demande pour quelque chose, mais il n’y avait pas d’offre. On voulait combler cette demande-là ». Une fois le bien-fondé de l’idée établi, l’important, c’est de s’entourer une belle et grande équipe, parce qu’un évènement d’une telle envergure ne se construit pas seul.

« On essaie de cibler les

publics, tout est dans la communication et comment on fait pour créer le buzz… On s’en remet beaucoup à la communication pour relever ce défi.

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LA MESSE D E L’ I N F O DIVERTISSEMENT AU QUÉBEC — TOUT LE MONDE E N PA R L E É C R I T PA R F É L I X D U C H E S N E L e s m o m e n t s d e ra s s e m b l e m e n t s e f o n t ra re s en cette époque du numérique. Mais le dim a n c h e s o i r, a p rè s l e s o u p e r, u n e é m i s s i o n a t t i re d e p u i s 1 5 a n s l e s Q u é b é c o i s d e va n t l e u r é c ra n p o u r s ’ i n f o r m e r t o u t e n a ya n t d u p l a i s i r  ; j ’a i n o m m é To u t l e m o n d e e n p a r l e . R é d a c t r i c e e n c h e f d e l ’é m i s s i o n e t a u t e u re d u l i v re L’e nve r s d u d é c o r , C a ro l e -A n d ré e L a n i e l m e t e n l u m i è re l a p ré p a ra t i o n n é c e s s a i re a u s u c c è s d u p ro g ra m m e .

Tout le monde en parle animé par Thierry Ardisson, vous connaissez ? Certains me répondront : « Voyons, c’est Guy A. Lepage, l’animateur ! » Mission accomplie pour monsieur Lepage, qui a adapté ce concept d’émission française pour en faire une tradition télévisuelle ici, au Québec.

On a affaire à la définition même de l’infodivertissement. Pourquoi ? Parce que c’est une émission de variétés incluant la participation d’invités des domaines d’affaires publiques. Lors d’une de ses présences à l’émission, la chroniqueuse politique Chantale Hébert s’est prononcée à ce sujet : « nous n’avons plus les moyens d’ériger des cloisons, de décréter que les uns informent et que les autres amusent plutôt que de comprendre que nous sommes tous des véhicules de contenus ».1 Un autre aspect des talk-shows en lien avec l’infodivertissement à ne pas négliger est le fait que des politiciens qui ont la réputation d’être froids ont la possibilité de montrer leur côté humain, de connecter avec « le vrai monde » lorsqu’ils participent à de telles émissions. Citation tirée du livre L’envers du décor (page 83) LANIEL, C-A., avec la participation de Guy A. Lepage et Dany Turcotte. (2014) L’envers du décor. Montréal : Éditions La Presse. 1


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Crédit photo - Courtoisie

De plus, l’actualité dicte le choix des invités. Cependant, il faut que le contenu global soit varié. On ne veut pas être trop culturel, trop politique, trop sportif, etc. La parité hommes-femmes est évidemment un élément central à ne pas laisser de côté. Étant diffusé à Radio-Canada, il irait de soi que le contenu promu soit exclusivement radio-canadien. Au contraire, l’équipe de Tout le monde en parle se donne comme objectif de couvrir l’entièreté des nouvelles québécoises. C’est pourquoi, par exemple, des acteurs de TVA ou de Télé-Québec peuvent très bien faire partie du programme. « On choisit ce qu’on pense qui va sortir un peu du lot, un peu incontournable ou qu’on a envie de faire » s’énonce Carole-Andrée Laniel.

À QUOI RESSEMBLE UNE SEMAINE TYPIQUE EN TANT QUE RÉDACTRICE EN CHEF DE TLMEP ?

Lorsque je lui ai demandé si c’était les intéressés qui devaient faire une demande pour passer à l’émission ou bien si c’était l’équipe de Tout le monde en parle qui effectuait les demandes, sa réponse fut directe : « C’est varié ». Quelqu’un qui désire s’expliquer, qui se retrouve dans une situation compromettante ou encore qui présente un projet artistique ; toutes les situations sont possibles et amènent parfois les gens à demander à venir sur le plateau. Sinon, c’est que l’équipe de sélection trouvait pertinent de recevoir un invité.

S’en suit l’immanquable réunion du mardi. C’est alors qu’on sélectionne qui sera présent au programme. Immédiatement après, l’équipe de relationnistes se met sur le booking.

Pour le booking, il peut autant se faire la semaine même que des mois à l’avance. Pour toutes sortes de raisons (disponibilités, date de sortie d’un livre ou d’un spectacle, d’une tournée, etc.) l’agenda n’est pas seulement fixé en fonction des sorties médiatiques récentes, on peut inviter quelqu’un pour sa notoriété ou simplement parce que l’équipe en a envie. Évidemment, si un événement inattendu se produit, une invitation à l’émission suivra. Les démarches sont entamées et la personne décide d’annuler ou de refuser, c’est possible ? Oui, « ça peut être quelqu’un qui n’est pas prêt, pour toutes sortes de raisons, des fois c’est parce que ce n’est pas le bon moment, quelqu’un qui est sur la défensive et qui pense qu’il pourrait plus se nuire en venant à TLMEP ». Évidemment, en raison de la grande portée de l’émission, il faut être certain des propos avancés, de son argumentation, etc. Si une personne ne pense pas gagner de points en participant au programme, il lui est préférable de passer son tour.

Le cycle de chaque émission s’entame la fin de semaine. Cette dernière est consacrée à la recherche de sujets pertinents à proposer à la réunion d’équipe du mardi. Lectures de bouquins, visionnement de documentaires, de films, de séries télé, analyse minutieuse des journaux, l’exploration est vaguement définie. En résumé, on cherche ce qui ferait une émission forte. Dès le lundi, les recherchistes débutent leurs dossiers pour la semaine même ou celles d’après (pour les invités déjà bookés). Ces données recueillies sont travaillées et retravaillées jusqu’au jeudi.

Jeudi a lieu le meeting de script-édition. André Ducharme, Guy A. Lepage et Carole-Andrée Laniel révisent les dossiers des recherchistes. En guise de révision finale, les recherchistes scrutent à la loupe les fichiers pour vérifier si des coquilles se sont faufilées. C’est aussi la journée du tournage. En général, de 18h30 à 22h30, on accorde une trentaine de minutes à chaque invité, pour ensuite n’en garder qu’une vingtaine. Le montage est l’étape finale du processus. Ce travail ne fait pas partie du mandat de la rédactrice, il est plutôt supervisé par Guy A. Lepage, qui détermine les parties qu’on garde et celles qu’on élimine pour la version qui sera diffusée le dimanche à 20h30. En conclusion, Tout le monde en parle, qui fête son quinzième anniversaire, représente une émission phare de la télévision québécoise et mérite pleinement de rester pour de bon. Malgré son format stagnant, on ne se lasse pas d’écouter les politiciens, les acteurs, les sportifs, les humoristes, les scientifiques et tous les autres raconter leurs péripéties de vie devant Guy A. Lepage et Dany Turcotte (en n’oubliant pas toute l’équipe derrière ces deux têtes d’affiche).


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WEB ET TÉLÉVISION : DEUX MONDES RASSEMBLANT UNGRAND PUBLIC É C R I T PA R M I C A Ë L S T- O N G E A l o r s q u e l e c o n t e n u d e d i ve r t i s s e m e n t e s t p l u s d i ve r s i f i é q u e j a m a i s , c e r t a i n s c ro i e n t q u e l e d o m a i n e t é l é v i s u e l c è d e g ra d u e l l e m e n t s a p l a c e . To u t e f o i s , l e w e b v i e n t p l u t ô t a t t é nuer les failles de la télévision. Jay St-Louis, q u i a b e a u c o u p t ra va i l l é d a n s l e s d e u x s p h è re s m é d i a t i q u e s , c o n s i d è re q u e l a v i s i o n p o p u l a i re f a c e a u d o m a i n e t é l é v i s u e l va s i m p l e m e n t s e m o d i f i e r. S i c e r t a i n s c ro i e n t q u e l e w e b e s t u n e p l a t e f o r m e s u r l a q u e l l e l e s c ré a t e u r s ve u l e n t re s t e r i n d é f i n i m e n t , d ’a u t re s c o n s i d è re n t q u ’ i l s ’a g i t d ’ u n e p a s s e re l l e f o r m a t r i c e , p e r m e t t a n t d e t ro u ve r d e s p e r s o n n a l i t é s i n t é re s s a n t e s p o u r d e s c o n c e p t s t é l é v i s u e l s . To u t e s t d a n s l ’a d a p t a t i o n l o r s d e c e t t e t ra n s i t i o n .

