L'Observateur de l'OCDE Spécial Canada juin 2011

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Dossier spécial 50e anniversaire juin 2011 www.observateurocde.org

Le Canada et l’OCDE 50 ans de progrès


NOUS SOMMES NOMBREUX À CROIRE QUE LA COOPÉRATION EST PLUS QUE JAMAIS UN MODÈLE FINANCIER D’AVENIR, QU’ELLE EST LE GAGE D’UNE PROSPÉRITÉ DURABLE.

LAURÉAT CANADIEN 2010 DU PRIX « BANK OF THE YEAR »


Dossier spécial 50e anniversaire juin 2011

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L’OCDE et le Canada : 50 ans de coopération à célébrer Judith A. LaRocque, Ambassadeur du Canada auprès de l’OCDE

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Pour un avenir meilleur Donald Johnston, Secrétaire général de l’OCDE, 1996-2006

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L’économie canadienne Entretien avec James M. Flaherty, Ministres des Finances, Canada

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Un partenariat fructueux depuis 50 ans William R. White, Président du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement de l’OCDE

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Innovation : des horizons illimités

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Éducation : les succès de la diversité

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Pêche : la leçon des Grands Bancs

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La force des foules : les JO d’hiver 2010

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Un marché du travail vigoureux

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50 ans d’échanges et de coopération : travaux en cours Ken Ash, Directeur, Direction des échanges et de l’agriculture de l’OCDE

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Sables bitumineux : débordants d’énergie ?

Innovation, p.8

Éducation, p.12

Le Canada et l’OCDE 50 ans de progrès Couverture : Design Factory

TIRÉ À PART du N°284 T1 2011 www.oecdobserver.org © OECD 2010 www.observateurocde.org © OCDE 2011 Subscription rate: €69 – US$90 – £47 – ¥9 700 0029-7054 ISSN 0304-3390 Tel.: Tél. :+33 +33(0) (0)1145 4524 2480 8066 66 Fax::+33 Fax +33(0) (0)1145 4524 2482 8210 10 sales@oecd.org Founded in 1962 The magazine of the Organisation for Créé en 1962, le magazine de l’Organisation de Economic Co-operation and Development coopération et de développement économiques

FOCUS

LE CANADA ET l’ocde

Pêche, p.14

Les éditions OECD Publications de l’OCDE, 2 rue2André rue André-Pascal Pascal 75775 Paris cedex 16, France observer@oecd.org www.oecd.org www.ocde.org Publié en français et en anglais par l’OCDE Published in English and French by the OECD RÉDACTEUR EN CHEF : Rory J. Clarke EDITOR-IN-CHIEF: Rory J. Clarke RÉDACTEUR : Ricardo Tejada ASSISTANT EDITOR: Marilyn Achiron JOURNALISTE : Lyndon Thompson WRITERS: Lyndon Thompson, Patrick Love RÉDACTEUR ADJOINT : Loïc Verdier EDITORIAL ASSISTANTS: Tatiana Novikova, Loïc Verdier, ASSISTANTES : Alison Benney, Tatiana Novikova Karen Cronin MISE EN PAGE : Design Factory, Irlande LAYOUT: Design Factory, IrelandDavid Rooney, Stik ILLUSTRATIONS : André Faber, ILLUSTRATIONS: André Faber, David Rooney, RECHERCHE PHOTOGRAPHIQUE : Rory ClarkeStik PHOTO RESEARCH: LOGISTIQUE : JochenRory PichtClarke LOGISTICS: Jochen Picht : François Barnaud RESPONSABLE PUBLICITÉ ADVERTISING MANAGER: Mediaside

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L’Observateur de l’OCDE Dossier spécial 50e anniversaire juin 2011

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FOCUS

L’OCDE et le Canada : 50 ans de coopération à célébrer

MAECI

Judith A. LaRocque, Ambassadeur du Canada auprès de l’OCDE

Les contributions du Canada vont au-delà du partage d’expériences en matière de politiques. Plusieurs canadiens éminents ont tenu un des premiers rôles à l’OCDE. Le Canadien Donald Johnston a été le premier Secrétaire Général non-européen. Des Canadiens président actuellement plusieurs importants comités et groupes de travail de l’OCDE, dont le Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement (EDRC). Le Canada a organisé beaucoup de réunions importantes de l’OCDE, dont la première rencontre ministérielle sur le e-commerce et le lancement de la réévaluation de la Stratégie de l’OCDE pour l’emploi en 2004. Le Canada a aussi joué un rôle de premier ordre pour aider l’OCDE à renforcer ses relations avec les acteurs mondiaux.

En tant que l’un des 19 membres fondateurs de l’OCDE, le Canada en a grandement bénéficié et y a aussi beaucoup contribué au cours des 50 dernières années. Ainsi, la gestion fiscale saine du Canada est un exemple pour les autres pays membres de l’OCDE. De même, la réussite canadienne dans la maximisation des résultats scolaires de ses étudiants, font du Canada un leader dans le travail de l’OCDE dans le domaine de l’éducation.

À l’occasion du 50e anniversaire de l’OCDE, le Canada est prêt à participer activement à l’élaboration de l’avenir de l’Organisation au cours des 50 prochaines années. À mesure que nous avancerons, nos défis en matière de politiques publiques vont s’accroître en nombre, en complexité et en impact. L’OCDE peut faire beaucoup pour continuer à nous aider à obtenir de meilleurs résultats pour tous les citoyens du monde.

La Colline du Parlement, Ottawa

Le Centre de conférences de l’OCDE, Chateau de la Muette, Paris

OCDE

L’OCDE est un lieu de rencontre des décideurs pour identifier les meilleures pratiques qui forment nos politiques publiques. Cela nous permet de comparer et d’évaluer nos performances et d’apprendre des meilleurs. En participant au processus d’examen par les pairs de l’OCDE, nous bénéficions de discussions franches sur nos forces et nos faiblesses dans des domaines variés allant de l’économie aux politiques de développement. Les analyses objectives et crédibles du Secrétariat de l’OCDE renforcent ces discussions. Dans l’ensemble, la performance socio-économique du Canada est forte comparée aux pays de l’OCDE. Cependant, pour progresser encore plus, nous devons savoir dans quels domaines les autres font mieux et apprendre de leurs résultats.

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FOCUS

LE CANADA ET l’ocde

Pour un avenir meilleur Deux jours plus tard, les États-Unis faisaient de même, et dès le 30 septembre, date à laquelle l’OCDE entra officiellement en activité, 17 pays avaient déposé leurs instruments de ratification, la Commission européenne étant ellemême participante. Trois autres pays, dont l’Italie, vinrent grossir les rangs

OCDE/NguyenTien

Le monde développé, Canada aux avant-postes, avait conscience de tout l’intérêt que présenterait pour ses membres une OECE élargie

Donald Johnston, Secrétaire général de l’OCDE de 1996 à 2006

Nous célébrons cette année le 50e anniversaire d’une organisation remarquable qui a apporté une contribution immense et, à bien des égards, inestimable, au développement économique et social non seulement de ses propres membres, mais aussi de la communauté internationale des nations. L’Organisation de coopération et de développement économiques, plus connue sous le sigle OCDE, a été créée dans le sillage de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE), instance chargée d’administrer le Plan Marshall. Le Plan Marshall a été une réalisation historique, aujourd’hui peutêtre encore insuffisamment appréciée, en ce qu’elle a définitivement enterré le passé militaire violent de l’Europe occidentale et l’a remplacé par un espace économique commun et de coopération mutuelle entre anciens belligérants. L’OECE était un forum restreint de coopération intergouvernementale couvrant tous les domaines de l’action publique, soutenu par un Secrétariat compétent et un réseau de comités spécialisés de portée et de qualité sans équivalent. Après 14 ans d’avancées extraordinaires dans le cadre de la construction européenne, le monde développé, Canada aux avant-postes, a su reconnaître tout l’intérêt que présenterait pour ses membres une OECE élargie. Quelques voix discordantes se sont élevées, notamment parmi les petits pays, dont quelques-uns souhaitaient conserver l’ancienne organisation européenne. D’autres pays, toutefois, estimaient que l’OECE devait prendre de l’envergure pour devenir l’OCDE, dont la mission, plus ambitieuse, lui conférerait une dimension mondiale. L’OCDE est le seul vestige du Plan Marshall, indépendamment de l’Europe elle même. Un paragraphe du préambule de la Convention relative à l’OCDE est ainsi rédigé : « Reconnaissant que le redressement et le progrès économiques de l’Europe, auxquels leur collaboration au sein de l’Organisation Européenne de Coopération Économique [à laquelle a succédé l’OCDE] a apporté une contribution très importante, ont ouvert de nouvelles perspectives permettant de renforcer cette tradition et de l’appliquer à des tâches nouvelles et à des objectifs plus larges. » C’est ainsi que naquit l’OCDE, le Canada étant le premier pays à déposer ses instruments de ratification, le 10 avril 1961.

des membres dans les mois qui suivirent et le Japon devint membre en 1964. L’OCDE, qui compte aujourd’hui 34 membres, a noué des relations solides avec une multitude d’autres pays dans le monde, y compris les principaux marchés émergents. Il est opportun de rappeler les objectifs de l’organisation tels qu’ils étaient énoncés dans l’article 1 de la Convention, et de dresser un bilan global de l’action menée, pour déterminer où nous avons réussi et où nous avons échoué. Ces objectifs étaient les suivants : « a) réaliser la plus forte expansion possible de l’économie et de l’emploi et une progression du niveau de vie dans les pays Membres, tout en maintenant la stabilité financière, et contribuer ainsi au développement de l’économie mondiale ; b) contribuer à une saine expansion économique dans les pays Membres, ainsi que non membres, en voie de développement économique ; et c) contribuer à l’expansion du commerce mondial sur une base multilatérale et non discriminatoire conformément aux obligations internationales. » L’OCDE était considérée comme un instrument intergouvernemental ayant vocation à préserver l’équilibre entre croissance économique, stabilité sociale et stabilité politique, ces trois piliers devant être le fruit d’une bonne gouvernance et permettre de concrétiser le progrès économique et social, objectif originel de l’OCDE. La Conférence d’Ottawa, qui met à l’honneur l’OCDE pour la célébration de son 50e anniversaire le 2 juin 2011, offre aux participants l’occasion de mettre en pratique le conseil de John Maynard Keynes : « Examiner le présent à la lumière du passé, dans la perspective de l’avenir. » Dans quelle mesure l’OCDE s’est-elle acquittée de son rôle au cours du demi-siècle écoulé et de quoi l’avenir sera-t-il fait ? À n’en point douter, les participants à la conférence et les autres observateurs concluront que ce rôle de l’OCDE, avec son système de comités, l’élaboration de normes non contraignantes appliquées par le biais d’examens des performances par les pairs et la comparaison des meilleures pratiques, qui a si bien servi ses membres dans le passé, sera également la voie de l’avenir dans cette communauté mondiale en rapide évolution. Le défi consistera désormais à gérer ces processus au sein d’une communauté internationale très élargie et, selon toute vraisemblance, d’une OCDE appelée à accueillir de nouveaux membres. Références www.oecd.org/apropos Clarke, R. et L. Thompson, (2011) « L’OCDE, chronique d’une naissance mouvementée », L’Annuel de l’OCDE 2011, disponible sur www.observateurocde.org/annuel2011

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DES POLITIQUES MEILLEURES POUR UNE VIE MEILLEURE

Panorama des statistiques de l’OCDE

Le Panorama des statistiques de l’OCDE, publication-phare annuelle de l’OCDE, présente un ensemble de variables-clés concernant tout l’éventail des sujets traités par l’OCDE. Chaque variable est présentée sur une double-page avec des définitions et aperçus des tendances récentes, des commentaires sur la comparabilité des données et des indications pour chercher des informations supplémentaires sur la page de gauche ; sur la page de droite se trouvent tableaux et graphiques présentant les données brutes. Dans certains cas, les tableaux et graphiques couvrent plus d’une page. Tous incluent des StatLinks, des liens URL vers les tableurs Excel® contenant les données sous-jacentes.

