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LES SUITES

(encore et encore)

Juillet 2014


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EDITO

Aaaah l’été ! Les doigts de pieds en éventail, le soleil, la glandouille et .... les éternelles suites. Eh oui, en été, on a le cerveau qui marche au ralenti, on dort jusqu’à midi, on se couche à cinq heures. Pas très propice à la réflexion tout ça. L’industrie du cinéma l’a sûrement très bien compris et propose chaque année son lot de blockbusters à tiroirs (caisses). La recette est simple et pourtant reste efficace. Toutefois, un ça va mais trois, quatre, cinq, bonjour les dégâts. Ce mois de juillet ne déroge pas à la règle et nous offre des suites en veux-tu en voilà. Screenshot vous propose sa sélection personnelle. A côté de Dragons 2, Planes 2 et American Nightmare 2 : Anarchy, suites encore raisonnables à défaut d’être toujours justifiées, les studios nous font le cadeau (empoisonné?) de sagas qui n’en finissent pas : transformers 4 : L’âge de l’extinction, Sexy Dance 5 : All in Vegas, ou encore un énième Planète des Singes (La Planète des Singes : L’Affrontement, suite du reboot, rien que ça). Plaisirs coupables de l’été, les suites se dévorent et sont une vraie mine d’or pour les studios, semble-t-il, en panne d’inspiration. Toutefois, nous pourrions nous demander jusqu’à quel point on ne nous prendrait pas pour des cons, voire pire, des gros moutons . Bénéficiant d’une promotion, parfois agressive, la suite envahit les écrans de télévision comme ceux de cinéma. Des milliards de signaux nous montrent donc le chemin de la salle de cinéma, et c’est le drame : on craque.. Les studios nous prévoient donc des suites jusqu’en 2028 (n’est-ce pas Marvel) et ils auraient tort de s’en priver. reste à savoir s’il existe encore un réel enjeu créatif au-delà des avantages financiers. Mais Screenshot est là pour analyser les suites de ce mois de juillet.

BONNE LECTURE

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SOMMAIRE P. 28 _ T

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DREAMWORKS

À LA PÊCHE AUX RÊVES

En octobre 1994 naît la société de production et de distribution DreamWorks SKG, sous l’impulsion de Steven Spielberg, Jeffrey Katzenberg et David Geffen - SKG représentant les initiales de ces trois cinéastes. Dans la foulée, le 12 octobre, est créée DreamWorks Animation SKG, qui deviendra indépendante le 27 octobre 2004. Avec ses 30 films d’animation, 5 courts métrages, 5 téléfilms et 3 séries animées, DreamWorks Animation est très vite devenu l’un des plus grands studios d’animation américains, faisant autant rire les plus jeunes que pleurer les plus vieux.

Le studio soufflant cette année ses 20 ans, retour sur cette machine à rêves.

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DOSSIER STUDIO DREAMWORKS

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PORTRAIT Des débuts peu connus Les premiers films de DreamWorks sont aujourd’hui peu connus, et pour cause : nous sommes très loin des dessins animés attirant les enfants.

En effet, Fourmiz a peut-être été réalisé par ordinateur, mais dès son deuxième film, Le Prince d’Égypte, s’opère un retour en arrière, comme l’a fait il y a quelque temps Disney avec La Princesse et la Grenouille.

Mis à part son premier film, Les films rentables Le jeune studio décide donc Fourmiz - que tout le monde peinent à faire connaître de passer à l’animation par confond avec le 1001 Pattes de dessin (avec quelques ajouts Pixar car sorti à peine un mois le studio avant - les films suivants, s’ils sont rentables, numériques) sur plusieurs films comme La Route d’Eldorado ou Sinbad : La Légende des sept mers. peinent à faire connaître le studio. Les sujets oscillent entre récits bibliques (Le Prince d’Égypte puis Joseph, le roi des rêves, ce-dernier sortant directement en DVD sans passer par la case cinéma) et histoire plus adulte (Chicken Run, où le film est un sous-texte des camps de la Seconde Guerre mondiale). Ces débuts peu connus s’expliquent aussi par le choix de l’animation, à une époque où l’animation par ordinateur fait ses débuts et attire le plus grand nombre en délaissant la traditionnelle animation 2D sur dessin. Car si DreamWorks ne fait aujourd’hui que des films d’animation numériques, cela n’a pas toujours était le cas.

Mais le studio ne s’arrête pas là et touche aussi à une autre forme d’animation : le stop-motion, consistant à animer des personnages en volume à travers une multitude de photographies. Ainsi naîtront les films Chicken Run et Wallace et Gromit : Le Mystère du lapin-garou, adapté de la célèbre série télévisée. Mais, comme toujours, on ne peut pas aller contre les avancées technologiques, et dès Shrek 2 en 2004, DreamWorks décide de passer le cap de l’animation 3D sans regarder en arrière, quitte à simuler du stop-motion par ordinateur avec Souris City.

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La bataille des trois armées DreamWorks, avec Shrek, devient alors l’un des trois plus grands studios d’animation américains, derrière Disney et Pixar (ce-dernier étant devenu une filiale de Disney après son rachat en 2006).

est un réel soldat - tandis que Pixar insuffle (entre autre) la vie aux objets inanimé, comme on peut le voir avec Toy Story, Cars et dans une certaine mesure Wall-E.

Mais ces deux studios Chaque studio a sa Chaque studio a sa spécificité. Par exemple, finiront par se mélanger, Disney s’évertue à rendre Disney faisant son film le spécificité humains les animaux au plus pixarien avec Les Mondes côté de ses princesses - y compris lorsque ceux-ci de Ralph et Pixar faisant son film le plus disneyien ne parlent pas, comme dans Raiponce où le cheval avec Rebelle.

Chez DreamWorks, les thèmes sont moins présents mais tout aussi là, en particulier celui de la famille.

du camp de poulets, ou dans Dragons où Harold veut vivre avec les dragons tandis que toute sa tribu veut les exterminer.

En effet, dans presque chacun de ses films le héros n’est jamais seul, il est entouré de sa famille comme dans Les Croods ou un substitut de famille, comme dans les Madagascar ou les Shrek.

Au fond, le héros veut s’intégrer et nous montre que la force vient du groupe.

Mais le héros sort des normes de cette famille on ne peut plus ordinaire, que ce soit dans Chiken Run où Ginger semble être la seule à vouloir s’évader A10

Ainsi les thèmes de DreamWorks sont beaucoup plus adolescents que Pixar ou Disney, et c’est peut-être pourquoi DreamWorks ne reste pas autant dans les mémoires des enfants que ces deux autres studios.


DreamWorks : les rois du plagiat ? dans son nouveau studio : DreamWorks. Fait similaire, celui de The Wild chez Disney et Madagascar chez DreamWorks. Là encore, deux histoires similaires : quatre animaux (dont un lion et une girafe) venant d’un zoo de Manhattan décide de s’enfuir pour retourner dans leur pays sauvage. Mais, encore plus inquiétant, si Madagascar est sorti un an avant The Wild, ce-dernier était en production avant l’autre. De plus, les locaux de DreamWorks était alors au Grand Central Creative Campus, ensemble de locaux appartenant à... Disney !

Qui n’a jamais été énervé de voir son voisin avoir de meilleurs notes que soi ? Dans ces moments là, le copier devient très tentant, et c’est ce que l’on pourrait reprocher à DreamWorks. Tout commence avec Fourmiz, sorti un mois avant 1001 pattes : deux histoires de fourmis, deux héros ordinaires voulant conquérir leur reine. Pourtant, c’est bien 1001 pattes qui a commencé son «tournage» avant l’autre. En effet, selon Steve Jobs (qui à l’époque dirigeait Pixar), Jeffrey Katzenberg aurait pris l’idée alors qu’il travaillait comme animateur chez Disney pour la rapporter

Par la suite nous verrons d’autres similitudes entre les studios, allant de Le Monde de Nemo (2003) et Gang de requin (2004) à Monstre et Cie (2001) et Monstres contre Aliens (2009), en passant par Les Indestructibles (2004) et Megamind (2010) ou encore Cars (2006) et Turbo (2013). Cependant, les choses risquent bien de changer dans quelque temps avec le prochain Pixar, The Good Dinosaur (2015), qui tire son idée de la préhistoire, comme un certain... Les Croods ! Comme quoi, tel est pris qui croyait prendre !