Actuellement, les influenceurs réussissent à vivre convenablement avec les revenus générés par le contenu web. Toutefois, il y a quelques années, les créateurs indépendants n’avaient pas la chance d’être soutenus par des agences de représentation. La visibilité sur le web était extrêmement difficile à avoir, et il fallait se démarquer du lot. Jay St-Louis, qui a connu un franc succès grâce à ses multiples projets sur la toile, s’est fait approcher pour amener ses talents d’animation et de création de contenu à la télévision. Alors qu’il s’agit de deux domaines médiatiques distincts, l’argent a été pour lui une raison majeure lorsqu’il se fit proposer de travailler pour MusiquePlus en 2013. « Le cash. À l’époque où j’ai été embauché, ce n’était pas vraiment possible de gagner sa vie du web en tant qu’influenceur comme on peut le faire aujourd’hui en étant représenté par une agence de talent web comme le Slingshot ou Goji Studio », constate-t-il.


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Le côté pécuniaire du web n’est pas ce qui attire les jeunes créateurs qui doivent se distinguer par leur passion et leur dévouement. Pour être connu sur Internet, il faut se distinguer des autres, car les gens choisissent précisément ce qu’ils veulent regarder. À la télévision, les gens qui synchronisent une chaîne n’ont pas le contrôle sur ce qu’ils regardent, et les stations choisissent stratégiquement les personnes qu’elles veulent présenter sur leur canal. La série Mon f*cking tube, entièrement écrite et réalisée par Jay St-Louis, fut écoutée plusieurs milliers de fois sur YouTube, lui offrant une visibilité pour son côté créatif, mais aussi pour son aisance devant la caméra. « À l’époque, Rej Laplanche est venu directement me chercher parce qu’il aimait ma série Mon f*cking tube. En produisant moi-même mes vidéos de A à Z, de la scénarisation jusqu’au montage, j’ai été en mesure de toucher à tout. Ça m’a donné une bonne expertise et j’ai pas été trop déboussolé quand est venu le temps de faire la transition à la télé, même si cela a été un défi considérable », raconte-t-il.

La pensée selon laquelle le web mène une lutte contre les médias traditionnels est désormais erronée. Les applications de diffusion en flux continu sur Internet ont su démontrer que les gens souhaitent écouter ce qu’ils veulent, et ce, lorsqu’ils le veulent. La télévision offre aujourd’hui des options d’enregistrement et de rattrapage des émissions alors que le contenu qu’ils offrent n’est que très rarement disponible ailleurs. Ainsi, les chaînes s’adaptent graduellement à cette nouvelle forme de consommation télévisuelle qu’exigent les clients, tout en gardant leur authenticité dans la création de leur contenu. Jay St-Louis considère d’ailleurs que le monde télévisuel est en plein changement en ce qui a trait à son fonctionnement et qu’il est sur la bonne voie. « Mon stance là-dessus, c’est que le modèle télévisuel traditionnel doit s’adapter aux habitudes de consommation actuelles des gens : soit permettre la possibilité d’écouter les séries en rafale en publiant des saisons complètes au lieu d’y aller épisode par épisode, et bien sûr permettre la consommation en différée à partir de plateformes libre-service. Je suis d’avis que l’industrie s’adapte relativement bien avec les solutions actuellement offertes, même si on reste encore cantonnés à des vieux formats traditionnels », affirme-t-il. Les médias évoluent continuellement, d’autant plus que la place qu’occupent les réseaux sociaux est de plus en plus grande. L’authenticité reste un critère prédominant lors de la création de contenu, et l’avenir nous réserve possiblement de belles surprises avec les deux gigantesques plateformes que sont le web et la télévision.


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O C C U PA T I O N DOUBLE ET SON I M PA C T A U T E M P S DES RÉSEAUX SOCIAUX É C R I T PA R G U I L L A U M E D E N I S L a p o p u l a i re é m i s s i o n d e t é l é - ré a l i t é O c c u p a t i o n D o u b l e , d i f f u s é e d e p u i s 2 0 0 3 a u Q u é b e c , d o n n e l a c h a n c e à s e s c a n d i d a t s d e t ro u ve r l ’a m o u r e n e s s a ya n t d ’ê t re c o u ro n n é s c o m m e l e c o u p l e g a g n a n t d e l ’é d i t i o n e t d e re m p o r t e r d e s p r i x c o n n exe s . L e c o n t ex t e d ’ O c c u p a t i o n D o u b l e e s t c e p e n d a n t c o m p l è t e m e n t d i f f é re n t d e l a ré a l i t é e t l e re t o u r d e s p a r t i c i p a n t s a u Q u é b e c p ro vo q u e s o n l o t d e t ra n s f o r m a t i o n s . A n d re w O’ R e i l l y, g ra n d g a g n a n t d ’ O c c u p a t i o n D o u b l e G rè c e a ve c C a t h e r i n e Pa q u i n , ex p l i q u e l e s c h a n g e m e n t s d ra s t i q u e s p ro vo q u é s p a r s o n p a s s a g e à l ’é m i s s i o n .

L’ADAPTATION POST-OCCUPATION DOUBLE En 2003, les participants n’avaient pas à se soucier de ce qui allait se passer avec leur compte Facebook ou Instagram après OD car les réseaux sociaux n’existaient pas. Aujourd’hui, c’est une toute autre chose. Avant de partir pour la Grèce, Andrew avait environ 400 abonnés sur Instagram. Aujourd’hui, il en compte 140 000, sans même avoir eu accès à son cellulaire durant son aventure d’une centaine de jours. Si vous vous plaigniez d’avoir trop de notifications quand vous n’utilisez pas votre cellulaire quelques heures, imaginez en recevoir des centaines de milliers d’un coup.

Outre le fait de devoir s’accoutumer à la popularité, le retour au Québec peut constituer un choc pour les candidats, mais aussi pour leur famille et leurs amis. Andrew souligne qu’il était parfois difficile pour ses proches d’être interpellés par des inconnus et d’entendre certains commentaires négatifs. Il affirme que comme il ne recherche pas la popularité en général, il a dû s’adapter progressivement au fait d’être reconnu presque partout où il va. Questionné à propos de la conciliation réseaux sociaux et travail qu’il doit maintenant gérer, le gagnant de la dernière édition d’Occupation Double répond : « pour l’instant, je suis à l’université et je complète ma maîtrise en administration des affaires en gestion des services de santé, donc j’ai un peu plus de temps libres pour gérer mes réseaux sociaux, que je vois comme du divertissement. Lorsque je serai de retour au travail, je serai beaucoup moins présent ».


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« Le seul conseil que

je pourrais donner à quelqu’un qui veut tenter l’aventure Occupation Double, c’est de rester authentique du début à la fin. De cette façon, peu importe ce qui arrive, tu es reconnu pour ce que tu es réellement.

»

LA RÉALITÉ AU-DELÀ DE LA TÉLÉ-RÉALITÉ Vous direz probablement qu’il est plus facile de développer des relations amoureuses et amicales lors d’un voyage paradisiaque en Grèce et dans les endroits les plus pittoresques de la planète que lors d’une sortie à l’épicerie. C’est entre autres ce que permet le contexte d’Occupation Double, qui fait en sorte que les candidats soient davantage portés à discuter et à en apprendre sur les autres, notamment parce qu’ils sont privés de leurs appareils numériques. La meilleure occasion pour tisser des liens est « sans aucun doute lors des voyages », confirme Andrew. Il s’agit aussi du moment où ils sont le plus libres et où ils ont davantage de temps pour se découvrir. Autrement, on leur impose un horaire très précis à respecter, des contraintes de temps ainsi que différentes règles à suivre. Cependant, la perception d’une personne par rapport à une autre peut complètement changer lorsqu’elle passe d’un contexte de voyage parfait au contexte routinier lors du retour au Québec. Le cercle d’amis, les habitudes de vie, l’horaire, les émotions… Bref, tout est différent ! Malgré tout, l’ex-candidat affirme qu’OD lui aura permis de nouer des liens d’amitié forts et de vivre une aventure dont il se rappellera toute sa vie.

