Parle, Parle, Jase, Jase

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M OT D’I N T R O – PA R L E , PA R L E , JASE, JASE


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Nous aussi, nous raffolons des scandales et des histoires à potins. Nous avons une curiosité sans bornes pour ces nouvelles ou ces événements qui sortent de l’ordinaire, qui chatouillent nos principes et nos valeurs et qui suscitent des émotions.

Le dixième anniversaire d’Intercom, pour moi, ça a débuté avec une vidéo de candidature pour le poste de rédacteur en chef, au début de l’été. J’étais parti en voyage, sans grand temps pour rédiger une lettre de présentation adéquate. Je me suis présenté comme quelqu’un qui avait toutes sortes d’idées pour renouveler le projet, autant pour le blogue que pour ce magazine, que vous tenez entre les mains. Je l’avoue, je pars un peu, souvent, dans tous les sens. Ce qui est bien avec les idées, c’est qu’elles peuvent être partagées. Ainsi, Gabrielle et moi nous sommes assurés, d’un café à un autre (du thé pour elle qui n’en boit pas) de donner à Intercom l’éclat qu’il mérite. Durant la session, les membres de l’équipe (recrutés avec soin, je vous l’assure) se sont assis à maintes reprises pour ajouter leurs saveurs à la réalisation du magazine. Autant sur le traitement des angles, les techniques journalistiques ou les échanges de contacts, les rencontres de production ont permis à chaque rédactrice et à chaque rédacteur d’évoluer dans leur style afin de remettre un article personnalisé de qualité, enrichie de recherches et d’entrevues exclusives sur des sujets qu’ils ont choisis.

Ces articles, vous les avez entre les mains, sous une couverture qui représente bien notre esprit de cette année : faire passer le mot. Ces pages sont le témoignage de personnes passionnées qui sont allées creuser les dossiers qui les intéressent pour vous transmettre, vous faire comprendre, vous faire goûter, à vous, lectrices et lecteurs, les riches aspects du grand monde des communications, réunis sous le thème des enjeux qui font parler et qui font jaser. Intercom, 10 ans d’âge, ça part dans tous les sens. -  Xavier Gagnon Rédacteur en chef

D’abord comme public, nous nous informons, nous débattons et nous réagissons à la une. Puis, comme futurs communicateurs, chercher à comprendre nos responsabilités dans des situations hautement médiatisées en accédant aux coulisses des affaires de l’heure et en rencontrant des professionnels du milieu est un apprentissage important. Finalement, comme journalistes-étudiants, nous voulons participer et démystifier tant les événements que leur présentation dans les médias. Quoi de plus palpitant que de mener notre propre enquête et de dévoiler les secrets du métier ? Pour notre 10e anniversaire, nous nous offrons un cadeau à rédiger : celui d’articles suivant un thème intriguant, dérangeant, excitant. « Parle, parle, jase, jase », ce sont l’actualité et les médias qui font scandale ; c’est l’approche communicationnelle qui entraîne les débats ; ce sont les noms qui courent sur toutes les lèvres. Ce sont les sujets qui ne passent pas inaperçus, tant en matière de journalisme, de publicité ou de relations publiques. Nous mettons l’accent sur la place des communications dans l’actualité brûlante et mouvante. Nous définissons le rôle des médias et des professionnels, leur mission et les limites de leur métier. -  Gabrielle Morissette Rédactrice en chef


TABLE DES MATIÈ


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JOURNALISME L’avenir de la télévision communautaire : viable ou improbable ?.................................................              8 La médiatisation de la culture..................................................................................................................  11 Le Tout le monde en parle des humoristes..............................................................................................     14 La culture générale : le chemin de l’indépendance et de la liberté intellectuelle....................     16 Journalisme de données : rendre intelligible pour l’intérêt public...............................................     18 Être chroniqueur : l’art d’éclairer l’ensemble d’un enjeu.................................................................     20 Journalisme d’enquête : se fondre dans le décor...............................................................................     22 La fine ligne entre l’intérêt public et l’intérêt du public...................................................................     24

RP & PUB Le phénomène des mèmes : la face cachée de Manon Grenier......................................................     26 La renaissance de la publicité controversée........................................................................................     28 Des centres commerciaux verts à Québec...........................................................................................     30 La gestion de crise.......................................................................................................................................     32 Enrichir le Québec malgré le fossé générationnel.............................................................................     34

ÈRES

Que portais-tu ? : quand événementiel et mission sociale se rencontrent...................................     36


— JOURNALISME

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L’A V E N I R D E L A TÉLÉVISION C O M M U N A U TA I R E  : VIABLE OU IMPROBABLE ? É C R I T PA R M I C A Ë L S T- O N G E


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B i e n q u ’e l l e s o i t p ré s e n t e d e p u i s l o n g t e m p s , l a t é l é v i s i o n d o i t a d a p t e r s e s m é t h o d e s p o u r ré p o n d re a u x c h a n g e m e n t s q u ’a p p o r t e n t l e s n o u ve l l e s t e c h n o l o g i e s e n t ra n s i g e a n t ve r s un modèle plus actuel. Beaucoup estiment que la télévision e s t t o u j o u r s p ré s e n t e p a rc e q u e l a t ra n s i t i o n n’e s t p a s t o u t à - f a i t t e r m i n é e , a l o r s q u e d ’a u t re s d i s e n t q u ’e l l e n e s ’é t e i n d ra j a m a i s c o m p l è t e m e n t . Pa t r i c e L e d o u x , q u i o c c u p e l e p o s t e d e t e c h n i c i e n à l a v i d é o c h e z T VC o g e c o M a g o g , c ro i t p l u t ô t q u e l a t é l é v i s i o n , c o m m u n a u t a i re c o m m e s p é c i a l i s é e , v i v ra u n e t ra n s f o r m a t i o n p l u t ô t q u ’ u n e d i s p a r i t i o n .

Alors que leur contenu est créé, produit et mis en onde par leurs multiples équipes à travers la province, les chaînes de télévision communautaire québécoises offrent la chance à leurs abonnés d’avoir accès à du contenu local qui ne se trouve nulle part ailleurs. Installées depuis les années 70, elles sont l’initiative du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), qui souhaitait instaurer un espace communautaire intégré dans le service de base du câble. Cette initiative a permis à la communauté d’avoir une télévision axée sur ce qui se passe au niveau régional, mais aussi au niveau local.

Crédit photo - Unsplash (par Jovaughn Stephens)

Patrice Ledoux a vu la plateforme télévisuelle évoluer de manière significative au cours des dernières années. Alors que la compétition entre les différentes chaînes portait auparavant sur la qualité des images et sur la façon dont était présenté le contenu, aujourd’hui c’est plutôt une course contre la montre pour être le premier à diffuser ce qui se passe. L’évolution que connaît le domaine des communications fait en sorte que toutes les informations sont disponibles en temps réel à l’aide d’un clic ou deux. Ainsi, il faut être en mesure de présenter ce qui se passe le plus rapidement possible, peu importe l’heure de la journée. « La vitesse à laquelle se transmet l’information aujourd’hui fait en sorte qu’on doit accélérer notre rythme de travail, tout en préservant la même qualité de production et de présentation », soutient-il. L’utilisation des réseaux sociaux est ainsi devenue primordiale, car c’est par le biais de ceuxci que les médias peuvent rejoindre les gens sans qu’ils n’aient à synchroniser leur télévision ou à aller sur un site web précis. C’est pourquoi l’équipe de NousTV y importe la plupart de ses projets avant de les diffuser en ondes.


LIBERTÉ & CRÉATION

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À une époque où le contenu télévisuel est des plus accessibles, sa majeure partie est gratuite et les gens ne sentent plus qu’ils sont dépendants des câblodistributeurs. Toutefois, l’auditoire des télévisions communautaires n’est pas toujours en mesure de retracer en ligne le contenu qu’il trouve sur les ondes des télévisions locales. « Que ce soit pour le temps d’antenne dédié aux nouvelles locales, au bingo, aux messes ou autres, chaque abonné reste fidèle pour une raison unique », affirme-t-il. C’est avec cette approche que le technicien à la vidéo considère que les chaînes de télévision locale réussissent à avoir un auditoire des plus fidèles. En créant du contenu qui intéresse et touche les gens de chaque ville de façon personnelle, les employés des télévisions communautaires réussissent à maintenir en vie des chaînes qui sont nées il y a plusieurs dizaines d’années. Alors que les grandes chaînes télévisuelles migrent vers un modèle plus accessible, elles réussissent toujours à faire leur place grâce à leur contenu exclusif et à leur clientèle qui, pour sa part, n’a pas nécessairement accès au web et aux nouvelles plateformes mises en place.

Pourtant, le déclin du nombre d’auditeurs ne signifie pas qu’il y a moins de boulot. Initialement, les employés des postes de télévision communautaire pouvaient prendre plusieurs heures, voire des jours afin de réaliser leurs mandats. Le rythme auquel voyage l’information aujourd’hui fait en sorte que les délais de publication sont plus courts. Ils sont ainsi dans l’obligation d’occuper des fonctions supplémentaires, alors que le budget qui leur est attribué demeure le même. « On doit suivre une multitude de formations afin d’être à jour, tout en remplissant des rapports pour le CRTC, en remplissant nos tâches habituelles et plus encore », dit-il. Les projets moins urgents sont retardés, car avec la multiplication de leurs tâches, les employés n’ont plus le temps nécessaire pour accomplir tout ce qu’ils souhaiteraient réaliser. Pour ce qui est du futur, Patrice Ledoux croit que les avancées technologiques continueront de croître de façon impressionnante. Il insiste que le modèle télévisuel conventionnel continuera de vivre des changements qui redéfiniront ce que les générations futures appelleront la « télé ». À l’ère où toutes les technologies semblent fusionner, tout porte à croire qu’il y aura une éventuelle révolution technologique. Même si la télévision communautaire change son modèle pour un « web communautaire », deux mots les représenteront à tout jamais : liberté et création.


