EL MACHETE

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L’université du silence

Tous les réactionnaires sont les mêmes : si on ne les frappe pas, ils ne tombent pas ; c’est comme balayer le sol : où n’arrive pas le balai, la poussière ne disparaît pas toute seule ; Mao. À présent, les tracts du département de journalisme, Libéré !, centraient leurs attaques sur les responsables. Les sommant de se mettre Au Service du Peuple ! Les sciences humaines étaient paralysées, locaux occupés. Seul Castelo avait pris position, très ouvertement, contre les commandos. Le recteur négociait des arrangements avec l’AGU. Les professeurs subissaient la situation sans réagir, pour la plupart. Avec la peur de voir les étudiants se retourner contre eux. Certains sombraient dans la panique. Lona, la grosse psychologue, tremblait du matin au soir, les mains nouées dénouées, fébriles, des gouttes de sueur aux coins de la bouche, arpentant les couloirs et les salles de réunion où discutaient les enseignants. La perspective de perdre son poste la clouait d’angoisse. Beaucoup étaient dans son cas, licenciés et docteurs plus ou moins liés à l’opposition, qui ne trouveraient aucun travail en dehors de l’université. Or, la crise s’aggravait. Le bruit persistant d’une intervention gouvernementale gagnait en crédibilité. Cette fois, l’université toute entière fonctionnait ralentie. Les dirigeants de la faculté de médecine faisaient toujours bloc contre les autorités universitaires. Des groupes d’étudiants de droite s’étaient constitués


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