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Les rois de la suite

Le point fort de DreamWorks réside sans aucun doute dans sa facilité à explorer ses films de fond en comble à travers ses suites, mais aussi à travers d’autres médiums : presque un tiers de sa production est composé de suites en tout genre. Cette capacité, que semble envier Pixar qui - mis à part Rebelle - ne fait plus que des suites, DreamWorks a su l’employer efficacement. Là où la plupart vont donner moins d’importance à leurs suites (comme Disney), chacune des suites de Madagascar, Shrek, Kung Fu Panda ou Dragons est aussi bien réalisée que les films originaux tout en développant un peu plus l’histoire. Par exemple, dans le premier Dragons l’ile de Beurk semblait être la seule île au monde, mais dans sa suite Harold s’évertue à découvrir le monde qui l’entoure. Le problème des suites est qu’elles risquent de lasser le public, et là encore le studio à trouver une solution. La première est celle du spin-of : reprendre un des personnages d’une saga, et lui faire son propre film, dont le premier en animation est sans doute Bartok le magnifique, spin-of d’Anastasia. Chez DreamWorks naîtra donc Le Chat Potté - où nous découvrons les origines du personnage tiré de A12


Shrek - et le prochain Les Pingouins de Madagascar, qui sortira cette année. Une deuxième solution, toujours dans la même idée de développer l’univers du film original, est le recours aux courts-métrages, téléfilms et séries. En effet, chaque court-métrage et téléfilm est conçu comme une suite (généralement se passant lors d’une fête du calendrier comme Noël) en format court, comme Megamind - Le bouton du chaos, étant la suite direct de Megamind. De l’autre côté, les séries serviront principalement à préparer le spectateur à un prochain film, Kung Fu Panda : L’incroyable Légende et Dragons : Cavaliers de Beurk se passant tous les deux entre le premier et le deuxième film.

Ainsi, DreamWorks parvient à se réinventer sur plusieurs médias tout en utilisant des univers déjà existant.s.

Nous souhaitons donc un joyeux anniversaire à DreamWorks, plein de belles choses, la réussite, et surtout qu’il continue à nous faire rêver comme il le fait aujourd’hui. piErrick Boully

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FILMOGRAPHIE Longs métrges

1998 - Fourmiz 1998 - Le Prince d’Égypte 2000 - La Route d’Eldorado 2000 - Chicken Run 2001 - Joseph, le roi des rêves 2001 - Shrek 2002 - Spirit, l’étalon des plaines 2003 - Sinbad : La Légende des sept mers 2004 - Shrek 2 2004 - Gang de requins 2005 - Madagascar 2005 - Wallace et Gromit : Le Mystère du lapin-garou 2006 - Nos Voisins, les hommes 2006 - Souris City 2007 - Shrek le troisième 2007 - Bee Movie : Drôle d’abeille 2008 - Kung Fu Panda 2008 - Madagascar 2 2009 - Monstres contre Aliens 2010 - Dragons 2010 - Shrek 4 : Il était une fin 2010 - Megamind 2011 - Kung Fu Panda 2 2011 - Le Chat Potté 2012 - Madagascar 3 : Bons baisers d’Europe 2012 - Les Cinq Légendes 2013 - Les Croods 2013 - Turbo 2014 - M. Peabody et Sherman : Les Voyages dans le temps 2014 - Dragons 2

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Courts-métrages

2005 - Les pingouins de Madagascar : Mission Noël 2008 - Kung Fu Panda : Les Secrets des cinq cyclones 2009 - Monstres contre Aliens : L’anniversaire de BOB 2011 - Dragon : La cadeau de Furie Nocturne 2011 - Megamind - Le bouton du chaos Téléfilms TÉLÉFILMS

2007 - Joyeux Noël Shrek ! 2009 - Monstres contre Aliens : Les Citrouilles Mutantes venues de l’espace 2009 - Joyeux Noël Madagascar 2010 - Shrek, fais-moi peur ! 2010 - Kung Fu Panda : Bonnes fetes !

SÉRIES TV

2008 - Les Pingouins de Madagascar 2011 - Kung Fu Panda : L’Incroyable Légende 2012 - Dragons : Cavaliers de Beurk

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Critique 4/5 Dragons 2, Dean DeBlois

mains pour enfin devenir un rares sont les suites qui Boy, you’ll be a man homme, un vrai. peuvent se vanter d’avoir égalé ou dépassé leurs aînés, soon Ce parcours initiatique donne notamment sur le plan d’abord lieu à un spectacle des scénaristique. Si Pixar a réussi le pari de réaliser plus époustouflants. Les effets numériques (pas une trilogie parfaite avec toy Story, Dreamworks, le toujours gracieux chez Dreamworks) prennent ici vilain petit canard de l’animation, n’y est jamais leur envol. L’odyssée de nos deux héros est portée vraiment parvenu. Après quatre Shrek très inégaux par une beauté graphique et des trouvailles (en passant par le décevant spin-off Le Chat Potté), visuelles encore jamais vues dans les productions trois Madagascar pop-mais-pas-top et deux Kung-Fu du studio. L’univers médiéval sait se montrer Panda purement commerciaux, le studio se devait désopilant (on ne se lassera jamais de ces pauvres de remonter en selle rapidement. Avec Dragons 2, petits moutons et leur air hébété) et extrêmement Dreamworks n’a pas choisi n’importe quel destrier dynamique, mêlant le sport local (la course de pour s’envoler au sommet. dragons, évidemment) aux traditions des vikings. Nous retrouvons Harold et son fidèle compagnon Au milieu de ces images virevoltantes, une Krokmou (toujours aussi craquant) pour de merveille fait son apparition : un immense nouvelles aventures hautes en couleurs. Désormais dragon blanc aux airs de kaiju, force tranquille sur l’île de Berk, les humains et les dragons vivent majestueuse, nous transperçant littéralement de en harmonie, n’en déplaise au grand méchant son regard bleu vif. Cette créature hypnotique de l’île voisine, le fameux Drago PoingSanglant. pourrait bien hanter nos rêves et nos cauchemars Harold et Krokmou s’engageront alors dans une les plus étranges, à l’instar du dieu-cerf de Princesse guerre qui mettra leur amitié à rude épreuve, Mononoké. ainsi que la confiance mutuelle qui les lie. Pour La comparaison avec Miyazaki ne s’arrête pas là. préserver la prospérité qui règne sur les terres de Si les paysages et le nid de dragons se laissent son père, Harold devra trouver les bons alliés pour admirer avec une nostalgie encore toute fraîche combattre le mal et surtout, prendre les rênes en (c’est que le vieux Hayao nous manquerait déjà !), A16

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le propos semble bel et bien flirter avec celui du Voyage de Chihiro. Les deux films partagent un fort intérêt pour ce passage délicat qu’est l’adolescence : Harold, comme Chihiro, ira de découvertes en déchirements et devra passer par une épreuve sans égale pour pouvoir accéder à cette chose obscure et irréversible qu’est l’âge adulte. La transition se fait plus brutale que chez Miyazaki mais n’en perd pas pour autant son lyrisme. C’est ici que le film d’aventures se mue en mélodrame familial, le lot d’émotions livré avec.

au rang de splendeur universelle, touchant tous les âges et toutes les sensibilités. Et il fallait s’en douter, une suite est déjà prévue pour 2016. Espérons pour ce prochain film qu’Harold marche dans les pas d’Andy, le garçon de Toy Story, pour nous rappeler que, même le cap de l’adolescence passé, un enfant est encore présent en chacun de nous (mais ne nous emballons pas trop vite). Pour l’instant ce qui est certain, c’est que dix ans après son premier sequel (Shrek 2 en 2004), Dreamworks a enfin trouvé la voie de la maturité.

Grâce à ce sentimentalisme nouveau (peu présent dans le premier film), Dragons 2 s’élève

Emilie Bochard

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Résumé Rikiki 3,5/5 American Nightmare 2 : Anarchy, James DeMonaco Seulement un an après le premier opus, James DeMonaco est de retour avec American Nightmare 2 : Anarchy. Le titre annonce déjà la couleur, la nuit de la Purge, cette soirée instaurée par les Etats-Unis pour endiguer la criminalité, s’annonce sanglante et hors de contrôle. Même principe que le premier film : pendant la Purge tout crime est permis. Si American Nightmare montrait une vengeance un peu puérile entre voisins, le deuxième volet va plus loin et interroge la société et le gouvernement. Dans sa réalisation même, il présente plus d’intérêt que le premier. Quand l’un mettait en scène un lieu clos (une maison), l’autre met en scène la rue, la ville en entier. La tension est donc

LE SAVIONS-

à son comble, nous vivons l’expérience avec les héros, qui à défaut d’être totalement originaux (le couple en crise, le gentil bad guy, la mère et la fille dans la galère) s’attirent notre empathie. Une lutte des classes est mise en lumière avec intelligence et nous fait réfléchir sur les fondements d’une société, sur l’équilibre nécessaire pour une société «saine». il est fort à parier qu’un troisième volet verra bientôt le jour, la trilogie étant à la mode depuis quelques années. La suite au prochain épisode.

