Pigeon Magazine N°4

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N°4 - MAI / JUIN 2012

Reportage & Vidéo Danny Dusausoit de Beloeil Interview Vidéo Dr Lanneau Pascal

Reportage

Interview

Dossier

Danny Dusausoit

Dr Pascal Lanneau

Les pigeons célèbres

Dossier Condition : "Poids de combat"


SOMMAIRE 24

3

14

7

13

Reportage

Editorial 3 L'éditorial de Jean-Philippe

14 Dany Dusausoit de Beloeil Un champion comme il se doit !

Dossier

Actualité

24 Condition : Poids de combat

7 Les brèves ...

Rétrospective

Participez

8 Les pigeons les plus célèbres du Monde. (permier chapître)

28 Devenez reporter et participez à l'aventure Pigeon Magazine

Le coin du vétérinaire 13 Interview vidéo : Dr Pascal Lanneau de Moen (Avelgem)

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Editorial

C'est toujours pas le printemps! Dans le précédent édito, nous avancions que le printemps était à notre porte. Demain, ce serait le printemps écrivions-nous même! Et voilà qu'un bon mois plus tard, ce fichu printemps en reste au stade hivernal. Les cinq premières semaines de compétition coïncident sans doute avec la plus mauvaise période que nous ayons connue ces cinquante dernières années. Au vent froid et giboulées nous faisant la bonne blague du 1er avril ont succédé des week-ends plus incertains les uns que les autres. Même Météo-France en perd son latin en nous diffusant des bulletins tous plus fantaisistes les uns que les autres. Si on s'en réfère aux prévisions à deux ou trois jours et que l'on prépare les pigeons en vue d'une prochaine sortie, il faut bien vite changer d'avis le jour de l'enlogement. Tantôt c'est le froid et la pluie qui sont à craindre et une autre fois c'est la perspective de voir les oiseaux passer une nuit supplémentaire au panier, ce qui n'est jamais très indiqué en début de campagne. Le dernier week-end d'avril fut à ce titre un véritable casse-tête pour les responsables des lâchers. Si tout se déroula pour le mieux en ce qui concerne la ligne de l'Est le samedi, il fallut reporter au lendemain pour les lignes

Editeur responsable Dimitri Fossé Loft-Technology sprl Rédacteur en chef Jean-Phlippe Delmarle

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6 numéros

Pigeon Magazine est un magazine numérique disponible sur PC, Mac, Ipad, Iphone & Android

Fréquence

Loft Technology sprl Rue du Haut-bout, 57 7640 Maubray

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L'édito de J-P

du Centre et de l'Ouest. Le dimanche ne fut guère mieux jusqu'en début d'après-midi où on avait l'impression que le ciel nous tomberait sur la tête. Puis, toute cette couche nuageuse se déchira en une seule fois pour laisser place à un vent qui souffla en tempête. Les vitesses/minute dépassèrent alors allègrement la limite autorisée pour les véhicules sur les autoroutes de Belgique. Craignant le pire, des responsables de lâchers, surtout ceux n'ayant pu s'effectuer la veille, donnèrent l'ordre de se rapprocher avec les pigeons. C'est ainsi que les Flandres lâchèrent à la frontière alors que les Liégeois diminuaient de moitié la distance à parcourir. Une joyeuse cacophonie s'empara comme jamais du Télétexte auquel il fallait être bigrement attentif pour ne pas se faire surprendre par l'arrivée des premiers oiseaux. Et les prévisions pour le début de mai ne sont pas plus encourageantes. Probablement qu'un nombre conséquent d'oiseaux, surtout ceux destinés aux étapes plus lointaines, se présenteront en carence d'entraînements sur les premiers grands concours de fond et plus loin encore. Et ce temps n'épargne pas la jeune génération chez qui un nombre conséquent de représentants s'égare du droit chemin. Comme la RFCB n'a toujours pas décidé de revenir au seul système

cohérent de signalement des égarés dont elle disposait jadis, c'est le régime de la débrouille via les nombreux "blogs" et autres sites Internet servant de relais. Voilà à présent plus d'un an que l'on se fiche éperdument de ces pauvres oiseaux livrés à eux-mêmes et que de moins en moins d'amateurs tolèrent dans leurs installations sous peine de longues et coûteuses démarches débouchant la plupart du temps sur un refus de reprise en charge de l'oiseau égaré. Une autre manière de pousser encore un peu plus loin l'égoïsme de plus en plus présent dans notre hobby. Alors que de nombreux candidats aux différentes "places" lors des dernières élections à la RFCB avaient basé leur campagne, entre autres, sur une attention plus particulière au cas des pigeons égarés, force est de constater que tout semble s'enliser et que comme Soeur Anne, on ne voit absolument rien venir… A part une visite aux gens de Pigeon Paradise dont beaucoup se demandent l'utilité, on n'entend pas beaucoup parler des membres du nouveau comité. Restons-y chez Pipa et soulignons la vente des derniers pigeons de ce qui restera probablement comme les amateurs les plus connus au monde, les fameux Frères Janssen d'Arendonck. C'est une sorte de passation de pouvoir entre les vieilles gloires de notre sport et le site qui est à la pointe en -4-


L'édito de JP matière de ventes de pigeons. La rencontre du passé et du futur en quelque sorte. Même si beaucoup soulignent que la race Janssen était en déclin, que le fait de ne plus jouer depuis de si nombreuses années laissait un grand vide du côté des références sur lesquelles s'appuyer en cas de vente, il s'agit tout de même d'un événement. Et nous sommes de ceux qui apprécient que cette belle histoire puisse se terminer dans un tel feu d'artifices. Nul doute que c'est vers le Pays du Soleil Levant que se dirigeront ces derniers pigeons pour lesquels le carnet de commandes était encore rempli. Terminé aussi de faire le joli sourire pour avoir le droit de paraître assis à côté d'une véritable légende de la colombophilie avachie dans son vieux fauteuil… De plus en plus de voix s'élèvent afin que la colombophilie soit scindée en deux parties bien différentes: les professionnels et les amateurs. Il est permis de se poser la question de savoir comment on pourra réellement faire la distinction entre ces deux classes. A partir de quand peut-on être considéré comme professionnel ou jusqu'à quel moment pourrait-on rester "amateur"? Quelle sera la valeur des oiseaux du petit amateur dans sa catégorie par rapport à celle du pro, même si le premier réalise une performance meilleure que celle du second? Il est certain que les gens ayant de gros moyens consacrent de plus en plus d'argent à la colombophilie, alors même que le petit amateur a toujours plus de mal à joindre les deux bouts. On pourrait même, dès lors, se poser la question de savoir si d'ici peu de temps il ne restera pas que des

professionnels en nos rangs, les autres ayant été contraints à abandonner, faute d'argent à y consacrer. Une autre voie explorée est celle de la limitation du nombre d'engagés ou tout au moins le nombre de pigeons pouvant entrer en compte pour les divers classements. Là encore, on risque de se heurter à un problème insoluble, car cela engendrerait une énorme diminution du nombre de participants et par la même occasion du peu de prise en compte des performances. Nous vivons une époque assez incroyable quand même. Les uns ne s'en sortent plus à cause des sommes toujours plus importantes à

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consacrer à leurs colonies de plus en plus grosses et les autres semblent ne pas se rendre compte qu'ils scient la branche sur laquelle ils sont assis… Une nouveauté de taille est également à noter dans cette nouvelle édition de votre magazine, l'arrivée de la vidéo. Ceci afin de vous permettre d'avoir toujours plus de renseignements et de conseils de qualité. Le magazine n'étant imprimé que pour des évênements occasionnels, Pigeon Magazine prend un nouveau cap pour vous proposer un tout nouveau concept unique dans son genre. Comme dirait un certain site connu .. "Pigeon Magazine first for quality"


Nouveautés en détails Une nouveauté de taille est à noter dans ce nouveau numéro, la vidéo ! Dimitri, Pourrais-tu expliquer ce nouveau concept ?

Les pigeons se vendent désormais pour beaucoup sur internet. Toutefois, il manquait toujours un magazine entièrement numérique.

