TJ-Info Magazine N°71 - Mars/Avril

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MARS / AVRIL 2018 (5778) - NUMÉRO 71 (OFFERT)

GEORGES BENSOUSSAN INTERVIEW KURDES : TOUS LES LÂCHES DÉTOURNENT LA TÊTE VIGIE ÉDITO 70 ANS... CE QU’ILS EN DISENT

DRUZES D’ISRAËL FRÈRES D’ARME ET DE CŒUR

L’INNOVATION EN HÉRITAGE PAR JEAN-PAUL FHIMA



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ÉDITO 70 ans... Ce qu’ils en disent - ISRAËL

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Les 70 ans de l’état d’Israël CHRONIQUE

P8

Simhat HaLev - TÉMOIGNAGE

P10

On vous en avait parlé... BLOC-NOTES

P12

Richard Kenigsman - PORTRAIT

P20

Kurdes : tous les lâches détournent la tête - INTERNATIONAL

P22

Georges Bensoussan - INTERVIEW

P28

En coulisses - ÉVÈNEMENTS

P32

LIVRES

P34

La fureur de peindre - EXPOS

P40

THÉÂTRE

P42

LIVRES

P43

August Sander - EXPOS

P44

Le printemps en beauté ! SHOPPING

P46

Edité par : SAS TJ INFO Directeur de la publication : André Mamou Rédacteur en chef : André Mamou Directrice de la rédaction : Sylvie Bensaid Rédactrice en chef adjointe : Line Tubiana Secrétaire de rédaction : Michelle Delinon Maquette : Emmanuel Lacombe Ont participé : Sarah Cattan... Directrice de la publicité : Sylvie Marek Chef de publicité : Jeanine Konforti Crédits photo : Alain Azria, Wikipédia, Wikimédia Commons, Flickr Commons, Pixabay... Commission paritaire en cours.

VIGIE Par ANDRÉ MAMOU

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ribune Juive : après le numéro d’octobre, le magazine reparaît. En fait il n’a jamais cessé d’exister : « Nouvelles de nos communautés d’Alsace et de Lorraine » en 1945 puis Tribune Juive pour toute la communauté francophone avec toujours des dirigeants dévoués et des collaborateurs enthousiastes et le plus souvent bénévoles. Il y a 6 ans, il a pris habilement le tournant indispensable, celui du site Web et il a rempli sa mission : confronter en cherchant à réunir, analyser sans parti pris, intéresser et réjouir : apprenez leur à rire, « Teach them laugh »voulait Jabotinsky. Mais le magazine papier n’a pas perdu ses lecteurs et beaucoup aiment tourner les pages, conserver matériellement un moment fugitif, lire à l’ancienne comme un luxe suranné auquel on n’a pas renoncé. Tribune Juive, chaque fois que c’est possible, publie un magazine papier en hommage à ses lecteurs qui sont sa raison d’être. Vous avez en mains le petit dernier. On y a mis ce qui constitue l’actualité et nos réflexions et nos craintes.

Nous célébrons Pessah, la sortie d’Egypte, qui est le symbole de la liberté et c’est le 70ème anniversaire de la déclaration de l’indépendance de l’Etat d’Israël : liberté et indépendance pour un peuple humilié, asservi, exterminé. Et il y a aussi cette décision du President Trump de reconnaître l’évidence : c’est JÉRUSALEM la capitale d’ Israël et l’am-

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bassade US s’y installera. C’est une décision électrochoc pour les Palestiniens qui veulent la totalité de ce qui ne leur a pas appartenu. Pour cet anniversaire, Israël a diff usé un logo, celui qui est sur la couverture du magazine. Il y a le Maguen David dont une des branches contient la jambe du 7, Israël est écrit à l’ancienne avec les points indiquant les voyelles, c’est Israël des livres, des sefer Torah, des talmudistes et des hommes en prière. En haut, à gauche s’envolent les pixels de l’innovation et le slogan est : « moreshet shel hadshanout » ce qui signifie un patrimoine d’innovations... l’innovation en héritage. Israël, start up nation est en fait une innovnation. On a essayé de remplir notre mission de vigie. L’islamisme qui fait serpenter ses tentacules autour des villes françaises et l’antisémitisme traditionnel ou masqué, haine et venin, Tribune Juive les surveille attentivement pour les dénoncer et tenter de les arrêter. On veut aussi vous dire à vous, nos lecteurs, amis ou adversaires, à quel point nous sommes fiers de ce que nous faisons, de ce que notre magnifique petit peuple est capable de faire et nous voulons entonner un chant de grâce ou porter un toast ou, encore moins et peut être beaucoup plus, avoir les yeux humides pour tous nos martyrs et le cœur gonflé de joie par la gloire de notre peuple. Tribune Juive


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ISRAËL

70 ANS... CE QU’ILS EN DISENT CONTRIBUTIONS

Des femmes, des hommes, proches d’Israël, répondent à notre question :

« À la veille du 70ème anniversaire de la déclaration d’indépendance, pouvez vous nous dire ce que vous en pensez, comment un si petit pays, sable et cailloux, a-t-il pu devenir une terre de miracles, un pays grand comme le monde ? »

C’est une joie pour les Israéliens et pour la grande majorité des Juifs de la diaspora, et des hommes et des femmes épris de liberté et de justice, que de fêter le 70ème anniversaire de la naissance de l’Etat d’Israël. A vrai dire, c’est un peu curieux de célébrer chaque année la naissance de cet Etat. Il ne viendrait à l’idée de personne de fêter un millénaire d’histoire française. D’ordinaire, on célèbre des événements – le 14 juillet en France, le 4 juillet aux EtatsUnis – ou des dates symboliques, à l’instar du bicentenaire de la Révolution française. Israël est à part, hélas. Parce que son droit à l’existence continue d’être contesté, chaque anniversaire mérite d’être fêté, un peu comme si on devait se rassurer de le voir vivant, vibrant au milieu des hostilités à son endroit. L’Etat d’Israël est la réalisation du rêve de Theodor Herzl qui avait abouti à la promesse de la création d’un foyer juif sur la terre des ancêtres de ce peuple. Israël est aussi la création fragile – au lendemain de la guerre qui a vu le crime le plus épouvantable de tous les temps avec l’Holocauste et la mort brutale, cynique, systématique, quasi industrielle de 6 millions de Juifs par l’Allemagne nazie – d’une maison commune que les grandes puissances ne pouvaient que soutenir pour enfin pouvoir y gagner la dignité d’être un homme dans un pays. En 70 ans, les rescapés des camps, les kibboutznik, les réfugiés des progroms et d’autres actions antisémites ont donné naissance à un Etat qui, au fil des années, a forcé et continue de forcer l’admiration quel que soit l’angle sous lequel on regarde les défis auxquels Israël a dû faire face. Que ce soit les guerres qu’il a dû affronter pour sa survie ; ou encore sa volonté de créer une société démocratique avec une stricte séparation des pouvoirs qui sert d’exemple, y compris aux démocraties occidentales ; ou l’intégration des millions de réfugiés venus de culture et d’horizons différents, extraordinaire défi pour ce petit pays quand on voit la difficulté pour les grands pays européens d’intégrer quelques milliers de réfugiés ; ou réinventant l’agriculture ou encore investissant

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massivement dans l’éducation, la science, la technologie, faisant d’Israël un des pays les plus brillants dans le domaine du digital et des startup. Lorsque vous visitez Israël, vous avez les yeux et le cœur pleins de tous ces contrastes. Sur la terre du monothéisme, vous êtes saisis par les visions qui s’offrent à vous et vous submergent : à côté des vestiges du passé, vous voyez les jardins d’Eden sortis du désert ou les technologies les plus innovantes, ou encore les gratte-ciel qui s’imposent à la place des « chicounims » ces HLM du début de la création d’Israël, ou ces laboratoires scientifiques pilotés par des prix Nobel ou encore ces foyers d’études que sont les Universités et j’en passe… Et vous ne pouvez manquer de remarquer cette population bigarrée, bruyante, studieuse, qui s’est habituée à vivre en sachant que des assassinats ou des attaques terroristes peuvent survenir à chaque instant, au coin de la rue. Leur calme, leur envie de vivre, leur volonté d’avancer force l’admiration. Bien sûr Israël est loin d’être un pays parfait et loin d’avoir toujours les politiciens les plus visionnaires, mais les menaces qui pèsent sur l’existence même d’Israël sont telles que nous sommes nombreux à nous sentir proches de ce petit pays. Il ne faut surtout pas croire que ses succès l’immunisent contre la haine destructrice de certains de leurs voisins. Les relents d’un antisémitisme qui revient en force en Occident rendent encore plus fort le lien avec Israël et doivent nous interroger. Oui, 70 ans se fêtent. En attendant – et j’en forme le vœu – qu’il n’y ait plus à fêter chaque anniversaire de ce rêve et de cette maison commune, mais simplement les grandes dates et les grands hommes et femmes. Longue vie à Israël, que ce petit Etat continue de nous éblouir de sa soif de vivre, d’éducation, de science, d’innovation et d’humanité. Maurice Levy Président du conseil de surveillance de Publicis Groupe


5 Lorsque je pense à cet anniversaire, je pense à tous ceux et à toutes celles qui sont tombés pour rendre notre rêve possible, regagner un jour notre terre. Je pense à ces enfants, ces jeunes soldats et soldates tombés pour nous, à ces familles qui ont tant souffert pour défendre notre terre et ses frontières. Je pense aussi à ces Centres de Recherche, ces centres éducatifs pour personnes handicapés, ces médecins, ce condensé d’intelligence et d’humanité qui œuvrent pour éclaire le monde. Je pense aussi à ce peuple aux 1000 visages, ce peuple métissé de russes, d’éthiopiens, de séfarades, d’ashkénazes. Je pense aux juifs laïcs nonpratiquants, aux juifs ultra-orthodoxes dont la vie est rythmée par les prières. Je pense à ces féministes qui luttent pour porter des Téfilins, aux homosexuels qui luttent pour être acceptés et respectés, à ceux qui militent pour la paix et à ceux qui n’y croient plus. Tous ces juifs

Tout au long de ces sept décennies, le pays s’est progressivement ouvert au tourisme international en passant d’une destination spécifique et parfois restreinte (archéologie, pèlerinage et Histoire) vers un pays-phare, pluriel et constamment étonnant ; balnéaire et ludique, sportif et festif - là où chacun peut trouver sa place au soleil. Et c’est selon moi, l’une des grandes réussites d’Israël en 2018… Un succès confirmé par les chiffres record de fréquentation touristique : 25% de hausse (3 612 000 visiteurs dont 308 000 Français en 2017 !). Une certitude : il existe en France, un magnifique potentiel de touristes qui se passionnerait par Israël. La culture des loisirs et l’envie de la découverte, si ancrés dans l’esprit français, trouvent un écho naturel

Israël ce pays lointain si proche, ce « pays ancien-nouveau » d’Herzl, « cette terre de promission » pour Lamartine, qui futur Ministre des Affaires étrangères de la seconde République clamait dans son « Voyage en Orient » en 1835 : « Un tel pays, repeuplé d’une nation neuve et juive, cultivé et arrosé par des mains intelligentes,... - un tel pays, dis-je, serait encore la terre de promission aujourd’hui, si la Providence lui rendait un peuple, et la politique du repos et de la liberté » : La providence lui a rendu un peuple, ou plutôt, le courage admirable de ses pionniers et de ses combattants nous permet aujourd’hui de fêter les soixante-dix ans de cet Etat d’Israël reconstruit par son peuple. Enfant, j’ai découvert dans les années soixante cet Israël des pionniers, cet Israël rocailleux et démuni. Cet Israël des bob bleus et blancs et des shorts kakis, où presque tous étaient chaussés de Pataugas. Je me suis plongé avec amitié et complicité dans cet Israël des premières

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pourtant si différents mais qui représentent tous aujourd’hui l’unité de notre peuple d’Israël. Mais à chaque anniversaire, je pense aussi à cette force et à cette fierté que cela nous donnent, à cette responsabilité que nous avons tous de défendre notre pays, coûte que coûte, que nous vivions en Israël ou en Diaspora. Mais je pense aussi à la fragilité de ce petit pays qui a déjà tant accompli en devenant cette belle démocratie. Alors je pense à cette paix que chacun de nous espère mais qui semble si lointaine. Pourtant à chaque anniversaire de l’Etat d’Israël, je ne peux m’empêcher d’y croire et d’espérer encore. Olivia Cattan Journaliste et écrivaine Présidente de SOS Autisme France

en Israël. Les Français plébiscitent la variété, le pluralisme et aiment être surpris en voyage et surtout vibrer au contact de la population locale. Notre destination répond parfaitement à ces critères. Certes, il faut parfois lutter contre quelques clichés et idées reçues mais une chose est certaine : le bouche-à-oreille et les retours enthousiasmés des touristes français font qu’Israël devient une destination incontournable. Du désert aux compétitions sportives, de la gastronomie aux pèlerinages, des festivals artistiques aux cures de remise en forme : il y en a pour tous les goûts à seulement 4h15de vol... De quoi célébrer cet anniversaire symbolique avec faste, joie et fierté. H’ag Haatsmaout Saméah ! Lina Haddad Directrice Générale Office National Israélien de Tourisme

années, dans l’Israël de l’espoir et des tragédies, des combats sans fin où tant de jeunes, dont mes cousins, succombèrent pour la défense de leur patrie. Je suis depuis devenu également admiratif de cet Israël du savoir, de la science, de la culture et de l’excellence universitaire que je découvre presque à chaque instant à l’université de Tel-Aviv. Pour ses soixante-dix ans, je me sens toujours solidaire, pour paraphraser Léon Blum de « ce rêve devenu réalité ». Et je reste l’ami fraternel d’Israël, cette démocratie en guerre depuis sa naissance, demeurée une démocratie vivante et pionnière dans les sciences comme la culture. François Heilbronn Président de l’Association française de l’université de Tel-Aviv


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ISRAËL Il y a 70 ans le Peuple Juif a vécu le plus grand miracle de notre temps, la renaissance de l’état d’Israël sur sa terre historique, avec pour corollaire le rassemblement des exilés. Depuis 70 ans Israël a dû faire face aux agressions des armées arabes et au terrorisme sous toutes ses formes. Et pourtant ce sont aussi 70 années de miracles, de réussites et de réalisations qui ont vu se développer une agriculture moderne, une industrie performante, une recherche médicale et une technologie de pointe qui en font un des pays les plus avancés, avec une croissance et une économie qui place Israël aux premiers rangs des principales économies mondiales. Mon engagement au côté d’Israël, Etat Nation du Peuple Juif, est fort, ancien, et déterminé. Président du CRIF, je poursuis cet engagement en luttant contre tous ceux qui menacent l’existence, la sécurité et la légitimité de l’Etat d’Israël, ceux

ISRAËL MON AMOUR… Israël a 70 ans ! Un temps si court au regard de l’histoire du monde mais un temps qui a illuminé toute ma vie. Je suis née peu de temps après la naissance d’Israël et chaque jour à la table familiale, deux sujets revenaient inlassablement : - La Shoah, mon père évoquait tous les épisodes de la destruction des juifs, citait les noms de ceux qui avaient disparu, une immense famille inconnue remplie de fantômes dont les cendres parsemaient des terres inconnues. - Israël : toujours cité comme « Enfin ! nous avons notre pays » Ma grand-mère surenchérissait avec des « Yisrouel ! gottsedanke ! » Puis l’inquiétude reprenait le dessus : « Pourvu qu’ils réussissent à survivre ! Ils sont si faibles, les ennemis sont si nombreux …. ». Et enfin « Tu vois, ma fi lle, si nous avions eu un pays, l’Holocauste n’aurait pas pu se produire ». A quinze ans, je suis partie avec l’Agence Juive dans un groupe de

Célébrer les soixante-dix ans de la fondation de l’Etat d’Israël, c’est un privilège extraordinaire et c’est avoir la joie de vivre un miracle permanent. L’Etat d’Israël fête ses 70 ans et peut être fier de la tâche accomplie. Malgré les guerres et les périls qui l’entourent, Israël a réussi à garder son identité, sa tradition juive et sa capacité d’innovation qui lui ont permis d’être identifié par le monde entier comme la « Start-Up Nation ». Sur place, la recherche médicale et scientifique est au sommet de la hiérarchie mondiale, l’innovation en agriculture et gestion des catastrophes naturelles est reconnue à travers le monde. A l’aube de ses 70 ans, on peut dire qu’Israël remplit sa mission d’être « Or laGoyim », la Lumière des Nations, et son lien avec les commu-

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qui confondent une opposition politique avec la haine d’un Etat, refusant un Etat au seul peuple juif, et élargissant à tous les Juifs leur phobie d’Israël. Le CRIF poursuivra sans relâche son combat contre ce nouvel antisémitisme, qui, sous le masque de l’antisionisme, mène des actions discriminatoires visant exclusivement Israël, voulant faire d’Israël le Juif des nations. Depuis 70 ans Israël est notre fierté, notre bouclier, la source de nos espérances et le ciment de notre unité. En ce soixante dixième anniversaire, réaffirmons notre foi en l’Etat d’Israël et notre solidarité avec le Peuple d’Israël, et gardons toujours présent le souvenir des soldats tombés pour sa défense et la mémoire des victimes du terrorisme. À l’Etat d’Israël pour l’éternité, Hag haatsmaout sameah. Francis Kalifat Président du Crif

jeunes pour Israël. Nous avons voyagé sur un grand bateau pendant quatre jours et quatre nuits. Chansons en hébreu, guitares, excitation. Au petit matin du cinquième jour, réveillés à l’aube, sur le pont, nous avons enfin aperçu la baie de Haïfa. Le soleil rasait la colline, les fenêtres des petites maison éparpillées dans la verdure brillaient comme des miroirs. Nous approchions et je suis tombée en amour pour ce pays inconnu dont je connaissais chaque recoin par les récits de mon père. Cet amour ne m’a jamais quitté, ni l’admiration pour les réalisations infinies qui l’ont amené à devenir un pays fort. Ne m’a jamais quittée non plus l’inquiétude pour sa survie indispensable à ma vie et à celle de tous les juifs du monde. J’oserais même ajouter que l’existence d’Israël est indispensable à la beauté du monde. Am Israël Haï. Régine Konckier Présidente de Taglit France

nautés juives aux quatre coins du monde reste vital pour le peuple juif dans son ensemble. « Kol Israel arevim ze laze », « Tout membre de la Communauté d’Israël est responsable l’un de l’autre », c’est à mon avis l’adage plus que jamais vital pour Israël, et qui devra être renforcé dans les années à venir. Il me reste à souhaiter à l’Etat d’Israël un bon anniversaire, avec tous mes vœux de Réussite, Paix, Prospérité, Joie, et qu’enfi n le monde entier reconnaisse la légitimé du peuple juif sur toute la terre d’Eretz Israël. Professeur Emmanuel Messas Président de Hadassah France


7 J’ai à peu près le même âge que l’Etat d’Israël; si les hommes vieillissent, Israël reste un Etat jeune, mais il est le seul à être menacé de destruction par d’autres Etats membres. Israël n’a pas été créé à cause de la Shoah. La Shoah, six millions de morts parce qu’ils étaient Juifs, assassinés dans le silence des Nations, a prouvé qu’un Etat juif était nécessaire pour éviter que le sort des Juifs ne soit plus un « détail », un paramètre secondaire au sein d’autres considérations plus importantes dans le jeu de la guerre. Mais l’essentiel est dans l’extraordinaire développement d’Israël. Mark Twain en 1867 découvrit un pays désolé, à l’agriculture négligée. Les Juifs n’étaient pas réputés, c’est une litote, pour être des paysans et pourtant, depuis les kibboutzim jusqu’à l’irrigation goutte à goutte, qu’ils ont inventée, ils ont fait fleurir le désert mieux que quiconque. J’ai connu un Israël spécialisé dans les oranges, il est à la pointe de la technologie; ce fut un pays d’ouvriers de la terre; c’est un des pays du monde les plus créatifs en matière artistique ou scientifique. Et puis il y a l’incroyable diversité culturelle et ethnique, l’absorption fina-

Déjà 70 ans. Seulement 70 ans. Pour ma génération Israël a toujours été là. Cette terre vers laquelle nos parents et grands parents ont prié en se disant qu’un jour viendra où elle nous reviendrait. Ce petit pays qui a vu nos familles se séparer - ceux qui y sont allés dès sa création et dont on parlait dans l’espoir de les revoir. Et ceux qui ont choisi d’autres pays d’adoption. Cette terre que nos parents embrassaient à la descente de l’avion. Cette terre qui dans l’adversité a continuer à s’embellir. Cette terre qui est un miracle, une bénédiction divine. Cette terre qui 70 ans après n’est qu’à 4 h d’avion et nous reçoit avec tant d’amour.