OU ) L’iNFo PouR tE LA PÉtER AuPRÈS DE tES PotES (PAS Tout comme le premier épisode, American Nightmare : Anarchy est produit par MiCHAEL BAY. Quand le réalisateur n’est pas aux commandes de gros blockbusters, il produit des films d’horreur avec sa maison de production Platinum Dunes. on lui doit notamment les remakes suivants : Massacre à la tronçonneuse tronçonneuse, Amityville, hitcher et Les Griffes de la nuit. Du top moumoute.

TU ? A18

morganE JEannEsson

© Allociné

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Critique 4/5

Jimmy’s hall, Ken Loach Une campagne verdoyante, Espoir, fait nous vivre un chariot qui se traîne tranquillement, nous voilà en irlande après la guerre contre aime, ayant été obligé de partir pour les Anglais. James rentre au pays les Etats-Unis dix ans auparavant, après dix ans d’exil forcé. C’est une laissant derrière lui mère et pays. histoire vraie. La prairie verdoyante de Quand il revient ses sentiments sont Jimmy’s hall rappelle tout de suite celle toujours aussi forts, mais la situation du Vent se lève. Cette herbe mouillée, a changé. ce ciel gris, le film est la suite d’un Ken Loach est un faiseur de combat. Celui de la liberté du peuple irlandais. Mais cette fois pas contre films, un homme de cinéma les Anglais. ici le peuple ne souhaite anglais qui possède cette fibre qu’une chose : apprendre. Hors des idéologique sociale forte, ce qui cadres de l’église, qui se refuse de rend ses films beaux humainement. voir ses fidèles aller « s’encanailler » Esthétiquement, le film est baigné dans ce dancing. il faudra choisir par une lumière doucereuse, qui « Jésus » ou « James … », s’exclame le devient douloureuse de nostalgie dans une scène où James et sa bienprêtre noir de colère. aimée dansent seuls, collés l’un Le sujet est fort, mais il n’a pas la contre l’autre sans pouvoir vivre portée du combat du Vent se lève., qui pleinement leur amour. Jimmy’s hall fut un film fort et intense, où l’Histoire est un film plein d’amour, et autant se mêlait avec la petite histoire de de haine. rempli d’un message deux frères séparés par un pays. ici d’espoir. Mais qu’apporte-t-il Jimmy est séparé de la femme qu’il aujourd’hui dans la conjoncture

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actuelle des événements en Irlande ? Ce film estil un appel à la liberté ? Un Anglais dirait-il cela sur un sujet irlandais ? Ou est-ce simplement un film à la Ken Loach sur un thème qui le touche particulièrement et dont il souhaite encore parler? Toujours en parler. Il touchera un large public, qui aime Ken Loach et qui ne s’est pas encore lassé de son cinéma social, mais d’autres y verront

un énième film à la « Ken Loach », marque de fabrique par excellence. Ici, j’y vois un film fort avec un message fort, magistralement réalisé avec des talentueux acteurs. Un film touchant et sincère. Ce qui est rare à l’heure actuelle dans le cinéma d’aujourd’hui. . Marine Moutot

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Critique 2,5/5

Big Bad Wolves, Navot Papushado

Aharon Keshales

Annoncé comme « le film de l’année » selon Tarantino, les inconditionnels du cinéaste américain ne rateraient en aucun cas le coup de cœur du maître.

Le meurtre d’une petite fille réunit trois hommes : le père violent et déterminé, un policier taciturne mais concerné et le coupable, un professeur qui à première vue ne ferait pas de mal à une mouche. Les sites classent le film dans le genre de la comédie au même titre que ceux du thriller et du drame. Et la mise en scène ne ment pas. La narration enchaîne les situations burlesques, décalées en faisant cohabiter un calme apparent et une violence exacerbée des actes des personnages. Ce procédé ne peut d’ailleurs que nous rappeler le personnage qu’interprétait Christoph Waltz dans inglourious Basterds en 2009. C’est sur cette image de « monstre sympathique » que sont fondés les caractères des trois hommes. Le flic préoccupé par l’affaire sacrifie sa carrière et dépasse les limites de la loi dans une traque à coup de pelle et de taser. Le coupable avec son visage d’ange dissimule des regards qui en disent longs sur ses actes passés. Et le père, sadique dégénéré avide de vengeance, s’acharne avec une sérénité déconcertante sur le

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professeur ligoté à un fauteuil dans une cave insonorisée. Les cris de douleurs sortent de son corps frêle lorsque le père lui arrache les ongles un à un. Dans ce lieux clos on assiste aux supplices du coupable. Mais les réalisateurs auraient du se rappeler que la torture infligée au personnage ne doit pas se ressentir dans la salle. Le plaisir malsain, jouissif, les effusions d’hémoglobine, propres au cinéma de Tarantino, ne sont ici que la marque d’un voyeurisme, d’une gêne qui nous fera avant tout détourner les yeux plus que déguster les scènes d’un œil réjoui avec ce petit rire machiavélique que l’on aime tant, niark niark...

Loup y es-tu ?

Avec un générique d’ouverture remarquablement effrayant, on pourrait s’attendre à un conte pour adulte sur le même ton : trois enfants sont filmés en slow-motion, ils jouent à cache-cache dans une école abandonnée. Tout est menaçant : la musique, les regards, les objets... or l’histoire nous amène in medias res à la rencontre du coupable, évinçant tout soupçon, toute interrogation. La traque et l’interrogatoire de l’homme sont dénués de toute crédibilité par la succession de travellings lents vers les visages et pénible pour nos yeux, avec en

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fond sonore une musique se voulant angoissante mais qui étouffe tout tentative d’émotion, aussi bien dramatique que comique. La tension retombe et le spectateur se retrouve devant un tribunal de tortionnaires appliquant leur justice de manière mécanique et presque désintéressée pendant près d’1h50. Big Bad Wolves traîne ses protagonistes et par la même occasion ses spectateurs dans un couloir de la mort interminable. Pas de sympathie, juste du

dégoût, un ton plat et une surenchère de violence mal maîtrisée. Mais là où Tarantino réussissait à nous captiver, à nous effrayer et nous faire rire, cette tentative maladroite de résolution d’une affaire de pédophilie nous mène en bateau et ne comble pas notre soif sadique de vengeance.

Clémence Lipszyc

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Critique 4/5

Blue Ruin, Jeremy Saulnier

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©Wild Side/Le Pacte

interprète- Macon Blair, Dwight, un vagabond, La vengeance de Charlot la mine tristounette et le apprend que celui qui a regard lourd - et Droopy, le assassiné ses parents plusieurs années auparavant s’apprête à sortir de prison. chien névrosé de Tex Avery. Empâté et totalement Sans hésiter, il décide alors de retrouver l’homme inadapté à la violence, notre protagoniste va avoir bien du mal à mener jusqu’au bout son funeste et de le tuer. plan. Car le problème est bien là : même si Dwight Avec Blue Ruin, Saulnier livre ici un véritable ovni : ne vit plus que pour se venger, il n’est vraiment habile mélange entre film noir et comédie un peu pas fait pour ça. trash. Le résultat a beau être singulier, tension et Ainsi, si l’on cherchait à établir une comparaison humour se mélangent à la perfection pour un et que l’on prenait pour exemple la virtuosité résultat particulièrement haletant. avec laquelle Beatrix Kiddo (la mariée de Kill Bill) Si l’on devait essayer à tout prix d’assimiler accomplissait son parcours meurtrier, le héros de Blue Ruin à un genre, peut être parviendrait-on Blue Ruin et ses nombreuses maladresses ferait à le caser dans cette catégorie toujours un peu quand à lui davantage figure de Charlot du crime. approximative des films de vengeance. Dwight C’est dans le contraste de cette personnalité toute est d’emblée montré comme un individu que le vulnérable, plongée au centre d’une déferlante chagrin a peu à peu éloigné de tout lien social. macabre, que le film tire sa force. En effet, comme Créature hirsute vivant dans son vieux taco et celui-ci est loin d’être super entraîné, la menace totalement replié sur lui-même, le personnage qui pèse sur Dwight n’en parait que plus réelle semble être le candidat parfait : façonné pour et on en vient à craindre d’autant plus pour la violence. Néanmoins, cette façade rustre n’est sa vie lors de son parcours souvent accidenté. qu’un camouflet vite évacué. Car derrière le Ses nombreuses gaffes aux conséquences vagabond se cache en réalité un type très lambda malheureuses, déclencheront souvent une et au final assez peu menaçant. A ce titre, on hilarité un peu morbide chez le spectateur au remarquera une certaine ressemblance entre son regard de certaines situations peu reluisantes..


