Pigeon Magazine N°3

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N°3 - MARS / AVRIL 2012

Reportage François Collard Flavigny Séverine Wozniack Mickaël Dossier Découvrir "un bon pigeon"

Reportage

Reportage

Dossier

Dossier

Francois Collard

Wosniack & Flavigny

Rétrospective

L'espoir de découvrir un "bon pigeon"


SOMMAIRE 12

8

22

19

28

Dossier

Editorial 3 L'éditorial de Jean-Philippe

19 L'espoir de découvrir "le bon pigeon".

Reportage

Actualité

22 Séverine Flavigny et Mickaël Wozniack de Fournival - France

7 Les brèves ...

Rétrospective

Les conseils du Véto

8 Ainsi commença le sport colombophile

28 Posez toutes vos questions à notre vétérinaire spécialisé

Reportage 12 François Colard : Marbaix-la-Tour

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Editorial

Mars est là, la saison des concours est proche! Les jeunes à présent âgés de deux mois commencent à effectuer de belles volées en maints endroits. Il n'est pas rare d'entendre dire que la nouvelle génération tient l'air plus d'une demi-heure ici et là. Les éleveurs de la Sainte-Catherine ont pu remplir les compartiments de la tournée 2012 sans aucun problème, tellement le temps dont nous avons été gratifiés fut propice à l'élevage. Il n'en fut pas de même pour ceux ayant choisi le début de février pour la réunion des sexes et les gelées très fortes que nous avons alors connues durant deux semaines ont donné du fil à retordre aux "retardataires". Il valait bien mieux sauver le premier oeuf pour qu'il ne finisse en glaçon. Surtout chez les femelles plus jeunes. Malgré la neige et le froid, la période d'adduction semble s'être passée au mieux. Toutefois, des informations nous parviennent au sujet d'attaques de l'un ou l'autre virus ayant engendré pas mal de morts en certains colombiers. Et des attaques, il en est encore question, mais de rapaces cette fois. Les colombophiles n'habitant pas loin d'une forêt ou d'un bois payent parfois le prix fort à la présence de l'un ou l'autre couple d'éperviers qui déciment leur petite bande de jeunes en repérage avant les premiers envols. C'est chaque jour que certains amateurs voient disparaître une partie de leur besogne hivernale. C'est décourageant, au point tel qu'il devient préférable d'attendre que les oiseaux soient plus âgés

Editeur responsable Dimitri Fossé Loft-Technology sprl Rédacteur en chef Jean-Phlippe Delmarle

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L'édito de J-P

avant de commencer à les libérer, ils sont alors plus costauds et attentifs afin d'échapper aux griffes du gourmand. Lors d'une visite chez le champion Wim Muller à Wilhelminadorp, ce dernier nous confiait ne lâcher ses jeunes qu'à l'âge de trois mois. Il faut savoir qu'il habite au beau milieu d'une zone protégée et que les rapaces y sont choyés. Les pertes étaient bien moins nombreuses de la sorte. Juste faut-il s'armer de patience les premiers jours, car les rentrées peuvent se succéder durant un bon laps de temps durant les premières envolées. Cela étant, la prolifération des rapaces inquiète et ce n'est pas la vue de certains de leurs nids, remplis de bagues diverses, qui va calmer les esprits. Mais, à notre époque, il faut bien avouer que nous ne luttons pas à armes égales avec les "défenseurs de la nature" voulant réintroduire cet oiseau là où il a pratiquement disparu, sans tenir compte du fait que ses proies potentielles n'y sont également plus présentes. La manière parfois abrupte avec laquelle certains colombophiles s'en prennent à eux n'étant pas non plus un gage de réussite pour ouvrir un dialogue constructif. Fugare édition 2012 a vécu et la manifestation fut l'égale de celle de l'an dernier. Le taux de fréquentation, au niveau visiteurs, est en parfait équilibre par rapport à l'an

dernier. Et même en légère augmentation en rapport au nombre de stands présents. De l'avis général, l'ambiance fut bonne et les "affaires" ont bien marché pour la presque totalité de ceux qui y présentaient des descendants de leur colonie. Selon nous, nous sommes là arrivés au maximum des possibilités pour un salon colombophile en Belgique et on ne devrait pas avoir d'augmentation de présence dans le futur. Il ne faut pas perdre de vue qu'il faut garder un certain équilibre au niveau de l'offre qui, si elle devient trop importante, ne rencontrera plus le succès chez tous. Une espèce de savant mélange où tout le monde s'y retrouve, voilà qui est déjà bien. Il faut écrire à ce sujet que la Belgique traîne un handicap derrière elle en comparaison des grandes manifestations en Hollande ou encore en Allemagne. Le fait de ne pouvoir vendre de produits médicamenteux en amène plus d'un à se déplacer plutôt vers ces deux pays limitrophes. Pour le Comité de Promotion de la RFCB, il serait bon d'essayer de faire en sorte d'attirer une autre population que les colombophiles vers Courtrai. Si le but des organisateurs est bien entendu de faire le plein de colombophiles, cela tourne toutefois en vase clos, n'amenant pas d'intérêts chez ceux ne connaissant pas notre hobby. -4-


L'édito de JP Comme nous le suggérions l'an dernier, un colombier commun où seraient hébergés des oiseaux pouvant être suivis dans le milieu scolaire et avec en point d'orgue la présentation des pigeons lors du Salon de Courtrai pourrait être une solution pour attirer les regards du monde extérieur. Entendons-nous bien, nous ne critiquons nullement l'idée de ce salon Courtraisien, il ne nous semble seulement ne pas être tourné vers l'extérieur. Juste avant l'ouverture de la saison, une telle manifestation où règne la bonne humeur vous met d'attaque pour l'aborder dans les meilleures conditions possibles. C'est au contact de sourires et de bons mots que l'on peut soi-même relayer la bonne humeur autour de soi. La RFCB "nouvelle formule" est sur les rails pour une période de six ans. Il s'est passé pas mal de remous tout en haut de sa hiérarchie et nous avons désormais une nouvelle équipe dirigeante. Nous avons pu lire que nos provinces wallonnes ne seraient pas à la fête avec un nouveau président que l'on annonce porté sur le "Nord" du pays. Nous sommes d'avis qu'il faut tempérer les ardeurs à ce sujet et qu'il serait bon de juger les personnes selon les actes qu'elles poseront dans le futur et non pas sur les possibles intentions que certains veulent bien leur prêter. Ce qui est certain, c'est que le boulot et les défis ne vont pas manquer. Comme vous avez pu vous en rendre compte en lisant ce journal, les "One Loft" tournent à plein régime en ce début d'année. On n'en finit plus de fêter les champions du Monde par ici et les autres champions du Monde par là. Il y a ici vraiment de quoi en perdre son latin. Celui qui veut engager des

ici et les autres champions du Monde par là. Il y a ici vraiment de quoi en perdre son latin. Celui qui veut engager des oiseaux dans un maximum de ces colombiers communs a intérêt à se doter d'un fameux colombier d'élevage. C'est le "Derby Arona" qui tient la position de leader incontesté en matière de gestion de l'image. Des îles paradisiaques, un climat absolument fabuleux et de bonnes images bien ficelées où l'on peut voir des pigeons évoluer en parfaite harmonie, voilà qui pourrait être positif pour notre activité. Là où ça le devient beaucoup moins, c'est lorsque l'on veut poser le bilan des différentes épreuves auxquelles

