Journal Automne 14 - théâtre Garonne

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Au ToM nE 1

2014


mazùt©x Alexandra Fleurantin

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soMmairE politiques du rythme / Compagnie Maguy Marin Le rideau déchiré / Emmanuelle Huynh My entretien with Damiaan / tg STAN – De Koe EXIL ISLAND / Georges Perec – Eric Lareine – Pascal Maupeu – Matthias De Koning L'homme est une bÊte comme une autre / Baro d'evel Cirk Cie Garonne en musique(s) Mouvement perpétuel / Pendulum Choir et Le cycle Présences Vocales Verdi au congo / Brett Bailey – Third World Bunfight Performing Cie Tant qu'il y aura des hommes / Sergio Boris Nouveau monde / Lia Rodriguez dans ce silence était cachée mon âme / Aharon Appelfeld – Bernard Levy Amicalement vôtre... / L'amicale de production Spores de combat / Grace Ellen Barkey & Needcompany Questions aux Fantômes / Annie Zadek – Hubert Colas – Diphtong Cie Bienvenue au Bivouac / Noël à l'Usine rencontres house on fire et Ombres Blanches Liberté crucifiée (et ressuscitée..) / Golgóta Picnic et la censure catholique Guide du spectateur

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Désormais ouvert de septembre à juillet ! Tous les jeudis, vendredis et samedis (18h30 - 22h00) Et les soirs de spectacles bien sûr!

Des brunchs seront proposés un samedi par mois, acompagnés de surprises ! Premier rendez-vous le 11 octobre avec Eric Lareine et Matthias de Koning plus d'informations sur le site ww.theatregaronne.com et sur facebook

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COUVERTURE : pindorama © Sammi Lanweer

NOUVEAU


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politiques du rythme . Bit

Tout mon travail est sous-tendu par des choses complexes, j'ai besoin de m'appuyer sur un maillage invisible – que je rends invisible – mais précis, qui soustend tout le rapport entre les éléments du spectacle, les corps, etc., et sur lequel je peux construire. La liberté vient après. Mais d'abord c'est un long travail de répétition, on refait encore et encore. A force de faire, le corps se fond dans le mouvement… C’est comme avec des chaussures neuves, elles se font au pied petit à petit, et au bout d'un moment elles sont vraiment à toi.

Compagnie Maguy Marin

Politiques du rythme Le travail de rythme – taper dans les mains, les percussions, les subtilités du jeu d'un batteur – tout ça, c'est

rencontre avec maguy marin,

le réflexe, c'est toujours

à quelques jours

de se mettre au diapason

.

de la création de BIT, nouveau

des autres : être discordant

spectacle qu'elle aura

demande du courage...

préparé tout l'été

du plaisir pour moi. Le rythme, c'est aussi ce qu'on voit tout le temps dans la rue, comment une vie est aussi scandée par des événements très rapides à certains moments, ou plus lents à d'autres... Comment le rythme de chacun s'articule avec celui des autres. Le rythme des générations... Ça devient une question très politique pour moi, qui n'apparaît pas forcément dans le spectacle. Aussi, je suis assez fascinée de voir comment des masses se forment, comment des solitudes se forment, et le mystère de ce flux. Dans mon travail je lutte plutôt pour la concordance de ces flux, en même temps la discordance entretient une contradiction qui nourrit le collectif. Nocturnes était une pièce lente, mais la lenteur aujourd'hui impatiente tout le monde. Dans Salves, Umwelt, Description d'un combat ou Turba, tout le monde était dans la même pulsation. La différence ici est que les interprètes sont parfois en net décalage entre eux ou par rapport à la musique, ou par rapport à ce que le public attend ; ils sont à contretemps du plaisir du public, de ce plaisir que le public éprouve à "être avec" les interprètes. Quand le public est décalé par rapport aux danseurs, c'est vécu comme une forme de violence. Car le réflexe, c'est toujours

À garonne.

Maguy Marin – Au départ, il y a le rythme. J'ai commencé à construire la pièce très tard alors que ça faisait plusieurs semaines qu'on travaillait sur le rythme, ça m'a permis de travailler sans projection. Travailler sur le rythme c'est un travail de dentelle, et le fait d'être dans une telle complexité évite de projeter des images ou des intentions. Le ressenti arrive ensuite. Si je réfléchis il y a toujours des questions mathématiques à la base de mon travail, ça commence par là, par des questions de durée, de temps. Ça ne commence que par-là en fait. Le vivant se reconstitue à partir de quelque chose d’abstrait, qui n'a rien de naturel.


de se mettre au diapason des autres : être discordant demande du courage... La tendance est de dire "je vais avec", il y a une résistance à dire "je ne vais pas avec" ; le public a envie "d'aller avec". Les danseurs sont très décalés par rapport aux rythmes musicaux du spectacle, en même temps les gens qui dansent en boîte sont aussi décalés à leur façon, ils sont ensembles mais chacun danse seul. La danse peut être une forme d'oubli de soi, le corps est pris dans un inconscient, dans une folie, il prend le pouvoir. La grande différence avec Salves et les dernières pièces, c'est que dans BIT il y a une continuité. Salves est morcelé par des noirs, ce sont des moments pris sur le vif. Ici, c'est comme une seule chose, qui se tord mais ne s'interrompt jamais. C'est Charlie Aubry (musicien et sound designer) qui a composé la musique pour le spectacle, elle a des éclats incroyables, avec des matères sonores qui combinent nappes et rythmes. L'écriture de la musique se fait pendant le spectacle, mais je travaille sans musique préexistante, je travaille uniquement au métronome. Parfois pendant les répétitions je demande à Charlie d'envoyer de la musique qui n'a pas de rapport avec ce qui se passe au plateau, ou parfois oui. La musique et le plateau sont comme des choses qui s'ignorent et se rejoignent à certains moments.

CRÉATION DANSE

17..20 SEPTEMBRE mer.17, jeu.18 à 20:00

ven.19, sam.20 à 20:30

conception Maguy Marin en étroite collaboration avec Ulises Alvarez, Kaïs Chouibi, Laura Frigato, Daphné Koutsafti, Ennio Sammarco, Mayalen Otondo / Cathy Polo première le 17 sept. 2014 à Garonne résidence et création à Garonne coproduction coproduction Compagnie Maguy Marin,

Retour à Lyon Je crois que c'était bien de venir installer la compagnie à Toulouse, vraiment, parce qu'il fallait sortir de quelque chose et entamer autre chose. C'était assez essentiel de partir et d'être ici trois ans. Après, le projet à Ramdam à Lyon est super enthousiasmant, donc je suis assez contente de repartir vers ce programme d'accueil de compagnies, de résidences, etc. Comment ça va se développer avec la compagnie ? C'est aussi une question de rythme, c'est la question du collectif. Ce qui me plaît là-bas, c'est aussi que ça va permettre d'élargir la compagnie, qui est une entité avec ses individualités, mais où chacun arrive à vivre avec sa singularité et à construire des sous-ensembles – avec les techniciens, les danseurs, l'administration. Là-bas, on pourra travailler avec d'autres, des artistes amis, des gens de passage, ouvrir le groupe à d'autres. Ramdam va permettre de faire ça.

théâtre Garonne - scène européenne - Toulouse, Théâtre de la ville - Festival d'Automne à Paris, Monaco Dance Forum - Les ballets de Monte-Carlo, Opéra de Lille,La Filature, Scène nationale de Mulhouse, Ballet du Nord Centre Chorégraphique National de Roubaix Nord-Pas de Calais, Charleroi Danses - Le Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, MC2 - Maison de la Culture de Grenoble., Théâtre de Nîmes - Scène conventionnée pour la danse contemporaine, Fondation CRT Milan en collaboration avec Change Performing Arts. La Compagnie Maguy Marin est subventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Toulouse, la Région Midi-Pyrénées et reçoit l’aide de l’Institut Français pour ses projets à l’étranger. Avec l'aide à la création de l'ADAMI

Tournée

24-27 sept / Biennale de la Danse de Lyon

30 sept / Turin(IT) / Torinodanza Festival 2014 25 oct / Varsovie (PL)/ Crossroads Festival

30 oct-18 nov / Festival d’Automne à Paris

Propos recueillis par Bénédicte Namont et Stéphane Boitel, août 2014

27 nov / Théâtre d’Aurillac

16 déc / Monaco / Monaco Danse Forum Festival

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LE rideau DÉCHIRÉ

Tôzaï !...

Emmanuelle Huynh Tôzaï!..., dans le théâtre japonais, au bunraku, qui est le théâtre de marionnettes, ou au kabuki, est à la fois un cri et un mouvement, un cri qui veut dire "d’est en ouest", qui est chanté en étirant toutes les syllabes jusqu’au "i" qui se perd dans le lointain, et c’est aussi le mouvement du rideau lui-même, du rideau qui s’ouvre d’est en ouest, de gauche à droite, de jardin à cour comme on dit ici. Le titre provient donc de mon attraction pour ce moment d’ouverture, au théâtre au Japon, et qui existe aussi en Europe – où il y a d’autres types d’ouvertures : à la française, à l’allemande, à l’italienne, à la grecque, etc. Au Japon, tu as des rideaux, presque d’apparat, qui montent comme dans un mouvement vers la transcendance, très épais, lourds, d’autres qui tombent pour accélérer la scène, pour créer un dévoilement très rapide, ils tombent dans les bas-fonds, très fluides, comme une chute ; et puis tu as le rideau noir qui est accompagné par le cri Tôzaï !..., en début de pièce, et qui est mû par un accessoiriste dont on aperçoit la forme du corps à travers les plis. Tôzaï !... contenait donc pour moi une émotion de spectatrice face au rituel d’apparition tel qu’il est traité au Japon. Ce moment d’ouverture tout aussi important, tout aussi fort que les trois heures du déroulement de la pièce, dure 4 à 5 minutes et je me suis aperçue que pendant les douze années passées où j’ai beaucoup séjourné là-bas, à chaque fois, je revivais la même émotion, je me disais : "Quel rituel incroyable !". Néanmoins même si le titre est japonais, à la différence de Spiel (pièce que nous avons dansé ici avec Akira Kazai en février 2013), dont l’un des interprètes est japonais donc, et qui est basée sur une rencontre entre deux cultures, Tôzaï !... n’est pas une pièce japonaise ou traitant du Japon. Je voudrais retrouver cette expérience très forte au théâtre, cette ouverture qui nous met en situation d’aller chercher et d’aller recueillir

ce qu’on veut nous dire ou nous montrer. J’ai décidé que je ferai une pièce d’une heure d’ouverture, comme une sorte de programme théorique…Mais je voulais aussi me laisser libre. L’ouverture au théâtre comme signe de toute notre expérience à venir, à nous, êtres humains, de ce qui va nous arriver. On est très proches de la thématique de Mùa, ce solo dans le noir, qui s’intéressait à ce qu’il y a avant l’événement, de zéro à un, avant que les choses ne soient, n’adviennent. Là dans Tôzaï !..., la machine théâtrale est aussi en jeu. Le lieu théâtral, l’opération théâtre, le fait d’être une communauté qui vient voir une autre communauté faire, qui va dire, révéler des choses, ce sens qui se construit entre celui qui regarde et celui qui acte, et le théâtre comme dispositif de dévoilement, c’est cela ici qui m’intéresse. Je me suis amusée à penser que le rideau conservait les choses, que ce feutre, qui isole, conservait dans ses plis des danses qui seraient restées coincées, des traces des gestes du passé. J’aime beaucoup quand je vais dans les théâtres ou dans les studios, par exemple à Angers, où j’ai été danseuse avant de savoir que je dirigerai un jour cet endroit, me dire : il y a ici tous ces gestes de pièces que j’ai vues sur scène, que ce soit Trisha Brown, Cunningham, Découflé, Larrieu, Maguy Marin ou Régine Chopinot qui ont travaillé là, tous ceux et celles qui se sont succédés, les élèves, les invités, moi ; cela m’a toujours beaucoup émue de rentrer dans les lieux et de me dire que ces gens-là ont inventé des gestes qui sont encore là, ils ont brassé cet air-là et c’est encore présent, et les corps des danseurs en portent aussi la mémoire. Je me suis amusée à penser que le rideau a des plis et quand il se déplie et s’ouvre ou se referme, il porte l’histoire, et les corps peuvent s’y enfouir, être là comme de toute éternité. Toi comme moi, on est fait de ça, de ces traces là, et la danse peut l’exprimer. La danse des "avants", celle de la première partie, se situe sur le devant de la scène, qui classiquement est un espace qu’on occupe pour faire passer le temps pendant les changements de décor ou avant le spectacle au music-hall ou avant le film au cinéma autrefois. Le Prélude à l’Après-Midi d’un Faune de Nijinski, qui dure 9 minutes, a été calibré dans un


programme multiple pour être à l’avant-scène. Lui a travaillé sur 3 à 4 mètres de profondeur, donc dans un couloir, et je pense que cette contrainte a aussi guidé son imagination. Dans Tôzaï !..., cette partie a été travaillée avec les danseurs en disant : "Inventons cette danse qui prépare l’espace, qui le rend possible pour de nouvelles opérations théâtrales et pour l’invention d’un monde à chaque fois. Vous en-

création DANSE

2..4 OCTOBRE jeu.2 à 20:00

ven.3, sam.4 à 20:30

durée 1h env.

résidence et création à Garonne coproduction

Pour travailler J’ai choisi ce

conception et chorégraphie Emmanuelle Huynh fabrication et interprétation Katerina Andreou, Jérome Andrieu, Bryan Campbell, Volmir cordeiro, Madeleine Fournier et Emmanuelle Huynh collaboration et assistanat Pascal Queneau

que j’appelle des joyaux, des danses de bascule, de gens en mutation : Joséphine Baker, Ko

production compagnie MUA coproduction Centre national de danse

Murobushi...

contemporaine - Angers, L’apostrophe – scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, théâtre Garonne - scène européenne, Le Théâtre scène

Chacun a ensuite BEAUCOUP

nationale de Saint-Nazaire, le Manège de Reims, l’Arcadi Ile-de-France, Le Musée de la Danse / Centre chorégraphique National de Rennes et de

improvisé et inventé à partir

Bretagne, le Centre Chorégraphique National de Caen / Basse Normandie

de cette mémoire.