— JOURNALISME

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LA M É D I AT I S AT I O N D E L A C U LT U R E É C R I T PA R F É L I X D U C H E S N E C o m m e n t u n a r t i s t e s e f a i t - i l c o n n a î t re  ? P l u s p ré c i s é m e n t , c o m m e n t u n a r t i s t e p e u t i l f a i re p a r l e r d e l u i d a n s l e s m é d i a s c u l t u re l s  ? C a t h e r i n e G e n e s t , ré d a c t r i c e a u m a g a z i n e VO I R d e Q u é b e c , e t M i c ka ë l B e r g e ro n , a n c i e n p ré s i d e n t d e l a Fé d é ra t i o n p ro f e s s i o n n e l l e d e s j o u r n a l i s t e s d u Q u é b e c ( F PJ Q) e t m a i n t e n a n t c h ro n i q u e u r p i g i s t e , ex p l i q u e n t l ’ i n t e ra c t i o n e n t re l e s journalistes et les artistes.

Crédit photo - Pixabay (par Free-Photos)


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Qui établit le contact en premier ? Le journaliste ou l’artiste ? Tout d’abord, les deux journalistes affirment que le choix du sujet de rédaction est totalement subjectif. Même s’ils reçoivent une panoplie de communiqués de presse ou simplement de messages incitant qu’on parle d’un artiste, ils effectuent un tri pour savoir qu’est-ce qui se retrouvera dans le magazine lors de sa parution. Un communiqué de presse, c’est en quelque sorte un pitch de vente. L’équipe de l’artiste, ou même l’artiste lui-même, si la structure de ce dernier n’est pas établie, fait parvenir un communiqué de presse au média dans lequel il aimerait être mentionné. Par la suite, évaluant l’intérêt que le public pourrait avoir à l’égard de la proposition et bien sûr la véritable valeur artistique, le journaliste choisit sur quoi il écrira. Madame Genest raconte que ce processus peut aussi se faire de façon différente : « des fois, ça arrive que les gens nous approchent dans les cafés ou dans les bars pour qu’on écrive un article sur eux ». Une nuance est immédiatement apportée par Monsieur Bergeron. Est-ce que l’artiste me parle simplement dans le but que je parle de lui ou s’intéresse-t-il vraiment à moi ?

« Un communiqué

de presse, c’est en quelque sorte un pitch de vente.

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Parfois, en période de planification, il peut arriver qu’un journaliste communique avec les artistes. Puisqu’il faut rédiger d’avance les articles qui seront publiés dans la version finale du magazine, le journaliste culturel se doit d’être mis au courant d’avance si un artiste a l’idée de partager du contenu. Dans le monde de la musique, cela peut se traduire par un artiste qui envoie son album ou seulement quelques chansons d’un projet au journaliste pour que ce dernier puisse écrire son article ou son compte rendu. La planification se fait environ deux mois d’avance, donc si un artiste a le désir de faire parler de lui dans les médias, il doit attirer l’attention de ces derniers bien avant la sortie officielle. Dans le cas où un journaliste fait une découverte, disons lors de la première partie d’un spectacle, c’est à lui d’entrer en contact avec l’équipe de l’artiste. C’est le même fonctionnement pour un artiste indépendant : « il faut que t’ailles cogner aux portes, parce qu’ils ne connaissent pas nécessairement les rouages, il faut aller rappeler aux artistes de mentionner leur projet d’avance », affirme Catherine Genest.


ÉDIATISATIO

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LA JOURNÉE MÉDIATIQUE Pour permettre aux journalistes d’avoir du contenu, les artistes organisent des journées médiatiques. La plupart du temps dans des hôtels, les journalistes se mettent en file en attendant d’obtenir un petit quinze minutes avec l’artiste. Ils mentionnent l’aspect particulier d’une telle journée. En raison du grand nombre de journalistes présents, l’artiste est dans l’obligation de se répéter tout au long de la journée. « Quand t’es le dernier à passer, l’artiste est fatigué de sa journée, il risque d’être plate », explique Monsieur Bergeron.

Au fil du temps, en s’impliquant sur la scène culturelle émergente et en établissant une relation avec les artistes, un lien de confiance se crée. Il est donc plus facile d’avoir des informations pertinentes lorsqu’on développe une connexion avec la personne en entrevue. De plus, une certaine fierté peut être ressentie quand on voit un artiste qu’on a interviewé devenir de plus en plus populaire : « c’est parce que t’en as parlé qu’ils ont réussi […], t’es qu’un morceau, mais tu sais que tu as participé », témoigne Mickaël Bergeron.

Le monde du journalisme en général est contraint par l’obligation de traiter de l’actualité, et le culturel n’échappe pas à cet impératif. En fonction de l’espace disponible, un choix doit se faire, révèle Catherine Genest : « on a de la place pour trois feuillets […], même si t’as, comme au mois de septembre, 17 bons albums qui sortent, faut que tu fasses un choix ». C’est au rédacteur à faire une bonne sélection. « Et évidemment, on a des chouchous », s’exclame Madame Genest. La plupart du temps, le choix se fera en fonction des parutions précédentes. Si un artiste a déjà fait parler de lui dans une ancienne version du magazine, il sera écarté. Cela dit, c’est Simon Jodoin, le rédacteur en chef, qui a le dernier mot sur ce qui sera dans la version finale du magazine. Crédit photo - Félix Duchesne


— JOURNALISME

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LE TOUT LE M O N D E E N PA R L E DES HUMORISTES É C R I T PA R F R A N Ç O I S P R O V O S T L e d i m a n c h e s o i r, a l o r s q u ’ u n e g ra n d e p a r t i e d e s Québécois se tournent ve r s l a p o p u l a i re é m i s s i o n To u t l e m o n d e e n p a r l e , u n a u t re s p e c t a c l e m é d i a t i q u e e s t e n p l e i n e n re g i s t re m e n t a u B o rd e l C o m é d i e C l u b d e M o n t ré a l . C e t é vé n e m e n t , c ’e s t l e t o u r n a g e d u p o d c a s t le plus écouté au Québec, M i ke Wa rd S o u s É c o u t e . Po u r c e r t a i n s , u n p o d c a s t e s t e n c o re u n p h é n o m è n e flou, alors que pour la communauté humoristique, é c o u t e r l e p o d c a s t d e M i ke Wa rd e s t i n c o n t o u r n a b l e . Ya n T h é r i a u l t , ré a l i s a t e u r d e S o u s É c o u t e , p ré s e n t e l e s re ve r s d u d o m a i n e .

« Podcast » est une contraction de « Ipod » et de « broadcast ». C’est simplement un contenu audio ou vidéo présenté sur le Web émancipé de toute contrainte temporelle. Il est parfois francisé sous le terme « baladodiffusion ». Yan Thériault est impliqué dans le monde du podcasting depuis plus de quinze ans. En plus d’avoir son propre podcast, le Stream, il est le réalisateur de Mike Ward Sous Écoute. Selon lui, le podcast apporte quelque chose d’unique à la scène médiatique québécoise : « Il y a une proximité, une liberté, et tout le monde peut avoir son podcast. Ce n’est pas réservé à une certaine élite. », raconte Yan Thériault. « Quand tu as des invités qui sont des personnalités connues, qui sont habitués aux médias traditionnels, ils finissent par oublier qu’ils sont dans un podcast. […] Ils sont plus enclins à se confier. » Le podcast, qui a pour mandat de parler d’humour comme on le fait dans les loges et de faire découvrir de nouveaux humoristes, est suivi par des milliers d’internautes.

ON NE FAIT PAS QUE RIRE « Dans le monde de l’humour, c’est une plateforme importante. C’est le Tout le monde en parle des humoristes. C’est peut-être plus important que Tout le monde en parle aux yeux des humoristes », explique Yan Thériault. Pour les invités de Sous Écoute, le podcast est non seulement une plateforme où l’on lance des blagues et se fait connaître par un large public, mais c’est aussi une tribune pertinente pour passer un message. Yan Thériault mentionne les exemples de Julien Tremblay et de Guy Nantel, qui, après leur controverse respective, ont été de passage à Sous Écoute pour s’expliquer. « Alors que Guy Nantel avait été the talk of the town pendant une semaine, Guy A. ne voulait pas le recevoir à son émission. Moi ce que je lui ai dit c’est : au lieu d’aller à Tout le monde en parle, viens ici ». L’humoriste est finalement allé sur les deux tribunes.


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L’INFLUENCE DE SOUS ÉCOUTE Le podcast s’est répandu progressivement au Québec dans les dix dernières années, mais selon Yan Thériault, Sous Écoute a changé la donne. « Depuis trois-quatre ans, quand Mike est arrivé avec la version filmée au Bordel de Sous Écoute, ça a propulsé le mot " podcast ". Il y a plus de gens qui en écoutent, mais aussi plus de gens qui en font. »

Crédit photos - Michel Grenier

Récemment, le podcast a soulevé la question de l’intégrité artistique dans la communauté humoristique quand Mike Ward s’est attaqué à plusieurs grands noms de l’humour à l’étranger ayant été accusés de plagiat. « Mike est intègre, il ne veut pas d’humoristes qui ont travaillé avec des voleurs de blagues. Mais il se mettait à dos des amis d’humoristes d’ici qui avaient des amis parmi ceux qui étaient visés », détaille Yan Thériault. « Il y a eu un écho au Québec. Il y a du monde qui voudrait qu’il ne se dise pas de telles choses sur le podcast ». Malgré quelques guerres ayant éclaté sur Twitter après des propos sortis à Sous Écoute, les médias traditionnels, de leur côté, semblent généralement peu attentifs à ce qui se passe au podcast, au grand plaisir de ses créateurs. « Les médias s’en intéressent très peu et c’est tant mieux. Ce serait facile de sortir des choses hors de leur contexte », explique Yan Thériault. « On se rapproche du moment où les médias vont commencer à s’intéresser aux podcasts. […] Les gens vont bientôt accorder autant d’importance à Sous Écoute qu’à n’importe qui qui fait des statements à la télé ou à la radio. »

Sur le site Baladoquébec.ca, consacré aux podcasts québécois, 84 podcasts dédiés à l’humour sont désormais répertoriés. Pour les humoristes québécois, le podcast est devenu une plateforme très intéressante où chacun est maître de son chez-soi virtuel. « Tu n’es pas soumis non plus aux règles des producteurs, de boss, de boîtes de production. On a encore une certaine liberté parce qu’il n’[y] a pas assez de publicité. Le jour où on va avoir plus de publicité, ça va peut-être changer un peu. Certains podcasts pourraient tomber dans le même piège que la radio et la télévision ». Vraisemblablement, si le média qu’est le podcast est jeune, il n’est pas à l’abri du plus vieux dilemme du monde médiatique : publicité ou liberté.