70 ans, le temps de la maturité ? Pays encore désert il y a 70 ans, ayant évolué dans un contexte d’urgence, Israël dès sa création a compris très vite que l’absence de ressources naturelles l’obligeait à miser sur l’excellence de ses cerveaux. Cette culture du « rien n’est acquis », de la prise du risque et du résultat a permis un développement économique et technologique sans précédent permetant à l’Etat hébreu de devenir la référence d’innovation mondiale. Aujourd’hui, Israël est le 1er pays du Moyen Orient à investir près de 4,7% de son PIB à sa Recherche, 10ème pays le plus innovant du monde d’après l’index Bloomberg. Israël, petit marché pour un grand écosystème, ce pays de 20 770 Km2, a réussi à attirer les géants high tech (GAFAM, BATX) installant leurs centres de R&D dans des villes clés réparties sur l’ensemble du territoire (Tel Aviv, Haïfa, Beersheva, Jérusalem, Netanya). C’est d’ailleurs la force de l’écosystème d’innovation qui a décentralisé ses pouvoirs afin de faire émerger toutes les villes de ce pays tout en les faisant travailler ensemble.

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lement réussie des vagues d’Alyah d’origines disparates, des chocs migratoires majeurs que nul autre pays n’aurait métabolisés . Il y a l’extraordinaire armée de citoyens, ciment de la nation, et enfin, last but not least, cette langue moderne parlée par toute la population, alors qu’il y a deux mille ans l’hébreu n’était déjà plus une langue de conversation: renaissance unique dans l’histoire. Alors, bien sûr, tout n’est pas parfait en Israël. A chacun de lister de ce qui lui semble inadmissible: les Israéliens ne s’en privent pas, à juste titre. Il y a d’un côté une dizaine de Prix Nobel, de l’autre une dizaine d’hommes politiques passés par la case prison. Mais d’une certaine façon, Israël peut être fier de cela aussi, qui témoigne que le débat démocratique y existe avec une vigueur inégalée et que la justice y accomplit son travail sans faiblesse. Quels sont les pays qui peuvent en dire autant ? Richard Prasquier Président du Keren Hayessod France Président d’Honneur du Crif Directrice Générale Technion France

Cette terre qui a vu arriver des juifs de partout et en a fait des Israéliens. Cette terre dont les enfants sont beaux, fiers, libres et sans complexes. Cette terre qui nous a redonné confiance car nous ne serons plus jamais des orphelins et des citoyens de nul part. Cette terre que nous aimons car elle est Liberté. Bon anniversaire et longue vie à Eretz Israël et à son peuple. Bon anniversaire et chalom. Paix. Gil Taieb Vice President du Crif Vice President du FSJU Président de l’ASI

Ce kibbutz grandeur nature a aujourd’hui un défi à relever pour faire partie des grandes nations de ce monde, s’ il est connu et reconnu comme la « Startup Nation », il lui reste à passer au modèle de « Scaleup », autrement dit, développer une infrastructure industrielle solide afin de générer des emplois pour tous. J’ajoute que c’est une année record en termes d’exit réalisés pour les start-up s’élevant à près de 23,8 Mds de $ (soit une augmentation de 110% par rapport à 2016). Cependant ces fonds ne sont pas tous réinjectés dans la société israélienne, ce qui limite le développement de son tissu industriel. Israël va s’y atteler. 70, un chiffre particulier dans la Bible qui symbolise l’universalisme, un présage de bon augure pour le futur. Enfin, moi qui ai vécu en Israël de 1982 à 2001, de l’âge de 14 à 33 ans, qui est franco-israélienne et qui a vu le passage des oranges du Kibbutz au semi-conducteur, je ne peux être que fière de mon Pays. Muriel Touaty Directrice Générale Technion France


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CHRONIQUE

LES 70 ANS DE L’ÉTAT

D’ISRAËL Par GILBERT WERNDORFER

En préambule : 70 est la valeur guématrique de la lettre ayin. Dans une première lecture, cette lettre symbolise la vision, l’œil, la source… Ces mots nous parlent lorsque l’on pense aux 70 ans de l’état juif ; une vision sur le monde et son futur sous « l’œil de Dieu » dont la source est universelle. Mais au-delà de la signification de la lettre, il y a le « 70 » cette valeur numérique qui nous rappellent que la Torah a parlé de 70 nations. Comment ne pas espérer que cette nouvelle année soit l’avènement de la promesse donnée au peuple juif : une reconnaissance pleine et incontestable par les 70 nations qu’Israël est entièrement dans son droit dans sa propre terre. UN TEMPS D’AVANCE… SANS ERRANCE !

70 ans que l’on bassine le monde avec notre état juif. 70 ans que l’on se bat contre des moulins à vents, et je ne parle que de ceux qui ne sont pas censé être malodorants. 70 ans que l’on cherche à se faire aimer. 70 ans que l’on veut exister comme état reconnu et souverain sur notre terre ancestrale par les nations arabes et la non-nation palestinienne. 70 ans que nous cherchons l’amour de l’autre et ceci aux dépens parfois de notre propre

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éthique, celle qui a fait de notre nation depuis le don de la Torah au mont Sinaï, la nation témoin, la nation choisie et gardienne d’une loi universelle. Bien sûr, si nous avions reçu la Torah à l’Hôpital Mont Sinaï aux USA, les choses eurent été bien différentes : le risque de nous prendre pour des grands malades ou au mieux, pour un peuple de médecins et chirurgiens plasticiens qui rendent malade l’humanité pour leurs propres intérêts. 70 ans de h’ouspa, celle des enfants « sabra ou sabah’ » ne connaissant pas la politesse. Elévés comme des enfants-roi, ils pensent qu’ils sont plus élus que leurs parents qui étaient pour certains plus « élus », mais bien des déchus à qui ont avait remplacé leur bonne étoile pour une étoile qui ne brillait pas. 70 ans où les séfarades sont la lie de la terre sainte pour les ashkénazes bâtisseurs. Par amour pour la promesse quatre fois millénaire de vivre sur la terre, où le lait et le miel coule comme la calomnie haineuse des détracteurs d’Israël, ils ont lutté contre les ennemis d’Israël et le frère méprisant de l’intérieur. 70 ans où le génie juif a trouvé sa terre d’accueil et sans demander la permission afin de produire du sens et faire avancer la société mondiale, ils ont montré au monde que le « juif » n’est pas seulement ce juif méprisable qui a crucifié Jésus ou encore ce juif qui brandit sa Torah de vérité comme preuve d’une soit disante supériorité. Non le juif n’est pas supérieur aux autres nations,

il est simplement le gardien de la seule loi au monde qui protège le pauvre, préserve le riche du danger de son propre argent, soigne le riche et le pauvre de la maladie avec la même attention, protège l’orphelin, mais pas seulement, la Torah protège aussi le bourreau contre l’excès de victimisation de l’orphelin ou du pauvre… 70 ans pour démontrer que ce tout petit peuple compte parmi les plus grands pays dans le domaine de la technologie, l’informatique et de l’Internet, et bien d’autres domaines, comme par exemple le fameux « cova » terriblement horrible qui ont tant ridiculisé le nouvel émigrant. Je ne vous parle pas du « falafel », ces fameuses boulettes qui ont fait pleuré ma mère lorsque j’ai fait ma première alya, elle pensait que j’avais quitté la France et le foyer pour de meilleurs boulettes que les siennes. 70 ans de chansons et orote, qui nous ont marqué à vie, bon gré mal gré, nous avons chanté et dansé « entre » juifs en sentant la sueur dans ces mariages ou bar mitsvah. Comme ils étaient tristes, pourrait-on penser, les fêtes et cérémonies sans ces satanés chants israéliens… 70 ans pour construire un pays alors que certains pays et nations, après 2000 ans de civilisation en sont encore à l’âge de Pierre, nous on est à l’âge de Salomon ou de David, des bâtisseurs, des faiseurs de miracles.


9 70 ans qui prouve que le miracle existe, non pas en ouvrant la mer Rouge, mais dans chaque seconde de son existence.

n’ai aucune chemise blanche ou pantalon blanc qui s’harmonise avec le blanc des appareils électroménagers de la cuisine.

70 ans pour créer de l’art avec un grand A. Dans le cinéma, la littérature, la peinture, le théâtre ou encore dans l’architecture, Israël est à la pointe, toujours à donner le meilleur de ses artistes et les faire connaître. Bien sûr, il n’y a pas de grand C pour ce qui est de la cuisine, mais il faut bien une faille pour justifier la grandeur des autres « disciplines ». Un avantage malgré tout, les falafels et les salades sont excellents pour la santé…

70 ans de bonheur et de douleur, 70 ans de fierté retrouvée, 70 ans où la peur d’être juif s’est un peu éloignée, 70 ans où nous pouvons, nous juif, partir en vacance « chez nous », 70 ans à acheter des produits d’Israël dans les grandes surfaces en France…

70 ans pour prouver au monde qu’une société ouverte peut promouvoir la troisième « Gay pride » au monde. Qu’elle est aussi capable d’avoir des plages qui leur sont réservé à TelAviv. Bon par contre une plage pour les chiens, d’accord, mais uniquement pour les chiens dont nous sommes sûrs qu’ils sont bien juifs ou philosémites. Que fait le rabbinat !

Il y a tant à dire sur ce miracle de la naissance et de la pérénité de l’Etat d’Israël. Lorsque l’on est un juif de diaspora, on vit toujours avec le sentiment que nous passons à côté de quelque chose ; être israélien et voir ses enfants naître et vivre dans ce pays qui nous a tant été promis. Pour cet anniversaire, c’est certain nous ne

70 ans de pluralité. Cette pluralité qui a fondé le peuple juif, s’est retrouvée dans un petit lopin de terre comme disait le regretté « Herber Pagani » le Paganini de la larme sionniste et humaniste mais tellement vrai.

pouvons absolument pas utiliser la formule pratiquée : « Mazal tov jusqu’à 120 ans ». Ni celle pratiquée par les israéliens lors des « yom houlédet », « ad méa ké essrim » - jusqu’à 100 comme à vingt ! Dans le premier cas, seuls les détracteurs d’Israël serait heureux de lui souhaiter, h’asbé h’alilé. Pour la deuxième formule, se souhaiter de ne pas évoluer serait un paradoxe évident avec la réalité d’Israël qui entretient en permanence une avance sur le temps des « autres ». Non, si nous devions trouver une nouvelle formule, alors je propose : « Mazal tov jusqu’à la fin des temps, et même après ! » Gilbet Werndorfer Auteur du « Dictionnaire absurde du judaïsme »

YANIV

70 ans à nous prouver que chaque juif a son propre judaïsme. Autant d’habitant en Israël que de façon de prier Dieu.

ÉTÉ 2018

70 ans et les billets d’avion sur El Al sont toujours aussi chers. Que les commerçants israéliens, dans certains quartiers prennent le touriste pour un shmok à qui l’on peut faire croire que la Ménorah qu’il est en train d’acquérir, à prix d’or, est bien un des chandeliers produits par l’entreprise du Roi David. Mais, silence, ceci reste entre nous. 70 ans à considérer le juif français comme le plus ringard et le plus insupportable des touristes. Si l’on veut être bien considéré, il est vivement conseillé de prendre un accent américain, lorsque l’on parle hébreu ou anglais. Si vous ne pouvez parler que français, alors, parlez avec l’accent yiddish : « Oy vay, a Mir dè Jérusaloum, il en être bien par lo, bévokocho missieur h’outspé ? Danke choun. » 70 ans de « femmes au fusil » qui protègent avec ferveur la nation. De femmes qui se sentent libres et à la même « hauteur » que les hommes de ce même pays, alors que toutes les nations avoisinantes du Moyen Orient considèrent la femme comme inférieure. Bien sûr, tout n’est pas encore « bessédère » du côté de la condition féminine, mais le chemin est bien emprunté, celui d’une femme qui bientôt aura les mêmes droits et le respect absolu dans la société israélienne, qui malgré tout est bien encré dans un « machisme » revendiqué. Et moi-même, j’ai horreur de faire le ménage et je

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D =PH JA=F;= 9ML@=FLAIM= < MF K BGMJ =F ?JGMH= 7 - 22 ans

Juillet - Août

38 ans de savoir-faire. 17 séjours à travers le monde. 130 animateurs engagés, diplomés du BAFA. Des directeurs expérimentés, diplômés du BAFD. Un judaïsme dynamique et ouvert à tous.

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TÉMOIGNAGE

SIMHAT HALEV OU LA JOIE DU CŒUR ASSOCIATION DES CLOWNS MEDICAUX

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’organisation Simhat HaLev - La Joie

du Coeur- L’Association des Clowns Médicaux, fut fondée en 2002. C’est, en Israël, la plus grande association qui forme et envoie des clowns médicaux dans des hopitaux, centres de traitement pour adultes et enfants malades.

Bien sûr, tous nos clowns sont bénévoles. Leurs études sont basées sur un modèle international qui apporte le well being ou Joie interne là où se trouvent la douleur, l’invalidité, le stress physique et moral. Le but de l’organisation est d’introduire et d’internaliser la compréhension et la conscience que la joie interne d’une personne est l’essence-même de vie. Cette joie nous donne la force d’âme et d’esprit pour poursuivre une vie d’espoir, joie et bonheur, tout en maintenant en parallèle le combat devant une situation difficile de l’autre côté. Après une formation d’un peu plus de six mois, les clowns deviennent actifs dans des différents hôpitaux dans le pays, mais aussi dans des maisons de retraite, des centres de traitement et des centres d’éducation spécialisée. Les clowns sont également actifs dans des centres culturels, des centres communautaire urbains, dispersés dans le pays, et s’adaptent aux demandes que notre organisation reçoit, pour apporter la joie aux personnes, hommes, femmes et enfants, de tous les milieux et religions : les clowns font de leur mieux pour abaisser le niveau du stress et soulever le moral. Toujours en bénévolat ! Notre organisation croit au pouvoir positif de la joie et du rire et au rôle central de l’humour dans la vie : ils aident à la guérison personnelle aussi bien qu’à l’amélioration de notre société, tout en renforçant notre vitalité et notre énergie créative.

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Comment ai-je décidé de participer ? Quelque six mois avant ma retraite, en sortant du bureau pour aller déjeuner, j’ai vu une annonce sur l’arrière d’un bus : Devenez clown médical et aidez-les à guérir. Cette annonce m’a touché. En retournant chez moi, plus tard, j’en ai parlé avec ma femme et lui ai dit que je voulais devenir clown médical. Tout d’abord, elle m’a dit Toi ? Un ancien soldat et Commandant de Tsahal ? Clown ! Ça ne va pas ensemble! Après avoir discuté, Guila m’a donné sa bénédiction. Je me suis alors inscrit et ai commencé les études, qui consistaient en des réunions dans une grande salle. Nous étions une trentaine de personnes, hommes et femmes, âgés de 17 ans pour le plus jeune jusqu’à 67 ans pour moi. Nous avions deux maîtres : un père et son fils, clowns médicaux, tous deux architectes travaillant dans la même agence. Ils nous ont appris tout ce qu›il fallait pour devenir clown: Comment rire sans raison

Choisir quel clown on serait : j›ai choisi pour ma part Sancho le Clown Apprendre à rire de tout Comment approcher le patient, et NON PAS le «malade»

Faire le fou

Oublier et effacer notre ego devant le patient, le docteur, l›infirmière, la femme de ménage, la famille du patient.

Faire des mimiques et grimaces devant le miroir

etc... etc...

Retourner vers l’enfant que nous étions

Tous les membres de notre classe, cours 82, sommes devenus des amis proches. Nous avons fait un stage qui consistait à faire le clown à l’hôpital avec de vrais patients. A la fin de ce cursus, nous reçûmes notre diplôme.

Trouver le positif dans chaque situation

Visionner des films comiques Sourire à la vie, à la famille, au voisin, à tout le monde Sortir dans la rue avec notre «nez rouge» Comment se servir d’une poupée contre les traumas Savoir raconter des histoires Inventer des histoires basées sur n’importe quelle information que bon recevrait

Depuis, je me suis porté volontaire dans des hôpitaux dans des centres de traitement pour enfants qui ont des besoins spécifiques, des patients en gériatrie, des enfants touchés par le cancer, et aussi dans un département pour personnes amputées ?



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BLOC NOTES

ON VOUS EN AVAIT PARLÉ... Yassine Bellatar, aujourd’hui chargé de mission par notre PR… avait dit : Y a pas de terrorisme, y a que des faits isolés. Posté le 4 décembre 2017

Je veux te parler d’entrisme. Oui je sais : encore. D’entrisme partout. A la télévision, après l’université. Je veux te parler de notre pays. Te redire comme il va mal. Ce qui s’y passe chaque instant sous nos yeux et à quoi nous ne prenons pas garde. Cette fois, c’est l’histoire d’un humoriste, appelé par des gens importants à donner son avis sur le terrorisme. […] Donc, si t’as bien tout suivi, il reste sur la chaîne publique une émission qui reçoit des politiques. […] Regarde bien que je t’explique: c’est politique. […] Ce soir-là, en toute fin d’émission, Yassine Belattar venait porter le jugement dernier. […] Alors Le voilà Il prend place face à Bruckner et Kouchner […] Donc t’as un humoriste qui entre, qui s’assied aux côtés de Clémentine Autain J’suis sûre qu’ils se connaissent Qu’il l’appelle Clém Ça se voit Elle te le couve du regard. […] Là, alors que Bruckner […] essaie de définir la laïcité comme une égalité de traitement des religions entre elles, t’as l’autre, le p’tit jeune, l’humoriste, qui te sort l’arme fatale et qui te l’assène, le gros mot qui peut t’envoyer à la XVIIème, islamophobie. Notre Bruckner, il se démonte pas, demande si on a déjà égorgé un Imam au sein de sa mosquée Et l’insensé le téméraire, il rappelle au p’tit jeune et à la France qu’un Père a été égorgé au sein de son église : le Père Hamel. […] Toi tu sais même pas si l’humoriste l’écoute : Tu le regardes C’est une poupée qui fait non non non non non non […] Il est juste pas d’accord, Yassine Belattar. Toi, éberluée de-

