Barnabé et la Tour d'ivoire (extrait)

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CONSEILS D’UTILISATION (pour une lecture à plusieurs)

Lire un livre, c’est bien. Mais le lire à plusieurs, c’est encore mieux ! table. Ensuite, on désigne quelqu’un pour lire à voix haute. Quand tout le monde est prêt, il ne reste plus qu’à respecter les étapes suivantes :


ÉTAPE 1 Celui qui lit à voix haute raconte le premier chapitre en entier. ÉTAPE 2 On s’arrête et on discute. On pose des questions : qu’est-ce que tu as aimé dans le chapitre ? Qu’est-ce que tu as trouvé rigolo ? Qu’estchose que tu n’as pas compris ?...

verra la suite demain. ÉTAPE 3 qu’on est tous d’accord, on ouvre le livre à l’endroit où on avait mis le marque-page et celui qui lit à voix haute commence la lecture du nouveau chapitre. ÉTAPE 4 Pendant la lecture, si on ne comprend pas un mot, on dit « STOP ! » comprendre ! Tous ensemble, on essaie d’expliquer le terme, de découvrir ce qu’il veut dire. Et si personne ne sait, on va voir l’adulte le plus proche et on lui montre le livre. Parce que les adultes, ça sert à ça ! Il trouvera une explication, à coup sûr. ÉTAPE 5 recommencer toutes les étapes.



ET LA TOUR D’IVOIRE Conte d’une aventure poétique et philosophique


Nicolas D. Morillon

dĂŠcrits dans ce livre sont purement imaginaires : toute ressemexistĂŠ serait due Ă votre humour.


re

1 PARTIE

L’ÉDUCATION


lope Sur Jus De Groseille. Il était, comme on avait tendance à dire à l’époque, normal. maient l’utiliser pour décrire les personnes qui étaient comme eux.

très important, que son destin serait bien plus grand que tous les nabé De Mont Moulin D’Escalope Sur Jus De Groseille. Et ça, ce attribué au hasard. Sa simple évocation laissait entendre une desrespect, inspirait la grandeur.

Moulin D’Escalope Sur Jus De Groseille. Ce n’était pourtant pas compliqué !

Son nom, c’était son nom ! C’était lui ! Si tout le monde se trompait sur son nom, ça voulait dire qu’on se tromperait sur lui et que Il était impossible pour lui de devenir quelqu’un de remarquable si personne ne le remarquait ! 8


dait devant eux un grand drapeau, sur lequel étaient inscrits de nombreux mots importants à apprendre par cœur. avaient bien retenu tous les termes. Puis les Mamans et les Papas étaient bien entrés dans leurs têtes. Parce que connaître les mots sur le drapeau, c’était très important pour plus tard, pour quand on serait grand ! Tout le monde en était convaincu, sans vraiment savoir pourquoi. drapeaux de plus en plus grands.

captivait le plus, c’était la Tour d’ivoire.

le ciel en deux. Le bout de sa corne se cachait au-dessus des nuages. Où que l’on se trouve, on pouvait l’apercevoir et constater sa magniLa Tour d’ivoire n’était pas pour tout le monde. C’était un endroit On racontait qu’à l’intérieur tout était possible, même des choses que les gens n’arriveraient même pas à imaginer. Alors bien sûr, les montagnes de bonbons, des animaux de toutes les couleurs, des 9


arriveraient à entrer dans cette grande tour. le drapeau. Certains élèves demandaient : grand ?

– Taratata ! Tu verras, tu verras ! – Mais ce mot-là, il est moche ! Pourquoi l’apprend-on alors qu’on – Taratata ! Tu verras, tu verras ! répondait inlassablement le pro-

N’avaient-ils pas vu le drapeau ? Il était rempli de mots plus maComment ne pas tomber sous le charme de toute cette connaissance ? de la classe devait apprendre les mots du drapeau par cœur. La nuit, il rêvait que son nom était inscrit sur un drapeau et que de Mont Moulin D’Escalope Sur Jus De Groseille ! » Il imaginait ses camarades venant le voir pendant la récréation, lui demandant son

Jus De Groseille ! » lant à l’école, il se rendait vite compte que tout cela n’était qu’un rêve, que les élèves avaient oublié son nom, qu’ils avaient oublié 10


qui il était. Il en perdait son sourire et s’installait à son bureau, triste d’être normal.