— JOURNALISME

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L A C U LT U R E GÉNÉRALE : LE CHEMIN DE L’ I N D É P E N D A N C E ET DE LA LIBERTÉ INTELLECTUELLE É C R I T PA R M É L I S S A G A U D R E A U LT L a c u l t u re g é n é ra l e p e r m e t d e m i e u x c o m p re n d re l e monde et ses enjeux. Thierry Wa t i n e , p ro f e s s e u r a u Département d’information et de communication à l ’ U n i ve r s i t é L a va l , i n s i s t e s u r l ’ i m p o r t a n c e d ’a vo i r quelques connaissances de b a s e , s u r t o u t a u j o u rd ’ h u i , à l ’è re d u n u m é r i q u e , a f i n d ’«   i n f o r m e r [c o nve n a b l e ment] les gens sur ce qui s e p a s s e [d a n s l e m o n d e]  ». L a c u l t u re g é n é ra l e e s t n é c e s s a i re , c a r e l l e e s t l a base des débats et des questionnements de société.

M. Watine affirme qu’il est essentiel, en tant que citoyen, d’être informé, et ce, pour diverses raisons. La plus évidente, selon lui, concerne la politique. En effet, il est important de s’informer et d’essayer de comprendre le monde afin d’exercer, de manière rationnelle, son droit de vote. La connaissance générale est nécessaire pour informer les gens sur ce qui se passe dans le monde afin qu’ils le connaissent mieux et le comprennent. Les enjeux mondiaux et la politique permettent aux gens de mieux comprendre ce qui se passe, d’être capables de faire la distinction entre le vrai et le faux et de développer un esprit critique. De plus, le fait d’être informé et d’avoir une bonne connaissance de base est important pour avoir les outils requis pour répondre à certains questionnements de société et avoir une discussion, une interaction sur des enjeux et débats importants.


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ACQUÉRIR UNE CULTURE GÉNÉRALE Selon le dictionnaire L’internaute, la culture générale peut être définie comme un « ensemble de connaissances qui ont de l’importance dans une société et qui concernent différents domaines. La culture générale est enseignée dès le plus jeune âge à l’école, mais s’acquière également par la curiosité personnelle et l’expérience. C’est une notion importante en société qui permet de communiquer avec le plus grand nombre ». Elle peut être acquise non seulement dans le cadre des cours offerts à l’école, de l’apprentissage d’une ou plusieurs langues, de voyages et de rencontres, mais également en suivant l’actualité ainsi qu’en faisant des recherches sur certains sujets.

Crédit photo - Mélissa Gaudreault

LE RÔLE DES MÉDIAS Les médias contribuent à la formation de la culture générale en couvrant l’actualité à tous les niveaux (local, régional, provincial, national et international) et sur tous les sujets (actualité, arts et culture, sport, économie, politique, etc.). Ils apportent donc une ouverture sur le monde et vulgarisent les enjeux plus complexes, et ce, à un grand nombre de personnes. La culture générale est primordiale, car elle contribue à construire notre pensée, notre libre-arbitre et notre esprit critique. Dans le même ordre d’idées, la chose la plus importante et la plus précieuse que possède l’Homme, c’est sa liberté de pensée, d’expression et d’opinion. La culture générale est donc le chemin de l’interdépendance et de la liberté intellectuelle. Que ce soit par les journaux, les bulletins de nouvelles, les réseaux sociaux ou la radio, les médias sont des outils d’information accessibles et omniprésents dans la société. Ils permettent de diffuser l’information, presque en temps réel, partout dans le monde. Ils sont indispensables dans toutes les sphères de la société.

LE RÔLE DES JOURNALISTES Le travail des journalistes est d’autant plus important. Ils font le pont entre l’actualité et l’intérêt public en informant les citoyens sur ce qu’ils doivent savoir. Informer les citoyens, c’est leur « donner des outils de compréhension du monde », commente M. Watine.

La tâche des journalistes ne se résume toutefois pas qu’à cela. Ils doivent également établir des priorités par rapport au choix des sujets abordés dans les différents types de médias et, bien sûr, avoir une certaine connaissance des dossiers qu’ils abordent afin de diffuser de l’information véridique à la population. Cette distinction est de plus en plus difficile à faire, même pour les journalistes d’expérience, surtout aujourd’hui, à l’ère du numérique et des réseaux sociaux. Que ce soit par le biais de la publicité, des « fausses nouvelles », des « youtubeurs » ou des réseaux sociaux, qui ne diffusent pas toujours de l’information véridique, il est de plus en plus difficile de distinguer la vérité dans tout ce lot d’informations. Le rôle des journalistes et de la culture générale est donc de nous aider à mieux différencier la vérité de ce qui ne l’est pas et à exercer un jugement critique sur l’information diffusée en étant informés. Comme le dit le vieux dicton, « le savoir, c’est le pouvoir ». Dans ce cas-ci, être informé et cultivé, c’est être libre. Finalement, il faut s’assurer que le public est outillé pour comprendre les nouvelles en l’éduquant, dès l’enfance, sur les médias et leur influence afin qu’il puisse s’en distancer, développer une autonomie et une indépendance et se faire ses propres pensées, idées et opinions. La culture générale et l’information sont la clé de de l’interdépendance et de la liberté des individus.


— JOURNALISME

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JOURNALISME DE DONNÉES : RENDRE INTELLIGIBLE P O U R L’ I N T É R Ê T PUBLIC É C R I T PA R G U I L L A U M E D E N I S L e j o u r n a l i s m e d e d o n n é e s ex i s t e d e p u i s p l u s i e u r s a n n é e s . I l p re n d d e l ’ex p a n s i o n e n s u i va n t l e r y t h m e d e l a n u m é r i s a t i o n d e l ’ i n f o r m a t i o n . A u t re f o i s v u c o m m e u n e p ra t i q u e j o u r n a l i s t i q u e m a r g i n a l e , l e journalisme de données, également connu sous le nom de data journalism, devient de p l u s e n p l u s c o u ra n t , n o t a m m e n t a ve c l a q u a n t i t é i n c o m m e n s u ra b l e d ’ i n f o r m a t i o n s a c c e s s i b l e s . M a l g ré s o n g a i n e n p o p u l a r i t é d e p u i s q u e l q u e s a n n é e s , c e g e n re d e j o u r n a l i s m e d e m e u re e n c o re m é c o n n u d ’ u n e g ra n d e partie de la population. Il est donc important d e c o m p re n d re c o m m e n t f o n c t i o n n e c e t t e p ra t i q u e e t c o m m e n t e l l e c o n t r i b u e à l a s o c i é t é d é m o c ra t i q u e .

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Crédit photo - Pixabay (par PublicDomainPictures)


ATA JOURNALIS

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Tout d’abord, il faut savoir ce qu’est le journalisme de données. Il s’agit d’une pratique journalistique qui vise à mettre en relief des bases de données, analyser les données statistiques retenues, les exploiter et en tirer des informations en format binaire afin de les rendre intelligibles pour la population. Ainsi, des documents qui semblent incompréhensibles pour certaines personnes au départ deviennent compréhensibles grâce au journalisme de données. Un exemple concret de cet effet a eu lieu en 2017 et a permis de mettre ce type de journalisme à l’avant-plan. Il s’agit de l’enquête « Unfounded » du Globe and Mail. Cette enquête a été possible grâce à l’exploitation des données de centaines de postes de police américains afin de dénoncer les lacunes dans la gestion des cas d’agression sexuelle par les forces policières canadiennes. Ce projet s’est étendu sur une période d’environ vingt mois et a permis au Globe and Mail de remporter le prix Michener, remis à une entreprise de presse s’étant exceptionnellement démarquée par la qualité professionnelle et l’impact de ses activités de journalisme eu égard à l’intérêt public. Le journalisme de données, tout comme le journalisme au sens propre, peut être réellement utile pour contribuer à la survie de la démocratie. Cependant, comme tout type de journalisme, celui-ci est limité par de nombreuses contraintes. En premier lieu, il faut savoir que l’accès aux bases de données des organismes publics n’est pas toujours facile. En second lieu, ces bases de données peuvent poser problème aux journalistes de par leur complexité et leur qualité inégale. Cela influe sur le temps dont disposent les journalistes, une ressource qui s’avère déjà très limitée. Le journalisme de données va également au-delà des structures traditionnelles du métier, nécessitant l’ajout d’un programmeur dans le processus de production de l’information. Cette façon de procéder peut être une source de problèmes dans une salle de rédaction, où les contraintes organisationnelles limitent cette pratique. Quoi qu’il en soit, le temps demeure l’une des principales contraintes de cette pratique nécessitant souvent plusieurs jours ou semaines pour arriver à la réponse recherchée. Le journalisme de données, type de journalisme caractéristique de la société numérique et hyperindividualiste, exige de la part des citoyens certaines connaissances de base pour interpréter les faits. Les journalistes de données considèrent que leur public est toujours actif et comprend quelques éléments de l’interprétation des statistiques. Ce n’est toutefois pas toujours le cas, ce qui peut être vu comme une autre contrainte.