Grenoble dans le cadre de l’Accueil Studio 2014, le Centre chorégraphique

dans le cadre de l’Accueil studio, le Centre Chorégraphique National de national Montpellier Languedoc-Roussillon - programme de résidences avec

trez avec un monde, avec une façon de bouger, avec une façon de nettoyer l’espace et de le re-ritualiser pour autre chose." Il y a, en relation avec ça, une figure japonaise à laquelle je me suis intéressée qui s’appelle le sambaso, une figure sacrale qui porte sur son kimono à la fois un oiseau de mauvais augure, le corbeau, et un oiseau de printemps, la grue ; elle est à la fois une figure de promesse et une figure qui chasse le passé et, dans le bunraku ou dans le nô, elle danse des choses très simples où elle dessine l’espace, où elle chasse les mauvais esprits, où elle invoque. On a regardé des sambasos japonais, improvisé une semaine sur cette bande à l’avant-scène. La séquence des "avants" est issue de l’imagination des danseurs qui sont à la file les uns des autres, chacun vient avec un monde.

le soutien de l’Ambassade de France / Institut français du Japon, du Collectif Danse Rennes Métropole (production en cours…). La compagnie MUA

est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la communication Direction générale de la création artistique - délégation à la Danse

Propos recueillis par Bénédicte Namont, juin 2014 entretien intégral sur www.theatregaronne.com

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my entretien with Damiaan MY DINNER WITH ANDRÉ

tg STAN – De KOE (BE)

À l'occasion de la reprise à garonne de cette pièce devenue culte, entretien avec Damiaan de schrijver (tg stan). Que signifie pour toi la relation de compagnie associée qu’a proposée le théâtre Garonne à tg Stan ? C’est nouveau. En Belgique nous ne sommes associés à aucun théâtre. Même si l’on joue depuis 27 ans au Monthy où l’on a présenté tous nos spectacles. Ce qui veut dire qu’il y a quelque chose de particulier à Toulouse quand le théâtre Garonne nous fait cette proposition. Je me demande moi-même ce que cela veut dire ; je crois que c’est simplement une histoire d’amour. Avec l’équipe, et avec le public. Une confiance presque aveugle. C’est ici pour nous comme une deuxième maison. Chez nous il n'y a pas la possibilité de résider très longtemps dans les théâtres dans lesquels nous travaillons. Ici quand on est là deux ou trois semaines on se sent à l’aise, et le public est présent aux spectacles. L’histoire au long cours permet de montrer plusieurs facettes de notre travail ; Jacky Ohayon (qui dirige le théâtre Garonne), réfléchit avec nous sur le parcours

à construire ; il est un partenaire sur le contenu, sur quoi faire et comment le faire. Nous partageons des rêves. Je n’en connais pas les limites. Et c’est luxueux d’être dans une atmosphère où l’on ne pense pas aux limites. Et votre histoire d’amour avec De KOE ? C’est une longue histoire. Peter Van den Eede était aussi au conservatoire mais l’année avant moi. Un homme que j’adorais regarder travailler, il m’a toujours fasciné. Il a créé sa compagnie De KOE à peu près en même temps que nous avons créé tg STAN. À un certain moment des événements importants de la vie nous ont réunis. Également un très beau film nous a permis de jouer ensemble. Après le tournage, nous nous sommes dit qu’il fallait faire quelque chose ensemble. J’ai aussi soumis l’idée qu’il travaille avec Matthias De Koning, de Discordia : Matthias est très bon pour "scier les pattes d’une table". Il a le don d’enlever les certitudes. Peter disait que My dinner avait été extrêmement important dans l’évolution de la Compagnie De KOE. Un autre personnage important fût un professeur newyorkais (Peter Gorissen), au conservatoire, qui venait de l’Actor Studio. Il nous enseignait la "method acting", Stanislavski, la "sensitive memory", etc. Nous le faisions très sérieusement mais pour moi c’était un mensonge total. C’était terrible ! Mais quand nous l’avons vu sur scène il était sans cesse en conversation directe avec le public. A ce moment-là pour nous ça a été un choc. Certains comme Discordia le faisaient un peu déjà. Mais lui parlait d'absolument tout avec les spectateurs ; il improvisait et chaque soir était complètement différent. C’est aussi une question de rythme comme dans les grands feuilletons comiques ou les "stand up". Mais il faut être extrêmement prudent pour ne pas perdre la magie. C’est bien de démystifier, mais il ne faut pas se perdre, il faut toujours revenir à l’histoire. Qu’est-ce qui vous réunit avec De KOE ? On voit de manière évidente sur le plateau le plaisir à jouer ensemble et le fait que vous vous stimulez en continu. Peter dans sa compagnie a un répertoire à lui. Il écrit, il compose. A l’inverse chez STAN nous travaillons


uniquement des pièces de répertoire. Nous voulions avec My Dinner être stricts avec le texte écrit mais pouvoir aussi nous échapper et créer une relation directe avec le public. Nous sommes en même temps Wally et André mais aussi Damiaan et Peter sur le plateau.

THÉÂTRE

10..25 OCTOBRE ven.10, sam.11, sam.18, jeu.23, vend.24, sam.25 à 19:30 ven.17 à 20:00 dim.19 à 17:00 durée 3h30 sans entracte

Propos recueillis par Marie Brieulé et Cécile Baranger, juin 2014

première de la version française octobre 2005 à Garonne le théâtre Garonne est producteur délégué de la tournée 14-15 tg STAN est une compagnie associée au théâtre Garonne

Avec les cuisiniers qui acompagneront My Dinner sur scène et en direct ! Lionel Gasc Yannick Delpech (l’Amphitryon) Quentin Siesling (le bol rouge) Sidahmed Aouanouk (le Dar Diaf ) Christophe Fasan (chez Emile) Sarah Truong-Qui (L’Empereur de Hué) Aziz Mokhtari (Les p’tits fayots) Marc Gineste (Le pic St Loup) Aurélien Bory William Perucca (la table de William) Régine Lorfeuvre-Audabram Norio Moteki (Le Motchiya) Tomoko (Solaneko) Amandine Cuestas (Le Temps des Vendanges) Christine Pham (Chez Pham) Hamid Miss (La Pente Douce) (dates en ligne début octobre)

d'après My Dinner with André de Louis Malle de et avec Damiaan De Schrijver et Peter Van den Eede texte André Gregory et Wallace Shawn adaptation Damiaan De Schrijver et Peter Van den Eede traduction française Martine Bom décor tg STAN et de KOE coproduction tg STAN et De KOE

coproducteurs de la version française Théâtre de la Bastille - Paris, Festival d’Automne à Paris et théâtre Garonne - scène européenne - Toulouse

production déléguée de la tournée théâtre Garonne - scène européenne Toulouse / première le 17 septembre 1998, Toneelhuis, Anvers

Tournée

7 et 8 octobre 2014 / Nîmes (FR) 14 et 15 octobre / Tarbes (FR)

du 3 au 14 novembre 2014 / Paris (FR)

18 et 19 novembre 2014 / Charleville-Mézières (FR) du 9 au 13 décembre 2014 / Grenoble (FR)

du 17 au 20 décembre 2014 / Genève (CH) du 25 au 28 février 2015 / Bruxelles (B)

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EXIL ISLAND Ellis Island

Georges Perec Éric Lareine – Pascal Maupeu – Matthias De Koning


Initié par le Marathon des Mots, puis poursuivi sous forme d'une lecture musicale présentée en février dernier à Garonne dans le cadre du festival In Extremis, Ellis Island reunit Éric lareine et pascal maupeu, rejoints pour l'occasion par Matthias de koning, Comparse des STAN et DE KOE (voir page

précédente). RENCONTRE AVEC éRIC LAREINE.

Pascal Maupeu La rencontre avec Pascal s’est faite autour d'une pièce de Nadège Prugnard, dramaturge, "flowtrash", qui m'a proposé de travailler avec elle sur un texte dur, à la limite, accompagné d’une musique "bruit-punk". Entretemps j'avais rencontré des musiciens à Tours, et Cédric Piromalli, davantage tournés vers le jazz et les musiques improvisées, avec qui j'ai monté une opérette qui s'appelait Marthe et Marie chantent Fascination – c’était une sorte de confrontation entre Mireille Mathieu et Patti Smith, en gros… Par la suite nous avons créé le groupe "Éric Lareine et leurs enfants". Dans le même temps Pascal et moi avons répondu à deux commandes du Marathon des mots : Wopbopaloobop alopbamboom d’après le livre de Nick Cohn et Ellis Island. Depuis tout ce temps on ne s’est plus quittés, et pour moi Pascal est un alter ego… Georges Perec J'ai rencontré Perec au moment où j'ai commencé à faire les ateliers d'écriture. J’aime chez lui cette relation aux mots, tous ces jeux, dont certains que j’ai copié – notamment le S+6 : quant tu bloques sur un substantif, tu ouvre le dictionnaire et tu compte six mots à partir de celui sur le quel tu bloques : le sixième est le bon. Et ça marche ! Donc quand le Marathon des Mots m’a proposé de travailler sur Ellis Island ça m’a immédiatement intéressé. Aussi parce que Perec est un styliste, roi de la liste, et je suis très sensible aux listes, j'en fais énormément.

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C’est comme chez Paul Auster, ces accumulations d’objets déclassés, ces choses qui trainent… et puis, ce texte de Perec est une voix off, c'est du cinéma, ça me va très bien. Joe Brainard Après le Marathon, il y a eu cette proposition lancée par Garonne de faire de Ellis Island une version élargie, et j’ai eu envie de croiser le texte avec un autre livre – que j'avais d’ailleurs découvert en me documentant sur Je me souviens de Perec : I Remember de Joe Brainard. J’ai fait ça par intuition, en me disant que les deux pouvaient se parler. Et effectivement, dès qu’on a commencé à les croiser, on s’est aperçu que ça provoquait des déflagrations. Des déflagrations de mémoire, c’est ce qui m’intéressait. J’ai une mémoire de poisson rouge, donc je m'intéresse beaucoup à celle des autres ! Mais le manque de mémoire, c’est aussi l'histoire de Perec et de ce texte. Je partage ça avec lui : ne pas avoir de base, de pays natal… J’ai beaucoup bougé quand j'étais gamin, je suivais mon père, et quand plus tard je me suis installé ici, dans la région, j’ai été confronté à ça : les gens autour de moi avaient tous des racines, des liens familiaux, un accent… Je me suis rendu compte que la mobilité professionnelle de mon père, je l’avais subie avec lui, un peu comme une maltraitance. Sauf que maintenant la flexibilité, la mobilité, sont devenues la norme. Je crois qu’on en trouve les échos dans tous les problèmes du jour, le besoin


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de racines, le repli identitaire, la religion… Toutes ces choses pour se rassurer… Mais les racines, c’est aussi avec ça qu’on fait des guerres, alors peut-être est-il bon de s’y intéresser? C’est aussi la raison pour laquelle c’est important pour moi de monter un spectacle sur l’origine, l’exil, la mémoire… Je vois là une cohérence que je peux partager avec les spectateurs. Quelques décennies après l’exil dont Perec fait le récit, tu sens bien que Brainard n'a plus aucun problème d'identité. Il n’en est absolument pas question dans son texte, au contraire même, il met les marques en exergue, il raconte toute une vie par des petits bouts, des anecdotes de quelqu’un qui est parfaitement intégré. À partir du moment où tu es intégré à une communauté, à une patrie, tu peux t’intéresser à ce qui fonde ton identité par ailleurs, à tous les autres aspects sexuels, politiques, etc… Matthias De Koning La rencontre avec Matthias n'est pas facile pour des raisons de langage (Matthias est néerlandophone, NDLR), et pourtant il parvient à transmettre énormément de choses. Trouver le naturel, inviter la vraie vie, faire que cette vérité-là ne soit jamais absente du spectacle… En une seule rencontre à ce jour, il m’a bousculé pour toute mon existence. En même temps il est extrêmement bienveillant, il n’essaie pas de casser notre énergie ou d’imposer sa patte. À mon avis le texte ne va pas bouger énormément, en tout cas Matthias n'a pas l'air de vouloir y toucher. La grande évolution devrait concerner le jeu : Matthias a envie de voir Pascal en train de fabriquer, trafiquer, produire la musique, il veut multiplier les micros pour me faire évoluer, bouger, incarner autrement. Ce genre de choses, qui vont dans le sens de notre travail. Et puis nous ajoutons quelques chansons. Nouveau(x) Monde(s) Ellis Island, le lieu, était d'abord un gigantesque centre de tri d'immigrants, mais il fallait quand même que l'arrivée aux Etats-Unis reste miraculeuse. C’est ce qui apparaît chez Perec, presque par défaut, et chez Brainard, avec la magie de la marque par exemple. C’est ce qui manque en Europe, la magie. Même si on rencontre toujours des gens qui croient que les rues de Paris sont pavées d’or, il n’y a pas vraiment de rêve européen, c’est d’abord un

montage technocratique. Et encore aujourd’hui, si tu demandes à Pascal ce qui l’intéresse dans ce projet que nous menons ensemble, il te dira qu’il est pétri de culture américaine, et que cette culture le fait tripper, tout simplement. L’Amérique, avant d’être un pays : c’est du rêve. Entretien réalisé par Stéphane Boitel, juillet 2014

création MUSIQUE - RÉCIT

9..11 oCTOBRE jeu.9, ven.10, sam.11 à 20:00 durée 1h00

première le 9 oct. 2014 au Garonne résidence et création à Garonne production avec le soutien du Conseil Général de l'Aveyron et de la Région Midi-Pyrénées d'après Les Récits d’Ellis Island de Georges Perec et Robert Bober composition des textes, voix et harmonica Eric Lareine musique, arrangements et guitare Pascal Maupeu mise en scène, regard extérieur Matthias de Koning ( Cie Discordia - Anvers) Retouvez Ellis Island également le 22 novembre 2014 au Parvis, Scène Nationale de Tarbes-Pyrénées production et production déléguée de la tournée théâtre Garonne - scène européenne - Toulouse coproduction Le Parvis - Scène Nationale Tarbes-Pyrénées /

résidence et création à Garonne en février et octobre 2014 Résidence de création au CouveNT (Auzits- 12)

et au Tracteur (Cintegabelle - 12) en Août 2014

Jeudi 26 mars 2015 Journée d’études à l’Université de Toulouse le Mirail - Jean Jaurès : "Autour des Récits d’Ellis Island de Georges Perec et Robert Bober : Lieux et non-lieux de mémoire, d’errance et d’exil" Débat sur la façon dont l'écrivain met en scène, à l’intérieur même de l’œuvre, différentes approches de la mémoire de l’exil. Le documentaire co-réalisé par Robert Bober et Georges Perec sera projeté pour l’occasion et le spectacle d’Éric Lareine et Pascal Maupeu sera également présenté, salle de la Fabrique, à l'Université.


L’Homme est une bête comme les autres mazùt

Baro d'Evel Cirk Cie Mazùt, c’est l’union somptueuse de deux artistes et la présence bienveillante d’un compagnon canin pour un hommage mémorable à l’instinct animal qui bouillonne dans nos veines. S’y tisse une métaphore chevaline filée d’une grande poésie qui "transporte" l’œil du public fasciné par le mariage éblouissant de la danse, des acrobaties circassiennes, du clown et du chant. Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias manifestent un engagement physique et intense total, une complicité palpable et un talent éclatant. Mazùt décline des images fortes et la voix de Camille Decourtye, émouvante et mystique, finit d’empoigner le cœur. Tous les arts contribuent à trouver "un mouvement primitif" et le plateau ne cesse d’être une toile mouvante où se dessinent des formes picturales empruntées « aux mystères de l’art naïf, de l’art des fous ou des graffitis de rue" et des jeux de lumière superbes. S’y additionne un univers sonore singulier avec lequel, goutte après goutte, le sens fait des ricochets d’une situation à l’autre. La compagnie franco-catalane Baro d’Evel offre assurément un moment circassien d’exception qui fait hennir de plaisir et mérite des applaudissements au galop !

DANSE - CIRQUE

16..25 OCTOBre jeu.16, sam.18, jeu.23, ven.24, sam.25 à 20:00 ven.17 à 19:30 durée 1h05 à partir de 10 ans

présenté par le théâtre Garonne et l'Usine (Tournefeuille - Toulouse Métropole) L'Usine a accompagné la compagnie pour Le sort du dedans en 2008, l'accueille en résidence en septembre 2014. et coproduit la prochaine création Bestias auteurs et artistes interprètes Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias collaborateurs Benoît Bonnemaison-Fitte, Maria Muñoz et Pep Ramis (Mal Pelo)

Julie Cadilhac, Bscnews.fr

Vendredi 17 octobre Rendez-vous professionnel à Garonne avec Pôle Cirque, dans le cadre de Focus Cirque. L'Institut français, en partenariat avec la Ville de Toulouse, la Région Midi-Pyrénées et la DRAC Midi-Pyrénées, met en place la deuxième édition du Focus Cirque, qui se tiendra cette année à Toulouse et à Auch. Le Lido, le Théâtre Garonne, la Grainerie, le Théâtre Sorano, Odyssud, le Théâtre National de Toulouse, L'Usine et le festival Circa se sont associés pour faire découvrir la vitalité et la diversité de la création contemporaine française dans le domaine des arts du cirque à des professionnels et programmateurs en provenance des cinq continents.