Saulnier ne manque pas d’imagination pour nourrir son récit et n’hésite pas à s’aventurer vers des chemins inattendus en alternant séquences sous haute tension et moments de pauses, sortes d’entractes souvent burlesques par défaut. Avec ce rire quelque peu coupable, le réalisateur ne cherche jamais à ménager qui que ce soit, public ou personnage, et questionne subtilement du même coup notre propre rapport à la violence. Mais Blue Ruin est également une critique de l’Amérique d’aujourd’hui et de son instinct de conservation extrême. Sans tomber dans la morale facile il laisse ses protagonistes laisser cours à leur folie sanguinaire. Le réalisateur profite de la quête sanglante de Dwight, dont il ne tire au final aucune satisfaction, pour étirer la situation jusqu’au non-sens absolu. Elle finit dépourvue de toute noblesse ou d’une quelconque glorification. On en vient rapidement à s’éliminer sans raison et à la fin du jeu de massacre, à défaut de vainqueur, il ne restera plus que des ruines. Marine Pallec

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En ligne de mire Doctor Who, Russell T Davies

de ses compagnons. Ce personnage «Doctor Who ?», telle est la question Vers l’infini et etmystérieux dont on ne connaît toujours qui obsède depuis maintenant au-delà pas le véritable nom, d’où la fameuse un peu plus de quarante ans nos voisins d’outre-manche. Crée en 1963, cette série question du titre, effectue ses voyages à bord de science-fiction s’est au fil des années forgée du T.A.r.D.i.S : vaisseau spatial original qui se une popularité hors du commun qui lui a permis présente sous la forme d’une cabine téléphonique d’accéder à une place de choix dans le cœur des bleue. Armé d’un «tournevis sonique», outil bien anglais et de faire désormais partie intégrante du plus utile qu’il n’y parait, notre héros est souvent patrimoine britannique. Annulée une première confronté à des ennemis plus ou moins belliqueux fois en 1989, et après une première tentative de (Cybermen, anges pleureurs...) quand il n’est pas come-back en 1996, Doctor Who ressuscitait en force tout simplement occupé à sauver quelque planète en 2005. Alors placée sous la gouverne de russell en détresse. T Davies, créateur de queer as Folk, la nouvelle série Encore mieux, la série puise ainsi sa longévité a réussi à fédérer un nouveau public et à renouer dans un tour de passe-passe pour le moins avec son succès d’antan. astucieux : le Docteur ne meurt pas, il se «régénère». Si vous n’avez jamais entendu parler de Doctor il endosse alors une nouvelle personnalité mais Who, que vous n’avez aucune idée de ce que peut également un nouveau corps. Ainsi, depuis 1963, bien être un Dalek ou que vous pensez encore ce ne sont pas moins de treize acteurs qui ont que Le grand méchant loup est uniquement occupé le rôle principal. on compte parmi les plus lié au Petit chaperon rouge, pas de panique : on récents le très populaire David Tennant (Broadchurch) vous explique tout. Pour faire vraiment très et son successeur Matt Smith (bientôt à l’affiche de simple , Doctor Who suit les pérégrinations spatio- Lost River, premier film de ryan Gosling) ou encore temporelles d’un extra-terrestre nommé le John Hurt, le temps d’un épisode anniversaire Docteur, créature multi-centenaire à l’apparence diffusé en novembre dernier. humaine à quelques détails près (deux cœurs ou Même si le charme de la série provient en grande encore de multiples visages, juste pour l’exemple), partie de cette loufoquerie inventive, elle n’en

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©BBC

BBC, Saison 8, 13 épisodes, à partir du 23 août 2014 Avec : Peter Capaldi, Jenna Coleman


Série

demeure pas moins passionnante et complexe. Doctor Who (2005) n’est pas qu’une simple suite ou une modernisation du format original, le personnage y est revisité et approfondi. L’alien y est désormais le dernier de sa race suite à une terrible guerre. Ce contexte dramatique a permis à Davies de donner une nouvelle épaisseur au protagoniste, de dépasser sa figure éternellement bon enfant et héroïque pour l’amener vers une certaine mélancolie. La nature même du héros solitaire y est interrogée tandis qu’on le montre aussi dans ses contradictions mais également dans son ambiguïté. Car enfin qui est-il, cet être dont tout le monde ignore le nom ? Ce grand pacifiste pourtant responsable du génocide des siens ? Est-il un sauveur ou au contraire un guerrier destructeur ? Devrait-on le craindre ou le louer ? Et si lui même l’ignorait... Depuis sa renaissance, la série a attiré de nombreux guests qui ont contribués à son regain de popularité (Andrew Garfield, Carey Mulligan, Kylie Minogue...) . Avant de passer le flambeau

en 2010 à Steven Moffat (Sherlock), Davies avait également étendu l’univers de la série à travers deux spin-off (Torchwood, The Sarah Jane Adventures) désormais en stand-by. La série mère, elle, reste forte de ses audiences malgré une diffusion irrégulière et une petite baisse de régime depuis le départ de son showrunner originel. Toutefois, chaque saison apporte son lot d’excellents épisodes et se savoure toujours avec plaisir. L’arrivée de Peter Capaldi dans le rôle titre en août prochain devrait permettre à Doctor Who de prendre un nouveau départ, un de plus pour cette série qui ne cesse de se réinventer et qui affiche une insolente jeunesse après quarante ans de trépidantes aventures. Alors si vous ne vous y êtes toujours pas mis, et en attendant la huitième saison le mois prochain sur la BBC, embarquez à bord du T.A.R.D.I.S pour une séance de rattrapage express. Promis, vous ne le regretterez pas.

Marine Pallec A27


Critique 3/5 Fastlife, Thomas NGijol

égocentrique, immature, Itinéraire d’un grâce à laquelle il se croit tout permis. Mauvais mari et mauvais athlète, prétentieux, égoïste... Voilà enfant gâté Franklin est pourtant persuadé d’être quelques adjectifs qui permettent de définir le personnage de Franklin Ebagé, irréprochable et c’est précisément ce décalage ancienne gloire du cent mètre français, imaginé entre ce qu’il pense être et ce qu’il est vraiment par Thomas Ngijol pour son premier film, Fastlife. qui est souvent drôle. il faut le voir tomber des Après Case Départ et Le Crocodile du Botswanga (où nues et s’énerver quand il apprend que le seul il était hilarant en dictateur africain), l’ancien sponsor à vouloir encore de lui n’est plus Nike, pensionnaire du Jamel Comedy Club se lance en Adidas, ou reebok mais une marque de poulet. solo, comprenez sans son compère Fabrice Eboué, Toutefois, Franklin peut aussi être assez touchant, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a pris notamment dans sa volonté constante d’établir les choses en main: en plus d’être au scénario des liens, plus ou moins conflictuels, avec les gens et à la réalisation, il est aussi devant la caméra, qui l’entourent. Souvent seul car desservi par chaussant les pointes d’athlétisme et les baskets son égoïsme, il cherche toujours à échapper à cette solitude par la relation avec les autres, «top du swag» de son héros. que ce soit sa femme, son agent ou ses vagues Franklin est sans doute l’atout principal du film de connaissances de soirées parisiennes. Et c’est Ngijol. D’abord parce que l’égoïsme, la prétention dans ce mouvement vers les autres que et l’immaturité du personnage sont drôles; ensuite Franklin va finalement se trouver. car Franklin, au delà de ces caractéristiques De ce point de vue, le film doit beaucoup imbuvables, a quand même, évidemment, un bon fond. Le personnage est d’ailleurs d’autant à l’interprétation de Thomas Njigol, toujours plus touchant que c’est un looser, un raté. Le film juste, et qui montre qu’il pourrait jouer autre démarre lorsque Franklin remporte la médaille chose que de la comédie. D’une manière d’argent aux Jeux olympiques. Sept ans après, il vit générale, il faut aussi mentionner les seconds encore sur sa gloire passée et sur cette médaille, rôles, plutôt réussis. Julien Boisselier est très

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bien en agent dépassé par les caprices de sa star, qui sait jouer quand il le faut la carte sentimentale, et Olivier Marchal, que l’on n’attendait pas vraiment dans un tel rôle, est excellent en éleveur de poulet survolté, réac’, fan de Rocky et de Steven Seagal. Leur scène de rencontre, un Marchal surexcité et autoritaire face à un Ngijol tout penaud, est hilarante.