Pigeon magazine a débuté sa carrière dans un format standard bien établi. Un A4 type magazine conventionnel mais enitèrement numérique et que nous proposions gratuitement à la lecture sur notre site internet. Forcés de constater que l'engouement fut immédiat, les lecteurs ne comprenaient toutefois pas très bien le fait que nous ne le proposions pas à la vente par un canal de distribution classique (envoi postal). Notre formule numérique troublait donc les lecteurs et comme nous sommes de nature à innover en permance

Revenons à la vidéo intégrée au magazine. Jusqu'a présent cela ne s'etait jamais fait ? Pigeon Magazine est en effet le premier magazine vidéo 100% numérique, le seul et unique dans le monde colombophile. Nous avons énormément investit dans cette activité qu'est la vidéo. Nous réalisons et produisons désormais des vidéos de qualité en haute définition que nous proposons toujours gratuitement dans Pigeon magazine.

“Pigeon Magazine est le premier magazine vidéo, le seul et unique dans le monde colombophile» Quels thèmes sont abordés dans ces vidéos ?

nous nous sommes investis dans la réalisation d'un magazine axé 100% web et entièrement numérique en profitant du potentiel illimité qu'offre internet. Désormais, Les choses sont plus claires et précises et dés la premère lecture du magazine "nouvelle génération". On comprend tout de suite, l'intérèt de ce canal de distribution qu'est le web et la comparaison à un magazine conventionel est de facto incomparable. Notre concept prend ainsi tout son sens !

Absolument tout ce qui touche à la colombophilie en général. Les reportages sont accompagnés d'une vidéo de présentation. Le sujet est vaste et quasi inépuisable. Un amateur peut donner des conseils au lecteurs quant au soins a prodiguer à leurs protégés, à l'amélioration de leurs installations, ect .. Tous les thèmes abordés dans le magazine le sont dans les vidéos. Le sujet est identhique, seul le support et le mode de lecture change. Une rubrique vétérinaire est également disponible et les lecteurs peuvent désormais poser leurs questions à celui-ci qui répond ensuite le plus objectivement d'un point de vue scientifique. Une vidéo du vétérinaire est egalement disponible dans chaque numéro, où il aborde des questions de saison et où il donne son point de vue quant à la bonne gestion santé des pigeons, des cures à administrer lors de symptomes visibles.

Mais justement .. pourquoi un Magazine numérique et pas un magazine conventionnel. Internet est un réseau inestimable. La vie en générale et la colombophilie évolue à une vitesse ahurissante. Désormais, il est possible d'obtenir ses résultats par Email ou de les consulter sur de nombreux sites internet. Les firmes de constateurs électroniques proposent également des appareils étant capables d'annoncer automatiquement les pigeons au local. Ces mêmes locaux sont désormais capables de proposer les résultats en direct et même de proposer le classement d'une étape sur internet.

Voici un explicatif sommaire de ce nouveau service unique en son genre et qui nous l'espérons .. vous plaira au plus haut point ! -6-


Les brèves ..

SAMEDI 19 MAI 2012. CONCOURS SUR VIERZON INTERPROVINCIAL Enlogement dans toutes les ralliantes et bureaux ainsi qu’à : UNION BRABANCONNE, UNION D’ANVERS ET LEUR RALLIANTES LE JEUDI 17 MAI DANS TOUS LES BUREAUX AUX HEURES HABITUELLES. Tous les pigeons sans exception doivent participer au concours interprovincial (feuille de jeu National) Doublage Derby Hainaut + Doublage Wallon ainsi que les doublages éventuels en vigueur. Catégorie Vieux et Yearlings. Organisé par Derby Hainaut.

Henri Michael vend l’élevage de ses reproducteurs 2012 En 2010: 79% de prix en fond et grand fond 2eme as pigeon fond RFCB Namur 6eme as pigeon fond européen. La seule colonie belge a constaté 6 pigeons le jour du lâcher à Narbonne (10 prix /11eng a l’international et national). Intéressé !? Veuillez cliquer sur le lien ci dessous Voir l'annonce sur le site: www.pigeonmagazine.be

Communiqués de la Royal Fédération Colombophile Belge - Pourriez-vous dorénavant joindre une enveloppe prétimbrée à votre demande de mutations. Nous vous remercions d’ores et déjà. - Le Conseil d’Administration et de Gestion National tient à informer tous les bureaux d’enlogement que des contrôles de documents sont actuellement organisés par l’AFSCA. Le Conseil d’Administration et de Gestion National rappelle que les formulaires de vaccination des amateurs participant aux concours de la société doivent être tenus à disposition pour d’éventuels contrôles. En outre, l’amateur est tenu de conserver ses documents de vaccination et de remettre une copie de ceux-ci à toutes les sociétés dans lesquelles il enloge. -7-


Dossier

Extrait du livre, "on joue, on lache" de Piet de Weerd et André Vanbruane. Edité en 1955

VANDEVELDE ET VANDERESPT (1) Dimanche 16 décembre 1951. C'est plein à craquer "A la Cour de Bruxelles" chez Corbisier, place Fontainas, ce même local où cinquante-trois ans plus tôt eut lieu la vente des pigeons de Charles Wegge. "Pas moyen d'y introduire le petit doigt!" s'exclame un habitué. Gust Ducheyne de Deurne, qui va habiter Schoten, y organise une vente publique de tous ses pigeons. Ma parole, il bat tous les records! 14.000 pour le "Kleine Geschelpte" (Petit Ecaillé), 16.000 pour le "Sture" (Pilote), 19.000 pour la "Pigeonne Vendôme", sans compter les dix-huit pour cent!... Oui, cela nous fait plaisir à tous de voir qu'on paie à leur juste valeur les magnifiques demi-fonciers de Gust, d'autant plus que l'occasion est également donnée aux petites bourses d'acheter un pigeon "sérieux". -8-


Les pigeons les plus célèbres du monde

C

ela a été une immense satisfaction pour Gust de constater une fois de plus de constater une fois de plus combien on l'apprécie, lui et ses

Extrait du livre "ON JOUE... ON LACHE..." de Piet De Weerd et André Van Bruaene édité en 1955. Et c'est ainsi, au cours de la petite heure que nous avons mis pour nous rendre de la gare au quartier de la rue des Deniers, en passant devant les h^tels vides, le nouveau Casino, et enfin la statue équestre de Léopold II, que je lui ai raconté tout ce que j'avais appris de la bouche même de Charles. L'histoire commence en 1895. Ecolier de 11 ans, Charles reçoit ses premiers pigeons. La famille du boulanger Jordaan Vanderespt n'habite pas encore Leffinghe, mais le petit village de Leke, pas loin de StPieterskapelle, entre Dixmude et Gistel. Papa était colombophile depuis 1875. Il a vu Vandevelde s'installer à Oudenburg et il a aussi vu le soleil de sa célébrité monter à l'horizon, prêt à éclipser tout le monde. Les fils, Charles et Jules, ont également connu ce temps-là; les fils, plus opiniâtres que leur père, plus malins - si l'on s'en tient, bien entendu, au monde des pigeons. Remi Buyse, de Hooglede, m'a un jour donné un échantillon de leur savoir-faire. En ce temps-là, il n'y avait pas encore de bagues en caoutchouc. Il fallait galoper avec le pigeon enfermé dans un sac cousu. Et, dans bien des cas, la lutte entre les coureurs se poursuivait jusqu'à la dernière ligne droite. Charles se mit en tête - et cela devint une question d'honneur - de trouver autre chose. L'inspiration ne lui fit pas défaut. A peu de temps de là, ses regards tombèrent sur l'âne dont la vie se passait à tirer la charrette du boulanger, et il jugea aussitôt qu'il pourrait en faire un excellent "cheval de course". La bête fut éduquée dans le plus grand secret, et le dimanche suivant les villageois interdits eurent le spectacle du petit Charles rivé sur son âne courant et bondissant, filant au galop vers le local, dépassant les plus rapides coureurs sans difficulté. L'animal faisait feu des quatre pattes! Ce fut à la suite de cet exploit que les vieux de la vieille se regardèrent avec des airs entendus pour dire: "De ce morveux, on fera un grand champion". Ils voyaient juste. Non pas que les premiers pigeons de Charles aient eu une bien grande valeur! C'était un couple de noirs, capturés par un certain Maris dans le clocher de l'église.

