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Philippe Cognée Œuvres sur papier

— Henry-Claude Cousseau, Guy Tosatto, Olivier Weil


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Introduction Ce livre est un parcours. Une traversée, par des chemins peu fréquentés et pour la plupart peu connus, de l’œuvre de Philippe Cognée du début des années 1980 à aujourd’hui. Moins exposé que sa peinture, l’œuvre graphique de Cognée constitue néanmoins une part importante de sa démarche artistique. Il compose un vaste territoire qui se déploie sur près de trente-cinq ans en une quinzaine de séries d’œuvres relevant de techniques très diverses. Cet ouvrage constitue la première présentation d’ensemble de ce travail. Les œuvres reproduites, choisies par l’artiste, représentent un large échantillon de son œuvre sur papier, à l’exclusion des estampes. Elles sont classées dans un ordre chronologique pour donner à voir, outre le caractère sériel de leur production, le goût de l’expérimentation et la constante inventivité dont elles témoignent et qui confèrent sa cohérence à cet ensemble. Ces œuvres parlent d’elles-mêmes et il ne nous a pas semblé nécessaire d’y adjoindre un commentaire. Au lecteur d’y trouver son chemin selon ses goûts et son inspiration. Cependant, pour l’y aider et lui donner quelques repères, nous reproduisons une conversation à leur sujet tenue en septembre 2014 entre trois proches de l’artiste, tous trois connaisseurs de son œuvre : Henry-Claude Cousseau, Guy Tosatto et Olivier Weil.

p. 1 Petites figures, sans titre 2007 p. 2 Paysage 2013 p. 3 Istanbul 2003 p. 4 Sans titre 1998 p. 5 Sans titre 1990 p. 6 Gémeaux 1983 p. 7 Arbres en Namibie 2014 p. 8 Crânes 2007 p. 9 Sans titre 1992

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Philippe Cognée Œuvres sur papier

— Henry-Claude Cousseau, Guy Tosatto, Olivier Weil

Éditions Dilecta

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Les origines Mythologies

1980–1989 36

Portes

1987–1989

50

Héliogabales et Vésuves

1990–1992

58

Containers

1996

70

Carcasses de moutons

1997

76

Paysages urbains I

1997–1998

80

Têtes et têtes doubles

1998–1999

92

Petits dessins américains

2001

102

Paysages urbains II

2001–2003

106

Paysages urbains III

2001

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Paysages urbains IV

2001–2002

122

Personnages comiques

2007

128

Corps malmenés

2007

134

Vanités

2007–2009

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Expérimentations I

2012–2014

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Expérimentations II

2014

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Le retour au réel

L’imaginaire

La mise en danger de l’image

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Philippe Cognée — Henry-Claude Cousseau, Guy Tosatto, Olivier Weil Entretien septembre 2014

Ce qui me frappe en regardant l’œuvre sur papier de Philippe Cognée, c’est la façon dont il s’est construit en séries successives, avec des périodes de grande production et d’autres plus « silencieuses ». Il y a par exemple, à la fin des années 1980 ou au tout début des années 1990, une cassure, un blanc de plusieurs années, puis cela redémarre quelques années plus tard, sur des bases très différentes. Le travail de dessin reprend à partir du moment où il se met — et ce n’est pas un hasard — à peindre sur des photographies, ce qui cor­ res­pond à un tout autre rapport à l’image et au réel. Ce n’est pas la seule charnière. Pendant l’été 2001, Philippe Cognée répond à une invitation de la Fondation Josef and Anni Albers et passe quelques semaines sur la côte Est des États-Unis. ­Ce séjour, au cours duquel il découvre New York, Boston et tout un paysage urbain auquel il n’avait jamais été confronté, est à l’origine de nombreuses œuvres sur papier (s é r i e  8 e t s é r i e  9 ) , c’est une période extrêmement productive à laquelle succède un silence de cinq ou six ans. Les séries suivantes, à partir de 2006, sont plutôt constituées d’un travail sur la figure humai­ne, le corps et différentes formes de vanités. On y trouve de nom­ breuses aquarelles, des lavis, et toute une série de techniques qui témoignent de son goût pour l’expérimentation. Ce qui est intéressant ici, c’est de voir que, pour ces expérimentations, il privilégie le papier. La dernière série, celle dans laquelle il est plongé actuellement, en est un très bon exemple (s é r i e  16) .