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production Baro d’evel cirk cie.

coproduction Pronomade(s) en Haute-Garonne,

Centre national des arts de la rue, Théâtre Mercat de les Flors - Barcelone, Le Canal – Centre d’arts scéniques de Salt-Girona, La Verrerie - Pôle national des arts du cirque Languedoc-Roussillon et le Festival Montpellier Danse 2012, le Festival La Strada à Graz (Autriche) et le réseau IN SITU dans le cadre du projet META avec le soutien de L’ Animal a l’Esquena à Celrà et de la Scène Nationale du Petit-Quevilly - Mont-Saint-Aignan

avec l’aide du Ministère de la Culture et de la Communication, de la DRAC Midi-Pyrénées, du Conseil Régional Midi-Pyrénées

et du Conseil Général de la Haute-Garonne

première le 3 juillet 2012 au Festival Montpellier Danse


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GARONNE EN MUSIQUE(S) Les perspectives du champ musical s’élargissent singulièrement cette saison. À la défense et illustration de l’immédiat contemporain de la musique d’occident vient s’adjoindre une présentation des musiques, non moins contemporaines, d’autres peuples et civilisations du monde. Une abondance que nous avons voulu mieux intégrer aux orientations et thématiques du théâtre. Ainsi, l’Instant Donné, au terme d’une résidence de deux saisons, devient ensemble associé, prolongeant entre autre, par son Hommage à Schumann (Kurtàg), la rêverie schumanienne du récital d’Adam Laloum, ou faisant écho au flamenco de Bernardo Sandoval par un programme ibérique rare. Les musiciens berbères feront entendre ce que la musique du compositeur marocain Ahmed Essyad doit à leur tradition, tandis que Thierry Pécou et Gaëlle Méchaly nous proposeront leur vision des chants séfarades. Enfin, chanteuses et musiciennes venues d’Ouzbékistan et du Kazakhstan, de l’Arctique sibérien et de Mayotte offriront un contraste saisissant avec la cinquième édition de Présences Vocales. Voilà qui devrait offrir belles découvertes, éclairages inattendus et bien sûr beaucoup de plaisir.

Poétesses d'Ouzbékistan et du Kazakhstan mardi 14 octobre à 20:00 avec Raushan Urazbayeva, vièle qyl-qobyz (Kazakhstan), Ulzhan Baibussynova, chant et luth dombra (Kazakhstan), Nodira Pirmatova, chant et luth dutar ( Ouzbékistan)

Ces poétesses venues d'Ouzbékistan et du Kazakhstan possèdent à la fois fierté guerrière, douceur féminine et noblesse nomade, de l'âpreté naît la plénitude, de la simplicité, la beauté. La poèsie héroïque, consistant en de longs textes en prose brodés de chants versifiés, s'est développée chez des peuples vivant sur un large territoire allant de la mer caspienne à la mer du Japon. C'est dans cet univers entre steppes et cieux que la musique fut inventée par le poète mythique KorkytAta, lui qui saura séduire la Mort par son chant, tout comme, Orphée convainquit Hadès de sa lyre. Le qyl-qobyz, vièle à deux cordes frottées, fut ainsi craint des siècles durant en tant qu'attribut sacré indispensable des baksy, ces chamanes dont Korkyt-Ata est considéré comme l'ancêtre. On attribuait au qobyz le pouvoir de chasser la maladie, de tenir la faucheuse à l'écart et bien sûr d'ouvrir la porte au monde des esprits. Dépositaire de la tradition chamanique par héritage familial, Raushan Urazbayeva maîtrise à la perfection le répertoire spécifique du qobyz, constitué de kuï, courtes pièces que l'on peut décrire comme des images musicales d'une personne, d'un animal, d'une légende, d'une réflexion philosophique ou d'un état émotionnel. Quant à l'art raffiné du shah-maqâm qui ne sera pas en reste au cours de ce concert, on dit qu'il ne se maitrîse, et même ne s'apprécie, qu'à l'âge mûr. Pourtant, avec la jeune Nodira Pirmatova, tout juste 25 ans, le souffle des steppes s'éteint doucement pour laisser place au chant raffiné des cours.


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Poétesses d'Ouzbékistan © Kamrouz


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Sefarad's

Chants séfarades revisités par Thierry Pécou Initié par Gaëlle Mechaly - Soprano À travers ce projet, mon souhait est d’inviter à un voyage dans cette mémoire intime empreinte d’une histoire ancestrale, de révéler l’intemporalité de ces mélodies et d’en faire une musique vivante. Je me suis tournée vers Thierry Pécou, compositeur passionné par les musiques qui viennent de traditions orales (…). J’ai aussi demandé à Stephan Grögler de nous rejoindre pour assurer la mise en scène où ombres et lumières, couleurs, mouvements et atmosphères rendront présent sur scène cet "Orient enchanteur", dans un entrelacs de chant, de résonances rythmées, qui se mêlent et se répondent. Conception musicale : Thierry Pécou - Compositeur Je voudrais créer un objet musical singulier, qui reflète d’un point de vue symbolique l’histoire personnelle de Gaëlle autant que l’histoire et l’âme complexe et diverse, d’un peuple tout entier. Accompagné par l'Ensemble Variances L’Ensemble Variances est un ensemble de musique d’aujourd’hui qui se situe au confluent d’esthétiques et d’univers artistiques différents. L’ensemble est forgé de solistes et chambristes du plus haut niveau, tous disponibles à la rencontre, l’expérience de l’inattendu. Mis en scène par Stephan Grögler À travers une disposition où les frontières de l’espace scénique traditionnel se confondent, je souhaite offrir au public l’intimité nécessaire à ce répertoire et lui donner ainsi une immédiateté d’écoute et d’émotion. Les spectateurs pourront se plonger dans un "songe éveillé" et se laisser emporter par la musique, le rêve ou le souvenir. • un programme présenté en partenariat avec France Musique • les concerts des 14 octobre, 14 mars et 8 avril sont présentés en partenariat avec le Théâtre Nîmes

(conseillère artistique : Françoise Degeorges)

• ce programme bénéficie du soutien de l’ONDA pour la diffusion de certains spectacle

MUSIQUE(S) Poétesses d'Ouzbékistan et du Kazakhstan (UZ-KZ) MARDI 14 octobre à 20:00

avec la collaboration de l'Aga Khan Music Initiative

Sefarad's Thierry Pécou - Gaëlle Méchaly Ensemble Variances DIMANCHE 23 novembre à 19:00

adam laloum Adam Laloum joue Schumann - Bach vendredi 23 et samedi 24 janvier à 20:30 en collaboration avec la Librairie Ombres Blanches

Hommage à Schumann / L'Instant Donné Schumann,Kurtág, Holliger VENDREDI 30 JANVIER à 20:30

Deba / Chants soufis des femmes de Mayotte SAMEDI 14 MARS à 21:00

Musique et Chants de la République Sakha (RU) MERCREDI 8 avril 8 à 20:00 soutenu par Made In Asia

Ibériques L'Instant Donné joue Roberto Gerhard Bernardo Sandoval Trio samedi 18 avril à 20:30

Galaxy Khmer Michael Laub & The Cambodian Space Project (BE-KH) vendredi 5 et samedi 6 juin à 20:30

Ensemble d'Ahouach Musiques traditionnelles berbères jeudi 11 et vendredi 13 juin à 20:30

Voix Interdites L'Instant Donné joue Ahmed Essyad vendredi 12 juin à 20:30


LE CYCLE PréseNcES VocaLES #2

Belcanto Luigi Nono, Olga Neuwirth, Mathias Spahlinger, Wolfgang Rihm DIMANCHE 1er févrierà 17:00

#1

MOUVEMENT PERPÉTUEL

Pendulum Choir #1

André et Michel Decosterd VENDREDI 14 novembre à 20h00 à Saint-Pierre-des-Cuisines

#3

Accroche Note François-Bernard Mâche, Philippe Manoury, Kaija Saariaho, Pierre Jodlowski VENDREDI 20 MARS à 20:00

Avec le festival Novelum

Le rituel vocal et futuriste d'une architecture humaine en mouvement.

#4

Massacre

Wolfgang Mitterrer, Peter Rundel, Ludovic Lagarde

14 ..17 avril - au THÉÂTRE DU capitole

mer.14, mer.15, ven.17 à 20:00 / dim.12 à 15:00 / durée 1h20

Massacre Remix Wolfgang Mitterrer, Elizabeth Calleo, Pierre Jodlowski

MARDI 14 avril À 22:00 - au THÉÂTRE DU capitole

#5

Iberia Codex las Huelgas, Guerrero, De Victoria, Harvey, Solano, Cardoso, De Magalhães, Chagas Rosa

MARDI 5 mai À 20:30 - à la cathédrale st étienne

Pendulum Choir est une œuvre chorale où le chœur, placé sur des plateformes inclinables, forme un ensemble mouvant, un corps sonore vivant dont les chanteurs sont les particules organiques. Les voix sont captées et transformées en temps réel en fonction de la fréquence et de l’amplitude. Partition à la fois musicale et plastique, Pendulum Choir est conçu comme un grand poumon, une architecture de flux, une puissante allégorie du souffle. Concert-performance de André et Michel Décosterd, pour 9 voix a cappella et 18 vérins hydrauliques Création en avril 2011 au Temple Allemand - La Chaux-de-Fonds (Suisse) Grand Prix 2013 du Japan Media Arts Festival Conception, construction et composition musicale André et Michel Décosterd Collaboration technique Jacques Décosterd et François Bommottet Jeune Opéra Compagnie - Les Voix Direction Nicolas Farine Ténors Wolfgang Behrenz, Alain Bertschy, Michel Mulhauser Barytons Davide Autieri, Sacha Michon, Christophe Gindraux Basses Francesco Biamonte, Michael Kreis, Christophe Mironneau

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verdi au congo Macbeth

Brett Bailey – Third World Bunfight Performing Cie(ZA)

Première venue à toulouse du sud-Africain Brett Bailey, qui télescope l'opéra shakespearien et l'histoire récente de l'afrique noire. À la suite du génocide rwandais de 1994, un million de réfugiés hutus et de génocideurs ont fui en République Démocratique du Congo, de l’autre côté de la frontière, où ils ont déstabilisé la région et provoqué des tensions ethniques et territoriales de basse intensité. Les guerres subséquentes et la violence continue ont causé la mort de 5,4 millions de personnes – le plus grand nombre de victimes de guerre depuis la Seconde Guerre mondiale. Sans compter les millions de personnes déplacées. Des milices aux affiliations ethniques et nationales se dissolvent et se réalignent. Des seigneurs de guerre émergent et rassemblent malfaiteurs et enfants soldats qui terrorisent les populations civiles. Le viol et l’esclavage sexuel sont un véritable fléau.

L’une des premières causes de la crise continue est l’immense richesse minérale de la région. Des milices rivales s’affrontent pour le contrôle des mines. Ils forcent les locaux, hommes, femmes et enfants à travailler dans les mines sous la menace des armes. Ils les rançonnent quotidiennement et leur laissent à peine de quoi survivre. Quand une nouvelle milice prend le contrôle de la mine, elle massacre, mutile et viole pour asseoir son pouvoir. Les enfants orphelins sont forcés à travailler dans les mines ou enrôlés dans les bataillons. Les taxes collectées servent à financer les opérations, et à acheter des armes et des munitions. Le système est maintenu en place par des membres de gouvernements voisins et par des sociétés multinationales qui s’approprient les minéraux de la région et réalisent des bénéfices considérables au cours des différents stades de production de biens électroniques et industriels et de bijoux. Ils investissent de l’argent liquide dans la zone de conflit et facilitent le transfert d’armes et de munitions aux milices. Ils sont parfaitement conscients des atrocités commises. Ils voient les flux de réfugiés civils. Ils voient leur déchirement. Mais il s’agit de dommages collatéraux. On ne peut pas être sentimental. Il y a du bénéfice en jeu. Et après tout, ces "habitants primitifs de la forêt congolaise" sont-ils vraiment des humains à part entière ? La première impulsion à monter ce spectacle est née du désir de situer Macbeth dans un contexte africain, comme je l’avais déjà fait avec Médée et Orphée. Je suis fasciné par la manière dont les choses (les religions, les philosophies, les modes culturels et les marchandises) échouent ou sont déversées sur les côtes africaines et dont on se les y approprie, les infiltre, les modifie et leur attribue de nouveaux usages. C’est dans ce même esprit que je voulais prendre l’opéra de Verdi qui parle de sorcellerie, de tyrannie, et de soif de pouvoir et le traiter de la même façon : me l’approprier, l’infiltrer, le modifier. J’ai imaginé l’opéra comme un monolithe architectural du XIXe siècle – une cathédrale coloniale – perdu dans la forêt ou la savane de l’Afrique centrale ; un souvenir d’une époque précédente, aujourd’hui en ruine, criblé de balles, recouvert de graffiti, s’écroulant sous le poids des plantes grimpantes. Brett Bailey


THÉÂTRE - OPÉRA 4..8 NOVEMBRE mar.4, mer.5 à 20:00 ven.7, sam.8 à 20:30 (relâche le jeu.6) durée 1h40

en italien surtitré

concept, adaptation et mise en scène Brett Bailey musique Fabrizio Cassol, adaptée de Macbeth de Verdi chef d’orchestre Premil Petrovic avec Owen Metsileng, Nobulumko Mngxekeza, Otto Maidi avec un choeur d'opéra sud-africain et l'Orchestre serbe "No Borders Orchestra" création lumière Felice Ross production Third World Bunfight (ZA) coproduction

Kunstenfestivaldesarts au KVS (Bruxelles),

Theaterformen (Braunschweig), The Barbican (Londres), Wiener Festwochen (D), La Ferme du Buisson, Festival d’Automne à Paris avec

le soutien du Programme Culture de l’Union Européenne, Artscape sous-titrage soutenu

par l'ONDA le théâtre Garonne est producteur

déléguée de la tournée / première en avril 2014 à Cape Town (Afrique du Sud)

MACBETH © Morne van Zyl & Brett Bailey

un projet House on Fire

le théâtre Garonne est producteur délégué de la tournée 2014-2015 Tournée 2014

17 et 18 octobre / Girone (ES)

22 et 23 octobre / Lisbonne (PT) 30 et 31 octobre / Tarbes

du 12 au 15 novembre / Strasbourg

du 18 au 22 novembre / Montreuil

les 25 et 26 novembre / Marne-la-Vallée 29 novembre / Douai

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TANT QU’IL Y AURA DES HOMMES Viejo, Solo y Puto Sergio Boris (AR)

Entre chien et loup, à l’heure de la traditionnelle poussée de fièvre du samedi soir… Voici cinq paumés, trois hommes et deux travestis, arpentant un labyrinthe d’étagères à moitié vides dans l’envers du décor d’une pharmacie au bord de la faillite, située au cœur d’une banlieue misérable à la périphérie de Buenos Aires. Ce soir, on arrose avec de la bière tiède, et autour d’une pizza napolitaine froide, le diplôme obtenu après dix ans d’études par Daniel (David Rubinstein), le benjamin laborieux et propre sur lui, le seul de la famille à jouer la carte de la normalité pour se retrouver enfin en situation de reprendre la direction de l’officine… alors que le père, excusé pour cause de poker, se prépare à mettre la clef sous la porte, et qu’Evaristo (Darío Guersenzvaig), l’aîné du clan, a opté depuis longtemps pour la débrouille et l’économie parallèle en transformant l’arrièreboutique en une salle de shoot pour travestis en manque d’hormones féminines. Tandis que Yulia (Marcelo Ferrari), vieille tapineuse à la carrure de déménageur, se refait une beauté après l’accident de travail d’un coup de rasoir reçu en plein visage, la jeune Sandra (Patricio Aramburu) arrange les franges de sa perruque entre deux scènes de ménage avec son maquereau Claudio (Federico Liss), qui prétend quant à lui travailler comme représentant de commerce dans un grand laboratoire pharmaceutique. Tous espèrent réussir à convaincre Daniel de ne rien changer à leurs habitudes, de les laisser picorer tranquillement dans le stock d’amphétamines et de continuer à leur faire crédit quant à la fourniture de ces fameuses piqûres qui transforment les corps de Yulia et Sandra en créatures utopiques. Comédie trash et descente aux enfers dans les bas-fonds de la nuit travestie argentine, la pièce de Sergio Boris concilie le réalisme du documen-

taire avec une connaissance accomplie de l’art du théâtre et une approche dynamique, quasi cinématographique, d’un montage textuel qui fait rebondir la tension dramatique de scènes en scènes. Suivre la piste de ces trois champs de force se justifie dès lors que l’on se penche sur le parcours multimédia d’un homme qui cumule dans ses engagements d’artiste les bonheurs d’être à la fois acteur, auteur et metteur en scène et ne cesse de récolter une moisson de prix en œuvrant dans les trois disciplines. Sur notre vieux continent, c’est le metteur en scène Ricardo Bartís, ambassadeur de la nouvelle scène théâtrale sud-américaine, qui nous fit découvrir Sergio Boris comme acteur au fil de ses participations à des festivals internationaux avec des spectacles comme El Pecado que no se puede nombrar (1998), ou La Pesca (2008). Cette activité ne témoigne évidemment que de la partie émergée de l’iceberg, s’agissant d’un homme qui multiplie les collaborations avec le cinéma en figurant à l’affiche des films de réalisateurs argentins tels que Paula de Luque (Juan y Eva, 2011), Daniel Burman (El Abrazo partido, 2004, pour lequel il obtint le prix du Meilleur acteur au festival de cinéma de Tandil), Ariel Rotter (Solo por hoy, 2001) ou Luis Zembrowski (Marginal, 1997). Avec Sergio Boris, on devra donc se résigner à avoir le sentiment de prendre le train en marche… Si l’on sait qu’il monte Bohemiaen 2001 (le texte a reçu en 1998, le Premier prix de dramaturgie du Fondo Nacional de las Artes) puis El Perpetual Socorro et El Sabor de la derrota en 2004 (cette pièce ayant été honorée du Premier prix de dramaturgie au Festival Internacional de Buenos Aires). Créé en 2012, Viejo, Solo y Puto n’échappe pas à la règle… Le spectacle fut distingué par le Grupo de Estudios de Teatro Ibero americano y Argentino à


plusieurs titres, Sergio Boris recevant pour l’occasion le prix de la Meilleure mise en scène, Gabriela A. Fernández celui de la Meilleure scénographie et David Rubinstein celui du Meilleur comédien.Sans qu’elle lui soit propre, la méthode de travail inventée par Sergio Boris reste exemplaire, s’agissant d’un théâtre où l’ambition est d’utiliser des éclats du réel pour en faire des marqueurs signifiants afin d’épauler dans une âpre osmose les motifs de la fiction proposée. Multipliant les expériences avec sa petite troupe d’acteurs, l’auteur et metteur en scène ne se contente pas du statut très en vogue "d’écrivain de plateau". Ainsi, même si le projet se construit durant des séances d’improvisation, cette étape ne constitue qu’une base structurante pour souder l’équipe avant qu’elle ne quitte l’espace pro-