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vant son toupet son arrogance tu te demandes presque s’il a existé, le Père Hamel, et s’il s’est bien fait égorger en son église. […] Et t’as l’humoriste […]il y va tout de go : Ça, Monsieur, ce sont des faits isolés. Des faits i-so-lés. Et que j’te prenne Clém à partie. Elle opine du chef. T’en as pas un qui réagisse. […] Mais toi tu regardes T’as Clém et Léa qui acquiescent à tout ce que dit le nouveau chantre de la paix. Il a parlé. Il ne doute de rien. Il professe. Son aplomb est confondant. La séquence vaut son pesant de cacahuètes. […] Et il ajoute, ce pov chéri, cette victime, qu’on lui avait confisqué un mot Le mot Patrie Et puis le mot laïcité. Et vas-y qu’il convoque Aristide Briand. […] Et de renchérir, passant du coq à l’âne mais pas tellement car Tout ça est solidement ficelé, fort bien rodé : Y a pas d’islam politique en France. Y a pas d’islam politique en France, assène donc le prétendu rigolo face à L’autre qui tente bien de parler de l’UOIF Ben non gros béta l’UOIF ils sont pas à cette table. Et devant un tel argument, tu fais quoi, toi ? Tu te tais. Y a pas d’UOIF à cette table. Y a pas d’UOIF. C’est le Sans dot de Molière. Les Inrocks, ils appelèrent ça le salutaire coup de gueule de Belattar contre Pujadas. Parce que ce que tu sais pas, toi, Lecteur, c’est qu’à un moment la tension elle est montée d’un cran quand le french Doctor, tentant de remettre en place le gamin, …, aurait tutoyé ce sale gosse, qui se saisit de la perche trop belle, parlant de condescendance, de colonisation. Mais de toutes façons Libé a fait le job pour lui, évoquant la vision simpliste de l’islam aux relents islamophobes de Bruckner et Kouchner, leur perception caricaturale du fait islamique, face à un humoriste sympathique et talentueux tombé dans un traquenard. Pour info, sache que l’humoriste, c’était leur Agitateur, à Libé, pendant

la campagne présidentielle. Et sur les réseaux sociaux, t’avais tous ses potes qui dénonçaient le fait qu’on renvoyât l’humoriste à ses origines et qui évoquaient ce racisme condescendant du quotidien, cette plaie. Bref Faut pas tutoyer les enfants d’immigrés, et là, tu peux pas argumenter. […] Tous sciés qu’on était devant la séquence où tout était permis aux uns et le mot musulman interdit à d’autres sous peine d’écoper de la peine maximale : le djihad judiciaire. Si tu l’ouvres, t’es mort. Et d’ailleurs tu finis par t’interroger : va-t-en savoir si tous ces procès intentés par l’UOIF et consorts ce s’rait pas encore des faits isolés. Bruckner Bensoussan Kersimon Fourest Pina Boudjahlat Benhabib et les autres poursuivis car ils seraient tous d’horribles racistes. Islamophobes de surcroît. Et peut-être bien un brin philosémites. Charb en est mort de la plaisanterie Cette affaire elle a assez duré. Comme ça, sur le mode pépère, impunément, à une heure de grande écoute, t’avais ce zig qui venait de déclarer que l’égorgement du Père Hamel et les assassinats antisémites étaient des faits isolés. En rien prémédités. En rien organisés. Myriam. Arie. Jonathan. Sarah. Abel. Mohamed. Et tous les autres. Vous êtes des faits isolés. […] Il n’est pas acceptable de parler de faits isolés quand il s’agit d’une action préméditée, qui dure, organisée. […] Gilles Kepel parlait à ce propos de dénégationnisme : Ils sont dans la dénégation. Yassine Belattar est dans la dénégation permanente et militante face à l’entreprise terroriste islamiste. […] Il accuse l’émission et en réalité la France de faire un lien entre les migrants et l’islamisme, il interdit que la question soit seulement po-


13 sée, t’as les autres les courageux sur le plateau qui s’excusent presque. D’avoir osé. […] Il en arrive aux vedettes de l’affaire Weinstein Et lui il dit que tous on s’en prend davantage à Tariq Ramadan qu’aux autres : On peut pas tout islamiser, conclut le malhonnête, t’expliquant que jadis la rupture exutoire se faisait via le rap Eh ben aujourd’hui elle se faisait via l’islamisme. Quoi ? T’as pas pigé ? Tant pis pour toi D’ailleurs il continue : Poser la question de l’islam et de l’islamisme c’est mettre en cause les musulmans […] Le mal est fait On aura parlé encore une fois que d’islamophobie, ce mot inventé par les organisations islamistes internationales qui visent à implanter l’islam, ce mot qui délégitime tout débat. Ce mot inventé pour permettre aux aveugles de rester aveugles, nous dit Salman Rushdie. Toi tu te demandais depuis quand exactement ils avaient pignon sur rue, les Dieudonné et autres comiques de la même espèce qui, se prenant pour des La Rochefouchauld, jouaient aux moralistes. […] T’avais sous le nez ce passage où Marie écrivait que le monde musulman avait un angle mort philosophique : la notion de responsabilité. Ils étaient les préférés de Dieu, et les victimes de l’Occident. Toujours passifs, donc jamais responsables de leurs actes. Déni et victimisation. ON VOUS EN AVAIT PARLÉ...

Sarah Halimi : pourquoi si tard ? Comme à regret … Posté le 28 février 2018

Un mardi où le froid que l’on dit sibérien était le seul sujet de conversation. Où c’étaient les vacances. Dans deux jours nous serions en mars. Hier en Israël une cérémonie eut lieu pour les onze mois de la mort de Sarah Halimi. Organisée par des courageux. Des opiniâtres. Le BNVCA. D’autres. Pas en France bien sûr. Dans ce pays où une juge décréta qu’il était scandaleux que tant de media parlassent de l’Affaire Sarah Halimi. Dans Paris où une Magistrate en charge du dossier fit durer le plaisir. Fit la pluie et le beau temps. Discourtoise avec les avocats en charge de l’affaire. Menant l’un à interroger récemment sur le sens d’un tel mépris : elle n’avait

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pas même le respect de la robe, écrivit-il. Abus de pouvoir, ajoutais-je bien sûr à tort. Elle rendait des ordonnances Des fins de nonrecevoir et disait non non non non non non comme dans la chanson de Polnareff. Une juge donc qui donna à tous l’illusion qu’elle décidait seule dans le confort de son bureau. Face à un dossier que tous disaient limpide. Face à u un rapport d’expertise sinon courageux, du moins explicite. Imperméable, nous sembla-t-il, aux états d’âme qui en toute vraisemblance eussent pu traverser tout magistrat qui eût été à sa place. Elle fit durer le plaisir. Joua une étrange partition. Faisant en sorte que les journalistes

apprissent souvent les choses aux avocats en place : l’AFP au courant avant les plaideurs. Ce siècle indécent où l’ordre des choses n’avait décidément plus de sens. Une relative résignation in fine : sans doute elle serait dessaisie, la juge Ihuellou. Puisqu’elle ne répondait même pas aux demandes d’actes des avocats. Faisait fi des délais réglementaires. Les contraignant à saisir la Chambre de l’Instruction. Quel nom portait-elle, cette désinvolture doublée d’un relent d’arrogance ? Pourquoi l’assassin n’était-il pas à Fresnes comme tous ils le croyaient. Pourquoi étaitil retourné en hôpital psychiatrique alors que le rapport d’expertise n’évoquait en rien


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BLOC NOTES une abolition de son discernement. Pourquoi cette porte fermée. Ce téléphone muet. Cette femme en colère. Ce refus d’expliquer. Qu’elle soit dessaisie et que l’on avance, nous disions-nous donc tous. Mais contre toute attente, en ce mardi glacé, tomba en fin d’après-midi une dépêche AFP qui ressemblait à une pochette surprise : La juge retenait le caractère antisémite du meurtre de celle qui fut lynchée et défenestrée au son de sourates et aux incantations à Allah. Quelle mouche aura piqué la juge Ihuellou après qu’elle eût entendu à nouveau Traoré cet après-midi ? Comment s’opéra en son esprit la révélation de ce qui était donc un acte dicté par la haine du Juif. […] Restera à la juge Ihuellou un ultime effort sur lequel elle est attendue : où donc en est la reconstitution ? Pourquoi les 28 policiers présents restèrent-ils dans l’attente ? Comment une femme put-elle être défenestrée en direct et sous leurs yeux en plein Paris ? Allez Madame la Magistrate. Vous avez fait le plus dur : admettre au bout de onze longs mois qu’une femme fut tuée parce que Juive. C’est peanuts à présent de poursuivre et de déterminer ce qui a permis à un antisémite d’agir sous les yeux de membres des forces de l’ordre que Sarah implora durant 55 interminables minutes. Moi je rends grâce à ceux qui inlassablement ouvrirent leurs colonnes Dénoncèrent le déni. S’obstinèrent, tels Maître Buchinger. Comptèrent les jours, écrivant chaque matin son nom. Quitte à être tous accusés de crier au loup à tort.

outre que j’étais une femme, française, laïque, née en Tunisie, un être fait de ces mille choses qui le composent, des enfants, des ados, des passions, des larmes, des rires, des amis, de la musique passionnément, de l’Art en majuscule, de l’amour pour les petites choses, des amours, des mots, des auteurs, des voix, des goûts, des couleurs, des senteurs, des chagrins, des joies, Ben j’étais aussi … Juive. Ben quoi. Il avait raison mon sioniste de grand-père Ce compagnon de lutte de Jabotinsky Max Nordau et Théodore Herzl. Mon Journaliste politique de grand-père. Au temps où écrire était un acte militant. Où il y avait cohérence entre tes mots et ta manière de vivre. Il avait raison, donc, lorsqu’un jour il dit à la petite fille que j’étais : si tu l’oublies un jour, ils viendront te le rappeler. Et ce grand-père, il n’avait pas la détresse désespérée d’un Elie Wiesel. Il avait la pré-science de ce devenir. Conjuguée à la fantaisie la plus merveilleuse qui fût. Grand-papa j’ai pensé à toi cette semaine où se sont télescopés la reconnaissance du caractère antisémite de l’assassinat de Sarah Halimi. La non-reconnaissance du caractère antisémite de l’agression de cet ado violenté par 8 jeunes au sortir de la syna le soir de Pourim. Traité de sale Juif. Le procès fait à mon ami Ranson pour un dessin un peu connoté Mennel. Celui fait à mon ami Benoît Rayski Mais aussi Benoît De quoi j’me mêle Moi Juif A donner mon avis sur Jeanne Jeanne d’Arc Quand même Après tu t’étonnes d’être traité de Youtre Sale Youpin

ON VOUS EN AVAIT PARLÉ...

[…] Ce soir je me souviens de cette projection de presse : Les Quatre sœurs. Ces 4 films réalisés à partir des rushes de Shoah. Claude Lanzmann. […] Je m’étais ce jour-là sans doute conditionnée. D’où venait-il, ce regard froid, si ce n’est que je l’avais résolument drivé. Comme obstinée à le dénuer de toute charge émotionnelle. Pour conserver tout mon quant à moi. Ces quatre portraits, je les avais ainsi tous regardés, sans l’avoir décrété, sans même en avoir eu conscience, à travers le prisme de l’islamisme. L’islamisme. Celui dont tous taisent le nom, et dont je voyais par écran interposé comme une esquisse, quelque chose en ombre chinoise. Dans cette autopsie que Lanzmann nous donnait à voir de la stratégie nazie.

Encore d’antisémitisme… Je suis Juive, et je t’emmerde

C’était apparu. Brutalement. Comme une évidence.

Je rends grâce à ceux qui refusèrent de plier, suspendus aux caprices et aux colères d’une Juge. Qui se moquèrent de la fâcher. Qui refusèrent de plier devant l’argument suprême de son indépendance à laquelle il ne fallait d’évidence pas toucher. Qu’ils ne touchèrent pas. Se contentant d’interroger une méthode qui sans doute fera école au titre de contre-exemple.

Posté le 7 mars 2018

Cette semaine, il m’a été difficile d’oublier. Que

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Et puis j’avais laissé ça de côté. En me disant qu’en mars j’en réfèrerais à Georges. Bensous-

san. Un pro non ? La référence ? J’lui demanderais si j’étais pas un peu barrée : Georges voilà comment j’ai regardé les rushes de Shoah. […] Je l’ai retrouvé, aujourd’hui, 6 mars. Georges Bensoussan. Et tu sais quoi ? J’avais l’air d’une pomme, avec mes hésitations. Tant lui était convaincu. Mais ça, je te raconterai. Du coup, j’lui ai dit le titre de mon papier qu’était rien qu’un brouillon: Je suis Juive et je t’emmerde. Et je lui ai raconté. Que je sais bien qu’il y en a quelques-uns que ça gave. Ma lubie, qu’ils disent. Parce que ça colle pas, ce qui sonne comme une obsession, avec la femme que je suis. Qui aime Danser Rire Skier Boire Parler Fumer Cuisiner Se taire Ecouter regarder S’amuser Jouer Séduire Tout ça ça colle pas avec ce qui devient une pensée obsédante. Moi, en attendant de rencontrer GB, comme Richard Prasquier et comme tant d’autres in fine, je m’étais appliquée à recenser un système de points communs à ces deux idéologies monstrueuses. Je ne parle pas des crimes nazis. A jamais indépassés. Indépassables. Encore que. Encore que. Je parle juste idéologie. Et stratégie mise à l’œuvre par ces deux projets funestes. Le Juif Ennemi number one. Mais encore ce processus de déshumanisation à l’œuvre. Cet islam radical que d’aucuns nomment salafisme djihadiste. Qui prétend poursuivre l’œuvre divine en annihilant l’ennemi. Cette place d’ennemi prioritaire attribuée au Juif. Leur cible. L’objet unique de leur obsession. Leur projet apocalyptique. Exprimé dans La Charte du Hamas : Quand les temps arriveront, chaque musulman devra tuer son Juif. Me revoilà encore décidément face au même questionnement. Tant l’antisémitisme était une composante essentielle de l’idéologie de l’islamisme radical. Comme il l’avait été du nazisme. Mais encore la déshumanisation de l’autre. A laquelle Primo Levi consacra tant de pages. Richard Prasquier rappelait comment pour les nazis, les Juifs étaient des cafards. Des rats. Des poux. De grosses bactéries. Les islamistes radicaux ? Eux assimilaient Juifs et Chrétiens à des bâtards de singes, de porcs, d’ânes ou de chiens. […] Deux idéologies ? L’une qui se fondait


15 sur le surhomme. L’autre qui faisait référence à l’au-delà : Meurtriers pour la gloire d’Allah. L’une, experte à se saisir de la nouvelle technologie, qui filmait et exhibait ses trophées. L’autre qui ne put s’offrir un tel raffinement dans l’horreur. Regrets éternels. […]Matthias Küntzel. […] Celui-là, il la savait par cœur la généalogie de l’antisémitisme islamiste qui, rappelle-t-il, débuta dans les années 30 avec le fondateur des Frères musulmans, déjà soutenu par Hitler. Regarde. T’as même Boualem Sansal qui t’exhorte à le lire, le chercheur allemand, et évoque les liaisons très dangereuses entre nazisme et islamisme lorsque Küntzel se livre à une généalogie inédite de la haine du Juif, colonne vertébrale depuis ses débuts de l’islamisme moderne. Lorsque le même te parle du mouvement politico-religieux islamiste né pendant les années 30, favorisé qu’il fut par la montée du Nazisme. […] T’es Juif. T’es Juif aussi. Ne t’en déplaise. Observant. Laïque. T’es Juif. Tu fatigues le monde à la longue. T’existerais pas ? Imagine un peu. Peace and love. Ernest Renan. Odon Vallet et ses délires. Qui refusait d’utiliser une majuscule pour désigner les Juifs et écrivit que le terme antisémite fit son entrée dans le vocabulaire français en 1894, en pleine affaire Dreyfus. Que le mot antisémitisme retrouva son sens global au procès Papon: on y montra comment une même police pouvait tour à tour livrer des Juifs aux nazis et jeter des Arabes dans la Seine. Alors quoi ? Expulsés vers la Palestine ou boutés hors de Palestine dans les rêves les plus fous de tous ceux-là. Quel boulot dans les deux cas de figure. D’autant que, comme tous le savent, ils sont partout. What a balagan indeed. ON VOUS EN AVAIT PARLÉ... ON VOUS EN AVAIT PARLÉ...

Encore d’antisémitisme… Accusé Enthoven, levez-vous !

Encore d’antisémitisme… D’Ilan Halimi à Sarah Halimi : coupables d’être nés Juifs

Posté le 12 mars 2018

14 février 2018

[…] Son philosophe de père, redisons-lui combien il a raison de dire haut et fort que cette affaire, c’est le problème de tout le monde. […] Qu’il n’était pas nécessaire d’être Juif pour être victime de l’antisémitisme : il suffisait d’être désigné comme tel. […] L’antisémite n’a pas besoin du judaïsme. Pas plus que la jalousie n’a besoin de la culpabilité du conjoint ou que l’homophobie n’a besoin de l’homosexualité pour traiter n’importe qui de pédé. Ce sont des passions autonomes, concluait-il.

Cher Ilan. Il est de ces tristes anniversaires. Le 13 février désormais porte ton nom. Tu aurais eu 36 ans. Tu aurais pu être mon enfant. Je ne m’appelle pas Ruth Pourtant ils sont rares les jours où je ne pense pas à Toi. A elle.

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Pour nombre d’entre nous, tu restes le marqueur de la barbarie naissante. Celle qui s’auto-nomma Gang des barbares et que nous découvrîmes avec sidération un 13 février.

Pour nombre d’entre nous, tu fus le premier de ce siècle à avoir été assassiné pour la seule faute d’être né juif. Mais Michel Zerbib de Radio J me rappelait ce matin -tous parlent de toi- que le journaliste Daniel Pearl avait été décapité à Karachi par des membres d’Al-Qaïda, en 2002, après avoir dit face caméra: Mon père est juif, ma mère est juive, je suis Juif. Que le 21 février, une vidéo était mise en ligne : The Slaughter of the Spy-Journalist, the Jew Daniel Pearl. Il me rappela encore qu’en 2003, Adel Amastaibou égorgea Sébastien Sellam, avant de se précipiter chez sa mère en hurlant qu’il irait au Paradis puisqu’il avait tué un juif.


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BLOC NOTES C’est qu’on avait tous perdu l’habitude. Un Juif pour l’exemple, qui raconte la mort d’Arthur Bloch, ce marchand de bétail tué pour l’exemple, le 16 avril à la foire aux bestiaux de Payerne, ben nous, 1942, on avait enfoui tout ça. Ilan je voulais te donner des nouvelles du monde tel qu’il alla depuis que ce sinistre gang t’enleva. Te séquestra. Te lyncha. Ilan douze ans après, il ne fait plus bon être Juif dans le pays qui te vit naître. Frédéric Haziza, Natacha Polony, Manuel Valls et tant d’autres avaient certes déjà déploré[1] qu’on eût fait preuve de tant de laxisme envers ce qu’ils appelèrent tous dès 2014 l’antisémitisme des quartiers. L’un répondait déjà à l’indécrottable Pascal Boniface, pour qui la France était juste malade du conflit israélo-palestinien, que cet antisémitisme des banlieues prospérait sous couvert d’antisionisme[2] et que les cris de Mort aux Juifs devenus monnaie courante lors des manifestations de soutien à Gaza révélaient l’antisémitisme de nos quartiers populaires où une jeunesse sans repères ni conscience de l’histoire crachait sa haine du Juif, abritée derrière un antisionisme de façade. L’antisémitisme des quartiers. Comme si, tel il en va de notre cholestérol, il existait un bon et un mauvais antisémitisme. Comme si Les Territoires perdus de la République[3] n’eussent jamais alerté sur la naissance à venir des Merah et autres Nemmouche. L’antisémitisme des quartiers qui te tua n’a pas disparu. Le préjugé avait porté, que tu avais forcément une famille riche : n’étais-tu pas juif. L’antisémitisme des quartiers que jamais nul n’oubliera, entaché qu’il fut, celui-là, d’une torture indicible qui allait de pair avec une bêtise insigne. Crasse. Des hommes-bêtes. Que nous découvrîmes sidérés en prenant la mesure de ce qu’ils te firent subir. Aurait-on pu te sauver, Ilan Aurait-on pu alors te sauver, Ilan ? Cette question nous hantera à jamais. Ton procès me hante encore. La colère de Szpiner, qui voulut faire de la lutte contre l’antisémitisme une cause publique. La honte ravalée sur nos compromissions générales. Notre déni collectif. Et déjà, notre Pascal Boniface invité qu’il était à donner son avis de sage. Lui l’Anti-

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sémite qu’il n’était déjà pas. Mais qui pourtant osa dire qu’on en avait trop fait encore sur ce coup-là. Sais-tu, Ilan, que certains aujourd’hui l’encensent, ce procureur qui retint alors le caractère antisémite de ton assassinat. C’est que 12 longues années ont passé. Qu’une autre bête a frappé. Lynchant puis défenestrant parce qu’elle était juive sa voisine. Sarah Halimi. Elle était juive que veux-tu. Mêmes causes mêmes effets. Sauf que la juge en charge du dossier Halimi a beaucoup de mal, elle, à décréter qu’il était mu par une raison antisémite, l’assassin qui lyncha une femme au son des sourates qu’il récita. J’ai compté, Ilan : sous peu cela fera un an que cette femme aura été tuée. Le 4 avril 2018. D’ici là, le 26 mars, sera jugé en appel, assis sur le banc des Soral et autres Dieudonné, un homme. Un historien. Qui eut le grand tort de dire qu’il existait, cet antisémitisme acquis. Ilan. Pendant ce temps, ta France 2018 elle crie à l’islamophobie. Une fille qui peut-être ressemblait à celle qui te servit d’appât dut quitter un télé crochet parce qu’il s’avéra qu’elle était bien trop proche des frères musulmans. Oh c’est vrai : Tu ne sais pas desquels je parle. La vie ne t’a pas permis de connaître Merah ses meurtres Tariq Ramadan ses prêches Le Bataclan et tout le reste. La fille, qui peut-être ressemblait à celle qui servit d’appât à tes geôliers, de son turban coloré coiffée, comme si elle eut voulu nous le toiletter, ce vieil islam old fashion, pour mieux nous le vendre, comme si son joli minois et sa voix à la Lorelei avaient dû nous faire oublier ses sympathies douteuses dont décidément nous ne voulions plus, échauffés que nous étions, eh bien tu sais quoi ? Elle dut le rendre, son micro. Capituler quoi. Les accointances de la donzelle avec Hassan Iquioussen de l’UOIF. Nabil Ennasri Fan de Youssef Al-Qaradawi. Dieudonné. Les assos islamistes Baraka City, Lallab, Syria Charity. Sa sympathie pour le BDS. Son clip Art for life sur la Palestine tourné par le CBSP, association classée parmi les organisations terroristes au Canada et aux Etats-Unis, ça ne comptait plus. Tout ça n’était qu’un complot politico-sioniste franco-juif américain. […] Tu sais quoi Ilan. J’ai voulu vérifier.