RÔLE D’INFLUENCEUR OBLIGE Bien qu’Andrew O’Reilly n’ait jamais été un grand utilisateur de réseaux sociaux, sa présence à Occupation Double lui aura automatiquement conféré un rôle d’influenceur. Des personnes de tous âges le suivent désormais sur différentes plateformes numériques et certaines d’entre elles considèrent même le gagnant du célèbre jeu de séduction comme un héros, ce qu’il nie être sur toute la ligne. Il confirme que sa participation à l’émission lui a ouvert des portes dans l’industrie médiatique ainsi que la possibilité d’explorer le métier d’influenceur. Même s’il réalise l’ampleur de ce que cela représente, il dit vouloir exploiter cette opportunité sans en faire un métier et uniquement si cela rejoint ses intérêts, comme l’occasion de véhiculer des valeurs qui lui tiennent à cœur dans le domaine de la santé. Que ce soit par la sensibilisation au don de sang, à la saine alimentation ou à l’entraînement physique, Andrew souhaite amener les gens à développer de bonnes habitudes de vie.

Crédit photo - Guillaume Denis


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QUAND LES INFLUENCEURS « INFLUENCENT » LES FESTIVALS É C R I T PA R M A R I LY N H A W E Y L e m a r ke t i n g d ’ i n f l u e n c e f a i t d o ré n a va n t p a r t i e i n t é g ra n t e d e l a s t ra t é g i e d e communication dans le monde d e l ’é vé n e m e n t i e l . D a n s l e b u t d ’a u g m e n t e r l e u r v i s i b i l i t é e t l e u r c ré d i b i l i t é , c e r t a i n s f e s t i va l s s o l l i c i t e n t l ’ i m p l i c a t i o n des influenceurs sur le web. Selon Catherine Ouellet, dire c t r i c e d e s c o m m u n i c a t i o n s c h e z E ve n m ã ( Fe s t i ve n t V i l l e d e L é v i s e t L e Fe s t i b i è re) , «  d a n s u n c o n t ex t e o ù l a société s’informe de plus e n p l u s s u r s o n c e l l u l a i re , l e s o r g a n i s a t e u r s d e f e s t i va l s d o i ve n t d é l a i s s e r t ra n q u i l l e m e n t l e s m é d i a s t ra d i t i o n n e l s p o u r p ro m o u vo i r l e u r é vé n e m e n t e t o p t e n t p o u r d ’a u t re s m o ye n s  ». Po u r l a p re m i è re fois cette année, elle pense ré m u n é re r d e s i n f l u e n c e u r s p o u r l ’a i d e r à re j o i n d re s a c l i e n t è l e e t l ’a t t i re r.

Étant souvent des professionnels de l’industrie, des blogueurs, des clients ambassadeurs, des célébrités ou des Youtubers, les influenceurs agissent comme marqueurs et relais d’opinion via les réseaux sociaux. Une viralité communicationnelle se développe donc progressivement et permet ainsi d’augmenter le nombre d’abonnés à la communauté d’un festival. La forte visibilité, la proximité du public cible et le contenu original qu’ils apportent à un festival ne sont plus discutables et « plus le nombre d’abonnés est grand, plus l’influenceur a du potentiel et du pouvoir », affirme madame Ouellet. Toutefois, cet auditoire n’est pas nécessairement en mouvement sur le web et s’inscrit dans des interactions « horizontales », la plupart du temps sur Facebook, Instagram ou Twitter.

L’objectif communicationnel d’un festival est d’augmenter sa clientèle afin de réaliser des ventes de billets. Pour y arriver, les médias sociaux peuvent aider à développer une notoriété dans la mesure où les organisateurs participent aussi à la constituer. Ils doivent se questionner sur les bonnes pratiques à adopter pour atteindre leurs objectifs de visibilité et de crédibilité afin de vendre le plus de billets possible auprès des personnes intéressées à participer à leur événement. Ils ont compris l’importance de réorienter leurs budgets vers les campagnes d’influence marketing. Pour madame Ouellet, « la plupart des ventes se passent la veille de la fin de la prévente et lors du dévoilement de la programmation ». Pendant ces deux périodes cruciales, les influenceurs pourraient l’aider à atteindre ces objectifs.


Crédit photo - Stéphane Gaudreau

Les influenceurs permettent donc aux organisateurs des festivals d’entrer en contact avec leur clientèle cible et, subséquemment, d’agrandir leur communauté. Chaque fois qu’ils créent une publication pour un festival par exemple, ils mesurent l’impact sur leur propre réputation et leur nombre d’abonnés personnels. Leurs contenus collaboratifs sont légitimés par leur qualité et leur crédibilité. Les personnes influencées se sentent libres de l’être parce qu’elles estiment ellesmêmes, au départ, la valeur qu’elles doivent accorder à l’influenceur dans leur vie. Ensuite, elles s’identifieront à lui pour toutes sortes de raisons en accordant beaucoup d’importance à ce qu’il suggère. Ces personnes se diront : « Ahhhh ! Il a l’air d’avoir du fun lui [l’influenceur] ! Ça a l’air vraiment cool. Moi aussi je veux aller au festival. J’y vais ! », exemplifie madame Ouellet.

Le succès d’une campagne d’influence repose sur la viralité et la propension de la communauté à interagir avec le contenu partagé par la personnalité influente. « Si en utilisant les influenceurs, l’objectif est d’augmenter le nombre de billets vendus pour le festival, même si l’on réussit à rejoindre les 200 000 abonnés de ces influenceurs, mais que je n’ai pas plus de ventes de billets, c’est plus un travail de notoriété », explique madame Ouellet. Selon elle, il faut que « les followers aient l’impression que l’influenceur leur parle directement. Il faut qu’il soit bref, mais aussi vrai, humain, transparent et accessible. Tout ça fera de lui un bon influenceur ». Par conséquent, madame Ouellet doit penser aux personnalités types qui touchent ses festivaliers. Elle lance : « Il me faut une personnalité qui fit dans la gang, qui aime profiter des bons moments et qui s’identifie au festival ».

Certains influenceurs reçoivent différentes formes de compensations et d’autres sont payés dépendamment de la taille et de l’engagement des followers, du type de création de contenu (texte, photo, vidéo, concours), du choix du réseau social et de la proximité avec le festival. Alors que la signature d’un contrat assure une visibilité, remettre des billets de spectacle dans l’espoir que l’influenceur participe à l’événement ne garantit pas une couverture escomptée pour un festival. « Ils doivent être prêts à faire des commentaires avant, pendant et/ou après l’événement pour réussir à faire connaître le festival différemment, mais tout est risqué quand on ne les paie pas ! Et tant que tu as de l’argent, tu peux faire ce que tu veux ! », s’exclame madame Ouellet. La création de contenu nécessite donc d’importants budgets pour les organisateurs de festivals, si on veut solliciter plus d’implication des influenceurs afin de créer une campagne créative et bien adaptée à leur communauté.

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KARL-EMMANUEL PICARD, LE PIONNIER DE LA SCÈNE MUSICALE À QUÉBEC É C R I T PA R M I C A Ë L V I C A I R E S i vo u s ê t e s u n f a n d e s p e c t a c l e s d e m u s i q u e , vo u s a ve z s û re m e n t d é j à c h a n t é à t u e - t ê t e u n e c h a n s o n d e vo t re g ro u p e p ré f é ré o u dansé sur celle-ci dans l’une des salles de spectacle de Québec. Ainsi, il y a de fortes c h a n c e s q u e c ’e s t l e p ro m o t e u r q u é b é c o i s K a r l - E m m a n u e l P i c a rd q u i a o r g a n i s é l a s o i ré e . M a i n t e n a n t p ro p r i é t a i re d e l ’ A n t i B a r , q u i é t a i t a u p a ra va n t l ’ A g i t é E , l e p ro m o t e u r a c o m m e b u t d e p e r m e t t re a u x s p e c t a c l e s d e m u s i q u e d ’a t t e i n d re l e u r p l e i n e e f f e r ve s c e n c e .

À peine âgé de 12 ans, Karl-Emmanuel Picard avait un seul but en tête : produire des spectacles de musique. Grâce à son père, avec un service de traiteur qui s’occupait des artistes de passage à la Vieille-Capitale, le producteur a pu toucher à la scène musicale depuis son tout jeune âge. C’est grâce à un spectacle en particulier, auquel il a assisté à l’âge de 6 ans, que celui-ci a découvert une passion pour la musique : le Lollapalooza, qui accueillait des icônes du rock telles que Metallica, Soundgarden, Ramones et plus encore à Québec le 7 juillet 1996.