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sont conviés les oiseaux. Ce n'est plus alors de colombophilie, mais de véritable boucherie qu'il faut parler. Cette année, c'est déjà un peu plus de 1.500 oiseaux des plus de 1.700 de départ qui ont payé le prix fort pour avoir été engagés dans ce que les organisateurs qualifient de "vol extrême". Et les 200 survivants doivent encore se payer le plat de résistance. Pas certain que l'on trouvera encore beaucoup de monde autour de la mangeoire à l'issue du concours final. La colombophilie a tenu en haleine journaux télévisés et presse écrite. Tous voulaient en savoir plus sur ce fameux pigeon ayant été vendu pour un quart de million d'euros.


L'edito de JP

Les images n'ont pas manqué afin de présenter l'oiseau objet de toutes les convoitises sous toutes ses coutures. On a aussi pu avoir une idée du genre d'installation dans lesquelles sont hébergés ces champions du ciel. La visite des colombiers de Marc De Cock fut bien agréable: douche, chauffage à 25 degrés et lampes chauffantes afin de sécher les oiseaux au sortir de leur bain hebdomadaire. En plein cœur d'une période de deux semaines de froid intense avec des visions de sans-abris qui mouraient de froid par centaines en Europe, on peut écrire sans peur de se tromper que le moment était très mal choisi pour distiller pareille publicité. La gestion de la distribution du vaccin contre la paramyxovirose pose question. Le Colombovac est pratiquement introuvable en Belgique, alors qu'un simple coup de fil à une pharmacie dans le Nord de la France vous permet d'aller en prendre possession dès le lendemain. Le tout est de savoir comment pouvoir disposer de l'attestation du vétérinaire qui ne voudra alors utiliser que le produit qu'il peut obtenir lui-même. Et comme on ne sait pratiquement pas en obtenir en Belgique… C'est comme le chien qui veut se mordre le bout de la queue. Le moins amusant dans l'histoire, c'est que l'Afsca n'en finit pas de nous mettre au courant de la présence de cas de paramyxovirose aux 4 coins du pays.

Les colombophiles auraient bien besoin de l'aide de leur fédération afin de ne pas devoir se compliquer la vie inutilement. La simple attestation requise en France de l'achat du produit et la signature d'un témoin suffisent, alors que chez nous c'est le vétérinaire qui doit signer l'attestation en question. Le colombophile est assez grand pour savoir qu'il se trouve dans l'obligation de vacciner ses oiseaux sous peine de les voir se faire décimer par la maladie. A défaut de pouvoir se procurer un vaccin aisément, il faudrait pouvoir être moins intransigeant au sujet de sa provenance. Dans moins d'un mois à présent, les frontières de la France vont s'ouvrir pour accueillir les premiers contingents. Comment les transporteurs vont-ils pouvoir gérer l'incessante augmentation des produits pétroliers sans devoir les répercuter sur les factures aux sociétés? Il est presque certain que si cela continue de la sorte, nous allons de nouveau devoir mettre la main à la poche plus profondément encore. Nous allons devoir nous plier à des normes de ramassage plus strictes et ce afin de diminuer le parcours entre les lieux de rassemblement. C'est bel et bien de survie des sociétés les plus fragiles dont il sera alors question. Le contexte économique n'est vraiment pas encourageant et notre hobby se serait bien passé de ces gros inconvénients. J-P Delmarle -6-


Les brèves ..

Mr. Jan Lotterman est décédé Un grand colombophile nous as quittés. Jan Lotterman Jan est décédé le dimanche, Février 26, après un tragique accident. Toute la rédaction souhaite beaucoup de courage à la famille en ce difficile passage. Toutes nos sincères condoléances à la famille ainsi qu'a tous les proches.

Van Bockstaele Stefaan a était élu nouveau président National. Représentant commercial en chef chez VW-Audi a Forest pendant plus de 20 années, il est clair qu'il est apte à la fonction pour négocier les remises nécessaires à la promotion de la colombophilie. Jeune et dynamique, il pourrait envisager un renouvellement de mandat mais avant de faire des plans sur la comète, il va falloir se mettre au travail. Nous vous souhaitons une excellente installation dans vos nouvelles fonctions.

Saint-Vincent et Perpignan 2012

Les organisateurs de l'Entente Belge ont annoncés quelques changements au programme L'enlogement de ST. VINCENT aura lieu le MERCREDI 11 juillet et le lâcher est prévu pour le DIMANCHE 15 juillet 2012. L'enlogement de PERPIGNAN aura lieu le LUNDI 30 juillet et le lâcher pour le VENDREDI 3 août 2012. -7-


Dossier

Un colombier de de type "fuies", réservés aux seigneurs, nobles et gros fermiers.

Ainsi commença... le sport colombophile. Au temps jadis, le droit de détenir et de laisser voler les pigeons était exclusivement réservé aux seigneurs, aux nobles et à quelques gros fermiers. Eux seuls en possédaient en de grandes tours (rondes où carrées) colombiers dénommés "fuies" (il en existe encore peut-être quelques-uns chez nous ci et là). Généralement ces pigeons étaient groupés par centaines (voir milliers) et battaient librement la campagne allant grappiller leur pitance dans les champs au grand dam des petits cultivateurs car, ils provoquaient beaucoup de dégâts dans les cultures. -8-


L

La révolution française de 1789 supprime ce privilège

"A l'arrivée des pigeons au colombier, on les plaçait dans "un petit sac" sur les pigeons. Plus tard, quelques autres le firent également, tels Chapuis, André, Rosoor, etc. Au 19e siècle quelques journaux virent le jour. Nous y reviendrons. Toutefois, feu André Gérard, directeur du "Miroir Colombophile" décrivit au mieux en ses chroniques comment l'on joua aux pigeons au début.

et de grosses colonies furent anéanties pour nourrir le peuple. A partir d'alors, chaque citoyen pu en posséder à son tour. Ce fût le grand départ réel de notre sport favori. Le code Napoléon en fixe les principales règles. Ainsi plusieurs personnes firent l'élevage du pigeon en de nombreux petits pigeonniers. On croisa plusieurs races différentes et on essaya les produits en de petits concours.