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Le perroquet rouge à nœud papillon jaune

son vélo et se rendit à l’école avant que les cours ne commencent. Lorsqu’il pénétra dans l’enceinte de l’école, le silence était total. de classe. À l’intérieur, caché par les ombres du matin, se trouvait le

classe depuis bien longtemps. Si longtemps, qu’il avait vu tous les cours que l’école ait pu donner. Même ceux de l’époque où le proconnaissait par cœur tous les mots de tous les drapeaux passés dans la classe. Il était tellement doué dans ce domaine qu’il lui arri-

donnait pas l’explication. roquet rouge était donc le seul à pouvoir l’aider.

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perroquet devait être assoupi et n’avait pas bien entendu la ques12


rouge et le secoua un petit peu. Il redemanda au perroquet : soit écrit sur le drapeau de la salle de classe ! – Chapitrrre 32, parrragrrraphe 8 ! croassa le

Ce vieux perroquet ne l’écoutait pas et il répondait n’importe quoi ! Le garçon rassemplus loin possible. Mais le perroquet rouge se mit à voler. Le perchoir

– Chapitrrre 32, parrragrrraphe 8 ! Chapitrrre 32, parrragrrraphe 8! -

– Chapitre 32, paragraphe 8 !

les mots « Chapitre 32, paragraphe 8 » lui restèrent en tête. Qu’est-

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étaient classés dans des classeurs. Dans les classeurs, on rangeait l’on cherchait. qu’il vit au chapitre 32, paragraphe 8. Puis il en ouvrit un deuxième, n’avait que trente chapitres, avant d’en attaquer un sixième, un sepDans tous les classeurs (à part ceux qui avaient moins de trentedeux chapitres), il était écrit au chapitre 32, paragraphe 8 :

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dire et se précipita dans la salle de classe.

et bien la Tour d’ivoire !

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Le vélo et les ballons lait que son nom soit inscrit sur le drapeau de la classe, il devait sur les drapeaux. Il quitta l’école, prit son vélo et partit tout droit vers la Tour. Il pédala et pédala pendant des heures et des heures. Il contour-

Mais malgré ses coups de pédale, il était encore trop loin de la Tour d’ivoire ! La Tour d’ivoire avait à peine plus grossi que lorsqu’il avait quitté qu’il n’avait pour l’instant pas le bon vélo ; qu’avec un meilleur vélo

pas la possibilité de pédaler dans les meilleures conditions. temps à regarder où il allait qu’il avait oublié de regarder d’où il venait. Heureusement, un monsieur à grand cou et à col roulé apparut. d’un air curieux. Sa tête penchait sur la gauche, puis sur la droite, cier sur ce grand cou qui n’arrivait pas à rester droit. Intrigué de 15


demanda s’il pouvait l’aider.

qu’ils enverraient des hélicoptères ; que tout cela sera bien vite régler. -

nel. on le traiter ainsi ? Comme s’il était quelqu’un de normal ? Les gens Mais il comprit vite pourquoi : il était dans un endroit où perprénom ! Dans ces conditions, obtenir un hélicoptère allait être

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tête.

