écoutez_01/2019

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Fédération Suisse des Sourds SGB-FSS

Mars 2019

Novembre 2018

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Prise en charge précoce des enfants sourds Camps pour enfants

Silvio Janner, responsable de camp

L’occasion unique de s’impliquer réellement et de se sentir pleinement intégré

«Renforcer la joie et la confiance des enfants.»


L’occasion unique de s’impliquer ré et de se sentir pleinement intégré Dans nos camps pour enfants, des enfants sourds, malentendants et entendants, âgés de 7 à 12 ans, partagent une foule d’aventures et nouent des amitiés. Pour une fois, ils peuvent s’impliquer réellement sans se sentir exclus. Jetez un coup d’œil à notre camp d’automne de l’an dernier dans la région viticole zurichoise.

Partager de nombreuses expériences et apprendre ensemble Qu’y a-t-il de plus beau pour les enfants sourds et malentendants? Nos camps pour enfants! Une semaine durant, ils se retrouvent entre pairs et ne sont, pour une fois, pas «le sourd» ou «la sourde». Le fait de séjourner dans cette ambiance décontractée leur procure beaucoup de joie et améliore leur capacité de communication et leur assurance. Durant le camp, la communication se fait avant tout en langue des signes, la langue maternelle des personnes sourdes, mais également en langue parlée. La promotion du bilinguisme fait partie de nos objectifs essentiels. Car celui-ci revêt une grande importance dans le développement des enfants sourds. C’est pourquoi des enfants entendants participent également à nos camps. Ce mélange favorise les rapports mutuels spontanés. Des amitiés précieuses qui durent bien au-delà du camp y naissent souvent. Afin que les camps pour enfants restent abordables pour toutes les familles, nous prenons en charge une partie des coûts. Nous sommes donc tributaires des dons pour garantir la pérennité de ces camps. Pourrons-nous à nouveau compter sur votre soutien? Nous vous en remercions de tout cœur!

Véronique Murk (sourde)

Un matin d’automne dans la région viticole zurichoise, la plaine alluviale située entre la Thur et le Rhin dort encore sous la brume. La ferme Wydhof à Flaach trône tranquillement au cœur de ce vaste paysage. Mais ce calme est trompeur. Car dans l’atelier de la ferme, il règne déjà une activité intense. Rassemblés autour d’une grande table, les enfants modèlent et décorent du massepain coloré pour les muffins qui vont bientôt sortir du four. Quelques enfants sont absorbés par leur tâche, d’autres courent dans tous les sens, tout excités, en montrant leur chefd’œuvre à leurs camarades.

«Nous resterons amis après le camp.» Anja, 9 ans

Nous nous trouvons dans un camp pour enfants. Un camp pour enfants ordinaire? À première vue, oui. Pourtant, lorsque les enfants veulent se parler ou poser une question au responsable, ils le font en langue des signes. Car la plupart des enfants et des responsables sont malentendants ou sourds. Comme Anja, 9 ans, qui raconte avec enthousiasme: «Hier, nous avons visité des ruches. C’était super intéressant. Heureusement qu’aucune abeille ne nous a piqués!» Elle se réjouit déjà de la sortie commune à la piscine qui est au programme du lendemain.

Photo: Lua Leirner

Véronique Murk Responsable Famille et formation SGB-FSS

«Ici, tous sont solidaires. Ça devrait être comme cela dans la vie aussi.» Zora, 13 ans

Contrairement à Anja, Zora, 13 ans, entend. Elle communique néanmoins naturellement en langue des signes, car sa mère est sourde. Elle déclare: «C’est déjà la cinquième fois que je participe à un tel camp que je trouve tellement cool. Des enfants sourds et entendants et des adultes s’y retrouvent et ont du plaisir à être ensemble. Ici, personne ne se sent exclu. Ça devrait être comme cela dans la vie aussi.» Elle déclare encore fièrement que sa mère écrit des livres pour enfants destinés à l’apprentissage de la langue des signes. Luan Martin, 9 ans, est malentendant. Il est venu au camp avec son frère aîné entendant qui a deux ans de plus que lui.