En voici des extraits: "En 1854, une société colombophile de Verviers mettait à son programme trois concours, le premier à la portée de tous, le second sur Bordeaux et enfin le troisième sur Victoria, dans la province de Navarre, en Espagne. Le montant de la mise obligatoire, y compris le coût du transport, était fixé à 2 fr. pour Tours, 3 fr. pour Bordeaux et 5 fr. pour Victoria. Le montant des mises, spécifiait l'article 3 du règlement de ces concours, servira à former douze prix, déduction faite des frais de transport et d'organisation. Ceux-ci, était-il aussi spécifié, seront présentés en compte exact aux participants, tandis que la valeur des prix sera affichée au local et finalement que les dits prix pourront être perçus chez le trésorier de la société, le lendemain du

La colombophilie se défini en plusieurs époques différentes: 1) début vers 1820/1830 jusque 1870 2) guerre de 1870 à 1875/1880 3) de 1875/80 à 1914 4) guerre de 1914 à 1918/1920 5) de 1918/1920 à 1940 6) guerre de 1940 à 1945 7) de 1945 à nos jours. Les débuts, pendant tout le siècle dernier, furent très laborieux, spectaculaires, passionnants. Nous avons retrouvés en nos archives de précieux documents qui relatent la pratique de nos aïeux pour notre "hobby". L'auteur français La Perre -9-


Dossier Rétrospective

jour où serait clôturé le procès-verbal d'arrivée des pigeons.

Si celui-ci était éloigné, on organisait des relais de coureurs. Dès que le

Malheureusement, une insurrection ayant éclaté en Espagne, le concours sur Victoria ne put avoir lieu, la frontière espagnole ayant été fermée. Rappelons qu'en ce temps-là les pigeons engagés dans un concours étaient munis avant leur départ de contremarques appliquées au tampon sur les grandes plumes des ailes.

pigeon était arrivé, on vérifiait ses contremarques et on le plaçait dans un panier d'exposition où il demeurait un temps variable selon les circonstances: une couple d'heures ou le reste de la journée. On voit qu'il y a plus d’un siècle le sport colombophile était assez spectaculaire. Les glissades de sacs à pigeons, les coureurs s'élançant vers le siège de la société où siégeait le Comité, et parfois rivalisant de vitesse entre eux lorsque deux pigeons d'amateurs voisins arrivaient ensemble à destination, et enfin l'exposition des lauréats aussitôt après leur arrivée, constituaient autant de sources d'attractions dont une foule de gens faisaient leurs délices du dimanche, des plus riches aux plus pauvres. En ce temps là, les pigeons n'étaient pas bagués, un allemand avait inventé et fabriqué des bagues en faïence, mais elles cassaient facilement. Puis vinrent des essais avec des bagues en métal qui donnèrent satisfactions. Nous y reviendrons. Ce n'est qu'en 1913 que la société de Lille fut la première à interdire de jouer avec des pigeons non bagués. A suivre..

Ces contremarques se composaient de lettres, chiffres et dessins. Le facsimilé de ces contremarques (posées secrètement tandis que l'amateur passait l'aile ouverte de ses pigeons sous un rideau) était consigné sur un registre avec la couleur du pigeon et ses autres caractéristiques (mâle écaillé clair, yeux blancs, neuvième couteau aile gauche blanc 812 R.V. un losange). A l'arrivée des pigeons au colombier, on les plaçait dans un petit sac dont le fond était constitué par une planchette ou une petite corbeille. Ce sac, accroché à une roulette, glissant sur une corde tendue obliquement de la toiture dans la rue, où un coureur le saisissait (souvent entre les dents) et (filait à toutes jambes vers le local.

Jean-Philippe Delmarle

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REPORTAGE

François COLLARD (Marbaix-la-Tour) Une légende vivante de la colombophilie nationale!

U

" Avec sa petite silhouette fluette, sa démarche bien particulière faite de petits pas, son éternel sourire et sa gentillesse naturelle, François Collard ne passe pas vraiment inaperçu. Si vous le croisez avec son épouse au bras, immanquablement cela vous fera songer à une certaine noblesse, mais aussi un charme naturel. Une douceur de contact par excellence."

ne fois les vêtements changés, les marches du pigeonnier grimpées, c’est une autre paire de manches dont il s’agit alors. L’homme calme et pondéré se

transforme en un véritable ogre, une formidable machine à fabriquer des oiseaux de qualité afin de porter vers des sommets toujours plus élevés une colonie qu’il mène de main de maître depuis tant et tant d’années. Alors que nous collaborions à un autre journal, nous étions allé à sa rencontre il y a peu et revenons, pour notre magazine, sur cette très belle rencontre. Pour se rendre chez François Collard, en quittant l’autoroute après Charleroi, on laisse sur la droite la route menant chez Feu Marc Roosens et en poussant un peu plus loin, juste avant de quitter le «ring», c’est le nom enchanteur de Forchies-la-Marche qui apparaît sur les panneaux indicateurs, non sans rappeler le nom d’un certain Marcel Englebienne. Que de magnifiques et grands champions ayant vécu, et - 12 -


François Collard (Marbaix la-tour)

vivant encore pour le premier cité, dans cette partie de la Wallonie! Marbaix-la-Tour est situé sur le chemin menant à Beaumont et le paysage à se bosseler doucement, laissant apparaître un bien joli panorama partagé entre longues parcelles champêtres et léger relief. C’est au centre du village que nous sommes attendu par le charmant couple formé de François et son épouse, Raymonde. L’un et l’autre possèdent ce sens poussé du «bien recevoir» et c’est un régal que de mener conversation avec des personnes de leur qualité. La colombophilie, en tous temps, a toujours possédé en ses rangs des champions d'exception qui se distinguent de la masse par leur connaissance innée du pigeon voyageur. Sans peur de se tromper, une carrière au sommet de plus de soixante années en étant d’ailleurs le meilleur témoin, nous pouvons cataloguer François Collard dans cette catégorie des vrais connaisseurs de pigeons. De ces amateurs dont les mains sont capables de "parler" aux pigeons, des personnes dont le système sensoriel et l'intuitivité leur permettent de distinguer et de mettre en valeur les qualités des animaux en général ou des oiseaux en particulier. C'est d'ailleurs dans une ferme qu'est né François Collard. Une ferme des Ardennes, région dont on sait que les habitants sont de rudes travailleurs,