Ils n’existaient pas, à l’époque, tous ceux-là, qu’auraient pu t’aider. Te débusquer. Trouver ta geôle. Ils t’auraient jamais laissé. Ils auraient pas fait semblant d’oublier. Sont là. 24 sur 24. Des guetteurs. Comment diable veux-tu que je te les appelle. Collectif Vigilance. BTA. BNVCA. L’OJE. Ces citoyens issus de la société civile. Ces anonymes et ces experts dans les domaines les plus divers. Grâce auxquels tu t’sens en sécurité. Ils font le job. Les propos tenus sur les réseaux sociaux, eux te les traquent. Les émetteurs, eux les identifient. Ces hommes ces femmes irréductibles républicains qui n’en démordront jamais : l’antisémitisme est l’affaire de la Nation toute entière. Et du taf, ils en ont. […] Tu sais quoi Ilan ? On en est à 240 morts. Dans des attentats attribués à Daech. Rajoute mon gars les victimes du terrorisme islamiste. Qu’en dis-tu? Parce que moi je suis devenue un peu moins nuancée que jadis je fus. Un peu too much radicale. A penser aujourd’hui que quiconque oserait ne pas se sentir concerné par nos morts s’exclurait de facto de la Nation. Que c’était ça que je lui avais pas pardonné, à Mennel. Que Pascal Boniface qui voulait qu’on se rencontre, il allait devoir se positionner clairement. […] Tu vois Ilan. J’aurais aimé te raconter comment il allait bien ce pays qui est le nôtre Je crains que ce ne fût loupé. ON VOUS EN AVAIT PARLÉ...

De Tariq Ramadan… Encore de Lui… De l’effondrement d’un système. Tariq Ramadan c’est moooort comme dirait Leonarda. 2 février 2018

Tariq Ramadan, Toi Lecteur tu sais ce que j’en pense. Mon absence d’empathie doublée d’une extrême vigilance à l’égard de ce que l’on peut nommer La nébuleuse Ramadan Sa stratégie L’entrisme qui était son seul et unique objectif. Le prédicateur et le Collabo vous en parla, et d’autres papiers. Tariq Ramadan. Sa prestigieuse carte de visite acquise à coups de roueries mais aussi à l’aide des complaisances lâches de tous ceux qui l’encensèrent. Tariq Ramadan dont beaucoup s’écharpèrent pour savoir de quel islam il était le chantre. Etait-il le réformateur modéré qu’il nous chanta, porte-parole d’une religion qu’il en-


17 tendait adapter au contexte européen, ou bien ce prédicateur prosélyte intégriste duquel une Caroline Fourest dénonça sans cesse le double discours. Tariq ramadan, cet escroc. Invité qu’il fut de tous les plateaux : le mec avait la carte. Ce grand intellectuel, que les media couronnèrent et firent star N’est-il pas Frédéric Taddei, Ce visage qui se voulait distingué, Cette barbe nickel chrome Ces costumes Armani Ce sourire Cette voix insupportable de suavité. Ce beau parleur. Et ça ne fit que geindre et te la jouer victime. On ne l’invitait pas Et même ces plaintes pour viol qui il y a peu éclatèrent, il fit mine, le grand islamologue, de prendre ça de très haut On voulait ternir son image. […] Et puis la descente aux enfers s’opéra. Sa chaire à Oxford fut suspendue Et l’émir du Qatar déclara persona non grata celui dont il avait fait son obligé et dont il finança à coups de millions de dollars le Middle East Centre, ce département d’études du St Antony’s College. Tariq Ramadan c’est Alain Soral Dieudonné Hani ramadan Diams Hassan el-Banna Edwy Plenel Hassan Iquioussen Edgar Morin Hamza Yusuf Youssef al-Qaradâwi Nabil Elnasri François Burgat Pascal Boniface et consorts Et puis Tariq Ramadan ce sont Manuel Valls Caroline Fourest Eric Zemmour Alain Finkielkraut Bernard-Henri Lévy Gilles Kepel et bien sûr j’en oublie qu’ils me pardonnent. Tariq Ramadan is gone Tariq Ramadan est mooooort comme dirait Leonarda. Il encourt une condamnation pour viol. Mais retenons que tout un système est à terre ce matin : la vertu et l’exemplarité de la pratique islamique, érigées en dogmes dans Les préceptes de La Citadelle du musulman, auront du mal à se relever quand les disciples du fourbe auront connaissance des pratiques de celui qu’ils érigèrent en modèle. La tournée des yéyé et le Tartuffe joueur de pipeau Posté le 22 février 2018

On croirait la tournée des yéyé. Là c’est le fan club de Tariq Ramadan qui partirait en tournée de promotion, nous assure notre confrère Marianne dans ce titre plein d’humour choisi

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par Jack Dion. C’est que Mediapart vient de monter au créneau pour sauver ce qu’il resterait à sauver du soldat Ramadan. Et ça a l’air de l’amuser autant que moi, Jack : Mediapart. Le roi des Tribunes avec signataires. En principe t’as zéro surprise. Allons y voir : toute la bande assurément est là. Nabil Ennasri, qui s’est fendu d’un clip, il est peut-être là quand même. Alors… T’as plein de professeurs et professeures émérites. L’Université de Princeton est représentée : ouf. Des sociologues et phi-

losophes. Pléthore de militantes féministes. Voire féministes antiracistes. Des journalistes Gresh l’antisioniste compulsif Des profs Des metteures en scène. La directrice des éditions Don Quichotte. Ah ! Ou plutôt ouf : il est là, François Burgat, notre politologue. Un professeur en théorie politique. Un autre d’Oxford LOL Tiens ! Y a Marwan Muhammad. Une militante altermondialiste. Encore Oxford. Une auteure et chercheuse en religion comparative. Ah le voilà Nabil Ennasri, Docteur s’il vous plaît. Spécialiste en Qaradawi. Houria Bouteldja of course. Après t’as un diplomate Des footballeurs professionnels Une liste à la


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BLOC NOTES Prévert quoi. La mamma d’Aznavour Ils sont venus Ils sont tous là Tous les grands professionnels de la propagande Et ils veulent quoi? Ils veulent une justice impartiale et égalitaire. Et pour ce faire, ils dénoncent au passage les instrumentalisations dans la lutte contre les violences faites aux femmes et entendent intervenir sur le fond éthique et politique. […] Et de nous répéter que de toutes façons ils te l’avaient condamné avant même le démarrage de l’enquête judiciaire. Qu’ils l’avaient bafoué, son droit à la présomption d’innocence. Et son traitement de misère, t’as vu ça un peu ? Placé à l’isolement qu’il est. Sans aucune visite ni coup de téléphone. Et que je te sorte les grands mots. Et que je te parle de justice à géométrie variable. De traitement judiciaire d’exception à son endroit. Tout ça à des fins politiques sans rapport avec la cause des femmes. Avec une petite allusion sur les origines, la religion et les opinions politiques de l’inculpé. Que tu croirais qu’elles auraient interféré. En conséquence de quoi, les signataires demandent la libération immédiate au regard de son état de santé alarmant du mis en examen. […] En même temps, c’est la fête à la théorie du complot. […] En même temps, t’as des twittos devenus culte à force d’exploits. Même que toi, tu vas vérifier s’il ne s’agirait pas de faux comptes. Mais non. Ils sont abonnés à Hadith of the Day. IIFE. Journaldumusulman.fr Saphirnews.com Al Kanz. Oumma.com C’est du lourd. Moh M. t’écrit sans rire qu’il pense que tout ça c’est la faute aux sionistes qu’auraient fabriqué des milliards de robots qui se feraient passer pour des musulmans sur internet afin de les faire passer pour des cons et salir l’image de l’islam. […] Alors qu’au vu des dysfonctionnements, les avocats du théologien plaident pour un dépaysement de la procédure et que les recteurs de la Grande mosquée de Lyon et de Villeurbanne réclament la libération immédiate de cet intellectuel de renom, reconnu et respecté au sein des musulmans de France, alors que Samia Ghali vient s’en mêler et demander Qui on jugeait, l’homme qui avait violé ou le musulman, il ne nous manquait plus que la voix de Tahar Ben Jelloun : le voilà, qui s’alarme qu’il n’est décidément pas facile d’être musulman en

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ce moment en France et en Europe : Stigmatisés, condamnés d’avance, les musulmans dans leur écrasante majorité souffrent en silence de ce regard torve et puant que pose sur eux le reste du monde. Et l’écrivain de parler non plus d’islamophobie mais de rejet et de haine. N’hésitant pas à s’emparer de L’Affaire Mennel, il pointe ce climat détestable qui caractérise la France du soupçon. Et de te citer une justice qui parfois fait son travail, car elle est indépendante et vient de le prouver avec la relaxe de Bendaoud, et en même temps le … tribunal médiatique qui osa expulser … Mennel. Heureusement pour ton moral et ta raison, t’as en même temps Abdennour Bidar qui nous demande combien de temps encore nous allons rester tragiquement aveugles aux racines du mal de l’islamisme. Qui se demande comment il se fait qu’il ait fallu attendre le scandale d’accusations de violences sexuelles pour qu’enfin nos élites s’interrogent sérieusement sur le personnage. Qui nous reproche avec justesse notre paresse Notre inculture. Que nous, au lieu d’aller voir du côté de Mohammed Iqbal, Darius Shayegan, Yadh Ben Achour, Hamadi Redissi, ou ici en France de Mohammed Arkoun, nous avons choisi avec une infaillibilité remarquable les mauvais interlocuteurs, et ouvert nos micros, écrans, tribunes, aux traditionalistes patentés du CFCM, ou bien à des prestidigitateurs comme Ramadan qui rient à gorges chaudes de l’aubaine incroyable de notre naïveté.

mal ? Ben oui. Mais ça fait réfléchir. Ça te rappelle combien ils furent nombreux, d’Abdelwahhab Meddeb à Mohammed Arkoun ou Malek Chebel, à nous avoir alertés. Et ne me dis plus, Lecteur : où sont-ils, les musulmans ? Parce que c’est un peu tard : Meddeb est mort, Arkoun est mort, Chebel est mort, après avoir tous crié dans le même désert. C’est indigne de la France. Combien restons-nous désormais à produire une philosophie critique de l’islam ? On pourrait nous compter sur les doigts d’une main à laquelle il manquerait des doigts ! Je lance donc aujourd’hui à mon tour un cri d’indignation et d’alarme. Nous allons droit à la catastrophe si toutes celles et tous ceux qui sont en position de responsabilité dans notre pays, qui ont entre leurs mains le levier de tel ou tel pouvoir, se contentent de s’offusquer de cette sinistre affaire Ramadan sans qu’elle soit l’objet d’une prise de conscience. Voilà. Une ultime fois. Regarde-les, les politiques de complicité avec l’islam politique. Sur le plan international avec l’Arabie saoudite, le Qatar ou le Maroc. Sur le plan local en laissant proliférer le salafisme ordinaire pour des calculs clientélistes et électoraux. Et en même temps, regarde-le, ce recul constant sur la laïcité. ON VOUS EN AVAIT PARLÉ...

Mohamed Louizi : Grève de la faim contre l’entrisme Posté le 18 février 2018

Et Abdennour qui continue et nous accuse d’être passés à côté de la supercherie. Comment on a pu y croire, à leur tour de passepasse des plus grossiers : réformer l’islam, l’adapter à la modernité, le libérer des traditions obscurantistes, blablabla. Alors que la seule lecture de leurs livres aurait permis de débusquer l’incohérence entre cet affichage publicitaire et l’indécrottable dogmatisme comme l’agressivité larvée qui ressurgissent à chaque page ou presque. Et de conclure qu’on l’a bien cherché. Nous l’avons laissé se développer en France, cet islamisme décomplexé, qui revendique maintenant haut et fort la suprématie de la loi de Dieu face à la loi démocratique, qui affiche sans vergogne intolérance et antisémitisme, etc etc. Nous avons organisé la starisation de ce joueur de flûte qui a entraîné une partie de la jeunesse musulmane vers l’abîme d’un néorigorisme déguisé en islam soft. Quand tu lis ça, t’as plus envie de rire. Ça fait

Je sais plus. J’en veux très fort à ceux-là qui me disent que d’entrisme il n’y a pas, que d’antisémitisme il n’y a pas, qu’en réalité faut pas faire de vagues, que à force de crier aux loups ben bientôt le loup il viendra. Que demande-t-il ? Que l’État se ressaisisse. Qu’il réexamine toutes ces plaintes et fasse le tri entre ceux qui veulent protéger la laïcité et la République de ceux qui veulent les détruire pour instaurer, à terme, l’islamisme et ses lois. […] Mohamed Louizi. Qui refusa la soumission aux injonctions islamistes qu’il n’eut de cesse de dénoncer. Qui prévient que si la mort l’appelle, il refuse que l’on rapatrie son corps vers le Maroc car il rejette le concept terre d’islam. Il refuse que l’on l’enterre dans ce territoire islamiste nommé carré musulman. © Dessins de Richard Kenigsman


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PORTRAIT

Richard Kenigsman Joueur de loi ou de lettres ou même, pourquoi pas, de l’être

On est tous appelés à être au-delà de ce que nous sommes ; mais en faire un jeu en y mettant, par exemple, des couleurs et des lettres, voilà ce que tente Richard Kenigsman, peintre des corps aux prises avec la loi… Il prend la lettre avec des mots – hébreux ou pas – qu'il fait parler avec le jeu pictural et cela donne des éclats d'humour ; comme ce hassid qui fonce avec le char aux lions – pourquoi pas le char d'Ezéchiel ou la présence divine ? – avec ce mot yiddish : « Attention ! » au-dessus de lui… c'est tout le drame de certains intégristes : de n'être pas Dieu tout en le représentant. Un jour, j'avais dit que j'ai sur moi le petit livre de Psaumes comme un paquet de cigarettes et que de temps à autre j'en « fume » un, pour m'inspirer ; et voilà une belle peinture de Richard Kenigsman où un homme au chapeau « fume » la loi, avec là-haut

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sur le rideau l'interdit mais cette fois en anglais : « Just don't do it ». Ou encore ce lion gardien de la loi, il la tient entre ses dents, ces dents que chez d'autres elle fait grincer. Bref, le buisson ardent de la loi anime ces toiles et y met tout autre chose que de la fumée : un certain souffle où communiquent le style affiche et les fouilles de la mémoire, créant ainsi une subtile complexité entre le divin et le trop-humain, entre l'être et le paraître, entre la détresse et la drôlerie. Et n'est-ce pas là le plus vif d'une tradition, la nôtre, où sérieux et dérision se marient – ou se marrent ? Daniel Sibony Psychanalyste, Professeur de mathématiques à l’Université de Paris VIII

Tribune juive a le plaisir d’inviter Richard Kenigsman, artiste réputé qui vit à Bruxelles et expose chez lui comme à Paris, New York ou Londres. Je dessine comme je l’entends, aime-t-il à dire, partageant avec Tribune juive ses passions du dessin, de la peinture, de l’art numérique mais encore ses chroniques dessinées, publiées dans Contact J, au Royaume de Belgique, et son personnage, le désormais célèbre Homme du Roi. A noter, la collaboration Richard Kenigsman-Jacques Sojcher, philosophe. De La Valise abandonnée édité chez Bruno Robbe à Eros errant, en passant par Trente-huit variations sur le mot juif : des livres d’art édités chez Fata Morgana, constitués de lithographies originales sur des poèmes de Jacques Sojcher. A venir : Joie sans raison. Toujours Fata Morgana.


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INTERNATIONAL

KURDES : TOUS LES LÂCHES DÉTOURNENT LA TÊTE Par SARAH CATTAN

A

frin. Lecteur, Imagine. Tu te retrouverais immobilisé. En diète de news. Lorsque tu serais un peu mieux, ton amoureux t’aurait mis en sourdine cette radio, tu sais. Même que la nuit parfois un morceau vient toujours t’éblouir Te déchirer l’âme. Que tout ça Ces News c’est ponctué de ces bouts de riens du tout. La Neige, the new white terroriste. Les aventures du petit Nicolas. Toi tu traduis Ushuaïa. Que t’as même pas envie de les savoir ses secrets. Que tu te prends à penser que t’aimerais pas y écrire, dans Ebdo, le media tout pourri Qui s’honore pas à propager la rumeur La rumeur. Le hashtag tout naze Balancetonporc Que dès le début tu savais bien que ce serait pas ton sujet Et que pourtant un jour il faudrait bien y venir.

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Donc Les News Les JO. Evidemment qu’ils n’en diraient rien, de la conversion forcée en Corée. Et Toi là, dans la nuit, tu te disais que au final, t’étais un peu comme eux. Afrin. Est-ce que Toi t’en avais parlé ? Ben non. Et ton journal ? Ben lui non plus. Et Tu pourras jamais prétexter un je ne savais pas. De mot d’excuses T’en as même pas l’ombre d’un. Certes Mohamed Louizi. Certes Bensoussan. Mais Afrin ? Nord-ouest de la Syrie ? Afrin. Qui hante tes nuits. Ce fut Toi, Alain A., qui ce matin-là décrivis ta colère froide en laquelle je me reconnus. Précis tel le scalpel devait l’être. Notifiant l’heure : 04h08. Que les F15 les F16 bombardaient Afrin.

Tu précisas, pour ceux qui sauraient pas : Vous savez, la Turquie, qui fait partie de l’Otan ? Et tu nous écrivis que Honte à nous tous qui pendant ce temps détournions les yeux. Tu nous rappelas la trouille. Celle de Chamberlain. Celle de Daladier, en 1938, lorsque Hitler envahit la Tchécoslovaquie. Tu osas à raison la comparaison avec celle de Macron aujourd’hui : La même peur, ne vous inquiétez pas, un jour ce sera la Grèce, et encore nous ne dirons rien, pourvu que nous continuions à acheter du Nutella. Il n’y a pas dans ce putain de pays, celui de Jean Moulin, une femme, un homme, qui dira avec force que les Kurdes Syriens nous ont protégés avec le sang de leurs combattantes, celles, rappelez-vous, que nous vîmes à la Une de Paris Match. Du Point. De L’Express. Et tu concluais, glacial : Honte à nous. Tranquillou. Super. Plus d’attentats. Aucun merci à ces


23 kurdes, qui ont empêché de nouveaux massacres. Rien. Quand De Gaulle disait que nous étions des veaux, je ne suis pas loin de le croire.

toire syrien et exhorta en conséquence Damas à intervenir contre Ankara, qu’il accusait de collusion avec les djihadistes de Daech.

En même temps, Le Figaro nous faisait savoir que le PR se disait rassuré par la Turquie, concernant la nature de l’offensive militaire en cours contre les Kurdes dans la région d’Afrin en Syrie. Rassuré. Je ne retire rien, précisa-t-il lors d’une conférence de presse à Tunis. Je note que la réaction du ministre des Affaires étrangères turc signifie sans doute qu’il ne s’agit rien d’autre que de la sécurisation des frontières et que la Turquie n’entend pas aller plus loin que les positions qu’elle occupe aujourd’hui, ni rester durablement dans la région.

