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L’INSURRECTION Avril 2014


ù, o a l t n. E er l o i r s a s p e de ppr , s o n t o e i t e rs, c c u e n j e s a b r n o ce es tolé s d n e I et e d . r é i e t t c i a n i f t a m s e r n inju liberté d nte nfo i t o a c e m a é l t z Cruau us aviez la t, vous ave aignants à tr vo lai n , b t o c n m a s e av ou ss aupar e bon vou veillance v re docilité. t r comm mes de su llicitant vo tè so s y s s de igue

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EDITO

À l’heure où les peuples commencent à se soulever, au Brésil, en ukraine par exemple, à l’heure où l’on dit au peuple d’attendre un mois, pour jouer le jeu, avant de crier son mécontentement (spéciale dédicace à Monsieur Platini), le cinéma fait figure de copie édulcorée de la réalité. La révolte, l’insurrection ont toutefois souvent été sources de films (Braveheart, V pour Vendetta pour ne citer que deux exemples forts). Si ces films montraient une réalité historique ou proche de la nôtre, d’autres sont passés par des mondes détournés pour représenter la colère qui devrait habiter nos sociétés. Nous pensons ici à Matrix ou encore Hunger Games. Nous avons tendance à l’oublier, mais le cinéma n’est pas qu’un outils de divertissement, il pose aussi un regard sur la société dont il est issu. Pour ce nouveau numéro, sous le signe du changement, Screenshot a décidé de traiter de l’insurrection dans les films du mois d’avril. Force est de constater que le traitement est moins fort que dans les films cités précédemment. Toutefois, un air de révolte souffle tout doucement sur les productions, et pas toujours une révolte politique, mais aussi artistique, sociale, humaine. Comme Alain Resnais s’insurgeait contre les codes du cinéma, y apportant la fraîcheur du théâtre ; John Turturro ou Kim Chapiron tentent de mettre en scène des tabous de la société : le sexe et la solitude. L’univers de divergente est une critique explicite de la société, au même titre que States of Grace critique la famille, les institutions. Les héros de ce mois-ci sont en quête d’une vérité, sociale ou personnelle, difficile à atteindre, que la société ne leur permet pas d’atteindre. Alors ils se battent, avec force, humour ou super pouvoirs. Le cinéma nous met sous le nez les héros que l’on devrait être. Alors, souvenons-nous que ce n’est pas que du cinéma. Ce sont surtout des idées.

BONNE LECTURE

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SOMMAIRE

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DOSSIER alain resnais Le temps d’un retour

«Le cinéma ne devrait être qu’un montage d’émotions. » ALAIN RESNAIS

Alain Resnais, c’est Nuit et Brouillard et ses trente minutes révolutionnaires. C’est l’entremêlement des corps d’Emmanuelle Riva et d’Eiji Okada au début de Hiroshima mon amour. C’est Marienbad et ses statues perdues dans les couloirs du temps. C’est le visage de Geneviève Bujold avant une scène d’amour sublime avec Yves Montand. C’est Vittorio Gassman qui nous assène que la vie n’est pas un roman. C’est Mélo et les pirouettes hystériques de Sabine Azéma devant un Pierre Arditi décontenancé. C’est l’étendue des possibles de Smoking/No Smoking. C’est Lambert Wilson qui chantonne J’aime les filles avec un sourire charmeur. C’est la réunion de plusieurs générations de comédiens sur les fauteuils rouges d’une salle de cinéma. C’est André Dussolier qui confesse préférer le septième art au théâtre dans Aimer, boire et chanter. Alain Resnais, c’est vingt longs-métrages aux identités singulières, aux trouvailles formelles folles, aux idées surprenantes, aux préoccupations novatrices. Ce mois-ci, Screenshot a voulu rendre hommage à un réalisateur hors du commun, à un grand homme modeste qui exprimait ses lubies à travers ses films, à un metteur en scène qui aimait le théâtre, mais surtout ses acteurs. A6

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PORTRAIT Le cavalier solitaire Alors que les “jeunes turcs” des Cahiers du cinéma crimes contre l’Humanité. En mêlant photographies s’exprimaient avec fougue dans leurs papiers réelles et images fantomatiques des camps avant de devenir réalisateurs, Alain Resnais prit devenus alors lieux touristiques, Resnais rend un tout autre chemin pour compte de l’indicible, Il entre dans l’histoire accéder au septième art. de l’irreprésentable, de du cinéma avec nuit et l’inimaginable. Etudiant à l’IDHEC, Resnais Claude Lanzmann y fait écho en fait ses premiers pas de brouillard 1985 avec Shoah, son film monteur auprès d’Agnès Varda, sur le film La Pointe courte et se lance à la de neuf heures qui fait appel à notre imagination même époque dans la réalisation. Après une série la plus sombre, en ne filmant que les témoignages de courts-métrages (Van Gogh, Toute la mémoire du des survivants. monde, Le chant du styrène), il entre définitivement En 1959, Resnais devient, à l’instar de Godard dans l’Histoire du cinéma avec son documentaire et Truffaut, l’un des instigateurs de la Nouvelle Nuit et Brouillard (1955). Ce film d’archives change Vague française avec Hiroshima, mon à jamais la face du cinéma et Premiers pas de monteur amour. Impossible depuis, d’oublier rend stériles toutes les tentatives les “Tu n’as rien vu à Hiroshima” que de reconstitution historique des auprès d’Agnés Varda

nous répétait la voix lancinante d’Eiji Okada ou les répliques poétiques écrites par Marguerite Duras. Inconcevable aussi, d’appréhender le récit de la même manière qu’autrefois. La représentation classique succombe sous la main d’Alain Resnais, les codes du montage explosent et atteignent leur apogée dans ses deux films suivants, L’année dernière à Marienbad et Muriel ou le temps d’un retour. La modernité cinématographique est née en Europe, et Resnais n’en est pas un des moindres participants. Son début de carrière confirme déjà qu’il n’est pas n’importe qui et que le voyage à ses côtés promet d’être fort en révolutions.

Instigateur de la nouvelle vague

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L’art en général, le théâtre en particulier “Lorsque les hommes meurent, ils entrent dans l’Histoire. Lorsque les statues meurent, elles entrent dans l’Art.” Ainsi commence Les statues meurent aussi, court-métrage réalisé aux côtés de Chris Marker. Alain Resnais est sans doute un homme-statue : après être entré dans l’Histoire, il se faufile à travers les arts. La bande-dessinée, la littérature, la sculpture, la musique et le théâtre ont accompagné le cinéaste tout au long de son parcours. Enki Bilal, dessinateur émérite, réalise les affiches de Mon Oncle d’Amérique et de La vie est un roman dont il conçoit

une partie des décors. Resnais rencontre ensuite, en 1993, Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui, couple de scénaristes qui travaille avec lui sur Smoking / No Smoking et sur son film le plus populaire, On connaît la chanson. Ce dernier long-métrage marque l’acmé de la rencontre entre la musique et le cinéma de Resnais. Certaines répliques sont remplacées par des morceaux de chansons célèbres : nous pouvons alors voir Sabine Azéma chanter avec vigueur Résiste de France Gall ou Pierre Arditi nous répéter “Je suis venu te dire que je m’en vais”.

© Les Acacias

Cet amour de la chanson était déjà présent dans : il mélange la mélomanie des personnages et le Muriel ou bien dans La ton mélodramatique adopté Il se faufile à travers les arts vie est un roman, où tout par le film. un groupe entonnait Mais la plus grande histoire d’amour de “Petit con, vieux con, grand con, merde !”, avec Resnais est le théâtre. Depuis les décors factices une frénésie communicative. Le titre même de de Mélo jusqu’au dispositif même de Smoking / Mélo est l’exemple parfait de ce mariage de la No Smoking, Resnais n’a jamais cessé, dans une chanson au genre théâtral et cinématographique volonté anti-naturaliste, d’utiliser le théâtre A8


«Resnais s’est offert une deuxième enfance dans laquelle nous avons été ses partenaires de jeu. Il n’oubliait jamais que le public ne vient pas pour regarder jouer les acteurs mais pour jouer avec eux.