Étant fondateur de l’entreprise District 7 Production et copropriétaire de l’Anti Bar & Spectacles depuis sa réouverture en 2015, situé dans le quartier SaintRoch à Québec, le promoteur y organise plus de 300 représentations par an. « Ma mission avec cette salle de spectacle est de permettre aux gens, autant les clients que les musiciens, de se sentir chez soi et de pouvoir triper sur la musique en famille. Avec le passé que j’ai eu côté musique, je veux que les gens s’amusent autant que j’ai tripé », exprime-t-il. Mais tout service ne vient pas sans effort. M. Picard explique que pour être un bon entrepreneur dans ce domaine, on se doit d’avoir de la passion, mais surtout de bons contacts. En plus d’être rapide, le monde du divertissement est un environnement difficile selon le promoteur. « On dit souvent qu’il faut être compétiteur dans ces milieux, car il y a beaucoup de changement, mais il faut surtout être capable de s’entraider les uns et les autres, tout en restant compétiteur, car la compétition, c’est ce qui nous rend meilleur ».


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Le développement des réseaux sociaux pour certains peut être vu comme étant un élément important pour la promotion de spectacles et de groupes. Pour M. Picard, celui-ci voit plutôt les réseaux sociaux comme un couteau à double tranchant. D’un côté, avec Facebook, la diffusion d’événements pour des spectacles de musique est plus facile, et aide aussi pour rejoindre les gens plus rapidement. Plus de gens signifient évidemment plus d’offres. Toutefois, d’un autre côté, avec Instagram, tout le monde a la possibilité de filmer les spectacles et de les partager sur le réseau. « Comme j’ai moi-même un compte Instagram pour mes différentes entreprises, je peux voir les effets de ce réseau. Ça aide à promouvoir les spectacles, mais à cause de ça, les gens peuvent donc voir encore plus facilement les spectacles sans y assister. C’est un des gros problèmes à Québec : le fait de manquer de gens dans les salles de spectacles ». C’est pour cette raison que le promoteur profite de ses contacts à Québec pour remédier à la situation.

Comme la scène musicale à Québec est de plus en plus en expansion, surtout dans le quartier, celui-ci peut profiter des autres services qu’on y retrouve. Par exemple, le propriétaire de Coyote Records, une maison de disque située sur la rue Saint-Joseph, est un ami de longue date de l’entrepreneur, et celui-ci peut lui proposer des artistes pour sa salle de spectacle. Un autre exemple est que M. Bilodeau a permis au groupe de rap québécois Alaclair Ensemble de faire une générale à l’Anti Bar avant leur spectacle à l’Impérial le 23 novembre 2018 dernier. Qu’est-ce que ce service lui a rapporté ? Alaclair Ensemble a décidé de faire une prestation le 31 décembre 2018 à l’Anti Bar. Toute cette entraide lui est venue grâce au réseau de connexion qu’il a pu bâtir au fil des années. Après plus de 15 ans de travail, on peut dire que Karl-Emmanuel Picard a de loin réussi son but, et il est loin d’avoir terminé. Maintenant avec des contrats de marketing avec Evenko, une importante compagnie de promotion et de production indépendante canadienne, et même le Cirque du Soleil, les contrats ne cessent de pleuvoir. De nouveaux projets qui ne l’empêcheront pas de faire ce qui le passionne : promouvoir la musique à Québec.


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BRISER LES T A B O U S PA R L A L I T T É R AT U R E É C R I T PA R O L I V I E R B R U N E A U L e d o m a i n e a r t i s t i q u e re p ré s e n t é p a r l e c o n t e a u Q u é b e c e s t e n p l e i n e s a n t é , n o t a m m e n t g râ c e a u p i o n n i e r Fre d Pe l l e r i n . C e r t a i n s c ro i e n t q u ’ i l e s t l e s e u l c o n t e u r d e l a p ro v i n c e . Po u r t a n t , l a re l è ve e s t b i e n p ré s e n t e . O r i g i n a i re d e S a i n t - G e o r g e s e n B e a u c e , A l a i n L e s s a rd e s t a u t e u r, p ro d u c t e u r e t c o n f é re n c i e r. D i p l ô m é d u b a c c a l a u ré a t e n p s yc h o l o g i e d e l ’ U n i ve r s i t é L a va l , a m o u re u x d e l a l i t t é ra t u re e t d e l ’é c r i t u re , i l a ra p i d e m e n t d é l a i s s é l a re l a t i o n d ’a i d e p o u r s e c o n s a c re r e n t i è re m e n t à s a p a s s i o n .

Après le lancement des Contes de Saint-Parlabas en 2012, Alain Lessard a adapté une partie de l’histoire sur scène en créant la pièce Dunort deux ans plus tard. Ce spectacle théâtral multimédia pour enfants a ensuite mené à la conception d’un livre illustré en 2016. Chacun des spectacles et chacun des petits albums illustrés aborde des thèmes positifs différents tels le courage, la confiance en soi, la poursuite de ses rêves et la persévérance. D’ailleurs, son spectacle Océanne, sorti en 2018, raconte l’histoire d’une enfant sourde et muette qui devra, contre vents et marées, découvrir sa véritable nature. Ce récit, à la fois drôle et touchant, rappelle que les gens possèdent tous quelque chose d’extraordinaire à l’intérieur d’eux-mêmes.

INSPIRER LES JEUNES

DONNER AUX SUIVANTS

Après une représentation de son spectacle Dunort, une dame a contacté Alain Lessard pour lui confier qu’elle avait apprécié le spectacle et que son enfant voulait faire du théâtre, car il avait adoré la pièce. « Elle m’a envoyé une photo de lui déguisé en un personnage de la pièce et, la semaine suivante, il avait son cartable vert et débutait [sic] ses cours de théâtre ». Les enfants sont invités en coulisse après le spectacle afin de voir l’envers du décor. « Ils découvrent le multimédia et ils en ressortent fascinés. Les enfants découvrent des passions, car ils sont exposés aux arts », déclare l’auteur.

M. Lessard veut faire comprendre aux enfants qu’il est important de ne pas lâcher dans les moments difficiles et de garder la tête haute parce que ça en vaut la peine et qu’ils pourront être fiers d’eux lorsqu’ils auront trouvé leur vocation. « Je fais, pour les enfants, le type de spectacle que j’aurais aimé voir quand j’étais au primaire et que j’étais victime d’intimidation à répétition ». Il conclut toujours ses conférences et ses spectacles avec cette phrase : « Pour me venger de tous ceux qui m’ont fait du mal dans la vie, j’ai fait le choix d’être heureux et c’est la plus belle des vengeances ».


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« Ma paie lors des

VIVRE DE SA PASSION

lectures animées dans mes conférences dans les écoles primaires, c’est de voir les enfants allumés, qui rient, qui sourient et qui posent des questions.

»

Par le passé, lorsqu’on le questionnait sur l’importance de l’écriture et de la littérature dans sa vie, Alain Lessard répondait : « Avec un crayon et 26 lettres, je peux aller où je veux ». Aujourd’hui, l’auteur voyage beaucoup grâce à son crayon. Ses pièces de théâtre, ses ateliers d’écriture et ses conférences l’amènent à voyager partout au Québec et même au Nouveau-Brunswick. Lui demander de nommer le meilleur moment de sa jeune carrière équivaut à chercher une aiguille dans une botte de foin : « c’est comme demander à un parent de choisir son enfant préféré. J’ai la chance de vivre de ma passion tous les jours maintenant. On est très peu au Québec à pouvoir le faire, donc c’est immense pour moi. Je vis la vie de mes rêves […]. Je fais exactement ce que je veux faire. Il m’arrive beaucoup de belles choses, donc chaque jour devient mon moment préféré ». Sa carrière continue de prendre de l’ampleur, mais, pour le Beauceron de 35 ans, ce qui est réellement important n’est pas d’avoir les projecteurs braqués sur lui ni d’être reconnu spontanément dans la rue, mais tout simplement de faire du bien autour de lui : « Ma paie lors des lectures animées dans mes conférences dans les écoles primaires, c’est de voir les enfants allumés, qui rient, qui sourient et qui posent des questions ».