Dans un contexte de crise du journalisme traditionnel, les questions fusent concernant l’apport que pourrait avoir le journalisme de données. Le caractère prédictif de l’analyse statistique ne pourrait-il pas servir à prévoir le sort réservé au journalisme classique ? On peut y voir là une hypothèse intéressante. Cependant, les avis sont diversifiés quant à la coexistence de deux types de journalisme fondamentalement différents. Pour certains, il ne s’agit pas de la modification des pratiques usuelles, mais plutôt d’un nouvel ordre social du journalisme. Le fait de donner une importance accrue au public dans le processus informationnel peut entre autres être considéré comme une rupture capitale avec le journalisme traditionnel, éliminant le rôle d’intermédiaire entre le public et l’information. Pour l’instant, l’accès aux bases de données et les ressources attribuées au journalisme de données ne permettent pas de l’exploiter à son plein potentiel. Même si des progrès ont été accomplis durant les dernières années, il en reste encore plus à faire afin de bénéficier au maximum de ce type de journalisme non conventionnel, qui entre en complète contradiction avec les fondements du journalisme tel qu’on le connaît.

Sources - Radio-Canada, Le Devoir et Xavier Savard-Fournier


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ÊTRE CHRONIQUEUR : L’A R T D ’ É C L A I R E R L’ E N S E M B L E D’UN ENJEU É C R I T PA R X AV I E R G A G N O N L e s c h ro n i q u e u r s v i e n n e n t e n t o u t e s f o r m e s e t c o u l e u r s . I l y a l e s s e n s i b l e s , q u i é t a l e n t l e u r s c r i s d u c œ u r e t l e u r s é t a t s d ’â m e , l e s i m p re s s i o n n i s t e s e t ex p re s s i o n n i s t e s , l e s i n f l u e n c e u r s e t l e s j a s e u r s . Fra n ç o i s B o u rq u e , c h ro n i q u e u r c h e v ro n n é d u j o u r n a l L e S o l e i l , e s t p l u t ô t u n é c l a i re u r  : «  t u é c l a i re s à p a r t i r d e c e q u e t u e s , à p a r t i r d e c e q u e t u s a i s . C h ro n i q u e u r, c ’e s t u n e f a ç o n p e r s o n n a l i s é e d ’ê t re j o u r n a l i s t e  ».

Pour François Bourque, son métier passe d’abord par donner de la matière à réfléchir aux lecteurs. « Le premier mandat, c’est d’être intéressant. C’est un regard très personnel sur l’actualité et la vie publique. Je rentre dans l’argumentaire et j’essaie d’exposer les points de vue, qu’ils soient pour ou contre. Pour que chaque personne qui lit le texte puisse arriver à une conclusion différente. »

Patron du journal de 2001 à 2006, M. Bourque a élargi ses horizons en occupant la place des personnes qui ont le dernier mot dans les dossiers importants. Alors que la plupart réagissent aux annonces publiques, M. Bourque se donne la tâche de comprendre les choix mis de l’avant, plutôt que de laisser aller ses réactions. « Si quelqu’un prend une décision, que ce soit un administrateur de compagnie ou un élu, il y a une raison. C’est quoi le rationnel derrière la décision ? Ça ne veut pas dire que c’est la bonne ou que tu es d’accord. C’est un réflexe que j’ai développé », explique-t-il. Il ne se reverrait pas reporter, comme il l’était autrefois. Lorsque l’on a mis son grain de sel dans les enjeux d’actualités, il est difficile de redevenir neutre.


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Avec les années d’expérience qui s’accumulent, on apprend à se « méfier », soutient M. Bourque. Il faut poser les questions qui sont nécessaires, et ne pas avoir peur de se mettre certaines personnes à dos, comme ça lui est déjà arrivé. Il se doit d’aller jusqu’au fond des dossiers. Prise de contacts, consultations de rapports publics et parfois privés, retour sur les déclarations passées : tout est enclenché pour saisir et démystifier l’ensemble d’un enjeu. Également, il conseille de privilégier l’avis des spécialistes plutôt que celui de ceux qui réagissent hors de leur domaine. Le tout, dans le but de permettre aux lecteurs d’avoir une vision d’ensemble et critique du sujet. « Vulgariser sans trop être simpliste », résume le chroniqueur chez Le Soleil. Chaque chroniqueur finit par avoir sa spécialité et son lectorat qui réagit à propos de ses textes. De tous les sujets, François Bourque préfère écrire sur les aménagements urbains, le transport et la vie politique locale : « si tu décides de faire un troisième lien, un tramway ou un Phare, c’est quelque chose qui va marquer et influencer le paysage pour 100 ans. Les conséquences sont à long terme. Je trouve que ce sont les enjeux les plus importants à éclairer ». Bien que la politique soit un sujet qui l’intéresse, il remarque que ses lecteurs s’enflamment plus souvent à propos des décisions de construction de la ville.

Le bouillonnement médiatique constant des réseaux sociaux incite tout chroniqueur à rester en partage le plus longtemps possible avec ses lecteurs qui commentent et réagissent quasi instantanément. Plus ou moins actif sur Facebook, il ne fait pas partie de la bande qui reste connectée en tout temps, ce qui ne fait que « brûler les sujets et les rédacteurs ». Il prend bien sûr en compte les commentaires de ses lecteurs, qu’il invite d’ailleurs à partager leurs avis. Certains sujets ont le tour de faire plus parler que d’autres. Les articles qui fonctionnent le plus auprès des lecteurs ne sont cependant pas toujours les plus pertinents. Selon François Bourque, le nombre de réactions qui signe l’aspect viral d’une chronique n’est pas un gage de qualité du contenu. « Quand on fait jaser, on n’est pas toujours dans les affaires importantes. Souvent, les articles qui vont générer le plus de clics sont des affaires insolites et légères. » Même s’il admet que le trafic d’un site internet est important pour avoir une visibilité, le chroniqueur ne se considère pas assez avant-gardiste pour aller chercher des clics à tout prix. Ainsi, la qualité de ses articles ne dérogera pas des principes journalistiques qu’il applique depuis des années, dans le but de faire plus jaser.

« Chroniqueur, c’est

une façon personnalisée d’être journaliste.

»


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JOURNALISME D’ENQUÊTE : SE FONDRE DANS LE DÉCOR É C R I T PA R C H L O É B O N N E F O Y L’o b j e c t i f d u j o u r n a l i s t e est de diffuser l’info et de g a rd e r u n e c e r t a i n e d i s t a n c e . Po u r t a n t , d a n s d e s m i l i e u x où une certaine implication p e r s o n n e l l e e s t n é c e s s a i re , t e l q u e l ’ i nve s t i g a t i o n , les choses se compliquent. U n g e n re j o u r n a l i s t i q u e qui sort des sentiers battus p a r l ’ i nve s t i s s e m e n t q u ’ i l d e m a n d e , l e s ré p e rc u s s i o n s q u ’ i l p e u t a vo i r, m a i s s u r t o u t p a r l e s ré p o n s e s q u ’ i l a p p o r t e . H u g o M e u n i e r, b a ro u d e u r d e l ’e n q u ê t e , n o u s ra c o n t e s e s d i f f é re n t e s ex p é r i e n c e s .

Pour la petite histoire, le journalisme d’investigation émerge véritablement au cours des années 80, mais trouve ses prémices au milieu des années 70 avec le journaliste américain Don Bolles. Il n’aura pas le temps d’arriver au terme de son enquête sur les spéculations immobilières en Arizona ; en juin 1976, il décède des suites d’une explosion, provoquée par une bombe placée dans sa voiture. Crédit photo - Flickr (par Adam Fagen)


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Revenons à une époque plus contemporaine, ainsi qu’à un exemple moins extrême. C’est en 2008 qu’Hugo Meunier commence l’un de ses plus grands coups : se faire engager au Walmart et se mettre dans la peau d’un associé. Le journalisme d’investigation, c’est évoluer des jours, voire des mois dans le même milieu à cerner le moindre détail dans les alentours, la plus petite information nécessaire à un bon reportage. Le défi est de se fondre dans le décor et donc de savoir comment se conditionner à un tel rôle. « Il faut être le plus low profile possible. Si tu parles trop, si tu ne joues pas à l’employé, ça ne fonctionne pas. Jouer un rôle, c’est dans tous les détails », explique Hugo Meunier.

« T’es un imposteur et tu mens délibérément aux gens : pendant 3 mois, à temps complet, j’ai noué des liens avec les gens qui étaient là, avec de réels problèmes qu’ils me confiaient; des collègues, des patrons, des clients même… » À long terme, l’atteinte est plus forte que prévu. « À la fin, je prenais mes tâches à cœur, je [ne] pensais plus comme un journaliste, mais comme un associé, un employé de Walmart. » Le problème réside dans ce dont on parlait au début, la mise à distance. Difficile d’effectuer un tel procédé au cœur de l’action.

Il se dégage même quelques fois, à la fin d’une enquête, une sorte de sentiment d’impuissance : « Finalement, cette expérience était plus sociale, parce qu’elle n’a pas ébranlé les colonnes du temple. Walmart existe encore, y’a eu aucune incidence. Ç’a été beaucoup d’investissement pour quelque chose qui a fait du bruit pendant peu de temps. » Si l’enquête s’arrête, la vie, elle, suit son cours. Pour ceux que l’on laisse derrière, mais également pour ce qu’elle nous a fait devenir. « Après, j’ai repris ma vie, j’ai eu des remords, j’ai mal dormi, fais pas mal d’insomnie ».