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PIERRE ARDITI (LeS CAHieRS du CiNÉMA)

pour démontrer l’artificialité du cinéma. Il à l’écran se fondent et se confondent et donnent adapte trois pièces du dramaturge britannique lieu à une hypnotisation vertigineuse et sinistre. Alan Ayckbourn, qu’il affectionne tout Ces démons le poursuivent jusque dans son particulièrement, à savoir Coeurs, Aimer boire et dernier film, Aimer, boire et chanter, où les décors chanter et Smoking / No Smoking. Mais l’apogée du sont entièrement fabriqués et où les plantes sont lien qu’entretient Resnais avec l’art de la scène faites de plastique. “La vie n’est que l’interminable se manifeste sans conteste dans Vous n’avez encore répétition d’une représentation qui n’aura jamais rien vu. Cette grande oeuvre lieu.”, disait Amélie On ne sait plus où s’arrête le Poulain. Chez Resnais, testamentaire réunit la passion de Resnais pour jeu et où commence la vie. la vie, la répétition et la représentation les dispositifs théâtraux, le jeu des acteurs et la thématique de la mort. Les ne se distinguent plus. La sincérité du cinéaste acteurs se retrouvent à jouer euridyce en face d’un est telle qu’on ne sait plus où s’arrête le jeu et où écran de cinéma, où se produit une génération commence la vie. plus jeune de comédiens. Les passages de la salle A9

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Orchestrer la vie Tel un metteur en scène de théâtre, Alain tour de rôle Audrey Tautou dans Pas sur la bouche, Resnais portait un amour sans limite à ses Isabelle Carré dans Cœurs et Edouard Baer, qui comédiens et partageait cette passion avec son n’apparaît jamais à l’image mais tient le rôle de public. Emmanuelle La famille resnaisienne s’est forgée, inséparable : Riva, Gérard Depardieu Sabine Azéma, Pierre Arditi, André Dussollier et l’éternelle Delphine Seyrig font partie intégrante du cinéma de narrateur des Herbes folles. Certains de ces acteurs Resnais et sont même les figures emblématiques sont même définitivement adoptés par le grand de ses premiers films. Mais depuis 1983, avec patron : Mathieu Amalric, apparaissant pour la comme point d’entrée La vie est un roman, la famille première fois dans Les Herbes folles, sera aussi dans resnaisienne s’est forgée, inséparable : Sabine Vous n’avez encore rien vu. Lambert Wilson traverse Azéma, Pierre Arditi et André Dussollier persistent les films resnaisiens depuis On connait la chanson et et signent pour près d’une dizaine de films chacun enfin, Sandrine Kiberlain, récemment césarisée, se tournés en compagnie du cinéaste. fraye un chemin en or dans Aimer, boire et chanter. Au fil des films, le couple Azéma/Arditi semble Pour Resnais, chaque acteur devait être un même avoir traversé toutes les étapes d’une instrument de musique. Et tel le personnage de vie amoureuse : la rencontre timide dans La Vie Georges, éternel absent d’Aimer boire et chanter, est un roman, le dilemme conjugal dans Mélo, le il aimait orchestrer ses comédiens comme on “vieillir ensemble” dans dirige une fanfare : Chaque acteur devrait être avec harmonie et sans On connait la chanson et le dévouement impérissable fausse note. un instrument de musique dans Vous n’avez encore rien vu, tous deux dans les corps respectifs d’Eurydice et d’Orphée. Ces deux acteurs ont valsé ensemble pendant presque trente ans et sont devenus un des couples mythiques du cinéma français. Couple mythique, oui, mais seulement à l’écran, car c’est Alain Resnais qu’épouse Sabine Azéma en 1998. Le réalisateur n’est d’ailleurs jamais aussi doux que lorsqu’il filme sa muse, tantôt brune palpitante, tantôt rousse volcanique, tantôt blonde caractérielle, voire les trois réunies, dans le diptyque Smoking / No Smoking. Resnais aimait aussi intégrer de nouvelles têtes à cette famille unie. Nouveaux disciples, nouveaux enfants qu’il prenait sous son aile, tels des orphelins en quête de paternité. Ainsi, Resnais emploie à

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un beau roman une belle histoire Exactement trente ans après la mort de François Chef d’orchestre, génie imperturbable, Truffaut, c’est à une autre grande figure de la visionnaire intemporel, capitaine de nos émotions. Nouvelle Vague française de nous laisser orphelins. Tous ces mots paraissent bien vains tellement il Après plus de cinquante ans de semble impossible carrière, Alain Resnais a tiré sa Il a fait battre nos cerveaux et de capter ce révérence le 1er mars dernier, qu’était, est et réfléchir nos coeurs restera l’essence à l’âge de 91 ans. On le croyait pourtant immortel, ce grand homme aux lunettes du cinéma de Resnais. Alain Resnais voulait noires qui apparaissait encore plein de vitalité sur simplement rendre nos vies plus belles. Ces notes le tapis rouge cannois, il y a de cela deux ans. La vie nostalgiques sortant de la bouche de Sabine Azéma lui a peut-être fait défaut, mais Alain Resnais est à la fin d’Aimer boire et chanter semblent suffire à mort la caméra au poing, poursuivant ses passions résumer les intentions de cet homme discret mais jusqu’aux derniers instants. généreux. Alain Resnais a fait battre nos cerveaux et réfléchir nos cœurs. Nous n’avions encore rien vu, avant Alain Resnais.

ÉMilie Bochard

«Resnais suscite un amour fou chez les autres. Certains ont un pouvoir pour attirer les autres, pour se faire aimer. Il en fait partie. SABINE AZéMA

»

© StudioCanal

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FILMOGRAPHIE Courts-métrages (Liste Séléctive) 1947 - Van Gogh 1950 - Guernica 1950 - Gauguin 1953 - Les statues meurent aussi 1956 - Nuit et Brouillard 1956 - Toute la mémoire du monde 1958 - Le Chant du styrène 1967 - Loin du Vietnam 1991 - Contre l’oubli Longs-métrages 1959 - Hiroshima mon amour 1961 - L’Année dernière à Marienbad 1963 - Muriel, ou le Temps d’un retour 1966 - La guerre est finie 1968 - Je t’aime, je t’aime 1973 - L’An 01 (avec Jacques Doillon et Jean Rouch) 1974 - Stavisky 1977 - Providence 1980 - Mon oncle d’Amérique 1983 - La vie est un roman 1984 - L’Amour à mort 1986 - Mélo 1989 - I Want to Go Home 1993 - Smoking / No Smoking 1997 - On connaît la chanson 2003 - Pas sur la bouche 2006 - Cœurs 2009 - Les Herbes folles 2012 - Vous n’avez encore rien vu 2014 - Aimer, boire et chanter

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Critique 4/5 Aimer, boire et chanter, Alain Resnais peut-être une œuvre Le nouveau Resnais : Surprise devine qui testamentaire, expliquant à impardonnable ? Insupportable ? la fois toute son œuvre et Confus ? Décevant ? un chef vient ce soir ? la renouvelant encore. Mais d’œuvre ? Nous aurons tout entendu, tout lu, mais rien vu. Aimer, boire et chanter Aimer, boire et chanter est bien plus que cela : à la fois est l’adaptation d’une pièce de théâtre, Life of Riley déroutante (mais quelle œuvre d’Alain Resnais d’Alan Ayckbourn. L’histoire est simple : il s’agit ne l’est pas), et à la fois décevante. Nous aurions de trois couples, plus ou moins heureux, dont voulu être déroutés, oui, mais autrement. C’est-àles déboires sont divers et les maux épars, qui dire, sans tout ça, sans toute cette mise en scène à la nouvelle d’un cancer d’un proche, décident entre le réel et le plateau. Entre le trajet naturel et le décor artificiel. Nous aurions de resserrer les liens pour lui aimé être déroutés sans doute faire oublier ces malheurs, enfin par autre chose que cet aspect son malheur. Le film commence si théâtral et convenu du jeu, sur une musique horrible, tout tellement de fois expérimenté simplement horrible. S’enchaîne par Resnais : Smoking/No smoking, des plans de routes anglaises, pour Vous n’avez encore rien etc. Pour arriver à un dessin, puis enfin au ne citer que ces films récents. décor. Et quel décor : des bandes Voilà, nous aurions tellement pendent, peintes et non raccords. voulu plus que cette œuvre, Encore moins réaliste qu’un décor qui n’achève en fin de compte de théâtre. Il y a six personnages et rien et laisse tout ouvert. six acteurs. L’art du hors-champ a encore frappé chez Resnais. Laissez Ce que dit le film, c’est votre imagination vous emporter. qu’il y a une continuité et un achèvement. La tombe à la fin C’est peut-être cela qui a tant ce n’est pas celle du réalisateur déçu, pour l’oeuvre posthume tristement décédé en pleine d’Alain Resnais, nous espérions

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force de l’âge et encore si jeune quelques semaines avant la sortie du film, faisant de son œuvre, son testament. La tombe serait plus le symbole qu’une partie du cinéma est mort, mais qu’une autre subsiste : la fille qui a fricoté avec l’homme âgé. Pour gagner de l’expérience, et découvrir la vie., Alain Resnais avec son film réussit encore à nous surprendre, peut-être à décevoir au début, mais gagne le pari : faire du cinéma. Les acteurs s’amusent à jouer des rôles à contre courant : Sabine Azéma en peste est surprenante, Sandrine Kiberlain en femme torturée, Michel Vuillermoz en homme infidèle, etc. La mise en scène est vive, mouvante, tenant à s’approcher au plus près de ces personnages et de leurs faux semblants. Chacun se mentant à soi et puis surtout à l’autre.

Entre dupes, le jeu n’en est que plus facile. Un film riche en tromperie, et pourtant où tout le monde cherche à être sincère. Car, Resnais l’a toujours été sincère, avec nous. Il nous a dès le départ, à la fin des années 50, surpris, et il a sans cesse continué. Aimer, boire et chanter continue la tradition, la transfigurant, la modifiant, mais sans oublier de surprendre, car aucun film ne se ressemble. Si l’on regardait chacun des films d’Alain Resnais, un par un, nous remarquerions, que c’est le même enfant qui pose à chaque fois un regard nouveau sur le cinéma, sur son cinéma.

Marine Moutot

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Résumé Rikiki 4/5 States of Grace, Destin Cretton

Grace dirige d’une main de maître un foyer pour jeunes en difficulté, accompagnée de Jessica, Mason, son petit-ami clown de la bande, et le nouveau venu Nate. Entre respect des règles et jeux, le groupe, les jeunes comme les éducateurs, doit apprendre à s’apprivoiser, à grandir ensemble, jusqu’à la terrible échéance des 18 ans, qui les renvoie chez eux. Tout semble sous contrôle, Grace maîtrisant tous les aspects de l’éducation (du réconfort à la punition). Cela était sans compter l’arrivée de Jayden, une adolescente rebelle,

LE SAVIONS-

TU ? A16

constamment en train de pousser plus loin les limites des règles. En elle, Grace va se perdre et lâcher un peu de leste dans son comportement si contrôlé, si strict. La jeune fille la renverra à un passé pas si loin mais déjà bien enfoui. States of Grace est une belle plongée dans la psyché des êtres, dans la souffrance de l’âme et le bonheur de la communauté. une belle leçon de vie.