pigeons mais il avait le coeur gros. "J'espère" furent ses dernières paroles avant que le crieur n'élevât la voix, "qu'ils seront en bonnes mains. Je les ai toujours tant aimés!" "Il en sera ainsi" ai-je répondu, "et à plus tard! Tu ne pourras quand même pas vivre sans pigeons. Alors, on te reverra..." Une fois l'affaire dans le sac, nous nous sommes rendus à Ostende, Van der Wal, dit "Le Lange", ancien soigneur du roi des six jours Piet Van Kempen, et moi, voir un des plus grands champions de tous les temps depuis que le sport colombophile existe: Charles Vanderespt. De la gare maritime nous téléphonons chez lui, mais c'est pour apprendre que Charles ne rentrera à la maison que dans une heure, la Journée des Champions le retenant à Moere. Aussi avons-nous le temps de nous promener tout à l'aise le long du port, vers le boulevard. La mer est calme. Les chalutiers rentrent justement à la pêche au "sprot". Il n'y a pas à dire! s'écria tout à coup le "Lange". les meilleurs habitent maintenant à la côte! C'est un fait et il faut bien l'admettre. Avant, il y avait des grands champions un peu partout: Bricoux et Duray - malgré ce qu'ils appellent actuellement la position défavorable - ont même connu des années où ils enterraient tout le monde. Mais allez-y comprendre quelque chose! La Flandre Occidentale triomphe sur toute la ligne! Partout où l'on va, c'est la Flandre Occidentale par ici et la Flandre Occidentale par là! Ce Vandevelde d'Oudenburg a tout de même dû posséder une race de sacrés pigeons! Sans aucun doute, ai-je répondu. Mais sais-tu que tu peux englober dans le même louange Charles Vanderespt et le maître d'Oudenburg? Que Charles a pratiquement été aussi fort et, en fait, a tenu le coup beaucoup plus longtemps? Le "Lange" me lança un regard incrédule. - Non, fit-il je ne savais pas... Raconte-moi cela en détail.. Tu me mets l'eau à la bouche...

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Dossier Rétrospective

Une fois installés à Leffinghe, où les garçons pouvaient déjà aider papa d'une façon sérieuse et avaient de ce fait le porte-monnaie mieux garni,

Vandevelde n'enseigna pas seulement à Vanderespt l'amour des pigeons, il lui enseigna aussi l'amour tout

ils fabriquèrent un "kotje" au-dessus de l'écurie qui hébergeait non plus l'âne probablement usé, mais un cheval. Je crois que c'est Jules qui m'a raconté que l'abatant était orné de deux vieilles patères de bois peintes en noir trouvées sans doute au grenier. Les garçons portaient le pain jusqu'à Snaaskerke, près d'Oudenburg. Maître Vandevelde, le nouveau directeur de l'école - venu de Waregem - avait immédiatement commencé à bien jouer. Il ne fallut pas longtemps à Charles pour s'en faire un client. Naturellement, il était davantage question de pigeons que de pain! Et papa Jordaan de se plaindre: "Ah la la! Ils usent leurs fonds de culotte et leur raison dans ce pigeonnier du diable!" Néanmoins, quand il fut question que le maître d'école achèterait la maison qu'il louait, afin qu'on lui fiche la paix avec ses pigeons, Jordaan Vanderespt se trouva le premier là pour prêter à Théo Vandevelde les sous qu'il demandait. La transaction eut lieu et l'instituteur put enfin appeler sienne la maison où il vivait. En récompense, jamais les Vanderespt n'eurent à donner un centime pour les meilleurs bleus de Vandevelde évoluant dans le ciel de Flandre. Ils ne les voulaient tout de même pas pour rien. Madame Vandevelde, qui était de Slijpe, et avait acquis une renommée justifiée de cordon bleu, recevait chaque année deux sacs de la meilleure farine. Oui, les liens d'amitié qui unissaient les deux familles étaient réels. Tous les jeudis - il avait alors quelques heures de liberté - Charles se rendait chez le maître pour nettoyer le pigeonnier; de plus, il ne se passait pas un dimanche, hiver comme été, qu'on ne le voyait arriver à Oudenburg avec tout son bazar. A la longue, il devint le petit-homme à qui on a recours dans toutes les circonstances, qu'il s'agisse de constater les pigeons ou d'accoupler les couveurs. Vandevelde n'était pas précisément une nature matinale. Qu'à cela ne tienne! Charles, qui se levait tous les jours à quatre heures, et avait horreur de la grasse matinée, répondait présent.

court. Ce fut grâce à lui, en effet, qu'il découvrit sa femme. Un dimanche, un des meilleurs pigeons de Vandevelde, le "Kletsekop" (Chauve), ne rentra pas au gîte. Peu après, l'instituteur était avisé que le voilier avait été recueilli à Gistel, par un honnête colombophile, Henri De Duyver, qui avait tout de suite vu qu'il s'agissait d'un champion. Pas question, dans ces conditions, de lui rendre la liberté, comme ça, au petit bonheur! Sans dire ni une ni deux, Vandevelde et Vanderespt enfourchèrent leurs vélos. Pour Charles, c'était le premier aller-retour d'une série qui allait bien vite s'allonger. Il devait, par la suite, épouser une des deux filles de Duyver, Maria. Aujourd'hui, la fille de Charles et Maria s'est, à son tour, mariée avec un colombophile: le fils de Remi Buyse, de Hooglede. Comment voulez-vous qu'il en soit autrement? On a souvent prétendu que les pigeons de l'instituteur Vandevelde étaient, pour une part importante, des purs Wegge. D'après d'anciens documents, ceux-ci sont certes intervenus - nous verrons plus loin quand et grâce à qui - mais il est exagéré de dire que l'influence du sang de première qualité des Wegge ait été aussi grande chez Vandevelde que, par exemple, chez De Ridder de Termonde. Wegge et Vandevelde possédaient au surplus beaucoup plus de pigeons qu'on ne le croyait communément! Monsieur Vandevelde - toujours d'après les authentiques documents que j'ai consultés, jaunis par l'âge et rédigés dans une langue savoureuse qui faisait très couleur locale - vint habiter Oudenburg comme jeune instituteur en 1890. Il était natif de Waregem, patrie - prétend-on (avec Ingelmunster) des premiers pigeons westflamands de qualité. Encore sur les bancs de l'école, Théo Vandevelde et Géo Platteau consacraient le plus clair de leurs loisirs à leur sport favori. Sans doute, avaient-ils été mordus dès leur berceau! De ces deux hommes-là, les pigeons firent une paire d'amis inséparables, et l'usure des temps n'eut pas de prise sur cette amitié." Établi à Oudenburg, il n'était pourtant pas du tout disposé au début, d'élever des pigeons voyageurs. Il possédait une volière dans laquelle s'ébattaient quelques oiseaux qui "par la variabilité de leurs

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Les pigeons les plus célèbres du monde

plumages lui procuraient suffisamment de distractions." Mais un jour, son frère Alphonse lui

L'oiseau avait un oeil de couleur orange et l'autre était ce qu'on appelle un oeil de fourmi, ce qui signifiait que

offrit un pigeon blanc qui avait deux tâches noires sur les ailes. Il se l'était procuré au marché des oiseaux à Waregem. le hasard voulut encore que le facteur d'Oudenburg venait d'acheter à un ancien colombophile, un certain Charles Saelens, un couple de jeunes pour la casserole. Un d'eux était un bleu à plumes blanches. Pour cette raison, Vandevelde s'empressa de l'échanger contre un jeune écaillé de son propre élevage. Ce pigeonneau, qui avait des yeux orange, devint une très belle bête. Il volait de nouveau quelques pigeons chez l'instituteur quand, un beau matin, le peintre Edmond Vermoortel, dénommé "Rubens", et qui remettait à neuf la maison de Vandevelde, proposa d'éduquer les oiseaux. Tout d'abord, leur propriétaire refusa, mais "Rubens" insistant, il finit de guerre lasse par les lui laisser. Et c'est de cette manière que le "Witte" (Blanc) et le "Blauwe Wittepen" (Bleu à plumes blanches) devinrent les meilleurs voiliers de la région...""Nolens volens", Vermoortel avait rendu un immense service à la colombophilie flamande. "Le Blanc" remporta des prix d'Arras à Bordeaux. De même le "Bleu à plumes blanches", sauvé de la casserole, parmi lesquels le 7e Bordeaux à Bruges. Malheureusement, l'année suivante il se perdit au cours de cette même course de fond. la chose est fréquentée chez les pigeons, le "Blanc" ne donna jamais un bon jeune. Pour cette raison, Vandevelde le vendit à G. Vanvijve d'Oudenburg. Non pas qu'il eut, une fois de plus, l'intention d'abandonner la colombophilie, mais il avait d'autres vues. Il avait voué de nouveau corps et âme à son sport favori, comme au temps de son adolescence. Il se rendit chez Aimé Vandenbosch de Gand, un joueur redoutable à l'époque, pour lui acheter un jeune de sa vieille pigeonne couveuse, un oiseau au plumage foncé avec des yeux orange. Voici ce qu'en dit mon confrère Dewaele dans un très vieux numéro du "Duivenbode" (le Messager des Pigeons) de Deerlijk. "En 1990, à la fin de l'été, il reçut de son frère Alphonse, l'amateur bien connu de Waregem, une pigeonne écaillée.