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«Des groupes hétérogènes se retrouvent au sein d’une communauté. C’est passionnant.» Fabio Feller, responsable

Luan Martin déclare: «Ainsi, nos parents ont aussi une semaine de vacances et je trouve ça bien. Ici, on s’amuse du matin au soir.» À quelle heure éteint-on les lumières le soir? Son frère Meron répond: «En fait, il ne devrait plus y avoir de bruit à neuf heures», et d’ajouter en souriant: «Mais ce n’est pas toujours le cas.» Fabio Feller fait partie de l’équipe des quatre responsables – il est le seul à en-

tendre. «Ça peut être utile en cas d’urgence, dit-il, il arrive par ailleurs qu’un enfant entendant parle spontanément en langue parlée. En principe, nous communiquons néanmoins en langue des signes. Ici, elle est la langue courante et non pas, comme à l’accoutumée, la langue étrangère.» Les enfants apprécient non seulement beaucoup cela, mais ils améliorent également leur capacité à communiquer en langue des signes. Fa-

bio Feller participe pour la première fois à l’encadrement d’un camp pour enfants. Le fait que des personnes sourdes, mal­ entendantes et entendants s’y retrouvent le fascine: «Malgré nos différences, nous formons une communauté. C’est un sentiment fort, avant tout pour les enfants sourds. Dans les activités, ils se sentent égaux et renforcent ainsi leur confiance en eux. C’est essentiel pour leur développement.» Lua Leirner est malentendante et fait également partie de l’équipe d’encadrement. Graphiste de métier, elle réalise des bricolages, organise des jeux et fait de la photo avec les enfants. Elle apprécie le fait de pouvoir user de sa créativité dans le camp et la transmettre aux enfants. Lua Leirner parle cinq langues des signes, même si elle a appris la première assez tard. Elle déclare: «Je me réjouis de la curiosité des enfants à propos de la langue des signes. Plus tôt et mieux ils la maîtrisent, plus leur vie sera simple – dans la communication, l’apprentissage et la recherche de leur identité.»


Un engagement important pour les enfants et les familles Notre programme de prise en charge des enfants sourds ne comprend pas seulement les camps pour enfants. Il nous tient particulièrement à cœur que les enfants apprennent le plus tôt possible la langue parlée et la langue des signes: ils peuvent ainsi communiquer en famille, à l’école, dans les loisirs et dans chaque situation. Les enfants sourds qui grandissent avec la langue des signes et la langue parlée développent mieux leur potentiel. Ils peuvent ainsi exprimer leurs sentiments et souhaits en fonction de la situation et du milieu, et s’épanouir tant au sein de la culture sourde que celle des entendants. Cela est élémentaire pour leur développement mental et émotionnel. Et si en plus,

ils bénéficient d’un enseignement dans les deux langues, ils peuvent acquérir la même matière scolaire que les enfants entendants et ainsi la chance de suivre une bonne formation: la condition sine qua non pour une vie autonome. Dans l’idéal, l’enfant sourd apprend déjà tout petit la langue des signes, ce qui est décisif pour le développement du langage. Bien entendu, pour se comprendre, il faut que tous les membres de la famille sachent signer. Nos cours à domicile sont prévus pour cela: vous le découvrirez ciaprès.

Signer Sur http://signsuisse.sgb-fss.ch vous trouverez notre lexique en l­igne de langue des signes unique en son genre. Le lexique visuel comprend les trois langues des signes de S ­ uisse: suisse alémanique, française et italienne. Les termes sont illustrés par une vidéo, expliqués par écrit et complétés par un exemple pratique. Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir lors de cette découverte! En lien avec le thème de cette édition d’«écoutez», nous vous présentons le signe «avenir». Car l’avenir appar­ tient aux enfants!

Cours à domicile: se comprendre mutuellement Dans nos cours à domicile, un enfant sourd apprend avec ses parents, ses frères et sœurs et ses proches une langue familiale commune – la langue des signes. Les cours se déroulent dans le quotidien de la famille, car l’enseignant se rend auprès de la famille et enseigne la langue des signes à tous ses membres. Et l’enfant sourd perçoit la personne sourde qui enseigne comme un modèle.

«Avenir»

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«Renforcer la joie et la confiance des enfants.» Silvio Janner a encadré notre camp d’automne 2018 à Flaach. Le cuisinier professionnel est luimême sourd et sait combien il est important que les enfants sourds soient encouragés très tôt déjà, surtout dans la confiance en soi et de leur capacité à communiquer. Nos camps pour enfants y contribuent grandement. Qu’est-ce qui vous a motivé à participer à un camp pour enfants de la Fédération Suisse des Sourds?