On n’était pas nombreux à l’invitation de la représentation des Kurdes syriens à Paris. Une guerre atroce nous est livrée, résuma Eldar Khalil, accusant l’aviation et l’artillerie d’Ankara, appuyées par des rebelles syriens anti-Assad, de mener des frappes contre civils, écoles et hôpitaux, tout ça autour d’Afrine, ajoutant que Jaidaris par exemple était décimé. Comme d’autres villages souvent peuplés de Yézidis.

Toi, t’as honte. Même si en même temps, le PR il avait mis en garde son homologue Recep Tayyip Erdogan contre toute tentative d’invasion du nord-ouest de la Syrie, où l’armée turque combattait depuis le 20 janvier la milice kurde YPG, et s’il avait appelé Ankara à se coordonner avec l’Europe et ses alliés. Même que Mevlüt Cavusoglu, le chef de la diplomatie turque, avait pas bien apprécié ces propos qu’il comprit comme des insultes. Vu que cette opération, qu’il disait, eux la menaient en accord avec le droit international. Que eux, ils usaient de leur droit à la légitime défense. En accord avec les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU : il ne s’agissait pas d’une invasion. Ben non : si on te dit que c’est une opération ? Tu comprends pas ? Essaie Fais un effooooort

Le bilan s’alourdissait. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme pointait la visite, près du front, du tyran. Lequel promettait de mener à terme cette offensive. Cette opération quoi. Voilà où on en était. Alors qu’ils mènent en même temps sans répit la guerre contre Daech sur le front de Der Ezzor, plus à l’est, les combattants kurdes doivent désormais se mobiliser contre l’ennemi turc à Afrine : L’agression turque met en danger les opérations de libération contre Daech, avait martelé Eldar Khalil. Pour que ces sourds entendissent un soupçon du désastre. Pour qu’ils ouvrissent les yeux. Ne détournassent pas le regard. Nous faisons partie intégrante du territoire syrien, plaidait Eldar Khalil, en écho de quoi Othmane al-Cheikh Issa, coprésident du Conseil exécutif de l’enclave kurde d’Afrine, exhortait l’État syrien, avec tous les moyens qu’il avait, à faire face à cette agression et déclarer qu’il ne permettrait pas aux avions turcs de survoler l’espace aérien syrien.

Sauf que là, t’avais, d’un coup d’un seul, La France et les Etats-Unis qui, du bout des lèvres, plus que timidement, faisaient mine de soutenir les YPG, ces miliciens kurdes des Unités de protection du peuple, face aux djihadistes du groupe EI en Syrie.

Qui lui prêta oreille à Paris ? François Hollande, ami de la cause kurde, nous dit-on. Et puis aussi de hautes autorités. Toi t’essayas de traduire. Non il n’était pas déçu, te répondit-il, par la réaction assez tiède de Paris face à l’offensive turque : Les Français ont promis de faire des efforts pour que les combats cessent, finit-il, non sans répéter à l’assistance qu’il s’agissait bien d’une alliance commune contre Daech et sans déplorer que toutes les puissances de la coalition internationale contre Daech, conduite par les États-Unis, ne renforçassent pas davantage leurs positions contre la Turquie.

T’y retrouves-tu ? Je sais, c’est pas évident, tant le dit soutien, il ressemble à rien. Eldar Khalil, vétéran de la rébellion kurde, nous expliqua bien, de passage à Paris dans le cadre d’une tournée européenne d’explication de la cause kurde, que les Kurdes faisaient partie intégrante du terri-

Toi tu bronchais pas. Mal à l’aise que t’étais. Tu te demandais si ses alliés américains n’étaient pas en train de négocier dans le dos des Kurdes la cession d’Afrin à la Turquie en échange du déploiement autorisé par Ankara d’une force de 30.000 garde-frontières formée par les États-Unis.

Essaie de suivre : la Turquie est colère, elle qui considère les YPG comme une émanation du PKK, en lutte depuis 1984 contre le gouvernement d’Ankara. Tu sais, le PKK, une organisation terroriste, disent de concert la Turquie. Les Etats-Unis et l’Union européenne.

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Et là, Eldar Khalil, il te répondait plus, convaincu qu’il était que l’offensive turque ne s’arrêterait pas à Afrin et se poursuivrait plus à l’ouest vers Manbij: Manbij est menacé. Si le projet turc aboutit, le plan de la coalition antiDaech s’effondrera. Ça sonnait comme une menace. Non Plutôt une mise en garde. Pendant que toi tu pensais Sens de l’honneur Valeur de la Parole donnée, les media titraient pudiquement Inquiétude après l’offensive turque contre les Kurdes en Syrie. C’était ça : Tu t’inquiétais. Et puis tu la continuais, ta life. Bon c’est vrai y avait des images. Tu te disais ça craint grave. Puis tu faisais comme tous. Ou presque tous. T’avais qu’à pas les regarder. Mets ça sur Off. Alors on leur fait quoi à nos potes à dîner ce soir ? Une raclette encore ? Tu crois ? C’est sûr C’est pratique. Ça laisse l’opportunité de rester à table. On parlera… d’Afrin. Mais non… J’rigoooole. Viens dîner. Aie pas peur. Moi aussi je suis lâche. Pile poil comme toi. C’est qu’elles finissaient par être de mauvais goût, ces images qui revenaient obstinément. Combats à Afrin. Ankara avait même baptisé son opération. Rameau d’olivier que ça s’appelait. L’armée turque avait franchi la frontière. L’armée turque encerclait Afrin. Et Toi, Tu la savais, la chanson : A la demande de Paris le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra lundi des consultations sur la situation en Syrie. C’est que Recep Erdogan, il espérait conclure en très peu de temps la dite opération. Qui commençait à se voir. A susciter l’inquiétude de nombreuses capitales. Paraît-il.


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INTERNATIONAL Dans ton cerveau, ça s’éclaircit : des trois territoires du nord de la Syrie contrôlés par les Kurdes, - Afrin, Kobané et Djézhiré - , Afrin, c’était un front ouvert dans la guerre en Syrie. Un front qui opposait la Turquie, membre de l’OTAN, aux Kurdes des YPG ou Unités de protection du peuple, le bras armé du PYD, Parti de l’Union démocratique, qui contrôlait les territoires kurdes au nord de la Syrie et par conséquent une large part de la frontière. Ankara, tout logiquement, souhaitait la sécuriser, sa frontière. Alors accuser le PYD d’être la branche syrienne du PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan, formation séparatiste kurde de Turquie, ça l’ faisait. C’était parti : ils tombaient, les communiqués. L’artillerie d’Ankara pilonnait sec et touchait des terroristes. Des civils, répondait l’écho. Après Afrin, ce serait Manbij, ajoutait le dictateur, dont le projet était de débarrasser le pays jusqu’à la frontière irakienne de cette croûte de terreur qui essayait de les assiéger, qu’il disait. Croyez-vous que tout ça, ça gênât aux entournures ceux qui, alliés à Ankara dans le cadre de l’OTAN, soutenaient les Kurdes dans le cadre de la lutte contre Daech. Ceux-là qui osaient user d’un lexique mal approprié, exhortant la Turquie à faire preuve de retenue. En somme, faitesla vite fait, votre guerre, et qu’on passe à autre chose. Aux affaires courantes, quoi. Déconnez pas, les mecs. Cas de conscience quand même. C’est que les Kurdes, ils avaient fichtrement aidé dans la guerre contre les djihadistes de l’État islamique. Raqqa. Déjà zappé ? Et pourtant ! Raqqa ! C’était quand même un peu la honte, cette mémoire courte, non ? What a balagan. Et qu’on invite Verisk Maplecroft. Même qu’avec un nom comme ça, il pouvait être que analyste d’un cabinet de consultants en risques. En même temps, les développements en cours dans l’enclave kurde d’Afrin qui se poursuivaient. Normal ! Puisque en face de ceux qui voulaient revenir à l’essentiel, la lutte contre le terrorisme, t’avais les autres, qui compatissaient et embrassaient l’intérêt légitime de la Turquie à assurer la sécurité de ses frontières. What a balagan. Bachar affirmait qu’Ankara soutenait des groupes extrémistes, et son armée, aidée par l’aviation russe et aussi par l’Iran, avançait et reprenait le contrôle de bases aériennes perdues. Elle voulait, après Alep, la peau du fief d’Al-Qaïda. Mais les Kurdes. Eux, ils la payaient cher, la

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résistance à l’offensive turque et la guerre frontale aux islamistes. Appelés tous à prendre les armes pour défendre Afrin. Et pas que. Volontaires de tous pays. Qui aviez combattu à Raqqa notamment. Tous invités à prêter main forte aux kurdes qui avaient déjà payé le tribut que l’on savait dans la lutte contre Daesh. En même temps, t’avais le porte parole des FDS, Gabriel Qilo, qui adressait aux chrétiens un appel à l’aide urgent pour Afrin, leur rappelant comment, avec leurs alliés kurdes et arabes

depuis 2013, avec les Etats-Unis et la Coalition Internationale, lui et les siens avaient vaincu Isis et combien cette victoire était garante de la sécurité de tous. Il rappela que Afrin était l’une des trois régions composant la dite Fédération Démocratique et qu’existaient là-bas des églises pour les Kurdes et les Arabes qui s’étaient convertis au christianisme : Nous avons vaincu Isis, nous avons apporté la Liberté, nous avons souffert et nous avons gagné. Nous avons sacrifié des milliers de martyrs. Et maintenant, la Turquie nous attaque, avec l’aide d’Al-Qaïda et


25 des Français qui est en jeu, le djihadisme pourrait bien se réinstaller. Ne pas s’élever contre l’intervention turque est une faute morale et politique. Pourquoi ce silence complice devant la politique de désinformation de la Turquie, qui traitait les Kurdes de terroristes, ce régime inspiré des Frères musulmans qui craignait moins les islamistes, auxquels il n’avait cessé d’apporter de l’aide, qu’il ne détestait les Kurdes, nos alliés dans la guerre contre le terrorisme. Comment le comprendre, ce silence face à l’invasion turco-islamiste. Des voix s’élèvent. Inaudibles. Parlant de faute morale impardonnable. Du prix qu’un jour nous aurions à payer pour notre lâcheté insigne. Après avoir reçu à l’Élysée les Kurdes de Syrie, vainqueurs à Kobané, les lâcher donc ? Les kurdes. Qui devaient dégarnir leur front contre Daech pour faire face aux exactions turco-islamistes à Afrin. Se taire ? Regarder ces femmes, combattantes kurdes, se faire torturer, éventrer, savoir qu’ils leur tranchaient les seins ? Nous étions déjà comptables devant l’Histoire. Pour abandon des Kurdes de Syrie qui étaient en train de bâtir une société démocratique respectueuse de pluralisme ethnique et confessionnel et de l’égalité entre les hommes et les femmes. Kurdes de Syrie : Conférence de Presse à Paris : Nous, le peuple français, devons jouer notre rôle politique. Dans ce combat, qui est tout simplement celui de la démocratie et de la laïcité contre l’islamisme, les Kurdes de Syrie se retrouvent soudain seuls.

d’autres extrémistes islamistes, rappela-t-il. La honte pour nous qui savions que c’était vrai. Il ajouta : Allez-vous vous taire maintenant que la Turquie nous attaque ? Allez-vous permettre que nous soyons tués par Al-Qaïda ? Ou bien allez-vous vous dresser avec nous et dire à vos gouvernements que la Turquie doit cesser immédiatement son action ? Priez pour nous, mais, je vous en supplie, ne vous contentez pas de prier. Dites à vos parlementaires, dites à vos Premiers Ministres ou Présidents que cette attaque contre

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la Liberté doit cesser. La honte pour nous qui savions qu’il disait vrai. Erdogan tente de parachever le génocide des Chrétiens, dont 2 millions furent mis à mort dans l’Empire Ottoman en 1915. La honte pour nous qui savions qu’il disait juste. Nous croyons que notre Liberté est votre Liberté. Je vous en supplie, soutenez-nous. La honte pour nous qui ne faisions rien. L’écrivain Patrice Franceschi mit en garde contre l’inaction de la Nation face à l’intervention turque sur les Kurdes en Syrie : c’est la sécurité

C’était quoi, cette France qui hésitait. Qui tergiversait. Qui était en train de doubler une faute morale d’une faute politique. Vos frères et soeurs d’Afrin vous demandent d’exiger de vos gouvernements d’engager des actions pour faire cesser les attaques turques, redit Gabriel Qilo. Allez-vous vous taire maintenant que la Turquie nous attaque ? Allez-vous permettre que nous soyons tués par Al-Qaïda ? Et nous, Chrétiens ou non, on ferait les sourds ? On laisserait Erdogan parachever le génocide des Chrétiens ? On laisserait les Kurdes réclamer seuls la libération de leur chef historique Ocalan ? On ferait les naïfs ? On ferait comme si on savait pas que Damas protestait contre la violation de son territoire par l’aviation turque mais qu’en réalité il laissait faire, en sous-main ? On leur dira quoi à nos enfants ? Qu’on n’avait pas pigé qu’Assad n’entendit jamais laisser prospérer le Rojava. Ce modèle unique de démocratie


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INTERNATIONAL

laïque dans la région. Le Rojava qui, loin d’être une parfaite démocratie, avait pour principale originalité d’aligner pour tous les postes clés un binôme homme-femme. Et que ça, le boucher de Damas, il aimait pas.

Ghouta orientale est le massacre de ce siècle en ce moment même. Une fois j’ai demandé à une de mes voisines : Sommes-nous vraiment en vie ? Les autres savent-ils que nous existons réellement, et que nous sommes en vie dans ces sous-sols ?

Nous ? On allait laisser à jamais Poutine, le parrain du Moyen-Orient, vaincre face à la lâcheté de Paris et Washington. On allait se contenter de mises en garde. 1,5 millions massacrés par les turcs au siècle dernier : on laisserait l’Histoire se répéter. Sans réagir. Pire : en nous couchant devant ce Hitler auquel on avait permis de prospérer. Devant ce pogrom en live. Aller à Manbij nettoyer d’autres secteurs kurdes, promettait le fürher.

Sourds : à Bruxelles, le chef de la délégation de l’opposition aux négociations de Genève, Nasr Hariri, nous parla de la Ghouta orientale comme d’un enfer sur terre. Evoqua des crimes de guerre. Un déluge de feu venu du ciel. Des bombardements incessants du régime syrien, aidée par les forces aériennes russes.

What a dossier. Où la priorité allait évidemment au réalisme. Qui le prendrait, le risque de mécontenter Erdogan. Realpolitik. Cynisme. Lâcheté. Hypocrisie. Il était où l’intérêt général. Priorité aux intérêts particuliers. Bonjour le slalom. Sourds : Les autres savent-ils que nous existons ? interrogeait cette infirmière depuis la Ghouta orientale syrienne assiégée et bombardée depuis fin 2013 : Ce n’est pas une guerre. Cela s’appelle un massacre. Le massacre du 21ème siècle. Si le massacre des années 1990 était Srebrenica, et ceux des années 1980 Halabja, Sabra et Chatila, alors la

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Sourds : L’ambassadeur français au Conseil de sécurité de l’ONU, François Delattre, évoqua, lui, un siège digne du Moyen Âge. Pas de vivres, pas de médicaments, rien. Et pas d’espoir de secours international, malgré les appels. Que faisait l’Union européenne ? Pourquoi ne remettait-elle pas en cause la légitimité du régime turc. Pourquoi se contentait-elle des promesses de Federica Mogherini, lorsqu’elle évoquait une aide à la reconstruction de la Syrie, conditionnée à des améliorations sur le terrain. Prétendre souhaiter une opposition unie face à Assad, et ajouter n’avoir aucune influence, aucun contact avec le régime syrien. Se contenter de peser de manière indirecte en

s’adressant à ceux qui pouvaient avoir de l’influence sur Damas afin que le régime s’engageât de manière crédible dans les discussions de Genève ? Bof. Des discussions lancées en 2012 et qui depuis piétinaient. Faute de désir d’arriver à une solution politique. En finir sur le terrain : n’était-il pas que là, l’argument de ce théâtre diplomatique soutenu par les Nations unies. Voilà où nous en étions. Après nous être contentés de dénoncer L’humanité qui saignait à Afrin. Les massacres des Yézidis, traités de porcs par les sicaires d’Erdogan et leurs alliés djihadistes. Des combattants kurdes qui disaient leur hâte d’abandonner le front est-syrien contre le groupe EI. Pour venir en aide à leurs frères d’armes et protéger leur communauté, abandonnée de tous. Les entendre dirent, enterrant leurs frères tombés au combat dans un des derniers réduits djihadistes : Ils auraient dû mourir à Afrin. Tant on ne peut mourir deux fois. Nous pouvons affronter les Turcs sans l’aide de la coalition, nous disaient-ils fièrement. Nous affronterons les Turcs comme nous l’avons fait avec Daech. Seuls. Sans nous. Sous nos yeux qui feignaient de regarder ailleurs. Raphaël Pitti, formateur de chirurgiens syriens à la médecine d’urgence,


27 on lui déroulerait le tapis rouge foulé par Khadafi. Là où jamais on irait te l’attaquer frontalement. Là où notre PR n’aurait jamais, en Chine, le mauvais goût d’aborder le sujet des Droits de l’Homme. En privé, vous dira-t-on.

nous aurait assez alertés sur le sort des civils exposés sous nos yeux à l’utilisation d’armes chimiques au chlore : Si des relevés biologiques prouveront difficilement l’utilisation de chlore, car il s’agit d’un produit commun et très volatile, en revanche, les victimes sont la meilleure preuve d’emploi d’arme chimique, dès lors que les secours constatent un afflux massif de personnes blessées présentant les même symptômes, en provenance du même endroit, à un temps donné, témoigna-til, ajoutant : C’est le régime syrien qui mène le jeu et qui refuse toute entrée de convoi à l’intérieur de La Ghouta. Voilà. Après les Arméniens. Les Juifs. Les Tutsis. Les Yézidis. Les Chrétiens d’Orient. Y a les Kurdes. Ben quoi ? On allait pas contrarier un allié objectif n’était-il pas. Sauf qu’il conviendrait, quitte à se conduire sans morale, de le faire sans brandir l’antienne des dits Droits de l’Homme et ne les respecter jamais. Parce que ça la fichait mal. Que Trump, lui au moins, il te sortait les choses crûment. L’éthique, il avait pas ça en magasin. Alors il faisait pas semblant. Nous ? Sous nos yeux, on avait un tyran qui martyrisait son peuple et massacrait les Kurdes. Au vu et au su du monde. Recep Tayyip Erdogan. Celui qui assit une enfant à son bureau et provoqua l’éclat de rire unanime de ses collaborateurs en disant à la fillette, en guise d’allusion à l’ancienne formule de déférence pour le sultan, qui disposait du droit de vie et de mort sur ses sujets : Maintenant tu as le pouvoir, si tu veux pendre, tu pends, si tu veux couper, tu coupes. Ce tyran qui martyrisa son peuple. Détruisit les Kurdes. On ne l’attaquerait donc jamais frontalement : les intérêts étaient trop grands : L’Europe avait fait un pacte avec le diable. La même Europe qui fournissait des armes à l’Arabie saoudite. Ça faisait autant d’emplois en France. On allait pas renoncer à un marché si juteux. D’autant qu’on savait tous que si la France renonçait, un autre s’y collerait. Welcome dans la realpolitik. Là où l’on moquait un Trump. Mais là encore où