Pour consulter le Panorama des statistiques de l’OCDE en ligne, rendez-vous sur www.OECDiLibrary.org/factbook Pour commander livres et versions numériques, rendez-vous sur la librairie en ligne et recherchez « Panorama ». www.oecd.org/librairie Pour télécharger la version iPhone, rendez-vous sur l’App Store. Versions Blackberry et autres smartphones disponibles sur www.oecd.org/publications/factbook


FOCUS

LE CANADA ET l’ocde

L’économie canadienne Entretien avec James M. Flaherty, Ministre des Finances, Gouvernement du Canada

autonome de la demande du secteur privé et mettre fin aux mesures de stimulation d’une manière ordonnée, comme l’entend le gouvernement.

Gouvernement du Canada

Pour l’avenir, le plus récent sondage mené auprès d’économistes du secteur privé nous révèle qu’ils s’attendent à ce que la reprise se poursuive en 2011 et que la croissance se modère quelque peu à moyen terme. Selon les dernières Perspectives économiques de l’OCDE, le Canada réalisera de bonnes performances économiques comparé aux autres pays du G7 en 2011 et, selon le FMI, le Canada devrait avoir une des croissances les plus fortes parmi les pays du G7 cette année et l’année prochaine. Des risques continuent néanmoins de peser sur les perspectives économiques, surtout en raison de problèmes provenant de l’extérieur du pays.

« L’un des principaux défis consiste à améliorer la productivité »

L’Observateur de l’OCDE : Au moment où le monde sort d’une crise prolongée, comment caractériseriez-vous l’état actuel de l’économie canadienne ? M. Flaherty : L’économie canadienne a mieux surmonté la récession mondiale que la plupart des pays industrialisés, et la reprise économique est bien amorcée, avec six trimestres consécutifs de croissance jusqu’à la fin de 2010. La croissance observée pendant la reprise a été soutenue par une forte reprise des dépenses des consommateurs et des entreprises, ce qui témoigne de l’effet de stimulation important du Plan d’action économique du Canada. L’amélioration de la conjoncture économique à l’échelle mondiale a aussi entraîné une hausse importante des prix des produits de base depuis le début de 2009, ce qui a stimulé les termes de l’échange, les revenus et l’investissement au Canada. La reprise de la production réelle au Canada a été accompagnée d’un solide regain de vie du marché du travail. Le nombre de Canadiens au travail est plus élevé aujourd’hui qu’avant le début de la récession, et le taux de chômage a diminué pour s’établir à 7,6 % en avril 2011, par rapport à son sommet de 8,7 % atteint en août 2009. En outre, près de 90 % de ces nouveaux emplois sont dans des secteurs relativement bien rémunérés, et près de 85 % d’entre eux sont des emplois à plein temps. Le taux de chômage au Canada est actuellement inférieur de plus d’un point de pourcentage à celui des États-Unis, et il se maintient sous le niveau du taux des États-Unis depuis octobre 2008 – pour la première fois depuis le début des années 1980. La vigoureuse performance du marché du travail canadien se traduit à son tour par une solide croissance du revenu, pour alimenter une reprise

Quels sont selon vous les points forts sous-jacents de l’économie canadienne ? La croissance du revenu réel par habitant au Canada a été l’une des plus élevées parmi les pays de l’OCDE au cours de la dernière décennie. En outre, le Canada affiche l’un des taux d’emploi les plus élevés des pays de l’OCDE. La vigueur de la croissance économique au Canada est le reflet de la solidité des facteurs macroéconomiques fondamentaux, y compris de solides politiques monétaires et budgétaires, un cadre financier prudent, l’ouverture au commerce, et un régime fiscal concurrentiel ainsi qu’une main-d’œuvre très qualifiée et fortement scolarisée, le Canada étant le pays ayant la proportion la plus élevée de la population adulte qui a suivi des études post-secondaires parmi les pays de l’OCDE. Et ses points faibles ? L’un des principaux défis à relever consiste à améliorer la productivité du Canada. Compte tenu du vieillissement de la population, il sera essentiel de stimuler la croissance de la productivité si l’on veut continuer de hausser le niveau de vie. Parmi les mesures adoptées par le gouvernement du Canada depuis 2006 afin de favoriser la croissance économique à long terme, il y a la réduction des impôts sur les investissements des entreprises, l’abolition des droits tarifaires à l’importation des intrants de fabrication et des machines et du matériel, des investissements historiques dans l’infrastructure, et un soutien accru à la recherche. Pour l’avenir, la priorité doit consister à revenir à l’équilibre budgétaire, un objectif crucial pour empêcher une régression et pour continuer de progresser par rapport au cadre stratégique du gouvernement. L’Étude économique du Canada menée en 2010 par l’OCDE a mis en relief les coûts des soins de santé comme étant un problème préoccupant pour les finances publiques à long terme. Comme d’autres pays de l’OCDE, le Canada est aussi confronté à d’autres pressions de coût, celui occasionné par le vieillissement de la population n’étant pas le moindre. Que faudrait-il faire pour atténuer ces préoccupations ? Au Canada, la responsabilité du financement, de la protection et de l’organisation des services de soins de santé relève en grande partie des administrations provinciales. Les administrations fédérale et provinciales devront néanmoins collaborer afin de contrôler les coûts des soins de santé et trouver des mécanismes de financement à long terme qui créent les incitatifs requis pour contrôler les coûts. Dans ce contexte, l’OCDE aura un rôle crucial à jouer pour aider ses membres à relever cet important défi en menant une analyse de l’expérience internationale dans ce domaine.

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FOCUS Outre le retour à l’équilibre budgétaire à moyen terme, la meilleure façon pour le Canada de s’attaquer aux défis économiques et budgétaires posés par une population vieillissante consiste à mettre l’accent sur des politiques qui favorisent la croissance de la productivité et l’affectation efficace des ressources. À cet égard, les progrès significatifs qui ont été accomplis depuis 2006 devraient permettre d’améliorer la productivité et la performance du marché du travail au Canada au cours des années à venir. En outre, la prochaine phase du Plan d’action économique du Canada continuera de favoriser une croissance durable et à long terme en soutenant les principaux vecteurs de la croissance économique – l’innovation, l’éducation et la formation, ainsi que l’investissement.

Un partenariat fructueux depuis 50 ans William R. White, Président du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement de l’OCDE

Le Canada considère comme hautement prioritaire de collaborer avec ses partenaires internationaux afin de trouver des solutions axées sur la coopération pour s’attaquer aux importants déséquilibres qui persistent, et qui continuent de menacer les perspectives d’une croissance mondiale solide, durable et équilibrée. Le Canada a un important rôle à jouer afin de faciliter ces discussions, particulièrement en ce qui a trait au Cadre pour une croissance forte, durable et équilibrée du G20 et à l’entente sur une série de lignes directrices indicatives, conclue récemment. Le fait de favoriser une compréhension partagée des problèmes auxquels l’économie mondiale est confrontée permettra de structurer davantage les efforts qui seront déployés à l’échelle de la planète pour aborder ces problèmes. Quelle importance le Canada attache-t-il à sa participation à l’OCDE ? Le Canada considère l’OCDE comme une importante source d’idées et de normes qui façonnent les politiques et renforcent le fonctionnement de l’économie mondiale, en particulier grâce à son analyse de l’incidence et de l’importance des réformes structurelles sur l’accroissement du potentiel de production. Des instruments de l’OCDE comme le Modèle de convention fiscale, les arrangements concernant les crédits à l’exportation et ses travaux sur la liberté d’investissement ont permis d’uniformiser les règles du jeu. Le Canada apprécie la valeur de l’expertise technique et du travail d’analyse de l’OCDE. Depuis un demi-siècle, l’Organisation dispense de précieux conseils stratégiques au sujet des façons de soutenir la prospérité économique au Canada. Le Canada s’intéresse tout particulièrement à ses travaux d’élaboration de sources statistiques permettant les comparaisons à l’échelle internationale. Les repères comparatifs de l’OCDE nous aident à situer notre performance économique par rapport à celle de nos pairs, de même qu’à tirer un enseignement de l’expérience des autres pays. Voir www.fin.gc.ca et www.oecd.org/canada-fr

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BIS

L’économie mondiale se transforme, avec l’émergence de nouveaux marchés puissants. Parallèlement, nous sommes confrontés à des défis sur le plan social, ainsi qu’au chapitre des ressources naturelles et de l’environnement. En tant qu’intervenant de premier plan sur la scène internationale, comment le Canada aborde-t-il ces enjeux et quelles priorités voulez-vous souligner ? Il est évident que les marchés émergents et les économies en développement sont devenus des forces plus importantes au sein de l’économie mondiale, ce qui transforme la dynamique sur la scène internationale. Le Canada participe activement à des tribunes qui visent à promouvoir la coopération économique mondiale, comme l’OCDE et le G20.

Pourquoi certaines entreprises, organisations, économies et même nations parviennent-elles à atteindre leurs objectifs et d’autres pas ? Un angle intéressant est de considérer chacune de ces entités comme un système adaptatif complexe, soumis aux mêmes processus d’évolution que les organismes vivants. Une abondante littérature suggère que le secret de la réussite réside dans la capacité de maîtriser le contexte du moment, tout en sachant s’adapter à son évolution. Le Canada comme l’OCDE ont particulièrement bien réussi dans ces deux domaines, notamment grâce aux valeurs qu’ils partagent. L’une de nos croyances fondamentales communes porte sur l’efficacité des marchés concurrentiels, non seulement pour fournir les biens et services demandés à un moment donné, mais aussi pour s’adapter à l’évolution des attentes. Mais l’OCDE et le Canada sont également d’avis que les marchés doivent travailler dans un cadre de règles et de normes concertées et communément admises sur ce qui constitue un comportement « juste ». Comme le soulignait récemment la romancière canadienne Margaret Atwood, lors des CBC Massey Lectures, le besoin d’« équité » semble avoir été intégré à notre patrimoine génétique par l’évolution. Il s’agit d’une condition nécessaire à la confiance et à la coopération, qui sont elles-mêmes indispensables si les individus et les pays veulent s’adapter à un monde en pleine mutation.


Le Canada semble bien adapté au monde moderne. Plusieurs sondages le classent en tête ou dans le peloton de tête des « pays où il fait bon vivre ». Sa longue tradition démocratique, son attachement au droit de propriété, une bonne gouvernance et une réputation d’équité jouent sans aucun doute un grand rôle dans cette évaluation positive. En outre, ses résultats économiques lui permettent depuis quelques décennies d’offrir l’un des niveaux de vie les plus élevés au monde, ainsi que des débouchés suffisants pour attirer un nombre exceptionnellement élevé de migrants venus de tous les pays. Le Canada sait s’adapter aux changements, comme il l’a prouvé par le passé. Alors que le pays dépendait autrefois presqu’entièrement de la production de produits de base, notamment agricoles, les hautes technologies et les services représentent désormais une part bien plus importante de la production et des exportations. Alors qu’il commerçait très majoritairement avec les États-

Pour l’OCDE et le Canada, les marchés doivent travailler dans un cadre de règles et de normes concertées et communément admises sur ce qui constitue un comportement « juste » Unis, le pays ouvre de nouveaux marchés avec les économies émergentes, essentiellement en Asie. Alors que les marchés financiers canadiens étaient auparavant très contrôlés, ils sont maintenant largement déréglementés, même s’ils restent soumis à une supervision rigoureuse. Quant à l’avenir, le niveau de qualité globalement élevé du système éducatif canadien, ainsi que la diversité et les compétences de ses nombreux immigrés hautement qualifiés, laissent d’autant plus à penser que le Canada saura faire face aux changements d’une économie mondiale incertaine et mouvante. Depuis maintenant 50 ans, la collaboration entre le Canada et l’OCDE a contribué aux bons résultats économiques du pays. Mais il faut souligner que, si le Canada a bénéficié de l’aide de l’OCDE, l’OCDE a également bénéficié de celle du Canada. Parmi les avantages dont le Canada tire parti, quasiment tous les travaux de l’OCDE apportent une aide concrète à de multiples organismes publics et privés, ainsi qu’à des ONG. Les plus utiles sont peut-être les bases de données et les sources statistiques de l’OCDE, qui permettent d’effectuer des comparaisons internationales. Viennent ensuite les travaux de recherche, où l’on s’efforce de définir des « pratiques exemplaires » au regard des politiques publiques, ainsi que le processus de négociation qui se déroule à l’OCDE en vue d’établir des règles et des normes internationales. Les examens par les pairs, qui confrontent les expériences nationales et contribuent à renforcer la confiance au cours des négociations, ont également très largement bénéficié au Canada au fil des ans.