ses ancêtres avait dû posséder un plumage haut en couleur. On le baptisa donc "Verschillig Oogske" (Oeil différent). Il était de l'espèce Delantsheere, dénommée Pottie, de Waregem. Le "Zwarte" (noir) de Vandenbosch fut alors accouplé avec "Oeil Différent" et cette union naquit entre autres le "Sproete" (Tache de rousseur), une tête blanche écaillée, et qui fut une des bêtes les plus célèbres que possédât Vandevelde. Ce pigeon avait des yeux jaune-orange et remporta tous les prix jusqu'à Angoulême. Un certain dimanche, il fut le premier à la portée de Tours, et le dimanche suivant il renouvelait son exploit à la portée du Touquet avec 3 minutes d'avance. Mis au panier le 4 mai 1904, on le vola un vendredi, au local même, dans le panier. la descendance d'Alphonse Vandevelde, à Waregem, fut par la suite entièrement fondée à partir d'un frère du "Sproete", le "Petit Papa bleu" excellent voilier et éleveur. Dans l'entretemps, Edmond Vermoortel, notre "Rubens" déjà cité, était devenu le propriétaire d'un écaillé anversois et intervint encore auprès de Vandevelde pour l'aider dans son oeuvre. Selon ses propres aveux, il l'avait pris dans le clocher de l'église, mais d'après d'autres sources, c'était un champion qu'il avait extrait du panier au moment de la mise au local, prétextant qu'il avait lui-même commis une erreur en y plaçant son vieil écaillé au lieu du jeune. Quoi qu'il en soit, personne ne connaîtra jamais la vérité, du fait que les événements se sont déroulés voici trop d'années. D'autre part, la calomnie est facile. Le fait est que "Rubens" ne garda pas son pigeon à domicile et le mis en pension chez Vandevelde. Il avait le type anversois d'une façon très marquée, avec des yeux orange-foncé. Envoyé dans le pigeonnier pour y accomplir son devoir de mâle, il fut accouplé avec une grande pigeonne bleue d'Alphonse Vandevelde et devint l'heureux père d'un écaillé aux yeux orangefoncé qu'on baptisa "le Baron" et qui remporta, comme tardif de 1899, de nombreux premiers prix, parmi lesquels le Bordeaux à Bruges avec trois heures d'avance. Dans le pays, on ne revit ce jour-là que quatre pigeons, parmi lesquels celui d'Alphonse Blondeel de Waregem et le terrible "Wittesteert" (Queue Blanche) de Robbrecht (Tielt).

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Dossier rétrospective

A ce même concours, qui fut très sévère, le "Blanc" déjà mentionné plus haut, remporta le 7e prix.

Quant au "Vieux Chauve", il fut accouplé, au pigeonnier de Vandevelde-Oudenburg, avec une pigeonne

Quinze jours plus tard, "Le Baron" périssait au cours d'un autre Bordeaux. Nous sommes en 1901. Il avait accouplé avec "Oeil différent" et ces deux pigeons avaient donné d'excellents voiliers et reproductrices, richement plumés, bien bâtis, avec des yeux légèrement orangés, parmi lesquels "Le Gros", un écaillé, le "Blokske" (Petit Bloc), une pigeonne écaillée aux pattes plumées, et la "Belle Pigeonne Bleue" de René Gurnay (Verviers), deux des plus vigoureux pigeons qui ont jamais existé. De chez Gurnay, les Vandevelde parcoururent toute la province de Liège, pour retourner finalement en Flandre Occidentale, entre autres chez Van Bruaene. Le premier oeuf qu'"Oeil Différent" pondit avec la "collaboration" du "Baron" fut offert en cadeau à Géo Platteau de Gistel. Tout jeune, l'oiseau volait déjà fort bien, et il donna par la suite toutes les satisfactions possibles à son heureux propriétaire. Le résultat fut d'ailleurs que Vandevelde continua à élever des oiseaux à partir de ces deuxlà. Le "Baron" s'accoupla encore avec une pigeonne brunâtre, de la race Vandenbosch de Gand. Naquirent de cet accouplement: le "Witoge Kouse" (Bas à oeil blanc), pigeonne pâle et écaillée avec des yeux blancs, qui remporta beaucoup de prix. Le "Grand", pigeonne légèrement écaillée, qui fut offerte encore jeune à Alphonse Vandevelde. Chez lui, elle couva avec le "Vieux Chauve", qui appartenait à la race du "Bazas" de Jules Cras. "Bazas" était un pigeon écaillé foncé, avec des yeux orange. Ce couple donna le "Lompe" (Lourdeau) qui, en même temps que son frère, gagna toutes les grandes poules à la portée de Bordeaux. Le "Vieux Chauve" de Théo Vandevelde était en réalité une acquisition faite à un certain Félix Walravens de Waregem. Il retourna du côté de la Lys et Alphonse le mit dans son colombier. C'était un beau pigeon court-bec, pas trop grand, avec des yeux marron foncé, richement plumé, et une tête ronde et gracieuse, le vrai type de la race liégeoise. Le "Blokske" (Petit Bloc) s'accoupla avec un pigeon bleu d'Alphonse Vandevelde. Il en naquit une bête qu'on appela "La Baronne", qui servit exclusivement pour l'élevage.

mosaïque aux yeux orange, d'origine anversoise (Borgerhout). Deux jeunes en naquirent, dont un écaillé aux yeux orange et qu'on baptisa le "Jeune Chauve". De Creil à Dax, il était imbattable. En 1903, à la portée de Ruffec, il remporta le premier prix avec 45 minutes d'avance. A ce même concours, le "Jeune Rouge" de Platteau enleva le 4e prix. Le "Jeune Chauve" remporta le 5e Bordeaux à Gand dans l'Union, et enleva la montre en or. Les quatre premiers pigeons étaient arrivés le même jour; c'étaient les deux Lippens de Gand ainsi que les bêtes de Deboutte et Catulle d'Ingelmunster. Le "Jeune Chauve" et le "Sproete" étaient les batailleurs les plus redoutables du syndicat d'Ostende, où jeunes ils volaient déjà contre les vieux pour prendre immédiatement la tête d'Arras à Orléans. Le frère, un pigeonneau gris, fut vendu comme pipant à cause des poquettes. En 1904, Théo Vandevelde fit un échange avec son collègue Louis Lingier, d'Oudenburg également. Il reçut divers pigeons des deux couples distincts, parmi lesquels des descendants du célèbre "Snak" qui avait été accouplé avec une pigeonne de Constant Deherdt de Berchem. Un pigeon issu de ce couple appelé "Pokke" fut accouplé avec une couveuse Janssens d'Edegam, celui possédant l'espèce Boerke de Gistel, des purs Wegge de Lierre, décédé en 1897. C'était une pigeonne bleu-blanc avec des écailles rouges. Elle pondit deux couples d'oeufs d'où sortirent trois jeunes. Un bleu à plumes blanches, baptisé "Gelijke Pen" (Plume Egale), et deux bleus, dont un eut le cou tordu à cause de son peu de valeur. D'un autre couple naquit une pigeonne bleue appelée plus tard "Vieille Bleue" et qui devint une excellente reproductrice. Cette couveuse fit souche avec un pigeon bleu, fils de la "Plume Egale" et de la "Baronne". Cela donna un grand pigeon bleu qui fut baptisé "Beer" (L'Ours). C'était une bête magnifiquement bâtie avec des yeux jaunes, mais qui dormait sans interruption. Il se distingua dans le Bordeaux où il remporta le 4e prix à Dixmude avec le handicap d'un vent du nord vigoureux et d'un temps pluvieux des plus antipathiques. De Breteuil il arriva le premier à Kortemark. Malheureusement, il disparut dans le Creil à Rumbeke au cours d'un vol catastrophique. (A suivre..)