« À 40 ans, c’est pas

normal de pas avoir de relève. Les jeunes journalistes devraient faire ça; les gens ne peuvent pas tout googler.  La Datsun 710 de Donald Fifield Bolles et ses cicatrices de juin 1976

»

Si le jeu semble ne pas en valoir la chandelle, il faut regarder au-delà de l’effet escompté. Parfois, la prise de conscience seule, aussi minime qu’elle soit, sert au propos : « Le journal était en quête de scandales, mais le défi, c’était de comprendre la différence entre la richesse de la compagnie et la pauvreté de mon salaire. » L’objectif du journalisme d’enquête est clair : inviter à la lecture, donner envie de voir l’envers du décor. « Il faut qu’on se démarque en journalisme. Si on fait de la petite nouvelle, on est noyé dans l’océan d’infos et de vidéos de chats, on cherche un court-circuit médiatique », affirme Hugo Meunier. Sans avoir besoin d’être trop extrême, l’objectif principal est de faire tomber certains tabous et censures, rêve de tout journaliste en herbe. Le genre du journalisme d’investigation, bien qu’impressionnant, reste accessible : « Pas besoin de se mettre en danger. Quand c’est expliqué et transparent à la base, tout peut se dérouler sans problème. »


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— JOURNALISME

PARLE, PARLE, JASE, JASE… DE QUOI?

LA FINE LIGNE E N T R E L’ I N T É R Ê T PUBLIC ET L’ I N T É R Ê T DU PUBLIC É C R I T PA R G A B R I E L L E M O R I S S E T T E « Ce qui est important pour un ne l’est peut-être pas pour l’autre. » C’est ce que soutient Michel Désautels, animateur et journaliste national pour la radio de Radio-Canada, quant au choix de ses sujets d’émission. Devant l’abondance d’informations, l’agenda médiatique, les nouvelles impromptues et les suivis de dossiers, choisir de quoi parler est facile à dire… mais complexe à faire. La prise de décision est déchirante puisque c’est l’intérêt public versus l’intérêt du public. L’intérêt public a trait à ce que les citoyens doivent savoir pour pouvoir participer aux débats et aux enjeux de la société. Ce sont les nouvelles qui les outillent, leur permettent de prendre des décisions éclairées et d’être mieux préparés à d’éventuels imbroglios. L’intérêt du public concerne plutôt les goûts, les préférences ou même les intérêts personnels des citoyens. Ce sont les informations qui divertissent, qui nécessitent parfois peu de réflexion et qui satisfont une certaine curiosité. On dit du journaliste qu’il est l’intermédiaire entre la nouvelle et le public, le vulgarisateur et même les yeux et les oreilles du public. Il assume plusieurs rôles dont ceux d’informer, de rapporter, de questionner et parfois de soulever des débats qui font avancer la société. Il doit rendre les nouvelles intéressantes pour, à son tour, intéresser son auditoire. Ce n’est pas une mince affaire : doit-on dire aux citoyens ce qu’il veulent entendre ou ce qu’ils doivent entendre ?

S’AJUSTER AU CADRE Parfois, la sélection des nouvelles est plus évidente : le type d’émission, le genre d’auditoire et la durée de l’intervention sont de bons repères pour le journaliste qui fait le tri. Pour Michel Désautels et son magazine Désautels le dimanche, qui couvre entre autres l’actualité de la semaine, les arts, la culture et le sport, il y a l’embarras du choix. « C’est un hebdomadaire de deux heures, donc la durée et la fréquence de l’émission imposent des choix. On ne peut pas tout couvrir », raconte-t-il.


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Les options de traitement des sujets d’actualité ont souvent déjà été exploitées par quelqu’un quelque part. Toutefois, M. Désautels souligne l’importance de ne pas tomber dans la facilité et la redondance. « Puisqu’on arrive en fin de cycle des nouvelles le dimanche, on se fait une obligation de trouver un angle différent ou d’approfondir un des angles déjà abordés. Pour nos auditeurs, qui sont très férus d’information et qui en savent souvent presque autant que nous, il faut apporter un supplément. » Bien connaître son public est d’ailleurs un atout indispensable dans la préparation et dans l’animation d’une émission. Le choix des sujets, du traitement des informations et du vocabulaire contribueront à conserver son attention. En dehors de l’actualité, « il faut être un peu plus imaginatif. D’abord, rester à l’affût de ce qui se publie comme des livres ou des ouvrages. Ça, ça nourrit aussi », rapporte M. Désautels. La curiosité et le désir de faire connaître autre chose à l’auditoire sont des qualités en journalisme puisque cela permet de varier le contenu de l’émission et de renouveler constamment l’intérêt du public.

LE JOURNALISTE A SON MOT À DIRE La sélection est nécessaire et la bonne volonté du journaliste doit prévaloir. En effet, le journaliste doit juger du potentiel des sujets qu’il sélectionnera par rapport à son public. Il faut aussi, jusqu’à une certaine limite, que le sujet plaise au journaliste. « S’il y a quelque chose que je trouve vraiment inintéressant, je ne le ferai pas », indique M. Désautels. Il relate, en contrepartie, qu’il y a également des sujets qui le passionnent qu’il n’aborde pas. « Il y a des choix à faire et, parfois, il y a plus important dans l’univers cette semaine-là ! » Qu’il aime ou pas, le journaliste ne doit pas le laisser paraître dans le traitement de l’information. Comme l’affirmait M. Désautels plus tôt, chacun a ses priorités et ses intérêts. « Nous devons être constants. […] Si c’est à l’antenne, ça mérite le même traitement que n’importe quel autre sujet », mentionne-t-il. Afin d’être juste et objectif, les informations doivent recevoir la même attention, que cela ne plaise. Sachant cela, l’auditeur doit également faire sa part. Diversifier ses sources d’information et faire ses propres recherches lui permettront d’être mieux renseigné, d’acquérir de nouveaux points de vue et d’apprendre sur des sujets qui ne l’auraient peut-être jamais effleuré. Au final, l’ouverture d’esprit de l’auditoire donnera l’opportunité au journaliste d’établir un équilibre certain entre l’intérêt public et l’intérêt du public. C’est donnant-donnant. Parle, parle, jase, jase… de quoi ? De tout !

Crédit photo - Unsplash (par Jay Clark)


— RP & PUB

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LE PHÉNOMÈNE DES MÈMES : L A FA C E CACHÉE DE MANON GRENIER É C R I T PA R G A B R I E L L E M A R C E A U I l s s o n t p a r t i e s p re n a n t e s d e l a c u l t u re p o p u l a i re e t f o n t s o u r i re q u i c o n q u e s ’ y f a i t «  t a g u e r  » e n c o m m e n t a i re . M a i s q u i s o n t l e s c ré a t e u r s d e c e s m è m e s  ? L’ u n d e s g ra n d s n o m s d u m è m e a u Q u é b e c s e c a c h e d e r r i è re l e p e r s o n n a g e d e M a n o n G re n i e r. S u i v i p a r p l u s d e 5 0 0 0 0 p e r s o n n e s , J e re my H e r v i e u x e s t u n j e u n e m i l l é n i a l q u i m a î t r i s e c e t a r t à l a p e r f e c t i o n .

Tout a commencé en décembre 2016 avec l’idée de faire un simple mème ayant pour sujet le typique Noël québécois et tous ses rituels classiques. Après s’être lancé dans le phénomène, Jeremy Hervieux remarquait que tous ses mèmes suivaient le même thème : celui de la femme babyboomer de banlieue un peu matante. C’est dans un cours de danse contemporaine peu palpitant que Jeremy, assis en indien sur le plancher, a eu ce flash : « Je vais faire une page de mèmes et ça va s’appeler Manon Grenier. » (nom choisi totalement au hasard).

Le jeune homme, qui compte maintenant des milliers de fans, a commencé à comprendre que sa page devenait populaire au moment où ses mèmes recueillaient une vingtaine de likes de personnes lui étant inconnues : « Oh boy ! Ok, ça pogne. » Plus tard, c’est lorsque sa page est suivie par plus de 100 personnes qu’il s’étonne. Ce fut ensuite 1000 personnes. Toutefois, c’est au moment où certains fans se sont ralliés afin de ressusciter Manon Grenier, après que Jeremy ait fermé son compte, qu’il a vraiment réalisé l’engouement pour sa page. « J’avais peur que les gens se sentent envahis avec mes nombreux posts et c’est pourquoi j’ai soudainement fermé la page l’été dernier. J’ai toutefois ressenti beaucoup d’amour en voyant les fans créer des groupes de soutien et des pétitions, et j’ai eu envie de repartir de plus belle. » Passant par des photos, des vidéos, des échanges de textos et même par des textes aux allures poétiques, Manon partage sa vie et son quotidien avec ses fans depuis maintenant près de deux ans. En effet, Jeremy croit important de diversifier le média de ses mèmes pour toujours susciter l’intérêt des gens de nouvelles manières et d’éviter ainsi la redondance.


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« Faire un mème pour la

première fois, c’est un peu comme perdre sa virginité. C’est effrayant au début, mais une fois que tu l’as fait, tu ne veux plus arrêter.

»

CONNU SANS ÊTRE CONNU Comparativement aux humoristes, aux influenceurs Instagram ou encore aux comédiens, les administrateurs de pages de mèmes sont pour la plupart méconnus du public. Bien que Jeremy Hervieux ait plus de 50 000 abonnés, peu connaissent son nom. Le fait d’écrire derrière un personnage apporte certains avantages. « Je sais que les gens peuvent facilement découvrir sur Internet qui administre la page Manon Grenier Mèmes, mais il y a tout de même quelque chose de libérateur à écrire sous un pseudonyme. » Bien que les commentaires négatifs sur les publications soient plutôt rares, ils font moins mal quand ils ne sont pas adressés directement à la personne. « Il y a une partie de moi qui aime cet anonymat, et une autre qui aime utiliser ma page comme une carte de visite pour me faire connaitre en tant que créateur. » Il lui est également arrivé de se faire aborder sur Tinder avec des répliques telles que « On se fait une soirée scrapbooking avec Renée ? » Ces anecdotes en référence aux « amies » de Manon le font toujours bien rire.