Objet aussi décadent que

routiers épuisés. Au final, le produit de ce making of est donc une construction hybride pareille à un puzzle où chaque élément trouve sa place dans un équilibre idéal. Un théâtre ultra-sophistiqué où l’outrance s’accroche comme un morpion au fil du réel, où l’ambiance se joue dans les menaces d’une intrigue à la Pinter tandis que l’étouffant huis clos se déroule dans l’enfermement d’un espace comme seul Kafka savait les imaginer. Objet aussi décadent que sublime, aussi cultivé et littéraire qu’elliptique, cette pièce est un petit bijou de savoir-faire servi par une troupe d’acteurs d’exception. Dans l’invention de cette touchante compagnie des hommes qui nourrit ses fantasmes dans les reflets lunaires de l’eau sale des caniveaux, Sergio Boris fait une entrée fracassante sur les scènes européennes. Patrick Sourd

sublime, aussi cultivé et

(Journaliste, extrait du programme du Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles, mai 2014)

littéraire qu’elliptique, cette pièce est un petit bijou de savoir-faire servi par une troupe d’acteurs d’exception. tégé de la cage de scène des répétitions pour se lancer dans une enquête sur le terrain, qui l’amène à se rendre sur les lieux de prédilection où se mêlent les usagers de la drogue et les clients de la prostitution. Un reportage in vivo qui leur permet de témoigner à travers des dialogues réalistes des enjeux quotidiens de cet outre-monde qu’il n’est pas question de caricaturer. En écho à l’univers délétère du film Affreux, sales et méchants signé par Ettore Scola en 1976, la pièce de Sergio Boris, Viejo, Solo y Puto (Vieux,seul et pute) s’affirme comme une dédicace aux comédies italiennes écorchées vives des années 70. L’échappée belle d’un théâtre documentaire qui, tout en puisant son inspiration dans l’observation d’une faune ne sortant que la nuit, y voit le prétexte à témoigner d’un monde aussi pur que celui des midinettes des romans à l’eau de rose rêvant du grand amour… Sauf qu’ici, ça se déroule entre deux passes sordides accomplies sur un parking rempli de

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THÉÂTRE

19..22 NOVEMBRE mer.19, jeu.20 à 20:00 vend.21, sam.22 à 20:30 durée 1h10 en espagnol surtitré

le théâtre Garonne et Ligne Directe sont producteurs délégués de la tournée 2014-2015 mise en scène Sergio Boris avec Patricio Aramburu, Marcelo Ferrari, Darío Guersenzvaig, Fédérico Liss, David Rubinstein assistants à la mise en scène Jorge Eiro et Adrián Silver traduction française Christilla Vasserot La compagnie est représentée par

Ligne Directe / Judith Martin (www.lignedirecte.net) /

première en septembre 2011 à Buenos Aires (Argentine)

Tournée 15 et 16 novembre 2014 / Girone (ES)


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Viejo, Solo y Puto Š Brenda Bianco


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Nouveau monde Pindorama / Lia Rodrigues

(BR)

Pindorama est le nom du Brésil avant l’arrivée des Portugais. J’ai lu chez un historien brésilien que lorsque les Portugais sont arrivés dans leurs caravelles, par la côte, ils ont d’abord décrit une "terre vide". En fait, il y avait 5 millions d’habitants, qui occupaient la terre d’une manière que les colonisateurs n’étaient pas capables de voir. Ce qu’ils voyaient comme une terre vide était une terre habitée, cultivée. Pour moi, il s’agit d’une métaphore très importante : c’est l’idée que lorsqu’on ne reconnaît pas, on ne voit pas. Lorsqu’on ne connaît pas la culture de l’autre, l’autre n’existe pas. Soit la différence est niée, soit elle constitue une menace qu’il faut éradiquer. Que peut-on faire sur une terre vide ? On peut tout faire, tout est possible ! Les habitants ne sont rien, ce sont des inférieurs. La culture, la subjectivité, la création des habitants est complètement niée. Pour moi, tout cela fonctionne comme une forte métaphore pour réfléchir à propos de l’autre. D’où vient ce désir de domination, de destruction, et comment inventer autre chose ? D’un autre côté, cela m’amène au Brésil contemporain, et à la place que le Brésil occupe dans l’imaginaire : on a le sentiment, à l’étranger, que c’est un pays en pleine croissance – que tout va bien. Mais le pays est construit sur une sorte de bulle économique très dangereuse, qui risque d’exploser à tout moment. La coupe du monde qui va avoir lieu ici en est un très bon exemple : l’argent coule à flot, alors que par ailleurs, la situation de millions de personnes est très compliquée et que les inégalités ne cessent de croître. Je le vois très bien en travaillant ici, dans la favela de Maré. Le quartier commence tout juste à être "pacifié" par la police, mais par ailleurs, les habitants manquent de tout.

Avec toujours moins de moyens scéniques, Lia Rodrigues crée toujours plus d’émotions. Sa volontaire modestie, son artisanat deviennent des partis pris esthétiques : une bâche en plastique transparent, de l'eau, des corps nus, le silence. La pauvreté du dispositif est inversement proportionnelle à sa force émotionnelle. Le Figaro

Avec Lia, c'est une amitié de 35 ans, on s'est connues très jeunes, elle arrivait du Brésil, elle a travaillé trois ou quatre ans avec nous. Elle est repartie au Brésil avec la ferme intention de construire quelque chose là-bas. Elle a mis du temps à le faire, parce que ce n'était vraiment pas simple, et puis petit à petit, parce qu'elle a du talent et de la persévérance, elle est arrivée à construire son propre travail. Elle a été repérée par les occidentaux, ce qui l'a aidée à construire là-bas quelque chose, elle s'est investie dans un lieu, dans un festival qu'elle a monté de toutes pièces et qui a duré 10 ans, et dans cette favela Lia Rodrigues, avec les gamins. Chez Lia, la question politique est Entretien réalisé par Gilles Amalvi pour le Festival constamment présenté. d’Automne à Paris 2013 (extrait) Maguy Marin, août 2014


DANSE

21..23 NOVEMBRE ven.21 à 20:00

sam.22 à 17:00 et 20:00 dim.23 à 17:00

durée 1h20

création Lia Rodrigues dansé et créé en étroite collaboration avec Amalia Lima, Leonardo Nunes, Gabriele Nascimento, Francisco Thiago Cavalcanti, Clara Castro, Clara Cavalcante, Felipe Vian, Dora Selva, Glaciel Farias, Luana Bezerra, Thiago de Souza avec la participation à la création de Gabriela Cordovez

coproduction Festival d’Automne à Paris, Théâtre National de Chaillot, Théâtre Jean Vilar de Vitrysur-Seine, La Briqueterie - CDC du Val-de-Marne, KING’S FOUNTAIN, Kunstenfestivaldesart en

coréalisation avec le Kaaïtheater - Bruxelles, HELLERAU - European Center for the Arts PINDORAMA © sammi landweer

Dresden(D) Lia Rodrigues Companhia de Danças est soutenue par Petrobrás et le

Ministère de la Culture du Brésil, dans le cadre

du programme Petrobrás Cultural - aide au projet

de fonctionnement et création 2012/2013 - en partenariat avec Redes da Maré résidence de

création au Théâtre Jean-Vilar de Vitry , dans

le cadre d'un compagnonnage soutenu par le

Conseil Régional d’Ile-de-France première le 14 nov. 2013 au Théâtre Jean Vilar (Vitry)

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Première traversée cet automne à travers des paysages habités par des récits de vies ordinaires, plongées dans les ténèbres de la guerre, de la destruction, de l'exil et de la barbarie. Des récits comme autant de "descriptions d'une lutte à laquelle toutes les composantes de l'âme prennent part", pour reprendre les mots de Kafka. Ce premier paysage s'ouvre sur l'Europe : on y croisera des chants séfarades millénaires, à la lumière de l'écriture d'aujourd'hui du compositeur Thierry Pécou et de la voix enfouie dans l'enfance de la soprano Gaëlle Mechaly pour rappeler l'exil des juifs d'Espagne ; l'Histoire d'une vie, celle de Aharon Appelfeld cherchant sa propre langue à travers les chemins noirs de la seconde guerre mondiale, dans la vision du metteur en scène Bernard Levy et l'interprétation de l'envoûtant Thierry Bosc ; le questionnement sans fin qu'Annie Zadek n'a pas posé aux siens, accompagné par Hubert Colas et ses fidèles acteurs ; et enfin, la lecture par Jacob Haggaï de l'immense À pas aveugles de par le monde de Leïb Rochman.

dans Ce silence était cachée mon âme HISTOIRE D'UNE VIE

d'Aharon Appelfeld par Bernard Levy avec Thierry Bosc "(...) J’ai vécu deux ans dans les champs, entouré de forêts. Il y a des visions qui se sont gravées dans ma mémoire et beaucoup a été oublié, mais la méfiance est restée inscrite dans mon corps, et aujourd’hui encore je m’arrête tous les quelques pas pour écouter. La parole ne me vient pas facilement, et ce n’est pas étonnant : on ne parlait pas pendant la guerre. Chaque catastrophe semble répéter : qu’y a-t-il à dire ? Il n’y a rien à dire. Celui qui a été dans un ghetto, dans un camp ou dans les forêts, connaît physiquement le silence. Durant la guerre on ne débat pas, on n’insiste pas sur les divergences. La guerre est une serre pour l’attention et le mutisme. La faim, la soif, la peur de la mort rendent les mots superflus. À vrai dire, ils sont totalement inutiles. Dans le ghetto et dans le camp, seuls les gens devenus fous parlaient, expliquaient, tentaient de convaincre. Les gens sains d’esprit ne parlaient pas. (...) Avec le même sens que celui des aveugles, j’ai compris que dans ce silence était cachée mon âme et que, si je parvenais à le ressusciter, peut-être que la parole juste me reviendrait. (...)" Extrait de Histoire d'une vie de Aharon Appelfeld

Aharon Appelfeld est né en 1932 à Czernowitz en Bucovine. Ses parents, des juifs assimilés influents, parlaient l’allemand, le ruthène, le français et le roumain. Quand la guerre éclate, sa famille est envoyée dans un ghetto. En 1940 sa mère est tuée, son père et lui sont séparés et déportés. À l’automne 1942, Aharon Appelfeld s’évade du camp de Transnistrie. Il a dix ans. Recueilli en 1945 par l’Armée rouge, il traverse l’Europe pendant des mois avec un groupe d’adolescents orphelins, arrive en Italie et, grâce à une association juive, s’embarque clandestinement pour la Palestine où il arrive en 1946. C’est le début d’un long apprentissage. Pris en charge par l’Alyat Hanoar, il doit se former à la vie des kibboutzim et apprendre l’hébreu. Suivent l’armée (en 1949) et l’université (1952-1956) où il choisit d’étudier les littératures yiddish et hébraïque, ainsi que la mystique juive. À la fin des années 1950, il décide de se tourner vers la littérature et se met à écrire, en hébreu, sa "langue maternelle adoptive". À la fin des années 1980, Philip Roth découvre son œuvre avec émerveillement et fait de lui l’un des personnages de son roman, Opération Shylock.


J’ai découvert l’œuvre d’Aharon Appelfeld il y a plus de 10 ans. La complexité de son univers fictionnel, la simplicité de sa langue et la sensibilité de ses interrogations me touchent à chaque nouveau livre que je lis. En 2004, paraissait Histoire d’une vie, son premier livre explicitement autobiographique. Je fus frappé par la force du combat qu’il y décrit : son combat pour devenir écrivain en acceptant ce qu’il est et d’où il vient. C’est ce parcours que je désire aujourd’hui mettre sur scène. Je ressens une proximité unique avec cet écrivain. Ce qu’il écrit fait sans doute écho à ma propre vie, non dans les faits bien sûr, mais dans cette volonté farouche de s’arracher à tout déterminisme en écrivant sa propre histoire. Lui par la littérature, moi par le théâtre. À travers la voix d’un acteur, la musique, si présente dans l’œuvre d’Appelfeld, le mélange des sons et des langues, on pourra faire entendre et amplifier cette écriture unique et donner à voir le combat d’un homme traversé par des forces contradictoires. Paradoxalement, du récit d’une vie si singulière se dégage l’universalité de la quête menée par tout homme : la quête d’une histoire individuelle et personnelle que l’on construit à la fois avec et contre les déterminismes historiques et culturels.

CRÉATION THÉÂTRE

26..29 NOVEMBRE mer.26, jeu.27 à 20:00 ven.28, sam.29 à 20:30 d’après le livre éponyme d’Aharon Appelfeld Prix Médicis étranger 2004 traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti. (Éditions de l’Olivier et Points) mise en scène Bernard Levy assisté de Jean-Luc Vincent adaptation Jean-Luc Vincent et Bernard Levy avec Thierry Bosc production déléguée

Scène Nationale de Sénart coproduction Compagnie Lire aux éclats, MC2 - Grenoble, L’Espace des arts - Scène Nationale de Chalon-sur-Saône, Scène Nationale d’Albi, La Passerelle - Scène Nationale de Saint-Brieuc, Scène Nationale de Sénart La compagnie Lire aux éclats est subventionnée

par la DRAC Île-de-France

première en novembre 2014 à la Scène Nationale de Sénart

Bernard Levy, Jean-Luc Vincent

À PAS AVEUGLES DE PAR LE MONDE de Leïb Rochman Lecture mise en espace par Jacob Haggaï jeudi 27 NOVEMBRE À 18:30 entrée libre

À pas aveugles de par le monde, Leïb Rochman a mis des années à l’écrire. C’est une expédition pour découvrir des mots, des phrases, des rythmes, qui puissent épuiser le contenu d’une âme jusque dans ses plus petits détails. En ce sens, il n’y a pas dans la littérature juive de livre qui puisse lui être comparé. En ce qui concerne l’écrivain, il ne s’agit pas de l’énoncé lui-même, mais du surgissement des plus petits détails, du choix des mots, des phrases, des images. Et sous ce rapport, Leïb Rochman a donné naissance à une prose nouvelle, dont la signification concrète est une phrase nouvelle. Aharon APPELFELD

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AMICALEment vôtre... Cheval & germinal

deux spectacles de l'amicale de production L'AMICALE DE PRODUCTION EST UNE STRUCTURE MIXTE, PAS TOUT À FAIT UN BUREAU DE PRODUCTION, PAS UNE COMPAGNIE NON PLUS : UNE COOPÉRATIVE DE PROJETS que nous accueillons pour la première fois cette saison Avec deux spectacles.