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de rage. Mais, avant même qu’il n’ait eu le temps de passer à l’attaque, le

ensuite le ballon qu’il venait d’écraser sur son visage. sieur écrivit son adresse sur le portrait, puis donna un grand coup de pied dans le ballon pour qu’il aille le plus loin possible. – Comme ça, quand tes parents trouveront le ballon, ils sauront où tu es, expliqua le monsieur à grand cou et à col roulé. – Ce n’est pas grave ! Lorsque les gens voient un ballon, qu’est-ce quelqu’un d’autre, qui retape dedans. Et ainsi de suite. Comme ça, Le monsieur insista en remuant son doigt vers le ciel et en disant que si les gens se donnaient un peu la peine de s’amuser, un ballon 17


-

mis pieds nus et courait sur la pelouse. Les brins d’herbe lui chatouillaient les doigts de pied. Il prenait son élan pour taper le plus monsieur à grand cou et à col roulé l’applaudissait pour l’encoura-

té qui l’avait tant agacé au départ produisait à présent sur son visage

Tout le monde était soulagé de se retrouver et les embrassades sieur à grand cou et à col roulé, puis de grands au revoir, puis renpensant à tous les ballons qui sautillaient un peu partout dans le monde avec son visage dessus. séda. Les gens s’amusaient à taper dans les ballons et, sur les bal-

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du garçon exceptionnel qui se cachait derrière !

Moulin D’Escalope Sur Jus De Groseille ! Les ballons n’allaient pas -

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Conte d’une aventure poétique et philosophique écrit par Nicolas D. Morillon

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Les conseils de Grand-Maman

annonce. Il avoua à ses parents qu’il était prêt à tout pour aller à la Tour d’ivoire.

à danser sur la table. La Tour d’ivoire était un endroit prodigieux. -

et l’emmenèrent voir Grand-Maman. nesse et avait rencontré beaucoup de personnes importantes. Des Elle avait des photos d’elle dans chaque monument de la planète.

disait si souvent, elle avait bourlingué ! Si quelqu’un savait comment aller à la Tour d’ivoire, c’était bien

prit une grande inspiration et dit : – Manger un drapeau tous les matins ! Lire trois classeurs par 21


l’école ! nétrer dans la Tour d’ivoire. vement de drapeaux. Il se mit à manger des drapeaux, lire des dra-

Pour être plus précis, son corps n’avait pas vraiment changé, seule sa tête avait grossi ! Son Papa et sa Maman s’inquiétèrent de

leure preuve de son intelligence.

qu’il devait apprendre. Du coup, ses échanges avec ses camarades en étaient bouleversés. La récréation n’était plus la même expérience pour lui. Par exemple, lorsqu’on lui demandait :

théorie de Newton. 22


était devenu comme les grands.

grosse. Tellement grosse qu’il ne pouvait plus sortir de sa chambre ! Il était bien embêté, car il devait absolument aller à l’école. tout de suite Grand-Maman pour lui demander conseil. Mais à

-

petit pour comprendre tous les mots des classeurs et des drapeaux. Du coup, il les gardait tous dans sa tête ! Pas étonnant que celle-ci devienne énorme !

tête légère. Mais comme ils l’avaient laissé réviser tout seul, les mots 23


ne pouvaient plus s’échapper !

des explications sur les mots pour les aider à s’échapper de la tête

Puis ils prirent la route suivante en criant :

était trop grosse pour entrer dans la salle de classe. Il regardait la Tour d’ivoire au loin. tête pareille, que tout cela n’était qu’un rêve inaccessible, qu’il ne

De Groseille.

– Et être oublié ? Qu’est-ce que ça veut dire « être oublié » ? Sa Maman et son Papa répondirent en chœur : – Ça, c’est un mot que tu n’as pas besoin d’apprendre, car ton

Il était bien au chaud entre ses parents. C’était comme si toute sa 24



Puis il soupira.

petit de taille, il était devenu plus grand de cœur, et c’était le plus important pour eux. d’eux. Tout seul ! Sans son perchoir ! Il planait en agitant calmement ses plumes. quitté son perchoir. Il était d’un naturel si paisible que rester dans

ment ses ailes, s’arrêta et se posa doucement sur l’épaule de celuici. C’était un miracle !


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2 PARTIE

LA NÉGOCIATION

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