L’AVENIR DU DUO MANON-JEREMY Alors que sa popularité continue de croître, des intérêts naissent chez certaines entreprises souhaitant faire affaire avec Jeremy pour de la publicité. Toutefois, le jeune homme préfère ne pas trop utiliser sa page à des fins pécuniaires. « Mon but à la base est simplement de faire rire les gens. J’ai aussi l’impression que de bonnes choses vont me tomber dessus si je continue à mettre de l’énergie à créer de bons contenus. » Finissant de l’UQAM en cinéma, Jeremy aimerait écrire et réaliser ses propres œuvres. C’est pourquoi il préfère voir son expérience en tant qu’administrateur de sa page comme un moyen de s’ouvrir des portes dans le domaine artistique plutôt que comme un tremplin pour se lancer dans des partenariats publicitaires. Pour ce qui est de Manon, Jeremy ne compte pas l’oublier.

« J’ai vu plusieurs pages de mèmes se fermer récemment. Leurs créateurs disaient avoir fait le tour du sujet qui les animait. Pour ma part, je vis constamment des situations me faisant penser à Manon m’inspirant de prochains posts. C’est pourquoi j’ai toujours l’intention de la faire vivre et de la laisser s’exprimer lorsqu’elle en ressent le besoin. » Et qui sait, peut-être la charmante dame fera-t-elle projet commun avec son créateur et montera-t-elle sur la scène artistique !


— RP & PUB

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LA RENAISSANCE DE LA PUBLICITÉ CONTROVERSÉE É C R I T PA R N AT H A N A E L PA U L L a ré c e n t e ex p l o s i o n d e s p u b l i c i t é s c o n t ro ve r s é e s c o m m e n c e g ra n d e m e n t à re s s e m b l e r à c e l l e d e s a n n é e s 1 9 8 0 e t 1 9 9 0 . L’a r r i vé e d u n u m é r i q u e a e n t ra î n é d ’é n o r m e s t ra n s f o r m a t i o n s d a n s l e m o n d e d e l a p u b . L e s m é d i a s s o c i a u x e t l e We b s o n t m a i n t e n a n t d e s m o ye n s d e d i f f u s i o n t rè s u t i l i s é s p o u r l e s c a m p a g n e s p u b l i c i t a i re s c o n t ro ve r s é e s . D o m i n i c O u e l l e t t e , d i re c t e u r d e c ré a t i o n c h e z Tr i a d e M a r ke t i n g , ex p l i q u e l e s re s s e m b l a n c e s h i s t o r i q u e s e t l e s f o n d e m e n t s d e c e t t e p ra t i q u e p u b l i c i t a i re .

L'ASCENSION DES PUBLICITÉS CONTROVERSÉES Les campagnes publicitaires de plusieurs compagnies telles que Benetton et Apple ont provoqué une explosion de réactions dans la société vers les années 1980 et 1990. Ces compagnies ont choqué les gens en valorisant des sujets controversés dans certaines publicités. Cette tactique a fait connaître ces entreprises à l’échelle mondiale grâce à l’aspect marginal de leurs publicités. Benetton, une entreprise italienne, abordait des sujets tels que l’homosexualité, le racisme et les ITSS. Ces sujets tabous et chauds à l’époque ont créé un scandale. La controverse leur a permis d’atteindre une nouvelle clientèle, plus jeune et ouverte d’esprit. La compagnie Apple a pour sa part fait parler d’elle avec sa fameuse annonce sur le Macintosh durant le Super Bowl de 1984. Un évènement aussi important était le moment parfait pour créer une campagne qui allait faire jaser. La publicité met en vedette le personnage Big Brother qui donne des ordres à des individus aux crânes rasés. La femme, qui représente le Macintosh dans la pub, vient détruire cette soumission pour libérer les individus. La compagnie Apple a donc réussi à faire parler d’elle avec une campagne publicitaire qui a atteint un auditoire de 96 millions de téléspectateurs.

L’AVÈNEMENT DES CAMPAGNES DANS LE NUMÉRIQUE Le directeur de création chez Triade Marketing, Dominic Ouellette, explique le but derrière les publicités controversées comme celles de Benetton : « la marque s’attaquait à des enjeux et à des controverses d’actualité. Benetton prenait position face à ces enjeux et souhaitait provoquer des réactions, engendrer une discussion ». Le fait d’engendrer des discussions dans la société permettait donc d’augmenter la visibilité de la marque. L’arrivée des technologies comme les téléphones intelligents et les ordinateurs portables permet aux entreprises d’atteindre un public plus rapidement. Les gens passent beaucoup de temps sur ces appareils. Ce renouveau dans le numérique est donc une nouvelle arme pour les compagnies publicitaires, selon Dominic Ouellette : « les médias sociaux ont amené une vague de changements, certains plus positifs que d’autres. Pour une entreprise, ça signifie pouvoir communiquer avec son public presque 24 heures sur 24, sept jours sur sept ».


Crédit photo - Dominic Ouellette

CONTROVERSE

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L’ère des médias sociaux d’aujourd’hui est en train de faire renaître ces publicités choquantes. L’avènement de plusieurs plateformes comme Facebook ou Twitter permet d’énormes discussions en lien avec le sujet. Ainsi, certaines compagnies commencent à ne viser que le Web et les médias sociaux avec leurs campagnes publicitaires. M. Ouellette explique ce changement dans les publicités d’aujourd’hui : « on n’a plus nécessairement besoin de faire comprendre le bénéfice du produit ou d’un service. Ce que l’on veut, c’est que le consommateur trouve la marque cool. On doit lui prouver que la marque pense comme lui ».

Les publicités sont de plus en plus créées pour impressionner le public et non pour montrer le produit. On peut voir ce fait dans plusieurs publicités à la télévision, quand elles durent 30 secondes et que le produit est montré dans les dernières cinq secondes. Les annonces d’automobiles utilisent beaucoup cette méthode pour attirer l’attention. La compagnie Smart a fait une annonce publicitaire très ironique sur les dangers de la banquette arrière pour finalement montrer leur marque à la toute fin. Le scénario de la pub est donc maintenant plus important que le produit. Les campagnes publicitaires ont été complètement transformées par l’arrivée du numérique. Cette nouveauté a également créé une nouvelle tendance dans le domaine de la pub. Le talent des influenceurs est maintenant utilisé par les compagnies pour attirer un nouveau public. M. Ouellette affirme que les influenceurs sont de plus en plus présents sur les médias sociaux : « c’est un mode de publicité qui sera de plus en plus présent et ça représente une belle opportunité pour une marque qui sait trouver un influenceur dont la personnalité clique avec la marque ». Reste maintenant à savoir si les compagnies publicitaires vont oser utiliser des influenceurs qui pourraient causer la controverse. Sources - Le Figaro et Pub en Stock


DES CENTRES COMMERCIAUX VERTS À QUÉBEC É C R I T PA R G A B R I E L L A D E S B I E N S - R I C H A R D Au Québec moderne, il y a deux enjeux é c o l o g i q u e s i m p o r t a n t s  : l a s u rc o n s o m m a t i o n e t l a ré c u p é ra t i o n d e s d é c h e t s . L e s c e n t re s L a u r i e r Q u é b e c e t P l a c e S t e - Fo y a i n s i q u e l ’é d i f i c e P r i c e , d i r i g é s p a r l a s o c i é t é d e g e s t i o n I va n h o é C a m b r i d g e , o n t d ’a i l l e u r s e n t re p r i s d e s a c t i o n s c o n c rè t e s p o u r p ro m o u vo i r l e re s p e c t d e l ’é c o l o g i e . M . Y ve s L a t o u r, g e s t i o n n a i re a u x ex p l o i t a t i o n s d e p u i s p l u s d e q u i n z e a n s , d i r i g e c e s o p é ra t i o n s e nv i ro n n e mentales au sein de cette société de gestion.

M. Latour est un homme impliqué dans la c a u s e e nv i ro n n e m e n t a l e . I l c o m p t e p l u s d e 10 ans chez BOMA Québec (Building Owners a n d M a n a g e r s A s s o c i a t i o n ) , o ù i l t ra va i l l e s u r s e s a c c ré d i t a t i o n s e nv i ro n n e m e n t a l e s , e t a c u m u l é l e m ê m e n o m b re d ’a n n é e s a u s e i n d u c o m i t é ve r t à l ’ i n t e r n e d e l a s o c i é t é d e g e s t i o n I va n h o é C a m b r i d g e . E n p a r t i e g râ c e à l u i , P l a c e S t e - Fo y, L a u r i e r Q u é b e c e t l ’é d i f i c e P r i c e c o n t r i b u e n t à u n a ve n i r i n d u s t r i e l ve r t a u Q u é b e c .

Crédit photo - Gabriella Desbiens-Richard

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Q : LA SURCONSOMMATION A UN IMPACT IMPORTANT DANS LA CRISE ENVIRONNEMENTALE. COMMENT RÉUSSISSEZ-VOUS À FAIRE LA PUBLICITÉ DE VOS CENTRES COMMERCIAUX SANS PROMOUVOIR LA SURCONSOMMATION ?

Q : EXPLIQUEZ-MOI VOTRE PROJET SUR LA DIMINUTION DE L’EMPREINTE ÉCOLOGIQUE DE VOS CENTRES.