Germinal

Halory Goerger – Antoine Defoort (FR-BE)

TITRES NON RETENUS :

walk man

ponts et chaussées tout l’univers civilisation

gros œuvre

il y a des règles SPQR

plan directeur panspermie socialisme code civil

Germinal, tentative à la fois follement ambitieuse et totalement dérisoire de créer un monde ex nihilo depuis la boîte noire du théâtre, tient cependant moins du Livre de la Genèse que de la devise des Shadoks selon laquelle "au début, il n’y avait rien. Enfin, ni plus ni moins de rien qu’ailleurs."(...) Germinal commence comme une pantomime, évolue en poésie sonore, vire en mode chant (avec une séquence hilarante à la Jacques Demy), s’exerce à la dialectique, blablate physique quantique et flirte avec la métaphysique. (...) L’humour Goerger-Defoort, Bouvard et Pécuchet de l’ère Google, tient dans cette façon de mettre sur le même plan des registres de langues différents, des choses triviales et des grandes théories, un son et une idée, avec un art consommé de la digression sauvage et des juxtapositions absurdes. (...) Ce qui au départ devait être un spectacle autour de "la liturgie funéraire expérimentale" s’achève dans un marigot au milieu des gravats avec un fond d’écran sinistre, la réalité disparaissant derrière une fine pellicule numérique. Mais le "bonheur d’être ensemble" est, lui, intact.

Marie Lechner, Libération, 14 avril 3013


Antoine Defoort C’est quelqu’un, pas plus artiste que vous et moi, qui essaye de maintenir une bonne ambiance et un taux de porosité élevé entre ses lubies de saison, la vie, la vraie, et l’art contemporain. Il se retrouve donc souvent aux prises avec des contradictions flagrantes qui sont soit fièrement assumées, soit honteusement dissimulées au moyen de sauts du coq à l’âne et de digressions sauvages. Il conçoit en général des pièces de manière autonome (vidéos, films, son, installations, textes...), pour les agencer ensuite lors de performances transdisciplinaires hétéroclites et anti-thématiques, dans lesquelles le "jeanfoutre" cohabite avec le bien foutu et le tragique côtoie l’incongru. Il a cofondé l’amicale de production.

Julien Fournet Diplômé en bricolage culturel. Monte et démonte les ressorts des productions artistiques. Très concentré un peu maniaque. A l’origine une formation en philosophie qui s’incarne dans le développement de projets artistiques singuliers en tant qu’assistant, scénographe, vidéaste ou "tennis-partner". Dirige très sérieusement l’amicale de production (coopérative administrative, lieu de rencontres, d’édition et de développement de projets). Par ailleurs, organise des événements avec le cinéma et les arts performatifs et appartient au collectif France distraction (installations plastiques).

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CHEVAL © DR

Halory Goerger J’écris des spectacles et je conçois des installations au lieu de construire des maisons, parce que c’est mieux comme ça pour tout le monde. Je travaille sur l’histoire des idées, parce que tout était déjà pris quand je suis arrivé. Je construis des systèmes spectaculaires en vase clos, qui sont autant de petites maisons Bouygues dans lesquelles je ne voudrais pas vivre, sauf s’il y avait le feu dedans. Le discours y tient lieu de ciment, pour faire tenir une forme qui se construit en direct, et se consume le temps de la représentation. Dans chacune de mes opérations, l’indigence absolue flirte avec la rigueur formelle, dans un rapport détendu aux pratiques artistiques, et avec le souci d’en sortir vivant. J’ai cofondé l’amicale de production.


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Cheval

Antoine Defoort – Julien Fournet (FR-BE) On s’est appliqué à concevoir ce spectacle comme un traité abstrait du ricochet au cours duquel on essaye de faire rebondir des objets mous (idées, concepts ou stratagèmes) sur des surfaces dures (écrans, guitares ou piano). CHEVAL nous apparaît être un bon titre d'abord parce que c'est un bon titre, et deuxièmement parce qu'on y retrouve cette dualité trivial/majestueux qu'on affectionne tant. En outre, c'est très pratique de pouvoir parler d'un spectacle comme d'une bête, de pouvoir le trouver fougueux, ou malade, pénible, capricieux, ou doux. Pour donner un tour dramatique à l'ensemble, on a convoqué sans vergogne des morceaux de musiques émouvants, mais pour dédramatiser un tant soit peu, on s'est attaché à les torturer, avec bienveillance toutefois, mais sans vergogne non plus. Laissez-moi vous donner une idée de la manière dont ce spectacle va se dérouler en faisant la liste des résolutions que j'ai prise pour sa conception : 1ère bonne résolution pour le spectacle : On traite du rebond, des bruits de la vie et d'autres trucs en restant dans une matérialité au mieux plastique, au pire spectaculaire. 2ème bonne résolution : Je m'amuse comme un fou à mettre au point un dispositif technique ambitieux. 3ème bonne réso : J'arrête d'expliquer les choses sans arrêt comme un maniaque. 4ème B.R.: J'arrête de me faire emmerder par les dispositifs techniques à la con qui foirent tout le temps. 5ème: Ma posture sera idéalement une sorte d'iconoclastie jeanfoutre et néanmoins pertinente, tout en prenant garde à rester bienveillant, voire consensuel. 6ème bonne réso.: Je persévère un peu pour cette histoire de dispositif technique. 7ème : Je vise aussi une certaine cohérence entre les différentes phases de réalisation, i.e. si on rigole (au sens large) le jour J, c'est qu'on aura rigolé (au sens large) avant. Antoine Defoort

Cheval THÉÂTRE 5..6 DÉCEMBRE ven.5, sam.6 à 20:00 durée 1h00 concept, réalisation et interprétation Antoine Defoort et Julien Fournet régie générale Maël Teillant régie son François Breux Le vent dans les cheveux Laurent Plessiet coordination & diffusion Mathilde Maillard production l’amicale de production

coproduction L’L - lieu de recherche et d’accompagnement à Bruxelles et Le Vivat - Scène conventionnée d’Armentières

avec le soutien de La Malterie - Lille, DRAC Nord Pas-de-Calais, Wallonie-

Bruxelles International - Agence Wallonie-Bruxelles Théâtre - Danse spectacle créé en 2007

Germinal THÉÂTRE 16..19 DÉCEMBRE mar.16, mer.17, jeu.18 à 20:00 ven.19 à 20:30 durée 1h15 conception Halory Goerger et Antoine Defoort avec Arnaud Boulogne, Ondine Cloez / Beatriz Setién, Antoine Defoort / Denis Robert, Halory Goerger / Sébastien Vial et la voix de Mathilde Maillard production l’amicale de production coproduction La Biennale de la Danse de Lyon, Les Subsistances - Lyon, Kunstenfestivaldesarts Bruxelles, Buda Kunstencentrum - Courtrai, Kunstencentrum Vooruit - Gand, Le Vivat - Scène conventionnée danse et théâtre - Armentières, Le Phénix – Scène Nationale Valenciennes, Le Manège - Mons (CECN - Technocité), Alkantara Festival (Lisbonne), Le TnBA - Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine, Le Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy Lorraine, Festival Baltoscandal (Rakvere, Estonia), Noorderzon, Groningen (PaysBas), Rotterdamse Schouwburg - Rotterdam et NXTSTP avec le soutien du Programme Culture de l’Union Européenne.


spores de combat MUSH-ROOM

Grace Ellen Barkey & Needcompany (BE) Original Music by The Residents (USA)

un spectacle conçu comme un trip de substances plus ou moins recommandables, par une troupe d'interprètes inépuisables.

A nouveau. Apprendre.

Dans mes spectacles, la discussion porte sur la matière ou l’émotion, sur le réel ou le surréel, sur la forme ou le contenu, en un va et vient, ou mieux, en un mouvement circulaire : les performers sont dépouillés de leur humanité, leur corps prend des formes grotesques et devient matière, l’émotion devient si forte qu’elle impose le silence et devient image, pour aboutir une fois de plus à l’intimité et à la maladresse qu’est en réalité l’être humain. Au bout du compte, dans le théâtre (de danse), c’est le regard qui compte: le spectateur peut déterminer lui-même si ce sont des larmes ou la pluie et le vent.

Contempler. Combattre. Combattre c’est bien ; si nous ne combattons pas, nous mourons. Fait : combattre pour vivre vraiment.

Grace Ellen Barkey

Fait : vivre pour combattre. Mais pas pour nous faire mal. Au contraire. Extrait du Manifeste MUSH-ROOM (une introduction au spectacle)

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MUSH-ROOM Š Phile Deprez

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MUSH-ROOM est une histoire basée sur des images. Une narration implosée qui menace d’exploser. Car les images sont des histoires condensées, ou dans ce cas, des colis explosifs artistiques. Et n’hésitez pas à ouvrir ce colis. Le spectacle, cet explosif, fermement coincé dans votre main. Allumez la mèche puis tenez bien. (...) Il y a de la confusion ? Parfait. Car je n’ai pas encore terminé. Quand le théâtre est-il politique ? Je ne parle pas du théâtre qui parle de politique, mais du théâtre politique. Lorsque chacune de ses fibres en appelle à l’engagement, évidemment. Barkey appelle à cet engagement. Elle hurle. Voulons-nous hurler avec elle ? Il est nécessaire d’être exposé à l’irrationnel. C’est la seule façon de nous confronter courageusement et énergiquement à un monde qui n’a pas toujours du sens. Serions-nous arrivés sur la lune sans Le voyage dans la lune de Méliès et la fusée dans son oeil ? L’imagination est une plateforme de grande valeur pour rendre possible ce qui semble impossible. Et comme la manière dont un rêve est parfaitement logique quand on y est plongé, le monde de Grace Ellen Barkey est doté de sa logique propre, qui en appelle directement à nous, en tant qu’être humain. A la terre et au feu ! Aux muscles, au sang, à la peau et aux os ! MUSH-ROOM pas comme un miroir de notre société, mais comme miroir d’un univers souterrain fantastique, longeant le nôtre, qui en est le reflet. Quelque part en Champignonie vivent les Tribus Unies des Snotrooms et des Mushlings. Ils dansent, hurlent et combattent jusqu’au bout de la nuit. Grace Ellen Barkey et Lot Lemm ont construit un container. Une grande installation, mouvement perpétuel, où les formes de champignons planent sur les accords combattifs de The Residents. Une machine de guerre qui part à l’assaut du public pendant une heure et demie. Ce soir, c’est la guerre et nous combattons parce qu’il le faut. Stef Lernous

THÉÂTRE - DANSE 4..6 DÉCEMBRE jeu.4 à 20:00 ven.5, sam.6 à 20:30 durée 1h20

chorégraphie, mise en scène, texte Grace Ellen Barkey concept visuel Lemm&Barkey musique The Residents créé et dansé par Sung-Im Her, Romy Louise Lauwers, Benoît Gob, Maarten Seghers, Julien Faure, Mohamed Toukabri, Catherine Travelletti installations et costumes Lot Lemm dramaturgie Elke Janssens production Needcompany coproduction PACT Zollverein (Essen) & Internationales Figurentheater-Festival (Erlangen) avec le soutien des autorités flamandes / première le 22 mars 2013, PACT Zollverein, Essen (D) CD MUSH-ROOM avec des nouvelles compositions créées par The Residents pour le spectacle MUSH-ROOM de Grace Ellen Barkey & Needcompany est sorti chez ©The Cryptic Corporation, en vente lors des concerts de The Residents et lors des tournées théâtrales de MUSH-ROOM

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de Lemm&Barkey dispositif vidéo, présenté parallèlement à MUSH-ROOM dans les galeries du théâtre Des silhouettes surgissent d’un monde délirant peuplé de majestueux souverains en sousvêtements royaux et coiffes de papier, de voluptueuses princesses aux bustes de porcelaine en crinolines rayonnantes et d’animaux chatoyants qui effectuent naïvement des actes humains.

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Questions aux fantômes nécessaire et urgent

Annie Zadek – Hubert Colas – Diphtong Cie Pourquoi sont-ils restés sur place ? Pourquoi ne sont-ils pas partis ? Parce que c’était leur terre natale ? Qu’ils étaient nés dans ce pays ? Qu’ils voulaient s’y faire enterrer ? Qu’ils n’avaient nulle part où aller ? Qu’ils ne pouvaient pas se résoudre à abandonner leur foyer ? Qu’ils ne pouvaient pas imaginer ce qui allait leur arriver ? Étaient-ils si mal informés ? N’écoutaient-ils pas la radio ? Ne lisaient-ils pas les journaux ? Ne lisaient-ils que "Les Commentaires" de Rachi ? N’avaient-ils donc pas compris ? Étaient-ils à ce point crédules ? Furent-ils si faciles à duper ? Avaient-ils déjà oublié ? Les signes avant-coureurs avaient-ils manqué ? (…) Extrait de Nécessaire et urgent


Il y a dans ce texte une nécessité de prendre la parole et de dire. Et c’est une nécessité vivante. C’est ce qu’on cherche avec les acteurs, trouver la vie du texte, dans l’espoir qu’il pose des questions qui n’ont jamais été posées. Ce sont plus de 500 questions que je n’ai pas posées aux miens, sur eux et sur leur exil de la Pologne. En 1937, ils sont partis. Et comme cette génération de juifs polonais et communistes, ils sont venus en France. Pas tant à ce moment-là pour fuir les nazis que pour échapper à l’enfermement dans une vie qui ne leur offrait aucun avenir. Beaucoup de gens s’exilent, partent, juste parce qu’ils ne peuvent pas vivre dans l’endroit où ils sont nés. Ils m’ont éduqué à la française républicaine. On ne disait rien, rien sur rien, sur la vie d’avant. Et bien entendu, ça me convenait parfaitement. Un enfant pense à ces questions mais ne les posent pas. Je pense que si je l’avais fait, si j’avais questionné, ils n’auraient pas pu répondre ou pas répondu pour m’épargner. Comment dire aux enfants : "On est parti. On voulait vivre autrement. On a laissé nos parents. On a tout laissé." ? Ils sont partis pour vivre leur jeunesse et leur engagement politique et intellectuel. Annie Zadek dans l’Atelier fiction, émission animé par Blandine Masson, France Culture

Quand cette forme − à la fois supplice, questionnaire policier et QCM – s’est imposée à moi comme nécessaire, urgente et... poétique, je me suis dit que j’étais en train d’écrire un manuel pour séances de spiritisme : l’écrivain n’est-il pas une sorte de médium, celui qui, au sens propre, "fait parler les morts", les pogromés, les négationnés, les disparus sans sépulture ni "dernières paroles" ? Extrait de l’entretien avec Annie Zadek par Liliane Giraudon

Tournée 1er-2 sept 2014 / création / La Bâtie -Festival de Genève (CH) 28-29 octobre 2014 / Montréal (CAN) 9-13 décembre 2014 / Toulouse 27 mars 2015 / Théâtre d’Arles 21-25 avril 2015 / Marseille

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Hubert Colas, juin 2014

CRÉATION THÉÂTRE

9..13 DÉCEMBRE

mar.9, mer.10, jeu.11 à 20:00 ven.12, sam.13 à 20:30

durée 50 min env

présenté par le théâtre Garonne et les Théâtres Sorano - Jules Julien coproduction, résidence et 1ère française à Garonne

Nécessaire et urgent de Annie Zadek (Bâzâr Éditions) mise en scène et scénographie Hubert Colas avec Bénédicte Le Lameret, Thierry Raynaud assistanat mise en scène Sophie Nardone production Diphtong Cie coproduction La Bâtie-Festival de Genève, Théâtres Sorano / Jules Julien - Toulouse, théâtre Garonne - scène européenne - Toulouse, Théâtre des 13 vents - Centre dramatique national - Montpellier avec le soutien du Carreau du Temple - établissement de la

Ville de Paris, de la Ménagerie de Verre dans le cadre du Studiolab et de

montévidéo - centre de créations contemporaines - Marseille Diphtong Cie est conventionnée par le Ministère de La Culture et de la Communication Direction Régionale des Affaires Culturelles de Provence Alpes Côte d’Azur, la Ville de Marseille, le Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur, le Conseil Général des Bouches-du-Rhône première le 1er sept 2014 à La Bâtie-Festival de Genève

première française le 9 déc. 2014 à Garonne

Retrouvez Texte M de Hubert Colas au Théâtre Sorano les 19 et 20 mars 2015 et LE FESTIVAL ACTORAL du 4 au 7 au Garonne et au Sorano


LE 6 ème JOUR © Christophe Raynaud de Lage

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BIENVENUE AU BIVOUAC

¨ À L'USINE) (nOel Dossier réalisé par Jean-Pierre Thibaudat

Ne tardez pas, car, par nature, le bivouac ne dure pas. Campement de militaires ou de saltimbanques, on y vit, on y mange, on y dort, on y fait ce qu’on a à faire. Les militaires craignent l’intrusion d’un corps étranger dans le champ du bivouac, les saltimbanques ne demandent que ça. Les uns se méfient de la nuit, les autres la désirent, lui font la fête. Tôt ou tard, on plie tente, chapiteau, baraque et bagages. On reprend la route. Caravane ou camion, minibus ou camionnette. Le public rentre chez lui. On a fait des connaissances, on a retrouvé des amis, on a vu des choses inouïes, on se quitte. Du campement il ne restera rien hormis ce qu’il y a de plus cher : les souvenirs, la promesse espérée de retrouvailles, d’un autre bivouac. "Ce que j’ai toujours trouvé beau c’est partir, l’arrachement du départ, raconte Pierre Meunier. Plier les caravanes, atteler et partir. On quitte, on a fini avec cet endroit, cette lumière dans la

caravane. On va ailleurs. En transportant ce qui nous importe : le spectacle qui nous réunit, lui aussi. Quand plusieurs équipes se retrouvent. Il n’y a pas d’heure, pas de frontières même si on se respecte. On se voit de près, on échange." Chaque bivouac est unique. Et celui que propose le théâtre Garonne et l’Usine de Tournefeuille, plus qu’un autre. Car, sur une courte période (un bivouac ne saurait durer), il rassemble des artistes singuliers aussi différents que — disonsle par ordre d’ancienneté — le Théâtre Dromesko d’Igor et Lily, Pierre Meunier, Catherine Germain et Bonaventure Gacon. Des artistes qui ont su chacun créer un univers qui leur appartient en propre. Ils se connaissent souvent bien, s’apprécient , leurs routes se sont croisées, mais c’est la première fois que ces quatre aventures se retrouvent ensemble au même endroit, le temps du Bivouac.