Source - Alain Lessard C r é d i t p h o t o - Fr é d é r i c D e s j a r d i n s


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L’A M B I T I O N E T LE PLAISIR DE NOVA FILM É C R I T PA R G A B R I E L L E B E A U P R É L’é q u i p e d e N o va F i l m , l a s e u l e b o î t e d e p ro d u c t i o n e t ré a l i s a t i o n p u b l i c i t a i re d e l a ville de Québec, se distingue par sa passion, s a d é t e r m i n a t i o n , s e s c o l l a b o ra t i o n s e t s o n a m o u r p o u r l e s s p o r t s d ’a c t i o n . D a v i d Po u l i n , l ’ u n d e s f o n d a t e u r s , ré a l i s e d e s p u b l i c i t é s p o u r l ’é q u i p e m e n t d e h o c ke y C C M . I l a f f i r m e que le succès d’une bonne publicité est de «  t ro u ve r u n é q u i l i b re s u r c e q u i s e f a i t i c i e t a i l l e u r s e t d ’ê t re c a p a b l e d e f a i re q u e l q u e c h o s e d e d i f f é re n t  ».

Avant que David rencontre son futur associé François Lallier, les deux hommes étaient en compétition l’un contre l’autre. Lorsqu’ils étaient étudiants, leur emploi consistait à réaliser des films de sports extrêmes partout à travers le monde. Les deux futurs partenaires se sont rencontrés sur les bancs d’école, plus particulièrement, dans l’un des cours du Certificat en entrepreneuriat et gestion de PME à l’Université Laval. Ils se sont d’ailleurs dit qu’ils formeraient une équipe ensemble afin d’unir leurs forces. Ainsi, naissait sur papier, dans le cadre d’un travail final de leur certificat, Nova Film. David mentionne que, lorsqu’ils ont fondé l’entreprise en 2007, les deux entrepreneurs « savaient qu’un jour, leurs clients seraient les agences de publicité ». Le premier contrat de Nova Film fut la réalisation de vidéos pour le Red Bull Crashed Ice lorsque l’événement se déroulait dans la ville de Québec. « Après, on a commencé à faire de la publicité pour des boutiques et des compagnies qui s’intéressaient aux sports d’action », relate David. Afin d’alimenter leur portfolio, ils sont allés cogner à la porte de quelques agences publicitaires de la ville de Québec afin de leur proposer de réaliser leurs publicités. « Nous avons investi beaucoup de temps et d’argent », indique David.

« Lorsqu’ils ont fondé l’entreprise en 2007, les

deux entrepreneurs savaient qu’un jour, leurs clients seraient les agences de publicité.

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ÉTERMINATIO

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PUBLICITÉS SPORTIVES Ayant forgé leurs premières armes dans le milieu des sports d’action et s’étant démarquées à l’international, les agences publicitaires vont particulièrement penser à l’équipe de Nova Film pour produire et réaliser les publicités à thématique sportives. Comme ce fut le cas avec les publicités Shots Fired et Sabotage des équipements de CCM-Hockey mettant en vedette l’attaquant étoile des Pingouins de Pittsburgh, Sydney Crosby et le gardien vedette des Golden Knights de Las Vegas, Marc-André Fleury.

Aujourd’hui, quelques-unes de leurs publicités sont récipiendaires de prix et de concours sur la scène internationale. Par exemple, la publicité de la mariée Un peu amère de la brasserie Farnham Ale & Lager écrite par l’agence LG2 a remporté un Lion de Bronze au Festival international de la créativité de Canne en 2017. Ces prix gagnés à l’international permettent à leur portfolio et à la boîte de gagner en notoriété. « Nos publicités gagnent des prix. Elles se font voir partout et les agences publicitaires à l’international nous appellent afin de travailler avec nous. Pour Nova Film, c’est rentrer par la grande porte », souligne David. Le succès de Nova Film se retrouve dans leur vision d’entreprise. Les propriétaires de la boîte sont des réalisateurs. Pour la réalisation des projets, ces derniers vont tous travailler en étroite collaboration : « Nous, nous pensons que plusieurs têtes réunies ensemble font un meilleur travail qu’une seule tête », mentionne David. De plus, chez Nova Film, les employés sont mis en avant-plan. « Nous voulons qu’ils aient du plaisir à venir travailler et qu’ils se sentent chez eux », affirme le cofondateur de Nova Film.

« Lorsque l’agence Cossette nous a approchés avec leur idée de faire vivre une rivalité entre un gardien de but et un attaquant [soit Marc-André Fleury et Sydney Crosby], nous avons tout de suite sauté sur l’opportunité », affirme David. Avant la création des Golden Knights de Las Vegas, ces deux joueurs avaient joué ensemble pour les Pingouins de Pittsburgh pendant 12 ans. « Au moment où nous avons réalisé la publicité Shots Fired, jamais Crosby n’avait scoré sur Fleury. Aussi, Fleury est reconnu comme un “ joueur de tours ”, alors c’était donc un clin d’œil très approprié pour un gardien de but d’aller tout voler les nouveaux bâtons de Crosby pour éviter de se faire scorer des buts dans Sabotage », spécifie David. Parfois, tourner une publicité de trente secondes peut prendre jusqu’à 10-12 heures, mais pour celles mettant en vedette les joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH), une limite de temps leur était imposée. « Ce projet était un véritable tour de force. Nous disposions de seulement une heure par athlète dans deux villes différentes pour tourner le message. Ce fut un travail d’équipe redoutable avec l’agence Cossette », souligne David. Pour l’équipe de Nova Film, travailler avec de grands athlètes comme ceux de la Ligue nationale de hockey (LNH) ainsi qu’avec une agence de publicité internationale est un honneur. Crédit photo - Benoit Bruhmuller Photographe


— JOURNALISME

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LA FIÈVRE DU HOCKEY : UNE TENDANCE VIEILLE D’UN SIÈCLE É C R I T PA R N AT H A N A E L PA U L L e h o c ke y e s t u n s p o r t d ’ u n e g ra n d e i m p o r t a n c e au Canada et une équipe comme celle du Canadiens d e M o n t ré a l re p ré s e n t e une passion pour plusieurs p a r t i s a n s . L’e n g o u e m e n t d u h o c ke y s e f a i t a b o n d a m m e n t sentir dans les chaînes de télévision spécialisées. P i e r re Fo r t i e r, p ro d u c t e u r d u 5 à 7 c h e z R D S , ex p l i q u e l e s e f f e t s q u e p ro vo q u e c e t t e f i è v re d u h o c ke y s u r la planification d’une é m i s s i o n s p o r t i ve .

Les Canadiens de Montréal sont une équipe avec une histoire riche en succès. Avec une conquête totale de 24 Coupes Stanley, le club détient présentement le record du plus grand nombre de championnats remportés. Des moments comme le triomphe de la Coupe Stanley de 1993, et les quatre coupes consécutives de 1976 à 1979, resteront à jamais gravés dans l’histoire du Tricolore.

Cette dynastie du hockey était une passion et elle procurait un sentiment de fierté pour les partisans à cette époque. Maurice Richard, Jean Béliveau et Ken Dryden sont tous des joueurs qui ont réussi à marquer l’histoire des Canadiens de Montréal. Encore aujourd’hui, le nom de ces légendes du hockey est immortalisé au Centre Bell pour leurs exploits.


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Le Forum de Montréal était un repère pour tous à l’époque. Cela ne date pas d’hier que le hockey rassemble et soude les Québécois. Aujourd’hui, plusieurs partisans ont un sentiment d’appartenance, parfois encore plus envers l’équipe que le hockey. Selon Pierre Fortier, « le hockey comble un certain besoin. Toutes les frustrations accumulées au bureau sont évacuées quand le Canadien remporte un match ». Cet engouement envers les Canadiens amène une énorme médiatisation sur eux à la télévision, mais également sur les médias sociaux qui permettent aux gens d’interagir en simultané avec les émissions sportives comme le 5 à 7.

LES CANADIENS DE MONTRÉAL : UN DIVERTISSEMENT EN VOGUE Encore aujourd’hui, la folie du hockey est très présente. Aller voir un match des Canadiens de Montréal est une activité toujours aussi appréciée. Les billets pour aller voir l’équipe sont relativement dispendieux, puisque la demande est très élevée. Le hockey est un sport qui bénéficie d’une excellente visibilité dans les médias québécois. Cela contribue entre autres à cultiver la passion qu’ont les gens pour ce sport.

