Journal pour Differdange - septembre 2011 (2. édition)

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Des impôts justes – et non des taxes injustes ! Les impôts servent notamment à financer les infrastructures et les services publics.

André Hoffmann Député de déi Lénk.

Depuis des décennies, nos gouvernements font le contraire : tout en enrichissant les riches par des cadeaux fiscaux successifs, ils abusent de l’argument du « coût de revient » ou du principe du «pollueurs-payeur » pour augmenter les tarifs des biens et services publics – voir par exemple le prix de l’eau. La plupart des communes font la même politique. En l’espace de vingt ans, le taux de l’impôt sur les bénéfices a été réduit de moitié, le taux maximal de l’impôt sur le revenu a été abaissé de 56% à 38% (maintenant 39%), l’impôt sur la fortune aboli. Les Etats membres de l’Union Européenne rivalisent pour les plus bas impôts sur les plus gros revenus, et le Luxem-

La justice sociale exigerait que les grandes fortunes, les hauts bénéfices et revenus soient taxés plus que proportionnellement, que les impôts (directs surtout) servent donc aussi à redistribuer du haut vers le bas, afin de réduire les inégalités sociales, et garantir à toute personne l’accès aux services et biens publics, indépendamment de son revenu. bourg participe allègrement à ce dumping fiscal.

des accises – a augmenté plus fortement que celle des impôts directs. Ils font aujourd’hui 40% de toutes les recettes de l’Etat. Alors que le produit des impôts sur les bénéfices (impôt sur le revenu des collectivités) était jadis supérieur à celui de la TVA, aujourd’hui, c’est le contraire. Selon une étude la Banque Mondiale, la charge fiscale des entreprises au Luxembourg est la plus modeste de toute l’Europe ! Le petit consommateur paie, les actionnaires accumulent !

Les impôts directs dépendent normalement du revenu ou de la fortune, ils sont donc passablement justes en principe, surtout s’ils sont fortement progressifs, comme l’était jadis l’impôt sur le revenu. Par contre, les impôts indirects comme la TVA ou encore les taxes communales, ne dépendant pas du revenu, pèsent sur les petits et modestes revenus plus lourdement que sur les gros, et sont donc plus injustes. Or, au cours des dernières années, le poids des impôts indirects – surtout de la TVA et

L’une des principales ressources financières des communes, l’impôt commercial communal (sur les

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bénéfices) a été réduit progressivement par les gouvernements successifs – sans consulter les communes. Au lieu de résister, les communes augmentent leurs taxes, font payer leurs citoyens – et se sont mis même à concourir entre elles avec la réduction de l’impôt sur les bénéfices ! De la crise profonde que nous subissons, il faudrait tirer une tout autre leçon: réduire la concentration de la richesse au sommet de l’échelle sociale, supprimer les bulles financières – et rendre la richesse sociale à celles et à ceux qui l’ont créée par leur travail.


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