FOCUS

LE CANADA ET l’ocde

les années 90. La réussite du Canada à cet égard est aujourd’hui étudiée à la loupe partout dans le monde, par des pays dont la viabilité des dépenses publiques est de plus en plus menacée. S’agissant des politiques structurelles, nombre des mesures de libéralisation qui ont été menées au Canada sont cohérentes avec les recommandations de l’OCDE. Cela dit, plusieurs réformes proposées dans les domaines du marché du travail, de l’environnement et autres, n’ont pas totalement convaincu les autorités canadiennes. Dans ce contexte, la nécessité de trouver un accord avec les autorités des États-Unis joue souvent un rôle central. Au minimum cependant, les initiatives de l’OCDE continuent de susciter un débat utile au Canada sur des questions de fond. Nous l’avons dit, le Canada aide autant l’OCDE (et la communauté internationale qu’elle représente) que l’OCDE n’aide le Canada, et ce de multiples façons. Outre le financement (le Canada est le septième contributeur de l’Organisation), la principale contribution du pays aux travaux de l’OCDE réside dans l’expertise qu’il lui apporte. Plus de 200 comités se réunissent au sein de l’OCDE et comptent quasiment tous des délégués canadiens compétents (et parfois exceptionnels). De fait, 17 de ces comités sont à l’heure actuelle présidés par des Canadiens (y compris le mien). Dans la mesure où ces comités sont au cœur des négociations relatives aux diverses normes internationales, et souvent aux travaux de recherche qui les sous-tendent, cette contribution est loin d’être négligeable. Enfin, il est à noter que des Canadiens occupent de très nombreux postes à l’OCDE, compte tenu de la taille relative de la population canadienne. C’est une preuve de leur compétence ainsi que de l’intérêt traditionnel des Canadiens pour le rôle d’intermédiaire impartial dans les affaires internationales. Le fait que Donald Johnston, le précédent Secrétaire général de l’OCDE, soit Canadien, constitue évidemment un plus. L’avenir réserve de nombreux défis : la nécessité d’une reprise durable après la crise financière et économique récente, la nécessité de faire évoluer les institutions afin de traduire l’importance relative croissante des économies de marché émergentes, et la nécessité d’accorder plus d’attention à la dégradation de l’environnement. L’OCDE continuera d’aider le Canada à relever ces défis et le Canada continuera, espérons-le, d’être présent aux côtés de l’OCDE. Voir www.oecd.org/canada-fr Voir d’autres articles de William R. White sur www.observateurocde.org

En tant que Président du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement de l’OCDE, qui examine les politiques macroéconomiques et structurelles nationales, j’ai une connaissance peutêtre unique de ces travaux d’examen par les pairs. En règle générale, les recommandations de l’OCDE relatives aux politiques macroéconomiques ne sont pas très éloignées de celles que les autorités canadiennes décident de mettre en œuvre. C’est le cas notamment du processus d’assainissement budgétaire qui a débuté à la fin des années 80 et s’est poursuivi jusque dans

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FOCUS

Innovation : des horizons illimités C’est en effet à Waterloo (Ontario) que se trouve le siège social de Research in Motion (RIM), le fabricant du Blackberry. En seulement trois ans, cette entreprise canadienne a vu ses bénéfices augmenter de 84 % et son chiffre d’affaires de 77 %. Le fameux appareil, largement utilisé par le personnel de l’OCDE, est connu non seulement pour sa souplesse d’utilisation, mais aussi pour son ingénieuse stratégie de marque. Il est le fruit d’une démarche innovante, à la fois technologique et commerciale. « Certains pensent que les Canadiens n’aiment pas prendre de risques , relève Ilse Treurnicht, Directrice générale de MaRS, un centre d’innovation de Toronto. Je n’en crois rien. Ce n’est pas ce que nous constatons chez MaRS, parmi les jeunes entrepreneurs avec lesquels nous traitons, dont beaucoup sont Canadiens de fraîche date ». MaRS (à l’origine acronyme de « Medical and Related Sciences ») est une société à capitaux publics et privés qui offre aux entrepreneurs des conseils, de l’information commerciale et du capital d’amorçage. Créé en 2000, MaRS est un organisme sans but lucratif dont la vocation est de stimuler l’innovation dans divers domaines : sciences du vivant, médias numériques et TIC, technologies propres, soins de santé et entreprises à « orientation sociale ». Depuis sa création, MaRS a travaillé avec plus de 1 300 entreprises canadiennes. Mais pour de nombreux experts, le Canada dispose d’une marge importante pour innover, eu égard au potentiel du pays. Il y existe en effet relativement peu d’obstacles à la création d’entreprise et à l’accès au crédit bancaire. Les taux d’imposition généraux y sont parmi les plus bas des pays de l’OCDE. « Les entreprises canadiennes sont très rentables, davantage que leurs voisines des États-Unis, rappelle Ilse Treurnicht, citant le rapport CCA/Nicholson. Et nos ressources font l’objet d’une forte demande. »

REUTERS/Chris Wattie

Le Canada entend s’imposer à l’avant-garde des idées nouvelles, notamment sur la scène politique internationale. Dans les années 90, les responsables politiques ne savaient pas très bien comment aborder, par exemple, la fiscalité des transactions commerciales réalisées Par Internet. En 1998, le Canada a accueilli une grande conférence de l’OCDE qui a permis de jeter les bases du consensus actuel : ne pas faire obstacle au commerce électronique et laisser l’Internet se développer au plan international.

Certaines entreprises de hautes technologies bien connues siègent au Canada. Mais le pays innove-t-il suffisamment ? Le tableau est contrasté, une certaine autosatisfaction figurant parmi les défis à relever. Lorsque le magazine Forbes est pour la première fois sorti du cadre des États-Unis, il y a deux ans, pour trouver dans d’autres pays des entreprises susceptibles de figurer sur sa liste des 100 premières sociétés mondiales, ce n’est pas vers l’Europe, l’Asie ou encore l’Amérique du Sud qu’il s’est tourné, mais vers le voisin du Nord. 8

Toutefois, au plan intérieur, le Canada doit encore faire quelques efforts pour être à la hauteur de ses ambitions. Le pays est loin de manquer de ressources intellectuelles, et ses dépenses d’éducation, en proportion de son PIB, surpassent celles de l’Allemagne, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni. Les entreprises ne sont pas en reste ; leurs investissements dans l’enseignement supérieur sont supérieurs à la moyenne OCDE. Les Canadiens ont en général un niveau d’instruction élevé. Plus de 55 % des 25-34 ans et plus de 45 % des 35-45 ans ont fait des études supérieures. Avec un tel capital de compétences scientifiques, d’esprit d’entreprise et de soutien du gouvernement fédéral, comment expliquer que ce dernier, dans sa présentation du budget 2010, ait pointé le retard d’innovation du pays par rapport à d’autres économies avancées ?


« Le principal obstacle à surmonter est peut-être une certaine autosatisfaction, selon Mme Treurnicht. La croissance nationale étant alimentée par l’abondance des ressources, les Canadiens ne se sentent pas tenus d’être des innovateurs de pointe, dans un contexte mondial extrêmement compétitif. Peut-être les entreprises canadiennes n’ontelles pas été assez contraintes d’innover pour assurer leur survie et leur prospérité. »

« Certains pensent que les Canadiens n’aiment pas prendre de risques. Je n’en crois rien. » Ilse Treurnicht

Toujours selon Mme Treurnicht, l’une des choses qui manquent aux entreprises naissantes, c’est le capital-risque. « La disponibilité limitée du capital-risque à toutes les étapes du cycle de croissance d’une entreprise est souvent un obstacle au développement d’entreprises de dimension mondiale à partir du Canada. »

Les chiffres de l’OCDE abondent en ce sens. Parmi sept pays étudiés en 2008 (Australie, Canada, Danemark, Finlande, Norvège, Pays-Bas et Royaume-Uni), le capitalrisque accessible aux start-up canadiennes représentait 0,08 % du PIB, le chiffre le plus bas du groupe (la Finlande se classant première, à 0,24 %). Cela explique sans doute en partie pourquoi en 2007, malgré les facilités administratives au Canada, seules 8 % des sociétés enregistrées étaient nouvelles, contre 18 % au Royaume-Uni. En matière de recherche-développement (R-D), un indicateur courant, quoiqu’incomplet, du degré d’innovation, le Canada accuse également un certain retard. La DIRDE (« dépense intérieure brute de R-D des entreprises ») mesure le niveau d’investissement en R-D des pouvoirs publics et des entreprises. En 2008, la DIRDE représentait au Canada à peine plus de 1 % du PIB, soit nettement moins que la moyenne de l’OCDE (1,6 %).

FOCUS

LE CANADA ET l’ocde

le gouvernement canadien, dans son budget 2010, à réexaminer l’aide fédérale à la R-D, afin d’améliorer les opportunités offertes aux jeunes entreprises et de stimuler l’innovation. « Dans les économies modernes, la majorité des nouveaux emplois sont créés grâce aux jeunes entreprises à forte croissance, explique Mme Treurnicht. Ces entreprises sont également des catalyseurs pour la création de secteurs d’avenir. Dans le cadre des mesures destinées aux PME en général, les pouvoirs publics doivent tenir compte des besoins particuliers de ces « gazelles » et leur assurer des conditions propices à leur croissance. Ces jeunes entreprises sont aussi des sources importantes de nouvelles idées, de talent entrepreneurial et de croissance future pour des entreprises plus établies ; le secteur privé se doit donc d’investir en elles ainsi que dans l’écosystème qui favorisera leur croissance ». L’essentiel de la R-D est menée par les grandes entreprises. Selon la Stratégie de l’OCDE pour l’innovation, parue en mai 2010, 700 entreprises réalisent près de la moitié des dépenses mondiales de R-D. Le Canada ne fait pas exception : dix entreprises ont réalisé à elles seules le tiers de toutes les activités de R-D au cours des 20 dernières années, bien que 98 % des entreprises canadiennes entrent dans la catégorie des petites et moyennes entreprises (PME), qui emploient quelque 5 millions de personnes, soit environ la moitié de l’effectif du secteur privé. Libérer ce potentiel est l’un des objectifs du budget 2010 du gouvernement canadien. Pour ce faire, il a créé à l’intention des PME le Programme canadien pour la commercialisation des innovations, doté d’un budget de 40 millions de dollars canadiens sur deux ans, qui sera affecté à une vingtaine de projets et servira à organiser des foires commerciales régionales où les PME pourront présenter leurs innovations. Une initiative bienvenue pour les PME canadiennes. Par rapport à leurs grandes sœurs, qui ne réservent que 1 % de leurs recettes à l’innovation, certaines petites entreprises innovantes peuvent exceptionnellement y consacrer bien davantage.

