EL MACHETE

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Nanterre la folie

Pâle étincelle, au fond des yeux. Ton miroir s’essouffle, vieux. Le cœur ne tient plus. Quarante cinq ans d’illusions, bientôt. Le ciel d’Ardennes est lourd. Il bruisse l’orage. Trois belles grosses pies vont et viennent, en haut du pré, piquant et fouillant le sol. Les moutons de ce con de Xavier ont bouffé toutes les fleurs et les petits arbres il y a huit jours. Laurène hurlait. Nous sommes tous du théâtre, n’est-ce pas ? Il s’agit de la vie, cette petite foutaise, ce reflet fugace de la lune sur une goutte d’eau. Oh, la sienne, aussi, ce long tête à tête avec la pourriture qui le mangeait, ce fait, là, d’être homme. Il était pris dans la gaine du tombeau, depuis le début. La société, en définitive, lui restait étrangère. Ventre lourd, purulence assise, elle couvait ses excréments. Il la sentait pourtant au bout de ses doigts, le long de ses jambes, au cœur de ses couilles, elle lui sourdait du ventre, elle rongeait ses derniers rêves. Nous avons encore tant de chemin à faire, primate ! Allons, hombre, un peu d’hystérie, que diable ! La pensée émerge à peine du moyen âge, et tu es là, au mot à mot, à jouer du vent, sans désemparer, à longueur de saisons. Chaque semaine il passait avec sa Volvo sur le pavillon d’antan, désormais détruit, rasé, et bitumé route. Mais c’était là. Il regarda plus attentivement l’une des photos. C’était un gros Caterpillar jaune, ironie terrible, ou fermeture du cercle. Il y avait cinq hommes, dont quatre avaient l’uniforme de la guardia. Le cinquième


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