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Le coin du vétérinaire

Le Dr vétérinaire Pascal Lanneau de Moen (Avelgem) spécialisé dans les pigeons a bien gentillement voullu répondre à quelques questions que nous lui avons posées au sujet des concours, de la tricho et de l'adéno chez les pigeonneaux. 1,2,3 .. Moteur !

Posez vos questions au Dr Lanneau par le biais de notre formulaire en ligne.

Le Dr Lanneau : Keiberg 31 8552 Moen - www.pascallaneau.be - 13 -


REPORTAGE

Dany DUSAUSOIT de Beloeil Sa colonie tire un énorme braquet depuis ses débuts!

D

Chaque année, au mois d'août, le célèbre Château de Beloeil accueille ce fameux événement qu'est la Nuit Musicale de Beloeil. Une occasion pour les mélomanes de se plonger dans l'univers merveilleux de la musique classique. Quinze jours avant cette manifestation de dimension internationale, c'est un autre virtuose de Beloeil qui avait fait étalage de son formidable talent. Un "instrument" à vent, fendant l'air avec grâce et volupté, survolant le Château de Beloeil avant de plonger en bord de Canal. Un jeune pigeon venait ainsi d'accomplir un formidable exploit, mettant sous le feu des projecteurs son heureux propriétaire, un exroi de la Petite Reine!

Du jeu de balle au cyclisme pour gagner son pain quotidien!

On est sportif dans l'âme dans la famille Dusausoit. Aussi, c'est sans surprise que Dany suivit les traces de son père José dans le jeu de balle fort pratiqué dans la région et pouvant fort bien nourrir son homme. Comme son père, Dany était doué pour ce sport. C'est à cette époque, aux débuts de Dany en compétition ballante, que fut instauré un nouveau règlement au sujet des gants. "Ça ne sentait pas bon à cette époque" nous glisse José "et j'ai suggéré au gamin de bifurquer vers un autre sport". Dany n'avait pas trop d'atomes crochus avec l'école et voulait faire du sport. Son père était encore plus acharné que lui et nourrissait même le secret espoir de le voir percer dans une discipline où il l'imaginait en tant que professionnel. Il ne s'était pas trompé et Dany finit même par le décrocher ce fameux - 14 -


Dany Dusausoit de Beloeil

contrat professionnel lorsqu'il était à l'apogée de sa forme chez les amateurs. Il sortait d'une année où il avait enlevé pas moins de 5 titres de champion, tant au niveau provincial que national et aussi bien en contre la montre qu'en course en ligne. Monté de catégorie, Dany se rendit toutefois compte de l'énorme différence existant entre ces deux mondes et retourna chez les amateurs l'année suivante. Au total, ce sont plus de cent courses qui figureront à son prestigieux palmarès. Il était alors le roi dans la catégorie contre-la-montre et un précieux équipier pour lancer les sprints pour ses différents chefs de file. Une fois la trentaine passée, il se reconvertit dans un rayon qu'il connaissait sur le bout des doigts et ouvrit un magasin de cycles à Beloeil, au bord du canal Nimy-Blaton, juste devant la malterie où son père travailla de nombreuses années. Il s'y est spécialisé dans le vélo de course de compétition et fournit de nombreux jeunes coureurs, mais aussi de nombreux cyclotouristes. D'autres vélos, moins "bêtes de course", sont également disponibles dans son magasin. Il est notamment dépositaire de la marque Merckx, le grand champion Belge qui le mit à l'honneur lorsqu'il remporta le Grand Prix Eddy Merckx, contre-la-montre individuel qui servait de support au titre de championnat de Belgique.

Le jeu de pigeons ne lui était cependant pas étranger, son grand-père jouant à Oeudeghien. Lorsqu'il était âgé de quatorze ans, Dany faisait la route de Beloeil jusqu'à Oeudeghien, en vélo et chaque week-end et ce afin de constater les vitessiers de son grand-père qu'il trouvait trop lent à l'arrivée des pigeons. Il se souvient des jours où il allait entraîner les pigeons de grand-papa et où il fonçait à travers bois, en vélo, afin de devancer les oiseaux. Il n'y arrivera qu'à très peu de reprises cependant… A l'issue de sa carrière sportive, il avait donc choisi de reprendre un magasin pour entrer dans le commerce du vélo. Il acheta donc une belle maison, juste à côté du canal et à un jet de pierre de la malterie où travaillait son père. Comme par hasard, la maison était flanquée d'un petit et vieux colombier. Une femelle mosaïque égarée fut la première à rejoindre le petit colombier, bientôt accompagnée d'un voyageur sauvé alors qu'il se noyait dans le canal. Une idée de dingue germa alors dans la tête de Dany et de son frangin, ils s'étaient mis dans la tête d'aller puiser dans la bande de pigeons squattant la malterie, juste devant la maison de Dany. Perché dans le vide, armé d'une épuisette et simplement tenu par les pieds, le frère de Dany attrapa de la sorte une trentaine d'oiseaux. Ils furent hébergés dans le petit colombier, mais c'est à une .. - 15 -


Reportage horde de sauvageons qu'eut affaire Dany… Aller puiser dans un nid à microbes n'est pas sans danger et, bien vite, la maladie s'empara de la colonie hétéroclite. Dany se rappela au bon souvenir de Michel Olivier, ex-coureur à vélo lui aussi. En fait, Michel et Dany firent connaissance du côté de la Normandie où ils feront partie de la même équipe et prenant part aux courses de la région normande durant trois semaines. Il était interloqué des coups de fil que Michel passait au pays, s'inquiétant des résultats obtenus par le second membre du tandem auquel il appartenait à l'époque. La visite de Michel Olivier déboucha sur une élimination massive de la légion étrangère, mais aussi sur l'apport d'un plein panier d'œufs à mettre à couver afin de donner des allures un peu plus sportives à la colonie de Beloeil. Le succès fut directement au rendez-vous dans la catégorie des jeunes et dans le domaine de la vitesse. Dany se souvient ainsi avoir engagé 25 jeunes, soit l'entièreté de son équipe et avoir rempli deux Toulet, réalisant presque le score parfait, tout en ayant été contraint de constater les derniers arrivés chez un voisin. Mais le rayon de vitesse finit très vite par ne plus convenir aux yeux de Dany, sa profondeur était alors égale au tiers de la distance de certaines étapes. De plus, le nouveau venu fut très vite regardé du coin de l'œil, sa fulgurante ascension n'étant pas du goût de tout le monde. Dany se mit à faire les salles de ventes avec Michel Olivier et fit quelques acquisitions. Il prit aussi contact avec René Lefebvre, celui-là même qui avait explosé aux yeux des ..

joueurs des concours nationaux en remportant Montauban et Narbonne sur quelques semaines. Cet apport du sang Lefebvre fut le premier véritable coup de fouet dans l'objectif du grand demi-fond que venait de se fixer Dany. Le retour des oiseaux du petit demifond entrait toutefois en conflit avec les horaires d'ouverture du magasin et il n'était pas possible de profiter des arrivées. Le profil des étapes de 400 kilomètres convient à merveille à Dany. Généralement, les oiseaux arrivent en début d'après-midi et si les conditions sont normales, il ne faut pas passer plus de deux petites heures au colombier. Il convient aux yeux de Dany de se fixer des..