Dépense intérieure brute de R-D des entreprises (DIRDE) % du PIB 4

Mais la DIRDE a-t-elle un impact sur la productivité du travail ? Oui, selon l’OCDE. « Les gains de productivité et la croissance du PIB sont étroitement liés aux nouvelles technologies et aux investissements dans les actifs intellectuels, note Andrew Wyckoff, directeur de la Science, la Technologie et l’Industrie à l’OCDE. Les ordinateurs personnels, l’Internet et ses ramifications, les réseaux de télécommunications haut débit jouent un rôle déterminant dans l’amélioration de l’efficacité, le développement de nouveaux modèles économiques et la création d’entreprises ».

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Le rapport sur la Stratégie de l’OCDE pour l’innovation présenté aux ministres en mai 2010 indique que les investissements dans les actifs immatériels, y compris la DIRDE, ont accru la productivité du travail d’un point de pourcentage en Autriche, aux États-Unis, en Finlande, au Royaume-Uni et en Suède. La baisse de productivité et l’écart croissant entre les performances du Canada et celles des États-Unis ont incité

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Italie

Pologne

Source: OCDE

L’Observateur de l’OCDE Dossier spécial 50e anniversaire juin 2011

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FOCUS Mais pour faire décoller l’innovation, il ne faut pas limiter les dépenses en direction de la R-D, qui n’est que l’un des moteurs de l’innovation. Certaines entreprises innovantes ne font aucune R-D. « La R-D est un puissant moteur de l’innovation, mais ce n’est pas le seul, explique M. Wyckoff. La mondialisation a modifié notre manière de transformer le savoir en valeur marchande – ce qui est la définition même de l’innovation. Ce « La R-D est un puissant processus se déroule désormais de moteur de l’innovation, mais plus en plus hors des laboratoires. Les nouvelles approches de la ce n’est pas le seul. » conception, de la commercialisation Andrew Wyckoff et de l’organisation sont de puissants vecteurs de croissance ». M. Wyckoff souligne ce que l’OCDE considère comme la caractéristique primordiale de l’innovation : trouver de nouvelles manières, plus efficaces, de faire les choses, de mobiliser les compétences, les idées et les technologies pour accroître la productivité et le potentiel. Ce type d’« actifs immatériels » représente entre 5 et 12 % du PIB dans certains pays de l’OCDE.

leurs propres technologies ou avaient modifié des technologies acquises auprès d’autres entreprises. Ces innovations étaient par la suite librement partagées par 18 % des entreprises, souvent gratuitement.

Malheureusement, la crise économique a forcé de nombreuses entreprises à reporter, voire à annuler des projets innovants. « Le marché local canadien est petit, explique Mme Treurnicht, et nous avons grandement bénéficié de l’appétit insatiable des États-Unis pour nos nouveaux produits et services. Le ralentissement de ce marché ces dernières années pousse les Canadiens à rechercher de plus en plus de nouveaux partenaires et de nouvelles opportunités dans les marchés émergents à forte croissance. Cela stimulera l’innovation à l’avenir ».

Conseil des académies canadiennes (2009), « Innovation et stratégies d’entreprise : pourquoi le Canada n’est pas à la hauteur », comité d’experts sur l’innovation dans les entreprises

L’innovation prospère dans de vastes espaces, pas seulement géographiques, mais aussi dans le monde des idées, qui ne connaît pas de frontières. Les entreprises bénéficiant de contacts internationaux diversifiés innovent davantage. « Les compétences, les réseaux et l’échange des connaissances sont essentiels pour rester concurrentiels dans une économie où l’information circule en temps réel », explique M. Wyckoff. « Les entreprises collaborent de plus en plus afin de réduire les coûts et les risques de la mise sur le marché de nouvelles idées, en faisant appel aux compétences disponibles partout dans le monde ». À cet égard, le Canada n’est pas à la traîne. Le financement d’origine étrangère représentait près de 10 % des dépenses de R-D combinées du secteur public et des entreprises en 2009. La proportion de fabricants canadiens qui collaborent à l’échelle internationale à des projets innovants se situe au-dessus de la moyenne OCDE. Une tendance encourageante. Selon l’OCDE, les entreprises qui collaborent ainsi investissent davantage dans l’innovation que celles qui sont plus individualistes. Les entreprises canadiennes ne sont pas non plus avares de leurs innovations. Une étude réalisée en 2007 par Statistique Canada révèle en effet que 42 % des entreprises manufacturières avaient mis au point

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Cela ne surprend guère Mme Treuernicht. « Les nouveaux modèles d’innovation, explique-t-elle, font de plus en plus appel à la collaboration, entre disciplines, à travers les frontières géographiques et même à travers le fossé culturel entre secteur public et secteur privé. Du fait de l’étendue géographique, de la faible densité démographique et du statut de puissance moyenne de leur pays dans le monde, les Canadiens sont culturellement ouvert aux approches collaboratives, et ils ont une certaine expérience de la constitution de réseaux du savoir ». Nul doute que le Canada et ses partenaires de l’OCDE en récolteront les fruits.

Références OCDE (2010), La stratégie de l’OCDE pour l’innovation : Pour prendre une longueur d’avance OCDE (2010), Mesurer l’innovation : Un nouveau regard Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (2010), « Examen du soutien fédéral de la recherche-développement », recommandations d’un groupe d’experts Wyckoff, A. (2009), « La reprise par l’innovation », L’Observateur de l’OCDE n° 273, juin

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ISBN 978-92-64-08348-6


INNOVATION

Podium

Pierre Lapointe - Président - FPInnovations

« Notre objectif est d’optimiser et de valoriser l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur forestier du Canada » Pouvez-vous nous présenter FPInnovations ? FPInnovations est un institut qui réunit les centres de recherchedéveloppement de l’industrie forestière du Canada (Opérations forestières, Produits du bois, Pâtes et Papiers et le Centre canadien sur la fibre de bois de Ressources naturelles Canada). Il compte quelque 400 membres, emploie près de 600 personnes et dispose de bureaux à Montréal, Québec et Vancouver, au Canada. C’est un des plus importants instituts de recherche forestiers à but non lucratif du monde. L’ensemble des expertises ainsi rassemblées permet d’offrir une capacité d’intervention sur quatre axes principaux de recherche :

l’optimisation de la chaine de valeur ; la mise au point de solutions pour la construction et la vie ; la création de pâtes et papiers de nouvelle génération ; et le développement de nouveaux produits énergétiques et chimiques dérivés de la biomasse forestière. FPInnovations travaille en collaboration avec plus de 60 laboratoires universitaires. L’effort de recherche est orienté vers les besoins des industriels qui sont membres de notre institut. L’industrie forestière est considérée comme un secteur « traditionnel ». Pouvez-vous nous donner des exemples de projets de recherche ? L’industrie forestière canadienne connaît une transformation profonde avec le développement de nouvelles voies biotechnologiques à forte valeur ajoutée. La nanocellulose cristalline (NCC) en est un bel exemple. Il s’agit d’un nanomatériau renouvelable, recyclable et abondant extrait des fibres de bois issues du processus de fabrication de la pâte. Les applications éventuelles comprennent les films réfléchissants à effet optique, les vernis ultra résistants et des bioplastiques : elles ouvrent des débouchés dans de très nombreux secteurs industriels (aéronautique, spatial, automobile, textile, etc.). La première usine de démonstration d’envergure commerciale au monde, capable de fabriquer 1 tonne/jour de NCC, devrait être opérationnelle en septembre prochain. Les bois d’ingénierie (bois laminés croisés), une invention européenne, sont utilisés dans des constructions non résidentielles en raison de leur forte résistance aux tremblements de terre dans la côte ouest du Canada et en Californie, aux États-Unis. Nous venons de mettre au point une fibre qui peut se transformer en rayonne et, ainsi, remplacer le coton. Celle-ci remporte un vif succès en Asie. FPInnovations explore des solutions pour l’avancement de la bioéconomie liée à la ressource forestière. Il s’agit de l’utilisation de la biomasse de la lignocellulose pour la production de la bioénergie ou de produits chimiques. Il s’agit d’un champ d’investigation très prometteur. Quelle est votre stratégie en matière de coopération internationale? FPInnovations jouit de coopérations historiques avec des pays comme la Suède ou la Finlande en raison de la similitude des forêts. Mais d’autres pays européens (France, Allemagne et Italie) sont également des partenaires privilégiés. La coopération avec l’Asie se développe en raison de son dynamisme économique et de la présence du Canada dans la zone du Pacifique. FPInnovations a des bureaux en Chine, à Beijing et à Shanghai. Nous nous intéressons de plus en plus à l’Amérique latine, car l’industrie forestière y connaît un développement rapide. Le Canada et le Chili coopèrent depuis longtemps en matière de constructions résistantes aux tremblements de terre.

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Nous poursuivons toutes les avenues innovatrices de transformation du secteur forestier qu’elles proviennent du Canada ou d’autres .

Sponsorisé par FPInnovations


FOCUS REUTERS/Mark Blinch

Éducation : les succès de la diversité

Cure de jouvence pour Stephen Harper, Premier ministre du Canada

Le système éducatif canadien jouit d’une solide réputation, tant auprès des Canadiens qu’à l’étranger, grâce aux bonnes performances mesurées par des études de renom comme le programme PISA de l’OCDE, qui évalue les acquis des élèves de 15 ans. Il y a plusieurs raisons à ce succès, notamment la mise en place de réformes favorisant l’équité et l’intégration. Mais certains défis restent à relever. Les disparités sont une préoccupation phare des responsables des politiques sociales. Qu’elles se manifestent dans la répartition des revenus, dans l’accès à l’emploi ou dans le système éducatif, les disparités sont en effet souvent considérées comme les signes avant-coureurs d’une fracture sociale plus large. On pourrait penser qu’avec l’une des populations immigrées les plus importantes des pays de l’OCDE, cette question serait un enjeu majeur au Canada, surtout dans l’éducation, domaine qui témoigne, dans de nombreux pays, des difficultés que peuvent rencontrer les enfants d’immigrés à s’intégrer. Or il n’en est rien. Lors de l’enquête 2009 du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l’OCDE, dont l’objet était d’évaluer les élèves de 15 ans de 65 pays, y compris l’ensemble des 33 pays membres de l’OCDE, le Canada a figuré parmi les dix pays les plus performants dans chacune des catégories prises en compte (compréhension de l’écrit, mathématiques et sciences). Si ces résultats étaient uniquement dus à un nombre élevé de très bons élèves, ils n’en seraient pas moins remarquables, mais le fait que tous les élèves – aussi bien ceux ayant atteint des scores élevés que ceux auxquels ont été attribués les scores les plus faibles – aient contribué aux résultats obtenus, met en évidence l’équité du système éducatif canadien, où l’écart entre les scores les plus élevés et les plus bas a été l’un des plus faibles de tous les pays de l’OCDE. Pour Andreas Schleicher, conseiller spécial du Secrétaire général de l’OCDE pour l’éducation et l’une des chevilles ouvrières de l’enquête PISA, ce succès s’explique notamment par la manière dont le Canada a mené les réformes éducatives. « La leçon à tirer de l’expérience canadienne, c’est la mobilisation des principales parties prenantes, y compris les enseignants