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Welcome dans la realpolitik. Là où pas un seul homme au monde qui serait aux affaires ne renoncerait, pour sauver des vies, à un marché financier. Là où tous franchirent ce qu’ils avaient nommé les lignes rouges. Là où l’on ne détruisit pas les forges du Reich qui collaborèrent sous nos yeux avec les nazis. Où nous assistâmes sans broncher à cette féérie de l’horrible. Là où on se partagea tous les criminels nazis. Aujourd’hui, c’était la fête aux Kurdes. Nos alliés d’hier. Auxquels on répondait à présent Débrouillez-vous on ne bougera pas On peut pas On va quand même pas faire une guerre avec la Russie On l’a pas fait pour l’Ukraine. Voilà. C’était tout. Un soupçon de Droits de l’Homme viendrait te saupoudrer tout ça Un bémol Un cynisme à peine déguisé On allait pas risquer un marché. Voire une guerre. Kim Jongun pouvait à loisir lancer ses missiles : le monde émettrait de verbales menaces. C’était le triomphe de la realpolitik. Maquillée de pudiques cris. Exhortant à la modération. De solution t’en avais pas. De politique européenne il y en avait guère. Les enjeux La complexité Le capitalisme new style Quoi l’éthique ? Tu rigolais. On allait pas renoncer à des milliards pour que triomphât une idée. Alors on allait continuer. Faire des pressions. Ça servirait un peu. On ferait encore du donnant-donnant. On dirait aux Russes L’Ukraine on s’en tape Prenez l’Ukraine mais en échange cessez votre truc On vous donne ça, faites votre puissance, Faites vos affaires, Mais renoncez à ça. Bombardez ici mais pas là. Faut pas que ça se voie trop, les gars. Mais si ! De l’éthique Y en avait encore. Mais en arrière plan. Juste un vœu pieux. Avec parfois de menus résultats. On se rattraperait sur le plan local On y mettrait davantage du truc, là, l’éthique. On ouvrirait la porte au mariage homosexuel A l’Euthanasie Ça coûtait pas, ça. En même temps, Toi, Cesse de fantasmer. De croire que le PR il irait trouver Erdogan. Qu’il

lui dirait : ça suffit !!! Quoi la ligne rouge Si la Chine voulait de grands marchés, eh bien elle avait qu’à essayer de moins montrer ses trucs de la honte Quoi t’es furibard parce que, en même temps, T’avais Zeid Ra’ad Al Hussein, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, qui appelait l’Etat hébreu à stopper ses crimes de guerre. Entends ses activités liées à sa politique d’implantation. Et vlan que le 19 mars aurait lieu au Haut-Commissariat aux droits de l’Homme le énième procès israélien pour violations des droits de l’Homme. Alors voilà. T’as pigé ? Si tu y es plus, aux affaires, Si tu y es pas, alors tu fais comme Mélenchon. Comme Hollande. Tu demandes la création d’une no fly zone au-dessus des territoires kurdes. Tu reçois Khaled Issa, le représentant en France du Rojava. Tu lances au PR que si la Russie de Vladimir Poutine est menaçante, eh bien elle doit être menacée. Tu parles de limites à fixer. Tu dis qu’il urge de tenir tête à Moscou. Que la France Elle peut pas laisser Platov avancer ses pions sans réagir. Et tu te prends une beigne Comme quoi Il est aisé de donner des leçons. Et même que le PR, il a obtenu, lui, des concessions de la Russie. Une trêve. De quelques heures. Permettant l’accès à certains convois. Toi tu en fais partie, de cette communauté internationale impassible, comme résignée, face à ce scénario monstrueux. Cette vaste opération de nettoyage confessionnel et/ou social à laquelle on assistait depuis quelques années, de Homs à Alep en passant par la Ghouta, afin que la dynastie des Assad fût en mesure de gouverner éternellement la Syrie dite utile. Le tout sous l’aile protectrice de l’Iran et de la Russie. Dénonçant des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies violées aussitôt votées. Pointant du doigt ce désir profond de ne pas voir les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Les tortures. Viols de femmes dans les prisons. Liquidation de détenus par milliers. Cette hypocrisie consistant à avoir fait d’un des grands parrains du terrorisme celui qui en était un allié : Les voir demander tantôt à la Russie tantôt à l’Iran, les deux puissances qui occupaient la Syrie et étaient donc conjointement et directement responsables des crimes qui y étaient commis, de modérer leur protégé faisait rire – ou pleurer.


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INTERVIEW

Crédits photo : © Claude Truong-Ngoc

Le premier qui dit la vérité il sera exécuté interview recueillie par SARAH CATTAN

D

it la chanson. Lui, on l’accusa un beau matin de tous les maux. Pour un mot. Il avait commis la saloperie de généraliser, écrivit ce journaliste « coreligionnaire ». Il avait essentialisé. Commis un discours digne d’un Drumont. Dénoncé l’antisémitisme en faisant usage d’armes de destruction racistes. Un procès se tint pour savoir s’il serait pendouillé ou brûlé. Georges Bensoussan le Parquet a interjeté appel de la relaxe dont vous avez bénéficié le 7 mars 2017. La LDH et le MRAP ont suivi l’appel, aux côtés du CCIF, et le procès se tiendra le 29 mars,

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cette fois devant la chambre 2 pôle 7 de la Cour d’appel de Paris. Nous nous étions rencontrés la veille du jugement, et après le court instant de respiration offert par l’annonce de la relaxe, très vite l’accablement : le Parquet interjetait ! TRIBUNEJUIVE : La Licra, Georges Bensoussan. Sa présence aux côtés des plaignants. Son absence en appel. N’est-il pas de ces réveils à jamais tardifs… Georges Bensoussan : Je ne souhaite pas faire de commentaire sur la Licra, elle a déjà fort à faire

avec la crise interne qui l’a secouée, marquée par de nombreux départs et démissions qui ont suivi la plainte contre moi. Il sera temps, un jour, d’analyser les ressorts politiques de cette attitude où l’on ne peut négliger non plus le rôle de l’étroitesse de jugement. Mais puisque vous m’interrogez à ce sujet, je voudrais rendre hommage à ceux qui de l’intérieur de la Licra, m’ont soutenu en en payant parfois le prix. Car comme à l’époque des officines staliniennes, ils ont été évincés de leur poste. Tous n’ont pas eu leur courage et tout en désapprouvant tacitement le trio accusateur, ils sont restés prudemment silencieux.


29 TJ : Comment l’avez-vous vécu, cette folle parenthèse entre la mise en examen et aujourd’hui ? Vous m’aviez dit récemment votre fatigue. L’arrêt de l’écriture. Concluant : ils ont gagné… Georges Bensoussan : C’est précisément le but de la stratégie du harcèlement judiciaire, faire perdre du temps, distraire de l’essentiel et casser l’effort intellectuel. Empêcher de penser et de travailler. Faire taire ceux qui parlent et intimider ceux qui seraient tentés de le faire. Globalement, elle y réussit bien. A fortiori au moyen de la terreur sanglante. A t-on remarqué qu’en dépit de la manifestation unanimiste du 11 janvier 2015 qui suivit le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo (trois ans déjà), on n’a plus vu une seule caricature du prophète dans la presse française. TJ : Il y eut ceux qui se positionnèrent résolument à vos côtés. Ceux qui se révélèrent adversaires. Et puis la grande masse de tous ceux qui s’abstinrent. Assurément on perd aussi des illusions en chemin Georges Bensoussan ? Le détestable oui, mais… de nos amis Frédéric Haziza, Laurent Bouvet, Cindy Leoni, Patrick Klugman, Caroline Fourest, Rudy Reichstadt… Georges Bensoussan : Aucun commentaire à faire sur les gens que vous citez. Je veux rendre hommage en revanche, et manifester ma reconnaissance à ces soutiens de la première heure, d’Yves Ternon à Jacques Tarnero, de Pierre-André Taguieff à Michèle Tribalat, de Pierre Nora à Alain Finkielkraut, d’Élisabeth de Fontenay à Élisabeth Badinter en passant par Boualem Sansal, Pascal Bruckner, Philippe Val et tant d’autres qui furent à mes côtés dès octobre 2015. Comme aussi à tant de citoyens, connus ou non, solidaires via le comité de soutien (plus de 2500 personnes) animé par Barbara Lefebvre. Le reste, on le laisse à l’écume de l’histoire. TJ : Vous aviez interrogé le Tribunal : Est-ce moi qui dois me trouver devant ce tribunal aujourd’hui ? N’est-ce pas l’antisémitisme qui nous a conduits à la situation actuelle qui devrait être jugé ? Et Finkielkraut vous faisait écho en dénonçant cet antiracisme dévoyé qui demandait à la Justice de criminaliser une inquiétude, au lieu de combattre ce qui la fondait. Deux ans après ce 25 janvier, l’atmosphère n’a-t-elle pas empiré ? Onze mois pour reconnaître presque en se pinçant le nez la dimension antisémite de l’assassinat de Sarah Halimi…

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Georges Bensoussan : L’atmosphère est rigoureusement la même : elle n’a d’ailleurs aucune raison d’avoir changé. Car si l’on comprend le sens profond de la « crise juive de la société française », on entendra qu’il s’agit d’abord d’une crise de la nation française qui dépasse, et de loin, le sort de la communauté juive. Même si c’est elle qui en paie aujourd’hui le prix le plus lourd. Plusieurs causes profondes sont à l’œuvre qui signent le départ programmé des Juifs de France. Par « départ », il ne faut pas entendre le seul franchissement des frontières vers d’autres destinations (dont l’État d’Israël évidemment). Il s’agit, plus souvent, d’un exil intérieur qui prend la forme d’une « marranisation » des consciences et des comportements. Mais qui s’incarne aussi dans cet exode interne qui, ces vingt dernières années, a vu la Seine-Saint-Denis, par exemple, perdre la plus grande partie de ses communautés juives. Penser que telle ou telle déclaration d’un responsable politique, martiale, déterminée et généreuse parviendrait à endiguer cette dérive, c’est faire preuve d’une candeur touchante. Comme aussi estimer qu’y concourra la mise en place d’un nouveau comité, ou d’un énième pôle de vigilance contre l’antisémitisme. Ou juger aussi que l’éducation à la « tolérance », à l’« accueil de l’Autre » et à la promotion du « vivre ensemble », renforcée évidemment par un surcroit d’enseignement de l’histoire de la Shoah, viendra à bout du fléau qui mine la société juive de France, c’est faire preuve d’une naïveté sociologique surprenante.

De l’abandon des Juifs de France à l’abandon des classes populaires par r une partie des élites de ce pays... Si l’on veut comprendre ce qui nous a mené là, il vaut mieux lire Jacques Julliard, Jean-Pierre Le Goff, Christophe Guilluy, Louis Chauvel et quelques autres dont Michèle Tribalat et Christopher Caldwell pour le versant démographie. On comprendra alors mieux de quoi il s’agit. Et qu’en conséquence, au-delà des déclarations de bonnes intentions, tout laisse à penser que l’abandon des Juifs de France est en marche. Parce qu’il épouse aussi, et surtout, la logique de fragmentation sociale et géographique qui conduit à l’abandon des classes populaires par une partie des élites de ce pays. Et d’abord par la

gauche institutionnelle comme l’ont tôt montré Eric Conan (dès 2004…) et Jacques Julliard. Pour l’heure, avec l’abandon progressif des Juifs (voyez les tergiversations auxquelles ont donné lieu la laborieuse reconnaissance de la nature antisémite de certains crimes, à commencer bien sûr par celui de Sarah Halimi), et en dépit des bonnes intentions exprimées et réitérées au sommet de l’Etat, qu’il soit de droite ou de gauche d’ailleurs, certains espèrent acheter la paix sociale. Ou au moins obtenir un répit pour entretenir, un temps encore, cette illusion dans l’entre soi médiatique et géographique qui est le leur. Espérons simplement pour eux que cela ne s’effondre pas trop vite sous le poids des réalités sociologiques et démographiques du pays. Or, ces réalités, vous ne les entendrez guère analysées dans le discours médiatique dominant qui caractérise cet entre soi bourgeois que j’évoquai plus haut, marqué par cette posture morale qui se donne à elle même l’image flatteuse de l’« ouverture d’esprit » et de l’ « amour de l’Autre ». Reléguant tout contradicteur à son « simplisme », à sa « bêtise » et à sa « sécheresse d’âme et de cœur ». Autrement dit, moins à l’erreur qu’au camp du mal qui vous campe en retour, vous, en figure du bien et de la vertu.

Me décréter infréquentable... C’est là répondre d’ailleurs à la question que vous me posiez en début d’entretien sur ma présence dans les médias. Ce sera rapide : ma présence est quasi nulle, à quelques exceptions près dont la votre, Marianne et Le Figaro. Tel est d’ailleurs le but de ce vacarme procédurier, me décréter infréquentable sous le poids de l’accusation de racisme et faire en sorte qu’on se détourne de moi. La grégarité médiatique et l’absence de courage font le reste. Je n’ai, par exemple, plus jamais été invité à France Culture, pourtant la station de l’« esprit d’ouverture ». Je fais partie de ces présences « sulfureuses » qu’on qualifie généralement de « clivantes » lorsque l’on veut les écarter. Cela participe de cette instrumentalisation de l’antiracisme, analysée depuis plus de vingt ans déjà par Paul Yonnet et Pierre-André Taguieff. Un antiracisme dévoyé qui finit par verser dans ces accusations diabolisantes qui résonnent comme l’écho lointain des procès en sorcellerie du XVII° siècle. On fabrique un monstre moral pour mieux l’ostraciser, c’est à dire pour le faire taire. Ce qui rejoint aussi, il est vrai, cette tendance de fond des sociétés démocratiques que Tocqueville


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INTERVIEW nommait la tyrannie de la majorité. Je voudrais vous rappeler ces lignes vieilles de près de deux siècles, tirées de De la démocratie en Amérique (1835) : « Avant de publier ses opinions, il croyait avoir des partisans ; il lui semble qu’il n’en a plus, maintenant qu’il s’est découvert à tous ; car ceux qui le blâment s’expriment hautement, et ceux qui pensent comme lui, sans avoir son courage, se taisent et s’éloignent. Il cède, il plie enfin sous l’effort de chaque jour, et rentre dans le silence, comme s’il éprouvait des remords d’avoir dit vrai. » TJ : Les Juifs de France se sentent abandonnés ? Vous dites que la paix sociale, en France, est en train de s’acheter sur le dos des Juifs. Préserver la paix civile au détriment, comme d’habitude, des avanies imposées aux Juifs. Et que cet abandon est allé de pair avec celui des classes les plus populaires… Georges Bensoussan : Au Maghreb colonial, lors d’exactions antisémites perpétrées par la population arabe, l’administration française demandait discrètement à la justice de ne pas avoir la main « trop » lourde en matière de verdict. Moins par antisémitisme que par crainte d’avoir à affronter la « rue arabe ». Nous vivons présentement, en France, une forme de transposition de ce schéma colonial. Il ne s’agit pas de « post colonialisme » comme le prétendent ceux qui espèrent réactiver au cœur de l’Hexagone les combats anticolonialistes de jadis. En feignant de voir à l’œuvre en France, au mépris de toute réalité, un « Etat raciste ». Il s’agit d’autre chose : les schémas antisémites venus du Maghreb colonial et précolonial ont été importés par la vague migratoire des quarante dernières années. Nier cette réalité et la force de ces stéréotypes antijuifs, c’est seulement démontrer qu’on ignore l’histoire du Maghreb à laquelle on préfère une légende tissée de bons sentiments sur fond de « vivre ensemble », une belle histoire qu’en 1948, hélas, la création de l ‘Etat juif aurait brisée.

On a à peine commencé à écrire l’histoire de ce e divorce tragique..

En France, ces stéréotypes antijuifs ont été réactivés à la deuxième, voire à la troisième génération, nourris par le ressentiment et la jalousie sociale vis-à-vis d’une communauté juive traditionnellement méprisée au Maghreb (« yahoudi hashak ! ») mais ici bien intégrée et généralement

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de haut niveau socioculturel A l’époque de la rédaction des Territoires perdus de la République, en 2002 déjà, nous avions compris qu’il fallait déconnecter cet antijudaïsme culturel du conflit israélo-arabe. Au risque, sinon, de ne pas voir l’aspect endogène de cette situation. On le voit plus clairement aujourd’hui où même quand l’actualité de ce conflit parait plus calme, le fond de l’air, dans de nombreux quartiers, demeure marqué par l’antisémitisme. Et pour peu que ce conflit soit réactivé demain, comme ce fut le cas en 2014, on pourrait craindre un retour de la violence. Nombre de Franco-Israéliens rencontrés récemment m’ont d’ailleurs dit combien les violences de juillet 2014 avaient pesé dans la décision de leur départ. Avec au cœur le sentiment d’une République qui ne les protégeait plus (alors même que le gouvernement dirigé par Manuel Valls était l’un des plus vigilants en la matière). Nombre d’entre eux me l’ont dit sur le ton du chagrin, ils avaient le sentiment, qui perdure jusqu’aujourd’hui, que ce pays qu’ils aimaient (et aiment encore souvent) de toute leur âme était en train de les abandonner. On a à peine commencé à écrire l’histoire de ce divorce tragique. TJ : Alors que le BNVCA parla, vous concernant, d’un procès en sorcellerie et Boualem Sansal d’un contre-sens intellectuel, accusant ceux qui vous avaient assigné de culture de la confusion pour avoir ainsi prêté la main au CCIF, je me demandais où étaient le CRIF et le Consistoire. Georges Bensoussan : Il s’agit moins de distribuer des bons ou des mauvais points que de comprendre les logiques d’appareil qui ont conduit certains à déserter. Par intérêt institutionnel, par intérêt de classe aussi comme par frilosité et absence de vision, avec la même « intelligence politique » dont avaient preuve dans le passé, de l’Affaire Dreyfus à 1940, une partie des élites juives de France. C’est en ce sens qu’on peut dire qu’il n’y a pas de « communauté juive », mais une société juive traversée de conflits et tissée, elle aussi, de cette cascade de mépris qui fait les hiérarchies sociales. On a honte de proférer une telle banalité, mais il le faut tant la négation des rapports sociaux habitent généralement les logorrhées moralisatrices d’aujourd’hui : on ne perçoit pas la réalité de la même façon selon qu’on appartient à des milieux plus ou moins bien dotés culturellement, économiquement et socialement. Et qui nous font sentir notre existence plus ou moins légitime. Cela dit, je rends hommage ici au Consistoire central, à Joël Mergui, comme au Grand rabbin de France, Haïm Korsia, soutien des premiers jours.