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objectifs en colombophilie, non pas en fonction des pigeons, mais bien au regard de la vie professionnelle et familiale. Un autre tournant important pour la colonie Dusausoit fut la rencontre avec Joost De Smeyter de Melden. Ce dernier était ami avec Michel Olivier et en tant qu'anciens coureurs, il ne fallut pas bien longtemps pour créer de solides liens entre eux. Joost déménageait à l'époque de Renaix vers Melden et la douzaine de tardifs qu'il avait élevés pour emmener avec lui était en fait… trop hâtive, les colombiers n'étant pas terminés. Les pigeons prirent la direction de Beloeil, tout naturellement. Reconstruire une


nouvelle colonie n'est pas chose aisée, surtout lorsqu'elle est axée sur le grand fond. Les débuts de Joost De Smeyter à Melden furent sujets à moqueries de la part de ses nouveaux voisins, pourtant joueurs de demi-fond. Cela suffit à blesser Joost dans son amour propre et c'est la raison pour laquelle il fit l'acquisition de quelques oiseaux de demi-fond, histoire de remettre les choses dans leur contexte. Très vite, les demi-fonciers de la région de Melden se rendirent compte que Joost De Smeyter n'avait pas perdu la main, ils ne lui avaient simplement pas accordé assez de crédit et surtout ils n'avaient pas tenu compte du fait qu'entre demi-fond et grand fond la formation d'une colonie est bien plus longue… Le demi-fond n'étant pas l'objectif principal chez De Smeyter, accord fut pris avec Dany pour l'acquisition future des reproducteurs de la colonie De Smeyter, ceux-là même lui ayant rendu la notoriété au sein de son village. Une tournée entière déménagea en début de saison vers Beloeil et c'est avec ces nouvelles introductions que Dany Dusausoit régna sur les étapes réservées à la jeune génération l'an dernier. Pas moins de 60 œufs avaient alors étaient acquis! La colonie Dusausoit est aujourd'hui donc en grande partie basée sur les introductions de chez De Smeyter!

ll n'y a pas que la victoire nationale sur Argenton en 2009 ! Il serait idiot de résumer la saison 2009 de la colonie Dusausoit à cette seule victoire nationale sur Argenton! En effet, c'est une véritable démonstration qui fut réalisée avec comme point d'orgue la constatation incroyable sur Issoudun où pas moins de huit yearlings figurent dans le top 100 semi-national dans près de 6.000 participants! Tout ceci étant réalisé principalement pas les oiseaux issus des œufs acquis l'an dernier chez De Smeyter ! Ces fabuleux résultats sont avant tout l'œuvre des femelles qui ont vraiment cartonné en 2009. Chaque semaine, elles étaient sur la brèche et pour dynamiter le résultat à chaque fois! En fait, deux équipes différentes furent jouées. Une première partie fut mise au veuvage total, mâles et femelles prenant part aux compétitions. Les femelles séjournent alors dans un colombier identique aux pigeonniers des mâles, mais avec de petits perchoirs en lieu et place des casiers traditionnels. Lors de la volée, ce sont les mâles qui regagnent ce colombier, le temps que ces demoiselles rentrent via leur logis. Les mâles sont ensuite libérés, laps de temps durant lequel les femelles sont à nouveau dirigées vers leur local de ..


Reportage repos muni de perchoirs. Les mâles rentrant bien évidemment dans leur compartiment une fois la volée achevée. Dans un autre colombier, c'est le veuvage traditionnel qui est opérationnel. Dany n'a pas constaté de différence dans les prestations, il faut simplement disposer de pigeons ne servant à rien d'autre qu'amusettes pour les partenaires de l'autre sexe. Les femelles se montrent généralement supérieures aux mâles et doivent participer aux compétitions chaque semaine, au contraire des mâles qu'il est plus difficile de remettre en bon état pour le concours suivant. Les pigeons sont nourris au casier, sauf pour les femelles. Au retour de concours, ils reçoivent un mélange plus lourd, le même généralement qui est donné en fin de préparation. Suivant l'état en main, ils passent alors plus ou moins vite d'un mélange léger à celui de compétition. Plus ils reprennent vite leur bel état de corps et moins vite le mélange de compétition est ajouté à la ration journalière. C'est un principe de récupération inspiré de la compétition cycliste et remis au niveau des pigeons. Quinze année de cyclisme au plus haut niveau vous apprennent à connaître votre corps, il ne reste plus qu'à transposer ces mêmes principes pour les pigeons. N'allez surtout pas croire que le fait d'avoir été coureur cycliste suffise à expliquer la réussite chez Dusausoit, le raccourci est par trop réducteur. D'autres paramètres entrent en ligne de compte. Cependant, il nous semble certain que les bons principes liés au sport cycliste ne sont pas étrangers à cette réussite.

Par bons principes, nous entendons le fait de bien connaître son corps, bien évidemment, mais surtout cette capacité qu'ont ces forçats de la route à se dépasser. Cette capacité à aller au bout d'eux-mêmes et de ne pouvoir connaître la progression qu'en travaillant encore et toujours plus. Le vélo est sans doute l'une des plus difficiles écoles de la vie et ceux qui connaissent le succès savent mieux que quiconque ce que souffrir veut dire. Appliquer ces principes appris sur le vélo au sport colombophile si cela est fait avec toute la rigueur nécessaire ne peut qu'être bénéfique et tendre vers la réussite.

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Nous avons visité les installations de Dany, installations simples faites de petits colombiers de jardin bien entretenus et arrangés suivant les meilleures convenances du système en exploitation. Nous avons cependant eu notre attention attirée vers le système ingénieux afin que l'air frais soit toujours présent au colombier, l'air pur et continuellement renouvelé. Nous en parlions un peu plus avant du fait que le papa Dusausoit avait accompli toute sa carrière professionnelle au sein de la malterie située devant le domicile de Dany. Une malterie transforme l'orge en malt d'orge ou "Malt", matière


Dany Dusausoit de Beloeil

première utilisée en brasserie pour la fabrication de la bière et du whisky. Le procédé consiste essentiellement à tremper de l'orge dans les cuves de façon à amorcer artificiellement sa germination, à contrôler cette dernière dans des germoirs et à l'arrêter à un stade déterminé dans un séchoir appelé touraille. C'est précisément à ce stade du séchage qu'intervenait José et cela lui a permis de bien connaître la manière avec laquelle il convient d'extraire ou d'introduire cet air dans un local bien déterminé. Dany lui a expliqué ce qu'il attendait de lui et son papa s'est mis au travail. Tout ceci nous donnant un résultat assez surprenant et de nature à garder le milieu sec et ventilé de bonne manière, simplement en le couplant avec une minuterie. Dany a d'ailleurs constaté une différence colossale dans un colombier où il ne parvenait pas à faire un prix lorsque ce système fut mis en fonction. Tout s'arrangea comme d'un coup de baguette magique.

L'avion pour la Tunisie. Le jour de l'enlogement, Dany se rend compte que ses jeunes sont porteurs de bestioles dans les ailes. Il décide donc de leur appliquer une goutte d'Ivomec dans le cou. Durant cette opération, il avait chassé les pigeons dans la volière, histoire de ne pas appliquer deux fois le traitement au même pigeon. A chaque ouverture de la volière, le futur lauréat d'Argenton s'arrangeait pour regagner un casier et mener bagarre. Pour punition, il sera fait en dernier, mais avait répété son petit jeu à une demi-douzaine de reprises. Ce n'est qu'en analysant ses gestes du passé que Dany trouva une des probables raisons à l'exploit de ce voilier qui ne faisait pourtant pas partie de ses favoris. En fait, cet oiseau avait été l'objet d'un achat au cours d'une vente hivernale, un bon pour pigeonneau qu'il conviendrait d'aller chercher chez Bernard Bonte de Tongre-Notre-Dame, une manière également de donner un coup de main à la société en lui apportant un peu d'argent. Il ne fallut même pas aller chercher le pigeon chez le propriétaire, puisque c'est l'ami de la maison, Robert Duquesne, qui se chargea de l'apporter chez Dany. Ce petit pigeon et son frère de nid étaient en fait issus de deux acquisitions faites sur Internet dont le sang Engels coule abondamment dans les veines.