(lequel, Fabrice Eboué, établit un caméo génial par ailleurs...) mais qui apparaît aussi très personnelle en ce qu’elle évoque le rapport du réalisateur à la célébrité qu’il connaît et à la famille qu’il est en train de construire. Et c’est aussi pour cela que le film séduit. Mathieu Ducros

En somme, Fastlife est une bonne comédie, dans la lignée des précédents films du duo Ngijol-Eboué

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Critique 4/5 Transformers 4 : L’âge de l’extinction, Michael Bay Semi-reboot de la trilogie prix. Ses créateurs veulent le L’épopée de l’immigré initiale, transformers : l’âge de récupérer, ils ont donc passé clandestin l’extinction se situe quatre ans un accord avec les humains. En après les aventures du dernier échange de leur aide, ils leur opus sorti en 2011. on fait la connaissance de fourniront du « transformium » matière nécessaire Cade Yeager, inventeur raté texan, vivant seul avec à la fabrication d’autobot, et donc au renforcement sa fille de 17 ans, Tessa, très fine et très blonde de la Défense Nationale. Dans cette agitation, comme le veut la tradition. Un jour Cade déniche notre autobot vit terré clandestinement, tel un un camion tout pourri qui s’avère être optimus mexicain sur les rives du rio Grande. il attend Prime. Sa vie sera à tout jamais chamboulée. le moment idéal pour se dévoiler et retrouver les siens. Mais l’intervention de Cade accélère le La carrosserie d’optimus Prime est mise à processus et laisse alors place à une fable lyrique

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sur l’honneur, l’amitié et la tolérance. Hommes et machines s’allient et s’affrontent dans des combats toujours plus explosifs et destructeurs. Avec la poésie et la délicatesse qu’on lui connaît, Michael Bay pulvérise avec détermination et amour ses Transformers. Prime est à la fois la cause et la résolution de ce nouveau conflit. Il se dresse en héros de guerre revenant des affrontements qui ont causé la perte de la plupart des autobots et se bat à nouveau. En toute humilité il prend la défense des minorités hommes et machines, un vrai Martin Luther King.

qui sont différents doit cesser. Commence alors la fin d’une ère. La fin de la monotonie pour Cade, la fin de l’adolescence pour sa fille Tessa, mais avant tout, la fin de la haine et de la destruction massive. Les plans de couchers de soleil toutes les dix minutes nous réchauffent tendrement nos petits cœurs. Et on prie pour qu’Optimus Prime s’en sorte, car la nation des États-Unis est faite de diversité, car être un immigré avec des amis et des grosses armes ça aide à s’intégrer et se faire respecter, car Michael Bay nous en met à nouveau plein les yeux et les oreilles.

Car Optimus Prime a un rêve lui aussi. C’est dans les plaines arides du Texas et les falaises du Grand Canyon qu’il nous le dévoile. La guerre envers ceux

Le film n’est qu’une succession de 2h45 de clichés plus gros les uns que les autres. Pour Tranformers, c’est un atout qui offre à ses spectateurs un visionnage au 36000è degrés. Côté personnages humains, les rôles du père et de la fille sont insignifiants. Leur relation trop peu exploitée n’est pourtant pas un frein à notre éclate. Les jeunes hommes retiendront la plastique de Nicola Peltz. Les jeunes filles rêveront de celle de Mark Wahlberg et du petit ami de la bimbo. Peu importe son nom, il était bien foutu. À noter tout de même l’interprétation très drôle de Stanley Tucci en milliardaire scientifique un peu largué dans ce conflit où hommes et machines sont plus assoiffés de pouvoir les uns que les autres. En somme, Transformers : l’âge de l’extinction relève avec brio le défi du blockbuster estival efficace. Boum boum boum boum...

Clémence Lipszyc A31


Critique 1/5 Planes 2 , Robert Gannaway Un film doit toujours se poser Car Planes 2 est d’une longueur Y a-t-il un pilote une question : est-il nécessaire ? insoutenable pour ses seulement dans l’avion ? Après le succès de La Reine des 1h24 de film, où seul le premier neiges, Disney tente de reprendre son envol avec sauvetage apportera une certaine dynamique Planes 2, suite du film où les avions vivaient tels les (grâce au fameux highway to hell d’ACDC). voitures de Cars. Planes 2 est vu (Cars) et revu (Planes) : même histoire Dans ce nouvel opus, Dusty Crophopper - star où le héros rêve de devenir quelque chose qu’il a des courses d’aviation - décide de devenir pompier du mal à atteindre, même mentor qui cache une du ciel suite à l’endommagement de sa boite de gloire passée, même animation. À tels point qu’au vitesse. bout d’à peine 5 minutes nous nous demandons ce qui nous a pris d’amener nos enfants dans la Une nouvelle vie s’offre à lui, de nouveaux défis, salle. qui sentent malheureusement le déjà-vu à plein nez. Pourtant, ce n’est pas parce qu’un film est destiné «à partir de 3 ans» qu’il faut prendre les

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bambins pour des abrutis, et négliger son film relève tout simplement de l’affront pour un cinéaste.

ou de La Belle et la Bête, des films sans budget simplement réalisés pour «faire une suite» sortant directement en DVD.

Car le film, en plus du fait d’être mauvais, et tout simplement inintéressant, au point que le réalisateur s’est certainement senti obligé d’ajouter une phrase au début du film pour le justifier, dédiant le long métrage aux aviateurs d’avions bombardiers d’eau.

En somme, Planes 2 est tout simplement un direct to dvd sorti au cinéma. Alors pitié, n’allez pas voir ce film, n’encouragez pas le studio car de nombreuses déclinaisons sont possibles, et très vite nous finirions avec un Train, Boat ou Moto, de quoi faire frémir le pauvre Thomas le petit train...

Si vous voulez voir un bon film sur ce sujet, allez plutôt regarder Always de Steven Spielberg !

Un film doit toujours se poser une question : est-il nécessaire ? Planes 2 est très loin de l’être...

Avec Planes 2, Mickey semble être tombé bien bas. Mais est-ce vraiment la première fois ? Souvenons nous des suites d’Aladdin

Pierrick Boullt

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L’indéfendable il se situe dans la digne lignée de Après Sexy Dance, Sexy Dance 2, Sexy Danse avec les Fame, Flash Dance ou encore Un, Dance 3D et Sexy Dance 4 : Miami heat, la Dos, tres, mais les danseurs de la bande, anciennement de Channing stars saga ne s’enferment pas dans Tatum, revient sur nos écrans pour nous en mettre encore plus plein les yeux. Est-ce une institution. ils sont hors école, hors cadre possible me demanderez-vous ?! Eh bien oui ! et montrent à tous la force de l’équipe et de la Pour ce cinquième opus, la réalisatrice Trish Sie volonté. Ne pas rentrer dans le moule de la envoie nos danseurs rebelles à Las Vegas. Quelle société. Tout pour l’art. Le sujet ne s’épuise pas meilleure ville pour proposer des shows hors du car nous avons besoin que l’on nous rappelle commun ? Ce film est l’occasion de retrouver les d’être nous-même et de suivre nos rêves quoi qu’il personnages qui ont fait les beaux jours de la saga arrive. Cela vaut aussi bien pour les jeunes (la (et il ne seront pas de trop pour réussir le défi). cible) que pour les plus vieux. Et puis, régler ses Cette fois, le challenge est de taille : remporter problèmes par une battle de danse fait toujours moins mal qu’un coup le plus grand concours de de poing dans la face. danse de la ville avec à la clé un contrat pour monter Si les films précédents son propre show. offraient des spectacles d’une grande intensité, Cinq films, c’est un peu Sexy Dance 5 : All in Vegas beaucoup, surtout pour monte la barre encore un concept qui reste le d’un cran. Las Vegas même : des battles, des oblige, les chorégraphies, choré’ de dingue, une lutte toujours servies par une pour la liberté de l’art de réalisation clipesque rue. Toutefois, Sexy Dance dynamique et efficace possède une grande force.