Destin Cretton s’est inspiré de sa vie d’éducateur en centre spécialisé pour jeunes en difficulté pour son film States of Grace. une «expérience unique et magnifique» pour lui. Il a d’ailleurs déjà réalisé un court-métrage du même nom en 2008, avec l’acteur Keith Stanfield qui joue Marcus dans le film. Le réalisateur s’est inspiré du documentariste Steve James pour ce film et puise son inspiration du côté de Dogma (Lars Von Trier et Thomas Vinterberg).

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Morgane Jeannesson

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Critique 1,5/5

La crème de la crème, Kim Chapiron Ode à la

La mauvaise réputation – Georges Brassens

Vous voulez accroître condescendance vos bénéfices (sexuels) ? Versez votre contribution au club et vous deviendrez le roi de pétrole. En théorie. On peut s’élever dans une grande école et pourtant rester au ras du sol.

Kim Chapiron et le cinéma : tout un programme. Sexe, violence et jeunesse perdue sont ses crédos. Après avoir traité de la jeunesse de banlieue dans Sheitan (2006), après avoir posé son regard sur le milieu carcéral dans dog Pound (2009), c’est sans surprise que le réalisateur français s’attaque à une autre tranche de la jeunesse : l’élite de demain. Pour son troisième long métrage, Chapiron tente de nous attirer dans les filets des étudiants d’une grande école de commerce. En somme, la soitdisant crème de la crème. Sous leurs airs de premiers de la classe, Dan, Kelly et Louis sont Le club desamateursdecigares. Votre potentiel d’investissement est au plus bas dans un marché hautement concurrentiel ? A18

Les pratiques économiques transposées au sexe et à la valeur individuelle de chacun, il fallait y penser. Fallait-il pour autant le mettre en scène ? C’est une autre histoire. Si le concept de départ est intéressant, Kim Chapiron est tombé dans le travers actuel de beaucoup de réalisateurs : beaucoup de bruits pour rien. A l’instar de Gerontophilia du québécois Bruce LaBruce ou du très controversé Nymphomaniac du danois Lars Von Trier, La Crème de la crème a tout misé sur son sujet (faussement) provocateur et sur sa bande-annonce. Que le spectateur qui compte y voir du sexe à outrance, de la provocation ou un propos (soyons fou) un brin miliant ne se déplace pas. Sous des airs pseudos grinçants, le film reste très consensuel. Les

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© Jean-Claude Moireau

« Non, les brav’s gens n’aiment pas que L’on suive une autre route qu’eux… »


personnages sont des caricatures d’étudiants BCBG allant de Jaffar tunisien en manque (qui se sert du Printemps Arabe pour draguer alors qu’il était tranquillement dans sa prépa payée par un papa riche), de Dan l’intello bon copain (parlant sans cesse en termes statistiques et théoriques), à Louis le président du BDE (petit bourgeois versaillais roi de l’école), pour finir par Kelly la banlieusarde qui tente de trouver sa place dans ce milieu. Rien de bien nouveau sous le soleil. Si Kelly est assez rafraîchissante par sa franchise à la Ellen Page et son apparente non-conformité à la masse condescendante, elle accentue par là même les clichés. A travers elle, nous regardons une énième lutte des classes qui n’est pas prête de se régler. Elle se montre la plus féroce au milieu des chacals. Elle, qui a tant de mal à se faire accepter parce que « pauvre » (dixit Louis) et n’ayant pas fait la sainte prépa, est la première à baratiner des filles qui viennent de son milieu mais qui ne font pas des grandes études. Ode à la réussite scolaire moralisatrice : si tu n’as pas tiré les cartes HEC ou ENA, t’es foutu. Mais ouf, heureusement, être belle sauvera ta vie médiocre.

Le film met alors en place une véritable opposition entre les étudiants des « hautes sphères » (qui n’étudient jamais mais qui sont là pour se « faire des contacts utiles », en résumé « fumer, boire et baiser » comme ils le chantent si bien) et les jeunes filles qui triment dans des boulots de merde. D’un côté la promesse de fortunes futures, de l’autre la beauté. Il n’y a aucun juste milieu. Le film se perd dans un manichéisme qu’il tente désespérément de cacher : les pauvres sont à exploiter, les riches disposent à leur guise... mais ils s’entendent quand même et tout le monde y trouve son compte. Si le but était de provoquer en montrant un réseau de prostitution, il n’est pas atteint, car quoi de plus tristement vrai dans notre société actuelle régie par le libéralisme économique ? Les jeunes filles (vendeuse, livreuse de journaux, grouillot dans un supermarché) n’hésitent pas une seconde à se faire payer pour passer la soirée entourées de fils à papa « vieille France » (qui s’époumonent sur Les Lacs du Connemara ou du Claude François et draguent sur du Carla Bruni) et coucher avec eux. C’est bien connu, les filles avec des petits boulots n’attendent que ça.

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Au milieu d’un propos souvent douteux sur les fonctionnements de la société (on promet aux filles de pouvoir profiter de la fortune futures des jeunes loups de la finance en échange d’un bénéfice sur leur beauté présente qui ne peut que décliner avec le temps), certaines situations font sourire (pas plus). Fort de cet humour qui essaye de poindre -au travers de la personnalité des personnages seulement-, d’une réalisation somme toute soignée et d’une musique electro omniprésente (renforcée par la présence des Justice, de Brodinsky ou d’un ridicule caméo de Mouloud Achour aux platines), le film tente de se sauver de sa bassesse. Il reste néanmoins un film sans grande profondeur, traînant les clichés et dans lequel les classes populaires sont méprisées, avec leur consentement en prime.

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La crème de la crème montre, en somme, un monde de jeunes pourris qui sont censés nous diriger demain. Quoi de plus naturel de s’entraîner un peu avant de prendre les commandes ? L’élite entraîne finalement le reste de la société dans sa laideur et sa déchéance (mais surtout n’allez pas me dénoncer à maman et papa). En voulant jouer aux grands branchés et rebelles, le film se perd et ne fait rire que les gamins de 15 ans en quête d’un bout de tétons à mater. Devant un propos si cliché (en témoigne un happy end des plus risibles), les spectateurs ricanent bêtement à chaque scène un peu érotique, se désintéressent ou quittent la salle. Dommage. Morgane Jeannesson


Š David Verlant

A21 Š Wild Bunch Distribution


Critique 2,5/5

En 2012 était déjà sorti un film Vous allez rencontrer témoignage d’affection au cinéma de Woody Allen. en l’honneur de Woody Allen : un bel et sombre Pourtant, les clichés fusent, Paris-Manhattan, hommage raté les situations présumées réalisé par Sophie Lellouche, où le inconnu érotiques s’enlisent et les cinéaste s’emparait de la voix-off et apparaissait en coup de vent. Pour son cinquième bonnes idées, trop peu nombreuses, manquent long-métrage en tant que réalisateur, c’est aussi un peu d’eau pour pouvoir fleurir. le défi que relève John Turturro, en choisissant Alors que les personnages sont dessinés au le cinéaste new-yorkais comme mentor. Dans trait fin chez Woody Allen, ils sont ici triviaux et les rôles respectifs d’un gigolo et de son mac, brouillons. Murray, ancien libraire new-yorkais, est l’élève et le maître nous embarquent dans une une véritable caricature des protagonistes alleniens comédie légère un peu empotée, sous les couleurs : gentiment hypocondriaque, nihiliste lourd, il ne automnales du quartier juif de Brooklyn. s’avère drôle que dans sa vénalité, qui le pousse “How would Woody Allen do it ?” : c’est la question à employer Fioravante, fleuriste quinquagénaire en mal d’amour. que se pose John Turturro Les dialogues entre tout au long du film sans les deux compères, parvenir à mettre le doigt souvent patauds et sur la réponse. Sans jamais inégaux, sont loin de égaler son modèle, l’ancien pouvoir rivaliser avec Barton Fink se cantonne aux les répliques croisées seuls traits caractéristiques dans Manhattan ou alleniens et ne les exploite Annie Hall, toujours pas. Photographie solaire, virtuoses et sans temps musique jazzy, sérénade mort. A travers une à trois : tout porte à réalisation maladroite croire qu’Apprenti Gigolo et un manque de aurait pu être un parfait A22

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© ARP Sélection / DeaPlaneta / Millenium Entertainment