R : C’est sur qu’on est en business, donc on veut que nos commerçants fassent des bonnes affaires. Oui, on fait souvent des promotions, mais on donne aussi en retour, avec la collaboration des commerçants. Côté surconsommation, on ne peut pas nécessairement tout contrôler. Parce qu’avec le commerce électronique, ça ne passe pas entre nos mains. C’est donc plus difficile pour nous de contrôler la surconsommation dans nos centres. Ce qu’on fait, c’est qu’on essaie de demander aux gens de venir vers nous au lieu d’acheter en ligne. On va même bientôt installer à Laurier Québec, dans un espace vacant, une collecte de vêtements usagés pour rendre service aux gens moins fortunés. L’idée n’est pas de les faire consommer, mais au contraire de répondre à un besoin, et le besoin est là.

R : On a commencé un projet de miel, il y a deux ans, avec le groupe Alvéole. On a installé 60 000 abeilles sur le toit de Place Ste-Foy et on y récolte le miel à la fin de l’été. On « brand » les pots Place Ste-Foy, puis on les vend au service à la clientèle. Ensuite, on prend cet argent-là puis on le redonne à des organismes. Ceux-ci varient à chaque année. De plus, on les a hivernisées, c’est-à-dire qu’elles restent sur le toit même l’hiver. On est maintenant rendu à environ 600 000 abeilles ! Ça fait donc plus de production et plus de sous à remettre aux organismes. En même temps, cela montre aux gens qu’on travaille fort pour l’environnement et qu’on fait des efforts. D’ailleurs, on a fait beaucoup d’investissements au niveau des machines sur les toits, qui sont maintenant moins énergivores, surtout celles de la climatisation. Notre programme s’échelonne sur plusieurs années, car c’est tout de même très dispendieux. Celles de Place Ste-Foy sont presque toutes changées. Ce programme-là nous aide aussi pour l’économie d’énergie des accréditations BOMA Best.

Q : QUELS ANGLES ABORDEZ-VOUS DANS VOS OPÉRATIONS POUR ENCOURAGER LE RESPECT DE L’ÉCOLOGIE DANS VOS CENTRES COMMERCIAUX ? R : On a 1001 façons de faire, mais premièrement on a un service d’accompagnement, c’est-à-dire qu’on a des gens qui vont voir nos commerçants une fois par semaine pour parler de récupération. Nous, nous ramassons tout ce qui est récupérable : plastique, verre, carton, métal et on fait affaire avec une compagnie accréditée, Gaudreau Environnement. On fait aussi du compostage dans tous nos centres. On a d’ailleurs nos propres salles de triage. On veut aller directement à la source. Il y a donc des gens qui ouvrent les sacs et font le tri chez nous. Cela évite qu’il y ait contamination du sac de compost et que, finalement, il se ramasse dans un site d’enfouissement. Ça, c’est le premier volet que nous abordons pour sensibiliser les gens. Autre mesure : on a des accréditations BOMA, Best niveau or, qu’on a obtenues à Place Ste-Foy, à Laurier Québec et même à l’édifice Price. Ce prix-là concerne entre autres l’économie d’énergie et se renouvelle aux trois ans. Ça nous pousse à nous dépasser d’année en année pour pouvoir atteindre les cibles gouvernementales et garder une constance dans nos accréditations. On veut aller vers là. On engage aussi Chamard stratégies environnementales, spécialiste en environnement, qui fait la caractérisation de nos vidanges une fois par année pour assurer que nos déchets, notre récupération et notre compost soient bien répartis dans leurs bacs respectifs. On a un rapport à la fin de l’évaluation qui nous dit où on est rendu et quels efforts il nous reste à mettre pour atteindre les cibles gouvernementales.

VENIR VERT


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LA GESTION DE CRISE É C R I T PA R O L I V I E R B R U N E A U L a g e s t i o n d e c r i s e a f a i t u n e vé r i t a b l e m o n t é e e n p u i s s a n c e e n t re l e s a n n é e s 1 9 8 0 e t 2 0 0 0 . A c t u e l l e m e n t , à l ’è re d e l a n o u ve l l e i n s t a n t a n é e e t d e s m é d i a s s o c i a u x , p l u s p ré s e n t s q u e j a m a i s , e l l e n’a p a s d i m i n u é .

Puis, les médias ont une part de responsabilité. Ce phénomène porte le nom de « média hype », aussi appelé le tsunami médiatique. Selon un dossier publié au Canadian journal of Communication, en 2010, le tsunami médiatique se résume « à une couverture médiatique intense qui connaît une succession de vagues qui gagnent en ampleur et en magnitude ».

Les vedettes sont des personnes qui, malheureusement, n’ont pas la liberté et la vie privée qu’elles méritent réellement. Elles doivent administrer la peur de faire un faux pas, de dire une phrase de trop ou encore de poser un geste déplacé qui choquerait le public. Ce sont aussi des êtres humains, et rares sont ceux qui sont habiles et à l’aise sous pression.

Le public, quant à lui, juge et associe souvent trop hâtivement un acte immoral à un acte criminel. Il est compréhensible que la nature de l’acte immoral influe beaucoup sur le jugement des gens, puisque cela atteint leurs valeurs et leurs croyances. C’est également la façon dont la vedette ciblée et son équipe de presse gèrent la crise qui influencera le sort de la réputation de la vedette en question.

Lorsqu’une polémique éclate dans le monde médiatique, les réactions sont fréquemment négatives. Le public critique facilement les nouvelles et se sentent rapidement concerné par les bafouillages des personnalités publiques. Ces échos chamboulent la vie des individus ciblés. L’incompréhension et la déception des citoyens sont encore plus douloureuses lorsque la personne est une vedette qu’ils chérissent. Malheureusement pour les personnalités appréciées, rares sont les bonnes nouvelles qui font la une : bien que leurs supporters les apprécient, les histoires croustillantes attirent davantage l’attention.

RESPONSABILITÉ PARTAGÉE Fréquemment, l’événement qui revient hanter la vedette n’est pas récent ou est d’une gravité modérée. Soudainement chaotique, l’annonce fait en sorte qu’il est difficile de déterminer la réaction à adopter, et ce, tant pour la vedette que pour le public. Pour la vedette, s’excuser, nier ou faire profil bas sont les réactions classiques d’affronter ou d’esquiver la situation.

Crédit photo - Unsplash (par Rawpixel)


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PAS DE SOLUTION MIRACLE

UN EXEMPLE À ÉVITER

Personne n’est à l’abris d’un scandale médiatique : il est presque impossible d’empêcher l’information de sortir. Souvent pris au dépourvu, les entreprises ou les gens faisant l’objet du scandale vont essayer de réparer la situation, mais vont malhabilement ajouter de l’huile sur le feu. Sans aide de professionnels, leurs interventions seront improvisées et à la dernière minute. Cette option n’est pas la seule option pouvant faire la différence. Certes, elle est la plus efficace. La préparation et la maîtrise de soi sont la clé dans plusieurs aspects de la vie, dont la gestion de crise.

Lorsque la polémique entourant Joël Legendre a sorti publiquement, la personnalité chouchou du Québec n’a pas fait la bonne chose pour éviter un tohu-bohu. Son histoire controversée en 2015 en a surpris plus d’un. Plusieurs individus ont émis des commentaires négatifs voire méchants à l’endroit de Legendre, affirmant qu’ils n’avaient plus confiance en lui. Legendre a d’abord menti aux journalistes et sur sa page Facebook, avant d’avouer… lorsqu’il n’avait plus le choix. La personne cible devrait avouer ses torts le plus vite possible. Elle devrait ensuite s’excuser et reconnaître ses responsabilités. Les médias traditionnels et sociaux seront peut-être cruels… Mais c’est la solution ! Ensuite, proposer des solutions avec le public peut fortement aider la vedette à se rapprocher de lui. Finalement, elle devrait prouver aux médias qu’elle a véritablement changé. C’est souvent difficile de montrer aux médias qui ont ébranlé son statut social que des changements à son comportement ont véritablement été apportés.

MIEUX VAUT PRÉVENIR QUE GUÉRIR Plusieurs agences de relations publiques offrent désormais des ateliers de formation qui permettent aux participants de rester en contrôle lorsque l’attention médiatique est braquée sur eux. De plus, d’autres outils de formation sont offerts pour apprendre à réagir vite et judicieusement lorsque la situation est complexe et grave et qu’il est nécessaire d’agir dans l’urgence.

« Les médias peuvent contribuer, en attirant

l’attention de la population et en produisant une couverture imposante et uniforme sur un court laps de temps sur un enjeu émergent, à générer l’impression au sein de la population que des crises sociétales majeures se déroulent.

»

- Thierry Giasson, Colette Brin et Marie-Michèle Sauvageau

Sources - Canadian journal of Communication, Direction Communications stratégiques, Annie-Claude Dépelteau et Flanagan Relations Publiques


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ENRICHIR LE QUÉBEC MALGRÉ LE FOSSÉ G É N É R AT I O N N E L É C R I T PA R M I C A Ë L V I C A I R E L e Q u é b e c v i e n t d e v i v re à n o u ve a u l e ve n t d e s é l e c t i o n s . Po u r l a p re m i è re f o i s d e p u i s 5 0 a n s , l a g é n é ra t i o n X e t l e s m i l l é n i a u x o n t e u a u t a n t d e p o i d s q u e l e s b a b y b o o m e r s . U n m o u ve m e n t d e f ra î c h e u r s ’e s t f a i t s e n t i r. C e p e n d a n t , m ê m e a ve c l a m o n t é e h i s t o r i q u e d e Q u é b e c S o l i d a i re , l a vo i x d e s j e u n e s n e s e f a i t t o u j o u r s p a s a s s e z e n t e n d re .