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et les syndicats, et le fait de confier la mise en œuvre des réformes à des professionnels plutôt qu’à des bureaucrates. » D’importants efforts ont été déployés pour obtenir l’adhésion des enseignants, des établissements et des syndicats aux réformes. Le Canada s’est montré particulièrement performant non seulement en matière d’équité, mais aussi sur le plan de l’intégration. Au Canada comme ailleurs, les enfants immigrés éprouvent souvent des difficultés pendant cinq ans environ après leur arrivée. Rien d’étonnant à cela puisqu’il leur faut s’adapter à un nouvel environnement et apprendre une ou plusieurs nouvelles langues. Mais au Canada, au bout de cinq ans, ils sortent bel et bien de leur chrysalide. D’après la première enquête PISA en 2000, le score des enfants ayant vécu au Canada moins de cinq ans se situait 20 points au dessous de la moyenne OCDE, qui s’établissait à 478, alors que celui des enfants ayant passé plus de cinq ans dans le pays était de 524. Le PISA 2000 a ainsi montré qu’un gain ou une perte de 34 points des élèves canadiens en compréhension de l’écrit représentaient l’équivalent d’un gain ou d’une perte d’une année d’études. Les raisons de ces bons résultats ? D’après Andrew Parkin, Directeur général du Conseil des ministres de l’Éducation du Canada (CMEC), le ou plutôt les systèmes éducatifs canadiens « permettent aux immigrés de se faire plus facilement une place » dans la société. De nombreux établissements proposent des classes d’initiation au français et à l’anglais, et les provinces et territoires encouragent vigoureusement l’immigration. En 2010, le Canada a accueilli plus de 280 000 immigrés, un nombre sans précédent depuis l’adhésion du pays à l’OCDE il y a 50 ans. Le pays a aussi ouvert grand ses portes aux résidents temporaires, dont quelque 182 000 étudiants étrangers, soit 28 000 de plus qu’il y a cinq ans. Ceuxci forment désormais 8 % de la population étudiante, contre 4 % en 1992. Ce n’est pas un hasard. Contrairement à d’autres pays, le Canada cherche ouvertement à attirer des étudiants étrangers pour stimuler l’innovation et l’économie. Selon une étude commandée par le gouvernement, la contribution des étudiants étrangers à l’économie canadienne s’élève


à 6,5 milliards de dollars canadiens. Désireux de rendre les études au Canada attractives, le gouvernement a créé la Catégorie de l’expérience canadienne, par laquelle les étudiants étrangers remplissant certains critères peuvent présenter une demande de résidence permanente. L’immigration est un sujet épineux pour les responsables politiques, qui soit adoptent une rhétorique populiste, reprochant aux immigrés d’être à l’origine d’un chômage élevé, soit, plus raisonnablement, invoquent leur

« Nous devons redoubler d’efforts pour que nos élèves restent dans le peloton de tête. » Andrew Parkin potentiel positif pour la croissance. De fait, les immigrés peuvent être à la recherche d’emplois, fuir l’instabilité politique ou simplement chercher à rejoindre leur famille. M. Parkin remarque que les profils des immigrés au Canada diffèrent de ceux qui émigrent aux États-Unis, par exemple. Alors qu’aux États-Unis, il s’agit principalement d’immigrés économiques provenant d’Amérique latine, au Canada, les immigrés sont en général dotés d’un bon niveau d’éducation et de qualification. La majorité d’entre eux (52,7 % en 2010) viennent de pays d’Asie comme la Chine ou la Corée, où le travail et l’excellence scolaires sont vivement encouragés par la société. Le milieu socio-économique peut être un facteur essentiel de réussite scolaire. Les enfants de familles pauvres ou monoparentales ont en général de moins bons résultats. La capacité, pour un enfant, de surmonter ce type d’obstacle est désigné, dans le cadre de PISA, par le terme « résilience ». Les élèves canadiens sont particulièrement « robustes » puisqu’ils occupent la 9ème place du classement, 40 % d’entre eux étant considérés comme résilients contre 31 % en moyenne pour la zone OCDE. La réussite ne tient pas uniquement à la détermination des élèves ou au soutien parental. M. Parkin souligne également le professionnalisme des enseignants canadiens, encouragé par les politiques d’éducation. La liberté accordée aux enseignants s’étend aux élèves. Ainsi, le système de « l’orientation » pratiqué par certains pays de l’OCDE, qui consiste en une certaine spécialisation des élèves, parfois dès l’âge de 11 ans, n’existe pas au Canada. Cette flexibilité pédagogique se poursuit dans l’enseignement supérieur canadien, que M. Parkin qualifie de système de la « seconde chance ». Contrairement au Royaume-Uni par exemple, où les étudiants qui décrochent peuvent se retrouver au chômage pendant plusieurs années, leurs homologues canadiens trouvent en général un emploi. Après avoir travaillé quelques années, certains décident de reprendre leurs études. Beaucoup s’inscrivent alors dans un établissement local, ce qui évite d’avoir à s’installer dans une grande ville, et permet d’acquérir des compétences précises plus rapidement. Cette brève pause entre le secondaire et le supérieur explique sans doute la relative jeunesse des étudiants étrangers du premier cycle du supérieur par rapport à leurs homologues canadiens.

FOCUS

LE CANADA ET l’ocde

« Prenez l’Ontario, la province la plus avancée, explique M. Schleicher. Elle a axé ses stratégies directement sur la manière d’enseigner. Elle a accordé une priorité attentive et détaillée à la mise en œuvre, et a permis aux enseignants de tester de nouvelles idées et d’apprendre de leurs collègues. Mais les résultats n’ont pas été très encourageants. Selon M. Parkin, un élève canadien sur dix n’a pas un niveau de lecture suffisant, et les garçons obtiennent dans ce domaine des résultats sensiblement inférieurs à ceux des filles (bien que l’écart se réduise). Lors des deux cycles de l’enquête PISA, les élèves canadiens scolarisés dans un environnement où prédominait une langue minoritaire ont moins bien réussi que ceux scolarisés dans des milieux à dominante anglophones ou francophones. Les canadiens autochtones, qui selon M. Parkin représentent jusqu’à un quart de la population dans certaines provinces, comme le Manitoba et la Saskatchewan, accusent un certain retard et tendent à abandonner leurs études en cours de route. Les nombreuses évaluations de PISA contribueront à élaborer des politiques visant à améliorer les résultats de ces élèves. Même dans les domaines où le Canada excelle, M. Parkin met en garde contre tout triomphalisme : « Beaucoup de pays progressent en matière d’éducation. Les ministres canadiens de l’Éducation savent que nous ne pouvons nous endormir sur nos lauriers. Nous devons redoubler d’efforts si nous voulons que nos élèves restent dans le peloton de tête ». Cette exigence sera peut-être en grande partie réalisée grâce aux élèves immigrés. Le Canada est un pays véritablement multiculturel, dont le nombre d’habitants nés à l’étranger est l’un des plus élevés des pays de l’OCDE. Dans un pays où 18 % de la population est née à l’étranger, la question de l’intégration se pose moins. « l’identité canadienne, souligne M. Parkin, s’est construite sur la diversité. »

Références Voir www.oecd.org/edu-fr Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves (PISA) : ww.pisa.oecd.org OCDE (2010), Les Clés de la réussite: Impact des connaissances et compétences à l’âge de 15 ans sur le parcours des jeunes canadiens, disponible sur www.oecd.org/dataoecd/59/24/44576147.pdf Voir les communiqués de presse sur www.cic.gc.ca Statistique Canada : www.statcan.gc.ca/pub/81-004-x/2010006/article/11405-fra.htm

Entre 5 000 et 10 000 élèves âgés de 15 ans, soit en moyenne 150 élèves par pays, ont passé les tests PISA en 2009. Afin d’évaluer plus précisément les élèves de chacune de ses dix provinces, le Canada a fait passer les tests PISA à 25 000 élèves représentant 10 000 établissements scolaires.

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Pêche : la leçon des Grands Bancs

Suite aux avanies environnementales et économiques subies par le secteur de la pêche, le Canada met en œuvre d’importantes réformes. Une renaissance s’annonce, mais certains défis demeurent. Pendant près de cinq siècles, les Grands Bancs de Terre-Neuve ont nourri les habitants de l’île et fait du Canada l’un des champions mondiaux de la pêche. Mais à la fin du XXe siècle, les abondants bancs de morue qui avaient fait la fortune de pêcheurs du monde entier ont quasiment disparu des Grands Bancs. La surpêche réduisant les stocks dans l’Atlantique Nord, on pouvait craindre une extinction prochaine de la morue. Le 2 juillet 1992, le gouvernement fédéral canadien a imposé un moratoire sur la pêche à la morue. Cela a entraîné une vague historique de licenciements, touchant les pêcheurs, mais aussi les employés des usines de transformation, de la commercialisation et de la construction navale. Terre-Neuve fut alors pendant dix ans le théâtre d’un exode massif vers d’autres provinces pour trouver des emplois. Le coup a été rude pour les pêcheries canadiennes de l’Atlantique, comme pour d’autres pays. Mais la surexploitation de la morue devait être stoppée. Avec aujourd’hui des stocks d’environ 5 500 tonnes, le moratoire est toujours en vigueur et c’est désormais une pêche récréative et artisanale qui se pratique sur les Grands Bancs. Tandis que les stocks de morue déclinaient, les morutiers se sont tournés vers la pêche au crabe et à la crevette, dont les stocks sont abondants. Selon les estimations de l’OCDE, entre 1989 et 1992, la valeur totale des débarquements (morue comprise) à Terre-Neuve s’élevait à près de 275 millions de dollars canadiens par an. Quinze ans plus tard, elle atteignait 470 millions de dollars. Compte tenu de l’augmentation de l’indice des prix à la consommation au Canada de 1990 à 2006 (d’environ 40 %), la valeur débarquée a augmenté de 20 % par rapport à la période où

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la morue était reine. Le homard, la crevette et le crabe constituent les produits « haut de gamme », très demandé par les restaurants, les hôtels, les clubs de vacances et les casinos. Les coquillages représentaient à eux seuls 63 % de la valeur des prises commerciales canadiennes en 2009. La crise économique est toutefois passée par là. Entre 2007 et 2009, le prix au détail du homard a chuté de 50 % et celui du crabe des neiges de 20 %. Les pêcheurs ciblant d’autres espèces n’ont pas été mieux lotis. Les captures de morue, déjà mises à mal, ont perdu 47 % de leur valeur. La situation a été aggravée par la hausse du dollar canadien, qui a réduit les marges des exportations libellées en dollars des États-Unis (le plus gros importateur de produits pêchés au Canada). Les faibles coûts de production des concurrents internationaux, notamment asiatiques, ont contribué à maintenir les prix bas. Parmi ses mesures de relance économique, le gouvernement fédéral a injecté directement 75 millions de dollars canadiens dans la filière, dont 50 millions destinés à viabiliser la pêche au homard, la plus rentable des espèces pêchées au Canada. De plus, les provinces ont injecté plus de 4 millions de dollars canadiens dans des projets d’aquaculture et de viabilisation. Dès avant la crise, le gouvernement fédéral envisageait déjà de redynamiser le secteur. En 2006, le ministère des Pêches et des Océans du Canada (MPO) a initié la révision de la loi sur les pêches, promulguée plus d’un siècle auparavant. Plusieurs initiatives sont en cours pour actualiser les politiques de gestion de la pêche et pour donner plus de liberté aux pêcheurs, tout en leur conférant davantage de responsabilités dans la gestion des pêches. Parallèlement à la nouvelle législation, le gouvernement a instauré le Cadre pour la pêche durable, une série de mesures de précaution tenant compte des écosystèmes marins. Ce cadre comprend des seuils de populations marines en-deçà desquels la pêche est interdite et un


classement par zone (« zone saine », « zone de prudence » et « zone critique »), ainsi que diverses stratégies et procédures de mise en œuvre, tout en tenant compte des risques et des incertitudes. « Le Cadre pour la pêche durable du Canada offre une base pour une pêche durable et préservant les espèces, souligne Nadia Bouffard, Directrice générale des Pêches et des Politiques autochtones au MPO. Combiné à des réformes socio-économiques et à de nouvelles initiatives, ce Cadre est un instrument-clé pour développer une pêche à la fois respectueuse de l’environnement et porteuse de prospérité économique pour le secteur de la pêche et pour les communautés qui en dépendent. » Conscient du rôle crucial des habitats marins et de la biodiversité pour la durabilité de la pêche, le gouvernement fédéral a créé sept zones de protection marines, dont celle du Mont Bowie, un ancien volcan sousmarin situé dans le Nord-Est du Pacifique et considéré par le MPO

Plusieurs initiatives sont en cours pour actualiser les politiques de gestion de la pêche et pour donner plus de liberté aux pêcheurs, tout en leur conférant davantage de responsabilités dans la gestion des pêches comme une « oasis » de biodiversité. À travers quelque 22 initiatives environnementales et scientifiques prises récemment dans le cadre du Programme pour la santé des océans, neuf nouvelles zones de protection marines seront créées d’ici 2015 et la coopération internationale sera renforcée dans le golfe du Maine et dans l’Arctique. Le MPO développe également une politique nationale de gestion des prises non-intentionnelles, qui concernent tant les prises accidentelles d’espèces non recherchées que les prises surabondantes. Cette politique procède du même esprit que les codes de conduite et les principes directeurs de la FAO, ou de pratiques telles que le Plan d’action national visant à réduire la capture accidentelle d’oiseaux de mer (PAN-Oiseaux de mer) et le Plan d’action national pour la conservation et la gestion des requins (PAN-Requins).