Les gens peuvent maintenant interagir sur les médias sociaux simultanément avec les émissions sportives comme le 5 à 7. Pierre Fortier affirme également que les médias sociaux sont essentiels à son émission, étant donné que les gens veulent maintenant être divertis, mais aussi prendre part au divertissement. La fièvre du hockey au Québec influence les chaînes de télévision comme RDS. D’ailleurs, les chaînes sportives décident d’accorder une attention plus particulière aux Canadiens. Selon Pierre Fortier, « l’ingrédient le plus important pour présenter une émission sportive qui plaise au Québec, c’est de parler du Canadien de Montréal. Aussitôt qu’on ne parle pas du CH, l’intérêt du public diminue ». Le score des matchs, les conférences de presse, et les changements dans l’alignement en lien avec les Canadiens sont des exemples d’actualités sportives qui sont diffusées lors des émissions, puisque cela intéresse le public. Pierre Fortier explique que la planification de son émission peut être modifiée le jour même en raison de l’actualité sportive qui change constamment.

INFORMER ET DIVERTIR Les gens veulent de l’informa tion divertissante, les émissions comme le 5 à 7 doivent donc trouver une méthode pour divertir le public au quotidien. Le 5 à 7 utilise l’humour pour présenter l’information différemment. La technique du 5 à 7 pour divertir, c’est l’humour. « Même si nous sommes plus souvent sérieux qu’amusants, nous avons vraiment besoin des deux aspects. Il faut un mélange parfait. C’est l’ADN de l’émission. Si on était juste sérieux, on perdrait notre identité. Même chose si on était juste amusants. Les gens ne trouveraient pas ce qu’ils viennent chercher », affirme Pierre Fortier. Le mélange « sérieux/amusant » permet d’attirer un public diversifié. « On essaie d’offrir un contenu intéressant pour toute la famille, on veut intéresser non seulement l’amateur de sport, mais aussi son épouse et ses enfants », ajoute-til. Des invités comme André Roy et Benoit Paquette amènent un côté amusant et de divertissement au 5 à 7. « Les personnes qui ne connaissent pas le sport peuvent donc écouter l’émission et l’adorer grâce à l’aspect divertissement », lance-t-il. Le hockey et les Canadiens de Montréal font partie de l’histoire du Québec grâce à leur grande place dans la société. Il reste à voir si les Canadiens vont réussir à transformer le Québec en bleu, blanc et rouge avec une 25e Coupe Stanley comme en 1993.

C r é d i t p h o t o - P i e r r e Fo r t i e r


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À L’ É C O U T E D U JOURNALISME C U LT U R E L É C R I T PA R C H L O É B O N N E F O Y C e s d e r n i è re s a n n é e s , l a f a ç o n d e s ’ i n f o r m e r a d ra s t i q u e m e n t c h a n g é e . D a n s l e m i l i e u c u l t u re l e t a r t i s t i q u e p o u r t a n t , p a s t o u j o u r s f a c i l e d e s a vo i r s a n s vo i r. I n f o r m e r s u r t o u t c e q u i s e p a s s e s u r l a s c è n e d e Q u é b e c , c ’e s t l a m i s s i o n q u e s ’e s t d o n n é e É m i l i e R i o u x , j o u r n a l i s t e i n d é p e n d a n t e . P ré s e n t e m e n t a n i m a t r i c e e t d i re c t r i c e d e s a r t s à l a ra d i o u n i ve r s i t a i re C H Y Z 9 4 , 3 , e l l e n o u s p a r l e d e s o n ex p é r i e n c e e t d e s re t o u r s q u ’e l l e a p u re c e vo i r d a n s s o n p a rc o u r s .

Récemment à Québec, les nouvelles dans le milieu médiatique culturel n’étaient pas bonnes : la chaîne MusiquePlus, après 33 ans de bons et loyaux services, rend l’antenne. Émilie se souvient de leur travail : « Musique plus est un des premiers lieux où j’ai vu du journalisme culturel ou en tout cas de l’entrevue musicale : un band arrive en ville pour faire un show le soir même, et ils allaient les chercher. Pour la chaîne ça créait une cote d’écoute et pour le band de la promotion ». Un concept novateur et populaire à ses débuts, qui s’est donc un peu essoufflé avec l’émergence de diverses plateformes.

Si vous êtes un néophyte du milieu artistique de Québec, vous avez déjà entendu sur les ondes la voix d’Emilie Rioux, personnalité brillante et multi-tâches. Entrée à la radio universitaire CHYZ 94.3 en 2010 en tant que chroniqueuse, elle est depuis 2014 directrice des arts et animatrice de Chéri(e), j’arrive !, émission de retours sur l’actualité culturelle. Elle est également professeure de guitare, metteuse en scène, comédienne, pigiste pour le magazine VOIR et diplômée en théâtre ; un cursus riche donc, pour en arriver là où elle en est aujourd’hui.

Avec l’arrivée de YouTube, de chaînes de vidéos à la demande, de Spotify ou encore de Deezer, la numérisation a pour elle « défait l’exclusivité de retrouver des clips à un endroit fixe ; il y a pourtant une infime partie des journaux qui diffusent de l’art et de la culture, c’est un phénomène actuel ». Ce même phénomène a touché le magazine VOIR plus récemment, qui arrête sa version papier pour se concentrer sur sa version web. Pour Émilie, c’est surtout une question de financement : les principaux revenus des médias se concentrent sur les publicités, et cellesci ont rapidement délaissé les médias traditionnels au profit d’un support plus ergonomique pour toucher un plus grand public, celui d’Internet.

« On va souvent libeller une section de journal comme " arts et divertissement ", puis pour moi ça sonnent comme " l’art sert à divertir " alors que l’art veut dire tellement d’affaires, c’est traiter une nouvelle ou un phénomène d’actualité et y coller un rapport humain, que tu n’as pas quand tu lis des faits ou des journaux ».

« Tu vas entendre parler de politique locale, internationale ou de sport dans les radios de Québec. La culture, tu ne l’entends pas fort, elle fait sa petite affaire à côté : il faut encore pousser pour que cette voix soit un peu plus forte et que les gens tendent l’oreille ».


HÉRI(E), J’ARRIVE

« L’art [...], c’est

UN PUBLIC DES PREMIERS JOURS La jeune journaliste n’est pas découragée une seconde. Avec un agenda bien rempli chaque jour, elle s’arrête quelques fois, et au détour d’un café, on reconnaît sa voix, on la félicite pour son travail : « Généralement les gens qui me reviennent sont contents que ce soit à la radio, car ça reste une denrée rare, surtout dans un paysage radiophonique, on sent qu’il y a une appréciation des gens qui écoutent Chéri(e), j’arrive !, une fidélité et un certain enthousiasme ». Aujourd’hui, il est coutume de dire que les « jeunes » sont plus axés sur le web, entre réseaux et médias sociaux. Des initiatives comme CHYZ, radio étudiante depuis 1992, un autre public que celui attendu offre toute son attention à l’écoute ; de la trentaine à la quarantaine, la consommation est un réflexe habituel : « Il y a aussi les plus jeunes qui s’y remettent tranquillement ; c’est une envie de retourner à, mais pas encore un phénomène observé. Il y a une tradition dans la manière de s’informer, tout le monde essaie de s’adapter au numérique ». Ainsi, si la consommation de l’information est multigénérationnelle, il y a aussi une question d’adaptation, du côté du public autant que des médias.

« S’il y a deux

personnes qui prennent le temps de s’intéresser à l’artiste et d’écouter l’entrevue [...], j’ai gagné mon pari.

»

Crédit photo - Chloé Bonnefoy

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traiter une nouvelle ou un phénomène d’actualité et y coller un rapport humain.

»

« C’est un super monde où il y a de la place pour beaucoup de créativité, pourtant on le fait vraiment selon certains créneaux et formats ; il faut être prêt à donner cet espace aux journalistes culturels ». Hors catégories et rubriques, les médias culturels sont sous-représentés. Pourtant le genre se donne pour objectif d’évoquer l’information à travers la musique, les arts de la scène, les arts visuels… Des disciplines qui ont cette complexité de compréhension, et des professionnels qui sont pour Émilie « des porte-paroles de cet univers qu’on essaie de comprendre et de transformer pour le rendre intelligible ». Ceux-là justement, elle aurait plus tendance à les qualifier de « spectateurs professionnels », et de son expérience dans le milieu journalistique culturel, elle en conclut : « Il faut s’inspirer de ce qu’on couvre pour rendre notre pratique amusante. Je me dis toujours : s’il y a deux personnes qui prennent le temps de s’intéresser à l’artiste et d’écouter l’entrevue peut montrer à quel point sa démarche est intéressante, j’ai gagné mon pari ».