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Le 6 ème jour Catherine Germain

16..17 DECEMBRE à garonne

durée 1h10 / mar.16, mer.17 à 20:00 / à partir de 10 ans & samedi 20 décembre à Plaisance du Touch à 17:00

Le Jour du Grand jour Théâtre Dromesko

18..28 DECEMBRE A L’USINE

jeu.18 à 20:00, sam.20 à 19:00, dim.21 à 18:00, ven.26 à 21:30, sam.27 à 21:00, dim.28 à 19:30 (relâche le ven.19) / à partir de 12 ans

La Bobine de Ruhmkorff

Pierre Meunier / Cie La Belle Meunière 18..21 DECEMBRE A L’USINE

durée 1h10 / jeu.18 à 22:00, sam.20 à 21:00, dim.21 à 20:00 (relâche le ven.19) / à partir de 16 ans

Par Le Boudu Bonaventure Gacon 26..28 DECEMBRE

durée 1h00 / A L’USINE / à partir de 14 ans ven.26 à 20:00, sam.27 à 19:00, dim.28 à 18:00

Le BIVOUAC c’est :

• des tarifs préférentiels : soit le 1er spectacle à votre tarif habituel, les suivants au tarif unique de 8€ !! • des navettes gratuites à votre disposition au départ du théâtre Garonne (renseignements et réservation à la billetterie du théâtre)

Qu’ont-ils en commun ? Assurément un point d’ancrage : le cirque. Tous s’y sont frottés plus ou moins, y ont souvent appris des techniques, mais chacun a su s’en affranchir. Au tout début des années 70, sur un trottoir du très fréquenté Boulevard Saint-Germain à Paris, un type torse nu jongle, apostrophe le public avant de passer le chapeau, c’est Igor. Il n’est pas le seul à vivre ainsi. Cette vie, ce musicien (qui troqua l’orgue d’église pour l’accordéon des cafés) et fils de médecin, l’a choisie. Tout comme son frère Branlo, avaleur de rats et de souris, à l’époque. Tout comme Paillette et sa femme Zoé, Bruno Privat ou Philippe Petit (un copain de lycée). C’est l’époque où Jérôme Savary fait sauter les digues du théâtre convenable avec le Grand Magic Circus. Igor et ses potes fricotent, eux, avec le Palais des merveilles de Jules Cordière, le premier théâtre de rue avec pignon sur rue. Pierre Meunier les côtoie à l’école du cirque Fratellini où il était élève. Une école fondée par Annie Fratellini et Pierre Etaix où les portes était ouvertes. Igor vient y prendre des cours d’acrobatie, il s’y entraîne avec Paillette, Zoé, Branlo. Le courant passe. "On est restés en contact, raconte Meunier. Jusqu’au jour où Igor m’a proposé de venir pour prendre le relais de Branlo qui partait". En 1977, voulant mettre un toit au-dessus de leurs facéties excentriques, Igor et les autres, avaient acheté un chapiteau d’occasion au cirque Moralès. Le "cirque acrobatique et burlesque du baron Aligre", bref le cirque Aligre était né. Il y aura pas mal de mouvement au fil des années, des départs, des arrivées (dont celle de Clément Marty alias Martex, futur Bartabas) des retours. Meunier est chef monteur, majordome dans le spectacle, il chante du Purcell sur un petit cheval. Il restera deux ans. Un jour le cirque Aligre s’arrête à Dijon. Dans la salle un enfant de quatre ans, le petit Bonaventure Gacon. "Je me souviens d’un grand cheval, du rat jeté dans le public" dit-il aujourd’hui dans sa maison de Die où sur un mur trône une affiche collector, la première du cirque Aligre dessinée par Jacques Noël, grand décorateur de théâtre de l’avant-garde des années 5060. En contrebas de la maison (partie d’une ancienne cimenterie), un vaste espace où planter un chapiteau pour répéter. Non loin est remisée une caravane appartenant à Jacques Hulon (le cirque Hulon) qui traversa les balbutiements de l’histoire du cirque Aligre, lequel allait devenir le cirque Zingaro et se faire


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PAR LE BOUDU © Denis Grégoire

connaître au festival Sigma de Bordeaux en 1984. Quand Zingaro éclate, quatre ans plus tard, après avoir beaucoup tourné en France et en Europe, chacun trace sa route. Branlo est parti le premier. Bartabas poursuit l’aventure avec Le Théâtre Équestre Zingaro. Igor invente un espace poétique magnifique, celui de la Volière Dromesko : un chapiteau qui ressemble à une coupole et où pousse un arbre au milieu plein d’oiseaux. Igor contacte Pierre Meunier. Il veut l’entraîner dans l’aventure de la Volière. Meunier hésite, il est alors tenté par le théâtre. Mais accepte. "J’ai bien fait. J’avais une marge totale. Je rivalisais avec les oiseaux. L’apesanteur [qui allait être au centre de ses spectacles futurs], est venue de là." La Volière Dromesko voit le jour à la rentrée 1990 au théâtre de Vidy à Lausanne alors dirigé par le metteur en scène Matthias Langhoff. Sur le site de Pierre Meunier et de sa compagnie la Belle Meunière, on est accueilli par une photo d’un homme pourvu de deux ailes qui prend son envol, c’est lui dans l’un des nombreux moments inoubliables de La Volière Dromesko. Spectacle qui se déclina en plusieurs versions : Des oiseaux et des hommes et Dernier chant avant l’envol, des titres qui n’étaient pas pour déplaire à Pierre Meunier. "Mon théâtre commence là, par l’écriture. Je suis resté deux ans à la Volière, je me méfie des spectacles qui durent trop, j’aime fabriquer, chercher". Bonaventure alias Bona a aussi vu La Volière Dromesko : "une des plus belles choses que j’ai jamais vu." On retrouve Pierre Meunier à la Fonderie du Mans, au Théâtre du Radeau, dans un spectacle de François Tanguy. Distribués comme lui dans le spectacle (Choral) dont personne ne sait encore rien, il y retrouve Branlo, le frère d’Igor et sa compagne Nigloo qui avait été aussi de l’aventure du Cirque Zingaro. "Nous on venait du cirque, d’un univers très physique, et on a commencé à travailler autour de la table. Branlo, Nigloo et moi on n’avait jamais fait cela. François parlait, parlait. Il faut qu’il parle. Avec Branlo on s’est dit qu‘on n’allait pas tenir, on est allé voir François et on a dit que ce n’était pas possible. Et c’est comme si François n’attendait que cela, la fin de ce rituel. On est passé au plateau. Et au bout de trois ou quatre jours, on a improvisé. Et ainsi pendant des semaines avec Kafka comme matière. C’était extraordinaire. Et à la fin des après-midis d’impros, François qui était resté dans les gradins, se mettait


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à parler. Certains dormaient, moi j’écrivais, il tolérait cette vacance autour de lui, c’était beau, et très stimulant. Cela durait des heures. Il rebondissait sur ce que l’on avait fait." Choral a tourné trois ans (19931995), son périple est passé par le théâtre Garonne. Après Tanguy, Meunier commencera à travailler de son côté mais retournera chez Igor pour traverser l’aventure de La baraque cantine musicale, vin-soupe musique. Maison fondée par la Volière Dromesko. Titoune et Bonaventure se sont rencontrés au cirque Plume en remplacement chacun d'un acrobate blessé. "C’est là qu’on est devenus cul et chemise" dit Bona. Titoune connait Pierre Meunier : elle a été embauchée pour monter le décor de L’homme de plein vent, son premier spectacle en 1996. Cinq ans plus tard, Titoune et Bonaventure créent le Cirque Trottola, c’est aussi l’année où Bonaventure invente son solo et son personnage de clown clochard céleste, Par le Boudu. Plus tard, en 2004, Bonaventure Gacon passe par le Mans pour y jouer Par le Boudu. "Le lendemain au marché du Mans je tombe sur François [Tanguy], on mange des huitres. François me dit : si tu veux, tu peux venir jouer ton spectacle lundi soir à la Fonderie et j’ai joué." En 2006, il est à Rennes, au festival Mettre en Scène où il joue Par le Boudu dans la baraque d’Igor rencontré par son frère. "Branlo me parlait tout le temps du Boudu. J’ai vu le spectacle, je l’ai revu cinq ou six fois. Je pleure, je ris, tous ces petits trucs, ah !" Branlo et sa compagne Nigloo ont fondé le Petit Théâtre Baraque et sont à Rennes, eux aussi, cette année-là avec l’un de leurs premiers spectacles dans un tonneau. Pierre Meunier est là également, avec Au milieu du désordre (qui viendra à Garonne). Tout le monde se croise. On s’invite, on boit des coups. Branlo et Nigloo sont allés un été au festival d’Aurillac voir le Cirque Trottola. L’idée de faire un spectacle ensemble, avec Titoune et Bonaventure les taraudait, et réciproquement. La chose adviendra en 2013 avec l’extraordinaire Matamore. Et Catherine Germain, dernière figure du Bivouac ? Elle a fait l’ENSATT, école nationale de théâtre aujourd’hui à Lyon, alors à Paris, la fameuse école de la rue Blanche. Au sortir de l’école, elle rencontre l’auteur et metteur en scène François Cervantès au moment où il créé sa compagnie l’Entreprise en 1986. Ils s’installeront dans le Limousin puis à Marseille. Tout change à partir du moment où elle découvre le travail sur le clown avec Cervantès qui lui-même l’a découvert par hasard.

"Le clown, c’est cet être intérieur, qui aspire à vivre sur terre, à sortir de l’enveloppe dans laquelle il est endormi"écrit-il (1). Catherine Germain se souvient : "François Cervantès avait l’intuition qu’il existait des personnages hors de toute histoire, des personnages qui échapperaient même à leur auteur. Il nous [Catherine Germain et Dominique Chevalier] a posé la question : est-ce que vous pourriez créer un être dont vous pourriez tomber amoureux ? Qu’en entrant sur le plateau on soit en état amoureux, de réception totale parce qu’on cherche quelqu’un." C’est ainsi qu’un jour de 1988 est née Arletti. "Je viens d’un milieu paysan, je n’avais pas vu beaucoup de spectacles dans ma vie. Mais il suffit d’une image, si on l’habite pendant des années, on va vers elle. J’avais été très impressionnée par Albert Fratellini, le plus idiot des trois frères. Cela s’était imprimé en moi je ne savais pas à quel point. Et puis j’avais une petite figurine sur mon frigo, un cadeau que l’on m’avait fait, je voyais cette tête. Et le premier jour, on est arrivé en salle de répétition, Dominique Chevalier et moi, avec des bouts de vêtements qu’on avait trouvé chez Emmaüs. Et le vêtement que j’avais ce jour-là, vingtcinq ans après c’est le même, le même chapeau en papier, simplement l’imperméable que j’ai recousu." C’est le début d’une recherche sans fin. "C’est comme si on était parti d’une surface et qu’on va chercher ce qu’il y a dans cette figure, cette ténacité à mesurer ce qui nous manque, à être perdu au fond. C’est pourquoi le travail sur le clown dure des années. Au bout de quelques mois il a une saveur, on en mesure l’impact, l’effet que fait l’acceptation d’un autre soi. C’est un vide sidéral mais comme il est coloré, il va se mettre à vibrer, il faut une patience intérieure.L’acteur ne sait pas à quel moment il bascule. Ce moment de la métamorphose. Même moi je ne le vois pas. C’est comme la mort, ce passage. On aimerait comprendre. C’est un mystère pour l’acteur comme pour le spectateur. " Ce qu’elle sait ou espère savoir, elle ne le garde pas pour elle. "Je travaille beaucoup sur la transmission dans les écoles de théâtre. Ce qui m’intéresse ce n’est pas tellement de former des clowns mais d’interroger leur essence profonde. Pour faire en sorte que lorsqu’ils viennent sur un plateau c’est cet être là qui soit là. "Chercher son clown" c’est très basique, très cliché. Plutôt chercher son acteur, qu’est-ce qui fait qu’on a


choisi de venir dans cette lumière-là. C’est important quand un clown entre en scène qu’il soit dans une vibration essentielle du rapport à l’autre et que le public se rende compte que ce qui a lieu c’est un être face à d’autres êtres, pas quelqu’un qui vient faire son numéro. C’est très archaïque en fait. Un geste primitif. Ceux qui sont dans la lumière du feu et les autres qui regardent.

quand un acteur se regarde alors dans le miroir c’est un autre qu’il voit, il est désarmé. Il a vraiment envie de se battre pour que cet être-là vive. A l’école, on travaille aussi sur le maquillage, la métamorphose. Cela passe par le jeu. Le plaisir de donner une fantaisie de dessiner un être extraordinaire pour que cet être on ait envie de l’habiter. Non pour en rire ou se moquer de soi-même comme on le voit parfois dans les stages de clowns. C’est une vraie gravité de créer quelqu’un qui va vous accompagner. Quand un acteur se regarde alors dans le miroir c’est un autre qu’il voit, il est désarmé. Il a vraiment envie de se battre pour que cet être-là vive. Je crois à cela. J’ai toujours la sensation qu’on est comme un édifice en ruine et il y a, en nous, quelqu’un qui demande à être sauvé mais il faut le ramener entier. " Bonaventure Gacon était élève au CNAC, le Centre National des Arts du Cirque de Chalons-en Champagne. "J’ai fait l’école comme acrobate. Je ne savais pas très bien ce que je foutais là, ce n’était pas très facile." Et puis un jour Catherine Germain et François Cervantès sont venus animer un stage. "Ce fut comme une révélation. Il y avait une justesse dans le faire qui me plaisait. Je comprenais la faille qu’ils avaient pour être artistes. Ils étaient directs dans la sensation, le fait d’être sur la piste. Le clown raconte cela." Catherine Germain et François Cervantès reviendront plusieurs fois à l’école. Quand il en sort, passé quelques aventures ici et là, Bonaventure se lance en solitaire

dans ce qui va devenir Par le Boudu. "Je n’avais pas envie de faire un spectacle tout seul mais j’aimais beaucoup le travail de clown, on pouvait causer des choses sans le faire directement, comme des gamins qui se parlent entre eux, sans que cela soit pollué par la pensée. C’est la force directe, drue du cirque. Ce que j’aime aussi chez Grand Pierre (tous ses amis appellent ainsi Pierre Meunier) c’est la pensée donnée d’une façon directe. Quand j’ai fait Boudu j’étais complètement dépressif, j’avais 20 ans, je me posais des questions existentielles. J’avais perdu mon père quelques temps auparavant. C’était assez noir. C’est tout cela qui m’a poussé presque malgré moi." C’est peu dire que Catherine Germain et Bonaventure Gacon se sont compris, allons jusqu’à dire qu’ils se sont reconnus. Arletti porte un imperméable, Le Boudu aussi. Le nom d’Arletti vient d’Arletty une actrice aimée, celui de Boudu vient d’un acteur admiré Michel Simon (dans le film Boudu sauvé des eaux). Ils ont fini par jouer ensemble. En 2006 François Cervantès a réuni trois clowns : Arletti, Boudu et Zig (le clown de Dominique Chevalier) dans un spectacle tout simplement intitulé Les clowns et qui tourne toujours. On peut continuer à rêver. Qui sait si au détour du Bivouac d’autres aventures se dessineront ? Un spectacle entre Bonaventure Gacon et Pierre Meunier ? Un dialogue entre le marabout de Lily et Catherine Germain ? Une soirée impromptue dans la baraque Dromesko entre tous ces artistes orchestrée par le violoncelle de Revaz Matchabeli et l’accordéon d’Igor ?

