Le Soir Vendredi 20 août 2010
économie
Le prix de l’essence sera moins cher vendredi. Un litre de super 95 coûtera au maximum 1,432 euro, soit une baisse de 1,7 centime. La super 98 baissera de 1,8 centime à 1,457 euro maximum par litre. © ALAIN DEWEZ
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Internet / Le contre-exemple d’une asinerie qui sait se vendre
Automobile
General Motors veut revenir en Bourse
Les PME belges ratent le train de l’e-commerce
NEW YORK DE NOTRE CORRESPONDANT
ous voulons que le gouvernement sorte de là. N Point final. » Il y a quelques jours, Edward Whitacre, le patron du constructeur automobile General Motors, faisait ses confidences à la presse locale de Detroit. Le géant du Michigan a confirmé mercredi ces informations données en famille : la firme veut revenir en Bourse, afin de réduire la part de l’Etat, aujourd’hui actionnaire principal, et de commencer ainsi à rembourser les 50 milliards de dollars investis dans son sauvetage. Se débarrasser de l’Etat en une fois, en deux, en trois ? Ni dans l’interview ni dans le communiqué de mercredi, le chef de GM n’est entré dans le détail, même si Whitacre assurait que cette entrée en cotation signifierait immanquablement la réduction de la part de l’Etat en dessous de 50 %. Cette part est de 61 % depuis la mise en faillite de la société, soit un chiffre énorme de 304 millions d’actions. La décision sur l’ampleur de la vente doit obtenir l’aval outre du Trésor américain, du syndicat de l’automobile (United Auto Workers) et du gouvernement canadien, tous deux actionnaires. La vente d’actions promet d’être spectaculaire dans son envergure, pratiquement sans précédent dans l’histoire de Wall Street.
L’ASINERIE DU PAYS des collines (Frasnes-lez-Buissenal) est, avec ses 120 ânes, l’une des plus grandes d’Europe. © PIERRE-YVES THIENPONT
L’ESSENTIEL ● La majorité des motsclés achetés chez Google Belgique le sont par des sociétés étrangères. ● Il y a des contreexemples. ● L’asinerie du pays des collines a conquis le marché français grâce au Net.
ur les cartes du globe de Google à Mountain View (Silicon Valley), le territoire belge doit sans doute être coloré en rouge, catégorie « mauvais élève ». Comparé à ses voisins, le pays est en effet très en retard en matière de publicité et de commerce en ligne. Plus de la moitié des PME belges n’ont pas de site internet. Plus interpellant : 60 % du chiffre d’affaires de Google Belgique (leader de la vente de mots-clés) est réalisé grâce à des PME étrangères qui viennent faire la promotion de leurs produits en Belgique. Un chiffre en complet décalage avec les autres pays
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européens où en moyenne, 80 % des ventes du géant américain sont réalisés avec des entreprises locales. « La Belgique est le seul pays d’Europe où la majorité des achats de mots-clés est réalisée par des compagnies étrangères », explique Julien Blanchez, directeur marketing de Google Belgique. Les PME belges négligent le potentiel de l’internet pour écouler leurs produits et toute cette place libre est progressivement grignotée par des joueurs étrangers qui ne demandent pas mieux. Les Hollandais attaquent le marché flamand. Les Français, la Wallonie. En guise de comparaison, il y a plus de 22.000 sites d’e-commerce aux Pays-Bas contre 5.000 en Belgique. « Alors que nous avons les capacités linguistiques et technologiques pour attaquer ces deux marchés, c’est le contraire qui se passe », s’exclame Julien Blanchez. Il y a eu heureusement des contre-exemples. Et pas besoin d’aller dans des zonings d’entreprises high-tech pour les trouver. Il suffit de s’enfoncer dans les verts pâturages du pays des collines, entre Ath et Tournai. On y trouve à Frasnes-lez-Buissenal l’une des plus grandes asineries d’Europe. 120 ânes et surtout ânesses dorlotés par la maîtresse des lieux, Marie Tack. Elle est passionnée depuis son plus âge par « cet ani-
www.lesoir.be