Une victoire nationale durant les vacances! Dany avait l'intention de jouer Argenton, mais également de partir en vacances. Nous l'avons écrit plus haut: il n'y a pas que les pigeons dans la vie! Il avait donc combiné le tout et il enlogerait les pigeons pour Argenton juste avant de monter dans - 19 -


Reportage C'est d'ailleurs ce même Robert Duquesne qui se chargea de constater les voiliers de retour d'Argenton chez Dany Dusausoit, ayant lui-même confié cette tâche à un autre ami au sein de ses propres installations. Inutile d'écrire que la fête entre Robert et Bernard dura plusieurs heures durant lesquelles le résultat du produit de la malterie coula à flots… Une grande victoire nationale qui vient donc couronner une splendide saison 2009, mais pas tout à fait avec l'oiseau avec lequel on croyait l'exploit possible. L'important étant toutefois de vaincre au plus haut niveau. Chose connue pour Dany lorsqu'il roulait à vélo et accueillie avec grande joie dans la nouvelle carrière qu'il a entamée en compagnie de ses champions des airs.

bout puisqu'il est un ancien coureur cycliste amateur ayant un peu taquiné le monde du professionnalisme, pouvant de la sorte mesurer le fossé qui séparait les uns des autres. De son passage dans le monde de la «petite reine», Dany a retenu bien des leçons qu’il applique désormais au mieux dans la gestion quotidienne de sa colonie. Savoir souffrir, être dur au mal, ne sont pas des expressions à prendre à la légère dans le domaine du cyclisme. Dany ne s’épargne aucun effort encore à l’heure actuelle, que ce soit dans ses très longues journées de travail ou au colombier où il se réfugie afin de chasser le stress

Et de deux victoires nationales en deux ans! Le "Prince de Beloeil" remporte le 1er national Châteauroux yearlings C'est donc à présent deux victoires nationales qui ornent le tout jeune palmarès de la colonie Dusausoit et, croyez-nous, cela n'est pas terminé. Nous tenons là un véritable phénomène de la colombophilie moderne, un champion dont on reparlera bien souvent dans l'avenir. Quel bonheur lorsque l'on voit le peu de temps que Dany a à consacrer à ses oiseaux et la modestie de ses installations. Il est la preuve irréfutable que le "petit" peut lutter sans problèmes avec les colonies professionnelles. Et en matière d'amateurisme ou de professionnalisme, il en connaît un

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de la vie au quotidien. Un autre paramètre important dans les deux disciplines est bien celui de l’alimentation. On ne monte pas sur un vélo le ventre vide pour les coureurs et on n’accomplit pas de brillantes performances le gésier à sec pour les pigeons! Cela Dany l’a bien compris et il est passé maître dans l’art de savoir nourrir un pigeon en vue du concours visé. Un oiseau en préparation sera tantôt trop lourd pour une étape d’entraînement, mais sera amené au top niveau lorsque la performance est en vue. Ainsi, les mâles ayant participé à Châteauroux devaient normalement participer à Bourges la semaine précédente.


Dany Dusausoit de Beloeil

Dany avait commencé à nourrir dans cet objectif. Son ami, Joost De Smeyter, ancien cycliste et grand champion colombophile également, lui fit remarquer que le vent était trop favorable que pour y engager une équipe au veuvage. Suite à cette réflexion, Dany revint sur sa première idée et les fit participer à un simple Dourdan. Comme il le dit luimême, ce début de préparation déboucha alors sur l’enlogement d’oiseaux un peu trop lourds. Cela ne démonta pas notre homme qui se fit alors une joie de pousser un petit peu les deux jours précédents la mise en paniers pour Châteauroux, avec le brillant résultat que l’on connaît à présent… Un art parfaitement dominé donc et bigrement important dans ce contexte des 400 km. Toute la colonie Dusausoit fut conviée à un élevage hivernal et les couples furent séparés suivant l’âge des jeunes au plateau, l’un demeurant avec le père, l’autre accompagnant sa mère dans un autre local. Pour ne pas avoir trop de boulot, une remise en ménage avant la saison fut évitée. Dany avoue procéder de la sorte depuis trois ans, sans que cela ait eu une quelconque incidence sur la mue ou sur la montée de la forme. Avant la saison, rendez-vous fut pris chez le vétérinaire et un programme fut mis au point en vue de la vaccination contre la paratyphose et la

paramyxovirose. Sur conseil du vétérinaire, tout fut calculé afin que la réponse immunitaire se situe vers le milieu de mai, cela coïncidant ainsi avec la venue de la meilleure forme. Le moins que l’on puisse écrire est que le calcul fut bon! Une cure contre le trichomonas et le coryza fut d’actualité durant 5 jours chacune et ce avant la période des concours. En saison de jeu, deux jours de rappel sont au programme, alternativement pour lutter contre le trichomonas et le coryza. 9050479/10 «Prince de Beloeil», 1er national Châteauroux Quelques similitudes existent entre les deux vainqueurs nationaux chez Dany Dusausoit. Ainsi, son vainqueur national d’Argenton il y a deux ans lui avait été offert par Bernard Bonte de Tongre-NotreDame et c’est un autre ami, Robert Duquesne qui avait constaté son champion, Dany étant en vacances avec sa famille. L’ancien champion cycliste regrettait d’ailleurs un peu le fait de n’avoir été présent lors de ce sacre. Deux ans plus tard, la lacune est comblée toutefois.

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Reportage

Le vainqueur de Châteauroux est également un cadeau reçu. Joost De Smeyter lui proposa de prendre les œufs d’un excellent couple chez lui.

Résultats de la colonie

Dany ne disposant pas de couple dont la date de ponte coïncidait fit ainsi appel à… Robert Duquesne qui lui éleva son futur vainqueur! Assez exceptionnel et soulignons ici l’excellent contexte d’amitié.

Une colonie en pleine ascencion et 2 x 1er National en deux Ans 2 victoires nationales : 1 Nat. Argenton pigeonneaux 2009 1 Nat. Chateauroux Yearlings 2011

Trois semaines avant son exploit national, ce champion avait déjà remporté le 1er de Toury dans des conditions semblables.

Quelques résultats de 2011

Il remporte en 2011

17/04 Noyon 580 vx : 4,8,11,14,16,17,18,20….17/20 468 yls : 1,3,11,12,20,24….20/28 14/05 Toury 1630 vx : 1,17,22,23,24,32…16/19 1175 yls : 1,2,6,11,22,37….14/28 28/05 Bourges 230 vx : 1,3,4,5…9/10 141 yls : 1,2,3,6,17….9/10 Prov 2330 vx : 6,15,18,24….9/10 1825 yls : 3,5,19,42…9/10 04/08 Châteauroux 178 vx : 4,5,6,7,10…12/16 201 yls : 1,2,5,12,17….10/17 Prov. 1678 vx : 43,44,46 1566 yls : 1,9,35,64 Nat. 24769 yls : 1er 12/06 Saint Quentin 550 pig 1,2,3,4,5,12,12,19….46/63 16/07 Toury 752 pig. : 4,6,32,35….26/42 13/08 Argenton 23 yls : 1er….1/2 134 pig. : 2,4,5,6,7…10/16 Prov. 385 yls : 1er ….1/2 1539 pig. : 13,46,48,49….8/16 Prov. 1738 yls : 1er Zone B 1546 yls : 1er Nat. 4123 yls : 6e

97/468 Noyon le 17/04. 105/531 Pont le 01/05. 208/1267 Dourdan le 07/05. 1/1175 Toury le 17/05. 8/106 Vierzon le 25/05. 72/778 Dourdan le 28/05. Le père du vainqueur de Châteauroux est un pur Charles Van Lancker, fils du 1er as-pigeon national de demi-fond, marié à une femelle provenant du couple de base Van Lancker. La mère de «Prince de Beloeil» est une pure Robert De Clercq, issue du couple de base de chez le champion flandrien. Pas de doute, nous sommes là en présence de performances dignes des plus grands champions. Dany va encore en étonner plus d’un, ceci n’est qu’un début!

*Dany tient à préciser qu'il utilise depuis 2011 les mélanges de la marque Teurlings ainsi que les produits Ortophar avec grande satisfaction. Ces produits sont disponibles chez son revendeur local, Frédéric Leclercq de Taintignies. www.fredericleclercq.be

Félicitations Dany, nous te souhaitons une saison 2012 du même acabit. Jean-Philippe Delmarle

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Dossier

CONDITION "poids de combat" Les concours importants commencent en mai, encore que certains les considèrent toujours comme des entraînements au cours desquels ils vont pouvoir juger leurs pigeons et désigner leurs candidats pour les nationaux de juin. L'ordre des rentrées influence généralement le manager en cette besogne de sélection.