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© © Constantin Film Verleih GmbH

Sexy Dance 5 : All in Vegas, Trish Sie


CRITIQUE

et une bande son qui te remue dans ton slip, sont du film. On pourra alors entendre un amusant: à couper le souffle tant dans l’originalité que dans « Mais pourquoi est-ce que ça doit se terminer la précision des mouvements. Las Vegas oblige, chaque fois en battle géante qui déchire sa les effets sont sans commune mesure (des effets race ? » de pyrotechnie grandioses par exemple). Mais Sexy Sexy Dance 5 : All in Vegas est donc le petit plaisir Dance, ce n’est pas uniquement des chorégraphies coupable de l’été que l’on (eh non). Sexy Dance c’est aussi regarde avec délectation, une histoire de fond : des Indéfendable, vous avez dit attendant avidement la jeunes qui luttent pour s’en indéfendable ? Pari Tenu. prochaine chorégraphie. Il te sortir et vivre de leur art. Encore fera shaker ton booty dans une fois ils vont s’associer ton fauteuil et te reboostera pour le reste de l’été. pour monter un « crew » et se battre face à des Les années 80 ont eu Bébé et Johnny pour « the concurrents de taille. La réussite n’est possible time of [their] life » assez hot, aujourd’hui nous que par la solidarité, malgré les conflits, car bien avons monté la température d’un cran avec Sean sûr il y en a toujours, et, évidemment, l’amour (au et Andie et leurs sexy dances endiablées. travers d’une histoire intense). Si les enjeux de ce cinquième opus sont importants, les personnages n’en oublient pas leur second degré et savent Morgane Jeannesson avoir de l’auto-dérision par rapport aux situations

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Critique 4/5 Maestro, Léa Fazer

réaliser s’il n’avait pas disparu en 2009, suite à un accident de la route. Car avant de jouer pour la réalisatrice suisse, Jocelyn Quivrin avait tenu le rôle de Lycidas dans Les Amours d’Astrée et de Céladon, le dernier film d’Eric rohmer. C’est de cette expérience inattendue et surprenante que Jocelyn Quivrin a tiré le scénario de Maestro. Comment se manifeste la rencontre entre deux types de cinéma, le cinéma populaire et le cinéma d’auteur, et que peuvent-ils bien s’apporter mutuellement? C’est cela que montre le film de Léa Frazer, en rendant par la même un très bel hommage à Quivrin et rohmer.

All Together Now

Après avoir dirigé Jocelyn Quivrin dans deux films (Notre univers impitoyable et Ensemble c’est trop), Léa Frazer porte avec Maestro un scénario que ce dernier avait commencé à écrire et aurait dû A36

Soit Henri, jeune acteur ambitieux fan de films d’actions qui vivote en tournant quelques spots publicitaires ( plus ou moins Quivrin). Henri rencontre Cédric rovère, qui veut qu’on l’appelle Cédric, vieux metteur en scène adulé de toute la profession qui veut porter à l’écran une pièce dont Henri n’a jamais entendu parlé, L’Astrée. Henri passe le casting et est engagé, d’abord dans un rôle mineur puis dans un rôle plus important, qui lui permet de se rapprocher de l’actrice principale....

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A l’image de son personnage principal, le film de Léa Frazer dégage un charme fou, qui vient principalement des situations, des interprètes et des paysages. Le tournage du film dans le film est une réussite totale, où tout est bien croqué. On sent bien la solidarité et le sentiment de communauté qui se dégage de cette petite entreprise fauchée. Maestro, de ce point de vue, retranscrit bien le désir de faire du cinéma, l’implication totale d’un petit groupe de personnes pour réaliser, malgré le budget, la vision du réalisateur qu’ils admirent. Rovère, dans Maestro, fait des films comme on n’en fait plus: très littéraires, très «intellos», et donc peu financés. La plupart des moments de comédie du film vient d’ailleurs de ces deux aspects: Henri est souvent démuni face à un texte qu’il ne maîtrise pas et l’équipe technique, face au manque de temps et d’argent, ne sait plus comment résoudre les problèmes. Dans le chaos ambiant, seul Rovère, à l’image des paysages splendides et sereins qu’il filme, garde son calme et sa quiétude, toujours en osmose avec le monde qui l’entoure. Dans le rôle du cinéaste philosophe, Michael Lonsdale est formidable, dégageant un charisme tranquille,

l’autorité naturelle du maître respecté sur sa troupe d’enfants parfois turbulents. En face, Pio Marmai est aussi très touchant dans le rôle d’Henri, grand enfant un peu prétentieux mais finalement peu sûr de lui. La relation entre les deux personnages est très belle et c’est sans doute le principal atout du film. Le jeune acteur apporte au vieux cinéaste autant que le vieux cinéaste apporte au jeune acteur. Y compris sur le terrain du langage, qui est, a priori, le domaine privilégié de l’homme de lettres qu’est Cédric Rovère. En début de film, Cédric enseigne à Henri comment dire un vers de l’Astrée; à la fin c’est Henri qui enseigne à Cédric comment utiliser à bon escient le verbe «kiffer». Ainsi, entre la poésie pastorale et la poésie urbaine, chacun a à apprendre de l’autre. C’est le message rassembleur d’un film drôle et beau. Mathieu Ducros

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Critique 4/5

Boyhood , Richard Linklater

Before Sunrise : la Le premier jour naissance d’une génération. n’est pas un simple film. il du reste de ta vie Boyhood est Mason en entier. il est nous. Les années défilent et nous sommes happés dans cette tranche de vie. Nous sentons Alice au pays des merveilles - Lewis Carroll le temps sur l’écran, son poids sur les héros (physiquement et psychologiquement). Très subtilement, Linklater nous raconte l’histoire, non « Le Temps ! Qu’est-ce que le Temps ? » s’exclamait seulement de Mason et de sa famille, mais aussi le Chapelier Fou du pays des merveilles. A moins de toute une génération. Celle qui a grandi avec que ce ne soit le réalisateur richard Linklater que Harry Potter, celle qui a attendu un nouveau Star l’on entendait déjà en écho. Après l’expérience Wars, celle qui a évolué au milieu de la Game Boy Before Sunrise (1995)-Before Sunset (2004)-Before Advance, la X-Box, la Wii, l’i-pod et le Mac Book. Midnight (2013) qui suivait l’histoire d’amour de Chacun peut se retrouver dans les évolutions des Céline (Julie Delpy) et Jesse (Ethan Hawke, eh oui, personnages et de la société (identification aidée déjà lui) au travers de trois films, Linklater récidive par une playlist détonante allant de Coldplay à avec une nouvelle expérimentation temporelle. Bob Dylan en passant par The Black Keys, Gotye, Avec Boyhood, exit les trois films, le temps sera Arcade Fire ou encore Cobra Starship). Qui ne s’est mesuré sur un seul et unique opus. Ce n’est plus jamais posé de questions sur sa place auprès des un secret pour personne, la promotion aidant, le autres, sur son identité, sur l’avenir ? En ce sens, film, tourné sur douze années, suit la vie du jeune Boyhood est un film incroyablement universel, Mason de l’enfance à l’entrée terrifiante à l’âge ancré toutefois dans un Texas encore embourbé adulte. Alors, geste artistique fort ou ultime facilité dans le patriotisme. Chaque étape de la création promotionnelle ? d’un individu est scrutée des bonnes expériences (le premier baiser, la première photographie) aux mauvaises (le déchirement d’une famille, l’alcoolisme, les déménagements successifs). « Le Chapelier protesta qu’on ne pouvait pas parler du temps comme d’une chose qu’on perd ou qu’on gagne. Le Temps est une personne, déclara-t-il. »

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Before Sunset : une aventure humaniste. Boyhood, c’est une famille cinématographique. Des acteurs filmés pendant douze ans, cela créé forcément des liens. Si la crédibilité de la famille est assez discutable par le choix des acteurs des parents, nous y croyons. De la grande soeur pimbêche mais secrète à la mère courage, en passant par le père-cool-baroudeur et par le héros solitaire et mystérieux, la galerie de personnages représente une famille compliquée mais touchante. Le spectateur prend part à chaque joie mais surtout à chaque galère de la vie quotidienne. Les personnages sont centraux, ce sont eux que nous suivons aveuglément et pas le temps qui passe. Ce temps n’est qu’un parti pris et nous l’oublions bien vite pour nous concentrer sur des individus en construction. Le réalisateur se focalise sur Mason, nous invite à voir le monde à travers lui. Nous sentons un vrai intérêt pour l’humain dans le cinéma de Richard Linklater, pour l’humain dans son quotidien, dans sa trivialité et c’est une chose plutôt rare dans une industrie où l’extraordinaire prime.