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Le Jour du Grand Jour Impromptu nuptial et turlutu funèbre Théâtre Dromesko En attendant explorons plus avant les spectacles du Bivouac. Et commençons par le dernier né, Le Jour du grand Jour conçu et mis en scène par Igor et Lily. Quand on s’approche de la baraque qui abrite le spectacle, on ne se sent pas devant un théâtre ou un chapiteau mais à la porte d’une maison en bois, d’une isba de fortune. Il y a des portes et des fenêtres, un auvent, des photos bistre accrochées sur les parois en bois. Cette baraque, les familiers du Théâtre Dromesko la reconnaissent, ils y ont vu Margot, peut-être même est-ce la baraque de la cantine musicale. "C’est sa petite sœur" corrige Igor en se grattant le crâne après avoir soulevé la casquette qui ne le quitte guère à la ville comme à la scène. Les passages entre la vie et le théâtre sont poreux. Rien ne ressemblait plus à leur base à Saint Jacques-de-la-Lande que le campement vite improvisé dans les haras désaffectés d’Annecy où le spectacle a été créé en mai dernier. "On a marié notre fille Zina, un banquet de quarante personnes, pour l’occasion on a fabriqué une chose autour de la cérémonie du mariage, ça a plu. Et puis mon père est mort. C’est parti comme ça. Du mariage à l’enterrement. On s’est dit que l’on allait traiter des cérémonies". Et c’est le cas. Comme Igor et Lily ont l’art des titres qui font rêver, le spectacle s’appelle "Le jour du grand jour", la mort et l’amour y sont logés à la même enseigne. Et le sous-titre, pour être farfelu n’en est pas moins explicite : Impromptu nuptial et turlututu funèbre. Le rire et les larmes sont au rendezvous. Et puis, par les temps qui courent, il a fallu penser économie. Un spectacle magnifique comme Arrêtez le monde je voudrais descendre, bien accueilli par le public et la critique, n’avait pas pu tourner très longtemps car trop lourd, trop cher. "Il est de plus en plus difficile de trouver en ville des espaces vides, rage Igor. On ne laisse pas les espaces respirer, les architectes urbanistes remplissent. C’est comme le silence à la télé : on ne supporte pas. On comble, on remplit." La petite baraque est plus petite et légère. Enfin Igor rêvait d’un système bi-frontal. Cela permettrait d’accueillir plus de monde (économie) mais surtout de pousser plus avant la notion de

traversée déjà implicitement à l’œuvre dans d’autres spectacles comme Le quai des oubliés. Comme toujours chez Igor, c’est l’espace qui commande : "on a fabriqué deux transepts, d’un côté la tente cérémonie, de l’autre la tente banquets." C’est là un autre passage obligé : pas de spectacle du Théâtre Dromesko sans quelque chose à boire et à manger. Chez Dromesko, on sait vivre, on sait accueillir. Vue du ciel, la baraque ainsi aménagée à la forme d’une croix et ressemble à une église en bois, mais aucun spectateur n’arrive en hélicoptère pour voir cela. Assis dans la salle, d’un côté ou de l’autre (toutes les places sont bonnes), les scènes font latéralement la navette entre les deux côtés. Un spectacle fait de traversés, figure plane du manège circulaire de Arrêtez le monde je voudrais descendre, figure en mouvement comme toujours. Quand Igor bute sur un obstacle ou cherche une solution à un problème technique il se met au volant de son camion (actuellement un grand Volvo) et c’est en roulant que la solution pointe son nez. Les idées lumineuses, les intuitions productives, toutes ces pépites qui ponctuent les traversées "c’est venu en se frottant, en jouant ensemble". Un spectacle de famille au sens strict avec Lily, Igor et leur fille Zina et Fanny, Carla (la truie) et Charles (le fameux marabout) et au sens large avec la présence de vieux (le musicien géorgien Revaz Matchabeli) ou jeunes (la danseuse Violeta Todo-Gonzalez) complices. Acteur et écrivain Guillaume Durieux apporte le sel de ses textes qui brossent à rebrousse-poil les discours cérémoniels de tout poil y compris la sacro-sainte minute de silence. Pas d’intrigue mais des histoires passagères, des ritournelles. Carla la truie déroule le tapis rouge, Charles le marabout, comme toute star se fait désirer, mais on ne perd rien pour attendre, il nous enroule d’émotion. Ainsi va la vie du village avec ses cloches, ses discours du maire, son curé, ses robes de mariée et ses flonflons de deuil. Un spectacle passe. Pas de mariage et pas d’enterrement sans un repas et sans musique. La table du banquet, après bien des tentatives, finit par occuper toute la scène. L’heure est venue de goûter aux gougères encore tièdes, cuites par l’indispensable Valérie Perraudin. Jeu, danse et musique (très présente) sont signés par toute la troupe. On se souviendra longtemps de l’infinie procession des robes de mariées d’hier et d’aujourd’hui, belles ou mal fichues, sur la musique de la semaine sainte de Séville.


La Bobine de Ruhmkorff Pierre Meunier

Il y a longtemps qu’Igor appelle Pierre Meunier, Grand Pierre. "C’est venu au moment où on travaillait sur la Volière Dromesko à Lausanne." Matthias Langhoff les avait accueillis au théâtre de Vidy qu’il dirigeait alors. "On travaillait sur la pesanteur et la légèreté. Meunier prenait l’accent allemand de Matthias. Alors on l’a appelé "gross pierre", le surnom est venu de là." Grand Pierre a fait un spectacle avec des pierres ("le tas") un autre avec un ressort. Il a besoin de matière. Pour écrire son premier spectacle L’homme de plein vent, il est resté seul quatre mois sur un carreau de mine abandonné près de Forbach. "Il y avait des masses, du fer. Cela m’inspirait. Je veillais des heures auprès de masses inertes éprouvant la densité. C’était l’automne, il y avait de la brume, la nuit les tôles claquaient, c’était grandiose." Puis il a pris pour demeure une usine désaffectée près de Saint Etienne où il est resté quinze ans et qu’il décrit comme "une cathédrale de garnit de tissage, de grands espaces vides." Quand les Fédérés (Jean-Paul Wenzel, Olivier Perrier, Jean-Louis Hourdin) ont fermé boutique dans la région de Montluçon (Allier) ils ont laissé leur outil, le Cube, une boîte au milieu des champs sur la commune de Hérisson, un bel outil de travail. Quand Meunier a su que le Cube allait être transformé en grange voire être détruit, il a lâché son usine de Saint Etienne et s’est porté acquéreur du Cube et s’est installé dans une ferme non loin. C’est dans le Cube qu’il a écrit et mis au point La Bobine de Ruhmkorff en partant de tout ce qu’il avait écrit pour Sexamor un spectacle avec l’actrice Nadège Prugnard, de longs pans de texte qui n’avait pas été retenus pour le spectacle. "Je me suis dit que cela serait bien qu’un homme seul s’affronte au sexe tout en poursuivant le travail de résonnance de la matière. Cette poétique m’anime et me comble. J’aime bien alterner les choses solitaires et les spectacles à plusieurs. Je suis tout seul dans ma bagnole. La route nous laisse en paix, cela gamberge bien. J’ai un break, c’était la contrainte de départ : il faut que cela tienne dedans. Pour La bobine, je me suis décidé soudainement, je l’ai fait seul, sans aucun soutien ni recherche de soutien, avec un peu de fric

que l’on avait à la Belle meunière. C’est une chose qui disparait, la possibilité de faire un peu des marges pour entamer des travaux. Car je ne me retrouve pas du tout dans le système où l’on est réduit à être des suppliants devant des gens qui veulent des pépites. Cela crée un malaise, une envie de faire autre chose. Heureusement qu’il y a le Cube. Ensuite il faut bien montrer les choses sinon cela n’a pas de sens. » Quand il entre en scène, Pierre Meunier porte toujours une chemise dont il a déjà retroussé les manches. Il est là, devant vous, bien campé sur ses deux jambes, généralement il porte quelque chose dans ses mains. Une pierre, un ressort, cette fois, c’est un pavé d’argile crue (la bobine, cela sera un peu plus tard). Il est là face à ce tas compact bien que légèrement mou, et il se pose la question : que faire avec ce tas ? Il opère à vue tel le savant devant ses étudiants. Il lance le tas, le rattrape, le lance encore, à la troisième fois le tas s’aplatit attiré par la terre d’où il vient. Une attraction irrésistible.Comme le prouve un second pavé d’argile qui va s’aplatir sur le précédent. Et Meunier, qui n’en perd pas une miette, de commenter : "A deux ils en font un. Mais pour y arriver, ils ont dû renoncer à ce qu’ils étaient, chacun a pris la forme de l’autre, surtout le plus mou, et aux endroits où ça cède." Une bête à deux dos. Autrement dit : "La question du sexe est soulevée. Y a-t-il là quelque chose à soulever, qui se serait affaissé ou qui, étant retombé, aurait renoncé à se dresser ?" Meunier nous prend par la main et nous conduit à La Bobine de Ruhmkorff, du nom de celui qui mit au point cette bobine permettant de produire des hautes tensions à partir du courant continu. "Tous les corps sont électrisés par le frottement" note-t-il. Le sexe est un aimant - mot qui peut se comprendre de plusieurs façons, Meunier joue avec. Du cuivre dont il parle et qu’il transcrit "cul ivre" il n’y a qu’une lettre en plus, qui a la forme d’un braquemard orgueilleusement dressé. Les manches retroussées, il va et vient, du cuivre au cul, du con au ciboulot, ça carbure, ça fait des étincelles, ça bande, ça jute de mots. On le suit ce Merlin matérialiste, c’est un enchanteur terrien.

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Par le Boudu Bonaventure Gacon

Pierre Meunier a vu six fois Par le Boudu. "Bonaventure, dit-il, c’est une nature qui compose pas, qui ne va pas chercher ailleurs qu’en lui-même, une grande leçon. Je n’ai jamais vu des cascades pareilles. On a sympathisé tout de suite. Je suis allé le voir à Die dans sa cimenterie. J’ai cherché un moment à m’installer là-bas. On s’est dit qu‘un jour cela serait bien de faire quelque chose ensemble." Cela sera pour un autre Bivouac car cette fois Bonaventure Gacon est seul en scène et nous fait cette immense cadeau : Par le Boudu. En alliant deux figures de notre mythologie l’Auguste et le Vagabond, Bonaventure Gacon frappe juste. Mais cela ne suffit pas. Il faut tout son génie de créateur (acteur, acrobate, poète) pour porter haut cette figure du Boudu quelque part entre Beckett (l’art du peu de mots, limite gromelot) et du personnage de Boudu inséparable de son créateur Michel Simon dans le film de Jean Renoir Boudu sauvé des eaux (plus un hommage qu’une source d’inspiration). Le titre Par le Boudu est à entendre dans tous les sens. "Comme ça parle de la fin, du bout, du rien, du tout seul, d’avoir une chose un peu qui s’en va, une fuite en avant. Ça fait aussi “ parle Boudu” », explique Bonaventure. Il y a une table, une chaise. C’est ce qu’on voit d’abord et longuement avant que le Boudu ne déboule. Là, au centre, nappées comme d’une lumière intérieure une chaise métallique et une table en bois dont les rafistolages, les écailles disent les homériques combats. Elles attendent le Boudu de pied ferme si je puis dire. Il va les malmener alors elles en profitent pour faire les belles avant son arrivée. Il arrive, mi hirsute, mi étonné. Homme sorti du bois des proscrits et des maquisards, émergeant d’un rêve raviné de mal de vivre. Il est là pour en découdre avec lui-même, avec la vie, ce sac à hostilités, avec les femmes qu’il malmène pire qu’un chien pouilleux, avec la chaise, la table, le monde entier. C’est un méchant, un tendre refoulé, un pauvre type. Tout à la

fois. Un enfant qui découvre la difficulté des choses et une charogne qui s’attaque aux faibles. Et quand il s’emmêle les pinceaux, quand il souffre, quand il se casse la gueule, on rigole. C’est le Boudu. Bonaventure l’explique à sa façon : "J’ai essayé de retrouver un état d’enfance dans l’adulte, de faire une poésie assez brute, comme une sorte d’art brut, un peu craché, un peu jeté. D’en passer par l’instinct et le viscéral." Alors voilà, cet homme bourru, barbu, crasseux raconte les mystères et les ressources insoupçonnés du poêlon. Ou plutôt il grommelle, les mots restent souvent au fond de sa gorge comme son corps semble retenir ses mouvements. Comme si la mobilité du corps et des mots étaient à l’état naissant ou convalescent. Comme si parler et bouger étaient des accidents de la vie. "Le premier numéro que j’ai fait au cirque et qui arrive à la fin du Boudu c’est un numéro en patins à roulettes, raconte Bonaventure. Les gens riaient de voir ce pauvre bougre tomber, tomber, et en même temps ils se demandaient si il se faisait mal et il y avait de la compassion. A la fois la franche rigolade, la dérision et cette amertume de l’existence, du rien, cela me plaisait assez bien. Il n’y a pas de morale, le clown c’est amoral. Il parle au gamin qui est en chacun, au bestiau qui est en nous, à la carne, quelque chose d'archaïque qui nous dépasse. Les gens qui ont bien aimé un spectacle de clown quand ils veulent en parler, le faire partager, ils n’y arrivent pas, c’est impossible, cela se passe ailleurs c’est irracontable! C’est comme l’amour. " Catherine Germain : "Le Boudu c’est la vibration d’un être, plein de couleurs de force et d’humanité. J’ai les premières photos de lui avec son imper, quand il a commencé à se maquiller. Il a vite entendu dans quoi il pouvait s’ouvrir. Et quand on joue ensemble c’est un vrai régal, je me sens au même endroit de dialogue intérieur avec lui. On s’appelle souvent, on a la même dépression intérieure avant d’entrer sur le plateau."