Façade, 2001, série 8, page 103

Olivier Weil

Ta lecture est relativement structurelle et chronologique. On voit bien l’évolution du travail se faire. Mais la première question que je me pose face au travail de Philippe, c’est de savoir quel est le rôle exact du dessin par rapport à la peinture. S’agit-il d’une pratique préparatoire (d’une manière ou d’une autre), ou s’agit-il d’un exercice autonome ? H e n r y- C l a u d e C o u s s e a u

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Boston, 2001, série 9, page 107

Autoportrait de profil, 2014, série 16, page 184


Henry-Claude Cousseau, Guy Tosatto, Olivier Weil Entretien

Historiquement, il commence par le dessin (s é r i e  1) , même si ces premiers dessins sur papier japon recourent à la couleur. Ils sont très élaborés, mais leur langage est d’ordre pictural. Cela dit, ce n’est pas encore de la peinture au sens où il va la pratiquer ensuite. Il me semble que de la même manière que la photographie devient à un moment donné chez lui un médium de support, le dessin s’apparente au départ à un terrain préparatoire. Certains dessins de 1988-1989 sont des dessins classiques (s é r i e 2 ) . Ce sont des fusains sur papier mais on a l’impression que les tout premiers combinent les deux techniques, ce sont des peintures « dessinées » en quelque sorte, ou des dessins en peinture. Cela joue sur les deux registres.   La question est de savoir s’il faut les retenir dans le corpus des dessins. Ils me font penser à L’Explorateur, un grand tableau peint sur un papier marouflé sur toile. C’est la même technique que dans un dessin comme Tête de Chat (s é r i e  1) , où il utilise un papier froissé sur lequel il frotte ses couleurs, ce qui lui permet de créer de très beaux effets de matière. Dans les premières œuvres, il y a de fait une ambiguïté entre dessin et peinture. On pourrait dire qu’il s’agit en quelque sorte d’une peinture très graphique. La série des « Portes » l’est aussi (s é r i e 2 ) , on y retrouve d’ailleurs tout ce qu’il y avait dans l’air du temps autour de l’esthétique du graffiti — on pense à Jean-Michel Basquiat, bien sûr, qui reprenait le langage graphique de la rue pour l’injecter dans la peinture.

Mythologie 2, 1982, série 1

Sans titre, 1987, série 2, page 51

G u y To s at t o

Cette question des limites et de la distinction qu’il con­ vient de faire — ou de ne pas faire — entre peintures et dessins est effectivement centrale dans le travail de Philippe Cognée. Peinture ou dessin ? Il est souvent difficile de trancher. Il me semble tout de même qu’il y a dans toutes ses œuvres sur papier un geste qui est différent de celui de la ­peinture. Mais cela reste un ensemble très hétérogène et quand on re­garde ses dessins, on se trouve devant une diversité incroyable. Alors est-ce que ces œuvres sur papier se suffisent à elles-mêmes ? Est-ce qu’on arrive à regarder ces dessins sans penser à la peinture ?

Tête de chat, 1984, série 1, page 41

OW

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Héliogabale 1, 1991, série 3, page 67


