EL MACHETE

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L’élection du singe

– Arriba Francia. Le docteur Morales les fit asseoir. Petit gros plutôt affable, ou démonstratif, il dirigeait l’Institut des Lettres et Sciences humaines de la Faculté des Lettres, Sciences humaines et Sciences naturelles. Il donnait un cours, en philosophie, sur le machismo. Le Machismo, expliquait-il, les yeux brillants derrière de gros verres ronds, le machismo, mais c’est l’essence de la civilisation hispano-américaine, plus que le culte du mâle, ce que l’on croit, le culte de la primitivité sociale, phallique évidemment, mais cosmique surtout ; le macho est un chevalier du cosmos, mais oui, mais oui. Du paysan au grand bourgeois, tous sont machos, non ? Et l’explication marxiste ou psychanalytique n’y suffisent pas. Le machismo, c’est l’Amérique du Sud, c’est, tenez : Antonio das Mortes. Nous participons tous du macho. Il faisait partie de la nouvelle équipe du recteur Aldebar, élue l’année précédente sur un programme universitaire progressiste. Il rêvait d’une Esthétique Révolutionnaire. – Vous prendrez bien du café ? Bien sûr. Encore ? Ils n’en finissaient pas de prendre du café ce jour-là. Dans le département de Sciences de l’éducation, pour les présentations. Dans le bureau du Doyen Castelo, toujours aussi caustique et réservé. Castelo : l’insaisissable. Il avait conclu sa médecine en France. C’était une personnalité de l’opposition. En


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