Apprenti Gigolo, John Turturro


rythme déconcertant, Turturro se dépatouille comme il peut pour faire vivre un scénario peu consistant et pour donner corps à un éloge trop naïf. Même s’il ne crée jamais son propre style, Turturro parvient à livrer quelques moments de grâce, qui tiennent surtout au charisme de ses acteurs. Si Sharon Stone et Sofia Vergara, (colombienne déjantée vue dans la série Modern Family) ne sont présentes que pour leurs formes avantageuses, Vanessa Paradis, elle, illumine littéralement l’écran. Dans un rôle de veuve éplorée et discrète, l’actrice atteint une délicatesse touchante et rend captivants les quelques instants de flottement qui cassent le tempo du film. Elle forme un couple magnétique avec John Turturro, acteur trop rare qui a manifestement besoin de se mettre en scène lui-même pour pouvoir apparaître au cinéma. Son pouvoir de séduction a pourtant peu d’égal : en un regard intense ou un sourire malicieux, Turturro attire littéralement le spectateur à lui pour ne plus le lâcher. Mais une nouvelle fois, la magie de Woody Allen s’avère inégalable. L’acteur, encore plein de vitalité et d’espièglerie, prend un plaisir fou à gigoter devant la caméra de son apprenti. Il débite son texte avec sa vélocité habituelle, donne lieu à des situations burlesques parfois hilarantes et se dandine même façon Charlie Chaplin sur un terrain

de base-ball, entouré de gosses émerveillés. Il danse, court, saute, gesticule et se retrouve même à draguer une jeune française dans un bar. Le grand Woody n’a pourtant pas besoin de tout ce cirque pour briller. Son aura se répand dans la salle et ravage tout sur son passage, touchant fans incontestés et éternels sceptiques. Woody Allen est un dieu et il nous prouve encore une fois qu’il est intouchable. A défaut d’être un film d’auteur, Apprenti Gigolo est donc est un film d’acteurs. Les surprenants Liev Shrieber et Bob Balaban se mêlent au groupe pour donner un peu plus de contenance à l’ensemble. Mais des comédiens remarquables ne suffisent pas à assouvir notre faim d’humour : on ressort de la salle avec l’impression d’avoir retrouvé des amis de longue date pour célébrer une Bar Mitzvah bien peu mémorable. Comme quoi, il ne suffit pas d’avoir tourné avec les frères Coen pour comprendre les rouages de la comédie. A méditer... Émilie Bochard

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Focus sur Le collectif des Zhéros

Une belle bande de Zhéros que chacune des personnes avec qui j’avais tissé des liens se faisaient éliminer, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose, qu’on ne pouvait pas les laisser partir comme ça. J’ai donc lancé l’idée À l’occasion de nouveau numéro de Screenshot, sur la page facebook, en plaisantant, de créer JéRéMY PETETIN - nouveau président du Collectif une association des recalés de l’Ecole de la Cité, - nous laisse entrer dans l’univers des zhéros. pour montrer que tous ceux qui n’avaient pas été sélectionnés avaient tout de même la niaque Comment est né le Collectif des de réussir. L’idée a ensuite été reprise de façon concrète par Sabrina, l’une des candidates, qui a Zhéros ? organisé, quelques jours après seulement, la 1ère rencontre physique entre tous, à Paris, au jardin La naissance du Collectif s’est faite durant l’été des tuileries. À ce moment là, on était 20 en tout 2012 lorsque Luc Besson a ouvert sa toute nouvelle à faire plus ample connaissance. Et finalement, on école de cinéma, l’école de la cité, à Saint-Denis. Il y s’est tous super bien entendu, et cette rencontre a eu plus de 2000 candidats qui ont tenté le a confirmé le fait qu’on souhaitait concours de cette école la première année, Une vraiment réaliser des projets de et tout le monde était tellement stressé film ensemble et collectivement. par les épreuves qu’on se retrouvait tous association Le 11 septembre 2012, notre à discuter sur la page Facebook officielle des recalés de association était déclarée, et nous de l’école. Petit à petit des affinités se sont sommes devenus officiellement le créées entre nous puisque nous avions l’école de la Collectif des Zhéros. Le nom choisi tous un objectif, la motivation et l’ambition Cité étant un petit clin d’œil sur le fait de faire du cinéma. Le problème c’est que que le collectif ne se serait jamais la majorité d’entre nous se faisaient éliminer au créé si personne n’avait été recalé, autrement fur et à mesures des épreuves qui étaient assez dit, on a réussi à faire d’un échec, une force. On difficiles et surtout très sélectives. Personnellement, était 20 au départ, nous sommes maintenant 35 j’ai eu la chance d’intégrer l’école et d’être allé au membres. bout des épreuves mais du coup, lorsque j’ai vu Née en 2012, le Collectif des Zhéros est une association rassemblant de jeunes cinéastes voulant faire leurs preuves.

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INTERVIEW En quoi le Collectif des Zhéros change des autres associations de cinéastes ? Déjà le fait d’avoir tous été, un moment ou à un autre, candidats à l’école de la cité, fait que nous avons tous une expérience commune propre à notre association. Ensuite, comme j’ai intégré l’école la 1ère année, et que, par la suite, 2 autres zhéros ont eux aussi intégré l’école la 2ème année, cela nous permet d’en faire profiter les autres membres. Il y a du coup de nombreuses opportunités d’assister ou de participer à des tournages au sein de la Cité du Cinéma, ce qui permet d’offrir à nos membres de réelles expériences de tournage et ce, dans un cadre professionnel avec des professionnels.

c’est simplement d’en vouloir, de montrer une motivation sans faille, d’avoir la soif d’apprendre et d’entreprendre de nouveaux projets.

Plusieurs de nos membres sont entrés dans le Collectif des Zhéros en ne connaissant rien du tout en terme de technique ou d’organisation d’un tournage, certains n’étaient même jamais allés sur un tournage. Grâce au partage des connaissances, à leur motivation, et à leur participation aux différents événements qui leur sont proposés, ils ont extrêmement progressé et ont déjà acquis une expérience et des fondamentaux essentiels pour pouvoir travailler dans ce motivation sans milieu.

Une Ensuite, dans le Collectif, nous avons vraiment cette faille volonté que tous puissent concrétiser leurs envies, leurs idées, leurs univers, leurs compétences techniques et artistiques au service de projets créatifs, originaux, innovants ou même expérimentaux. Dans le Collectif nous avons des scénaristes, des réalisateurs, des graphistes, des acteurs, des maquilleuses, des ingénieurs sons, des compositeurs de musique... Et pour chaque projet, chacun peut s’expérimenter au poste qu’il veut. Ce qu’on attend de nos membres,

Après, le Collectif a aussi des membres très confirmés, et pour certains, qui sont déjà ancrés dans le milieu professionnel, ce qui permet d’avoir vraiment un potentiel de groupe extrêmement intéressant, avec des membres expérimentés qui tirent vers le haut des membres moins expérimentés mais très motivés et créatifs. C’est vraiment cette synergie de groupe qui fait la force de ce Collectif et qui fera clairement la différence sur le long terme.

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Le Collectif des Zhéros a t il une ligne directrice ? Notre ligne directrice, c’est d’accompagner un éventail de possibilités créatives. Après, peut-être que dans le futur, un projet de façon professionnelle les projets de chaque membres jusqu’à leur concrétisation, et que va faire la différence, et que le Collectif sera chaque membre soit fier de leurs projets. Après, il reconnu pour ce projet. Il y aura donc forcément y a une chose que l’on souhaite à ce moment là, la question de la préserver à tout prix, c’est la Une direction spécification qui va se poser. Mais se cantonner dans un genre ou privilégier diversité des projets et des univers. éclectique une direction spécifique, c’est C’est ce qui permet de retrouver dans notre portfolio un court métrage sur forcément écarter d’autres directions artistiques, l’univers geek des jeux vidéo (No Rage, réalisé ce qui va à l’encontre même de ce pour quoi ce par Anne-Sophie Mauger) en dessous d’un court Collectif a été créé, à savoir le développement métrage expérimental sur l’absurde (Je suis tèjepro, de projets diversifiés respectant l’univers de Emilie Majer) se trouvant lui-même à côté d’un chacun de nos membres. Donc pour répondre à projet de fiction audio fantaisiste (Fantasy Forever, la question, la ligne directrice principale du prochainement). Pour moi c’est cette direction Collectif des Zhéros, c’est celle de la éclectique qui est fascinante. En ce sens, le professionnalisation et de la créativité, parce Collectif des Zhéros représente véritablement qu’elle est sans limite.

Qu’est ce qui a été accompli grâce au Collectif ? Grâce à notre proximité avec la Cité du Cinéma, plusieurs de nos membres ont fait de la figuration au sein de leur studio, d’autres ont pu participer à la construction et au montage de décors, ou en tant que techniciens sur certains tournages de l’école ou de la Cité. L’un de nos membres a, par exemple, participé à la réalisation d’un clip tourné entièrement sur fond vert, un autre membre a été scripte sur un des tournages étudiants de l’école avec le comédien Patrice Laffont, un autre a pu jouer dans de nombreux projets de l’école comme acteur, projets visionnés par Luc Besson luimême, ce qui n’est pas rien. En dehors de la Cité du Cinéma, le Collectif des Zhéros proposent bien évidemment d’autres opportunités. Une dizaine de nos membres a par exemple constitué l’équipe régie d’un clip musical semi-professionnel (Fan clip Scheibe de Lady Gaga, Ludovic MartinPicard), d’autres ont participé comme assistants sur un court-métrage de l’un de nos membres qui vient d’être sélectionné au Short Film Corner de Cannes 2014 (En direct sur, Lancelot Mingau). A26

En parallèle, plusieurs membres ont déjà pu réaliser leurs projets de court-métrages avec les Zhéros. Systématiquement, après chaque tournage, nous organisons une projection débriefing interne pour avoir un retour d’expérience sur le déroulement du tournage. Chacun y donne également son opinion sur le film, d’un point de vue technique et artistique, ce qui permet d’avoir un véritable retour constructif, enrichissant et analytique, dans l’optique de se perfectionner et de se professionnaliser d’avantage sur le projet suivant. Le Collectif permet donc à la fois de favoriser et développer le potentiel créatif en interne tout en créant des opportunités professionnelles extérieures à l’association.