Before Midnight : saisir le moment. Boyhood est donc une expérience réussie, malgré des dialogues qui tendent à être trop explicatifs, trop tournés vers le dispositif de tournage déjà très présent à l’écran. Si le temps passe sous nos yeux pendant près de trois heures, ce n’est jamais qu’un moment d’une vie face à l’aventure qui commence à la toute fin. Car oui, finalement, la grande aventure n’est pas le temps imparti par le film. Elle commence à la fin du film, elle est le début de la vie de Mason : l’entrée dans l’âge adulte. Et ce voyage là, nous n’y assisterons pas, nous laissons Mason prendre son envol. Et c’est avec beaucoup de poésie et de maturité que le réalisateur achève son film avec cette réflexion : on dit toujours qu’il faut saisir le moment, mais si, au final, c’était le moment qui nous saisissait ? Pas de doute que ce moment cinématographique a su nous saisir jusqu’à la fin.

Morgane Jeannesson A39


Critique 3,5/5

Echo, Dave Green

Pour son premier film, Dave Téléphone-maison genre grâce à ses acteurs spontanés, véritables enfants d’internet Green n’a pas choisi n’importe 2.0 connectés jusqu’au bout des ongles. quelle recette : trois préCes personnages loufoques, à la ados, Alex, Munch et Tuck, se voient contraints de déménager, leur quartier limite de l’enfance et de l’adolescence, contribuent faisant l’objet de fouilles assez mystérieuses. à créer un univers geek où un simple smartphone Pour leur dernière soirée ensemble, ils décident et une connexion haut débit peuvent mener à une de s’aventurer dans le désert afin de découvrir expédition merveilleuse. d’où provient l’étrange signal qui fait buguer A l’instar de ses aînés, Echo sait aussi se détacher leurs téléphones portables depuis quelques jours. du film d’aventures pour mieux se rapprocher de Perchés sur leurs vélos tout-terrain, ils dénichent l’intimité de ses personnages. ici, la technique du au milieu des herbes sèches un petit être qu’ils found-footage nous plonge au coeur de la vie baptiseront Echo, robot extraterrestre adorable qui de ces trois zigottos, qui découvriront les joies tente de reconstituer un vaisseau pour rejoindre de l’amour, de l’amitié mais aussi les tribulations sa planète. Cela ne vous rappelle rien ? Vraiment ? loin de leur foyer et de leurs parents. De ce point retour trente ans en arrière. de vue, le personnage de Munch semble être le Véritables films cultes depuis leurs sorties, E.t mieux travaillé. Sous ses airs d’ange et sa chevelure l’extraterrestre et Les Goonies ont déjà fait l’objet, pas blonde, reginald dit “Munch” cache un petit garçon plus tard qu’en 2011, d’un film en leur honneur peureux, toujours attaché aux jupes de maman et nommé Super 8. Gamins à bicyclettes, couleur prêt à prendre toutes les précautions pour que le bleutée et monstre gentil faisaient déjà le charme périple ne tourne pas au vinaigre. Le comique de de ce touchant hommage au grand Monsieur du situation viendra principalement de ce personnage cinéma fantastique, Steven Spielberg. Echo en remet attachant, de ses répliques un peu idiotes comme une couche pleine de nostalgie, tout en s’éloignant de ses crises de panique désopilantes. Tout le du culte porté au passé. Moderne et dynamique, monde pourra se retrouver en Munch, garçonnet le film a su redonner un bon coup de jeune au maladroit, sensible et authentique, même si, A40

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comme ses deux camarades, il se limite à un caractère trop stéréotypé. En effet, certains éléments assez téléphonés viennent brouiller ce tableau plutôt agréable. Pour commencer, l’amour c’est bien joli, mais au cinéma, ça passe toujours mieux quand ça arrive entre deux personnes magnifiques. La plus belle fille de l’école (surnommée “la mannequin” par notre indécrottable Munch), sur laquelle fantasment les trois garçons, devait forcément finir par en emballer un. Et comme nous sommes dans un film américain, elle devait aussi forcément choisir le plus “cute” des trois, à savoir Alex, petit minet brun qui ferait craquer n’importe quelle gosse de moins de 13 ans. Ensuite, le scénario, pourtant

rempli de bonnes intentions et de drôlerie, a du mal à remplir la pourtant très courte durée du film (une heure trente seulement). La chasse aux trésors s’avère vite répétitive et la petite bestiole de l’espace se montre finalement trop peu pour que l’on puisse partager l’engouement des jeunes garçons à son égard. Au final, derrière ses airs de film mignon-toutplein, Echo reste surtout destiné à un public adolescent en quête de divertissement estival, mais ce feel-good movie ne fera pas de mal aux adultes qui ont laissé leur innocence au placard.

Emilie Bochard

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Dossier La Planète des singes, Pierre Boulle L’Odyssée de l’espèce

il est de ces oeuvres intemporelles qui traversent les âges sans prendre une seule ride, au propos si actuel qu’elles auraient pu être écrites hier et à la forme si fluide qu’on ne les lâche plus avant la dernière page. La Planète des singes est de cellesci. Ecrit par Pierre Boulle en 1963, le roman mêle récit d’anticipation et observations quasiscientifiques du personnage principal, tout en nous plongeant dans une expérience à la fois passionnante et déstabilisante pour tout être humain qui se respecte.

d’années terrestres), les trois hommes atterrissent sur la planète Soror (qu’ils baptisent ainsi pour sa ressemblance avec notre Planète Bleue), endroit où les lois de la nature semblent entièrement inversées. En effet, à travers les yeux ébahis et les mots remplis de terreur d’Ulysse, nous assistons à un spectacle peu banal : l’endroit est gouverné par des singes, tandis que les hommes sont traités comme de vulgaires animaux.

Une fois ce constat décortiqué par notre héros, ce dernier sera enfermé dans une cage et subira Jinn et Phyllis, deux êtres Remise en cause de nos divers tests scientifiques. Traité tel un cobaye, Ulysse jouera des à la nature non identifiée, certitudes pieds et des mains pour prouver passent des vacances de rêve dans l’espace, loin de tout monde habité. son humanité auprès des êtres de confiance qu’il Durant cette épopée paradisiaque, ils découvrent, rencontrera parmi les chimpanzés, gorilles et caché dans une bouteille quelconque, le récit autres orangs-outans, à savoir Zira, une jeune peu ordinaire d’Ulysse Mérou. Ce terrien de race et charmante guenon et son fiancé Cornélius. humaine, parti à la conquête de l’espace en l’an S’ensuivent des situations saugrenues où tous les 2050 accompagné de ses deux comparses, Arthur rapports de force connus ici-bas se voient mis Levain et le professeur Antelle, fit une découverte à mal. Tout inversement fonctionne comme un des plus étranges. Après deux ans de voyage coup de massue porté à notre arrogance humaine, spatial (qui équivalent à plusieurs centaines surtout lorsque la fameuse question “Le singe

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BOOKS OFFICE descendrait-il de l’homme ?” fait son entrée en scène. De quoi contrarier notre chère théorie de l’évolution. Evidemment, l’ironie et l’autodérision prennent une grande place dans ce récit où l’horreur pourrait a priori dominer. On finit par se prendre au jeu et parfois même, par laisser échapper quelques rires (peut-être nerveux ?) devant la vision qu’ont les singes de nos pauvres personnes. Mais le grand tour de force du livre, c’est de remettre en cause toutes nos certitudes et notre sentiment de supériorité intellectuelle. Pierre Boulle réussit à interroger le lecteur, à la fois sur ses comportements face à la nature qui l’entoure et face à l’avenir de l’Humanité. Que des singes traitent des hommes comme des êtres inférieurs, comme de simples objets expérimentaux choquerait n’importe quel lecteur de ce livre, alors que l’inverse, dans la réalité, semble être de moins en moins un sujet sensible à réflexion. Ce que nous dit Pierre Boulle, c’est que le privilège de la conscience peut entraîner les comportements les plus cruels qui soient. Quant à l’avenir de l’homme, il semble bel et bien compromis. Lors d’une expérience scientifique sur une femme, Ulysse l’entend prononcer des paroles venues d’un autre temps : si les singes ont pris le pouvoir, c’est parce que les hommes étaient trop paresseux ; d’abord pour pratiquer les choses de la vie quotidienne ; ensuite par souci de s’affranchir des responsabilités qu’impliquent la conscience humaine ; enfin par lâcheté face à la montée de l’intelligence simienne. Ce propos incroyablement actuel fait appel à plusieurs films récents (Wall-E, I,Robot, Clones entre autres) où l’homme semble de moins en moins maître de ses moyens et s’enferme dans une oisiveté destructrice.

