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Confinement, ou la fraternité impromptue

Paroisse en ligne

Confinement, ou la fraternité impromptue

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Jérôme De Laguierce

Paroisse Vincennes St Mandé, ccn

Deux jours de réflexion, six heures pour rassembler le matériel et doubler l’équipe grâce à quatre frères et sœurs, un peu de mise en place et « Bam ! », nous nous sommes retrouvés en ConfiFrat’ à travailler ensemble à une mission dont nous ignorions l’existence possible, la semaine précédente : mettre en place les retransmissions sur internet en Live de la messe du matin, d’un temps de louange chaque soir de la semaine, et en bonus, l’intégralité du Triduum pascal partagé sur le site du diocèse. Bref, un challenge à la hauteur de notre curé. Certains d’entre nous l’ont suspecté de profiter d’un tel évènement pour accélérer la transformation pastorale en injectant des vitamines de Fraternité, Prière, Formation, Service et Evangélisation… du BTC ultra boosté !

Comme l’Esprit-Saint n’est pas né de la dernière pluie, puisqu’il était là avant la première, il nous a offert un cadeau, celui de la fraternité ! Nous avons vécu au presbytère dans la diversité de nos états de vie (mariés, consacrés, célibataires, jeunes et jeunes-avec-presque-60-ans-d’expérience) une vraie grâce qui a permis d’embrayer très vite pour nous tourner vers les paroissiens. Quand on rajoute le partage du repas du soir, cuisiné à tour de rôle par un Chef bien toqué, la sauce a pris très vite, offrant le goût délicieux de la fraternité.

Et c’est sans attendre qu’elle a dépassé la « clôture » du presbytère. Localement tout d’abord, sur les paroisses de St Louis de Vincennes et Notre Dame de St Mandé : les réseaux se sont maillés entre eux pour prendre soin de chacun. La population la plus mise à mal semblait être celle des jeunes familles, souvent petitement logées, dont les enfants se sont mis rapidement à « marcher sur les murs ». La mise en place d’un agenda partagé pour organiser l’utilisation des cours des deux maisons paroissiales a permis de donner de l’air aux familles, et pas seulement aux petits. De là, les marelles multicolores dessinées à la craie ont fleuri, les pots de fleurs se sont transmutés en poteaux de foot : la vie et les cris ont surgi dans un environnement d’ordinaire assez calme.

Prendre soin de nos frères et sœurs était le maitre mot pour notre communauté

Prendre soin de nos frères et sœurs était le maitre mot pour notre communauté : nombre de paroissiens se sont proposés pour se mettre au service. Les « Geek » les plus avancés ont pu ainsi porter secours aux plus seniors et les aider à accéder aux réseaux sociaux, repoussant ainsi les murs du monastère invisible. Pour

d’autres, le tablier de service a consisté à téléphoner régulièrement aux personnes seules et échanger avec elles. A deux doigts d’organiser du « co-cyclage » entre ceux qui ne pouvaient télé-travailler, certains frères ont profité de ce temps pour tester différents modèles de vélos électriques afin de se préparer sans plus attendre à la transition écologique.

De leur côté, les Equipes d’Animation Paroissiale ont mis en place une Newsletter: mot du Curé, homélie du dimanche précédent, propositions pour les couples (relai vers Cana) et pour les enfants, idées mises en place par les paroissiens eux-mêmes pour favoriser les contacts (concours cuisine ou Scrabble par téléconférence), vidéos de familles montrant leur manière de vivre ce temps si spécifique. Autant de partages qui pouvaient renforcer les cordages de la tente d’une communauté paroissiale.

Pour nous lancer dans la mission “Messe et louange en ligne”, il a fallu très vite nous former. Cela concernait tout d’abord la technique : comment transformer un professeur de lettres en caméraman aguerri, un ingénieur industriel en bedeau-thuriféraire, un conducteur de louange en organiste, une maitresse de maison en éclairagiste sachant distinguer « une lyre, d’une beam ou d’un sun trip reliés par DMX sur le live controller » ; certains frères ont complété par ailleurs leur formation de cuistot car pour tous, l’enjeu de la Fraternité se jouait aussi à table…

C’est certain, Dieu nous attendait dans son école de louange : de la mi-Carême à la Pentecôte, il nous a portés dans la durée pour un cursus continu. Sacré clin d’œil quand on se rappelle que la présence à St Louis de Vincennes de notre communauté, née elle-même d’un groupe de Prière, est liée à une intuition reçue par L’Evêque pendant un groupe de prière, il y a quelques années. Que de simplicité dans les intentions confiées tout au long de ces rencontres ; que de liberté à nous laisser guider dans ces partages où nous ne faisons plus qu’Un avec notre Dieu ; que de Fraternité à nous partager les interventions au cours de ces soirées. Nous avons senti l’Esprit inviter chacun des internautes à partager en direct…

Le fruit le plus surprenant pour nous tous, incrédules à la nuque raide, fut l’étendue du réseau des 500 à 650 connections quotidiennes et fidèles aux temps de louange : de tous les coins de Métropole et d’Europe, de Maurice, de la Réunion, mais aussi de Colombie, de Chine, du Canada, des Etats-Unis, d’Afrique, les partages d’images et de textes, les demandes d’intentions ont transformé notre Kawako en un groupe de prière gigantesque, reliant le monde entier. Bien belle découverte pour les paroissiens de Vincennes et de St Mandé peu habitués à la louange, et qui ont goûté aux fruits de la fraternité. Belle expérience pour le Collectif Chemin Neuf Worship présent pour porter une Louange jour après jour, qui teste une nouvelle voie dans sa mission. Et joli bouquet final, que d’accueillir en sortie de confinement, d’autres leaders de Louange comme Alexia Rabé, Grégory Turpin, Samuel Olivier du Collectif Cieux Ouverts, Vinz le Mariachi, Louise et Bruno (Anuncio), mais aussi notre frère Féfé et Sœur Marion.

Ce qui nous a manqué durant ces huit semaines de confinement au presbytère : nos trois frères et sœurs communautaires confinés chez eux à seulement 250 m de nous. Pour le restant, Dieu nous a comblés de bénédictions que nous vous partageons à notre tour. f J.D.L.