Quelles sont vos ambitions futures ? Sur le court et moyen terme, nous allons renforcer notre structure afin de favoriser la professionnalisation de nos membres et le développement de projets plus conséquents. L’association aura 3 axes majeurs qui sont déjà mis en place pour certains :

- Un tournage plus conséquent avec financement prévu chaque année.

En parallèle, tout au long de l’année, nous relayons et/ou proposons des annonces de jobs permettant de travailler à des postes spécifiques sur des tournages pro ou semi-pro afin de - Des ateliers pratiques organisés par Vivre pour le développer son expérience et son CV. Sur le long terme, mon vœu serait des membres volontaires ou par des cinéma d’amener le Collectif des Zhéros à professionnels sur divers domaines (maquillage, son, image, montage, scénario...) définitivement emprunter le chemin professionnel ainsi que des MasterClass, des rencontres avec des en devenant une boîte de production, et que tous les membres puissent faire de leur passion leur professionnels et des projections de films. métier. - Des tournages sans budget régulièrement En fait, j’aurais très bien pu me contenter de organisés afin de permettre aux membres ayant peu de connaissance technique de se répondre tout simplement : vivre pour le cinéma ! faire la main, d’engranger de l’expérience pratique et d’expérimenter tous leurs désirs Propos recueillis par Pierrick Boully cinématographiques.

Pour aller plus loin Site officiel : http://collectifzheros.fr/ Compte Twitter : https://twitter.com/CollectifZheros Compte Facebook : https://www.facebook.com/collectifzheros Compte Youtube : https://www.youtube.com/user/CollectifZheros Lien vers le fan clip ScheiSSe : https://www.youtube.com/ watch?v=pELMBAo2pgs Lien vers le site officiel d’En direct sur : http://lancelotmingau. wix.com/endirectsur Lien vers le compte Facebook de Fantasy Forever : https://www. facebook.com/seriefantasyforever

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Critique 3,5/5 My Sweet pepper Land, Hiner Saleem

assistant. Dans un Kurdistan en quête Bittersweet Life Face au d’autorité et d’unification après une guerre de libération, un homme, Baran, soldat héroïque et silencieux, le va s’occuper d’un village à la frontière turque, méchant. Il est méchant parce iranienne et irakienne pour y faire respecter la loi qu’il est kurde et qu’il aurait aidé kurde. Baran va devoir affronter le baron local : l’ennemi pendant la guerre, qu’il Aziz Aga. Il va être aidé par une forte tête qui est ferait des trafics de médicaments l’institutrice de la petite école du village. L’histoire périmés et tuerait ainsi des est celui d’un western épique qui oscille entre un innocents. Oh, le vilain ! L’héroïne, c’est la prostitué kurde : celle qui humour et un sérieux désarmant. n’est pas mariée alors qu’elle va Le film est-il à prendre au second degré ou au avoir 28 ans. Véritable muse du premier ? L’humour qui parsème My sweet pepper film, elle se bat pour conserver land est celui d’un pays en quête et qui cherche à ce qu’elle aime : son métier, sa se construire. Il se base sur un humour parfois très liberté et son indépendance. C’est américanisé ou franchement pas loin. Pourtant une insoumise. Par son biais, le c’est dans son sérieux qu’il se rapproche le plus film prend une autre ampleur, du ton américain. Tout en restant sur une histoire qui se détache du western. En kurde, sur des traditions kurdes, le film reprend les réelle critique de la société codes du western purement américain. Le héros instaurée et gouvernée par les est un John Wayne avec un physique à la Gary hommes, cette femme, Govend, va Cooper. Beau, sombre, mystérieux, l’homme s’affirmer comme symbole d’une souhaite faire respecter la loi, aidé de son fidèle liberté : celle du Kurdistan ?

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Pourtant le film ne s’épanche pas sur ce sujet trop lourdement, le laissant en suspens, préférant s’amuser avec les genres du western et ses clichés. Le film commence par une pendaison. Une pendaison comique, ridicule. Elle signe l’entrée du pays dans la démocratie. La présentation de la situation du pays est tournée sur ce même disque : celui de l’humour, comme s’il y avait comparaison entre le Kurdistan et les Etats-Unis. On y écoute les mêmes musiques à 70 ans d’intervalle : Elvis Presley en autre. On utilise les mêmes genre : le western. Bien que le western ait été repris partout dans le monde : l’Italie et ses fameux

westerns spaghetti, la Corée complètement déjantée et maintenant le Kurdistan pour dénoncer les véritables problèmes sous un fond d’humour dissonant. La mise en scène se sert des magnifiques paysages kurdes. Dans des teintes sombres et bleu-grises, les montagnes, les roches exhibent un pays désolé. Hiner Saleem filme avec une certaine vérité ce pays et ces protagonistes.

Marine Moutot

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Critique 3/5 rio 2 , Carlos Saldanha

A priori, rien de nouveau sous le soleil. Nous retrouvons l’univers de Rio aux graphismes chatoyant et aux chansons énergiques, sans grande surprise. L’histoire elle-même s’inscrit dans la parfaite lignée du précédent volet, comme une suite logique à l’éternelle rengaine “ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants”. Mais voilà, la vie n’est pas toujours toute rose, surtout lorsqu’il faut rencontrer la belle-famille. Blu devra convaincre

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mon amour

son beau-père Eduardo qu’il n’est pas qu’un geek invétéré et qu’il est capable de survivre dans un milieu sauvage. En plus de cela, il devra affronter deux autres menaces plus périlleuses : Hector, le grand méchant du premier film revenu d’entre les morts, accompagné d’une grenouille hystérique et d’un tamanoir idiot, et les hommes armés de leurs monstres de fer, venus détruire la forêt tropicale. De ce point de vue, Rio 2 se montre plus ambitieux que son aîné, multipliant les intrigues et travaillant le suspense. Si la fin, toujours convenue dans les films pour enfants, est prévisible, elle l’est cependant bien moins que le dénouement du précédent film, qui se devait de réunir les deux tourtereaux, au moins pour sauver l’espèce. Le propos écologique et anti-humains dévastateurs prend plus d’ampleur ici, bien que l’anthropomorphisme des personnages vienne quelque peu flouter les intentions du réalisateur. Nico, le petit canari jaune, remet sa capsule de canette en guise de chapeau à la fin du film et Blu sauve la forêt entière grâce aux outils présents

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© Twentieth Century Fox

Depuis 2011, Blu et Perla, nos Amazonie, petits héros couleur azur des studios Blue Sky, se sont installés confortablement dans leur refuge animalier à Rio, où ils ont donné naissance à trois jolis enfants. La petite famille s’est engoncée dans un confort matériel indécemment humain : Blu ne jure plus que par ses pancakes aux myrtilles, sa fille Carla ne sort jamais sans son baladeur mp3 et tout un tas d’autres appareils électroniques se sont invités dans la paisible maisonnée. Il est grand temps pour nos cinq aras de s’envoler vers le grand air, rejoindre la famille de Perla en pleine jungle amazonienne.


dans sa fameuse banane : autant d’éléments contredisant trop le discours environnemental pour que celui-ci soit entièrement abouti. Cependant, il faut dire que Rio 2 remplit parfaitement ses fonctions de divertissement familial. On se laisse prendre au jeu des numéros musicaux et des castings hilarants orchestrés par Nico, Pedro et Carla, tous trois à la recherche de la nouvelle Star Amazonie. Cela donne lieu à des gags parfois longs, mais toujours imaginatifs et bien trouvés. Les scènes d’action sont elles aussi surprenantes et bien cadencées. Entre match de foot, explosions et carnage métallique, Rio 2 ne perd pas le rythme et se lance dans un ballet effréné à travers les feuilles de palmiers et les noix de coco. L’effervescence vient remplacer le romantisme éculé du premier volet et convainc par sa sincérité. Un méchant plutôt ridicule vient pourtant assombrir ce tableau ensoleillé. Vivant une

histoire d’amour pseudo-shakespearienne avec une batracienne graphiquement parfaite mais humainement insupportable, le pauvre Hector perd ses plumes en route et ne s’affirme jamais vraiment dans son machiavélisme. Les chansons entonnées par ce couple saugrenu rendent d’autant moins le duo crédible. Celui-ci, au lieu de s’adonner à l’élaboration d’un plan diabolique, semble plutôt livrer une dernière bataille désespérée et pathétique. Malgré tout, Rio 2 se regarde agréablement, porté par la voix mélodieuse et fulgurante de Jesse Eisenberg dans la version originale. Le jeune acteur touche-à-tout passe d’ailleurs de la prise de vue réelle au doublage animé avec une facilité déconcertante. Une chance pour lui, car Carlos Saldanha semble bien parti pour nous pondre au moins deux autres suites dans les cinq prochaines années. Affaire à suivre... Émilie Bochard

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Critique 2/5 noé , Darren Aronofsky

Connu et reconnu depuis 1998 Singin’ avec son premier long-métrage, Pi, Darren Aronofsky fait partie de ses réalisateurs n’ayant fait que de purs chefs-d’oeuvre, à la fois esthétiques (The Fountain) que critique (The Wrestler). Cinéaste psychologique montrant les travers de l’humanité, comme la drogue dans Requiem for a dream ou l’univers de compétition dans Black Swan, Aronofsky s’attaque cette fois-ci au plus grand best seller mondial : La Bible, et plus précisément à un de ses personnages phares, Noé.

in the rain

La Bible mais un film s’inspirant d’une bande-dessinée (écrite par Aronofsy et Ari Handel) inspirée de La Bible ! De ce fait, si le film reprend le noms des personnages bibliques et l’histoire générale, Aronofsky nous embarque dans un périple qui ressemble plus à un film fantastique où les hommes côtoient des monstres géants faits de pierre.