durs au mal. C'est son frère qui lui apporta ses premiers pigeons, un peu à l'insu du paternel qui ne voulait entendre parler de ces volatiles, du moins à ce qu'il se plaisait à répéter. Le jeune François avait dès lors troué un mur, orifice par lequel il accueillait ses pigeons de retour de concours. A plusieurs reprises, cependant, il avait bien remarqué la présence de son père qui guettait lui aussi le retour de concours des oiseaux. François avait à l'époque noté la supériorité du tandem Anversois HuyskenVan Riel. C'est en train qu'il se rendit chez les grands champions et il porta son choix sur un mâle bleu à plumes blanches qu'il ramena chez lui. C'est cet oiseau rare qui fut à l'origine de son premier titre de gloire: 1er as-pigeon belge de fond! François ne venait à peine que de dépasser l’âge de vingt ans! Ce petit mâle Huyskens-Van Riel qui n'avait jamais volé à Anvers s'échappa même du colombier du jeune Ardennais qui finira par le récupérer quelques jours plus tard. Héritant du nom de "Favori", ce remarquable reproducteur fut également à la base des succès d'un certain Richard Mersch de Strée. Le sang du "Favori" se retrouvait d'ailleurs chez le fameux "Saint-Vincent" Mersch! François joua quelques années encore avant de déménager. Une allergie au foin l'avait contraint à s'éloigner de la ferme familiale où il oeuvrait pour assurer sa pitance. - 13 -


Reportage C'est en reprenant un commerce qu'il vint alors s'installer en Hainaut, jouant à un premier domicile avant d'intégrer celui qu'il habite toujours à habite toujours à l'heure actuelle. Petite anecdote qui confirme bien que nous avons ici affaire un à colombophile doué: trois semaines après avoir emménagé, il jouait déjà et remportait des succès avec des pigeons à peine adduits à leur nouveau colombier. Vint alors la glorieuse époque où le demi-fond était roi et sur lequel il… régna bien évidemment! Trois victoires nationales vinrent agrémenter le tableau de chasse de la colonie qui renversait tout sur son passage: -

demi-fond. Fin des années '90, François décida d'abandonner la chasse aux championnats et, en raison de sa situation géographique, il se mit en tête de donner un nouvel élan à sa colonie. Il aborderait désormais les étapes de fond et ce en visant à se distinguer sur les concours auxquels il avait décidé de participer. Il décida également d'adopter la politique d'élevage qu'il avait mise à l'essai depuis quelques années et de ne plus garder comme reproducteurs que deux mâles qu'il utiliserait comme étalons. Il est dans doute le plus grand spécialiste de l'exercice à l'heure actuelle. Pour arriver à cela, sa connaissance du pigeon lui est d'une nécessité ..

- 1er national Limoges. - 1er national Argenton. - 1er national Bourges. Deux frères, deux pigeons exceptionnels, se livraient alors bataille chez Collard. Ils provenaient d'un croisement Janssen et Torrekens. Petite anecdote. A l'époque, avec un ami connaissant les frères Janssen, il se rendit ainsi à Arendonk. Cet ami ne demeurant pas trop loin de chez les frères Janssen avait demandé à l'un d'eux de venir trier sa colonie, ce qui fut fait. Son domicile se situait à 60 kilomètres d'Arendonk et le brave Charel de déclarer qu'il venait là d'accomplir le plus grand voyage de sa vie. Un comble pour un amateur dont les pigeons sont répartis sur toute la planète… Les années '80 et '90 voyaient la colonie de François Collard se distinguer de façon incroyable sur le demi-fond.

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capitale! En effet, toute erreur dans le choix des étalons signifierait le déclin immédiat de la colonie. Mais François connaît sa passion sur le bout des doigts et il lui est possible de dénicher un oiseau répondant à ses principes aussi simplement que les grands joailliers sont capables de distinguer les pierres précieuses de grande valeur. C'est cette qualité supérieure qui lui permit de choisir une perle rare au colombier Devos de Deerlijk, femelle qui prit une importance capitale dans l'élaboration de sa colonie actuelle. Etienne lui offrit un pont d'or pour la récupérer, mais se heurta au refus de François qui savait bien qu'il détenait ..


.. là un oiseau fantastique. Un de ses fils est d'ailleurs l'un des deux étalons attitrés du moment. Le second est un mâle Derauw-Sablon qui fut acquis également pour une forte somme lors d'une vente publique. Deux autres mâles sont à l'essai cette année afin d'être prêts lorsque les deux oiseaux rares principaux auront cessé de procréer. Et qu'est-ce qu'ils procréent! Avec son système d'étalons, François obtient en moyenne 40 à 50 jeunes de chacun de ses deux reproducteurs principaux! Les œufs sont bien entendu confiés à des nourriciers spécialement dévolus à cette mission. François nous a d'ailleurs patiemment expliqué son système en nous invitant au colombier de reproduction. Les femelles sont enfermées tantôt au casier, tantôt mises en volière. Le principe étant qu'elles ne peuvent se rapprocher physiquement du mâle que lors de la copulation qui est planifiée par François en soirée. En liberté dans la volière, les femelles peuvent ainsi se nourrir tranquillement et s'ébattre avant de regagner le casier l'après-midi. Une à une, elles sont alors mises en présence du mâle chargé de les "couvrir" et chaque copulation est notée au casier que la dame réintègre après l'acte amoureux. Une autre femelle est alors libérée pour le même exercice. Les casiers sont en fait deux demi-casiers où les femelles se voient et d'où elles

peuvent voir leur mâle également. Un système qui permet aux mâles de ne pas s'abîmer et rester de la sorte longtemps fertiles. Les mâles sont très calmes durant la journée et «servent» chaque femelle une seule fois par jour, soit bien moins que ne le ferait un autre mâle élevant de façon traditionnelle. Les produits étant issus de ces unions sont aussi valables les uns que les autres pour François. Il veille certes à travailler le croisement, mais n'hésite pas non plus à accoupler père et fille. Le 22e aspigeon belge de l'an dernier est d'ailleurs le produit d'une telle union. Tout cela débouche bien évidemment sur des pigeons d'un même type et d'un même gabarit. Tous des bleus, couleur que préfère François! La qualité première recherchée se situe au niveau de la cambrure de l'aile, l'outil le plus important pour le pigeon et qui a été étudié longuement par le champion. Vous avez un veuf en mains, vous avez vu la colonie entière! Quel plaisir pour les yeux, mais surtout pour les mains! Une telle colonie est sans doute unique au monde! Outre les étalons et les femelles destinées à ce périlleux exercice, le colombier Collard se repose sur une équipe de 32 veufs, tous hébergés dans le même colombier et prenant tous part aux mêmes épreuves en même temps et ce tous les quinze jours. François a opté pour ce système afin de ne déranger qu'une seule fois ses oiseaux, mais aussi