Ces échos cinématographiques ne sont pas anodins puisque les diverses adaptations de La Planète des singes en sont très certainement à l’origine. D’abord porté à l’écran par Franklin J.Shaffner en 1968 et incarné par la star de l’époque Charlton Heston, le livre ne subit pas beaucoup de modifications, mais se trouve extrêmement américanisé : le héros ne s’appelle plus Ulysse mais répond au doux nom de George Taylor et le plan final maintenant culte de la Statue de la Liberté vient gentiment remplacer notre Dame de Fer nationale présente dans le livre. S’ensuit jusqu’en 1973, une série de quatre films qui formera avec le premier toute une saga aujourd’hui incontournable. L’année 2001 voit ensuite naître le remake plus que décrié de Tim Burton, où action et guerre entre espèces prennent le pas sur la dimension plus expérimentale de la chose. L’histoire, aujourd’hui mondialement connue, a récemment repris un coup de jeune grâce au prequel de Rupert Wyatt, sorti en 2011 sur nos écrans français. Film d’action plus que respectable, La Planète des singes : les origines propose une explication plausible à la disparition de l’Humanité et utilise intelligemment la motion capture, technique qui permet parfaitement de donner des traits humains au chimpanzé César. Aujourd’hui, c’est Matt Reeves qui s’y colle pour un second opus, plus de cinquante ans après la publication du livre. Intemporel, le mot est lancé. Emilie Bochard

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La Planète des Singes : L’Affrontement, Matt Reeves

la Planète des Singes et de La Bataille de la Adapté du roman français de Pierre Révolution Planète des Singes tout en l’adaptant à notre Boulle en 1963, la saga de La Planète technologie et à notre époque, La Planète des Singes a connu huit films et deux séries télévisées. En 2011 s’opère un reboot de la des Singes : L’Affrontement s’inscrit dans la nouvelle franchise (mode américaine consistant à brûler ère des films américain. les anciens films pour en créer un tout nouveau), Avant 2012, nous parlions de cataclysme sobrement intitulé La Planète des Singes : Les origines. pouvant détruire la Terre. Maintenant que la «fin Comme son nom l’indique, nous vivions les du monde» est passée, les films nous montrent débuts de la chute des humains face aux singes et, comment survivre après le cataclysme. Et ici, face à son succès, une suite est lancée : La Planète comment cohabiter. des Singes : L’Affrontement. Pourtant, ce nouveau Planète des Singes fait partie Dans ce nouveau film, se passant dix ans après des meilleurs block-busters de cette année. Certains le reboot, les humains sont en voie d’extinction. parleront d’un film avec une morale enfantine Les singes, gouvernés par César (Andy Serkis), se nous apprenant que ce n’est pas parce qu’il y a sont construits un havre de paix en dehors de la un mauvais gars dans une race que toute la race ville dévastée. est mauvaise; mais le film reste un film à effets Jusqu’au jour où des humains s’y aventurent... spéciaux intelligent avec un scénario efficace, plus proche d’un the Dark Knight qu’un transformers. reprenant l’intrigue des films La Conquête de A44

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© Twentieth Century Fox / Twentieth Century Fox France

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CRITIQUE

Alors certes nous pouvons noter quelques petits bémols, comme les actions agissant en ping pong - les humains viennent voir les singes, les singes vont voir les humains, les humains reviennent voir les humains, etc, ce qui peut être très gênant pour un œil de cinéphile qui peut repérer que deux scènes chronologiquement distantes ont été tournées à la suite - ou encore les acteurs peu charismatiques. En effet, seuls ressortiront Gary oldman qui, comme à son habitude, montre son talent inouï sans se forcer, Andy Serkis et Toby Kebbell (dans le rôle de Koba, grossièrement un singe qui déteste les humains). Le problème de ce-dernier étant que, contrairement à Andy Serkis, personne ne sait qu’il joue dans le film et donc personne ne peut le reconnaitre... Pourtant, les effets spéciaux du film sont certainement les meilleurs effets spéciaux du moment. Si La Planète des Singes : Les origines apportait une révolution en utilisant la motion capture en dehors du studio (chose impossible pour Avatar), dans ce nouveau film le réalisme est poussé à son paroxysme, comme en témoigne le plan d’ouverture sur les yeux de César. Chaque petit détail de peau apparaît, pour le plus grand plaisir de nos yeux.

Enfin, il restait une dernière chose pour faire passer le film au rang des meilleurs films de cette année : la musique. Et encore une fois, Michael Giacchino vient sublimer le film avec ses notes magiques. Comme il avait pu le montrer sur Mission impossible iii ou les Star trek de J. J. Abrams, la force de Giacchino est de créer des compositions magistrales tout en restant dans l’esprit de la saga. Peu connu du grand public car il n’a pas encore fait SA grande composition, il reste néanmoins l’un des meilleurs compositeurs de sa génération face à un Hans Zimmer qui s’amuse à ressortir ses vielles notes pour ses nouveaux films (quand il ne demande pas à ses stagiaires de le faire à sa place). on attendait beaucoup de La Planète des Singes : L’Affrontement, le pari est réussi. Notre seul regret est que James Franco ne fasse plus partie de la nouvelle aventure. Car, si ce n’est pas un acteur extraordinaire, il reste meilleur que Jason Clarke et aurait permis un beau lien avec le film précédent. piErrick Boully A45


Salle Bis Le Parrain, 2e partie, Francis Ford Coppola

« – Et alors ? Et alors ? La suite ! raconte comment ils sont entrés dans l’appartement !

– Je vous l’ai déjà dit cent fois. Plus question de serrurier, ils ont enfoncé la porte à coups de pied pour soulager leur rage. – Effraction ! Bris de porte ! […] – Et encore, c’était pas ça, le pire… – C’était quoi le pire, raconte le pire, Cissou ! – Cissou, Cissou, raconte le pire ! »

Daniel Pennac, Monsieur Malaussène, Gallimard, 1995

A46

Deux ans après the Godfather, Coppola choisit d’adapter le reste du roman éponyme de Mario Puzo, publié en 1969, centré sur la jeunesse de Vito Corleone ainsi que l’ascension au pouvoir de son fils Michael. Nous assistons donc ici à la fois à un préquel et à une suite, qui verront tous deux se dissoudre les années qui les séparent pour rapprocher deux générations à travers les vengeances entre Familles, mais aussi la transmission de la criminalité depuis la Sicile jusqu’à New-York, où, à l’image de la ville, elle verra son image et ses méthodes évoluer pour faire face à de nouvelles concurrences féroces.

The Family must go on

Arrivé à la tête de l’empire en perte de vitesse des Corleone suite à la mort de son père et de son frère Sonny, Michael, que Vito avait pourtant prévu d’introduire dans le monde politique, comprend rapidement que c’est d’une entreprise qu’il a la charge. il devra donc faire des choix d’investissements et d’innovations sur le marché

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Chronique

de la criminalité, et assumer une politique d’élimination de ses concurrents qui le mènera à une guerre ouverte avec ces derniers. Ce conflit déchirera aussi sa famille, qui finira pour une partie par prendre ses distances, ou même par rejoindre le camp opposé. Face à l’arrivée inattendue au pouvoir et à l’adaptation de Michael Corleone à ses nouvelles responsabilités agit, en reflet du passé, l’histoire de son père. Au début du XXe siècle en Sicile est déjà présente la mafia, qui a déjà fait preuve de son pouvoir en détruisant la famille du jeune Vito, qui sera obligé de fuir sa terre natale et d’émigrer à New York, où il saura dépoussiérer les traditions criminelles italiennes de la vieille garde immigrée pour les adapter à la croissance de la ville ainsi

qu’aux nouveaux marchés qu’elle offre. Finalement, à travers ce jeu de miroirs, à la fois temporels, mais aussi spatiaux, transparaît la volonté de Coppola de montrer à la fois le passé et le futur d’une famille enracinée dans le crime, et qui finalement vit dans un présent perpétuel, seulement troublé par des événements extérieurs et humains n’affectant en rien un mode de fonctionnement basé sur un code immuable transmis de génération en génération avec les affaires et les conflits en cours, lesquels assurent une continuité perpétuelle à la criminalité, et son enracinement toujours plus profond dans les valeurs communes. Louis Philippon A47


LE AU REVOIR La sélection officielle c’Est Quoi ta suitE ?

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L’ÉQUIPE spécial rEmErciEmEnt À mary JEannE

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HARRY POTTER ET LE PRISONNIER A49 D’AZKABAN alFonso cuaron


FIN.


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