Avant tout pour le plaisir, car j’aime la compagnie des enfants. Les miens sont déjà plus âgés et entendants. Ici, je rencontre une génération plus jeune – et la plupart des participants sont malentendants ou sourds. Et pour moi, le travail bénévole dans le domaine social est utile.

dien ses propres formes de communication. Nous fixons des règles claires. Au premier plan se situe la langue des signes, la langue naturelle des personnes sourdes. Celui qui s’exprime en langue parlée doit regarder son interlocuteur bien en face et parler lentement et distinctement. On a aussi recours à l’alphabet manuel et à la communication écrite sous forme de billets.

De tels camps existaient-ils déjà durant votre enfance?

Quelles expériences avez-vous ramenées chez vous?

Hélas, non. J’avais déjà 15 ans lorsque j’ai participé pour la première fois à un camp jeunesse. Il est important que des camps pour des enfants plus jeunes existent actuellement. Car il ne s’agit pas uniquement de s’amuser. Ces camps donnent confiance aux enfants et les aident à améliorer leur capacité à communiquer entre eux et avec nous les responsables.

De nombreuses expériences positives et une bonne ambiance. Nous avons passé de bons moments ensemble et beaucoup ri. Mais le plus important est ce que les enfants emmènent avec eux: ils ont quitté le camp heureux et pleins d’assurance en déclarant: «C’était super, nous reviendrons!»

Quels sont pour vous les objectifs essentiels de tels camps?

Que les enfants y séjournent le cœur léger, qu’ils puissent s’impliquer et communiquer indépendamment de leur statut auditif, donc tout simplement être des enfants. C’est particulièrement important pour les enfants sourds qui se sentent souvent marginalisés dans leur quotidien. Le camp d’automne 2018 leur a par ailleurs donné la possibilité de découvrir la vie à la ferme. Nous avons joué, bricolé, cuisiné et fait quelques excursions comme l’observation des castors au bord du Rhin. Comment communique-t-on les uns avec les autres dans les camps?

L’encouragement d’une communication accessible à tous les participants sourds, malentendants et entendants, est l’un des autres aspects du camp. Chaque groupe utilise dans son quoti-

Silvio Janner travaille comme cuisinier et a déjà participé deux fois à l’encadrement d’un camp pour enfants. Sa femme et lui sont sourds. Ils ont deux enfants entendants de 15 et 18 ans.


Mes premiers signes LSF

Apprendre les premiers signes de manière ludique Ce lot de six livrets a été conçu pour apprendre les bases de la Langue des Signes Française (LSF) à des bébés sourds ou entendants. Vous souvenez-vous du moment où vous avez prononcé vos premiers mots? À peine. Pour pouvoir se souvenir, le vécu doit être mis en mots, faute de quoi il ne peut pas être stocké dans le cerveau. En bref, pour être conservés, les souvenirs ont besoin d’une langue. Cela ne va pas de soi. Si l’on n’entend pas les paroles, c’est impossible. À moins qu’on ne les voie. Et cela est faisable puisque la langue des signes est une langue visuelle.

Les six livrets illustrés sur les premiers signes s’adressent aux enfants sourds et entendants pour leur permettre l’acquisition précoce du langage avec la langue des signes. L’apprentissage de la langue

des signes n’encourage pas seulement la formation du langage, mais soutient également la perception visuelle et la motricité.

Collection de l’Association Dico LSF de Suisse romande et Illustration de Martine Leuzinger. Prix: CHF 20.– Disponibles dans notre boutique en ligne: www.sgb-fss.ch/shop

Impressum Adresse de contact: Fédération Suisse des Sourds SGB-FSS, Passage St-François 12, 1003 Lausanne Responsable: Peter Schläfli, T 021 625 65 55, dons@sgb-fss.ch, www.sgb-fss.ch Rédaction: Stefan Meier, Peter Schläfli Traduction: Daisy Maglia Photos: Staffel Medien AG / Beny Hofer Graphique: www.designport.ch Paraît 4 fois par an, tirage total de 36 527 ex. en allemand et français. Compte pour dons: CP 80-26467-1


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