À travers une histoire vue, vue et revue - Dieu décide d’inonder la Terre et ordonne à Noé de créer une arche porteuse d’un couple de chaque animal pour la repeupler - Darren Aronofsky réécrit l’histoire à travers des yeux neufs.

L’écart se pose, car de fait il ne propose aucune interprétation nouvelle du texte saint. Il n’y a aucune remise en cause de Dieu, mais nous ne pouvons nous empêcher de nous dire qu’il y a trop d’effets spéciaux pour que cela ait pu exister, contrairement aux dix Commandements de Cecil B. DeMille.

En effet, La Bible n’est qu’une toile de fond dans Noé, car ce n’est pas un film s’inspirant de

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Cependant, La Bible n’est pas exclue, et Noé se retrouve vite «le cul entre deux chaises» : trop éloigné pour ressembler à La Bible, trop proche pour s’en écarter.

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Ici nous nous approchons plus d’un Game of Thrones, où une esthétique moyen-âgeuse est ancrée dans une histoire de fantasy (comme nous le montre l’un des personnages du film accompagné... de son épée de feu). Il est donc conseillé d’aller voir Noé comme un film original et non comme une adaptation, au risque de vous arracher les cheveux et donc de ne pas rentrer dans le film.

plus souvent. Malheureusement, son interprétation ne ressortira qu’à partir de la moitié du film, nous montrant d’abord une vision classique et fade de ce héros biblique.

Toutefois, s’il y a une chose que l’on ne peut reprocher à Darren Aronofsky, c’est le visuel de son film : tout est parfait.

Aucun autre acteur ne lui arrive à la cheville, non pas que Russel Crowe soit extraordinaire, mais ils sont tous vides, comme le montre un Logan Lerman qui n’a toujours pas pris de cours d’actorat depuis Percy Jackson, la pire étant Emma Watson qui a tout simplement mis de coté son jeu pour, à la place... , apparaître.

Allant d’un soin particulier apportés aux costumes et accessoires - nous emmenant à la fois dans une époque ancienne et moderne - à la lumière.

C’est avec un plaisir mitigé que nous retrouvons donc Darren Aronofsky dans un film beaucoup plus ensoleillé que ses précédents.

Pour son premier block-buster, le cinéaste reprend une esthétique proche de The Fountain sur l’intégralité du film, certainement la plus belle image du réalisateur.

La mélancolie du cinéaste est quelque peu affaiblie au profit du plus grand nombre, et nous regrettons d’ores et déjà ses films plus intimistes où nous sentions une conviction d’auteur et non d’amuseur.

À l’intérieur, nous retrouvons un Russel Crowe n’ayant pas quitté son rôle de Jor-L dans Man of Steel (où il décidait d’éradiquer sa propre race car elle était mauvaise), nous prouvant encore une fois que c’est un des acteurs qu’on devrait voir

Quoi qu’il en soit, nous garderons foi en Darren Aronofsky. Pierrick Boully

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Salle Bis ida, Pawel Pawlikowski

Quelques années après la deuxième guerre mondiale, la Pologne renaît lentement, de nombreuses blessures toujours à vif. Ida (incarnée par la lumineuse Agata Trzebuchowska), jeune fille ayant perdu ses parents durant le conflit, a été élevée dans un couvent et se prépare à faire ses vœux afin de devenir nonne. Le monde du couvent, clos sur lui-même, est solide, tout comme les convictions religieuses de la novice : l’apparition d’une survivante va pourtant mettre en péril cet équilibre. Film du souvenir, à la fois pour son auteur comme pour ses personnages, Ida se met pourtant avant tout en valeur par son esthétique plutôt A34

que par son discours. A contre-courant de la production actuelle, Pawlikowski signe ici, accompagné de Ryszard Lenczewski et de Lukasz Zal1 à la direction de la photographie, un noir et blanc époustouflant, reflétant directement la vue du cinéaste sur son pays natal et l’âme meurtrie de celui-ci après le conflit mondial qui a dévasté ses terres et sa population. Au blanc de la neige se mêlent ainsi souvent grisaille, reflets froids du métal, organiques de la terre et de la forêt, ou obscurité des lieux. Loin de n’utiliser ce choix artistique que pour reléguer ces événements dans le passé, les méandres de la mémoire, le réalisateur attribue ainsi aux images et à l’action un caractère intemporel. remplaçant du premier, après que celuici eut été obligé de quitter le tournage après dix jours pour raisons médicales.

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CHRONIQUE Pourtant, l’histoire est au cœur du film, et se dédouble entre celle, personnelle, d’Ida, et celle de la Pologne, que représente celle qui lui apprend ses origines juives, sa tante Wanda (Agata Kulesza). Celle-ci est d’ailleurs un personnage de paradoxes, à la fois juive ayant échappé aux massacres et juge communiste ayant envoyé sans remords à l’échafaud de nombreux opposants, un personnage dévasté mais sensuel ; c’est aussi une mère brisée qui va renaître au contact de sa nièce en même temps qu’elle la fait s’épanouir. Cette sensation de solitude, de perdition des personnages dans le flux des événements, sera rendue à l’écran par de larges cadres dans lesquels les personnages semblent à l’écart, ainsi que par l’utilisation du format 4/3 pour les visages. Les cheminements de la mémoire, quant à eux, seront matérialisés par les nombreux voyages en voiture, qui seront souvent filmés de la même manière, les deux femmes ballottées par les suspensions de l’automobile et la mauvaise qualité des routes qu’elles empruntent. Enfin, si Ida est un film de la mémoire, il est aussi film du renouveau, de la transformation,

qui interviendra sous les traits de Lis (Dawid Ogrodnik), jeune joueur de saxophone pris en stop par les deux jeunes femmes pour se rendre dans le village d’enfance de Wanda, où elles espèrent trouver de nouvelles pistes sur leur histoire familiale. Pour Ida, il représente plusieurs mondes inédits : à la fois celui de la musique, et plus particulièrement du jazz, mais aussi celui des hommes, qu’elle n’avait que peu côtoyé au couvent. C’est d’ailleurs par son intermédiaire qu’elle connaîtra la peur de manquer les grands changements sociétaux de Pologne, et fera l’expérience du plaisir charnel avant de prendre une décision sur la suite de sa vie. Heureuse surprise arrivée en France en ce début d’année, Ida restera donc dans la mémoire du cinéma comme un film puissamment évocateur. De l’âme de ses personnages tout d’abord, mais aussi de celle d’un pays, tous se retrouvant mis à nu dans une période charnière de leurs histoires respectives, entre souvenir et avenir, entre convictions et désir de renaissance. Ou, finalement, entre insubordination au destin, et quête de soimême. Louis Philippon

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L’indéfendable

En 1994, sortait le premier jeu de la franchise Need for Trés rapides, Speed, intitulé sobrement The Need for Speed. Il sera suivi de vingt-quatre autres jeux déclinés aussi bien sur PC que sur Playstation ou Xbox 360. Au programme grosses cylindrées et courses effrénées en ville au milieu du trafic. De quoi faire monter l’adrénaline. Après le succès aussi fulgurant qu’inattendu des six (déjà!) Fast and Furious, il était donc tentant de surfer sur la vague -pas pratique avec une voiture- et de proposer une alternative. C’est le pari risqué qu’a fait Scott Waugh en proposant une adaptation du jeu vidéo, mettant en scène un face à face viril entre Tobey Marshall (Aaron Paul) et Dino Brewster (Dominic Cooper), deux accros de la vitesse. Entre vengeance et honneur, les deux hommes vont s’affronter dans l’ultime course clandestine des fin fous de bolides : la légendaire De Leon. A36

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Servi par un casting de trés furieux jeunes loups, bien faits de leur personne, et d’un Michael Keaton qui tente une remontée cinématographique dans un rôle de big boss aux lunettes aux verres oranges, le film gagne en dynamisme. Entre les regards menaçants des jeunes hommes et les levées de tête dramatiques d’Aaron Paul (qui sort doucement du rôle de Jesse Pinkman), nous sommes mis de suite dans le bain. Ça ne rigole pas. Scott Waugh nous accroche avec son montage haletant lors des nombreuses courses poursuites spectaculaires alliant cascades en voiture (la voiture de Tobey volant dans les airs accrochée par des câbles à un hélicoptère ou le plein de la voiture fait à grande vitesse sur l’autoroute par exemple) et explosions carabinées. Bien plus que le montage,