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LE CANADA ET l’ocde

d’emploi pour les communautés côtières et rurales, et contribue à l’offre mondiale d’aliments. » Qu’en est-il du réchauffement climatique ? Selon l’Examen des pêcheries de l’OCDE, le réchauffement des eaux arctiques pourrait entraîner la diminution d’espèces comme le capelan et le flétan du Groenland. Une telle perte porterait un rude coup à la biodiversité canadienne et mondiale, ainsi qu’aux communautés qui en dépendent. Une hausse de température, le morcellement de la banquise et l’ensoleillement accru des mers qui s’ensuivrait pourraient accroître les colonies de morues, colins, harengs et poissons plats. De tels changements ont déjà eu lieu par le passé, et leurs effets peuvent durer longtemps. À condition d’anticiper et de favoriser une gestion respectueuse de l’environnement et la coopération internationale, le Canada a de bonnes raisons d’être optimiste. La leçon des Grands Bancs ne sera pas oubliée.

Références Site Internet de Pêches et Océans Canada : www.dfo-mpo.gc.ca/index-fra.htm Ma, Paul (2009), « Canada’s Fishing Communities: An Overview of Current Challenges and Opportunities », présentation effectuée lors de la Conférence sur le développement rural, Québec, 3-15 octobre (en anglais uniquement) Patrimoine de Terre-Neuve et du Labrador : www.heritage.nf.ca/home.html OCDE (2010), Examen des pêcheries dans les pays de l’OCDE 2009 - Politiques et statistiques de base (à paraître)

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La coopération internationale, à travers des organisations comme l’OCDE, devient de plus en plus cruciale. Environ 40 % des produits de la mer pêchés sont échangés sur les marchés internationaux. En 2007, les exportations du Canada en produits de la mer ont atteint quelque 3,88 milliards de dollars canadiens et ses importations 2,2 milliards. Le Canada a en outre signé des protocoles d’entente avec l’Espagne, la Fédération de Russie, le Groenland, la Norvège et le Portugal pour tisser des liens plus étroits en matière de recherche, de développement économique et de police des pêches. Quant à l’aquaculture canadienne, elle prospère. « La production aquacole canadienne a plus que doublé depuis 1996, selon Guy Beaupré, Directeur général de l’Aquaculture au MPO, et sa valeur a presque triplé sur la même période, frôlant maintenant le milliard de dollars par an. » Le secteur recouvre plus de 14 000 emplois. « Il représente une part de plus en plus grande de l’économie canadienne, offre d’importantes opportunités

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FOCUS Gary Hershorn/Reuters

La force des foules : les JO d’hiver 2010

Sidney Crosby, médaillé d’or, fête la victoire de l’équipe canadienne

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FOCUS

LE CANADA ET l’ocde

Les grands événements sportifs peuvent à la fois stimuler l’économie et la société. C’est ce qu’ont fait les Jeux olympiques d’hiver de Vancouver, en 2010, qui ont été largement applaudis malgré d’importantes difficultés au départ. Pourquoi un tel succès, et quelles leçons en ont tiré les organisateurs ? Réponses de John Furlong, président du comité d’organisation des Jeux de 2010. « Nous n’avions pas droit à l’erreur, un seul dollar de déficit aurait été impardonnable », se souvient John Furlong, président du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver (COVAN), en référence au budget de fonctionnement de 1,75 million de dollars canadiens accordé aux Jeux de Vancouver, en Colombie britannique, en 2010. John Furlong

M. Furlong rejette l’idée selon laquelle il a fait preuve de créativité pour maintenir le cap des Jeux en pleine crise économique. « Ce n’était pas de la créativité, précise-t-il. Nous luttions pour notre survie ». La lutte a bien tourné, mieux que quiconque n’aurait pu l’imaginer, et pas uniquement sur le plan économique. Le Canada a décroché 14 médailles d’or, soit le plus grand nombre obtenu par un pays en une seule année olympique. De surcroît, il a remporté l’épreuve de hockey sur glace, un sport qui pour beaucoup incarne le Canada, suscitant une véritable jubilation nationale. « Le Canada n’avait pas d’expérience olympique, explique M. Furlong. Cela a eu un impact profond sur le pays. » Comment a-t-il réussi à négocier le super G de la crise économique ? D’abord en attirant les foules et en remplissant les gradins, maintenant ainsi le moral des Canadiens et de leurs athlètes. « Je me rappelle que lorsque j’étais à Pékin, plus de moitié des tribunes étaient désertes pour certaines épreuves. Nous avons donc mis en place un système de troc : ceux qui ne pouvaient ou ne voulaient pas suivre une épreuve pouvaient échanger leur billet avec les spectateurs intéressés. Les gradins ont ainsi toujours été occupés. » La confiance était essentielle à la réussite des Jeux. Suite à la crise économique, de nombreux partenaires financiers ont fait la grimace. « Certains s’alarmaient du possible retrait de General Motors du rang des sponsors. Nous avons refusé de croire à cette éventualité, et nous avons eu raison. L’enjeu était tel pour le pays que finalement, aucun de nos partenaires n’a renoncé. » Comme les études de l’OCDE l’ont montré, accueillir des événements mondiaux tels que les Jeux olympiques peut avoir des effets dévastateurs. L’organisation, les budgets et les répercussions économiques peuvent rehausser, mais aussi ternir l’image du pays organisateur. L’OCDE fait observer que l’ampleur et la pérennité des retombées des Jeux olympiques constituent un facteur déterminant lors de l’évaluation des candidatures. M. Furlong a choisi de placer la confiance au cœur de sa stratégie. Les organisateurs s’inquiétaient de ce qu’un parcours de la flamme olympique de 45 000 km – le plus long jamais envisagé dans un pays organisateur – et traversant plus d’un millier de villes, susciterait des réticences chez certains peuples autochtones. M. Furlong les a invités à participer. « Nous nous

sommes efforcés de créer des liens avec chaque communauté du pays », précise-t-il, ce qui s’est traduit par un contrat de 15 millions de dollars canadiens, avec des entreprises autochtones pour certains travaux de construction préliminaires. « Nous avons beaucoup misé sur ces relations, poursuit-il, et nous avons été tellement satisfaits des résultats que nous leur avons confié un contrat de 50 millions de dollars. » En 2010, M. Furlong figurait parmi les 25 « Canadiens de l’année » ayant profondément amélioré la vie des gens. Et aujourd’hui, il est très sollicité pour parler dans les forums de politique publique et les conférences d’entreprises. Toutes les retombées économiques et sociales des Jeux

Comment le Comité d’organisation de Vancouver a-t-il réussi à négocier le super G de la crise économique ? D’abord en attirant les foules. olympiques d’hiver de 2010 ne se font pas encore sentir, mais déjà, une étude de PricewaterhouseCoopers a estimé qu’au cours des trois premiers mois de 2010, elles avaient permis de générer 862 millions de dollars canadiens en PIB réel et de créer ou soutenir 17 000 emplois. M. Furlong admet que les avantages économiques n’étaient pas sa priorité première : « Notre objectif était de faire vivre aux Canadiens une expérience humaine intense ». Un objectif largement atteint par son équipe d’organisateurs. La réussite des Jeux olympiques d’hiver a été attribuée aux qualités managériales de M. Furlong, à sa modération et au caractère fédérateur de sa stratégie. Mais il estime que la vraie raison du succès, c’est le public : « Le public s’est véritablement tenu aux avant-postes de ces Jeux ». Lorsque Sidney Crosby a marqué le point de la victoire lors de la finale de hockey, « tous les Canadiens étaient avec lui sur la glace. Les Jeux ont été perçus comme une métaphore de ce qu’il est possible de réaliser. » Références PricewaterhouseCoopers (2010), « The Games Effect: Report No. 6: Preliminary Economic Impact of the 2010 Winter Olympics on British Columbia and Canada », PricewaterhouseCoopers, septembre 2010. OCDE (2010), Local development benefits from staging global events (disponible en anglais uniquement) Voir www.JohnFurlong.ca Site Internet des JO d’hiver 2010 : www.olympic.org/fr/vancouver-2010-olympiques-hiver

L’Observateur de l’OCDE Dossier spécial 50e anniversaire juin 2011

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FOCUS

Un marché du travail vigoureux Le marché du travail canadien a été préservé des soubresauts les plus violents de la crise économique. Pourquoi ? Au plus fort de la crise de 2009, le chômage au Canada correspondait à la moyenne de l’OCDE, soit 8,3 %. C’était largement plus qu’avant la crise. Toutefois, la reprise a été vigoureuse, notamment comparé à son plus proche voisin. « Nous avons observé une inversion des évolutions traditionnelles entre le Canada et les États-Unis, affirme John Martin, Directeur de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’OCDE. Récemment encore, le taux de chômage était plus élevé au Canada qu’aux États-Unis. En avril 2011, le taux de chômage s’élevait à 9 % aux ÉtatsUnis, contre 7,6 % au Canada. Dans la conjoncture plus calme de 2007, le taux de chômage aux États-Unis était de 5,8 % contre 6,1 % au Canada. Cela dit, la part du chômage de long terme (plus de 12 mois) représentait seulement 12 % du chômage total, contre 29 % aux États-Unis et une moyenne OCDE supérieure à 32 %. Cette détermination à éviter le chômage de longue durée est l’une des raisons du récent retournement de tendance observé. La durée des accords de travail partagé, en vertu desquels les salariés renoncent à un certain nombre d’heures de travail pour éviter d’être licenciés, a été étendue de 14 à 78 semaines. De même, l’assurance emploi a été prolongée afin d’empêcher que les chômeurs ne se découragent et n’arrêtent leur recherche d’emploi. Les jeunes ont été les principales victimes de la crise. Mais là aussi, les jeunes Canadiens ont été moins durement touchés. Leur taux de chômage était de 14,8 % en 2010, soit 2 points de moins que la moyenne OCDE et près de 4 points de moins qu’aux États-Unis. Le niveau d’éducation a joué. « Les jeunes Canadiens ont un très bon niveau d’instruction, comparé à pratiquement n’importe quel autre pays de l’OCDE » estime John Martin. Après avoir quitté l’école, les étudiants ont moins de mal à trouver un emploi et à le garder. En 2008, plus de 75 % des premiers emplois occupés étaient permanents et à temps plein. Certes, la crise a affaibli le marché. Mais le chômage de longue durée reste rare. En 2009, il s’élevait à 16,9 % chez les 16-24 ans des pays de l’OCDE, contre seulement 2,6 % au Canada. La frontière entre scolarité et travail est moins nette au Canada que dans les autres pays de l’OCDE. Ce n’est peut-être pas toujours une bonne chose. Les Canadiens commencent à travailler relativement tôt. L’âge minimum pour travailler dans la province de l’Alberta est fixé à 12 ans, contre 14 dans le reste du pays. Cela pourrait sembler sans risque, le travail étant limité à deux heures par jour. Mais pour l’OCDE, les jeunes risquent d’être tentés de quitter l’école pour travailler et de compromettre ainsi leurs chances d’avenir. L’un des moyens de garder les enfants à l’école est de les scolariser plus tôt. L’OCDE a observé que la scolarisation des enfants avant le primaire, notamment pour les enfants de familles défavorisées ou modestes, permet de socialiser correctement ces enfants et de prolonger leur scolarisation par la suite. Un Canadien sur cinq étant né à l’étranger, soit près du double de la moyenne OCDE, on pourrait s’attendre à un chômage plus élevé chez les immigrés. Or, l’OCDE n’a constaté qu’une légère différence. Cela s’explique en partie