Reportage pour accorder le repos à tous en même temps. Toute l'équipe est ainsi engagée sur la même épreuve avec des constatations absolument fabuleuses! Les veufs sont nourris au casier en saison de jeu et reçoivent un mélange léger en début de semaine avant d'être bien nourris en prévision de l'échéance future. La femelle est toujours présentée au départ de l'épreuve et est bien entendu au poste lors du retour. Lors de la semaine de repos, les veufs sont emmenés à 25 kilomètres et lâchés. Au retour, la femelle est à nouveau présente pour une heure ou deux! Cela permet de garder les oiseaux sur la brèche. Les yearlings sont poussés jusque Limoges avec prudence, des tardifs en composant l'équipe. La jeune génération est peu entraînée, la manière d'élever faisant que de fréquents apports au colombier de jeunes sont opérés en cours de saison et ce avec tous les désagréments générés. François ne va jamais chez le vétérinaire et s'en tient à une cure combinant la chasse du trichomonas, la coccidiose et le coryza en début de saison et ce pour une durée de 10 jours. Des rappels d'un jour et demi sont alors au programme le lendemain de l'épreuve jouée. François fait confiance à la firme Beyers qui lui fournit sa nourriture sur base du menu qu'il a lui-même établi au préalable. Amateur, pigeons, pour que la trilogie mérite de porter son nom, il faut encore y ajouter un troisième paramètre et ce dernier est bien entendu le colombier. Les installations Collard sont un modèle du genre. C’est simple, on

dirait qu’elles ont été construites il y a peu et ce bien qu’elles ne datent pas d’hier. Comme tout grand champion et comme bon Ardennais se respectant, François Collard est toujours en avance d’une longueur sur la concurrence et il s’est ainsi doté d’installations très fonctionnelles, exactement comme on les recherche à notre époque. Cependant, il y a une trentaine d’années que lui les utilise! Des volières sur roues sont disposées devant les colombiers donnant la possibilité d’aérer ces derniers de façon optimale. Elles permettent aussi l’accès au dehors lorsque le temps n’est pas trop engageant. Elles permettent surtout

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aux oiseaux qui s’y rendent de prendre une douche puisqu’un ingénieux système a été mis au point dans cette optique. La jeune génération profite également de ces volières durant la période d’adduction. Ce que nous avons vu et entendu à Marbaix-la-Tour vient simplement confirmer ce que nous observons lors de nos visites chez les meilleurs. François Collard n’est pas arrivé et ne s’est pas maintenu toutes ces années au sommet par le simple fait du hasard. A la connaissance innée de l’oiseau, il faut ajouter un travail colossal et sans relâche. Comme chez les meilleurs également, la présence de


François Collard (Marbaix-la-Tour)

l’épouse de l’amateur aux colombiers est remarquable et diablement appréciable.

Résultats de la colonie

"Le nom de François Collard peut sans

Des titres et des victoires depuis plus de 50 ans !

problème être associé aux plus grands

3 victoires nationales : 1 Nat. Limoges’81 1 Nat. Argenton’83 1 Nat. Bourges’91

noms de notre colombophilie nationale qu’il aura marquée de son talent exceptionnel et nous lui souhaitons que

1956 As-pigeon Fond Belge avec L’Avignon 1978 As-pigeon Grand Fond 1981 Remporte la Volvo au Gt. E.S.M. 1983 1e Champion Gén. C.B. et 1e Fond

cela dure encore dans les années futures.

Les êtres passionnés sont en fait des

Quelques exploits des dernières années

personnes… passionnantes avec

2009 Marseille 66 pigeons 1ier 2 3 6 7 9 11 12 13 15 16 17 19 20 distance 812 km vitesse 1165 m 1/8/09

lesquelles l’on peut passer de bien agréables moments. Cette espèce de

2007 Irun (Espagne) (910 km) Seul amateur belge à avoir constaté 14 pigeons le jour du lâcher

noblesse dans le geste et la parole qui caractérise les époux Collard en fait de merveilleux ambassadeurs de notre

2006 CAHORS (684 km) 184 p. : 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 16, 17, 18, 19, 20, 24,25,26,29,32,42,45, 3787 p.: 28, 45, 50, 53, 63, 65, 77,108, 110, 111, 134, 140, 154, 165, 171, 240, 243, 258, 268, … Le seul amateur belge à avoir constaté 19 pigeons le jour du lâcher (vitesse 1040 m)

hobby.

Ne changez surtout rien et continuez donc à nous permettre d’admirer votre dextérité à tirer le meilleur de vos formidables

2005 NARBONNE (806 km) 124 p. : 1, 2, 3, 4, 5, 7, 9, 11,13, 14, 17, 22, 31, Ent.Belge 2243 p. : 18, 29, 54, 56, 98, 105, 161, 232,261, 289, 290 ,366, Le seul amateur belge à avoir constaté 14 pigeons le jour du lâcher (vitesse : 1200 m)

voiliers!"

Jean-Philippe Delmarle

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Dossier

L'espoir de découvrir "le bon pigeon" N'est-ce pas à cela que tient la colombophilie? Maintenant certes plus encore qu'en le passé que nos précurseurs ont connu. Alors la foi était certaine, mais la vérité que l'on cherchait n'était pas tout à fait pareille.

Avant la dernière guerre, c'est surtout en l'art de soigner que le débutant apprenait à croire. Nous ne savons si alors la qualité avait tellement proliféré ou si c'était la multitude des pigeons volant chaque dimanche en concours qui rendait le succès plus facile, il n'empêche que le novice parvenant à avoir des pigeons riches de lustre, ronds, mais tout justes de corps, ne se passait pas de prix. Il n'est pas simple de comparer car cette vertu du soigneur d'élite, il importe toujours de l'avoir en soi et cependant nombreux sont ceux qui affirment que de nos jours c'est plus difficile, invoquant que le problème du bon pigeon devient davantage décisif, à la fois en chaque résultat du dimanche et un peu, beaucoup, en la carrière de chacun d'entre nous. Partant de cette autre vérité que tout le monde nourrit bien et que parallèlement le colombier partout est devenu un milieu sain, confortable, soit qu'en ce domaine on travaille à égalité de moyens, c'est donc au travers de la multiplicité des bons pigeons qui volent maintenant qu'il convient de saisir s'il se peut le fait merveilleux des succès que nous cherchons évidemment, mais bien plus encore l'outil parfait et précieux sans quoi le meilleur soigneur qui soit, ne saurait prétendre qu'à sauver ses mises. Plus? C'est bien là la question. Aux fins d'y donner la réponse que certains recherchent durant des dizaines d'années sans la trouver, nous allons essayer de nous rapprocher de la conception du vrai bon pigeon. Parmi la centaine d'extra participant à un concours de mille, c'est celui qui, étant le mieux préparé en raison du travail et de l'expérience du manager, remporte la victoire. Il y en a, un, cinq, dix, qui émergent et dominent parmi cent sujets égaux en valeur, mais que vont départager des différences très minimes, intéressant la condition, la forme. N'est-ce aussi reconnaître que le bon pigeon existe en de tas de colombiers, mais le sait-on assez et agit-on en conséquence?