© Constantin Film Verleih GmbH / Metropolitan FilmExport

need for Speed, Scott Waugh


CRITIQUE c’est le son qui retiendra toute notre attention. Dans son garage, il est aidé par une bande d’amis Le fond sonore nettoyé ne laisse entendre fidèles qui sont prêts à le suivre jusqu’au bout que le bruit rageur des moteurs, les freins pour contrer les plans machiavéliques de Dino, le et le crissement des pneus sur l’asphalte. fourbe. Dans un milieu que l’on pense sans cœur Les voitures, mises en valeur comme dans une et macho, nous découvrons un héros au grand pub, filent à toute allure à travers les routes cœur, qui a des principes, le sens du devoir et du américaines, aussi bien en ville, que sur sacrifice. Nous sommes loin des clichés du genre l’autoroute ou des routes bordées par la forêt dans lequel les héros sont invincibles et ressortent ou la mer. A travers les courses, nous voyons les de chaque cascade avec un air de « même pas États-Unis sous tous ses plus beaux paysages, mal ». Tobey a des failles mais il les exploite pour sublimés par une bande originale intéressante et avancer dignement. Il est un vrai bol d’air dans un cinéma d’action parfois épique (de Linkin Park à Aloe Blacc en passant par Indéfendable, vous avez dit bêtement « testostéroné ». Muse). indéfendable ? Pari Tenu. En somme, Need for Speed réussit le pari d’allier gros L’image sans cesse teintée en orange et rouge symbolise la tension et le bolides et vraie histoire pour sortir du lot des feu qui brûle dans chacun des personnages Fast and Furious et autres Transformers, grosses que ce soit le feu du désir entre Tobey et Anita, productions déjà bien établies et possiblement une belle plante blonde fana de vitesse qui sur le retour. Tobey Marshall nous émeut par apporte une touche de féminité, ou le feu de la son histoire et suscite toute notre attention vengeance. La couleur envahit l’espace et nous jusqu’à la course finale pendant laquelle plonge dans une atmosphère explosive entre nous retenons notre souffle avidement (parce des gentils bad boys qui veulent en découdre, que, bien évidemment, nous ne devinons pas quitte à utiliser des coups bas. Outre l’intrigue de tout l’issue finale). Nice try Scott Waugh ! automobile, Need for Speed est une belle ode à l’amour et à l’amitié. Tobey bosse dur pour s’en Morgane Jeannesson sortir et aider son père, c’est pour lui qu’il se bat.

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Critique 4,5/5 Tom à la ferme , Xavier Dolan

à la ferme d’Agathe et de son fils Francis Il va devoir se battre pour sa vérité dans une ambiance remplie de faux semblants.

College Boy

Les Moulins de mon cœur – Michel Legrand La fulgurante ascension de Xavier Dolan, une «success story» dont beaucoup rêve. Dès son premier long métrage, J’ai tué ma mère, à l’âge de 20 ans le jeune québécois n’a eu de cesse de faire des émules en festival et en salle. La mèche rebelle et le sourire espiègle, il ne laisse personne indifférent avec son cinéma fait de violence adolescente et d’une urgence vitale aussi bien pour les personnages que dans la réalisation. Il nous le montre encore une fois dans son nouveau film Tom à la ferme (à ne pas confondre avec Martine à la ferme, vous risqueriez d’être déçus). Tom, jeune homme faisant le deuil de son petit-ami, perd son identité

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Après un détour remarqué (et remarquable) par le clip vidéo, Xavier Dolan réinvestit ses thèmes de prédilection la violence des mots et la puissance des actes qui étaient déjà à l’oeuvre dans son premier long métrage. Le clip de College Boy pour Indochine, nous faisait réfléchir sur le harcèlement des jeunes et l’hypocrisie de la société dans une mise en scène choc mais esthétisée. Tom à la ferme nous plonge dans une atmosphère angoissante et oppressante, au milieu des mensonges et des menaces d’une famille. Tout ceci est mené par une musique omniprésente et en adéquation parfaite avec l’action, comme souvent chez Dolan. Dans J’ai tué ma mère, Hubert tuait verbalement sa mère ; Tom, lui, tue quelque chose de lui-même au contact d’Agathe, la mère de son

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© Clara Palardy

« une pierre que l’on jette Dans l’eau vive d’un ruisseau Et qui laisse derrière elle Des milliers de ronds dans l’eau. »


petit-ami récemment décédé. Par l’utilisation de nombreux gros plans sur les visages, le réalisateur nous signifie le mensonge permanent dans cette ferme où nous verrons plus souvent des vaches mortes que vivantes. Comme il se mettait face caméra pour parler de ses ressentiments visà-vis de sa mère, ici, chaque personnage est scruté de près. Les moindres micro-réactions, les moindres regards détournés sont captés par la caméra pour nous plonger dans la détresse de chacun (de la mère éplorée, au frère manipulateur en passant par l’amant perdu). Les regards y sont toujours hors-champs pour montrer que la vérité n’est jamais dans le cadre ; elle est toujours dans un ailleurs propre aux personnages. Les personnages s’observent et cherchent dans les yeux des autres leur vérité, celle qu’ils veulent entendre, celle qui les aide à avancer après la tragédie. Un ultime détail ironique vient sceller le sort des personnages dans le mensonge avec une photo, dans la chambre du défunt, qui a comme légende «Feel Real». Tom joue le rôle d’un autre, un intermédiaire dans l’histoire d’amour de son petit-ami ; acteur dirigé par Francis, un metteur en scène tyrannique. L’humiliation et le harcèlement dont il est question dans le clip College Boy se répète. Tom se fait cracher dans la bouche, battre, étrangler et chaque humiliation semble le rapprocher de cette famille de film d’horreur. Car oui, le film prend des airs de films d’angoisse dès son arrivée dans cette ferme, avec des courses poursuites, des silences pesants et une musique qui vous rentre dans la peau. L’impression d’enfermement et de piège se

ressent dans une mise en scène qui utilise longs travellings aériens, montage rapide et haletant (réalisé par Xavier Dolan lui-même) et répétitions de plans (Tom arrive seul dans la cuisine, la voiture de Tom seule sur la route de la ferme) comme une fatalité. La caméra prend ses marques derrière Tom. Nous le voyons souvent de dos, de très près et nous sommes mis dans la position du guetteur, du harceleur. La caméra pèse sur les épaules du héros comme la responsabilité de soutien de famille qu’il endosse malgré lui. Lors des courses poursuites, nous courons après lui malgré nous. Xavier Dolan nous manipule tout le long pour nous faire entrer dans ce lieu maudit dont notre seul souhait est de ressortir le plus vite possible. Il arrive néanmoins à nous cramponner à ce lieu diabolique, à nous étouffer, des Moulins de mon cœur de Michel Legrand du début jusqu’à la dernière seconde du générique de fin. Xavier Dolan montre une nouvelle fois toute sa maîtrise d’un cinéma sans fioriture inutile et juste, qui nous laisse à bout de souffle. Entre besoin de fuite (et de vérité) et volonté (feinte?) de rester, Tom cherche sa place dans une famille où le mieux semble de la fermer. Morgane Jeannesson

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Critique 4/5 The Amazing Spiderman : Le destin d’un héros ,

Marc Webb

Si certains doutaient de En 2012, après 5 ans de bons l’arrivée du petit Marc Webb aux et loyaux services accompagnés Coup de foudre commandes d’un héros si d’une trilogie signée Sam Raimi, à Manhattan populaire, que leurs doutes Columbia Pictures décide de soient oubliés à jamais : le rebooter la franchise de Spider-Man sous le nom de The Amazing Spider-Man. Nouvelle cinéaste, sans le savoir, était l’homme de la équipe - Andrew Garfield reprend le role du situation. tisseur de toile et Marc Webb ((500) jours ensemble) Ce qu’il apporte à notre héros, c’est une histoire, celui de réalisateur -, nouvelle direction. un ancrage bien réel dans une réalité fictive. La Les fans hurlent avant de l’avoir vu, puis ont relation entre Peter et Gwen évolue (contrairement honte d’avoir tant crié après l’avoir vu : The Amazing à la relation Peter/Mary-Jane de la première Spider-Man est une réussite autant critique que commerciale. Et comme tout bon block-buster qui se mérite, une suite voit le jour. The Amazing Spider-Man : Le destin d’un héros est la suite logique du premier film. Fraîchement diplômé, Peter Parker y poursuit la quête de son passé tandis que Spider-Man devient une icône de New York. Spider-Man lutte entre son devoir de héros et son couple avec Gwen Stacy (Emma Stone), mais c’était sans compter l’arrivée d’un nouveau vilain sortit tout droit d’Oscorp : Electro, joué par Jamie Foxx. © Sony Pictures Releasing France A40

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© Sony Pictures Germany

trilogie), c’est le plus humain des sur-humains. Tout ceci grâce à un scénario bien tissé, mais aussi des acteurs vrais : Andrew Garfield et Emma Stone sont le couple idéal, qu’on a hâte de retrouver ensemble. Nous prenons le temps de voir autre chose qu’un super-héros, un homme. La vie de Peter Parker installe donc une belle toile où peut s’y installer son alter ego armé d’un nouveau costume, qui malheureusement ressemble un peu trop à celui de l’ancienne trilogie. Marc Webb prend confiance en lui en nous montrant des plans de plus en plus impressionnants, à l’image des simples ballades de notre monte-en-l’air qui se transforment en spectacles, mais aussi des situations de plus en plus loufoques, à l’image du comics d’origine. Spider-Man devient plus blagueur que jamais, pour notre plus grand bonheur. Mais Spider-Man, c’est aussi des ennemis. Dans le premier nous avions pu voir le Lézard, c’est désormais au tour d’Électro, du Bouffon Vert et du Rhino. À ceux qui ont peur de retrouver un film trop chargé (comme l’avait était Spider-Man 3), il n’y a aucune inquiétude à avoir : Electro est le méchant du film, le Bouffon Vert un second rôle et le Rhino une apparition. Aucun d’eux n’est sousexploité, juste ce qu’il faut pour en redemander encore.