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LA DIVERSITÉ DES RADIOS C O M M U N A U TA I R E S É C R I T PA R A N D R É A N N E P I N S O N N E A U LT L e s ra d i o s c o m m u n a u t a i re s c o u v re n t s o u ve n t d e s s u j e t s p l u s va r i é s q u e l e s ra d i o s p r i vé e s . C K R L 8 9 , 1 , u n e ra d i o l i m o u l o i s e , s e s p é c i a l i s e d a n s l ’ i n f o r m a t i o n hy p e r l o c a l e . L a d i re c t r i c e d e p ro g ra m m a t i o n J e s s i c a L e b b e ex p l i q u e l e s p a r t i c u l a r i t é s d e l a ra d i o c o m m u n a u t a i re e t l e p ro c e s s u s d e s é l e c t i o n d e s é m i s s i o n s d i f f u s é e s . « On essaie d’être le plus près des gens possibles », témoigne Jessica Lebbe. Deux employés de la station animent du lundi au vendredi une émission le matin et lors du retour des travailleurs à la maison. Ce sont les moments avec le plus de cotes d’écoute, où l’actualité politique est surtout abordée. Jessica Lebbe s’occupe de l’émission d’après-midi, alors qu’il est souvent question d’actualité culturelle. Ça permet de différencier ces émissions et de varier leur contenu. Quelquefois, des personnes ayant travaillé en politique sont invitées, comme des députés. Le reste des plages horaires est animé par des bénévoles. Il y a environ 200 animateurs au total. Jessica Lebbe dit que « pour eux, c’est un loisir qu’ils prennent au sérieux ». Le mandat de CKRL est de faire la promotion des artistes du et de Québec, et de présenter l’actualité culturelle. La station de radio fait aussi la promotion de la relève, par exemple des jeunes entrepreneurs de la région. Cela se reflète dans les thèmes abordés au cours des émissions, dont les sujets viennent principalement des animateurs. Les émissions sont surtout de nature musicale, avec une prédominance pour le rock, variant du métal, au rock classique, et en passant par le rock progressif. Le reste est considéré dans la catégorie magazine des émissions, c’est-à-dire des experts invités parlant d’un sujet précis.

« C’est difficile d’impliquer les animateurs dans des tâches autres que l’animation », constate la directrice de la programmation. Jessica Lebbe précise que les idées viennent avant tout des bénévoles. La directrice de programmation peut proposer des idées, mais elles n’auront pas de suite si un bénévole n’est pas intéressé à reprendre le flambeau. Les sujets finissent donc par être très variés. Des drag queens ont présenté une émission en automne sur leur vie en dehors de la scène. Le dimanche soir à 19h, il y a une émission animée par des enfants, et pour des enfants, sous la supervision d’un adulte. Ils ont de 6 à 16 ans et parlent d’arts médiatiques. Ils peuvent présenter des livres ou une pièce de théâtre qu’ils veulent faire découvrir. Ils peuvent aussi faire des entrevues avec des artistes. Il s’agit d’une activité proposée par le Machin Club, un OBNL active auprès des jeunes pour la promotion des arts. Une autre émission hebdomadaire est animée par un jeune de 21 ans sur la musique rétro des années 1950-1970. Jessica Lebbe explique que les animateurs ont carte blanche. « C’est ça qui est génial, tu peux inventer ce que tu veux ». Chacun ajoute sa couleur à CKRL.


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PROCESSUS DE SÉLECTION

La planification de l’année est divisée en deux. L’été, de juin à août, couvre 12 semaines, et l’automne-hiver, d’août à juin dure 36 semaines. Il y a un appel d’offres un peu avant chaque début de période. Par exemple, pour l’automne-hiver, l’appel de projets se fait en juillet. « On ne veut pas que les bénévoles prennent pour acquis qu’ils vont revenir chaque année », explique Jessica Lebbe. Les animateurs doivent aussi respecter un certain nombre de règles, comme les quotas de musique francophone régis par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).

Ils doivent aussi avoir des propos respectueux en ondes. La directrice de la programmation affirme qu’environ 70 % des bénévoles de l’année passée sont revenus et qu’elle a eu environ 20 % de nouveaux projets. Même s’il y a des moments précis où la station fait une recherche active de nouveaux thèmes, il est possible d’envoyer ses idées en tout temps. La station de radio met l’accent sur de la musique autre que populaire. Jessica Lebbe explique que CKRL « veut diffuser de la musique qu’on n’entend pas ailleurs ». Cela vient contrebalancer les radios commerciales. Si un bénévole souhaite alors diffuser principalement de la musique populaire, son idée sera rejetée. La responsable de la programmation a aussi donné comme exemple un bénévole souhaitant faire des entrevues, qui n’avait pas de thème précis en tête. Elle aurait pu interviewer autant l’épicier du coin que Régis Labeaume. Malgré qu’elle voulait parler des « vraies affaires », l’émission n’a pas vu le jour, vu le concept trop flou.

Crédit photo - Andréanne Pinsonneault

La démarche à suivre est plutôt simple. Premièrement, les personnes intéressées remplissent un formulaire sur le site web de CKRL. Ensuite, si leur idée est sélectionnée, elles peuvent animer une émission d’au minimum une heure sur le sujet durant une période plus ou moins longue. Par contre, le bénévole rencontre au préalable Jessica Lebbe, pour s’assurer que son thème est suffisamment précis et qu’il pourra l’animer durant la période voulue.


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L A PRESSE+ : UN MÉDIA ENTRE D E U X F O R M AT S É C R I T PA R M É L I S S A G A U D R E A U LT L e s m é d i a s , d o n t l a p re s s e é c r i t e , s o n t e n c o n s t a n t e é vo l u t i o n e t d o i ve n t s ’a d a p t e r a u x d é f i s d ’ I n t e r n e t . Ya n n P i n e a u , d i re c t e u r p o u r l e j o u r n a l L a P re s s e , a c ré é i l y a q u e l q u e s a n n é e s u n n o u ve a u m é d i a a d a p t é à c e s c h a n g e m e n t s , a i n s i q u ’a u x g o û t s e t b e s o i n s d e s o n l e c t o ra t . I l a d é ve l o p p é , e n c o l l a b o ra t i o n a ve c A p p l e , L a P re s s e + , u n e a p p l i c a t i o n d o n n a n t a c c è s a u x l e c t e u r s l ’ i n f o r m a t i o n a c t u e l l e , p ré s e n t é e d ’ u n e m a n i è re d i f f é re n t e , a c c e s s i b l e e t i n t é re s s a n t e .

Apple a lancé en 2010 le iPad, une tablette tactile principalement orientée vers les médias, avec un accès facile aux courriels et à certains logiciels de bureautique tel que Word. Peu de temps après, Apple a demandé à La Presse de s’associer avec eux pour créer une application mobile accessible et pratique pour la tablette « afin de faire revivre le journalisme », explique Yann Pineau. Après deux ans de recherche et grâce à la collaboration entre les deux entreprises, ils ont finalement réussi, en changeant notamment le modèle d’affaires et le support, à créer une application révolutionnaire.

Le but premier était de pouvoir transmettre l’information au plus grand nombre de personnes possible, surtout les jeunes. Le défi était de le faire à travers un autre support que le papier, tout en respectant les attentes, les goûts et les besoins du lectorat actuel et futur. Cette nouvelle plateforme est le fruit de nombreux tests, de sondages et de recherches. En effet, la transition entre les deux formats de La Presse ne s’est pas faite du jour au lendemain et, même après l’arrivée de l’application, la version papier traditionnelle du journal n’est pas disparue tout de suite. Le format papier, distribué de manière hebdomadaire, a subsisté jusqu’en 2015, puis jusqu’en 2017 avec seulement l’édition du samedi. Elle a cessé d’être imprimée depuis.

Depuis plusieurs années, on peut observer le déclin de la presse écrite et La Presse n’y échappe pas. Dans le temps où le journal était toujours distribué en format papier, le tirage était de 210 000 exemplaires par jour. Le tirage du format numérique compte désormais 265 000 ouvertures par jour pour les lecteurs quotidiens. De plus, près de 400 000 personnes l’ouvrent au moins une fois par mois et on compte près de 500 000 lecteurs par mois.