Le sixième jour Catherine Germain

Bonaventure promène son Boudu depuis 2001, Catherine Germain voyage avec son Arletti depuis 1987 , personnage né au moment de La Curiosité des anges. C’est en 1995 que, seule en scène, elle crée Le sixième jour qu’elle joue toujours, c’est ce solo qui vient au Bivouac. Une belle longévité. Le contraire de la redite, du spectacle assoupi dans ses acquis. Chaque représentation est un gouffre. Une (re) naissance. C’est le sujet même de son solo. Le sixième jour, la genèse. Catherine Germain en parle mieux que personne : "Un clown qui entre en scène c’est toujours la genèse. On avait commencé le travail du clown à deux, face à François Cervantès avec un spectacle un peu beckettien, la Curiosité des anges. J’avais envie d’aller seule au public, avec un rapport plus direct encore, j’ai pensé à une conférence. C’est un prétexte car les clowns n’ont aucune raison d’apparaitre sur un plateau, au cirque on les vire très vite entre deux numéros. Je pensais à une conférence scientifique incompréhensible mais François m’a dit non, il faut que le sujet de la conférence soit en rapport total avec le clown. Un clown qui entre sur un plateau c’est un être qui n’est pas encore au monde, donc la genèse, la venue de l‘homme sur terre. On a imaginé qu’Arletti a volé le cartable à un conférencier sous un arbre et qu’elle se retrouve là derrière une table car il y a de la lumière, sans savoir du tout comment se déroule une conférence. Comme dans La Genèse elle est dans un chaos total à créer peu à peu les conditions d ‘un rapport au monde. Cela commence par 25 minutes sans un mot et elle trouve enfin la conférence. Elle est

le sujet, l’incréé. Comment, face à des êtres, elle parle de la création." Au fil des années Arletti est devenu un personnage que l’on retrouve de spectacle en spectacle et qui survit à la représentation, un peu comme Meunier et ses manches retroussées, Igor sa casquette et son accordéon, Lily et Charles son Marabout, un peu beaucoup comme Boudu. Laissons le dernier mot à Catherine Germain qui le laisse, elle, au spectateur : "Plus je viens dans la lumière plus je cherche une place dans l’ombre. L'acteur qui vient dans la lumière est là pour éclairer celui qui est dans l’obscurité. L’attitude intérieure que l’on a c’est d’aller dans cette arrière cuisine et laisser les œuvres devant pour que public s’empare des choses et des personnages. Ce qui me fait le plus plaisir c’est que le clown appartienne au public, plus qu’à moi. Ma nouvelle jouissance c’est d’en être dépossédée. Ils la connaissent Arletti, peut-être plus que moi. C’est rendu. C’est peut-être cela une œuvre, lorsqu’elle est donnée aux autres. Cela passe de l’autre côté. Celui qui est à la source doit disparaître. La lumière n’est pas là où on croit, elle n’est pas forcément sur le plateau. » Jean-Pierre Thibaudat (1) Le clown Arletti par François Cervantès et Catherine Germain, Magellan et Cie / Editions Maison.

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RENCONTRES HOUSE ON FIRE proposées par le théâtre Garonne et la librairie Ombres Blanches House on Fire est un réseau fondé en 2012 par dix théâtres et festivals européens, dont Garonne, qui accompagne et produit spectacles, événements et publications dont le point commun est de s’attaquer à des thèmes brûlants – politiques, économiques, sociaux, environnementaux. Les sujets évoqués par des spectacles comme par des installations, des concerts, font aussi l’objet de conférences, de débats, de journées de réflexion, ainsi que d’une coopération fréquente entre Garonne et Ombres Blanches.

samedi 4 octobre au théâtre garonne 16h30 Rencontre avec Robert Darnton à l’occasion de la parution des ouvrages : De la censure et L’affaire des Quartorze aux éditions Gallimard, collection NRF essai.

De la censure Une comparaison de l’usage de la censure dans trois pays à des périodes différentes : la France des Bourbons, l’Inde coloniale et la république démocratique d’Allemagne. Deux aspects de ce phénomène : la répression, qui ne se traduisait pas de la même façon dans les trois systèmes évoqués, et la collaboration entre auteurs et censeurs sur le sens des textes. Les deux parties comprenaient la façon du donnant-donnant : la complicité, la collaboration et la négociation caractérisaient la façon dont auteurs et censeurs opéraient, au moins dans les trois systèmes étudiés ici. L’affaire des Quartorze Poésie, police et réseaux de communication à Paris au XVIIIe

siècle. L’auteur a retrouvé dans les archives de la Bastille le dossier de quatorze personnes emprisonnées en 1749 à Paris à cause d’une chanson qui se moquait du roi Louis XV et de sa maîtresse. De cette anecdote Robert Darnton tire les mailles d’un étonnant filet : celui de la communication politique dans le Paris populaire du XVIIIe siècle où la plupart des hommes et des femmes ne maîtrisaient pas la lecture. Or voici une occasion exceptionnelle d’écrire une histoire de la communication à partir de son élément majeur, l’oralité.

Samedi 18 octobre À OMBRES BLANCHES de 15h00 à 19h00 Laurent Mauvignier, romancier, et Ivan Jablonka, historien, dialogueront autour du thème : L’histoire est une littérature contemporaine / La littérature est une histoire contemporaine. Le titre de cette journée est repris du livre que publie Ivan Jablonka

en septembre, dans la Librairie du XXIe siècle, au Seuil. Laurent Mauvignier publie pour sa part aux Éditions de Minuit l’un des romans événements de la rentrée : Autour du monde.

Mardi 4 novembre À OMBRES BLANCHES 17h00 Sandra Laugier et Albert Ogien présenteront Le Principe Démocratie / Enquêtes sur les nouvelles expérimentations politiques (Éditions La Découverte). Le monde est entré, depuis quelques années, dans une période d'effervescence politique. Rassemblements et occupations, contestations des pouvoirs, mobilisations transnationales, insurrections civiles, activisme informatique, désobéissance civile, création de nouveaux partis : ces mouvements expriment certes un mécontentement, un sentiment d'injustice, de colère et de désespoir. Mais ils révèlent aussi la volonté des citoyens de s'organiser pour contrôler directement


ÉGALEMENT AVEC OMBRES BLANCHES... vendredi 26 septembre au théâtre garonne ce que font leurs dirigeants. Dans leur précédent ouvrage, Pourquoi désobéir en démocratie ?, les deux auteurs analysaient la multiplication des actes de désobéissance civile en régime démocratique. Dans ce nouveau livre, ils scrutent, d'un double point de vue sociologique et philosophique, cette extension du domaine de la désobéissance en examinant les nouveaux mouvements de protestation, les révoltes contre les dictatures, et les mobilisations globales revendiquant la "démocratie réelle". Ce livre dessine ainsi les contours de ces manières d'agir qui traduisent une nouvelle forme de vie politique et morale, où la question du "comment" remplace celle du "pourquoi". Il approche cette transformation en étudiant ces formes émergentes et pragmatiques du politique qui prennent la démocratie pour principe afin d'élargir la sphère du politique, le pouvoir des citoyens, les capacités de tous.

18h00 Rencontre avec Elisabeth Roudinesco autour de la parution de sa Biographie de Sigmund Freud (Seuil). Pourquoi proposer aujourd’hui une nouvelle lecture de sa vie et de son œuvre ? D’abord parce que, depuis la dernière en date de ses biographies, celle de Peter Gay (Hachette, 1991), de nouvelles archives ont été ouvertes aux chercheurs (sur ses patients, notamment) et l’essentiel de sa correspondance est désormais accessible. Mais aussi, surtout, parce qu’il restait beaucoup à dire sur l’homme et son œuvre. Et d’abord ceci : l’invention de la psychanalyse est profondément liée à la critique de la famille traditionnelle. Et encore ceci : le fondateur de la psychanalyse est d’abord un Viennois de la Belle-Époque, sujet de l’Empire austrohongrois, héritier des Lumières allemandes et juives. Quant à la psychanalyse elle-même, elle est le fruit d’une entreprise collective, d’un cénacle romantique au sein des sciences occultes, la part obscure de nous même, transformant volontiers ses amis en ennemis, à la fois Faust et Mephisto en quelque sorte. Toujours au nom de la raison et des Lumières. Que Freud encore, penseur de la modernité, mais conservateur éclairé en politique, n’aura cessé d’agir en contradiction avec son œuvre. Le voici en son temps, dans sa famille, en son cénacle, entouré de ses collections, de ses femmes, de ses enfants, de ses chiens, le voici enfin en proie au pessimisme face à la montée des extrêmes, pris d’hésitations à l’heure de l’exil londonien ou il finira sa vie. Le voici dans notre temps aussi, nourrissant nos interrogations de ses propres doutes, de ses échecs, de ses passions.

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Liberté crucifiée (et ressuscitée) Gólgota Picnic de Rodrigo García au Malta Festival

Tous les ans au mois de juin a lieu dans la ville de  dans l'ouest de la Pologne, un festival amPoznan, bitieux et populaire : le Malta Festival, qui est par ailleurs membre, aux côtés du theatre Garonne, du réseau House on Fire. L'édition 2014 avait invité l'auteur et metteur en scène argentin Rodrigo García en tant qu'artiste associé, et se faisait une joie de lui confier une large partie de la programmation – qu'il a consacrée à la découverte du théâtre sudaméricain – et, en guise et point d'orgue, de montrer son spectacle Gólgota Picnic. Mais voilà : tout au long du printemps, une incroyable cabale "pro-catholique" (entendez : obscurantiste) est parvenue à mobiliser une partie de l'opinion polonaise contre la tenue du spectacle déclaré "blasphématoire", menaçant même le festival dans son ensemble. Une campagne "spirituelle" menée comme une machine guerrière – des dizaines de milliers d'emails fort peu aimables, des manifestations gigantesques partout dans le pays, la présence massive de plusieurs centaines de "gros bras" débarqués à Poznan quelques jours avant le spectacle, etc. Un peu à l'image de ce que nous avions traversé en 2012 lors de la présentation de Gólgota Picnic dans plusieurs villes françaises, à deux différences majeures près : la première, c'est que la relative - et discutable – passivité des autorités polonaises, et

leur peu de considération pour une menace pourtant bien plus grave qu'en France, a contraint le festival d'annuler le spectacle ; la seconde différence - conséquence de la première - est à chercher dans l'écho proprement unique de cette affaire à travers toute la société polonaise, et la réaction réellement citoyenne (pas uniquement dans le petit monde de la culture) qu'elle a suscitée : rassemblement spontanés dans les plus grandes villes du pays pour lire le texte de Rodrigo García en dépit des menaces, publication de l'intégralité de la pièce dans le plus influent quotidien national... Kasia Torz, coordinatrice du festival, nous raconte comment un revers - l'annulation d'un spectacle n'est jamais une bonne nouvelle pour la liberté d'expression – se révèle au final un bel exercice de démocratie...

Kasia Torz : Je voudrais ajouter quelques souvenirs personnels, en particulier de la journée du 26 juin à Varsovie, où a eu lieu au Novy Teatr une représentation très singulière. Je dois dire que c'était une soirée extraordinaire : des gens de Poznan, – journalistes, participants des masterclass, artistes – sont venus ensemble, et le théâtre avait invité des gens importants du milieu de la culture ainsi que des spectateurs fidèles. Une heure avant la représentation, à l'entrée du théâtre, les manifestants ont commencé à se rassembler et à exprimer leur mécontentement. De minute en minute la foule est devenue de plus en plus déterminée et bruyante. Moi, comme d'autres, ne pouvions pas entrer dans le théâtre, nous étions molestés et insultés. La police n'était présente qu'à travers quelques


agents enfermés dans une voiture garée pas loin, et le théâtre avait dû s'assurer les services d'une compagnie de sécurité privée, afin de protéger le théâtre et le public. Le spectacle annulé était remplacé par une performance-lecture-concert qui s'est révélée bouleversante : dans ce contexte, l'ambiance et les attentes de la salle étaient plus fortes que dans une simple situation théâtrale. Bien que de l'intérieur du théâtre on pouvait entendre les manifestants au-dehors (qui hurlaient, sifflaient, alternaient chants religieux et chansons patriotiques), tout cela faisait que d'une

D'une certaine façon je me sentais dans le théâtre comme dans un refuge. Une sorte d'étrange et incertain abri souterrain. certaine façon je me sentais dans le théâtre comme dans un refuge. Une sorte d'étrange et incertain abri souterrain. La représentation était précédée par une courte introduction de Rodrigo. Les gens ont été très émus par la pièce, qui s'est conclue par une standing ovation. Une rencontre publique était prévue après la représentation, mais n'a pas eu lieu parce que quelqu'un a balancé une bombe puante dans les gradins et tout le monde a dû évacuer la salle.

part d'entre eux très jeunes artistes et activistes) se sont rassemblés et se sont mis à lire, d'une seule voix, le texte de Gólgota Picnic. Bien sûr plusieurs manifestants ont tenté d'interrompre cette lecture mais finalement, elle a pu avoir lieu jusqu'au bout, après quoi on a même pu reprendre le débat. Rodrigo est resté à Poznan, jusqu'à la fin du festival, avec bien sûr des sentiments mêlés : colère, frustration, et surprise de voir ce qu'il était en train de se passer. Je pense qu'il était heureux de sa participation au festival, et en même temps déçu par sa disparition en tant qu'artiste. Mais avec le recul je réalise qu'aucun autre metteur en scène étranger n'a jamais eu ici la couverture médiatique de Rodrigo García. C'est vraiment incroyable que chaque télévision, radio, quotidien, magazine, site d'actualités Internet, et plus encore les gens de la rue dans le taxi ou à l'épicerie, tous ont parlé de Rodrigo et de son travail – et la publication de l'intégralité du texte Gólgota Picnic dans Gazeta Wyborcza, le plus grand quotidien polonais, fut la cerise sur le gâteau... Au fil des semaines, Malta Festival a documenté ces événements pour son site internet. A voir sur : malta-festival.pl

Le jour suivant nous avons organisé un grand débat qui avait lieu – ce qui peut sembler ironique, mais prometteur – sur la Place de la Liberté à Poznan. , Pendant quatre heures, presque tous les gens présents ont pris la parole, chacun représentant des croyances, approches politiques, points de vue différents. C'était réellement une discussion publique, au sens fort de ce mot. J'ai senti que nous avions réussi à faire de cette expérience traumatique un débat complexe qui concernait tout le monde – tous les citoyens, qu'ils soient proches de la culture ou pas. En plein milieu il a fallu interrompre le débat : à l'autre bout de la place, des centaines de gens (la plu-

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GuidE du spectateur

CoMbien ça coûtE ? 23€ entrée générale 16€ moins de 30 ans, demandeurs d’emploi 12€ moins de 22 ans, RSA

(sauf tarifs spéciaux indiqués dans le programme)

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CoMmenT AcheTer sa PlacE ? Au théâtre : accueil billetterie ouvert du lundi au vendredi de 13h30 à 18h30 et sans interruption les soirs de spectacle. Les samedis de représentation à 16h00. Les dimanches 1h30 avant la représentation Par téléphone : 05 62 48 54 77 Par internet : www.theatregaronne.com (paiement sécurisé par carte bancaire)

Attention, toute annulation ou changement de votre part doit nous être communiqué la veille du spectacle au plus tard. Nous acceptons les chèques Culture, Toulouse Jeunes et Vacances Toutes nos salles sont accepssibles aux personnes a mobilité réduite

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l’adhésion individuelle 25€ / duo 40€ TROIS CARNETS AU CHOIX carnet partageable 5 à 9 places 15 € la place

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du 16 au 28 décembre le 1er spectacle à votre tarif habiteul les suivants, tarif unique 8€

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Validité de l’adhésion et des carnets : saison 2014-2015 + d’infos www.theatregaronne.com

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La revue est éditée par le théâtre Garonne directeur de la publication Jacky Ohayon coordination Stéphane Boitel, Audrey Angot rédaction Bénédicte Namont, Stéphane Boitel, et sources citées graphisme t2bis.eu impression Delort, Castanet-Tolosan licence n0 1050565-566-567

L’édition de ce numéro est soutenue par Tisséo

Les partenaires

Le théâtre Garonne est subventionné par

le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction Régionale des Affaires Culturelles Midi-Pyrénées, la Ville de Toulouse, le Conseil Régional Midi-Pyrénées au titre du fonctionnement, le Conseil Général de la Haute-Garonne au titre du soutien à certains spectacles

et bénéficie du concours de

l'ONDA (Office National de Diffusion Artistique) pour la diffusion de certains spectacles

Ils soutiennent la saison 2014-2015

Ils accompagnent la saison 2014- 2015

Certains spectacles bénéficient du concours de Tous Mécènes en Midi-Pyrénées. Le théâtre Garonne est membre du réseau House on Fire, financé avec le soutien du Programme Culture de la Commission Européenne

House on Fire est :LIFT Festival (Londres), HAU (Berlin), Kaaitheater (Bruxelles), BRUT (Vienne), Archa Theatre (Prague), Teatro Maria Matos (Lisbonne), Frascati (Amsterdam), Malta Festival (Poznan), Théâtre Garonne (Toulouse) and BIT-teatergarasjen (Bergen).

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1, av du Château d’eau 31300 Toulouse Tél. billetterie : + 33 (0)5 62 48 54 77 contact@theatregaronne.com www.theatregaronne.com Retrouvez-nous sur Facebook et Twitter


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