TJ : Face à un Mohammed Sifaoui et son biberon empli d’un lait fabriqué en Israël, ou une Nacira Gjuénif , leur El Youd, hachek dit expression figée, il existe des Boualem Sansal qui corroborent vos emprunts à Smaïn Laacher et ont affirmé que dire que l’antisémitisme relevait de la culture, c’était simplement répéter ce qui était écrit dans le Coran et enseigné à la mosquée, des Saïd Ghallab qui écrivirent1, sous le titre Les Juifs vont en enfer, que la pire insulte qu’un Marocain pouvait faire à un autre, c’était de le traiter de Juif, ajoutant : c’est avec ce lait haineux que nous avons grandi… Marc Weitzmann, dans Une famille française, se basant sur les conversations de parloir entre Zoulijha et le frère de Mohamed Merah2, parle d’un clan drogué à la violence et à l’antisémitisme. D’une rencontre entre l’Histoire et la pathologie. De l’ultra réalisme d’une violence irréelle. D’un long délire toxique où la réalité sociale se dissout. Cette conversation, elle ne fait qu’illustrer ce qui vous a conduit au Tribunal ? Georges Bensoussan : Ces vérités sont aveuglantes au sens premier du terme. Elles sont si terribles qu’elles empêchent de voir et qu’en effet elles ne sont pas vues. Sans en référer aux études savantes, innombrables, sur le sujet (surtout en anglais), et sans même reprendre mon propre travail Juifs en pays arabes. Le grand déracinement, 1850-1975 ( Tallandier, 2012), et qui est d’ailleurs, pour partie, à l’origine de cette cabale judiciaire, je voudrais rappeler les paroles prononcées le 8 novembre 2017, lors d’une émission animée par David Pujadas sur LCI, par Amine El Khatmi, président de l’association « Printemps républicain » : « Il y a un antisémitisme historique qui se transmet dans un certain nombre de familles arabes ou musulmanes dans nos quartiers, déclarait-il, et vous avez des générations d’enfants (…) où l’on élève des enfants en leur expliquant que le yahoudi, c’est-à-dire le juif en arabe, est l’ennemi numéro un, sur fond aussi d’importation du conflit israélo-palestinien. Quand vous avez des générations de gamins qui sont élevés dans ces schémas là, qui considèrent que ce schéma est le seul normal puisque c’est le seul qu’on leur instruit et fait passer, on leur explique que le Juif est la figure honnie numéro un, comment voulez-vous ensuite que ces enfants ne se construisent pas et ne s’élèvent pas dans la détestation à la fois d’Israël mais aussi du Juif. » La veille, dans le journal Le Monde (7 novembre 2017), le producteur de cinéma franco-tunisien Saïd Ben Saïd écrivait : « La lecture littérale du Coran, dépourvue de tout contexte historique,


31 donne lieu depuis un siècle et demi environ à des propos délirants sur les Juifs. Le Coran comporte un grand nombre de versets concernant les Juifs dont certains leur sont très hostiles. Enfants, nous les apprenions par cœur à l’école. Les Juifs étaient pour nous perfides, falsificateurs, immoraux, diaboliques etc. »

Que je sois traduit en justice est quelque chose d’irréel, voire de délirant. Comme le signe d’une société engluée dans un schéma orwellien llien de servitude et de peur. ... Un mois plus tôt, à Paris, au procès d’ Abdelkader Merah, on avait entendu Abdelghani, l’un des trois frères, déclarer : « J’ai grandi dans une famille qui cultivait la haine du Juif, la haine de la France. (…) « Ma mère m’a dit : regarde ce que font les Juifs aux enfants palestiniens. On en tuera autant qu’ils en ont tué. Les Arabes sont nés pour détester les Juifs ». Elle disait aussi : « les Juifs détiennent le monde et prennent le travail des autres.» Qu’après de tels constats, je sois traduit en justice il y a là quelque chose d’irréel, voire de déli-

Né le 17 février 1952 au Maroc, Georges Bensoussan, est un historien français spécialiste d’histoire culturelle de l’Europe des XIXe et XXe siècle et, en particulier, des mondes juifs. Rédacteur en chef de la Revue d’histoire de la Shoah et responsable éditorial au Mémorial de la Shoah à Paris, Georges Bensoussan aborde la Shoah, selon l’expression de Michel Foucault, en se déprenant du connu et place donc ce qui est arrivé dans l’histoire globale du monde et de l’Occident : c’est un aboutissement et non une anomalie. Un événement sans précédent mais non sans racines. Georges Bensoussan s’attachera encore à démonter l’opinion commune selon laquelle la naissance de l’État d’Israël serait une conséquence quasi directe de la Shoah : s’il reconnait un lien essentiel entre la catastrophe juive et l’État d’Israël, il qualifie ce lien de politique et non d’historique et en fait un lien de légitimité et non de causalité. Pour Bensoussan, loin de ne viser que la création d’un État juif, le sionisme, dont il interroge l’utopie sociale, loin de ne parler qu’aux Juifs, pose des questions majeures du XXe siècle. Juifs en pays arabes. Le grand déracinement 1850-1975 pose, en 2012, la question de cette société juive en terre arabe, ce monde qui, fort d’un million de personnes en 1945, se serait dissous sans que cela émeuve beaucoup. Enfin, ses Territoires perdus de la République montrent dès 2002 aux sceptiques la résurgence de l’antisémitisme dans les banlieues françaises et plus précisément chez les jeunes d’origine maghrébine.

rant comme le signe d’une société engluée dans un schéma orwellien de servitude et de peur. Et de l’entrée dans une ère du soupçon généralisé. C’est ainsi que ce second procès est perçu en France et surtout à l’étranger. TJ : Doit-on se résoudre à étudier l’antisémitisme nazi, stalinien, communiste, et à se taire devant l’antisémitisme issu du monde arabo-musulman, tabou majeur au nom des fameux Pas d’amalgame et reproches d’islamophobie ? Doit-on accepter que les plaques commémoratives rendant hommage aux victimes du terrorisme islamiste ne qualifient pas le dit terrorisme. Serge Hajdenberg dit bien qu’il n’est pas de victimes sans bourreau. Georges Bensoussan : En deux mots, je vous rappellerai ce propos du président de la République, M. Emmanuel Macron, au dîner du CRIF le 7 mars dernier : « Il ne saurait y avoir de lutte efficace contre l’antisémitisme sans nommer le mal ».

Le 10 octobre 2015, à l’occasion d’un débat dans Répliques sur France Culture Georges Bensoussan évoqua cet antisémitisme culturel que Boualem Sansal, Kamel Daoud, Fethi Benslama et Riad Sattouf avaient dénoncé avant lui. Cette position lui vaudra un procès pour incitation à la haine raciale. Le Parquet interjettera appel de sa relaxe et sera rejoint par le CCIF, la LDH et le MRAP. Georges Bensoussan devait comparaître ce 29 mars.

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In Les Temps modernes. 1965. Le Nouveau Magazine Littéraire, N°1, Janvier 2018.

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ÉVÈNEMENTS

EN COULISSES Par SYLVIE BENSAID et photos d’ALAIN AZRIA

Soirée hommage à Johnny Haliday, Au Réservoir, organisée par l’ASI. Le groupe Moses, Anne Gravoin, Karen Taieb.

À l’occasion du centenaire de la naissance de Léonard Bernstein et en hommage à Samuel Pisar, une soirée musicale organisée par le Projet Aladin et sa présidente Leah PisarHaas, à l’auditorium de Radio France. Sous la direction de Yutaka Sado, disciple de Bernstein, qui a interprété la Symphonie n°3 « Kaddish » et lu par Judith Pisar, son épouse...

Projet Aladin Le violoniste Ivry Gitlis

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33 « Prix de la Fraternité » au sénat remis à L’Imam Hassan CHALGHOUMI Organisée par Franck Serfati pour les Associations U. C. A. J. F. &. VIGIL’ANCE.15. Ariel Goldman, l’imam Chalghoumi, Frédéric Lefèvre, David-Pierre Bloch.

Symposium sur la prise en charge de la douleur à l’assemblée nationale par L’aumônerie générale israélite des hôpitaux de France et l’Amif. Michel Guggenheim, Haim Korsia et Joël Mergui.

Colloque de l’UPJF à la Maison de la chimie Claude Barouch Haim korsia, William Abbou

SAUVETEURS SANS FRONTIÈRE présidée par Arie Lévy, soiree de gala à l’Hôtel du collectionneur animée par Carole Rousseau et Gad Elmaleh. Avec Alexandre Arcady, Franck Tapiro, Arthur, Cyril Hanouna, Ary Abitan.

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Colloque de l’UPJF à la Maison de la chimie Prix UPJF remis à Claude Goasguen, l’ambassadrice Madame Aliza Bin Noun, François Pupponi.


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LIVRES

Les Bûchers d’Isabelle la Catholique le choix de SYLVIE BENSAID

Oui, la mémoire se devait de se remémorer cette période où les juifs sépharades d’Espagne subirent les aff res de l’inquisition. Voilà pourquoi ce livre. TJ : Vous décrivez les épreuves et les souffrances de la famille Tobias, une famille Juive en Espagne au siècle d’Isabelle la Catholique, pouvez vous nous en dire un peu plus ?

C

e livre est un roman historique et romancé sur l’inquisition espagnole du 15éme siècle qui nous fait voyager à travers la saga de la famille Tobias. Nous avons voulu en savoir davantage et nous avons rencontré Didier Nebot, son auteur.

Tribune Juive : Vous nous présentez avec cet ouvrage, les Bûchers d’Isabelle la Catholique, un roman historique et romancé sur l’inquisition espagnole du 15éme siècle à l’époque de Ferrer et Tnorquemada, pourquoi ce choix ? Didier Nebot : Dans ce début de 21ème siècle enclin aux idéologies les plus insensées, où l’ignorance et la haine de l’autre dans certaines contrées semblent avoir gagné la bataille sur la raison et la tolérance, où malheureusement l’antisémitisme est toujours aussi présents, il m’a semblé utile d’évoquer cette Espagne intolérante du 15ème siècle qui eut comme objectif principal l’éradication du judaïsme par des massacres, des conversions obligatoires, des bûchers et finalement une expulsion de ceux qui étaient restés fidèle à la loi mosaïque.

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Didier Nebot : La famille Tobias aurait pu être la mienne. C’est peut-être d’ailleurs la mienne, puisque j’ai toujours su que nous venions d’Espagne et très précisément de Barcelone. Quelque chose qui s’est transmis de génération en génération dans ma famille. La première fois que je me suis rendu dans cette ville, il y a près de 40 ans maintenant, j’ai trouvé sur l’annuaire local une page entière du même nom de famille que le mien. Tous chrétiens. Et pourtant leurs ancêtres, mes ancêtres, ont du se convertir pour pouvoir vivre, survivre même. TJ : Nous suivons les errements du peuple juif sépharade du début de la diaspora en 70 jusqu’à son retour en terre d’Israël ? Malgré un gros travail de recherche, Comment avez vous pu réunir autant de documentation ? Didier Nebot : Pendant plus de deux années, j’ai lu une très large documentation sur cette époque. Je me suis rendu dans les recoins les plus secrets d’un certain nombre de bibliothèques que ce soit en France ou Espagne. J’ai fait traduire un certain nombre de passages écrits en espagnol et concernant cette époque. Je me suis retrouvé avec une importante documentation très détaillée ( juste un exemple : j’ai trouvé un document officiel espagnol montrant que dans la seule année 1261, les juifs de Castille, et uniquement de Castille, payaient en impôts la somme de 25.648.500 maravédis (monnaie de l’époque), ce qui donnait pour la seule Castille un nombre de 854961 âmes juives.

Une fois cette documentation réunie et surtout assimilée, j’ai opté pour le roman historique plutôt qu’un livre d’histoire ( un de plus), car de façon romanesque je pouvais décrire le ressenti et la vie qu’avaient dû avoir mes ancêtres. TJ : Nous découvrons à la lecture de votre livre, ce que fut la sainte Inquisition dans toute sa laideur. Expliquez nous ? Didier Nebot : La Sainte Inquisition ! Oui, très peu de gens savent que la Sainte Inquisition en Espagne fut introduite pour brûler les « Marranes », c’est-à-dire les juifs qui avaient dû se convertir, bien souvent forcés, par des meutes sanguinaires harangués par des Prêtres fous comme Vincent Ferrer ou l’archidiacre Martinez de Séville. L’inquisition commença réellement en 1480 à Séville où de nombreux dignitaires « marranes » de la ville furent brûlés. En moins de dix ans, cent quatorze mille personnes, pratiquement toutes d’origine juive, furent condamnées aux flammes ou à la prison. Isabelle et Ferdinand désiraient une Espagne unie, puissante, saine. Une Espagne de feu et de sang où la méfiance, la crainte, la dénonciation étaient le pain quotidien, où les bûchers dressaient leur silhouette macabre. — Le Docteur Didier Nebot, stomatologiste à l’OSE (oeuvre de secours aux enfants), est président d’honneur de l’association MORIAL, mémoire et traditions des juifs d’Algérie, dont l’objectif est de sauvegarder et de transmettre leur mémoire culturelle et traditionnelle. Il est l’auteur de plusieurs romans dont La Kahena. — Les bûchers d’Isabelle la Catholique de Didier Nebot 572 pages Editions Erick Bonnier 22€


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LIVRES

Des jours d’une stupéfiante clarté le choix d’ANDRÉ MAMOU

heure sombre et matinale mettait la solidarité à l’épreuve. Ils étaient nombreux à avoir besoin d’une main secourable, d’un mot d’encouragement , mais pour certains ce secours était vain. Ils s’effondraient, étaient abattus aussitôt et leurs corps jetés dans les fossés sur les bas-côtés de la route ». Theo va marcher longtemps, en choisissant les routes des collines pour dominer les plaines et apercevoir les obstacles qui pourraient le retarder ou le mettre en danger. Il fera des rencontres avec des personnages attachants ou des braillards alcoolisés. Les dialogues sont courts entre déportés taiseux et l’horreur vient des silences et des non-dits. Boire une tasse de café, manger un sandwich, se rapprocher d’un feu de bois, recevoir un verre de cognac, un paquet de cigarettes, ces activités sont décrites sans cesse, ce sont les moments importants des jours et des nuits.

«

A la fin de la guerre, Theo décida qu’il ferait seul le chemin de retour jusqu’à sa maison, tout droit et sans prendre de détours. »

On croise Madeleine, au visage martyrisé et des survivants qui ont choisi de rester sur place parce qu’ils redoutent de ne plus revoir leurs parents, leurs amis.

C’est la première phrase du dernier roman de Aharon Appelfeld « Des jours d’une stupéfiante clarté » et cet incipit annonce la suite du récit: la « road story » du héros sur fond d’Europe dévastée.

Le père de Theo était libraire et il essayait de faire connaître à ses clients les nouveaux poètes et les écrivains de talent. Sa mère, bien que juive, avait deux passions : la visite des monastères et la musique de Bach. Theo est obsédé par le souvenir de sa mère, femme d’une grande beauté et d’une sensibilité à fleur de peau qui l’entraînait avec elle à pieds ou en train pour visiter une chapelle où elle ressentait une présence divine.

Ce n’est pas un soldat qui rentre chez lui, c’est un juif déporté qui sort d’un camp de la mort. L’avance de l’Armée Rouge l’a libéré de ses bourreaux contraints à fuir. Il s’agit d’un homme jeune, 20 ans et il veut marcher depuis la Pologne jusqu’à Sternberg, la petite ville d’Autriche où il vivait avec ses parents. Le camp, le voici décrit : « Les gardiens ukrainiens abattaient sur eux leurs matraques et leurs fouets. Il fallait se mettre en rangs aussitôt. Ceux qui n’avaient pas eu le temps d’aller aux latrines faisaient leurs besoins sur eux en marchant. Cette

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Il arrive à la frontière et il est secouru par un peloton de Juifs de Budapest qui ont pour mission de venir en aide aux survivants et les conduire où ils souhaitent. « Pourquoi le peloton s’appelait-il « MALGRÉ » s’enquit-il alors » . Le visage du commandant s’éclaira dans la nuit. « N’oublions jamais, ne serait-ce qu’un instant, ce que nous ont infligé

les héritiers de la grande culture : à partir de maintenant tout acte sera sondé, tout acte qui n’est pas en faveur de l’homme, tout acte dans lequel il n’y a pas de compassion sera combattu. Malgré ce que nous avons éprouvé dans notre chair, nous nous battrons pour garder l’esprit lucide et la foi dans le bien. Et malgré la mort cruelle qui a voulu nous arracher nos parents et nos grands parents, nous continuerons de vivre avec eux. Nous avons abattu la séparation entre la vie et la mort. Tous ceux qui nous sont chers seront avec nous en ce monde et dans le monde à venir ». Aharon Appelfeld né en 1932 à Czernowitz en Bucovine est décédé à Petah Tigva le 4 janvier 2018. Il a publié une quarantaine de livres dont j’ai lu 7 depuis « L’ histoire d’une vie » prix Médicis étranger en 2004 jusqu’à « Ces jours d’une stupéfiante clarté » qui m’apparaît comme le testament de cet écrivain magnifique avec sa foi en l’homme et en la sagesse de nos pères. Lisez le et faites le lire. Un talent rare mis au service d’une pensée sublime. — Des jours d’une stupéfiante clarté de Aharon Appelfeld 272 pages Editions de L’Olivier 20,50€


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LIVRES

« L’homme fatigué » Un livre puis un grand film Par MARIE INN ARABI et SARAH CATTAN

un immeuble haussmannien à l’adresse prestigieuse. Où tout respire l’opulence. Luxe. Calme. Volupté. Ad nauseam. Les Variations Goldberg en musique de fond. C’est un cabinet médical. Nous en saisirons le sens à la presque dernière page. « A quoi croire quand on a vu ce que j’ai vu ? » soupire L’homme fatigué avant de se laisser envahir par des images du passé. Lecteur, te voilà emporté dans la vie du personnage principal. Ses souvenirs sont les tiens. La faute peut-être à cette écriture intimiste, qui nous invite à l’introspection, qui que nous soyons.

L

’histoire de « L’Homme fatigué », l’auteur la déroule en plusieurs temps. Du prologue qui installe son propos, jusqu’ à l’épilogue, quelques 300 pages plus loin. De Paris 1953 à Jérusalem 1967, en passant par Carantec, Budapest et Lunéville. Le lecteur à la dernière page, referme l’ouvrage, et se demande qui il a suivi. André ou Jean-Jacques Erbstein ? « Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille » : d’emblée l’auteur l’a prise avec lui, cette douleur. Une salle d’attente, dans

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« Ce corps douloureux depuis ces longs mois. Mais bien avant la maladie, tout avait commencé par ce jour maudit de 1942. Tu es L’Homme fatigué. » Avec lui, tu te souviens de la vie du reporter de guerre respecté, qu’il fut. Le prix Pulitzer pour ses clichés, de la répression soviétique de l’insurrection de Budapest en 1956. Et jusqu’à la guerre de 1967. En Israël. Les combats au corps à corps. La libération de Jérusalem. Le petit garçon fut recueilli par « sa tante » qui avait perdu mari et fi ls dans les guerres du siècle maudit. Au Lutetia. Il était l’enfant des premiers employeurs de cette femme. Elle l’éleva. Lui réapprit à vivre. L’aida à oublier. Oublier sans chercher à savoir. Cette Simone qui l’emmena à l’église. Qui un matin donna son sandwich à une autre Simone. Survivante des camps et future ministre d’exception.