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par le dispositif canadien de la « catégorie des travailleurs qualifiés », qui sélectionne les immigrés selon un système de points. Près de la moitié des immigrés canadiens est concernée par ce dispositif. Pour autant, les immigrés ont toujours davantage de difficultés à trouver un emploi, tout comme les Canadiens aborigènes. Ce n’est pas le cas pour les immigrés

« Le marché du travail canadien a bien surmonté la crise. » John Martin, OCDE de deuxième génération : pas moins de 30 % d’enfants d’immigrés âgés de 25 à 54 ans exercent une profession intellectuelle ou scientifique, contre 26 % pour les enfants de parents nés au Canada. Le Canada ne gaspille-t-il pas cette richesse ? « Il y a des différences persistantes de rémunération, relève John Martin. Cela tient en partie à ce que les employeurs attribuent très peu de valeur aux qualifications acquises à l’étranger. Le Canada gâche en partie le potentiel de ces immigrés. » Le Canada devrait également réformer son système d’assurance-emploi, selon lequel un employeur saisonnier (le capitaine d’un chalutier par exemple) ou toute autre entreprise qui licencie des salariés de manière cyclique, paie moins d’impôts qu’un employeur non-saisonnier. Dans les faits, c’est l’employeur non-saisonnier qui subventionne l’employeur saisonnier. L’OCDE recommande depuis longtemps la mise en place d’un système de cotation des emplois qui obligerait les employeurs saisonniers à payer leur part. « Le marché du travail canadien a bien surmonté la crise, estime John Martin. Le défi à relever désormais est de maintenir le cap. »

Références OCDE (2010), Equal Opportunities? The Labour Market Integration of the Children of Immigrants (en anglais uniquement) OCDE (2010), « Perspectives de l’OCDE 2010 : quelle est la position relative du Canada ? », voir www.oecd.org/canada-fr OCDE (2008), Des emplois pour les jeunes : Canada OCDE (2010), Études économiques de l’OCDE : Canada OCDE (2011), Panorama de la société


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FOCUS

50 ans d’échanges et de coopération : travaux en cours Ken Ash, Directeur, Direction des échanges et de l’agriculture de l’OCDE

« Le Canada a toujours participé activement aux travaux de l’OCDE sur les échanges et l’agriculture » Le Canada est une nation de commerce. Ce pays vaste, riche en ressources naturelles et relativement peu peuplé, a des prédispositions naturelles pour le commerce. Mais le Canada a su aussi exploiter ce potentiel et peut aujourd’hui s’enorgueillir d’une main-d’œuvre hautement qualifiée et diplômée, d’une infrastructure physique et financière bien développée, d’un cadre réglementaire transparent et prévisible et d’un degré élevé d’ouverture au commerce et à l’investissement. Le pays jouit par conséquent d’une activité commerciale dynamique, les exportations comme les importations dépassant 500 milliards de dollars par an. Le stock d’investissement direct étranger au Canada croît encore plus vite que les échanges et s’établit actuellement à plus de 500 milliards de dollars, tandis que les investissements directs canadiens à l’étranger sont un peu plus élevés. Le PIB par habitant avoisine 40 000 dollars, contre une moyenne de 34 000 dollars pour la zone OCDE, et le chômage, qui touchait 6,5 % de la population active avant la crise, a culminé à 8 % en 2010. La performance économique récente du Canada est encore plus impressionnante compte tenu de la crise économique mondiale. Toutefois, le succès passé n’est pas un gage de réussite pour l’avenir, et le paysage mondial évolue rapidement. Le Brésil, la Chine, l’Inde et la Russie répondent peut-être mieux à la définition d’économies émergées que d’économies émergentes, tandis qu’un certain nombre d’autres pays en développement, en particulier en Asie, commencent eux-mêmes à émerger. Quant aux pays développés – notamment ceux de l’Union européenne, le Japon et les États-Unis, ainsi que le Canada – ils s’adaptent aux mutations que ces évolutions induisent. La mondialisation entraîne une fragmentation internationale de la production et des chaînes de valeur mondiales. Les entreprises externalisent et délocalisent pour optimiser leur production, réduire leurs coûts et, de manière générale, améliorer leur compétitivité. Les biens et services intermédiaires – utilisés pour d’autres productions – constituent aujourd’hui

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la majeure partie des flux commerciaux, représentant 56 % des échanges de produits et 73 % des échanges de services dans la zone OCDE. Cela a des conséquences énormes. Les obstacles à l’importation destinés à préserver les emplois nationaux empêchent les entreprises d’accéder aux biens, aux services et au savoir-faire dont elles ont besoin pour soutenir la concurrence internationale ; les barrières commerciales, loin de protéger les emplois, les font disparaître. Les décideurs publics doivent reconnaître les avantages induits aussi bien par les importations que par les exportations. C’est ce que fait le régime canadien de droits de douane applicable aux produits agricoles et industriels, avec des droits moyens généralement inférieurs à 3 % et plus de deux tiers des lignes tarifaires bénéficiant d’un taux nul. Il y a toutefois des exceptions qui méritent attention, notamment les produits agricoles soumis à la gestion de l’offre, pour lesquels les droits de douane peuvent dépasser 100 %, et certains produits agricoles et industriels, dont les droits de douane augmentent suivant le degré de transformation. Le Canada a toujours participé activement aux travaux de l’OCDE sur les échanges et l’agriculture, et ces questions ont été examinées de près. Il existe déjà une somme considérable d’études sur le développement d’autres types possibles de politiques agricoles qui iraient dans le sens des intérêts nationaux du Canada sans restreindre les échanges. Le Canada participe également aux travaux de l’OCDE sur les échanges de services. Comme dans de nombreuses économies développées, le secteur des services au Canada a pris de l’ampleur ces 50 dernières années et représente aujourd’hui près de trois quarts de l’activité économique et près de la moitié de l’emploi. Pourtant, à l’échelle mondiale, la part des services dans le commerce international reste stationnaire, à des niveaux relativement bas. Contrairement aux droits de douane appliqués aux frontières, les mesures visant les activités de services opèrent « à l’intérieur des frontières » et sont difficilement quantifiables : il s’agit notamment d’obstacles à l’établissement commercial, sous forme de limitations des participations étrangères et d’obligations de créer des co-entreprises, ou d’obligations d’enregistrement et de procédures d’octroi de licences à caractère discriminatoire. On sait donc peu de choses des effets des différentes politiques dans les divers secteurs de services et selon les pays. Le Canada apporte un fort soutien aux travaux lancés récemment à l’OCDE en vue de remédier à ce manque d’informations. Notre objectif est d’établir un « indice de restrictivité pour les échanges de services », étayé par une base de données sur les réglementations. Cet outil fournirait aux décideurs les informations permettant d’identifier les obstacles, d’améliorer le contexte dans lequel s’exerce l’action publique et de mener des négociations multilatérales en vue de libéraliser les échanges de services. Ces travaux ne sont possibles qu’avec la participation pleine et active des principaux fournisseurs de services du monde. Ce ne sont là que deux domaines sur lesquels le Canada et l’OCDE travaillent en étroite collaboration depuis des années, dans l’intérêt mutuel du Canada et de l’économie mondiale. Les échanges semblant devoir gagner encore en importance comme moteurs du progrès mondial dans les années à venir, un renforcement de la coopération internationale permettra d’accroître encore les avantages de l’expansion des échanges pour tous. Voir www.oecd.org/tad-fr


Podium L’Autorité des marchés financiers La force du régulateur intégré du secteur financier québécois L’Autorité des marchés financiers est l’organisme de réglementation mandaté par le gouvernement du Québec depuis le 1er février 2004 pour encadrer les marchés financiers québécois et prêter assistance aux consommateurs de produits et services financiers.