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L'espoir de découvrir "le bon pigeon" Il arrive encore tant de fois qu'en son colombier le meilleur demeure pratiquement un inconnu et qu'il n'a pas sa chance. Les raisons en demeurent confuses, quant à leur explication. Souvent c'est parce que le manager a toujours mis sa préférence sur d'autres à qui il sert de la petite pincée qui aurait amené aussi le meilleur à se montrer. Peut-être en tant que pigeonneau, riche déjà de par son hérédité, est né alors que ses parents ne se trouvaient pas à leur maximum de santé. C'est de l'élevage et du brillant de vigueur qu'on sait parfois lui donner que sort ce genre de pigeons que nous appelons les bons. Rappelons-nous qu'en certaines années, et c’est le cas chez de nombreux amateurs, nous avions trouvé plusieurs pigeons de bel avenir, et plus qu'en bien des autres. Pourquoi? Pourquoi les bonnes années et les mauvaises? Probablement parce que la bonne saison d'élevage s'est réalisée avec des reproducteurs au maximum de condition et de santé,

situation que sans doute on pourrait connaître en bien des années... Oui, avec un service plus régulier de grit, pierre à picorer et autres, un soin plus assidu envers soin plus assidu envers l'abreuvoir et une attention plus réfléchie à tout détail qui soit. Les reproducteurs qui ont donné de l'extra devraient pouvoir en rendre à nouveau. S'ils vous font douter de leur valeur malgré tout le soin que vous affirmez qu'ils reçoivent, et le bel état que vous savez leur faire acquérir, alors cherchez autre chose. Mieux encore, essayez de savoir ce que vous voulez en tant que bon pigeon et voyez où et comment vous procurer cela sous la forme de produits directs ou de reproducteurs. C'est difficile de bien concevoir le pigeon dont on serait enfin heureux. Il nous est arrivé d'imaginer que le pigeon de fond moderne devrait voler plus vite, c'est à dire progresser au sens de la vitesse. Est-ce que la définition du pigeon de vitesse n'aboutit pas aussi à un pigeon volant plus vite que les autres, si on aspire à gagner

des premiers prix? Expliquer le bon pigeon est-il tellement nécessaire si on parvient à l'introduire en son pigeonnier et à en élever le produit valable comme le père? L'hérédité veut que les qualités et défauts se transmettent du géniteur à ses descendants. Rien qu'avec une telle vérité, n'importe qui, d'expérience ou pas en colombophilie, est armé pour faire le bon pigeon qu'il envie chez son voisin. La bonne graine dépend d'une bonne graine, si le champ a été travaillé, fumé, désherbé, mis en l'état idéal qu'exigent les lois de végétation ou de perpétuation des espèces. Les conseils du vieux laboureur de La Fontaine, à ses fils, résumaient les lois de vie, lorsqu'il leur disait: "Travaillez, prenez de la peine, c'est le fond qui manque le moins". La sélection ne nous aide-t-elle à faire le bon pigeon? Sachons donc le comprendre. Jean-Philippe Delmarle

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Reportage

Séverine FLAVIGNY et Mickaël WOZNIACK Doubles champions de France (2008 – 2009)

"De formidables champions doublés d’un charmant couple trônant au sommet de la colombophilie Française".

"Une incroyable régularité dans les «One Lofts» en Asie prouvant la grande valeur de leur colonie"

faut bien appeler par le nom qui lui convent le mieux, le plus joli petit couple de la colombophilie Française. Quel charme, quel coup de fraîcheur et quelle chance pour notre discipline comme la nôtre que de pouvoir compter en ses rangs de tels ambassadeurs! Deux jeunes amoureux l’un de l’autre et tendrement enlacés autour de leur passion qu’est la colombophilie, c’est si rare, mais tellement beau! Fournival est un petit village champêtre d’un peu plus de 500 habitants. Lorsque vous quittez la route nationale, c’est un dédale de petites routes qui serpentent dans un cadre splendide qui vous y conduit. Bois, étendue de champs à perte de vue, une véritable incitation à la balade. C’est là, à l’entrée du village, ..


Séverine FLAVIGNY et Mickaël WOZNIACK

à l’entrée du village, que les habitants du lieu ont vu s’ériger voici quelques années une maison, rien de bien particulier jusque là. Leur attention fut toutefois attirée par ce qui se tramait dans le jardin avec ces constructions de bois, ressemblant selon certains à des wagons de chemin de fer et qui prenaient toujours plus d’ampleur. Quelle ne fut leur surprise d’apprendre que c’est un jeune couple d’amoureux entre eux évidemment, mais aussi des pigeons qui venait s’installer de la sorte! Une belle petite demeure, flanquée d’un grand terrain sur l’arrière, terrain planté de multiples pigeonniers et, tout au fond du jardin, une large dalle, résidence principale d’été en vue d’assister au retour des oiseaux revenant des plus ou moins lointaines expéditions sur le beau territoire de France. Voici le décor planté, il ne reste plus qu’à faire connaissance avec les résidants! Mickaël est âgé de trente-quatre ans, il exerce la profession de dépanneur dans le secteur de la grande distribution. Son enfance fut peuplée d'images où les pigeons étaient au centre des débats. Grandpère et père jouaient en effet aux pigeons. Guère de filiation directe traversant les générations ici puisque c'est du côté maternel qu'il convient de s'orienter pour trouver la trace des bêtes à plumes au niveau du grand-père. A peine âgé de douze ans, Mickaël reçut de son paternel une dizaine de