Il devient journaliste. On l’abreuve de questions. « Allez, raconte-nous ! » Et ça finissait toujours par le foot. Temps béni : Ils étaient alors juste heureux. Octobre 1956 C’est la guerre à Budapest. S’imbriquent des souvenirs. Au terrifiant spectacle qu’il photographie, répondent en sourdine et en italiques des flashes : son enfance. Léon Blum. Georges Mandel. Le Louvre. Un clavier. Budapest : Ce drame ordinaire d’une guerre ordinaire. Là, il évoque ce bonheur retrouvé d’une enfance oubliée On a envie de lui suggérer arrachée. Confisquée. Antonia entre dans sa vie. Découverte du rideau de fer. Etrangement il a l’impression de comprendre certaines expressions. Hongroises. Il appelle cet enfant que peut-être il fut. Il tâtonne dans son passé. Il n’oublie pas qu’il est reporter de guerre. Ses clichés doivent arriver à l’Ouest. 25 octobre 56 : il est devenu vrai témoin de son temps. Requiem pour la Hongrie : c’est Budapest qu’on assassine : c’est son papier. Son cliché reçoit le prix Pulitzer Budapest örökkéélni. Il couvre la guerre d’Algérie, il retourne à Budapest, Brejnev a succédé à Khrouchtchev, et Antonia entre définitivement dans sa vie. Il est l’ami fidèle de Barbara, la Grande. Elle et lui : parmi tous les souvenirs, ceux de l’enfance sont les pires, ceux de l’enfance nous déchirent. Haendel après Bach. Le couple vit avec Simone, devenue vraie révolutionnaire. Avec


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Juste des livres. Qu’elle est belle, la vie de Simone ! Droite et simple, un peu comme la flûte du roseau de Tagore. Le Lecteur partage ce moment à la charge indicible: quand est rapatrié le grand piano Erard. Celui sur lequel avait joué monsieur Serge. Sur lequel Barbara demandera Si la photo est bonne. Il l’implore, cette pause, le Lecteur. Rien qu’une pause hors du temps. Les souff rances de L’Homme fatigué, elles se seraient associées pour faire jaillir un vrai bonheur. Toujours elle est là : La grande vrilleuse. Son inexorable travail de sape. 25 mai 1967 Israël vient de mobiliser ses réservistes. Blocus du golfe d’Aqaba. Sur les radios du Caire, ils appelaient même au djihad. Sarah et Samuel rentrent. L’une habitée par le complexe d’Auschwitz. L’autre pressé d’en découdre. Son âme de sabra. Le Lecteur repart avec L’Homme fatigué. André. Il signe ce qu’aujourd’hui ils appellent une Tribune : Faut-il mourir pour Aqaba ? Le peuple d’Israël se prépare à mourir. Mais cette fois avec fierté. Les armes à la main. Les papiers et puis aussi les lettres ? du Grand Reporter , la racontent, cette guerre-là. Nous voilà dans le ciel d’Egypte. Au c ur du combat. Dayan, L’œil, Rabin et Hod l’ont convoqué : « Vous partez avec Motta libérer Jérusalem. » Il décrit l’enfer. Bombes de verre. CocktailsMolotov. Chars. Obus. Mirages Le paradis de

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Tibériade est devenu l’enfer de Galilée. Les phrases ici claquent telles des balles. Lui, il shoote autant qu’il peut. Son Leïca prend Le Kotel. Sous le casque d’Emir, il saisit la kipa. Il le photographie, ce rude officier, enveloppé par une ferveur biblique immémoriale, dans laquelle toute une nation se reconnaît. Il l’a, dans son objectif, Le Mur. C’est là que ça se joue. Un violon Une clarinette Un piano La culture yiddish Sa tête explose brutalement dans un monceau de débris de souvenirs Les images égarées de son enfance La rafle. Drancy Sa promesse. Souviens-toi, souffle le violon. Souviens-toi et n’oublie jamais. Voilà : il sait désormais qui il est André Andor Andy Korn. Plus jamais il n’aura honte de son tatouage Il est juif. Voilà écrites les plus lumineuses lignes de sa vie d’homme : le Mur est libéré Ses souvenirs aussi. C’est Drancy. « L’Homme fatigué » raconte tout cela au lecteur. Auschwitz. « Les convois qui crachent leur charge de bétail humain. Ma mère, ma soeur, mon père allèrent vers la droite ». Lui dût rester. La faute au tri. Travailla dans les Sonderkommandos. Il porte le numéro 133897 « Vivre ainsi n’est pas un privilège. Etre survivant de cette tragédie n’est pas un droit. » La femme, l’amie, la mère, la journaliste, la malade en moi : le Dr Jean-Jacques Erbstein nous a toutes emportées. La folie des hommes du XXème siècle Il l’a dépeinte. L’Homme fatigué c’est juste ça. Construit sur les cendres

d’un monde apocalyptique, de la Rafle du Vel’d’Hiv à la guerre des 6 jours, en passant par l’insurrection de Budapest en 1956. La recherche d’une promesse. Une histoire qui rejoint celle de l’humanité. La sociologue en moi reconnaît ce que l’on qualifie dans le jargon de la discipline de mixing micro-macro. Un style incisif. Apre. L’élégance de l’écriture lorsqu’elle est juste. Une construction qui procède en périodes. Celles de l’Histoire mais celles de la musique aussi. Juste l’indicible en toile de fond. Jamais l’injonction lacrymale. Le peuple juif debout. Sous la forme d’un sionisme décomplexé. Qui emprunte aux Républicains espagnols leur No pasaràn. Devenu cri universel. Symbole de résistance. Baume sur une plaie intime et aussi manifeste vibrant contre l’inertie mémorielle, ce roman1, inspiré de la vie du propre père de l’auteur, a reçu le Prix Littré 2017. Jean-Jacques Erbstein travaille déjà sur autre chose. Son deuxième roman raconte l’histoire d’un médecin à qui on trouve un cancer. Son troisième roman parlera de ces gamins dans les tranchées qui attendent d’aller se faire massacrer. Nous, on les voit déjà sur grand écran, L’Homme fatigué, Antonia, Simone, le piano Erard. On les entend, Les Variations Goldberg. Ah oui : last but not least : le privilège insigne de dialoguer en live avec l’écrivain. Au fur et à mesure de la lecture.

1 L’homme fatigué. Jean-Jacques Erbstein. Editions Les Passagères.


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LIVRES

« Une Place à Table » de Joshua Halberstamm Les Editions de l’Antilope nous présentent avec ce roman, une histoire d’amour interdite dans le monde hassidique de New York. Le livre tourne autour de Elisha et KatrinaFils d’un prestigieux rabbi hassidique de New York, Elisha est attiré par le savoir universel. Il s’inscrit à l’université où il fait la connaissance de Katrina, une étudiante non juive. Bientôt amoureux de Katrina, il est en proie à une terrible dilemme : poursuivre le message porté par la mystique et la philosophie hassidique, ou bien suivre la voie de l’universalité et faire sa vie avec Katrina. Mais alors il tournerait le dos au destin fixé depuis sa naissance : devenir le chef spirituel de la communauté hassidique. Il romprait une chaîne de transmission qui remonte au Baal Shem Tov, le fondateur du hassidisme au XVIIIe siècle. À travers l’histoire d’Elisha, et une histoire d’amour interdite, le roman fait découvrir une autre vision du milieu juif ultra orthodoxe, un univers mystérieux, contraignant dans sa pratique, magique dans son message. Un livre bien écrit, captivant.

Extrait du roman : « Ils avaient déjà pris place pour le Seder de la Pâque quand on sonna à la porte. Qui pouvait bien actionner la sonnette et violer les lois de ce jour de fête ? À cette heure-ci, certainement pas le facteur, et il était trop tard pour un vendeur d’encyclopédies. Cela n’étonna personne qu’Elisha se lève pour aller ouvrir la porte. Qui d’autre osait introduire dans son foyer sa vie extérieure, en cette soirée de Pessah ? « Katrina ! ». Comme il le craignait, sa vie extérieure se tenait devant lui. ». Romancier et essayiste, Joshua Halberstam est né dans une famille de Hassidim américains. Il a étudié la philosophie à l’université de New York, tout en poursuivant des études talmudiques. Une place à table est son premier roman. À paraître le 19 avril 2018. — Éditions de l’antilope 384 pages 22,50 €

Par Sylvie Bensaid

« 70 FIGURES D’ISRAËL : 1948-2018 » de Jean-Pierre Allali et Haïm Musicant A l’occasion du 70ème anniversaire de l’indépendance d’Israël, Jean-Pierre Allali et Haïm Musicant publient le livre-événement : 70 FIGURES D’ISRAËL : 1948-2018 Ce livre préfacé par Marek Halter et publié par les Editions Glyphe en mai prochain, se veut un hommage à ce pays et à ses citoyens, en montrant, à travers la destinée exceptionnelle de 70 d’entre eux, la richesse et la diversité de ceux qui ont promu l’idée extraordinaire d’un Etat des Juifs, de ceux qui l’ont bâti et de ceux qui lui ont permis de se développer et de trouver une place d’exception au sein des nations du monde. Ce livre est l’occasion de découvrir ou de redécouvrir des hommes et des femmes politiques, mais aussi des écrivains, des artistes, des innovateurs économiques, des scientifiques...

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De S.Y Agnon à A.B Yehoshua, en passant par Shlomo Artzi, Avishai Cohen, Ronit Elkabetz, Nasreen Qadri, Alona Barkat, Yonathan Netanyahou, ou encore Ithzak Perlman. Sans oublier les pères fondateurs : Theodor Herzl, Meir Dizengoff, David Ben Gourion et le créateur de l’hébreu moderne, Eliezer Ben Yehouda.

Israël, 70 ans, 70 figure. Une plongée originale dans l’histoire moderne de l’Etat des Juifs. En librairie et disponible sur les sites (Amazon, Fnac..) le 14 mai prochain, jour anniversaire de la proclamation de l’Etat d’Israël en 1948. Par Sylvie Bensaid


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LEBANON UN FILM DE

SAMUEL MAOZ AVEC LIOR ASHKENAZI, SARAH ADLER, YONATAN SHIRAY

PRODUCTION SPIRO FILMS, POLA PANDORA FILMPRODUKTIONS, A.S.A.P. FILMS, KNM EN COPRODUCTION AVEC BORD CADRE FILMS, ARTE FRANCE CINEMA EN ASSOCIATION AVEC ARTE ZDF DIRECTRICE PHOTOGRAPHIE GIORA BEJACH MONTEUR ARIK LAHAV LEIBOVICH, GUY NEMESH DIRECTEUR ARTISTIQUE ARAD SAWAT SON ALEX CLAUDE MUSIQUE ORIGINALE OPHIR LEIBOVITCH, AMIT POZNANKY COSTUME HILA BARGIEL MAQUILLAGE BARBARA KREUZER ILLUSTRATIONS ASAF HANUKKAH EFFETS SPÉCIAUX JEAN-MICHEL BOUBLIL MONTEUR SON SAMUEL COHEN RE-RECORDING MIXER ANSGAR FRERICH PRODUCTRICE DÉLÉGUÉE DORISSA BERNINGER PRODUCTEURS ASSOCIÉS MEINOLF ZUHORST, OLIVIER PÈRE, RÉMI BURAH, DAN WECHSLER, JIM STARK COPRODUCTEURS JONATHAN DOWECK, JAMAL ZEINAL ZADE PRODUCTEURS MICHAEL WEBER, VIOLA FÜGEN, EITAN MANSURI, CEDOMIR KOLAR, MARC BASCHET, MICHEL MERKT ÉCRIT ET RÉALISÉ PAR SAMUEL MAOZ VENTES INTERNATIONALES THE MATCH FACTORY

#FilmFoxtrot

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EXPOS

LA FUREUR DE PEINDRE EUGÈNE DELACROIX AU LOUVRE

L

e musée du Louvre et le Metropolitan Museum of Art présentent du 29 mars au 23 juillet. une rétrospective consacrée au peintre Eugène Delacroix, considéré comme le chef de fi le du mouvement romantique. Réunissant 180 oeuvres, mais également des estampes ou des dessins. Cette exposition relève un défi resté inédit depuis l’exposition parisienne qui commémorait en 1963 le centenaire de la mort de l’artiste. Malgré sa célébrité, il reste encore beaucoup à comprendre sur la carrière de Delacroix. C’est dans une traversée tumultueuse que va vous entraîner le peintre : la souffrance, la peur, le

désespoir, parfois ponctués d’enthousiasme et d’allégresse seront vos escales. Vous découvrirez comment le peintre joue sur les couleurs, les formes. L’exposition propose une vision synthétique renouvelée, s’interrogeant sur ce qui a pu inspirer et diriger l’action prolifique de l’artiste, et déclinée en trois grandes périodes. La première partie traite de la décennie 18221832 placée sous le signe de la conquête et de l’exploration des pouvoirs expressifs du médium pictural ; la seconde partie cherche à évaluer l’impact de la peinture de grand décor mural (activité centrale après 1832) sur sa peinture de chevalet où s’observe une attraction simultanée pour le monumental, le pathétique et le décoratif ; enfin, la dernière partie s’attache aux dernières années, les plus difficiles à appréhender, caractérisées par une ouverture au paysage et par un nouveau rôle créateur accordé à la mémoire. Lors de son séjour au Maroc en 1832, Eugène Delacroix fut invité par l’interprète juif Ben-

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chimol à assister à un mariage familial. Neuf ans plus tard, il exposa ce tableau, une peinture figurative à l’huile sur toile, « Noce juive au Maroc »composé à partir de ses souvenirs et de dessins aquarellés. Invités, chants, musiciens et danseuses s’articulent autour d’un puits de lumière. Les écrits de l’artiste viennent enrichir et compléter la redécouverte de cet artiste de génie. Commissaires de l’exposition : Sébastien Allard et Côme Fabre, département des Peintures, musée du Louvre. — Au musée du Louvre, Hall Napoléon Du 28 mars au 23 juillet 2018 Ouvert de 9h à 18h, fermé le mardi Adresse : Rue de Rivoli, 75001 Paris Tarifs : billet unique sur place à 15€ Par Sylvie Bensaid


“ UN BIJOU NATURALISTE ” 7

Ų ŲŲŗŲŲ

Ų L’HUMANITÉ “ UNE PÉPITE DE CINÉMA INDÉPENDANT ” “ ASHER LAX, UNE RÉVÉLATION SAISISSANTE ” ÉCRAN NOIR SCREEN

UN FILM DE

MATAN YAIR

AU CINÉMA LE 28 MARS


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THÉÂTRE

LE FILS Par SYLVIE BENSAID

Nicolas, Rod Paradot, (César du meilleur espoir masculin en 2016 dans La Tête haute) a dix-sept ans. Fils d’un couple de divorcés, il semble avoir du mal à vivre. Il n’est plus cet enfant lumineux qui souriait tout le temps. Que lui est-il arrivé ? Et pourquoi ne va-t-il plus en cours ? Dépassée par les événements, sa mère (Anne Consigny) ne sait plus quoi faire, et Nicolas qui promet de repartir d’un bon pied, demande à vivre chez son père (Yvan Attal). Ce dernier va tout faire pour tenter de le sauver et lui redonner le goût de vivre. Mais peut-on vraiment sauver quelqu’un d’autre que soi-même ? L’ADOLESCENCE UNE ÉTAPE DIFFICILE

LE RETOUR D’YVAN ATTAL SUR LES PLANCHES

L

e comédien, qui n’avait plus joué au théâtre depuis2012,revientàlacomédiedesChamps Elysées, dans une belle interprétation du « Fils » de Florian Zeller. Florian Zeller fait un vrai tableau poignant de la société actuelle. Cette pièce permet de se poser toutes les questions sans en avoir malheureusement les réponses. On a bien aimé l’histoire de cette famille divorcée au fils névrosé. Les thèmes de l’adolescence, de la dépression et de la séparation sont bien traités. On s’identifie à la famille, pleine de culpabilité, impuissante à aider son enfant, en plein naufrage, on rit et on pleure avec eux.

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« Il y a encore quelques années, j’avais un fils adolescent. Ça a été une chose compliquée, complexe », se souvient le comédien qui a été très touché par le sujet de la pièce et s’être beaucoup identifié au personnage.

son fi ls rempli d’angoisse, complètement perdu dans son amour de père. Malgré un début un peu long, Florian Zeller dresse un tableau poignant de la société d’aujourd’hui et décrit avec justesse le mal être des adolescents et les affres de la parentalité. La scène finale nous révèle bien des surprises. Ladislas Chollat assure la mise en scène du Fils comme il fit celles D’avant de s’envoler, la toute dernière apparition théâtrale de Robert Hirsch, D’une heure de tranquillité, avec Fabrice Luchini, ou du Père. À voir d’urgence !

UNE TRILOGIE Avec Le Fils, Florian Zeller clôt sa trilogie familiale. La Mère a été créée en 2010 au théâtre de Paris autour de Catherine Hiegel et a été reprise en 2014 au théâtre Hébertot. Le Père a été créée en 2012 autour de Robert Hirsch et a été reprise en 2015 à la Comédie des ChampsElysées. Elle a été jouée dans plus de 30 pays et a été, selon The Guardian, « la pièce la plus acclamée de la décennie ». UNE PIÈCE BOULEVERSANTE Une mise en scène sobre et très inventive, qui met encore plus en valeur le texte et le jeu des comédiens. Des dialogues justes. Un mélodrame interprété par de très bons comédiens. Un Yvan Attal très touchant, dont le jeu est d’une justesse incroyable, impuissant face à

— Comédie des Champs-Élysées Adresse : 15 avenue Montaigne 75008 Paris 8e Métro : Alma - Marceau Réservation : 01.53.23.99.19 du lun au sam 11h-19h, dim 11h-15h30


LIVRES

LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN EN 100 QUESTIONS

P

ourquoi Jérusalem est-elle trois fois sainte ? Mur occidental, mur des lamentations, mur du Burâq, pourquoi trois expressions pour une même réalité ? Que contient la déclaration Balfour de 1917 ? Comment la guerre des Six Jours a-t-elle fracturé la société israélienne ? Qu’est-ce que le « camp de la paix » ? Comment le Hamas s’est-il imposé à Gaza ? Pourquoi les Etats-Unis et Israël entretiennent-ils une « relation spéciale » ? 14 mai 1948. Du plan de partage adopté par l’ONU naît l’Etat d’Israël, un Etat juif voulu par les mouvements sionistes. Son pendant, l’Etat arabe de Palestine, ne voit pas le jour. Promesses contradictoires faites aux Juifs et aux Arabes par les Etats mandataires, déplacements des populations arabes, droit des réfugiés, droit au retour, guerres israélo-arabes, terrorisme international, Intifadas, colonies ou implantations israéliennes en Cisjordanie et à Gaza :

les cycles de violences se multiplient. Les institutions internationales échouent à trouver des solutions tandis que tous les pays interfèrent, des Etats-Unis à l’Iran en passant par la Jordanie ou l’Egypte. L’espoir de normalisation impulsé par les accords d’Oslo en 1990 est loin, et l’investiture de Donald Trump ouvre une nouvelle ère des relations israélo-palestiniennes. En 100 questions/réponses très claires, Jean Claude Lescure décrypte l’Histoire, le vocabulaire et toutes les facettes de 70 ans de conflit israélo palestinien, qui continue d’enflammer une région déjà sous haute tension. — Le conflit Israélo-Palestinien De Jean Claude Lescure Éditions Tallandier

Par Sylvie Bensaid

PRIX YAD VASHEM

PRIX DU PUBLIC

“Puissant” HISTORIA

“Délicat et percutant” STUDIO CINÉ LIVE

KATAPULT FILM PRESENTE AVEC LE SOUTIEN DE HUNGARIAN NATIONAL FILM FUND UN FILM DE FERENC TÖRÖK “LA JUSTE ROUTE” (1945) AVEC PÉTER RUDOLF BENCE TASNÁDI TAMÁS SZABÓ KIMMEL DÓRA SZTARENKI ÁGI SZIRTES JÓZSEF SZARVAS ESZTER NAGY-KÁLÓZY IVÁN ANGELUS ˝ MARCELL NAGY ISTVÁN ZNAMENÁK SÁNDOR TERHES MAQUILLAGE ANNA TESNER COSTUMES SOSA JURISTOVSZKY DÉCORS LÁSZLÓ RAJK DIRECTEUR DE PRODUCTION GÁBOR SZÁNTÓ SON TAMÁS ZÁNYI H.A.E.S. MUSIQUE TIBOR SZEMZO MONTAGE BÉLA BARSI H.S.E. DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE ELEMÉR RAGÁLYI H.S.C. PRODUCTEUR DÉLÉGUÉ KATALIN HARRER D’APRÈS LA NOUVELLE „HAZATÉRÉS” DE GÁBOR T. SZÁNTÓ SCÉNARIO DE GÁBOR T. SZÁNTÓ FERENC TÖRÖK PRODUIT PAR IVÁN ANGELUSZ PÉTER REICH FERENC TÖRÖK RÉALISÉ PAR FERENC TÖRÖK


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EXPOS

AUGUST SANDER AU MÉMORIAL DE LA SHOAH

Du 8 mars au 15 novembre 2018, le Mémorial de la Shoah consacre une grande exposition à des séries de portraits réalisés pendant le IIIe Reich par l’une des figures majeures de la photographie allemande, August Sander (1876-1964). Internationalement reconnu comme l’un des pères fondateurs du style documentaire, August Sander est l’auteur de nombreuses photographies iconiques du XXe siècle.

August Sander à Kuchhausen, photographie argentique sur gélatine, c.1956/1958. Photographe : Gunther Sander. © August Sander Stiftung, Cologne.

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Exerçant son activité dans son atelier de Cologne, August Sander entreprend au sortir de la Première Guerre mondiale un projet qui deviendra celui d’une vie : dresser, sous le titre d’Hommes du XXe siècle, le portrait photographique de la société allemande de la république de Weimar. Alors que son premier ouvrage est, en 1936, interdit à la vente par le régime national socialiste, il réalise vers 1938 de nombreuses photographies d’identités de Juifs persécutés puis pendant la Seconde Guerre mondiale des images de travailleurs étrangers. August Sander inté-

grera ces images ainsi que celles faites par son fi ls Erich dans la prison où il meurt en 1944, Hommes du XXe siècle, tout comme les portraits des nationaux-socialistes réalisés avant et pendant la guerre. N’ayant pu publier cette oeuvre gigantesque de son vivant, ses descendants poursuivent son objectif jusqu’à aujourd’hui. Ces images, complétées de tirages contacts, de correspondances et d’éléments biographiques sur les personnes photographiées sont exposées ensemble pour la première fois. Elles donnent à voir les portraits d’hommes et de femmes victimes d’une idéologie, qui s’inscrivent ici dans toute leur dignité au rang des Hommes du XXe siècle. — Mémorial de la Shoah 17, rue Geoffroy–l’Asnier Paris 4 Tél. : 01 42 77 44 72 www.memorialdelashoah.org expo-photo-sander.memorialdelashoah.org #ExpoPhotoSander


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Par Sylvie Bensaid TRIBUNEJUIVE.INFO - MARS / AVRIL 2018


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