Philippe Guignard, Crédit Agricole PACA n

n INTERVIEW. LE DIRECTEUR TERRITOIRES ET ENTREPRENEURS DU CRÉDIT AGRICOLE PROVENCE CÔTE D'AZUR PRÔNE LA CONFIANCE, MAIS AUSSI UNE CERTAINE VIGILANCE SUR LES PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES.

Quel regard portez-vous sur la dynamique de relance économique du département ? Je porte un regard prudent et attentif, et l’actualité sanitaire de ces derniers jours me conforte en cela. Nous le savons plus que quiconque, une dynamique de relance économique peut être fortement chahutée par un contexte global, des disparités entre secteurs d’activité peuvent également ponctuer un constat de relance. Pour exemple, le domaine du tourisme dans lequel nombre de métiers sont représentés (pour n’en citer que quelques-uns l’hébergement, la restauration bien sûr mais aussi la culture, la musique…) a particulièrement souffert de la crise et sort à peine la tête de l’eau. Il faut rester confiants, mais vigilants sur la suite. Même si l’on note une amélioration, la relance post-crise ne pourra s’évaluer et s’apprécier que sur la durée. Actuellement, nous restons attentifs aux situations individuelles de nos clients, pour

les accompagner au mieux dans leur développement et les aider à se prémunir des risques.

Qu’est-ce qui rapproche deux partenaires tels que le Crédit Agricole Provence Côte d’Azur et la CCI Nice Côte d’Azur ? C’est cette volonté commune de stimuler le tissu économique territorial. Lorsque le Crédit Agricole accompagne les entreprises du territoire dans leur développement économique et stratégique, la CCI Nice Côte d’Azur est parallèlement un partenaire de choix pour les structures désireuses de se former et de grandir, ce qui apparaît aujourd’hui comme essentiel pour pérenniser son activité. Au Crédit Agricole Provence Côte d’Azur, on croit beaucoup au durable. Nos investissements sont systématiquement orientés dans ce sens, et nos partenariats bien évidemment sont construits de la même manière, pour agir main dans la main aux côtés d’acteurs privés et publics, qui partagent nos valeurs de proximité, de responsabilité et d’utilité à long terme. La CCI Nice Côte d’Azur est un partenaire qui nous ressemble, misant sur l’avenir du territoire.

Les professionnels expriment une attente forte d’être accompagnés sur l’innovation, et la numérisation de leurs services. Quelles sont vos actions dans ce domaine ? Avant même d’observer cette attente forte des professionnels, et bien heureusement, nous les accompagnions déjà sur la numérisation de leurs services. Nous nomadisons leurs moyens de paiement, nous les accompagnons dans la création de site de e-commerce, nous permettons à leurs clients de les payer par lien : ici, je pense notamment aux professions libérales… Vous l’aurez compris, nous avons un rôle clef pour accompagner nos clients dans leur transition numérique. Pour les start-up à caractère innovant, le Village by CA Provence Côte d’Azur a été créé à Sophia il y a trois ans maintenant, avec la volonté d’accélérer les start-up du territoire. C'est un lieu propice à la création où se mêlent évènements, rencontres et idéation, le tout encadré par une équipe de professionnels passionnés par les stratégies d’entreprises. Il a déjà propulsé 46 start-up depuis sa création, grâce à son accompagnement sur-mesure.

La filière de l’hôtellerie-restauration fait face à une crise de recrutement inédite, comment répondre à cette situation ? Effectivement, on considère au niveau national que c’est plus de 237 000 emplois qui ont été perdus dans le CHR. Le recrutement reste difficile et le secteur fait face à une vraie problématique. Parce qu’il faut rétablir le lien social qui a trop été distendu entre les chercheurs d’emplois et les recruteurs en temps de crise, le Crédit Agricole a lancé la plateforme Youzful : un site d’orientation et de recherche d’emploi qui, à l’aide d’une messagerie instantanée, démocratise complètement la relation entre jeunes apprentis et professionnels. Tout candidat peut quand il le souhaite entrer en relation avec un professionnel (du secteur du tourisme par exemple) de sa région, de son département ou même de sa ville (et vice versa). L’idée est de renouer les liens intergénérationnels et créer des opportunités d’emplois en proximité.

La question de la durabilité du tourisme n’a jamais été aussi aiguë, phénomène de mode ou vraie rupture ? Selon un sondage Ifop, 80 % des Français interrogés considèrent qu’il est du devoir des professionnels du tourisme de s’occuper de la réduction des impacts de leurs activités sur l’environnement. Au travers de ce chiffre on entrevoit deux choses. La première, la question du durable est bel et bien une attente sérieuse des consommateurs français sur le secteur du tourisme (entre autres). La seconde, les professionnels et entreprises du secteur doivent si ce n’est pas déjà fait, organiser leur transformation de manière à intégrer cette composante au cœur de leur stratégie. À l’ère de la transition énergétique, s’inscrire dans une démarche durable est devenu incontournable pour la prospérité de son modèle économique et je crois que chaque acteur en prend pleine conscience aujourd'hui. Parce que le tourisme durable n'est pas un effet de mode mais une des réponses aux préoccupations de la société actuelle, il continuera de faire partie de nos priorités pour 2022, dans l'accompagnement des professionnels du secteur. n