Compte rendu TDLS 10/02/12

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Compte-rendu Conférence du 10 février 2012 Nayra Vacaflor : Quels sont les traits distinctifs de la révolution numérique et quelles voies se dessinent pour demain?

numérise de la même façon, l’association entre information et support a ainsi disparu.

Gérard Berry : Quand on parle de révolution numérique on parle souvent des effets du numérique, mais il n’y a pas d’information sur les causes. On ne peut pas comprendre les effets sans comprendre les causes.

Tout cela est possible grâce aux algorithmes. Les suites de nombres (0 et 1) peuvent être copiées indéfiniment sans modification. C’est ce qui conditionne le monde aujourd’hui. Nos enfants (nés au 21ième siècle) ne sauront jamais comment on vivait en 1999 ou avant. Ils l’apprendront en cours d’histoire, mais ils ne pourront pas comprendre comment nous avons vécu. Aujourd’hui le numérique a totalement bouleversé nos modes de vie. On parle d’inversions mentales, ces inversions peuvent s’illustrer très facilement avec les petites phrases que les enfants disent : Un enfant de 10 ans rentre de chez un ami et dit à son père tout excité : - Papa le voisin a un ordinateur incroyable, tu tapes sur les touches et il imprime tout de suite. Il a découvert la machine à écrire ! Dans une machine à écrire il y a une relation temporelle extrêmement précise entre le fait d’écrire et le fait d’imprimer, dans nos ordinateurs il n’y a pas cette relation. Autre exemple la Loi Hadopi : c’est appliquer au monde virtuel des lois du monde physique, un enfant ne comprend pas, exemple de réflexion déjà entendu de la bouche d’un enfant : - Pourquoi on dit que passer de la musique c’est du vol ? Quand je passe mon lecteur mp3 à un ami, il ne me l’a pas volé puisque je l’ai encore !

L’informatique repose sur 4 piliers (en dehors de nous) : - L’information numérisée - Les algorithmes - Les langages avec lesquels on parle aux ordinateurs et les langues - Les machines Pourquoi quelque chose d’aussi banal avec des machines fait une révolution aussi rapide et profonde ? D’abord on peut souligner la rapidité. En informatique on construit tout donc il n’y pas les mêmes problèmes temporels que les autres sciences peuvent rencontrer (comme en biologie et en physique par exemple). Le premier moteur de recherche a été fait en 2,5 mois, or on met plus de 20 ans entre la découverte d’un virus et la commercialisation de l’antivirus. Les contraintes de temps sont donc abolies avec l’informatique. Puis l’informatique a brisé la relation entre information et support physique de l’information, avant il y avait des livres, des photos, des disques et tous ces supports étaient différents. Imprimeur et éditeur de disques étaient deux métiers différents. Dès les années 1950, la convergence a commencé, toutes les informations possibles pouvaient s’écrire d’une seule manière : sous forme de suite de nombres ! Tout se

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La notion d’image mentale de la propriété est complétement différente. Exemple de la téléphonie : avant quand on appelait quelqu’un avec un téléphone fixe, on avait une information : il est là où il n’est pas là. Maintenant la première question qu’on pose c’est : « t’es où ? » […] Ainsi pour conclure il y a eu plusieurs grandes révolutions : - l’écriture : qui a permis de ne plus savoir par cœur - l’imprimerie : qui a permis de diffuser et d’avoir la mémoire chez soi - le numérique : on a plus besoin de mémoire, elle est sur soi. L’organisation mentale de la mémoire est totalement différente, on ne se rappelle plus les choses, mais on doit mémoriser les liens pour y accéder. La numérisation ou la modélisation se fait aussi sur l’Homme, en médecine par exemple, mais la modélisation numérique s’applique également à l’art. Je vous invite à regarder la vidéo de la fête des lumières à Lyon. Ce que l’on voit ne peut se faire qu’avec les outils numériques. La pensée algorithmique est une pensée totalement différente de voir le monde. Retrouver les conférences en vidéo de Gérard Berry : Cycle de conférences : Et le monde devint numérique Vidéos du cycle de conférences « Et le monde devint numérique », Universcience, la Cité des sciences, Paris, mai-juin 2011 : Les racines scientifiques du monde numérique (18 mai 2011), La révolution numérique dans les sciences (25 mai 2011), A la chasse aux bugs, la maladie du certain (8 juin 2011) Plus d’information sur Gérard Berry : http://www-sop.inria.fr/members/Gerard.Berry/#_Toc310266435

Nayra Vacaflor : Où en est-on dans la révolution numérique ? Est-ce qu’on peut dire qu’il y a une révolution chez l’individu, dans l’être ? Javier Echeverria : Pour faire une analogie avec le passé, j’évoquerai l’histoire de la caverne de Platon. Dans ce théâtre des personnes projetaient des ombres (d’objets) sur les prisonniers de la caverne. Il y a d’un côté le monde des idées et de l’autre le monde de la réalité. Aujourd’hui, il est possible de faire un rapprochement : la caverne c’est l’écran d’ordinateur et ceux qui projettent les informations (donc les ombres) ce sont les informaticiens. L’arrivée du numérique est donc réellement une question philosophique. En partant du titre : une révolution qui numérise le monde, c’est pas mal comme titre, mais cela sous-entend que la révolution numérise tout le monde. Mais il y a une pluralité de monde et le titre devrait être « une révolution qui numérise les mondes ». Car est-il possible de numériser tous les mondes ? Certains philosophes comme Leibniz a conclu qu’avec des 0 et des 1 on peut tout faire. Néanmoins, il faut faire l’action de numériser car la numérisation ne se fait pas toute seule. Certains mondes ne sont pas (encore) numérisés. Le monde est partagé en 3 dimensions interconnectées : - Le monde naturel/biologie ou physis : qui n’est pas totalement numérisé - La ville ou police : une partie est modélisée mais pas l’intégrité, les macro et mésocosme peuvent être numérisés mais pas encore le microcosme (la chambre…) - Et le 3ième entourage (entornno) Cette 3ième dimension est totalement numérisée, elle comprend le téléphone, internet, les cartes de crédits…Un petit aparté la carte de crédit est (bien) un objet numérique, c’est le réseau Swift, qui n’est pas le réseau internet, donc peu connu et pourtant c’est un des plus gros réseaux de la planète. Il faut faire attention, il n’y a pas qu’internet comme réseau.

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Pour illustrer mon propos, je prendrai l’exemple de la mémoire : - Je me rappelle d’une partie du discours de Gérard Berry : c’est le 1ier entourage - J’ai pris des notes, c’est un support pour ma mémoire : c’est le 2ième entourage - La conférence est enregistrée : c’est le 3ième entourage La révolution numérique a créé une 3ième dimension, le 3ième entourage, qui devient de plus en plus important. Galilée a dit que le monde pouvait s’écrire en langage mathématique. De cette découverte est née la science moderne. Avec l’informatique c’est un autre genre de changement. Les nombres n’écrivent pas seulement le monde, ils supportent le monde. Ce sont les supports du monde. C’est ce qui fait la force de l’information, comme support d’une réalité virtuelle. La révolution c’est que maintenant les nombres sont le fondement d’une dimension du monde. […] Ecouter toute la conférence : durée 1h03

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