Cela ne veut pas dire qu'en plus d'une circonstance, il ne devra bientôt réviser ce premier jugement car il y a en fait d'autres critères que les arrivées des premières joutes de la saison. En effet, après la période initiale de reprise de contact avec la route, l'état de corps du pigeon peut guider plus sûrement que toutes autres références, surtout s'il s'agit de veufs ayant bien volé antérieurement. On peut affirmer la même chose pour le colombier joué au naturel. Le tout est de bien apprécier la valeur des conditions. Ainsi, c'est le matin et avant la volée, avant que le pigeon n'ait quitté son casier, que l'on enregistre le mieux son état musculaire. En d'autres moments, cet état est moins caractérisé, car variant par l'effet des volées, des allées et venues, de toutes l'excitation que subit tout pigeon. Mais ces variations passagères, il faut en convenir, font que le pigeon présente mieux qu'il n'est au repos. Ceci vaut surtout pour le veuf car au naturel, les activités journalières peuvent influencer à rebours, au point que l'on en arrive à douter de la valeur de la condition. Le sujet qui vient de gaver en reste mou, désuni et ne reprend son état normal que peu à peu. Une pigeonne que l'on prend sur les œufs ne nous éclaire pas aussi bien sur son état de corps que si on la reprend un instant après qu'elle a quitté d'elle-même le nid. Les états de corps sont donc très changeants et aussi très trompeurs. Une preuve se trouve dans la pratique aussi vieille que le colombophile qui consiste à mettre les pigeons au panier pendant une heure et de les manipuler ensuite pour mieux faire le marquage de concours. Cela est une preuve également de l'importance capitale de l'état parfait de corps dans l'engagement en concours sérieux. Et de cette expérience, par la mise au panier, à qui n'est-il arrivé de remettre au colombier un pigeon prévu sur la liste de départ parce que trouvé en condition insuffisante? A ceux qui n'ont pas toujours procédé à ce contrôle par le séjour d'une heure au panier, il est arrivé aussi en passant les pigeons à l’enlogeur de découvrir subitement l'impression très forte que donnait l’un ou l’autre oiseau. Très souvent cette impression se confirmait au retour. Nous avouons que cela nous est survenu comme à d'autres et que chaque fois nous ne nous sentions pas très fier.

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Condition Mais on ne sait que difficilement opérer cette mise au panier préalable pour les pigeons partant aux longues épreuves, avec qui on

bréchet est absolument noyée. Le sujet gonflé paraît toujours léger et plus équilibré.

lutte quelquefois jusqu'à l'ultime minute pour le faire manger, qu'on aime aussi d'avoir vu aller à l'abreuvoir, avant la mise au panier. Évidemment, on pourrait manipuler en arrivant au local et on n'y gagnerait souvent la certitude d'avoir parfaitement classé ses candidats. Mais nous signalons au novice que le pigeon témoigne de sa parfaite condition selon sa conformation et sa nature. Les sujets du type puissant donnent une sensation de fermeté de chair, rappelant celle du caoutchouc durci et ceci malgré que leur bréchet peut rester en un rien saillant. Ces pigeons réalisent ce qu'on nomme le type en V. Ils sont alors un peu lourds à l'époque de grande condition. Dans les moins charpentés, la condition maximum nous donne le pigeon gonflé à musculature arrondie en laquelle la crête du

Entre les deux types si caractéristiques et nettement opposés, on observe les modèles intermédiaires, quoi qu'en forte condition, tous se rattachent à l'une ou l'autre catégorie. Personnellement, nous n'aimons pas le type dont le bréchet demeure toujours un rien saillant, ni le pigeon donnant la sensation d'être trop léger. Il y a un handicap dans ces états extrêmes selon les distances à voler et le genre de vent qui peut régner. Rien de tel pour une étape importante que le sujet gonflé et en qui on reconnaît qu'il a son poids et même un peu plus. Le type en V peut donner ces garanties, c'est pourquoi il a ses partisans. Notons au profit des joueurs de femelles au naturel, que, contrairement à ce qu'on croit, la condition a aussi ses problèmes dans le jeu. Plus d'une pigeonne en vient à manger de moins en moins au fur et à mesure

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que se développe sa fièvre de couvaison et en vient à être trop légère au moment où sa position de nid favorite se présente. Ces pigeonnes refusent d'abandonner leurs œufs à l'heure des repas ou elles ne viennent picorer qu'en vitesse au détriment de leur condition. Il y a donc lieu d'observer beaucoup dans les cas d'une bonne femelle à jouer dans les longs cours, de noter soigneusement lors des nids successifs le moment où on la trouve exactement comme on le voudrait pour une étape sérieuse. Peut-être s'indique-t-il de nourrir et abreuver au casier. Mais plus le séjour en panier sera de longue durée et plus grande la distance à survoler plus le manque de poids au départ deviendra un handicap dangereux. En pareille éventualité, l'avantage jouera en faveur du pigeon pesant plus son poids normal à l'heure de l'enlogement. Ce n'est pas facile de faire prendre dix grammes en trop à un veuf, tout le monde le sait. Dans la réalité, il y a plus de pigeons partis un peu légers que de trop pesants, dans un contingent en départ pour un 700 km. Le sel de cuisine permet souvent de redresser la situation. C'est véritablement un élément de conditionnement du pigeon, s'il y est habitué. Non seulement il purifie le sang, excite l'appétit, mais il fixe plus d'eau dans les tissus. Le bac à sel peut demeurer au colombier chaque semaine, du lundi au mercredi soir. Il convient de manipuler souvent, d'exercer ce qu'on pourrait appeler la mémoire de la main autant que celle de l'esprit.


Condition Qu'on aille dans une boulangerie au moment où la pâte est débitée et mise sur la balance et on sera stupéfait de ce que le boulanger ait pu acquérir un sens aussi merveilleux du poids, de la rapidité avec laquelle il gère son débit de pâte, de la succession des blocs faisant juste le poids. On doit avoir le poids à la main. C'est cela exactement que le colombophile doit acquérir et ce n'est que par un travail inlassable de la manipulation qu'il peut y parvenir. La main doit s'éduquer sans cesse à parvenir à la finesse de toucher. Le travailleur manuel est dit-on moins favorisé à cet égard. Nous croyons cependant qu'il peut gagner autant que quiconque l'habitude de main pour ce qui concerne le poids. C'est un travail, qui, nous le disions en commençant, comporte l'appréciation d'éléments forcément relatifs comme le moment où on manipule le type de pigeons, l'âge parfois et les positions de nid, s'il s'agit du naturel et de juger aussi en connaissance de la souche.

Ainsi, dans les familles riches en mordant, on arrive à très bien classer des mâles sur des oeufs et un rien lourds, mais surtout si l'étape exige de l'effort et plus d'une nuit au panier. Le surcouvage qui s'accompagne si souvent d'une condition plus que parfaite convient souvent à des mâles qui devront donner un sérieux coup de collier. Le mâle d'un an qui nourrit un jeune peut perdre facilement de son poids, alors qu'un adulte y trouve généralement un bénéfice de condition. Il y a une question de race, de puissance de constitution, du genre d'épreuves à jouer dont on doit tenir compte en évaluant la condition. L'individualité intervient également. Les fluctuations en matière d'état de corps et de poids sont aussi plus marquantes au naturel qu'au veuvage. L'amateur a cependant tout intérêt à suivre de près les états de conditions, avant le départ, au retour, puis durant les stades de préparation. En principe, le veuf qui fait son poids est à juger s'il n'est

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question que des étapes en dessous de 200 kilomètres. C'est le signe d'une récupération certaine. Dès qu'il y a alerte au sujet du poids, le repos d'un dimanche s'impose et ce n'est qu'après reprise du poids normal que le veuf peut être remis en ligne. Il est donc dangereux de se fier au seul mordant, alors qu'on a un doute sur la condition physique et sous le prétexte que le temps sera facile. La catastrophe peut se produire si le vent vient à être contraire ou pour le moins on retarde fortement le moment où le pigeon sera à nouveau à son maximum. Jean-Philippe Delmarle



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