L du s

m pr o Av d Avec un siège social à Québec et une importante place d’affaires à l ’A ec u Montréal, l’Autorité veille à la protection des consommateurs par ses dr utor activités d’encadrement, de surveillance, d’inspection, d’enquête, d’éducation et d’indemnisation. ni eme ité s n L’A ation t, d L’Autorité s’assure que la réglementation qu’elle applique . fin uto dans le secteur financier est respectée par les entreprises an rité d c a et les personnes qui œuvrent dans les domaines de valeurs de ns l ier e s’ass mobilières, des assurances, de la distribution de produits et services e l ’A pro s d st r ur financiers et des institutions de dépôt. En ce sens, l’Autorité est un e u d o P o organisme intégré unique au Canada. En tori uits mai spec va ur c sec effe té e et s nes le e En effet, intégrer et développer l’encadrement des différentspdomaines a r ur s f a i r for teu t, in st u er v de rec deti p mo e, n i r du secteur fi nancier sous un même toit a permis à l’Autorité c Ce e d fina tégr org ces ma onn our bili l ’Au décupler sa force d’intervention. ’ e a i r n n è t n fin qu De inte aît e cette res orité i c ter v cier et d ism a e n n e Ce qui caractérise le plus l’implication de l’Autorité au sein so é e s c ar ma plu du ir d t pa ha n c s’es rég t, sa ier, acté ntio us velo secteur financier, à titre de régulateur, mais aussi comme r r o t s, jeu partenaire e m t T l l ’A s rè icip on lab eng ou enrvue de l’industrie sont, sans conteste, les actions posées d’une s’y lem ns c à tit rise n. un m pp uto gle Contribuant o t c es des a i e r o s L’Asimplification g en financière, r le est ainsi à la lutte contre harmonisation de la réglementation et d’une êm à l ati ati ée lacocriminalité e te tes e dl’Autorité tat nconstitue plu on oque ’ex convaincue e locailleurs la uto la, s lles rité spar l’éducation un moyen en nffinancière procédures administratives pour s’y conformer. o n t r i e o r s é e r a p a ale rctrès dimportant me n , leau travail maà fait complémentaire gu de l ’ i prévention es aveet tout Co erti ité a ns c la Lo pude et s ede sesiceéquipes m l s r c t r b . i détection spécialisées. n Pour ce faire, l’Autorité s’est engagée en matière de réglementation è a d n om i s lié n f d ’ gl les ère cti ateu plic en pu ca tr ’ u u e h ibu mobilières ne on r, m at o dans un effort majeur d’harmonisation valeurs ce acen pt r l de au de dé tioenen av non er Lutter rm sdonc cti apasse tseulement es contre de ducCanada. si m s p a i no lanfraude anmobilières par une r r collaboration avec les autres autorités r tec n valeurs e e é o fi l on oune c l capacité s a d’intervention, va m appropriée, gle ’enréglementation o is se lesîtr n Lu harmonisation paussi forte mais tio nandest arègles L’Autorité prend parti pour cette avec lifi sée au si eé in de isa es uto m tré leu bre t n c t s n e ter Même au reti services e si chaque juridiction s r tio de produits autres provinces canadiennes. rs desuxconsommateurs ièr i àreconnaît nt financiers. cat s en ter gal par el’éducation e t t é ve r co dedlae réglementation, n m e ati comme ion v r é e n L’Autorité en a d’ailleurs fait son cheval de bataille en se r l a et participe à l’exercicedd’harmonisation celles-ci v ob ègl lit de es p s e fixant ’a nti ntr ses con a lu en mprincipal vdéfi o e i é n de d’aider à hausser le niveau d’éducation financière g i n conservent la possibilité des erègles locales ensfonction des e t o fin deillmaintenir l é l r ion t, ue ièr me s d a r ov va ndedala eu n, qu tit tte s l a a population québécoise. d u réalités de ses entreprises et durmarché. e é l e c n i s i m n u n e e g n À se ur s u ciè s fa ai frau pes e u ont , le fa r d s et ts l c e e t s el sm n sa d ço n m re À titrende tre dernombreux la et lvoit queensonmrôle tio a ipublié e d it sorèglements enva sbien ca au-delà omrégulateur a L l’Autorité n m intégré, us ete plignesspdirectrices, De plus, l’Autorité l i é o ef t L a g n t n d r c e n o o a neest de maintenir de modifications si laaLoi ep ti l’équilibre br desalois. Saopréoccupation ial ye decl’application ad bili fort i la majeures a proposé des ssesur les ch telles r i p s o i s r s c est d e ràégdes lois e rq l’industrie su udes is n d mleidéveloppement i po de n ie èr m ar et services e di financiers valeurs mobilièreso et la Loi r l r laservices na d ’en ude pu vaproduits rec ses e et, lace nne es d é l ’ é don ées. entre ns e msur laudistribution e l l e e a pr des protection , le et ce, lit consommateurs, s idans duni contexte financiers. Tout cela, sans enlavigueur de de ladLoi te om compter t d lleen s. u tr économique a l’entrée u surcles év évolution. é qu instruments Po dérivés. ma inten ur in tion bat cati non constante en fin êtes nom nstr strib ices, u m s-ci Mêm tio an ur teu ir tég qu ail on se et br ume utio a p arc con e l u c n é e l e d r e r i l ’ b L’Autorité a pu accroître façon é marquée, é, le nombre n s également,s, de trè ère n d e et nts n d rop hé. ser cosesen s es co eme et quila pertinence l ’A éde v spar et l’efficacité des vérifications av de conformité, l ’e dé e p osé nt l ’A imiQuébec ise e fi nSponsorisé ce lib ut im , l’AMF ffi r r n s u p o r i . interventions, le nombreod’enquêtes et en, diminuer les délais de d o p ir x o v e c da r e d a n m ar é or tor uer ac plu ns ent ité v traitement. tan ité ité s. uits s mo t c m a un l e r oi u ss om te e r e et di t e est s d de ursur lesnactivités éla visitez ser fi t t financiers, sv co le d t qde me ursdeséglmarchés Pour en savoir plus l’Autorité p u és ou ar n t év e s is éri de em v ic les p fin e e t ail de fic on r i n p en an xte lo:p www.lautorite.qc.ca e à ac site Web son cie l r fai eu tra ati cip od tat r p rs t ô é i e t co m le -F vit al uit ion co rs c item ons R. no en va s e ap d és mp on ind d é m d fi d t s pr de lém vai ent. e co iqu t de bien 1 e o n ’ r n aid v i pr e e l ’ in au ww l’Au en c u er ce iée ta e n d -d t


FOCUS

Sables bitumineux : débordants d’énergie ? déjà remis en état, et on y a planté plus de 7,5 millions de jeunes arbres. Autre sujet d’inquiétude : le dioxyde de carbone. Les émissions dues à l’exploitation des sables bitumineux « du puits à la roue » (c’est-à-dire calculées en tenant compte de la consommation d’énergie, et des émissions qui y sont associées, sur le cycle complet) dépassent de 5 % à 15 % celles imputables au pétrole conventionnel. Pourtant, la province de l’Alberta n’épargne pas ses efforts dans ce domaine, puisqu’elle est la première en Amérique du Nord à avoir légiféré sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre des grandes installations industrielles. Depuis 2007, elle a abaissé ses émissions de plus de 17 millions de tonnes, même si une partie de cette baisse est une conséquence de la crise économique de 2008-2009.

REUTERS/Ho New

Le Canada a commencé à mettre en valeur les sables bitumineux à la fin des années 60, mais c’est seulement dans les années 90, quand les

Les Indiens Cris des alentours du lac Athabasca utilisaient les boules de goudron qu’ils y trouvaient pour imperméabiliser leurs canoës. La possibilité de tirer du pétrole de ce produit banal est mise à profit depuis le début du XXe siècle ; ainsi, l’Athabasca, dans la province canadienne de l’Alberta, est situé sur les ressources pétrolières les plus abondantes de la planète : plus de 2 000 billions de barils, soit autant que le total mondial des réserves récupérables restantes de pétrole conventionnel dans le monde. Toutefois, sur ces 2 000 billions de barils, 170 milliards sont récupérables dans les conditions techniques et commerciales actuelles, dont seulement 35 milliards se trouvent assez près de la surface pour être extraits de manière classique. Les gisements situés à plus de 75 mètres de profondeur posent des problèmes différents et appellent d’autres solutions. L’une des méthodes employées est la « production froide », par laquelle les huiles lourdes et le sable mélangés sont remontés à la surface, pour ensuite être filtrés. Une autre méthode consiste à injecter dans un réseau de puits de la vapeur qui chauffe le bitume, lequel peut alors être extrait à l’état plus fluide ainsi obtenu : c’est la technique la plus largement applicable. Mais d’autres moyens de chauffer le bitume sont également à l’essai. À l’état brut, le bitume est difficile à transporter jusqu’aux raffineries. Étant donné que les acheteurs ne sont équipés, le plus souvent, que pour raffiner du brut classique, le bitume doit être valorisé dans des installations de pré-raffinage, où il est soumis à une chaleur intense pour en faire du brut « synthétique » plus léger. C’est toutefois un procédé coûteux, qui exige des dizaines de milliers de dollars d’investissement pour chaque baril par jour (b/j) de capacité de production. Il est essentiel de réduire ces coûts afin que le pétrole synthétique devienne plus attractif. La production de sables bitumineux est préoccupante sur le plan environnemental. Dans l’Alberta, ces sables se trouvent sous quelque 140 000 km2 des 381 000 km2 de forêts boréales que compte la province. Jusqu’à présent, environ 600 km2 seulement sont exploités. Une partie de ces superficies sont remises en état et reboisées : en 2009, 67 km2 étaient 24

Selon les projections de l’AIE, à l’horizon 2035, le « pétrole non conventionnel », notamment celui tiré des sables bitumineux canadiens, satisfera environ 10 % de la demande pétrolière mondiale réserves ont été chiffrées et les autorités ont offert des incitations, que leur exploitation a décollé. En 2010, l’Alberta a exporté 1,4 million de barils par jour (mb/j) de brut à destination des États-Unis – soit 15 % de ses importations de pétrole brut – et engrangé 3 milliards de dollars canadiens de redevances issues de l’exploitation des sables bitumineux. Début 2010, le Canada comptait plus de 80 projets de sables bitumineux, soit une capacité de production de bitume brut de 1,9 mb/j. L’Agence internationale de l’énergie (AIE), organisation apparentée à l’OCDE, prévoit que les projets de construction actuels accroîtront cette capacité de 0,9 mb/j d’ici à 2015, capacité qui augmenterait encore de 4,5 mb/j si tous les projets proposés étaient mis en œuvre. Cette production aiderait assurément à étancher la soif de pétrole brut dans un monde qui tarde à adopter des systèmes énergétiques durables. Les projections de l’AIE à l’horizon 2035 indiquent que le « pétrole non conventionnel », notamment celui tiré des sables bitumineux canadiens, satisfera environ 10 % de la demande pétrolière mondiale. Selon Christian Besson, analyste de l’énergie à l’AIE, « Quoi que fassent les gouvernements, le pétrole non conventionnel est appelé à jouer un rôle de plus en plus important dans les approvisionnements pétroliers mondiaux d’ici à 2035 ». Les réserves accessibles s’épuisant et les coûts d’exploration ne cessant d’augmenter dans des zones éloignées, par exemple en offshore profond, les sables bitumineux du Canada ne sont peut-être pas suffisamment raffinés, mais semblent plus fiables que leur cousin, le pétrole brut. Références AIE (2010) World Energy Outlook, voir www.worldenergyoutlook.org Voir Gouvernement de l’Alberta: Energy, sur www.energy.alberta.ca/OilSands/793.asp


INTERVIEW

« Un leader en formation d’experts sur les questions internationales » Denis Brière Recteur de l’Univer sité L aval POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER LE PÔLE D’EXCELLENCE SUR L’INTERNATIONAL DE L’UNIVERSITÉ LAVAL ? L’Université Laval a développé un important savoir-faire en matière de formation d’experts sur les questions internationales. Les Hautes études internationales (HEI) sont le fer de lance et comptent le rester. Elles forment des experts en questions internationales particulièrement polyvalents, puisque leur formation est pluridisciplinaire (science politique, droit, économie, gestion). Les programmes des HEI sont consacrés à l’étude de sujets transnationaux (maîtrises en relations internationales et en développement international, ainsi que doctorat en études internationales). Les HEI prennent appui sur les compétences des différentes facultés : sciences de l’administration, droit, sciences sociales, lettres, foresterie, géographie et géomatique ainsi qu’agriculture et alimentation. De fait, nous avons créé ainsi un label « Pôle d’excellence sur l’international » dont les HEI sont l’élément moteur.

Les activités parascolaires contribuent à la formation sur les questions internationales : simulations d’institutions internationales, missions commerciales, concours de plaidoirie en droit international, ONG présentes sur le campus; médias étudiants sur les thématiques internationales. Les HEI ont mis en place des accords avec plusieurs institutions universitaires européennes : Institut d’études politiques de Bordeaux (France), Linköping Universitet (Suède) et Faculté de science politique de l’Universitet i Oslo (Norvège) et dans les Amériques, du nord au sud. Par ailleurs, l’Université Laval entretient d’autres partenariats internationaux, en matière de recherche et de mobilité, qui viennent s’ajouter à ceux du « Pôle d’excellence sur l’international ».

QUELLE EST LA « VALEUR AJOUTÉE » DES EXPERTS FORMÉS PAR L’UNIVERSITÉ LAVAL ? Le « Pôle d’excellence sur l’international » se caractérise par la richesse et la diversité des cursus. Ainsi, par exemple, la Faculté des sciences de l’administration propose un programme de maîtrise en développement international et droit humanitaire ainsi qu’un MBA en gestion internationale. La Faculté de droit offre un diplôme d’études supérieures spécialisées et la maîtrise avec essai en droit international et transnational.

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Générateur de mobilité internationale L’Université Laval souhaite accroître les échanges sur tous les plans et la participation de ses membres aux débats et à la production du savoir à l’échelle internationale. Les projets prennent forme dans tous les programmes d’études des trois cycles. L’Université Laval a déjà tissé des liens étroits avec plus de 500 partenaires de renom établis aux quatre coins du monde. Ensemble, partons à la conquête des nouveaux enjeux internationaux.

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