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les liens commerciaux. « Nous investissons chaque jour 100 euros en achat de mots-clés pour figurer une bonne partie de la journée en tête de page, explique Corentin. Ces achats nous ont permis de multiplier par quatre les ventes de notre site. » Internet lui a surtout ouvert les portes du marché français, qui représente aujourd’hui 85 % des commandes. Un pays où les gens semblent avoir beaucoup moins de blocages par rapport à l’e-commerce. « Les Français n’hésitent pas à utiliser le paiement en ligne par carte de crédit, explique « Les Français n’hésitent pas à utiliser Corentin. En le paiement en ligne par carte de crédit. Belgique, neuf En Belgique, neuf fois sur dix, les clients fois sur dix, les préfèrent payer par virement. » clients préfèCorentin Tack, responsable internet de l’asinerie du pays des collines rent payer par vendu pour 60.000 euros de pro- virement. » Le développement sur internet duits en ligne, soit trois fois plus que l’année précédente, explique constitue LA priorité de l’exploison fils, Corentin, en charge de tation familiale qui veut à l’avetous les développements inter- nir écouler la majorité de ses pronet. Et en 2010, on devrait dépas- duits en ligne. « Les bénéfices y ser les 140.000 euros, soit cinq sont plus élevés qu’en passant fois les ventes de la boutique de la par un réseau de magasins où les ferme. » L’explosion des ventes revendeurs prennent jusqu’à sur internet n’est pas tombée du 50 % de marges sur le produit », ciel. Marie Tack investit massive- explique Marie Tack. Prochain ment dans la publicité en ligne développement ? La vente de lait pour faire connaître son échoppe sur internet. L’asinerie travaille virtuelle. Tapez « lait d’ânesse » au lancement de gélules de lait sur Google : c’est toujours son si- déshydraté. ■ te qui apparaît en premier dans JEAN-FRANÇOIS MUNSTER
mal méprisé par l’homme malgré tous les services qu’il lui rend ». Elle a fondé il y a dix ans avec son mari la première asinerie de Belgique. Aujourd’hui, son entreprise est en pleine croissance et internet y est pour beaucoup. L’asinerie vend du lait d’ânesse mais aussi toutes sortes de produits cosmétiques à base de ce liquide connu pour ses vertus auprès des peaux sensibles : savons, crèmes de soins, laits corporels… L’internet représente aujourd’hui 20 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. « En 2009, on a
MODE D’EMPLOI Le fonctionnement d’Adwords. Le moteur de recherche Google a bâti sa fortune sur la vente de motsclés. Ceux qui veulent faire apparaître un lien commercial renvoyant à leur site à chaque fois qu’un internaute fait une recherche sur un mot bien particulier peuvent acheter ce mot aux enchères. 10, 20, 40 cents, le prix peut varier fortement en fonction du mot convoité. Celui qui offre le meilleur prix verra son lien apparaître en haut de l’écran (sur un fond de couleur) ou en haut de la colonne de droite. Les liens des autres enchérisseurs suivront. S’il offre 20 cents pour un mot-clé, cela signifie qu’à chaque fois qu’un internaute cliquera sur son lien, son compte sera débité de cette somme. Pour éviter les mauvaises surprises, l’acheteur doit fixer un budget journalier qu’il ne veut pas voir dépassé. Une fois cette somme dépensée, l’annonce disparaît de l’écran jusqu’au lendemain. J.-F. M.
Impact négatif de l’Etat Edward Whitacre a été nommé à son poste par l’administration d’Obama. Alors qu’il partira à la fin de l’année, le PDG se dit convaincu que la présence de l’Etat et les souvenirs des 50 milliards de dollars avancés par les contribuables américains noircissent l’image de la firme et ont un impact négatif sur les ventes. Après avoir plongé dans un gouffre sans précédent depuis 30 ans, les ventes de GM sont remontées ces derniers mois. Le géant qui a perdu la moitié de ses marques et licencié des milliers de personnes, a retrouvé les chiffres noirs, avec un bénéfice de 2,2 milliards de dollars pour le premier semestre. GM a remboursé des prêts pour près de 9,5 milliards de dollars contractés auprès des Etats américain, canadien et allemand. Au-delà de ses aspects économiques, cette annonce répond sans doute à des considérations politiques de la part du gouvernement démocrate. A l’approche des élections de novembre prochain, la transformation de General Motors en « Governement Motors » risquait de devenir l’un des grands thèmes de campagne des républicains. ■ LUIS LEMA 1NL
du 20/08/10 - p. 19