Un dessin comme Héliogabale 1 (s é r i e  3) a des « frères », mais peut-être pas chez des artistes de cette génération à proprement parler. D’autres ont pratiqué ce type de dessin, qui relève du graffiti ou d’une fragilité volontairement élaborée, d’une mise en place pseudo-aléatoire dans l’espace. Comme on connaît la biographie de l’artiste on peut les situer. Mais si on les montrait détachés de tout contexte, il serait très difficile me semble-t-il d’identifier leur auteur. Je parle d’Héliogabale 1 comme je pourrais le faire de Boston (s é r i e 9 ) ou de Façade (s é r i e  8) . Ce dernier est un dessin extraordinairement silencieux, décanté, à la fois lumineux et éteint, qui traduit des préoccupations qui sont celles d’artistes sensibles au minimalisme. Ce n’est pas facile d’identifier un dessin de ce type, ni de le dater. Chez Philippe Cognée, je note que le dessin traduit volontiers une certaine disparité ou une diversité spontanée de facture — je ne parle pas de dessins qui se rattachent à des thèmes comme les « Containers » (s é r i e  4 ) par exemple. Il est très difficile de livrer une interprétation cohérente de ces dessins plus indépendants, plus libres, comme Betany (s é r i e 9) , d’en lire la continuité. HCC

J’irai même jusqu’à dire qu’il est parfois difficile de se prononcer sur la valeur de certains dessins en tant qu’œuvres indépendantes. Est-ce que ces dessins nous intéressent parce qu’ils permettent de mieux comprendre ce que fait Philippe Cognée ou est-ce que c’est ce dessin en particulier, cette feuille, qui nous intéresse ?

Boston, 2001, série 9, page 107

Façade, 2001, série 8, page 103

OW

Ce que je retiens dans ce que vous dites tous les deux, c’est que le dessin crée peut-être dans son œuvre un espace à part. Si on a parfois du mal à se dire, « ça, c’est Cognée », et qu’on ne le rattache pas immédiatement à son œuvre peint, c’est qu’il s’agit d’un univers beaucoup plus libre, plus spontané, moins construit que l’univers de la peinture, où l’on va reconnaître immédiatement une œuvre de Philippe Cognée. Je pense que c’est aussi ce qui l’intéresse.

Container, 1996 série 4, page 74

GT

De sortir peut-être du « carcan » technique très complexe et très contraignant auquel il a recours. L’image qui fait l’objet de la peinture, le filtre de Rhodoïd, l’application du fer à repasser, la chaleur, la cire, les déformations plus ou moins contrôlées qui s’ensuivent… HCC

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Betany, 2001 série 9, page 111


Le retour au réel Série 4 — 1996 Containers

Container – 1996 Encre et lavis sur papier Canson 50 × 64,5 cm

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Le retour au réel Série 4 – 1996

Container – 1996 Encre et lavis sur papier Canson 50 × 64,5 cm

Container – 1996 Encre et lavis sur papier Canson 50 × 64,5 cm

Container – 1996 Encre et lavis sur papier Canson 50 × 64,5 cm

Container – 1996 Encre et lavis sur papier Canson 50 × 64,5 cm

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Container – 1996 Encre et lavis sur papier Canson 50 × 64,5 cm

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Le retour au réel Série 6 — 1997–1998 Paysages urbains I

Sans titre – 1997 Acrylique et fusain sur papier Arches 80 × 120 cm

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Le retour au réel Série 6 — 1997–1998

Sans titre – 1998 Acrylique et fusain sur papier Arches 80 × 120 cm

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Sans titre – 1998 Acrylique et charbon de bois sur papier 80 × 120 cm

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Le retour au réel Série 10 — 2001 Paysages urbains III

En arrivant à Montparnasse – 2001 Crayon conté sur papier Ingres 70 × 100 cm New York – 2001 Fusain sur papier Ingres 70 × 100 cm

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Le retour au réel Série 10 — 2001

Immeuble – 2001 Crayon conté sur papier Ingres 70 × 100 cm

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Le Bronx – 2001 Crayon conté sur papier Ingres 70 × 100 cm

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L’imaginaire Série 14 — 2007–2009 Vanités

3 crânes – 2007 Aquarelle sur papier 70 × 100 cm 2 crânes – 2007 Aquarelle sur papier 70 × 100 cm Fleurs de lys – 2007 Aquarelle sur papier Arches 100 × 70 cm

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L’imaginaire Série 14 — 2007–2009

Deux crânes jaunes – 2007 Aquarelle sur papier 35,5 × 49,5 cm

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