pigeons, les plus performants du colombier. L'année de transition écoulée, et voilà que le père, pas véritablement colombophile dans l'âme, cède la colonie entière au fiston. Une centaine de pigeons à diriger à treize ans, la charge se révèlera bien vite trop lourde à supporter. Commencent alors les années de galère, mais également le temps du dur apprentissage en étant constamment obligé de rectifier le tir en fonction du parcours jonché d'erreurs. C'est en appuyant bien fort sur une blessure que l'on se rend compte d'où vient la douleur et on apprend vite à ne plus appuyer deux fois au même endroit… Le grand-père expliquait les ficelles du métier, le père entretenait financièrement la colonie et le fils s'asseyait sur ses erreurs pour mieux trouver la stabilité. Mickaël se souvient de cette époque, pas si lointaine vu son jeune âge, époque à laquelle les entraînements communs aux deux colonies du grand-père et du petit-fils débouchaient sur d'énormes pertes chez l'un pendant que tout se déroulait à merveille pour l'autre. Le jeune gaillard a cependant très vite appris et s'est affirmé au fil du temps comme un sérieux adversaire au sein de son club. La colombophile n'est cependant plus cette activité que l'on vit en vase clos et c'est avec bonheur que Mickaël en fera la magnifique démonstration. Lorsque nos deux jeunes tourtereaux se rencontrèrent, le premier ne - 23 -


cacha pas sa passion pour la seconde, mais non plus celle qui l'animait à l'égard de ses amis les pigeons. Il n'insistera pas non plus pour que se fassent les présentations, cela viendra avec le temps… C'est la jolie Séverine qui, contre toute attente, franchira le premier palier. Elle proposa simplement à son amoureux de nettoyer elle-même un colombier, seule, afin que lui puisse se consacrer un peu plus intensément à une après-midi studieuse. Voilà qu'après avoir succombé au charme du colombophile, la belle enfant fondait véritablement pour ses protégés. En pénétrant dans le premier colombier, elle fut littéralement assaillie par un petit pigeon blanc qui avait vu en elle les traces d'une maman sans doute trop présente encore dans son petit esprit de pigeon. La boule de plumes blanche fit tellement de ses pattes et de ses ailes que Séverine accepta ses avances! Du pigeonnier qu'elle avait projeté de nettoyer, elle passa à un autre et encore un autre et se chargea finalement de l'entièreté du nettoyage. Il ne fallait plus parler désormais de charme qui avait opéré, mais de véritable coup de foudre. Le lendemain du retour de l’édition de Fugare 2012, Séverine et Mickaël ont découvert la petite blanche qui venait de rendre l’âme. Une grande tristesse s’empara de Séverine qui fut vraiment choquée par cette disparition brutale. Nous publions une photo de cette formidable femelle au temps de sa splendeur, en espérant de la sorte contribuer à l’atténuation du chagrin éprouvé par Séverine. Comme vu plus haut, nos deux jeunes amoureux, aussi épris des

pigeons qu’ils ne le sont l’un pour l’autre, viennent s’installer à Fournival. Ce sont d’abord de petits abris de jardin qu’ils aménageront en colombiers qu’ils installent. Ensuite, c’est un long pigeonnier d’une firme spécialisée et encore un autre qui viendront s’y ajouter. Actuellement, on recense donc de petits abris de jardin, hébergeant des veufs et les reproducteurs auxquels il convient d’ajouter ce que nous appellerons le colombier principal composé de huit compartiments et qui accueille principalement les pigeons de jeu, joués au veuvage traditionnel, ainsi que des yearlings célibataires. Un autre colombier de trois

compartiments fut acquis et héberge matériel et femelles des veufs. Sur de derrière du colombier principal ont été aménagés les colombiers réservés à la jeune génération qui, pour la première fois en 2010, sera testée au système de la porte coulissante. Cela nous conduit vers la constatation du nombre élevé de pigeons hébergés chez les jeunes Séverine et Mickaël: * 90 veufs et un nombre équivalent de femelles. * 80 mâles célibataires. * Une bonne centaine de jeunes. * 28 couples de reproducteurs.


Séverine FLAVIGNY et Mickaël WOZNIACK

Voilà qui peut sembler énorme, pourtant notre petit couple nous paraît gérer la situation à merveille et s’accorde même des moments de détente, ailleurs que dans le milieu colombophile, ce qui nous paraît essentiel. Ainsi, Mickaël joue au football et se consacre à un entrainement chaque semaine. Séverine suit des cours de gymnastique régulièrement. Tout ceci, en dehors de la période réservée au jeu, bien évidemment. Une fois cette dernière arrivée, rien ne peut les retenir ailleurs qu’au pigeonnier. Nous leur avons posé la question de savoir s’ils n’avaient pas l’impression de passer à côté «du reste», de ce qui est en dehors de la colombophilie. Sans hésiter, ils nous ont répondu avoir choisi eux-mêmes cette manière de vivre et que parmi les pigeons ils se sentaient dans leur élément et que ces derniers étaient comme autant d’enfants à leurs yeux. Une semaine de vacances durant le mois de novembre leur suffit par ailleurs amplement. Et il est vrai que c’est cette impression de bien-être que nous ont laissé ces deux jeunes passionnés. Ils aiment la colombophilie au même titre qu’une autre personne peut s’intéresser à un autre hobby et c’est merveilleux que de pouvoir l’apprécier. Nous irions même plus loin en affirmant que c’est Séverine qui semble être devenue l’élément moteur du magnifique tandem et cela encore confirmé par Mickaël qui avoue connaître

parfois des baisses de régime, mais qui attrape alors le pied au derrière de la part de sa compagne, ce qui le ramène bien vite au sein des installations. Une journée de soins à Fournival, en hiver, commence tôt le matin. Séverine est la première dehors et se charge de nettoyer les abreuvoirs, pas loin d’une trentaine, et de remettre de l’eau propre à toute la colonie. Mickaël suivra par la suite pour la distribution de nourriture qui se fait au casier pour les veufs. Séverine travaille dans le milieu bancaire et elle n’hésite jamais à parler de sa passion aux clients ou à ses collègues. Elle est connue comme la «dame qui fait les pigeons» et son directeur d’agence place régulièrement cette petite phrase lors de l’une ou l’autre entrevue commune avec un client. Une autre façon de faire connaître notre hobby. Opération charme, avez-vous dit? Les colombiers ne sont nettoyés que le week-end durant l’hiver et d’ailleurs après le passage du matin, plus aucune visite n’est programmée aux oiseaux dans la suite de la journée, même le soir! Lors de la saison de jeu, le travail est plus ardu et il faut jongler pour que les volées puissent s’accomplir avec ordre et discipline. Séverine donne la première volée aux veufs et nettoie les abreuvoirs qui sont laissés à sécher. Mickaël passe ensuite pour la distribution de graines et de temps à autre des produits omplémentaires dans l’eau de boisson. - 25 -