La CAQ, reconnue comme un parti plus à droite, a eu moins de reconnaissance de la part des jeunes. Pourtant, le parti a remporté la majorité. Ainsi, une question se pose : que différencient les idées des jeunes à celles des gens plus âgées (35 ans et plus) ? Le Québec a une population vieillissante, ce qui a eu un effet majeur durant ces élections. « Les “ boomers ” ne doivent donc pas tenir pour acquis qu’ils peuvent dicter des priorités et influencer le vote du 1er octobre comme au temps où ils représentaient 50 % de l’électorat », écrit Brigitte Breton dans une chronique parue dans le journal Le Soleil.

Sources - Le Soleil, Le Journal de Montréal, La Presse

De ce fait, vient donc la preuve flagrante de l’augmentation du fossé générationnel. En effet, les statistiques radiographiques du Journal de Montréal démontrent que les candidats de la CAQ ont un âge moyen plus élevé (49 ans) que ceux de Québec Solidaire (41 ans). Comment pouvonsnous construire un Québec égal pour tous si nous avons autant de différences, tant en âges qu’en idées ?

Depuis plus de 50 ans, il y a toujours eu les mêmes partis au pouvoir, soit le Parti libéral du Québec et le Parti Québécois. Ainsi, depuis 50 ans, les Québécois ont toujours véhiculé les mêmes mentalités. Maintenant que les jeunes ont dorénavant plus de pouvoir lors des élections, ne devrait-on pas leur montrer plus de respect ? La conception du monde évolue au fil des années, tout comme les générations.


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D’un côté, l’on retrouve les nouvelles idées des X et des milléniaux. Elles sont postmodernes, plus lisses et mieux adaptées à la vie actuelle. De l’autre, l’on retrouve les générations qui ont eu le plus de vécu, le plus de bagages socioculturels et qui, on peut l’admettre, ont bâti le Québec que nous connaissons aujourd’hui.

Ainsi, une adaptation imminente doit se faire de la part de la CAQ. L’environnement, banal il y a 20 ans, est devenu un sujet important lors de ces élections. Québec Solidaire a misé sur cet enjeu pour séduire les jeunes, un effet instantané. Mais pourquoi sont-ils plus touchés que les autres, alors que l’amélioration des conditions environnementales est cruciale dans l’actualité mondiale ? L’environnement ne devrait-il pas plutôt toucher toutes les générations ? Chaque groupe d’âge n’a pas la même vision sur les mêmes sujets de la société. Maintenant que la CAQ est au pouvoir, celle-ci à un gros défi sur les épaules : répondre aux besoins de tous de façon équitable. Bien que le fossé générationnel se creuse, la CAQ possède tous les atouts nécessaires : une vieille génération qui détient de multiples connaissances acquises au fil des années, et une génération plus actuelle qui ne souhaite rien de moins que l’innovation.

« Comment pouvons-nous

construire un Québec égal pour tous si nous avons autant de différences, tant en âges qu’en idées ?

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QUE P O R TA I S - T U  ? : QUAND ÉVÉNEMENTIEL ET MISSION SOCIALE SE RENCONTRENT É C R I T PA R L A U R E N C E B O U I L L O N L a s e n s i b i l i s a t i o n , l a p ré ve n t i o n e t l a d é n o n c i a t i o n d e s a g re s s i o n s s ex u e l l e s s o n t d e s s u j e t s q u i s e t ro u ve n t f ré q u e m m e n t d a n s l e s m e s s a g e s m é d i a t i q u e s , m a i s é g a l e m e n t d a n s l e m o n d e d e l ’é vé n e m e n t i e l . L’ex p o s i t i o n Q u e p o r t a i s - t u   ? , p ré s e n t é e p o u r u n e d e u x i è m e s e s s i o n c o n s é c u t i ve p a r l ’ U n i ve r s i t é L a va l , a f f i c h e d e s re p ro d u c t i o n s d e s t e n u e s q u e p o r t a i e n t d e s v i c t i m e s d e v i o l e n c e s s ex u e l l e s l o r s d e l e u r a g re s s i o n . C h r i s t i n e D e l a ro s b i l , c o o rd o n n a t r i c e d u C e n t re d e p ré ve n t i o n e t d ’ i n t e r ve n t i o n e n m a t i è re d e h a rc è l e m e n t (C P I M H ) , a p a r t i c i p é à l ’o r g a n i s a t i o n d e l ’é d i t i o n d e c e t a u t o m n e , q u i s ’e s t t e n u e à l ’ É d i f i c e L a Fa b r i q u e .

Comme l’exposition a été imaginée et conçue par les directrices des centres d’aide aux victimes d’agressions à caractère sexuel des universités du Kansas et de l’Arkansas, la première étape pour Mme Delarosbil était de communiquer avec les responsables de ces établissements pour obtenir le droit de la reproduire. C’est par la suite que le comité d’organisation, composé notamment de membres de la campagne « Sans oui, c’est non ! » et du Bureau de la vie étudiante de l’Université Laval, a reçu un guide contenant des instructions pour le montage et la présentation de l’exposition. Le but visé quant à l’aspect visuel est simple : s’assurer que tout soit fait dans le respect des victimes. Celles-ci, dont les témoignages ont été recueillis par les créatrices initiales, se sont confiées sur une base volontaire, en prenant bien soin de décrire en détail les vêtements qu’elles portaient au moment de leur agression. C’est un total de cinquante récits qui ont été envoyés au comité organisateur, parmi lesquels neuf ont été sélectionnés. La Confédération des associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL) s’est ensuite chargée de traduire les témoignages et de reproduire les vêtements décrits.


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Crédit photos - Laurence Bouillon

Sur les lieux de l’exposition se trouve une installation plutôt simple : une corde à linge, idée originale du comité organisateur, qui, à l’image des autres endroits où a voyagé le concept de Que portais-tu ?, voulait y apporter sa touche personnelle. Deux cordes suspendues se superposent, celle du haut accueillant les tenues et celle du bas présentant les témoignages correspondants. Ces derniers sont brefs et ne contiennent pas beaucoup de détails sur les agressions, mais il y en a assez pour ébranler le public. Un carnet est d’ailleurs déposé devant les vêtements dans le but d’inciter d’autres victimes qui verraient l’exposition à se confier elles aussi. Ce sont toutefois plutôt des impressions sur les récits exposés qui en remplissent les pages. En les feuilletant, on constate que les gens se disent émus, choqués et surtout très touchés par l’étalage de vêtements qui s’offre à eux.

Du point de vue communicationnel, Mme Delarosbil considère que l’exposition et son objectif s’inscrivent en quelque sorte dans la même démarche que la publicité sociale. « Ça peut se comparer à une affiche parce qu’il n’y a pas de contact d’échange, […] la personne est dans son introspection, elle regarde ce qui se passe, elle fait son analyse elle-même sans qu’il n’y ait vraiment d’interaction ». En somme, cela souligne bien l’une des fonctions parfois oubliées de la communication : diffuser un message qui touche le public et fait une différence.

Ces réactions témoignent de la réussite de la mission sociale poursuivie par l’exposition, c’est-à-dire la sensibilisation aux agressions à caractère sexuel et leur prévention. Pour Mme Delarosbil, la conception de cet événement avait pour objectif premier « d’attaquer un mythe de façon directe : ce n’est pas la tenue ou les comportements de la victime qui font qu’il y a une agression ; c’est vraiment une responsabilité qui appartient à l’agresseur ». Elle ajoute que, trop souvent, les victimes de violences sexuelles se font blâmer à tort pour avoir provoqué leur agresseur, par exemple, en portant des vêtements trop osés. Adopter ce genre d’attitude peut avoir des conséquences nocives sur les victimes, entre autres en les isolant et en les amenant à ne plus raconter leur histoire. En reprenant le concept de Que portais-tu ?, le comité organisateur souhaite faire réfléchir les gens sur les questions qui sont parfois posées aux victimes et qui les font culpabiliser. Comme le résume Christine Delarosbil : « c’est vraiment pour faciliter l’empathie et le soutien envers les victimes ».

« C’est vrai que c’est quand même percutant

pour une personne qui n’a jamais été en contact avec un dévoilement d’agression à caractère sexuel. Là, il y en a plusieurs, donc ça peut avoir un effet choc.

»

- Christine Delarosbil


REMERCI RÉVISEURES

MENTORS

Michèle Blanchette

Éric Forcier

Katherine Marois

Thierry Watine

Andréanne Pinsonneault Anne-Virginie Bérubé

FINANCEMENT Fonds de soutien aux activités académiques de l’Université Laval Préambule Communication CADEUL SPLA

GRAPHISTE DU MAGAZINE Camille Deniger

ARTISTE (COUVERTURE) SOUTIENT

Alex Fortin Bouffard

Département d’information et de communication AECPUL

GRAPHISTE WEB Vincent Bernier

IMPRESSION Club Imprimerie

RELATIONNISTES Charles Nadeau-Thibault Micaël St-Onge


IEMENTS


L’ÉQU GABRIELLE MORISSETTE

FRANÇOIS PROVOST

LAURENCE BOUILLON

XAVIER GAGNON

CHLOÉ BONNEFOY

GUILLAUME DENIS

RÉDACTRICE EN CHEF

RÉDACTEUR EN CHEF

RÉDACTEUR

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UIPE OLIVIER BRUNEAU

GABRIELLA DESBIENS-RICHARD

NATHANAEL PAUL

MÉLISSA GAUDREAULT

RÉDACTEUR

RÉDACTEUR

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RÉDACTRICE

FÉLIX DUCHESNE RÉDACTEUR



MICAËL ST-ONGE

CAMILLE DENIGER

VINCENT BERNIER

CHARLES NADEAU-THIBAULT

MICAËL VICAIRE

GABRIELLE MARCEAU

RÉDACTEUR & RELATIONNISTE

RELATIONNISTE

GRAPHISTE

RÉDACTEUR & PHOTOGRAPHE

GRAPHISTE

RÉDACTRICE & PHOTOGRAPHE



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