Respectivement joués par Jaimie Foxx, Dane DeHaan et Paul Giamatti, chacun d’eux incarne parfaitement son personnage. D’un coté DeHaan réinvente un personnage autrefois incarné par James Franco (tout comme Andrew Garfield l’avait fait avec Tobey Maguire), de l’autre Foxx créait un personnage que l’on n’avait jamais réellement développé. Électro devient un personnage humain, nous comprenons ses choix. De plus, une mention spéciale est accordée à ce vilain, certainement le plus visuel de tous. The Amazing Spider-Man : Le Destin d’un héros est donc tout aussi bon que son prédécesseur, voir mieux. À vrai dire, il se voit comme un complément d’une nouvelle saga dont on a hâte de voir l’ensemble. Le film est un film de super-héros sortant de ce concept classique et nous montre encore une fois que le talent de Marc Webb est bien réel en dépoussiérant une franchise née il y a 12 ans, époque où les super-héros n’avaient pas encore envahis le cinéma.

Pierrick Boully

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Dossier Divergent, Veronica Ruth

Crise de l’adolescence

Quand nous commençons à lire divergent, la première source d’inspiration qui nous vient à l’esprit est Hunger Games. L’histoire est semblable, l’écriture est de la même fluidité, simplicité qui caractérise les livres pour adolescents. Le récit est celui de Beatrice Prior, âgée de 16 ans au début du roman. Dans un monde post-apocalyptique, dans l’ancienne ville de Chicago, le peuple est divisé en factions : les Altruistes, les Audacieux, les érudits, les Sincères et les Fraternels, et les « Sans Faction » qui vivent à la marge de la société. Beatrice est une Altruiste, ce qui devrait faire d’elle un être entièrement dévouée aux autres, mais elle n’en est pas capable. Alors qu’elle doit passer un test qui lui dévoilera ce qu’elle est vraiment et pour quelle faction elle est faite, Beatrice découvre qu’elle est divergente : un esprit trop complexe pour être maîtrisé. Elle va donc devoir lutter pour sa survie.

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Dans ces récits dystopiques à la mode ces derniers temps, nous retrouvons les mêmes archétypes : une jeune femme (que ce soit Katniss d’Hunger Games ou Beatrice de divergent, elles se battent avant tout pour leur propre survie, avant celle des autres), un défi qui se révèle être un affront au gouvernement mis en place, un milieu clos où les règles sont très strictes pour survivre. Beatrice est complètement perdue à la nouvelle de sa non appartenance à un groupe. Elle n’a pas envie de devenir une Sans Faction, mais elle ne sait pas non plus où est sa place. C’est une quête initiatique qui commence pour la jeune femme, elle découvre à la fois la difficulté de la vie et l’amour (sans trop vous en révéler). Son univers s’ouvre, se déploie et elle en découvre la noirceur.

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BOOKS OFFICE L’écriture de la jeune Veronica Ruth est agréable ce type de roman, comme il y a trois quatre ans ce à lire, et est adressée à l’adolescente en recherche fut les vampires (Twilight, Vampire Academy), où les d’aventure et d’identification. La jeune Beatrice jeunes gens n’ont pas de capacités particulières, est en plein doute à cause du choix qu’elle doit travaillent et s’entraînent dur pour y arriver à se faire, mais également parce qu’elle est en profond démarquer, c’est qu’une nouvelle ère s’instaure. changement de l’adolescence. Car ce qui plait Le livre surfe sur la vague des héroïnes torturées dans ces romans, c’est la façon, dans un monde qui souffrent dans une société trop quadrillée. formaté, dont des adolescents et surtout Veronica Ruth, qui était tout adolescentes se battent Le livre surfe sur la vague juste sortie de l’adolescence pour leur liberté et leur droit quand elle a écrit le livre : elle des héroïnes torturées d’exister. Dans une société avait 22 ans, réussit son pari : actuelle formatée par la écrire un roman qui parle de l’adolescence de publicité et l’image d’une femme parfaite (refaite la société actuelle, mais de manière détournée. de la tête au pied), les adolescentes s’échappent Sinon, alors c’est juste un livre pour adolescentes par le biais de ces romans. Uglies trilogie n’est enfin pré-pubères qui désirent de l’action, de l’amour, de compte pas tant que cela une fiction (à 16 de l’interdit. Ce que nous offrait Harry Potter, il n’y a ans les jeunes subissent un lavage de cerveau et pas si longtemps que cela : une quête initiatique. sont transformés en pretties, selon les canons de beauté instaurés). S’échapper dans un monde Marine Moutot qui subit plus de contraintes radicales est un bon moyen d’oublier pendant un instant les propres formatages de notre société. Si la mouvance est à

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années 2000, déterminés à exploiter Tris, une jeune fille de seize ans, hunGer GAMeS jusqu’à la moelle le moindre recoin évolue dans un monde futuriste pour les nuls du rayon littérature jeunesse (à où chaque individu, suite à un test, choisit d’appartenir à une faction (érudits, quand une franchise rebooté des aventures de audacieux, altruistes, sincères ou fraternels) basée Martine, on se le demande !) , ces blockbusters sur ses facultés. Mais le jour venu, le test de Tris pour ados ont su en quelques années se tailler une ne s’avère pas concluant. La jeune fille découvre place de choix entre les super héros et les qu’elle appartient aux «divergents», individus aux remakes, autres grands champions des boxinclinaisons multiples, considérés comme nuisible offices internationaux. Il faut dire qu’à défaut par les autorités. Elle va alors devoir tout faire d’exprimer une originalité fulgurante, il serait bien dommage de se passer de ces formidables pour dissimuler sa véritable nature. vecteurs de recettes, quitte à anesthésier Quand il n’y en a plus, il y en a encore. Après les pauvres neurones du spectateur adulte, Twilight et Hunger Games et avant Le septième fils et condamné à subir ce cycle infernal. autre Maze Runner voilà qu’arrive sur nos écrans divergente : l’énième adaptation de best-seller Mais revenons à nos moutons et commençons pour ado qui va indubitablement se muer en par un premier constat sans surprise : divergente franchise à rallonge (le studio a déjà prévu quatre n’est pas vraiment ce que l’on pourrait appeler films contre trois livres initialement). Tendance un film d’auteur. Confié à Niel Burger, un de favorite des studios américains depuis le début des ces réalisateurs passe-partout dont Hollywood A44

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© Lionsgate

Divergente, Niel Burger


CRITIQUE regorge, Divergente souffre des caractéristiques classiques de sa caste : acteurs renommés égarés (Kate Winslet) ou en mal de reconnaissance (Ashley Judd) de toute façon utilisés de manière anecdotiques, bande-son en partie assumée par des groupes indés (ici la chanteuse Ellie Goulding) et bien entendu une pincée d’univers futuriste un peu dystopique pour le prétendu sérieux de la chose. Hélas pour lui sur ce coup là, le film de Niel Burger a le gros désavantage d’arriver après le mastodonte Hunger Games qui, il faut bien le reconnaître, à défaut d’être un chef-d’oeuvre, possède tout de même beaucoup plus de charisme. Comparé à la saga portée par Jennifer Lawrence, Divergente peine à égaler la dimension épique de son aîné et semble souffrir d’un cruel manque de personnalité. L’univers développé par Divergente captive hélas assez peu, peut-être parce qu’on a l’impression d’avoir vu ses intrigues et personnages mille fois ailleurs (l’héroïne douce et volontaire, le protagoniste masculin sombre et taiseux qui cache en vérité un lourd passé) ou parce que l’univers proposé ne semble pas assez étoffé, voir carrément manichéen. La caractérisation des factions laisse à ce sujet particulièrement songeur. Les fraternels cultivent la terre en

rigolant, les altruistes s’habillent comme des sacs et fuient les miroirs par peur de la vanité alors que les audacieux se tapent dessus ou grimpent partout comme une bande de joyeux orang outangs...et c’est tout ou presque. Sans doute sommes-nous trop exigeants, mais on aurait aimé un peu plus de développement. Et puis pour terminer il y a encore et toujours cette petite chose qui agace : ce léger parfum puritain un peu lassant qui plane sur tous ces films pour ado faussement polémiques. Ainsi, il existe cette tradition caractérisée par des sagas comme Twilight. Son héroïne, cette inénarrable bécasse de Bella Swan, s’y languissait d’amour pour son beau vampire phosphorescent cela quitte à se faire épouser et mettre en cloque d’un bébé psychopathe à dix-huit ans, pour avoir enfin le droit de faire l’amour. Divergente s’inscrit, quoique moins grossièrement certes, dans cette lignée de films qui montre des jeunes manier des guns, tenter des trucs incroyablement dangereux pour leur santé mais aussi accessoirement tuer des gens et qui du même temps prône l’abstinence avec le sourire. Faites la guerre et pas l’amour, définitivement un étrange message. Marine Pallec

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LE AU REVOIR La sélection officielle c’est Quoi ton FilM sur l’insurrection ?

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L’ÉQUIPE PIERRICK MORGANE

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ÉMILIE

Harry Potter et les reliques de la mort David Yates

L’État des Choses Wim Wenders

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LOUIS

La Planète des Singes : Les Origines Rupert Wyatt

Star Wars épisode V L’empire contre- attaque Irvin Kershner

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Nuit et Brouillard au Japon Nagisa Oshima

Braveheart Mel Gibson

V pour Vendetta James McTeigue

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FIN.


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