Reportage

Les plus vieux pigeonneaux sont libérés par la suite et c’est le papa de Mickaël habitant non loin qui se charge de les rentrer. Nouvelle volée des veufs le soir entre 17 et 18 heures, suivie de celle des célibataires. Il est alors temps de laisser prendre l’air aux plus jeunes oiseaux. A cette cadence, les minutes en soirée sont comptées, l’ouvrage ne manque pas, ce qui ne dérange nullement nos deux comparses. Le suivi de la colonie est tout ce qu’il y a de plus commun. L’hiver, rien, si ce n’est tisanes ou habituelles huiles ou levures, rien n’est donc apporté au colombier. C’est la santé qui doit primer lors de cette période de repos. Un traitement contre la coccidiose et les vers sera au programme en vue d’entamer la saison de jeu. Le trichomonas sera régulièrement traqué durant l’été et les voies respiratoires seront l’objet d’attentions, mais pas à plus de deux reprises sur l’entièreté de l’année. Comme nous l’avons vu et en raison du manque de temps, seul les mâles sont joués au veuvage traditionnel, pendant que les yearlings doivent faire leurs premières armes au célibat. C’est Séverine qui prendra à son compte le nettoyage et les entrainements, Mickaël se chargeant du reste. Deux Vases de Sèvres, chacun le sien donc! Deux fois la récompense suprême dispensée outreQuiévrain! Quel bel exploit dans une carrière qui ..

.. ne fait finalement que débuter. Nous avons vraiment rencontré de merveilleux colombophiles à Fournival, un formidable petit couple qui est une véritable référence pour notre hobby. Quels beaux ambassadeurs font-ils tous deux pour notre discipline… Mais surtout, amis lecteurs, quelle classe dans les résultats et quel prodigieux matériel mènent-ils de main de maître! Cela fait plaisir à vivre et une visite chez de tels champions est bien enrichissante. Qu’elle semble loin l’image d’Epinal que nous traînons derrière nous comme un boulet. C’est certain, il y a encore de l’avenir pour la colombophilie, un bien bel avenir! Les championnats 2011 Fédéral (266 joueurs classés) 2e aux 2 premiers constatés en fond 5e aux 5 inscrits en fond 7e aux 5 inscrits en grand fond 5e aux 2 premiers constatés en grand fond

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Séverine FLAVIGNY et Mickaël WOZNIACK

Demi-fond Poitiers du 15/05 (355 km)

Quelques résultats 2011

Vieux: 2, 7, 9, 10, 13, 30, 33, 35, 38, 40, 55, 62, 63, 157, 208, 218, 235, 237, 462 de 2266 pigeons en entente (soit 19 prix de 29 engagés). Yearlings: 1, 20, 107 de 474 pigeons (soit 3 prix de 6 engagés)

Yearlings: 2, 11, 12, 15, 17, 18, 24, 25, 27, 28, 43, 48, 58, 70, 73, 115, 122 de 505 yearlings en entente (soit 17 prix de 39 engagés). Jeunes: 22, 23, 25, 34, 43 de 456 jeunes en entente (soit 5 prix de 20 engagés). Limoges du 07/08 (407 km) Vieux: 2, 8, 13, 32, 123, 133 de 891 pigeons en Entente (soit 6 prix de 6 engagements).

Ste Maure du 29/05 (294 km) Vieux: 4, 5, 7, 9, 15, 19, 22, 24, 27, 28, 34, 39, 41, 46, 49, 51, 55, 57, 61, 62, 66, 72, 75, 78, 82, 86, 102, 109, 111, 114, 125, 135, 144, 146, 161, 166, 172, 174, 186, 190, 197, 200, 201, 203, 207, 210, 234, 240, 246, 262, 278, 282 de 1194 pigeons en entente (soit 52 prix de 110 engagés). Yearlings: 4, 7, 29, 30, 31, 45, 48, 53, 69 de 322 pigeons (soit 9 prix de 26 engagés).

Fond Marsac du 28/05 (494 km) 1, 3, 8, 13, 14, 16, 25, 131, 235, 314, 353 de 1627 pigeons en entente (soit 11 prix de 12 engagés). 3, 8, 28, 39, 40, 46, 88, 520, 836, 1171, 1298 de 5261 pigeons en fédéral (soit 11 prix de 12 engagés).

Vierzon du 05/06 (251 km) Vieux: 13, 15, 21, 38, 41, 43, 49, 50, 53, 71, 75, 82, 85, 90, 109, 129, 138, 177 de 762 pigeons en entente (soit 18 prix de 23 engagés).

Bergerac du 11/06 (534 km) 1, 2, 3, 5, 6, 7, 9, 14, 25, 29, 31, 42, 46, 58, 68, 91, 102, 106, 130, 134, 136, 146, 149, 161, 165, 194, 203, 212, 216, 279, 280 de 1141 pigeons en entente (soit 31 prix de 52 engagés). 5, 6, 7, 11, 12, 13, 17, 36, 64, 69, 80, 130, 135, 167, 213, 312, 345, 355, 405, 420, 424, 449, 486, 498, 586, 627, 668, 680, 878, 881 de 3618 pigeons en fédéral (soit 31 prix de 52 engagés).

La Flèche du 03/07 (269 km) Vieux: 2, 3, 5, 6, 7, 8, 9, 19, 25, 27, 29, 35, 38, 50, 57, 67, 68, 96, 111, 123, 141, 166, 188, 222, 233, 241, 275, 277 de 1130 pigeons en entente (soit 29 prix de 47 engagés). Yearlings: 1, 3, 10, 13, 14, 33, 41, 47, 62, 67, 84, 85, 89, 91 de 398 yearlings en entente (soit 14 prix de 31 engagés). Jeunes: 12, 13, 14, 41, 42, 43 de 170 jeunes en entente (soit 6 prix de 12 engagés).

Marmande du 25/06 (577 km) 2, 3, 4, 5, 15, 19, 25, 35, 38, 56, 77, 83, 104, 137, 138, 157, 164, 173, 236, 239, 266 de 1077 pigeons en entente (soit 21 prix de 35 engagés). 4, 6, 8, 10, 32, 42, 54, 106, 111, 158, 229, 251, 331, 461, 467, 528, 542, 569, 771, 784 de 3237 pigeons en fédéral (soit 20 prix de 35 engagés).

Argenton du 31/07 (327 km) Vieux: 3, 6, 8, 9, 10, 11, 15, 19, 23, 30, 37, 51, 53, 55, 56, 57, 60, 66, 67, 77, 82, 86, 91, 92, 99, 100, 103, 104, 108, 115, 130, 145, 166, 180, 211, 244, 251 de 1166 pigeons en entente (soit 37 prix de 64 engagés).

Langon du 23/07 (585 km) 1, 9, 61, 71, 96 de 538 pigeons en entente (soit 5 prix de 14 engagés). 2, 15, 162, 189, 288, 431, 479 de 2010 pigeons en fédéral (soit 7 prix de 14 engagés).

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