paperJam economie & finances janvier 2013

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Régime de pensions

Réforme ou réformette ? Adoptée par les députés le 5 décembre, la réforme des pensions était l’un des grands chantiers du ministre de la Sécurité sociale, Mars Di Bartolomeo. Si la version finale du texte ne fait pas l’unanimité, l’adaptation du – généreux – modèle remporte le consensus. Car au-delà des comptes de la Caisse nationale d’assurance pension, il en va de la compétitivité du pays.

Photo : archives paperJam

Texte Thierry Raizer

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es réalités économiques et démographiques forcent le gouvernement, défenseur du pragmatisme, à la prévoyance. « C’est la première fois depuis des décennies qu’une réforme est engagée en matière de retraites et de pensions », se félicitait le Premier ministre JeanClaude Juncker, quelques heures avant le vote du projet à la Chambre des députés. Un satisfecit partagé par son gouvernement autour de l’adaptation de mécanismes décidés il y a plus de 30 ans. Cette réforme – qui concerne les salariés du secteur privé et les fonctionnaires entrés après le 1er janvier 1999 – est une nouvelle étape pour un système basé sur le principe de répartition : les actifs d’aujourd’hui financent les retraités d’aujourd’hui. À l’origine de la rente de ces derniers, on retrouve les cotisations (le premier pilier) perçues à hauteur de 24 %, à parts égales (8 %) entre le salarié, l’employeur — Janvier 2013

et l’État. Revu tous les sept ans, ce taux est censé maintenir une manne équivalente à 1,5 fois le montant annuel nécessaire pour financer les retraites. Grâce à une économie florissante (jusqu’au début de la crise…), riche aussi de nouveaux investisseurs, travailleurs et donc de cotisations supplémentaires, la Caisse nationale d’assurance pension (CNAP) a engrangé la coquette somme de 12 milliards d’euros, soit 3,75 fois les besoins. De quoi rendre les voisins jaloux. A priori. Car les prévisions sont moins réjouissantes. L’augmentation de la longévité, combinée à l’allongement des études (durée des cotisations effectives moins grande) et au ralentissement économique, remet en cause le système actuel, un des plus généreux d’Europe. Avec un taux de remplacement moyen de 87 % sur base du salaire moyen perçu tout au long

de sa carrière, le travailleur au Luxembourg touche – grosso modo – le double comme pension de ce qui a été cotisé pour lui durant sa carrière. Ce cadeau est le résultat de choix politiques des 30 dernières années (le taux de remplacement était de 74 % au début des années 80). Durant cette période, la population des cotisants a augmenté considérablement. « Au début des années 80, deux affiliés actifs finançaient la pension d’un rentier, précise Claudia Halmes-Coumont, sous-directeur, responsable de développement des branches collectives chez Lalux. Maintenant, ce sont 2,5 salariés qui financent la pension d’un rentier, mais les salariés d’aujourd’hui vont devenir les rentiers de demain, d’où la crainte 2060. » d’un effet boule de neige d’ici à 2060.  À cette échéance, le nombre de rentiers aura triplé. Ce qui signifierait le besoin potentiel de plus d’un million de cotisants pour subvenir aux besoins d’une CNAP qui devrait, elle aussi,


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