UALITY TIM

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Les concepteurs de l’application La Presse+ ont voulu conserver le meilleur du papier à travers le numérique, car selon M. Pineau, « ce qui est lié au papier n’est pas nécessairement mauvais ». Le principal élément à conserver était le lien affectif qu’avait le public avec le papier. La nouvelle version a néanmoins plusieurs avantages. D’abord, le format pratique de la tablette que l’on peut transporter partout avec nous. Ensuite, le fait que le journal soit divisé en plusieurs sections thématiques : le lecteur peut ainsi se rendre directement à la section souhaitée. Le format numérique est plus attirant que le format papier du point de vue d’un média comme La Presse+. « Il offre une position plus intéressante dans cet écosystème numérique, par rapport aux producteurs de publicité et de contenus comme Google, qui offre du contenu journalistique provenant de sources fiables, sans toutefois payer de frais et sans devoir respecter quelconques règles de diffusion », affirme M. Pineau. La Presse+ a également permis d’augmenter le lectorat et de le diversifier en rejoignant plus de jeunes lecteurs.

La Presse+ est plus intéressante pour le public et plus populaire que son ancien format. Premièrement, il est axé sur la technologie. Il a été inventé à la base pour la tablette et il existe maintenant une version pour les téléphones intelligents. Deuxièmement, il offre une intimité relaxante entre le lecteur et la tablette, ce qui créer du « quality time », comme le souligne M. Pineau. Avec la tablette, il y a aussi le développement de la forme et du contenu, plus divertissants, qui correspondent aux goûts des lecteurs. Le format actuel offre également plus de contenu et permet de rejoindre un plus grand lectorat, en attirant les jeunes lecteurs tout en conservant le lectorat plus âgés. Bref, il s’adapte à tout type de clientèle et surtout, aux défis d’Internet.


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P H OTOJOURNALISME : L E FA R D E A U D E S M OTS, L E C H O C D E S P H OTO S É C R I T PA R M A X I M E A D A M L e p h o t o j o u r n a l i s m e m a r i e l e s t ex t e s journalistiques et une sélection de photos s p e c t a c u l a i re s p o u r f o r m e r u n re p o r t a g e imagé et légendé. Certaines de ces images s o n t d e ve n u e s d e s i c ô n e s d e p é r i o d e s d ’ i n c e r t i t u d e s , d e c o n f l i t s e t d e ré c o n c i l i a t i o n . Philippe Renault, ancien photojournaliste f ra n ç a i s p o u r l ’a g e n c e d e p re s s e p h o t o G a m m a e t a u j o u rd ’ h u i a u t e u r d e p l u s i e u r s g u i d e s , p ré s e n t e s a p a s s i o n a u x é t u d i a n t s d e l ’ U n i ve r s i t é L a va l . I l s ’ i n s p i re d e l a n a t u re q u i l ’e n t o u re e t d e s d i f f é re n t s vo ya g e s q u ’ i l a f a i t s d a n s l e m o n d e p o u r f a i re d e l a p h o t o d ’ i l l u s t ra t i o n .

Le photojournalisme a la capacité d’égayer ceux qui observent les clichés et les informer du même coup sur l’actualité autant locale qu’internationale. La narration visuelle repose sur une sélection d’images étroitement liées par un contexte pour raconter une histoire au public. Cette nouveauté a été introduite dans les journaux des années 30 et a séduit la presse dès ses débuts grâce à l’objectivité des images et l’impact qu’elles peuvent avoir sur ses destinataires. Le photojournaliste se doit de donner des informations honnêtes et transparentes sous forme d’images ainsi qu’accompagner son produit d’une légende. Ces photos transportent certains et peuvent aussi faire vivre des émotions : le dégoût, la joie, la tristesse, l’étonnement… Ces expressions peuvent aussi varier en intensité. Les photographes permettent d’avoir des archives exceptionnelles sur les vestiges du présent et du passé. Ces photographies aident à se faire une idée du moment capté et plus encore. Bref, comme le dicton l’indique, une image vaut réellement mille mots.

Intervenant - Philippe Renault


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Le concours international World Press Photo démontre le pouvoir de la photographie autant d’un côté visuel qu’informationnel. La compétition sélectionne les plus grandes icônes photographiques depuis six décennies déjà. Par exemple, l’immolation du moine bouddhiste au Vietnam ou la photographie de « l’homme tank » ont figuré dans ces expositions. Cette course annuelle est réservée aux photographes et permet de montrer leur travail lié à l’actualité à une audience internationale. Chaque année, des millions de personnes peuvent voir ces photographies dans des expositions et festivals proposés à un public de tous les horizons. Les images de l’organisme à but non lucratif « permettent d’avoir une idée de ce qui se passe dans le monde » indique Philippe Renault. Le concours vise à informer le globe des enjeux planétaires et de l’émerveiller avec la variété des images proposées ou de lui ouvrir les yeux sur les crises. Pour Philippe Renault, la photographie est une de ses passions et aussi une partie de son métier. Le photographe d’expérience avoue que le métier a perdu de sa valeur depuis que la photographie est devenue accessible au grand public. Le virage numérique a permis de simplifier et de réduire les coûts reliés à la photo. Le métier est alors devenu précaire avec toute la concurrence du web et le non-respect du droit d’auteur. La demande est devenue limitée avec les années et l’offre d’images gratuites a gonflé. La presse se voit également en crise puisque son tirage est moins important et ses revenus sont plus faibles aussi. Elle se voit obligée de faire des concessions pour survivre, avoue Philippe Renault.

LES NOUVEAUX DÉFIS La profession garde son importance, malgré son déclin. Le nombre de photojournalistes semble fondre d’année en année. Cedit métier est toujours reconnu et a sa place dans les médias. Il est soumis à de nombreuses contraintes, mais vit une renaissance grâce aux avenues du numérique. La nouvelle génération de photojournalistes travaillera d’une manière différente que la génération qui la précède ; elle sera plus habile avec les réseaux sociaux et ne se bornera pas à la photographie seulement. Elle sera en mesure de faire des montages visuels, de l’audio et du textuel pour mieux raconter des histoires visuelles. Cette nouvelle génération pourra divertir son public de diverses façons et de manière plus complète également. Le photojournalisme garde aussi son essence grâce à des professionnels comme Philippe Renault. Il préfère cependant donner des conférences à l’Université Laval pour montrer et enseigner le métier aux élèves de la concentration en journalisme du baccalauréat.


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REMERCIEMENTS RÉVISEURES

MENTORS

Kim Ménard

Éric Forcier

Jessica Lamonde

Thierry Watine

Cynthia Dubé Michèle Blanchette Audrey Blanchette Anne-Virginie Bérubé

GRAPHISTE DU MAGAZINE Camille Deniger

GRAPHISTE WEB SOUTIENT

Vincent Bernier

Département d’information et de communication AECPUL

RELATIONNISTES

FINANCEMENT Fonds de soutien aux activités académiques de l’Université Laval Transport H.P. Rhéaume CADEUL SPLA

IMPRESSION

Charles Nadeau-Thibault Micaël St-Onge

Club Imprimerie

MERCI SPÉCIAL La Cuisine Ludique


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NOTRE ÉQUIPE

GABRIELLE MORISSETTE

RÉDACTRICE EN CHEF

XAVIER GAGNON

RÉDACTEUR EN CHEF

ANDRÉANNE PINSONNEAULT

RÉDACTRICE

CHLOÉ BONNEFOY

RÉDACTRICE

LAURENCE BOUILLON

RÉDACTRICE

GUILLAUME DENIS

RÉDACTEUR


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OLIVIER BRUNEAU

RÉDACTEUR

FÉLIX DUCHESNE

RÉDACTEUR

MAXIME ADAM

RÉDACTRICE

MÉLISSA GAUDREAULT

RÉDACTRICE

MARILYN HAWEY

RÉDACTRICE

NATHANAEL PAUL

RÉDACTEUR


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GABRIELLE BEAUPRÉ

RÉDACTRICE

MICAËL VICAIRE

RÉDACTEUR & PHOTOGRAPHE

MICAËL ST-ONGE

RÉDACTEUR & RELATIONNISTE

CHARLES NADEAU-THIBAULT

RÉDACTEUR & RELATIONNISTE

VINCENT BERNIER

GRAPHISTE WEB

CAMILLE DENIGER

GRAPHISTE MAGAZINE



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